CODE GENETIQUE ET TRADUCTION 1) Décryptage
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CODE GENETIQUE ET TRADUCTION 1) Décryptage
1 CODE GENETIQUE ET TRADUCTION 1) Décryptage du code génétique Le code génétique a été établi dans les années 60. Plusieurs expériences ont été nécessaires pour déterminer que la suite des acides aminés correspondait à l'ordre des nucléotides, que les codons étaient composés de triplets et quelle était la correspondance entre un triplet et un acide aminé. - Yanowski en étudiant les mutations de la tryptophane synthétase chez E. coli a montré que les mutations sur la protéine sont colinéaires avec les mutations sur l'ADN le long de la carte génétique. - S'il fallait faire correspondre les 4 nucléotides aux 20 acides aminés, il fallait obligatoirement les combiner au moins par 3 (42 = 16, 43 = 64). On arrive donc à la notion de codon - Il n'y avait pas d'association particulière entre les acides aminés, donc pas de recouvrement des codons. Il n'y a pas de chevauchement. - En 1961 Sydney Brenner et Francis Crick étudient une grande quantité de mutations sur le phage T4. Lorsqu'il y a addition ou délétion de 1 ou 2 bases, la protéine est non fonctionnelle. Par contre lorsqu'il y a addition ou délétion de 3 bases, la protéine est souvent fonctionnelle. Cette expérience permet de vérifier la notion de codon, et ajoute la notion de phase de lecture. (les codons se suivent) - En 1966 le code génétique est totalement décrypté grâce aux expériences de Nirenberg et khorama - En ajoutant un ARN poly U à un extrait cellulaire (sans ARNm), ils obtiennent un poly Phenylalanine: donc UUU code pour la phénylalanine. De même, l’ARN poly A donne une polylysine. Poly ACACACACACACA donne thr-His-Thr-His-Thr donc ACA ou CAC code pour la thréonine. Poly AACAACAAC donne en mélange poly Asn , polythr et poly Gln (AAC, ACA et CAA) donc ACA code pour la thréonine etc.... Nomenclature : le codon 5' ACG 3' sera reconnu par un anticodon 3' UGC 5' qui sera écrit CGU Il n'y a pas un ARN de transfert par codon, plusieurs codons sont reconnus par le même ARNt. Exemple GCU, GCC et GCA sont reconnus par le même ARNt. Ces trois codons codent pour l'alanine.Il existe donc une certaine liberté stérique dans la reconnaissance de la troisième base du codon. Cette liberté est appelée le wobble 1ère base de l'anticodon U 3ème base du codon A ou G Ainsi dans le cas de l'Arg, un seul tRNA ayant pour anticodon UCU suffit pour reconnaître deux codons AGA et AGG 2 La première base est de plus souvent modifiée, par exemple, l'inosine peut former des liaisons avec UC ou A elle est toujours utilisée pour lsoleucine AUG donne met AU(ACU) donne Ile Dans d'autres cas la modification restreint le wobble, par exemple la thiouridine ne s'apparie qu'avec A Il existe donc de multiple combinaisons permettant de construire des tRNAs capables de reconnaître les 61 codons représentant les acides aminés. Intérêt du wobble: economie de tRNA, dissociation plus rapide de tRNAs fixés sur l'ARNm. Variations du code génétique L'universalité du code génétique est forte mais quelques exceptions ont été trouvées chez des procaryotes et chez des ciliés. Par exemple chez le mycoplasme Mycoplasma capricolum, UGA n'est pas utilisé pour la terminaison, mais code pour un Tryptophane. Chez les cilié, comme par exemple Tetrahymena thermophila les codons UAA et UAG sont traduit en glutamine à la place d'un codon de terminaison Les ciliés sont sont séparés très tôt des eucaryotes et deux explications sont avancées pour expliquer cette entorse au code universel. La première est qu’au début le code n'était pas encore bien fixé avec une terminaison variable, de nombreuses protéines n'ayant pas d'extrémité COOH bien définie. Lors de l'évolution, trois codons ont été utilisés chez la majorité des êtres vivants mais seulement un dans quelques cas comme certains ciliés. La deuxième hypothèse est que des codons stop utilisés très rarement, ont pu être mutés et être utilisé pour coder un acide aminé (rappel des ARN suppresseurs) D'autres variations ont été trouvées dans le génome mitochondrial. Par exemple AUA sert de codon d'initiation dans le génome mitochondrial de la drosophile alors qu'il code pour une isoleucine dans le génome nucléaire. De même UGA des mamifères code pour le tryptophane dans le génome mitochondrial des mammifères. Ces variations sont dues au fait que les mitochondries synthétisent qu'un très petit nombre de protéines (un dizaine). Une mutation a donc très peu d'effet. C) Les évenements de la traduction 1) Couplage de l'acide aminé sur l'ARNt L'acide aminé se fixe à l'extrémité 3' OH ou en 2'OH, Tous les ARN de transfert se terminent par CCA, c'est sur cette extrémité que sera fixée l'acide aminé à transporter par une liaison ester sur le OH. Il y a tout d’abord accrochage de l'acide aminé sur l'ATP: aa + ATP ----> aa-AMP + 2 Pi. Le pyrophosphate est hydrolysé, la réaction est irréversible. Il y ensuite transfert de l'acide aminé sur 3 le tRNA : aa - AMP + tRNA ---> aa - tRNA + AMP. Sur l'enzyme il y a donc trois sites (tRNA, acide aminé et ATP) et toutes les réactions se passent sur l'enzyme sans que les constituants intermédiaires quittent l'enzyme. La liaison ester est riche en énergie (provenant de l'energie de la liaison anhydride aa-AMP) Cette énergie sera utilisée pour l'acrochage des acides aminés les uns aux autres. Spécificité de la réaction : Le code génétique est due à la spécificité de l'aminoacyl-tRNA synthétase. En effet, si une cystéine liée à son ARNt est chimiquement transformée en alanine. Dans la protéine, les cystéines sont remplacées par des alanines. Site ATP Site acide aminé O site tRNA H C 0 - -O P O R NH 2 0 O -O P O - O L'aminoacyl tRNA synthétase reconnaît soit l'anticodon soit une paire de base en 3-70 comme par exemple, pour le tRNA ala d’E. coli. Pour que la réaction soit spécifique, il faut que le tRNA et l'acide aminé se lient au site de l'enzyme avec très bonne affinité. Mais la reconnaissance de l'ARN de transfert et de l'acide aminé n'est pas parfaite. La réaction se fait quelquefois avec un mauvais partenaire, et il y a dans ce cas des possibilités de correction. On en connait deux selon les synthétases : soit le mauvais acide aminé adénylé est hydrolysé quand le bon tRNA se lie, soit le mauvais aminoacyl tRNA est hydrolysé. Dans les deux cas, le tRNA est important pour effectuer la correction. -O P O O Ad nosine R H C NH 2 OH 0 O O P O O Adénosine R H C NH2 C O O 2) L'initiation Il y a 3 phases de lecture possibles: l'initiation permet de déterminer l'endroit exact où commence la traduction. Il faut aussi que le bon AUG soit reconnu comme codon de départ. En effet, ily a plusieurs méthionines dans la séquence. Chez les procaryotes: 4 Dans la bactérie il y a équilibre entre les formes 70S et 30 S + 50 S + Au 30S se lie le facteur d'initiation IF3 ce qui déplace l'équilibre précédent. 70 S 50 S 30 S + 30 S IF3 + Il y a ensuite liaison de l'ARN m. La liaison s'effectue à une séquence particulière sur l'ARN (Shine Dalgarno, site de liaison du ribosome) juste en amont, en 5' de l'ATG initiateur. Cette liaison s'effectue par hybridation avec une séquence complémentaire en 3' de l'ARN 16S. l’initiation est donc interne à l’ARN, il peut y avoir plusieurs sites d’initiation sur l’ARN. IF3 30 S mRNA met met + IF2 methionyl tRNA met met + IF3 a deux fonctions : une fonction d'antiassociation des deux sous unités 30S et 50S contrôlant ainsi le nombre de 30S disponible pour la traduction et une fonction de liaison de l'ARNm sur le 30S. met met + met met Un autre facteur d'initiation (IF1) se lie sur le complexe, il aide à la dissociation entre les deux sous unités du ribosome en stabilisant le complexe IF3-30S. + + Un autre complexe se forme entre IF2 et l'ARN de transfert d'initiation portant une formylmethionine. Les deux complexes se reconnaissent au niveau d'un site appelé P. Ce nouveau complexe est capable de se lier au 50S, il y a hydrolyse du GTP en GDP + pi (probablement par une protéine du ribosome activée par IF2 et relargage des facteurs d'initiation (IF1, IF2 et IF3). Chez les eucaryotes l'initiation est différente met met Le ribosome reconnaît le cap à l’extrémité 5’ de l’ARNm. De ce fait l'ARN ne peut pas être polycistonique. Il n’y a pas comme chez les procaryotes de reconnaissance d'une séquence particulière en amont de l'ATG. + eIF2 methionyl tRNA met met + 40 S La reconnaissance du mRNA par le ribosome est presque identique. Un complexe contenant une protéine eIF2, du GTP et le tRNA se lie au 40S libre, c'est ce nouveau complexe qui reconnaît mRNA: la différence par rapport aux bactéries est que le tRNA doit etre présent. Comme pour les procaryotes la traduction nécessite des facteurs d'initiation et d'élongation. met met + met met + 5 3) L’élongation Il y a ensuite reconnaissance d'un aminoacyl tRNA sur le site A a.a 2 met Il y a transfert de la formylmethionine de l'aminoacyl tRNA d'initiation sur l'aminoacyl tRNA du site A. Il y a alors dans le site A, un peptidyl tRNA et sur le site A un tRNA deacétylé AUG N 1N1N1 Le tRNA désacetylé va dans un autre site, le site E, le peptidyl tRNA va dans le site P (avec l'ARN messager). Le tRNA désacetylé part du site E ce qui permet l'accessibilité du site A à un autre aminoacyl tRNA site P site A met - a.a 2 Cette élongation nécessite la présence de plusieurs facteurs appelé EF (facteurs d’élongation) Bilan énergétique de l'élongation : l'addition d'un acide aminé à la chaine nécessite l'hydrolyse d'une molécule d'ATP et de deux molécule de GTP. L'ATP permet l'accrochage de de l'acide aminé sur le t-RNA, une molécule de GTP permet le positionnement de l'aminoacyl-tRNA sur le site A, une deuxième molécule de GTP permet la translocation du peptidyl tRNA du site A vers le site P. Si on regarde le nombre de liaison riche en énergie, il en a fallu 4 (1ATP en AMP et 2 GTP en GDP) ce qui est important pour faire juste une liaison amide. Mais ici l'énergie est surtout employée pour assurer la fidélité de la traduction. AUG N1N1N1 site P met - a.a 2 site A a.a 3 AUG N1N1N1 N2N2N2 site P site A 4) La terminaison Il y a trois codons STOP = UAA, UAG et UGA. Des protéines de libération se lient aux codons STOP au niveau du site A. On les apelle RF (Releasing Factor). Ces protéines modifient l'activité de la peptidyl transférase: il y a addition d'une molécule d'eau à la place d'un acide aminé. Il y en a trois releasing factors chez les procaryotes (RF1 reconnaît UAA et UAG; RF2 reconnaît UAA et UGA, RF3 permet la dissociation de RF1 ou de RF2 du site A en hydrolysant une molécule de GTP) et une seule chez les eucaryotes Il y a ensuite libération de la chaîne polypeptidique en croissance du ribosome et dissociation des deux sous-unités ribosomales et libération de l'ARNm. .4) Simultanéité et blocage Chez les procaryotes: Il ya un couplage entre transcription et traduction. En effet, il n'y a pas d'enveloppe nucléaire séparant l'ADN des ribosomes. Les ribosomes peuvent donc se fixer, pendant la transcription, sur l'ARNm en cours de synthèse et ainsi commencer la traduction. C'est impossible chez les eucaryotes, le ribosome n'est pas mature dans le noyau. Le couplage transcription/traduction existe toutefois dans les mitochondries et les chloroplastes (origines procaryotiques). 6 Sur un même ARN messager (procaryote ou eucaryote), plusieurs ribosomes se déplacent simultanément. Un ribosome peut se fixer sur l'ARNm quand le précédent est distant d'environ 80 nucléotides. Cette succession de ribosome forme des polysomes. Blocage de la traduction par des antibiotiques. Plusieurs antibiotiques bloquent la traduction en se fixant sur le ribosome. Par exemple, la tétracycline se fixe sur une protéine de la sous unité 30S et inhibe la translocation du ribosome et le chloramphenicol se lie à la sous unité 50S et inhibe la synthèse peptidique. Les ribosomes bactériens et eucaryotes étant différents ces drogues n’affectent pas la traduction des ribosomes eucaryotes aux doses où elles sont efficaces pour inhiber la traduction chez les eucaryotes. Les bactéries sont devenues résistantes à ces antibiotiques soit en empêchant leur entrée dans la cellule comme dans le cas de la résistance à la tétracycline, soit en métabolisant l’antibiotique comme dans le cas de la résistance au chloramphénicol (tous les antibiotiques n’affectent pas la traduction, par exemple, certains comme l’ampicilline, inhibent des enzymes impliquées dans la synthèse de la paroi bactérienne). D) Régulation de la traduction Exemple de l'opéron tryptophane chez E. coli. La synthése du trp nécessite plusieurs étapes qui sont catalysées par 5 enzymes codées par les gènes TrpA, TrpB, TrpC, TrpD, et TrpE. Cet opéron conteint en outre un promoteur, un opérateur. En l'absence de Trp, les 5 gènes sont transcrits et traduits et le Trp est synthétisé. En présence de Trp, un répresseur se fixe sur l'opérateur et l'opéron n'est plus transcrit. Il s'agit ici d'un régulation de la transcription, le répresseur fixé empèche la transcrpition Il existe de plus une régulation au niveau de la traduction, appelé attenuation rappel: - chez les procaryotes la transcription et la traduction sont simultanées - les ARNs sont polycistroniques - l'arrêt de la trancription : la RNA polymérase s'arrête quand elle synthétise une série de résidus U dans la mesure où elle a d'abord synthétisé une séquence autocomplémentaire capable de se replier. 7 l'ARN dans la région du leader-attenuateur peut prendre deux structures secondaires distinctes: 1) Dans le cas ou la partie codante ne forme pas de structure secondaire, les partie 2 et 3 suivantes forment une structure secondaire. Il y a continuation de la transcription. tryptophane répresseur transcription leader TrpE TrpD TrpC Trp B TrpA ARN promoteur opérateur 2) Dans le cas ou la partie codante forme une structure secondaire avec la partie suivante (2), il se forme une deuxième boucle présentant une structure secondaire d'arrêt de la transcription. 1 2 UUUUU 3 transcription 4 1 arrêt de la transcription 2 3 4 ribosome bloqué sur la séquence leader Ainsi selon les structures secondaires au niveau le la séquence d’atténuation, il y a soit transcription des 5 phases de lecture soit arrêt prématuré de la trnscription et donc pas de traduction des 5 protéines nécessaires à la synthèse du tryptophane. La séquence leader est traduite en un peptide de 14 acides aminés comportant du tryptophane dans sa séquence, losqu'il y a du trp dans le milieu le ribosome passe à travers et on a la structure 1 et donc arrêt de la transcription. En absence de Trp, le ribosome reste bloqué, la transcription continu, la partie 1 ne peut pas s'hybrider avec la partie 2 du fait de la présence du ribosome, la transcription continue. Exemple: contrôle de la traduction du gène ompF. La régulation est due à la synthèse d'un petit ARN contrôlant directement la traduction du gène ompF. Lorsque la pression osmotique augmente, il y a activation de la protéine ompR qui OmpR active la transcription de micF. Il y a synthèse d’un petit ARN de 174 bases gene micF appelé micRNA (mRNA interfering ARN de ompF transcription complementary RNA). Cet ARN est 3’ 5’ 5’ 3’ ARN micF antisens complémentaire d'une région de traduction ompF qui inclue le site de liaison au ribosome: il empêche la traduction de hybridation ompFil devient sensible à des RNases qui OmpF digèrent le RNA double brin. inhibition de la traduction ompF code pour une protéine de la membrane externe de E. Coli qui ne doit plus être traduite lorsque la pression osmotique augmente 8 Utilisation de ce système : cet exemple a servi de modèle pour étudier l'expression de certain gènes. On peut soit transcrire un ARN complémentaire à celui du gène à éteindre soit utiliser des oligonucléotides qui s'hybrident au niveau de l'AUG. Le problème est qu'il faut une grande quantité d'antisens. Rappel des interactions ARN/ARN dèjà vus dans les régulations : exemple de la régulation du nombre de plasmide au niveau de l'initiation de la traduction des ARNm procaryotes (il y a une hybridation entre l'ARNm et l'ARN 16S au niveau du site de liaison du ribosome, séquence de Shine Dalgarno) au niveau de la traduction hybridation entre l'ARN de transfert et l'ARN messager au niveau des codons et anticodons. au niveau de la maturation des ARNs impliquant les snRNP, par exemple les petits ARNs U1..Un s'hybrident aux sites d'épisssage.