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EN COUVERTURE ESTIVES D’AUVERGNE Gardien d’estives LE BERGER DES NUAGES A la Banne d’Ordanche, Pascal Cacheux mène en estive 1 200 brebis. Un travail délicat à assurer face aux nombreux visiteurs de ce site touristique. PASCAL CACHEUX AVEC JULES ET JEN, DEUX DE SES CHIENS La route n’est pas loin et la présence de chiens constitue une menace pour la tranquillité du troupeau. n peu plus de 1 000 brebis Rava et 180 Blanche du Massif Central constituent le troupeau d’estive de Pascal Cacheux. “Je les surveille du 25 mai jusque fin octobre et elles me sont confiées par une dizaine de propriétaires différents”, précise Pascal Cacheux. Ces propriétaires U adhèrent à une coopérative d’estive et y possèdent des parts sociales. Pour l’essentiel, ce troupeau appartient à quatre propriétaires dont l’exploitation se situe dans ce département du Puy de Dôme : deux sont dans des communes proches et les autres ont leur élevage situé à une cinquantaine de kilo- mètres. Outre la garde des brebis dans les brumes de la Banne d’Ordanche, Pascal Cacheux durant l’automne, l’hiver et le printemps devient moniteur chiens de troupeaux et assume alors la formation des maîtres et de leurs chiens, notamment pour l’Auvergne et la Normandie. UN UN CHARGEMENT ÉNORME Le pâturage s’effectue sur 150 ha et il n’y existe aucune clôture pour séparer des parcelles : la route définit la limite de l’estive. D’ailleurs Pascal Cacheux affirme : “J’avance sur ce pâturage par secteurs gardés. En été, ce char- PASCAL CACHEUX ET NOUCKA, BERGER YOUGOSLAVE Le chien de protection éloigne les chiens parasites. RÉUSSIR PÂTRE - OCTOBRE 1999 - N° 467 CLIMAT FROID Même à la mi-août, le vent, la pluie, un épais brouillard se succèdent dans la mi-journée et témoignent des rigueurs du climat qui règne à cette altitude de 1 300-1 500 m. “Nous sommes près de la Bourboule, au sud-est de Clermont Ferrand, mais les arbres ne poussent que difficilement par ici”, signale Pascal Cacheux. “D’ailleurs, il faut compter en moyenne 1 000 mètres d’altitude en plus dans les Alpes pour trouver des conditions climatiques identiques.” Cette année, les pluies et le brouillard facilitent la pousse de l’herbe. “Le pâturage est plus facile mais les conditions météo font que la garde est plus pénible”, indique Pascal Cacheux. 25 EN COUVERTURE ESTIVES D’AUVERGNE gement de 1 200 brebis est énorme car s’y ajoutent les béliers et, si dans les Pyrénées, on peut surveiller de loin les moutons, ici, la surveillance ne peut être relâchée cinq minutes.” Cependant, pour la nuit, un parc constitué par une clôture électrique enferme le troupeau. DES BREBIS TRÈS ACTIVES Les Rava paissent en avançant très rapidement d’un secteur à un autre, toujours à la recherche de l’herbe qui leur convient. C’est pourquoi leur berger avoue avoir renoncé à connaître de manière précise leurs goûts puisque dix minutes après être passées négligemment à un endroit, elles y reviennent pour pâturer longuement ce qu’elles avaient auparavant dédaigné. Un avantage : sur cette estive, l’eau ne manque pas et est d’excellente qualité. Un captage avec tropplein alimente les bacs des brebis et un autre sert à emplir le pédiluve. La source du Mont Dore n’est pas loin et l’eau se trouve analysée régulièrement. LES CHIENS : UN RÔLE IRREMPLAÇABLE Les trois Border-Collie de Pascal Cacheux ne manquent pas d’activité puisqu’il faut sans arrêt les relancer pour limiter la fuite en avant du troupeau des Rava. Ces dernières ne peuvent s’approcher trop près de la route, ce qui limite la surface de pâturage : en effet, les esti- SOUS LES NUAGES, LA CHAÎNE DES PUYS La pousse de l’herbe est activée par la pluie et le brouillard. existe même une demande pour la garde en estive vers les Alpes”, souligne ce berger. Mais le problème demeure de concilier la vie de famille et ce travail. Pascal Cacheux estime que la disponibilité du berger pour ce travail est très importante. Heureusement, les brebis de cette estive sont préparées avant la montée. Les propriétaires, outre les vaccinations, traitent les brebis à la montée et assurent la taille des onglons. La baignade contre les parasites de la peau est réalisée sur l’estive mais chaque propriétaire vient aider pour que l’opération s’effectue sans peine. vants qui désirent visiter les puys proches empruntent cette route à pied et sont fréquemment accompagnés d’un chien. De ce fait, une chienne Berger Yougoslave est attachée au troupeau et cherche, dès qu’elle les repère, à éloigner les intrus. “Il est difficile de la dresser dans ces conditions car les dérangements sont fréquents. Mais elle apprend son métier et éloigne les chiens sans trop regarder et intervenir lorsqu’il ne s’agit que de touristes à deux pattes”, ironise Pascal Cacheux. S’ADAPTER Pascal Cacheux note également que depuis deux-trois ans, le manque d’herbe devient chronique sur l’Auvergne et que les éleveurs recherchent de plus en plus des bergers pour la garde des troupeaux en été. “Il UNE REPRODUCTION INTENSIVE Chaque propriétaire des brebis est établi sur une exploitation dont le système de production diffère des autres. L’un possède 500 brebis et des vaches laitières, l’autre possède des brebis mais est céréalier, un troisième possède des vaches allaitantes, un autre fait du porc, de la volaille, des céréales sans oublier un double actif... Pour tout concilier, les béliers appartiennent à la coopérative d’estive. Ce sont des Ile de France, ce qui permet le croisement et le système pratiqué est celui qui permet de réaliser trois agnelages sur deux ans. Pascal Cacheux note que les Rava se révèlent La formation des chiens de bergers En estive, un chien est indispensable, mais de plus en plus nombreux sont les éleveurs qui, sur l’exploitation, apprécient les services d’un chien bien dressé. Les moniteurs agréés de l’Institut de l’Elevage, comme l’est Pascal Cacheux, organisent des sessions de formation pour fournir aux éleveurs des techniques d’éducation et aider au parfait dressage du chien. Au nombre de neuf, ils organisent leur activité à la demande des EDE, des Chambres d’Agriculture, des groupements, des syndicats de race... et ces formations bénéficient de l’aide du FAFEA. Pour en savoir plus, contacter Marie-Catherine Leclerc, Institut de l’Elevage, 149, rue de Bercy, 75595 Paris Cedex 12. Tél. 01 40 04 49 81. 26 L’ABREUVEMENT L’eau est abondante et d’excellente qualité. très maternelles et laitières même avec deux agneaux. Leur prolificité atteint 160 à 170 %. “Elles se comportent très bien en montagne froide et humide et lorsqu‘elles ne disposent que d’un peu d’herbe, elles maigrissent, font l’accordéon, mais avec le retour de l’herbe, ça repart ! Les BMC me semblent adaptées à des zones plus sèches.” Preuve que la relation climat, pâturage, race et berger doit être maintenue pour que l’estive perdure dans ces zones difficiles. JULIEN DIEPENDAELE RÉUSSIR PÂTRE - OCTOBRE 1999 - N° 467