1528 statue de la belle dame
Transcription
1528 statue de la belle dame
1528 STATUE DE LA BELLE DAME Le lundi de la Pentecôte de 1528, une terrible nouvelle avait surpris Paris à son réveil. Le « Belle Dame » de pierre, placée à l’angle de la rue du Roi de Sicile et de la rue des Juifs, si bien vêtue de soie et d’or, si bien parée de menus bijoux par les jeunes filles du quartier, fut trouvée gisante à terre, mutilée, la tête coupée, ainsi que celle du petit Jésus ; sa belle robe, sa coiffure, souillées de boue ! Il n’y eut qu’un cri d’horreur dans toutes les paroisses, et l’on jugea qu’une procession solennelle pouvait seule expier un tel sacrilège. Le jour même de la Fête-Dieu, le Parlement tout entier se rendit à cheval, du Palais au lieu de profanation, avec les moines, le clergé, les princes, les ambassadeurs, les prélats, les quatre cents archers de la garde écossaise. Le roi François Ier arriva à midi. Les musiciens de sa chapelle chantèrent l’Ave regina coelorum, qu’il entendit à genoux, ainsi qu’une foule immense ; puis il plaça lui-même, dans la niche, une statue d’argent qu’il baisa à plusieurs reprises, « les larmes aux yeux » ne manquent pas d’ajouter les historiographes, bien gagés et bien pensants. Est-il besoin de préciser que l’insulte faite à la statue de la Vierge, par quelques malheureux restés inconnus, fut le signal de nouveaux massacres de protestants. Ménorval, Eugène de (1829-18..). Promenades à travers Paris... / E. de Ménorval. 1897./Gallica-BNF