Traditional Foods: Are they Safe for
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Traditional Foods: Are they Safe for
La consommation d’aliments traditionnels est-elle sans danger pour les Premières Nations? Assemblée des Premières Nations Unité de la gestion de l’environnement Mars 2007 La production de ce rapport a été rendue possible grâce à une contribution financière provenant de l'Agence de santé publique du Canada par le biais du Centre de collaboration nationale en santé environnementale. Les vues exprimées ne reflètent pas nécessairement celles de l'Agence ou du Centre. Introduction Le présent rapport traite la question critique de l’exposition des Premières Nations aux contaminants environnementaux par la consommation d’aliments traditionnels. Il aborde les risques et les avantages pour la santé des communautés des Premières Nations, ainsi que d’autres questions préoccupantes liées aux aspects économiques et socioculturels des systèmes alimentaires traditionnels. L’Unité de la gestion de l’environnement (UGE) de l’Assemblée des Premières Nations (APN) a examiné les recherches pertinentes à ce sujet et offre un aperçu de la situation actuelle dans le présent rapport. Les Premières Nations sont de plus en plus préoccupées par la présence de contaminants dans leurs aliments traditionnels et par les effets de la consommation de ces aliments sur la santé. La crainte et l’incertitude qui règnent parmi les Premières Nations entraînent l’abandon d’aliments traditionnels en faveur d’aliments achetés au magasin. Malgré la tendance à la baisse de la consommation d’aliments traditionnels, ceux-ci continuent d’offrir d’importants avantages nutritionnels à de nombreuses communautés des Premières Nations. Les Premières Nations doivent relever le défi de peser, d’une part, les avantages socioéconomiques, physiques et culturels des aliments traditionnels et, d’autre part, le risque d’exposition aux contaminants. Les systèmes alimentaires traditionnels Pendant des siècles, les Premières Nations du Canada ont utilisé leur connaissance de leur environnement et des systèmes alimentaires traditionnels pour assurer leur subsistance. Les systèmes alimentaires traditionnels étaient essentiels à leur mode de vie basé sur la subsistance, à leur santé et à leur bien-être. Les aliments traditionnels des Premières Nations étaient principalement des espèces animales capturées et des espèces végétales récoltées dans l’environnement naturel. Ils comprenaient du gibier, des poissons, des oiseaux, des plantes et des baies. Les Premières Nations obtenaient ces aliments au moyen d’activités traditionnelles comme la chasse, la pêche et la cueillette pendant les diverses saisons. Ces activités de récolte traditionnelles contribuaient aussi à la forme physique et à la santé, à la vitalité de l’identité et des valeurs culturelles, ainsi qu’à la connaissance de la terre, de l’environnement et du mode de vie. Aujourd’hui, beaucoup de communautés des Premières Nations continuent d’exercer de telles activités de récolte traditionnelles pour assurer leur subsistance. Une étude a documenté la fréquence de consommation des espèces utilisées comme aliments traditionnels chez 122 adultes de trois Premières Nations du Yukon. Selon les résultats, les adultes consommaient des aliments traditionnels 1,14 fois par jour en moyenne. L’orignal, le caribou et le saumon occupent toujours une place très importante dans le régime alimentaire contemporain de ces communautés (Wein, E.E., et M.R. Freeman, 1995, p. 161). [Traduction non officielle] « Le terme “système alimentaire traditionnel” s’applique à toutes les espèces naturelles locales consommées dans une culture particulière et à leurs 2 modes d’utilisation acceptés dans cette culture. Le terme renvoie également à la connaissance des significations socioculturelles données à ces aliments, à leur acquisition, à leur transformation, à leur composition chimique, à la façon dont un groupe d’âge ou un sexe les utilise dans une culture donnée, ainsi qu’à la nutrition et aux effets de tous ces facteurs sur la santé des personnes qui les consomment. » (Kuhnlein, H.V., et H. M. Chan, 2000, p. 596.) Les variations des systèmes alimentaires et des régimes traditionnels des communautés des Premières Nations du Canada sont le résultat de différences en ce qui concerne la géographie, la disponibilité des espèces consommées, la proximité des espèces végétales et des voies de migration des animaux ainsi que l’accès à celles-ci, et les pratiques traditionnelles de chasse et de pêche. Il serait intéressant d’examiner davantage les différences de l’utilisation des aliments traditionnels parmi les Premières Nations et de déterminer si elles correspondent à des différences dans la qualité du régime et l’absorption des éléments nutritifs (Receveur, O., et coll., 1997, p. 2182). Peu importe ces différences, les aliments traditionnels offrent aux Premières Nations des avantages sociaux, économiques, physiques et culturels. Sur le plan économique, les aliments traditionnels sont plus abordables par comparaison aux coûts élevés des aliments achetés au magasin, surtout dans les communautés nordiques et éloignées. La récolte d’aliments offrait également un moyen de subsistance économique grâce au commerce entre les communautés. Quant aux avantages physiques, les aliments traditionnels sont de riches sources d’éléments nutritifs répondant aux besoins alimentaires et maintenant la bonne santé des communautés des Premières Nations. En quantité importante, on constante que le gibier est une bonne source d’éléments nutritifs comme les protéines, le fer, le zinc, le cuivre, le magnésium et le phosphore (Receveur, O., et coll., 1997, p. 2184). Le foie du caribou, de l’orignal et du poisson est également une bonne source de vitamine A. L’importance socioculturelle de l’utilisation des aliments traditionnels est un autre aspect à considérer. Au cours des cérémonies, des fêtes, des potlatchs et des événements culturels traditionnels, on confirme un lien profond avec son identité culturelle et sa spiritualité par la consommation d’aliments traditionnels et par les événements qui précèdent. Avant le repas, un plat de chaque met traditionnel est assemblé et brûlé comme offrande au grand esprit et aux ancêtres qui sont passés au monde des esprits. La valeur symbolique de la consommation des aliments traditionnels est devenue plus importante comme marque d’identité culturelle (Pars, T., et G. Mulvad, 2002, p. 112). Depuis longtemps, le savoir écologique traditionnel, y compris la connaissance des espèces traditionnelles consommées, est transmis d’une génération à l’autre dans les enseignements oraux, les histoires et les expériences liées à la terre. La consommation d’aliments traditionnels est ancrée profondément dans les éléments sociaux et culturels du mode de vie des Premières Nations. Beaucoup ont des croyances concernant le caractère sain des aliments, la satisfaction spirituelle, l’utilisation des aliments dans l’éducation et la place occupée dans le tissu social de la communauté (Kuhnlein, H.V., et H. M. Chan, 2000, p. 617). 3 Santé des Premières Nations – Avantages de la consommation d’aliments traditionnels Le régime alimentaire traditionnel offre de nombreux avantages pour la santé et le bienêtre des Premières Nations. Du point de vue des Premières Nations, le concept de la santé et du bien-être s’inscrit dans une approche holistique tenant compte des aspects sociaux, physiques, affectifs et spirituels de la vie. Tous ces aspects sont reliés et influent continuellement les uns sur les autres. Lorsqu’ils sont en harmonie et en équilibre, on atteint la santé et le bien-être. En ce qui concerne les systèmes alimentaires traditionnels des Premières Nations, il existe un équilibre délicat entre toutes les formes de vie de l’environnement naturel. Toute variation de cet équilibre entraîne des changements dans les systèmes alimentaires traditionnels, comme c’est le cas présentement, et des effets sur la santé des membres et des communautés des Premières Nations. Le régime traditionnel composé d’animaux et de plantes offre une source considérable d’énergie, de protéines, de calcium, de fer, de zinc, de niacine et d’acides gras polyinsaturés (oméga-3). En outre, il est faible en graisses saturées. Selon un sondage alimentaire réalisé dans la communauté de Fort Severn (Ontario), chez les femmes qui présentaient des carences de plusieurs éléments nutritifs essentiels, y compris le fer, la vitamine B6 et la vitamine B12, les niveaux de ces éléments étaient considérablement plus élevés les jours où elles consommaient des aliments traditionnels (AINC, 2004, p. 76). Un régime traditionnel et un style de vie actif peuvent agir comme des facteurs de protection contre les maladies chroniques comme le diabète, les maladies coronariennes, le cancer et d’autres troubles de santé. En plus de favoriser une saine nutrition, les activités de récolte comme la chasse, la pêche, la cueillette des baies et la récolte des plantes augmentent l’activité physique et contribuent à la santé. La consommation d’aliments traditionnels peut aussi contribuer aux autres aspects du bien-être par l’intermédiaire des activités économiques et socioculturelles. En plus d’être relativement peu coûteux, le régime traditionnel fournit une base économique et un moyen de subsistance à de nombreuses communautés des Premières Nations, et il favorise la sécurité alimentaire. Un tel régime est également relié aux valeurs socioculturelles et aux liens communautaires par les fêtes, les potlatchs et les cérémonies. Ces éléments favorisent la bonne santé mentale en développant l’identité culturelle, l’estime de soi et la fierté. Effets des contaminants environnementaux sur les sources d’aliments traditionnels et leur consommation La salubrité des aliments pose des problèmes particuliers aux communautés des Premières Nations qui continuent de compter sur la terre pour leur subsistance et qui consomment des aliments traditionnels régulièrement. Les systèmes alimentaires traditionnels des Premières Nations subissent les effets de diverses sources de stress, notamment la contamination du sol, de l’eau et de l’air par la pollution industrielle, les 4 centrales hydroélectriques, la manipulation et l’entreposage inadéquats des combustibles, la mauvaise qualité des réseaux d’égouts, l’industrie de l’aquaculture (élevage de poissons), l’exploitation pétrolière en haute mer et les transports connexes, les exploitations minières et forestières, les eaux d’écoulement agricoles, le déplacement des polluants atmosphériques sur de longues distances, ainsi que les changements climatiques. On a décelé des contaminants persistants dans tous les écosystèmes nordiques – dans l’air, l’eau douce, l’eau salée, la neige, les sédiments, les oiseaux, les poissons, les plantes et les mammifères terrestres et marins. Les voies de contamination des milieux nordiques sont atmosphériques, marines, aquatiques et terrestres (Kuhnlein, H.V., et H. M. Chan, 2000, p. 600). Dans l’environnement des Premières Nations, les polluants très préoccupants comprennent le mercure, le cadmium, l’arsenic et le plomb. On trouve également les dioxines, les diphényles polychlorés (BPC) et le dichlorodiphényltrichloroéthane (DDT). On trouve une bonne partie de ces contaminants dans le sol, les sédiments, l’air, l’eau, les espèces aquatiques et les autres espèces animales et végétales. Des courants atmosphériques transportent aussi les contaminants environnementaux sur de longues distances jusqu’aux communautés des Premières Nations du Nord. Ces contaminants font ensuite l’objet d’une bioaccumulation et d’une bioamplification dans la chaîne alimentaire. Des recherches récentes effectuées par les Premières Nations Grassy Narrows et Wabauskang sur des échantillons de sédiments et d’écrevisses ont révélé un niveau élevé de mercure dans les sédiments et les écrevisses du bassin sud du lac Ball par comparaison au bassin nord, et l’absence de variation de la teneur en mercure des écrevisses et des sédiments au cours du dernier quart de siècle suggère que les sédiments du bassin sud constituent toujours une source de mercure qui contamine la chaîne alimentaire du lac Ball (Simpson, L., 2005, p. 4). Étant donné les préoccupations croissantes au sein des Premières Nations concernant les contaminants, de nombreuses communautés des Premières Nations ont cessé de consommer des aliments traditionnels en raison de leurs effets inconnus sur la santé. On craint également que la diminution de la consommation d’aliments traditionnels entraîne une baisse de la participation des membres des Premières Nations aux activités de récolte traditionnelles, y compris une réduction des possibilités offertes aux jeunes d’apprendre ces pratiques et d’en faire l’expérience. Cela pourrait causer des pertes sur les plans de la culture et du savoir écologique traditionnel. « On croit aussi qu’une consommation moindre d’aliments traditionnels, accompagnée d’une réduction des activités de récolte des ressources, favorise les problèmes de santé chez nos gens, comme le diabète et l’obésité. Par conséquent, notre incapacité à assurer l’approvisionnement en nourriture traditionnelle a de vastes conséquences sur les peuples des Premières Nations, en mettant en péril nos lois ancestrales, nos langues, notre santé et notre bien-être ainsi que notre propre identité en tant que groupes culturels distincts. » (APN, 2005, p. 3.) Les changements climatiques constituent un autre problème critique auquel sont confrontées les Premières Nations au 21e siècle. Les effets des changements climatiques toucheront beaucoup plus les Premières Nations que la population non autochtone du Canada. Ces effets pourraient nuire à la qualité de l’eau potable et de l’air, à la sécurité, à 5 l’accès aux sources d’aliments traditionnels, à l’infrastructure de logement et de transport, à la santé des Premières Nations, aux possibilités économiques, aux activités traditionnelles, au savoir écologique traditionnel ainsi qu’aux éléments sociaux et culturels des modes de vie des Premières Nations. Bien que l’ampleur des effets des changements climatiques sur les aliments traditionnels demeure inconnue, on remarque des effets considérables sur les variations temporelles de la distribution et de la disponibilité des espèces ainsi que sur la qualité des aliments. Les changements climatiques pourraient entraîner la perte ou le déclin d’espèces animales et végétales, la perte de remèdes et la compétition pour les sources de nourriture causée par la présence de nouvelles espèces d’animaux ou d’insectes. Les changements climatiques influeront également sur la présence des polluants environnementaux, sur le déplacement des déchets industriels provenant des latitudes plus basses et sur l’accumulation et la bioamplification des contaminants dans la chaîne alimentaire marine. Les températures plus chaudes feront croître le nombre de bactéries aquatiques et la prévalence des maladies d’origine hydrique. La non-disponibilité des aliments traditionnels causée par les effets des changements climatiques ou par les contaminants peut en outre entraîner des problèmes d’insécurité alimentaire dans certaines communautés. L’insécurité alimentaire est indésirable en soi, mais elle est aussi un précurseur de problèmes de nutrition, de santé et de développement. L’insécurité alimentaire peut compromettre le fonctionnement psychosocial, la nutrition et la santé des enfants d’âge scolaire (AINC, 2004, p. 73). Les contaminants environnementaux peuvent s’accumuler dans les espèces consommées et dans certains cas, plusieurs contaminants peuvent être présents. Lorsqu’un organisme de la chaîne alimentaire assimile un contaminant, il peut faire l’objet d’une bioaccumulation ou faciliter le transfert du contaminant à d’autres organismes. Des facteurs comme l’inertie du produit chimique, sa solubilité dans les lipides ou dans l’eau et la spéciation des métaux influencent tous la bioaccumulation. En outre, la longueur de la chaîne alimentaire ou le nombre d’espèces que le contaminant touche avant sa consommation par l’humain modifie sa concentration dans les aliments selon le principe de la bioamplification, soit les augmentations successives de la concentration chimique (Kuhnlein, H.V., et H. M. Chan, 2000, p. 600). Il est admis que les poissons d’eau douce ainsi que les poissons et les mammifères marins sont les premières sources de contamination par le mercure dans les systèmes alimentaires traditionnels. Les mammifères terrestres comme le caribou et l’orignal sont associés à la contamination par le cadmium. [Traduction non officielle] « En raison de la liposolubilité et de l’accumulation dans les chaînes alimentaires en eau douce et en eau salée, les principales sources de BPC et d’autres organochlorés dans les systèmes alimentaires traditionnels des Autochtones du Nord sont le poisson, les mammifères marins et, dans une moindre mesure, les oiseaux piscivores. On a montré que les Autochtones qui mangent beaucoup de ces animaux présentent des niveaux plus élevés d’organochlorés dans le sang et le lait maternel que les non-Autochtones habitant des milieux plus urbanisés. » (Kuhnlein, H.V., et H. M. Chan, 2000, p. 607.) 6 Certaines communautés ont reçu des avis sanitaires précisant des limites de consommation pour certains aliments traditionnels. Par exemple, l’avis spécial relatif au poisson qu’a reçu la Première Nation Akwesasne indiquait qu’une personne ne devait pas manger plus d’un repas par mois de chair ou d’oeufs d’esturgeon jaune du fleuve SaintLaurent en raison des niveaux de BPC décelés. L’avis recommandait aussi aux femmes en âge de procréer et aux enfants de moins de 15 ans de ne pas manger la chair ou les oeufs de ce poisson (Fitzgerald, E.F., et coll., 1998). Risques sanitaires de l’exposition aux aliments traditionnels contaminés La consommation d’aliments traditionnels qui ont été exposés à des contaminants environnementaux peut poser des risques graves pour la santé des membres des Premières Nations, y compris les nouveau-nés et les fœtus. Il n’existe présentement aucun rapport concluant sur les effets nocifs de la consommation d’aliments traditionnels chez les Premières Nations. Toutefois, les données probantes suggèrent que l’exposition humaine à des niveaux de contaminants comparables à ceux des aliments traditionnels peut nuire à la santé. Il faudrait effectuer des recherches additionnelles sur les effets sanitaires de l’exposition chronique à divers niveaux de contaminants environnementaux par l’intermédiaire des sources d’aliments traditionnels. [Traduction non officielle] « La dégradation de l’environnement touche la santé et le bien-être des Autochtones de trois façons. Premièrement, les polluants et les contaminants, surtout ceux attribuables au développement industriel, nuisent à la santé humaine. Deuxièmement, la contamination industrielle et la perturbation de l’habitat des espèces sauvages se combinent pour réduire la disponibilité et la pureté des aliments traditionnels et des plantes médicinales. Enfin, l’érosion des modes de vie qui dépendent de la pureté du sol, de l’eau, de la flore et de la faune constitue une attaque contre la santé mentale et spirituelle des Autochtones. » (Commission royale sur les peuples autochtones, Gathering Strength, 1996.) Des facteurs comme l’âge, le sexe, la génétique, l’emplacement et le style de vie peuvent influer sur le risque. L’enfant est plus vulnérable que l’adulte et court davantage de risques s’il est exposé aux contaminants présents dans les aliments traditionnels ou le lait maternel en raison de sa plus faible masse corporelle, de ses organes immatures, de sa physiologie et de son métabolisme. « Le système digestif d’un enfant absorbe souvent les aliments et les contaminants associés à ceux-ci plus efficacement que celui d’un adulte » (Partenariat canadien pour la santé des enfants et l’environnement – PCSEE, 2005, p. 23). L’exposition du nourrisson aux BPC présents dans le lait maternel risque également de causer des effets nocifs tels des déficiences neuropsychologiques chez les enfants d’âge scolaire qui sont associées à l’exposition prénatale et non pas postnatale (PCSEE, 2005, p. 64). Les autres effets possibles sur la santé des enfants, qui nécessitent des recherches additionnelles, comprennent les retards de développement et la perturbation endocrinienne. On a réalisé une étude pour déterminer le lien entre la consommation de poisson local contaminé et les concentrations de BPC total et de 68 congénères des BPC dans le lait de femmes Mohawk qui allaitaient et qui résidaient près de trois sites de déchets dangereux. 7 Selon les résultats, l’exposition à vie cumulative estimée qui résultait de la consommation du poisson local était liée de façon significative au BPC total du lait et à trois congénères uniquement chez les Mohawks qui ont eu un enfant de 1986 à 1989. La réduction des concentrations de BPC dans le lait maternel reflète une diminution correspondante de la consommation de poisson local et pourrait découler des avis diffusés au cours de la dernière décennie qui recommandaient aux femmes Mohawk enceintes ou qui allaitaient d’éviter de consommer le poisson local (Fitzgerald, E.F., et coll., 1998, p. 164). D’autres recherches concernant les membres de la Première Nation Grassy Narrows et Wabaseemoong du Nord-Ouest de l’Ontario ont révélé des niveaux élevés de contamination par le mercure attribuables à la proximité d’usines de pâte et de centrales hydroélectriques. Cette communauté a été gravement frappée par l’empoisonnement au méthylmercure, appelé aussi maladie de Minamata, résultant de la consommation de poissons contaminés par les effluents des usines de pâte (APN, 2005, p. 7). Fait alarmant : de nombreuses Premières Nations du Canada se trouvent près d’exploitations industrielles qui touchent de façon importante leurs sources d’aliments traditionnels et leur santé générale. « Les contaminants causent de grandes inquiétudes aux Premières Nations dont les territoires ancestraux sont situés dans le Nord, en raison des problèmes associés au transport à grande distance et à l’accumulation. Les vents et les courants marins mondiaux charrient des pesticides, des BPC et autres polluants organiques persistants des régions industrialisées du Sud vers le Nord, où ils persistent beaucoup plus longtemps qu’ils ne le feraient sous un climat plus chaud. Ces contaminants peuvent alors se bioamplifier dans le réseau alimentaire, se concentrer dans les tissus adipeux de bon nombre d’animaux arctiques, en particulier les mammifères marins, qui, à leur tour, sont consommés par les Premières Nations qui dépendent de cette nourriture traditionnelle. Nous découvrons que la nourriture qui nous a soutenus physiquement et spirituellement depuis des générations nous empoisonne aujourd’hui. » (APN, 2005, p. 7.) Les Premières Nations doivent relever le défi de peser, d’une part, les avantages socioculturels, économiques et nutritionnels des aliments traditionnels et, d’autre part, les risques sanitaires de l’exposition aux contaminants qu’ils contiennent. Risques sanitaires de la consommation d’aliments achetés au magasin Dès l’arrivée des Européens, les Premières Nations ont découvert des aliments commerciaux comme la farine, le sucre raffiné, le gruau, le lard et le thé. Ces aliments étaient nouveaux pour l’appareil digestif des Premières Nations, qui était accoutumé exclusivement aux aliments traditionnels plus sains. Peu après, les activités de subsistance des Premières Nations ont commencé à changer. En plus de chasser et de pêcher pour subvenir à leur besoins, ils le faisaient pour commercer en vue d’obtenir ces nouveaux aliments. Certaines communautés des Premières Nations dépendent de plus en plus des aliments achetés au magasin en raison des modifications de leurs activités et de leurs modèles traditionnels de subsistance. Cette évolution résulte en outre des craintes et de 8 l’incertitude à l’égard des contaminants dans les sources d’aliments traditionnels et des risques qu’ils posent pour la santé. Une étude effectuée par Santé Canada intitulée Examen des habitudes de consommation d’aliments traditionnels fondé sur des recherches communautaires réalisées par certaines Premières nations au Canada visait à évaluer les niveaux de consommation de gibier, de poisson sauvage et d’autres aliments traditionnels dans 10 communautés des Premières Nations de différentes régions du Canada. Il s’agissait d’estimer le niveau de risque posé par les contaminants environnementaux dans les aliments traditionnels. L’analyse des résultats suggère une dépendance décroissante à l’égard des aliments traditionnels parmi les membres des Premières Nations habitant dans les réserves (Tikhonov, C., et K. Lydon-Hassen). L’abandon des aliments traditionnels a entraîné la modification des régimes alimentaires des Premières Nations. En général, la consommation accrue d’aliments achetés au magasin s’accompagne d’une augmentation de l’apport en énergie, en glucides, en gras et en graisses saturées et d’une réduction des éléments nutritifs et des minéraux essentiels offerts par les aliments traditionnels. Ce changement aura des effets majeurs sur la santé des Premières Nations. Il peut causer un risque accru d’obésité, de diabète de type 2, d’hypertension, de maladie coronarienne, de cancer colorectal et d’autres maladies chroniques. De nombreux Autochtones considèrent le diabète comme un exemple des maladies de l’homme blanc, c’est-à-dire une maladie introduite dans leur communauté de manière semblable à la variole et à la tuberculose autrefois. Il est largement accepté que l’adoption des aliments modernes et le déclin de la chasse et de la pêche sont les causes sous-jacentes de l’épidémie (T. Kue Young, 2000, p. 565). En ce qui concerne les enfants des Premières Nations, on peut présumer qu’ils sont génétiquement prédisposés à suivre un régime d’aliments traditionnels et qu’ils ne sont pas biologiquement aptes à consommer une variété d’aliments transformés et commerciaux. Du fait de l’utilisation accrue des aliments achetés au magasin, les enfants des Premières Nations risquent d’être frappés par des troubles de santé comme l’obésité, le diabète et l’hypertension. Il faut aussi tenir compte d’autres facteurs, notamment la diminution de l’activité physique, la perte d’activités socioculturelles liées à la récolte des aliments et le manque d’information sur les régimes alimentaires. Il importe de mieux comprendre le processus de la modification des régimes alimentaires en relation avec les facteurs écologiques, économiques et culturels qui contribuent à la perte des systèmes traditionnels chez les Premières Nations, ainsi que les effets possibles, comme la perte de connaissances spécifiques à la culture, l’augmentation de la sédentarité et les troubles de santé chroniques liés au régime alimentaire (Receveur, O., et coll., 1997, p. 2185). Considérations Voici quelques considérations pouvant permettre de mieux comprendre et de résoudre certains problèmes examinés dans le présent rapport sur la salubrité et la contamination des aliments traditionnels. Il faudrait : 9 • • • • • • • Adopter des mécanismes de contrôle industriels afin de réduire les émissions de polluants persistants dans l’environnement. Obtenir des ressources pour financer les initiatives de recherche visant à améliorer la compréhension des risques et des effets pour la santé des Premières Nations. Évaluer les niveaux de contaminants dans les sources d’aliments traditionnels. Évaluer les niveaux de consommation d’aliments traditionnels dans les communautés des Premières Nations. Élaborer une approche et des modèles de l’évaluation des risques environnementaux qui soient axés sur les Premières Nations, ainsi que des stratégies de gestion qui tiennent compte des avantages et des risques de la consommation d’aliments traditionnels. Élaborer des stratégies d’adaptation aux effets des changements climatiques. Élaborer des documents d’information communautaires sur les niveaux de consommation d’aliments traditionnels qui sont dangereux ou non. Les recherches sont incomplètes quant aux points de vue des Premières Nations concernant les avantages et les risques de la consommation d’aliments traditionnels. Il faudrait également faire des recherches additionnelles pour évaluer les niveaux de contaminants présents dans les sources d’aliments traditionnels afin de mieux comprendre les risques réels pour la santé des Premières Nations. Conclusion La consommation d’aliments traditionnels offre de multiples avantages mais pose plusieurs risques liés aux contaminants pour les Premières Nations, et les évaluer les uns par rapport aux autres est complexe. Certains des avantages examinés dans le présent rapport comprennent la disponibilité d’éléments nutritifs essentiels, l’activité physique liée à la récolte, le coût inférieur des aliments, la prévention des maladies chroniques associées à la consommation d’aliment plus nutritifs, ainsi que plusieurs valeurs socioculturelles contribuant à la santé mentale et au moral culturel. Les effets de la consommation accrue d’aliments achetés au magasin sur l’évolution des régimes alimentaires et les fréquences de consommation peuvent influer énormément sur la santé des Premières Nations et pourraient entraîner une augmentation de l’incidence de certaines maladies chroniques. [Traduction non officielle] « Même s’ils savaient que leur environnement est contaminé et qu’aucun niveau de contamination n’est sans danger, les Aînés croyaient que manger des aliments traditionnels est important parce que leur Créateur leur avait donné ce mode de vie. Ils aimeraient que la contamination par le mercure soit éliminée. Ils aimeraient que la coupe à blanc, l’épandage et les autres formes d’activité industrielle cessent sur leur territoire. Ils aimeraient renforcer les pratiques axées sur les aliments traditionnels et les économies traditionnelles en tant que mécanismes 10 favorisant la santé des personnes et des communautés. » (Simpson, L., et J. Dasilva, 2005, p. 4.) Les Premières Nations devront considérer les effets nutritionnels, socioculturels, économiques et sanitaires de la consommation et de l’abandon des aliments traditionnels. En fin de compte, les aliments utilisés dans les systèmes alimentaires traditionnels des Premières Nations demeurent les meilleurs dont elles disposent. 11 Bibliography Affaires indiennes et du Nord Canada. Commission royale sur les peuples autochtones: Volume 3 - Vers un ressourcement. Rapport de la Commission royale sur les Peuples autochtones. Ottawa: Canada. 1996. Disponible à partir de http://www.collectionscanada.gc.ca/webarchives/20071115211319/http://www.aincinac.gc.ca/ch/rcap/sg/sgmm_f.html Assemblée des Premières Nations. Document d’information de l’APN – Vue d’ensemble des enjeux environnementaux auxquels sont confrontées les Premières Nations – Dans le contexte de la participation au débat sur la gestion des déchets de combustible nucléaire. Ottawa, Ontario, 2005. 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