Raymond Queneau RUE CHOSE Pierre Reverdy

Transcription

Raymond Queneau RUE CHOSE Pierre Reverdy
Raymond Queneau RUE CHOSE
Il y a trois escafilottes
trois escarbeilles
trois escasses
trois escaumes
trois escarpilles
trois éteufs
trois étibois
trois etnettes
trois étresses
trois éventions
soit trente-six trucs
dans la rue de la rue de la rue
qu'on ne parvient pas à nommer.
Pierre Reverdy
Un homme est tombé
Quelqu'un est sorti et n'est pas rentré
Au cinquième la lampe est toujours allumée.
Blaise Cendrars LA RUE
La rue est dans la nuit comme une déchirure
Plume d’or et de sang, de feu et d’épluchures.
Poèmes élastiques 10
Jacques Prévert
LA BELLE SAISON
À jeun perdue glacée
Toute seule sans un sou
Une fille de seize ans
Immobile debout
Place de la Concorde
À midi le Quinze Août
DIMANCHE
Entre les rangées d'arbres de l'avenue des Gobelins
Une statue de marbre me conduit par la main
Aujourd'hui c'est dimanche les cinémas sont pleins
Les oiseaux dans les branches regardent les humains
Et la statue m'embrasse mais personne ne nous voit
Sauf un enfant aveugle qui nous montre du doigt.
Philippe Quinta
l'été s'installe dans la rue aussi
les cris des enfants
*
cheveux hirsutes descendant la rue
il embrasse le soleil
*
rue piétonne de plus en plus d'hommes
à sacs à main
*
dans la rue,
crâne nu
plutôt qu'avec une moumoute
*
rue de la gare je pisse sans honte
contre un parc mètre
*
rue du maure qui trompe autrefois, dit-il,
un coupe-gorge
*
rue noire de monde –
l’anglaise couvre de crème
ses cuisses blanches
*
seul avec ma fille
dans les rues de Sète
un vent fou
*
rue Verlaine
longtemps la fillette tourne
sur elle-même
*
rue Thérèse
il élève du vin
dans son garag
rue du bout du monde un dominicain en habit
avec une valise verte
*
loin des lampadaires quatre artistes de rue
jouent avec le feu
*
Octobre
la rue soudain
se change en torrent
*
Toujours là
le petit magasin de jouet Rue de l'ange
*
la librairie
où je volais des livres
s'est agrandie
*
lever les yeux ~
la fenêtre de la chambre
où nous nous aimions
*
Jacques ROUBAUD
La forme d’une ville change plus vite, hélas, que le cœur des humains
Jacques Réda
Je regarde souvent la rue où je vais comme si
J’avais depuis longtemps quitté l’émouvante surface
Du monde pour l’autre côté sans fond qui nous efface
Un jour ou l’autre mais libre de souci. »
(LA COURSE – Gallimard Ed.)

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