Agents de Vitré - Pagesperso
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Les La Trémoille à Vitré pendant le premier XVIIe siècle I - Correspondance de leurs agents (1606 – 1624) Présentée et annotée par Jean Luc Tulot -=- Dans la poursuite de mes travaux sur les La Trémoille, j’ai voulu connaître comment ils prirent possession de la baronnie de Vitré à la suite de la mort de François de Coligny, le 3 décembre 1605 en Hongrie, et les difficultés qu’ils y rencontrèrent pendant le premier quart du XVIIe siècle. A cet effet, j’ai entrepris au mois de janvier 2001 de réunir dans une même étude, les correspondances qu’adressèrent aux La Trémoille cinq personnalités politiques de Vitré dans le premier quart du XVIIe siècle, à savoir Jean Nouail, sieur du Jaunay, Jean du Matz de Montmartin et son fils Philippe, vicomte de Terchant, Germain Le Lymonnier, sieur de La Marche ainsi que Gilles Chesneau, sieur de la Motte. Les correspondances de ces cinq personnages étaient adressées principalement à la IIe duchesse de La Trémoille, Charlotte-Brabantine de Nassau (1580-1631). Ce qui m’a permis de découvrir de nouvelles facettes de la personnalité de celle-ci. A la différence de bien d’autres Eglises réformées où leurs membres, en dehors de quelques individualités, ne sont que des anonymes voir des abstractions, les membres de l’Eglise réformée de Vitré nous sont familiers par le relevé effectué, à la fin du XIXe siècle, par l’abbé Paris-Jallobert1 à partir des registres conservés aujourd’hui aux Archives départementales d’Ille-et-Vilaine. ParisJallobert a complété ce travail en effectuant également, pour les notables tout du moins, le relevé des paroisses catholiques de Vitré2. Complétant l’oeuvre de Paris-Jallobert, Edouard Frain de la Gaulayrie a publié les généalogies des familles notables de Vitré tant catholiques que réformées accompagnées par des documents inédits3. Elisabeth Rescan et Thierry de La Fournière en 1982 ont réalisé une étude démographique sur les membres de l’Eglise de Vitré4. Pour ma part, en 1996, dans un article publié dans les Cahiers du Centre de Généalogie protestante, j’ai mis en évidence les liens entre l’Eglise réformée de Vitré et les autres Eglises de Bretagne5. Complétant notre connaissance de la Société Vitréenne au XVIIe siècle, l’abbé Paris-Jallobert dans son Journal de Vitré a publié les principaux textes portant sur les rapports de la municipalité avec le duc de la Trémoille et la communauté réformée de la Ville6. Je remercie Messieurs Bernard Mayaud et Michel Duval ainsi que les personnels des Archives départementales d’Ille-et-Vilaine et de la Mayenne pour l’aide qu’ils ont bien voulu me donner. Je remercie par avance les éventuels lecteurs de cet essai pour les concours qu’ils voudront bien m’apporter. 1 Abbé Paul PARIS-JALLOBERT, Anciens registres paroissiaux de Bretagne. Eglise protestante de Vitré, Rennes, 2 vol., 1890-1894. 2 Abbé Paul PARIS-JALLOBERT, Anciens registres paroissiaux de Bretagne : Vitré, Rennes, 2 vol., 1894-1895. 3 E. FRAIN de La GAULAYRIE, Tableaux généalogiques, notices et documents inédits au soutien du mémoire où il est fait mention de plusieurs familles établies à Vitré et paroisses environnantes aux XVe, XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles, Vitré, 3 vol, 1889-1898. 4 Elisabeth RESCAN et Thierry de LA FOURNIERE, Une communauté protestante en Bretagne : Vitré (1560-1685), Mémoire de maîtrise, Rennes II, 1982. 5 Jean Luc TULOT, “ Histoire de l’Eglise réformée de Vitré au XVIe et XVIIe siècle ”, Cahiers du Centre de Généalogie Protestante, 1996, N° 53, p. 8-44 et N° 54, p. 63-95. 6 Abbé Paul PARIS-JALLOBERT, Journal historique de Vitré ou documents et notes pour servir à l'histoire de cette ville, Réimpression augmentée de l’édition originale de 1880, Editions régionales de l'Ouest, Mayenne, 1995. 1 LES LA TREMOILLE BARONS DE VITRE Le 3 décembre 1605, le jeune comte de Laval, François de Coligny, fut tué d’un coup d’arquebuse en Hongrie où il était allé combattre les infidèles7. Quelques semaines plus tard la nouvelle de sa mort atteignit Paris puis se répandît quelques jours après en son comté de Laval et en ses terres de Bretagne. François de Coligny mourait sans héritiers direct, son plus proche parent, dans le cadre du lignage, était son petit cousin, Henri de La Trémoille, âgé de 8 ans, arrière-petit-fils de François de La Trémoille, vicomte de Thouars, qui avait épousé le 23 février 1521 Anne de Laval-Montfort, fille de Guy XVI, comte de Laval, et de Charlotte d’Aragon. Claude de La Trémoille, IIe duc de Thouars, le père d’Henri, était décédé dans la nuit du 24 au 25 octobre 1604. Il revint à sa mère, CharlotteBrabantine de Nassau à défendre les intérêts de son fils. Charlotte-Brabantine de Nassau, une des filles de Guillaume Le Taciturne, le fondateur des Provinces-Unies et de sa troisième épouse Charlotte de Bourbon-Montpensier, était en 1606 âgée de 25 ans. La mort de son mari après six ans de mariage avait été pour elle une épreuve très rude, accrue encore par le décès au mois de novembre 1604 de sa seconde fille Elisabeth. Charlotte-Brabantine de Nassau était auprès de ses enfants à Thouars lorsqu’elle reçut dans les premiers jours de janvier 1606, une lettre de Louise de Coligny lui apprenant la mort en Hongrie de son neveu François de Coligny. Une des premières offres de service qu’elle reçut, fut la lettre du capitaine de la garnison du château de Vitré, Jean Nouail, sieur du Jaunay. La baronnie de Vitré, dans le patrimoine de la Maison de Laval, en importance venait, certes, après le comté de Laval 8. mais cette baronnie permettait à son détenteur de jouer un rôle politique de premier plan en Bretagne en conférant à son détenteur un droit de prééminence pour la présidence de l’ordre de la noblesse aux Etats de Bretagne, assemblée qui continuait à jouer un rôle politique fondamental dans cette province. Charlotte-Brabantine de Nassau dépêcha au sieur du Jaunay un de ses hommes de confiance, Zacharie du Bellay, sieur du Plessis-Bellay9. Alors que du Jaunay prenait connaissance de la lettre de la duchesse de La Trémoille, se présenta un autre émissaire, cette fois ci au nom de la princesse de Condé, Charlotte de La Trémoille, soeur du duc Claude, qui réclamait l’héritage au nom de son fils Henri II de Bourbon-Condé. Dans les premiers jours de février, Charlotte-Brabantine de Nassau prit le chemin de la capitale10. Henri IV qui n’aimait guère le prince de Condé son jeune cousin se prononça en faveur des droits de Henri de La Trémoille. Il était reconnaissant à Charlotte-Brabantne de Nassau d’avoir empêché, en 1602, son époux de s’engager totalement dans la conspiration de Biron. Le 17 février 1606, au nom de son fils aîné, Charlotte-Brabantine de Nassau prêta “ foy et hommage ” entre les mains du garde des sceaux Sillery pour les comtés de Montfort et Quintin, la vicomté de Rennes, les baronnies de La Roche-Bernard, de la Roche-en-Nort et de Vitré et la 7 Abbé PARIS-JALLOBERT, Journal historique de Vitré, p. 63. 8 Le comté de Laval s’étendait sur quatre-vingt-dix paroisses et comptait dix châtellenies. La baronnie de Vitré s’étendait sur quatre-vingt paroisses et comptait six châtellenies. Vitré, Marcillé, Châtillon-en-Vendelais, Chevré, Mézières et du Pertre. Par lettres patentes du 5 décembre 1623, Louis XIII unit à la baronnie de Vitré la châtellenie du Désert-en-Domalain. 9 Zacharie du Bellay (1572-1644), écuyer, sieur du Plessis-Bellay, Belleville, cadet d’une prolifique famille noble angevine, était entré au service du duc Claude de La Trémoille. Il le représenta aux assemblées de Loudun et de Châtellerault. Il servit comme capitaine dans un régiment français au service des Pays-Bas. Charlotte-Brabantine de Nassau le choisit pour être le gouverneur d’Henri de La Trémoille. Par la suite, elle lui confia le gouvernement de Taillebourg. Zacharie du Bellay épousa dans les années 1610 Jeanne Herbert de Bellefonds, fille de François Herbert de Bellefonds, conseiller au présidial de Poitiers et de Jeanne Baron. 10 Dans sa lettre du 10 février 1606 à André Rivet, Duplessis-Mornay écrit que Mme de La Trémoille “ devoit hier coucher à Bloys, partie de Tours fort matin d’où elle a escrit à ma femme ”. DUPLESSIS-MORNAY (Philippe), Mémoires... contenans divers discours, instructions, lettres & depesches par luy dressées ou escrites [...] depuis l’an 1600 jusqu’à l’an 1623, Jean Elzevier, Amsterdam, 1652, 2 vol, tome I, p. 148. 2 châtellenie de Bécherel. Le 24 février, par lettres patentes Henri IV lui fit don des rachats qui lui étaient dus par le décès du comte de Laval11. Au cours de l’année 1606, la duchesse de La Trémoille vit se lever d’autres prétendants à l’héritage : Marguerite Chabot, veuve de Charles Ier de Lorraine, duc d’Elbeuf, au nom de son fils Charles II, arrière-petit-fils du XVIIe comte de Laval : Claude Ier de Rieux et de Catherine de Laval et Anne de Coligny, marquise de Mirebeau, demi-soeur de Paul de Coligny ainsi qu’Anne d’Allègre, veuve en premières noces de ce dernier et épouse du maréchal de Fervacques. Face à cette adversité, Charlotte-Brabantine de Nassau bénéficia à la Cour de l’appui de son beaufrère le duc de Bouillon qui s’employa à ménager des accords avec les autres héritiers. Il lui resta toutefois à organiser l’administration de ses terres, ce qui fut une rude tâche. Charlotte-Brabantine de Nassau n’était toutefois pas sans expérience. Depuis son mariage en 1598, pendant les absences de son mari à la Cour ou pendant les cures que celui-ci faisait dans des stations thermales pour soigner la goutte dont il souffrait, elle avait eu le charge d’administrer le duché avec l’aide de ses conseillers : Jehan Rouhet, Gilles de Bouron, Nicolas Dumonceau, La Mazure,... et possédait déjà une solide expérience politique dispensée par sa belle-mère Louise de Coligny. Par ailleurs Thouars, siège du duché des La Trémoille, présentait beaucoup de points communs avec Vitré. C’était également une petite ville de 5 000 à 6 000 habitants où les protestants ne constituaient qu’une communauté de 400 à 500 âmes. La composition sociale de cette communauté était semblable à celle de Vitré : autour de La Trémoille, elle rassemblait quelques familles nobles des environs, des officiers et domestiques des La Trémoille, des praticiens, des marchands et des artisans. Si les La Trémoille avaient réservé à des protestants les fonctions stratégiques de capitaine et de gouverneur de la ville, de procureur fiscal et de trésorier du duché, les autres fonctions, notamment celles de justice, étaient assurées par des catholiques. Les La Trémoille étaient pragmatiques, ce qui était important à leurs yeux, ce n’était pas la religion que leurs agents professaient, mais la fidélité qu’ils portaient à leur Maison. Les officiers de Laval Charlotte-Brabantine de Nassau procéda à Laval à une transition en douceur en confirmant les hommes en place. Ce fait fut facilité par le fait qu’à Laval les fonctions de juge civil, criminel et de police, de gouverneur et de capitaine de la ville et d’intendant étaient réunies entre les mains d’un seule personne : Daniel Hay, sieur de la Motte. Daniel Hay était le cadet d’une des principales familles de la baronnie de Vitré, seigneurs des Nétumières dans la paroisse d’Erbrée. Il avait été baptisé le 20 avril 1563 à Vitré dans la religion protestante que son père, un conseiller au parlement de Bretagne, avait un temps professé. Daniel Hay était devenu, à l’âge de 28 ans, juge civil, criminel et de police de Laval, charge qui faisait de lui le premier magistrat du comté. Par la suite il cumula cette fonction avec celle de capitaine de Laval et de son château. Couronnement de sa carrière, le 18 avril 1605, le jeune comte de Laval, François de Coligny, à la veille de son départ pour la Hongrie, lui remit l’intendance de sa maison et le gouvernement de ses affaires12. Charlotte-Brabantine de Nassau lors de sa prise de possession ne put que le confirmer dans les fonctions d’intendant de son comté de Laval et de ses terres de Bretagne. Le fait que les deux frères du sieur de La Motte étaient respectivement président à mortier et conseiller au parlement de Bretagne étaient des arguments qui jouaient en faveur de cette décision13. 11 Archives départementales de Loire Atlantique, B 67. Ces actes furent vérifiés par la Chambre des comptes de Nantes le 5 avril 1606. Henri IV ayant fait don à son épouse de tous les casuels de la province de Bretagne, Charlotte-Brabantine de Nassau dut solliciter la confirmation de cette exemption auprès de celle-ci ; ce que Marie de Médicis lui accorda le 2 mai 1606. Le 27 mai 1606, la chambre des Comptes de Nantes enregistra cette décision. 12 Abbé Alphonse ANGOT, Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne, Laval, 4 vol, 19001910, tome II, p. 413. 13 Daniel Hay mourut le 24 août 1626 à Nantes et fut inhumé le 2 septembre suivant devant le grand autel de l’église de Balazé. 3 Parmi les officiers du comté de Laval, deux huguenots assumèrent des fonctions importantes. Il s’agit de Thomas Duchemin, sieur de La Vauzelle procureur fiscal du comté14 et de son beau-frère Annibal de Farcy, sieur de Saint-Laurent, procureur général des eaux et forêts du comté de Laval15. Thomas Duchemin mourut le 19 mai 1611 et Annibal de Farcy lui succèda dans sa charge de procureur fiscal. Notons que Thomas Duchemin et Annibal de Farcy étaient deux des plus importantes figures de la petite communauté protestante Lavalloise qui se réunissait dans la paroisse de Bonchamp au château de la Dame de Poligny, Catherine de La Roussardière, veuve de René du Boays, seigneur de Mesneuf16. En 1610, apparut un nouveau personnage sur le devant de la scène politique Lavalloise : un catholique Louis Cazet, sieur de Vautorte17. Avec l’accord de la duchesse de La Trémoille, Daniel Hay lui vendit cette année là pour la somme de 30 000 livres sa charge de juge civil et criminel 18. Les officiers de Vitré La composition politique des officiers de la baronnie de Vitré nous est bien connue grâce au Journal historique de Vitré de l’Abbé Paris-Jallobert. A la différence de Laval, Vitré comptait une importante communauté huguenote à l’échelle de la Bretagne. Charlotte-Babantine de Nassau confirma dans ses fonctions de capitaine de la garnison Jean Nouail qui appartenait à une des principales familles réformée de Vitré19. Il exerçait également les fonctions de maître des eaux, bois et forêts de la baronnie. Pour donner un gage à Henri IV, la duchesse de La Trémoille choisit comme lieutenant au gouvernement de la ville20, Philippe du Matz, vicomte de Terchant, le fils de Jean du Matz de Montmartin, l’un des plus vaillants capitaines de Henri IV en Bretagne. Pour l’exercice de la justice, Charlotte-Brabantine de Nassau confirma les hommes en place. Le sénéchal : Jean de Couesnon, sieur de Trélan, était un protestant revenu au catholicisme21, fils d’un 14 Thomas Duchemin (1559-1611), sieur de La Vauzelle à Argentré, était le fils d’un avocat.. Il était marié à Judith de Launay, fille de François de Launay, sieur de la Roche, et de Lézinne Gesland. Ils firent baptiser cinq enfants dans l’Eglise de Vitré en 1593, 1594, 1595 et 1598 et trois dans l’Eglise de Laval qui se reunissait au château de Poligny en 1601, 1605 et 1607. André JOUBERT a publié les lettres de Thomas Duchemin à Charlotte-Brabantine de Nassau et à son sercrétaire Nicolas Dumonceau, conservées dans le Fonds La Trémoille à la côte 1 AP 680, dans son “ Histoire de l'Eglise réformée de Laval au XVIIe siècle d'après des documents inédits (1600-1686) ”, Bulletin de la Commission historique et archéologique de la Mayenne, 2e série, tome I, 1888-1889, p. 31-51 et p. 153-163 et dans le tiré à part fait de cet histoire édité à Laval en 1889, p. 24-43. 15 Annibal de Farcy, écuyer, sieur de Saint-Laurent, appartenait à une branche cadette d’une famille noble de Normandie.. Il était marié à Guyonne de Launay et était le beau-frère du sieur de La Vauzelle. Sa charge de procureur fiscal et général des eaux et forêts du comté de Laval, lui permit d’asseoir la fortune de sa famille. Sa correspondance avec les La Trémoille est conservée aux côtes 1 AP 352 et 677. Annibal de Farcy obtint le 1er décembre 1643 des lettres de confirmation de noblesse. Il est mort le 18 septembre 1650 à Vitré. Paul de FARCY, Généalogie de la famille de Farcy, Laval, 1891, rééditée à Nantes en 1980 par la branche de Pontfarcy avec des additions. 16 Le 10 octobre 1604, Catherine de La Roussardière avait marié sa fille unique Elisabeth du Boays de Mesneuf (1587-1657) au principal seigneur huguenot du Pays Rennais, René III de Montbourcher († 1647), seigneur du Bordage, fils de René II de Montbourcher du Bordage et de Françoise de Montbourcher. René II de Montbourcher et René du Boays étaient des chefs huguenots qui s’étaient distingués dans la défense de Vitré pendant les guerres de la Ligue. 17 Louis Cazet (1586-1651), sieur de Vautorte, était le fils d’un conseiller au parlement de Bretagne. Sa correspondance avec les La Trémoille est conservée aux côtes 1 AP 352 et 680. Il vendit en 1624 sa charge de juge ordinaire de Laval à Pierre Le Clerc pour acheter le 16 août de cette année une charge de conseiller au parlement de Bretagne puis le 27 décembre de la même année une charge de président aux enquêtes. Son frère aîné, François, sieur de la Fontaine, était également conseiller au parlement de Bretagne. 18 Abbé Alphonse ANGOT, Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne, op. cit., tome I, p. 479 et tome II, p. 413. 19 Dans la baronnie de Vitré où les forêts constituaient une part importante du revenu, cette fonction était primordiale. Les officiers des eaux et forêts étaient avant tout des juges qui se prononçaient sur les délits commis dans les forêts en infligeant amendes et peines. Ils jouaient également un rôle de conservateurs des forêts du seigneur et devaient notamment effectuer des visites des bois et lors des ventes c’étaient eux eux qui habituellement estimaient les bois et marquaient les bois qui devaient être abattus et vendus. 20 Le gouverneur en titre de Vitré était le duc Henri de La Trémoille. 21 Les Couesnon nous sont bien connus par le témoignage de Philippe Le Noir de Crevain, le pasteur de Blain dont la grandmère paternelle appartenenait à cette famille. Jean de Couesnon, sieur de Trélan (1560-1632), sénéchal de Vitré de 1596 à 4 ancien sénéchal de Vitré ; l’alloué : Daniel Le Fort, sieur de la Jeuverie était un protestant ; le procureur-fiscal : Germain Le Lymonnier, sieur de La Marche, était un catholique. Germain Le Lymonnier, veuf en premières noces de Renée de Montboucher, à la suite de son remariage en 1608 avec Julienne Gaulay, s’établit à Rennes et vendit en 1611 sa charge de procureur fiscal à Guy Leroy, sieur du Plessis-Breton. L’alloué, Daniel Le Fort, étant décédé le 3 juillet 1612, un autre huguenot Daniel Le Moyne, sieur de La Maisonneuve, lui succéda22. En 1614, CharlotteBrabantine de Nassau rompant avec sa politique de choisir ses officiers dans la bourgeoisie Vitréenne, choisit pour remplacer le procureur fiscal Guy Leroy un étranger à la ville, Gilles Chesneau, sieur de La Motte. Ce fait révèle qu’elle avait pris conscience de la solidarité trop grande des notables vitréens entre eux, faisant passer leurs intérêts avant ceux de la Maison de La Trémoille. Cette décision accrut les tensions entre les composants de la vie politique de la ville. Le 20 décembre 1619 à l’issu d’une crise provoquée par les prêches d’un récollet soutenu par une partie des catholiques, le sénéchal Jean du Couaisnon, fut remplacé par Mathurin Duverger, sieur de Boislebaut23, un catholique de Vitré. Ce dernier quitta sa charge en 1626 pour devenir le 24 septembre de cette année maître à la chambre des comptes de Bretagne24. Notons que pendant toute cette période, les fonctions de procureurs syndics furent monopolisées par des catholiques25 : Pierre Le Clavier, sieur du Rocher (1603-1604), Jean Nouail, sieur du Val (1605-1607), Pierre Lecoq, sieur du Pin (1611-1613), Mathurin Duverger, sieur de Pontdavy (16141616), Bodinais Guesdon, sieur de La Gouynière (1617-1619), Guy Lecocq, sieur de La Gérardière (1620-1622), André de Gennes, sieur du Mée (1623-1625). Les officiers de la vicomté de Rennes La vicomté de Rennes s’étendait sur une partie de la ville et des paroisses environnantes. Dans la ville en relevait une partie des paroisses de Saint-Germain, de Toussaint, de Saint-Hélier, de SaintMartin. Hors le ville la juridiction du vicomte s’exerçait en Saint-Grégoire, Bruz, Chartres et SaintJacques de La Lande. En temps que vicomte de Rennes les La Trémoille possédaient des droits de prééminences dans les églises de ces paroisses et des droits honorifiques dans plusieurs couvents 26. A Rennes, capitale administrative de la province, la duchesse possédait un conseil dont nous ne connaissons, dans le cadre de l’avancement de notre recherche que le nom d’un de ses membres : Léonard Allain, sieur de Larchaige, un catholique que sur la recommandation de Daniel Hay, elle choisit le 28 mai 1606 pour être son procureur au présidial de Rennes27. Léonard Allain est décédé au printemps 161928. Les officiers du comté de Montfort 1619, était le fils de André de Couesnon, sieur de Lorgerie, sénéchal de Vitré de 1548 à 1592 et de Jeanne de Trélan. Il épousa en premières noces en 1587 une protestante Rachel Chevallerie (1564-1602) puis en secondes noces en 1605 une catholique Andrine de Gennes. Les Archives des La Trémoille conservent de lui une lettre à Henri de La Trémoille en date du 19 juillet 1622 (Cf. Annexe II). 22 Daniel Le Moyne (1583-1646), sieur de Maisonneuve, fils de Guy Le Moyne et de Jeanne de La Massonnais, appartenait à l’une des onze principales familles réformées de Vitré. Il épousa en premières noces en 1611 une de ses cousines Anne Le Moyne (1587-1620) et en secondes noces en 1622 Suzanne Dupré. Henri de La Trémoille et Marie de La Tour d’Auvergne furent le 22 octobre 1623 les parrain et marraine de son dernier enfant : Henry-Marius. 23 Abbé PARIS-JALLOBERT, Journal historique de Vitré, p. 71-72. 24 Henri de FOURMONT, Histoire de la Chambre des Comptes de Bretagne, Paris, 1854, p. 326. 25 Ibid., p. 561. 26 Abbé GUILLOTIN de CORSON, Les Grandes Seigneuries de Haute-Bretagne, op. cit. , tome II, p. 339-343. 27 Lettre de Léonard Allain à Charlotte Brabantine de Nassau du 20 juin 1606. Archives nationales, 1 AP 642. 28 Lettre de Jaunay à la duchesse du 20 juin 1619. 5 L’on possède encore moins d’informations sur le personnel administratif du comté de Montfort 29. Le douaire d’Anne d’Allègre était assis sur cette terre et celle-ci jouit de son revenu jusqu’à sa mort dans la première quinzaine du mois de mai 1619. Isaac de Forsanz, écuyer, sieur de Maradan, était le sénéchal de cette terre dans les années 162030. Les officiers de Quintin Mes recherches sur les huguenots de l’évêché de Saint-Brieuc au XVIIe, m’ont rendu plus familier avec les officiers du comté de Quintin où aucun des rares huguenots de cette partie de la Bretagne ne parait y avoir assumé de fonctions d’importance avant l’arrivée des Gouyon de La Moussaye en 1638. Charlotte-Brabantine de Nassau comme elle avait fait à Laval et Vitré confirma dans leurs charges les officiers du comté à savoir le sénéchal Jean Suasse, sieur de Colledo31, l’alloué Vincent Le Coniac, sieur du Clot Roty et le procureur fiscal Hervé Le Coniac, sieur de la Ville-au-Ray frère du précédent. Tous étaient des catholiques bon teint. Charlotte-Brabantine de Nassau favorisa particulièrement la carrière de Jean Le Coniac (V. 15601631), sieur de la Ville-au-Pilon, cousin des précédents qui avait soutenu des droits de la Maison de Laval pendant les guerres de la Ligue et assumait les fonctions de fermier général du comté. Le 1er juin 1618, elle lui céda la charge de grand vendeur des eaux et forêts du comté de Quintin. Son fils aîné, Henri devint en 1614 conseiller au parlement de Bretagne. Son second fils, Sébastien, succéda en 1619 au sieur de Collédo en temps que sénéchal. Lorsque en 1626, Sébastien décida d’embrasser la carrière ecclésiastique, Jean Le Coniac obtint que son gendre Jean de Cadillac, sieur de Ménauray32 lui succéda. Sébastien devint en 1628 abbé de Saint-Croix de Talmont et son frère cadet Jean abbé de Sain-Laon de Thouars. La mort de Charlotte-Brabantine de Nassau mit, en partie, fin à la domination des Le Coniac à Quintin. Les correspondances des officiers bretons de Charlotte-Brabantine de Nassau Les correspondances conservées dans le Fonds la Trémoille sont principalement des lettres adressées à Charlotte-Brabantine de Nassau par ses soeurs, ses parents, ses amis et aussi par ses agents. Pour connaître les aléas de la prise de possession de la baronnie de Vitré à ce jour nous avons assuré la transcription des lettres du capitaine de la garnison Jean Nouail, de Jean du Matz et de son fils Philippe, le vicomte de Terchant, de Germain Le Lymonnier, sieur de la Marche, procureur fiscal de Vitré jusqu’en 1611, de Gilles Chesneau, sieur de La Motte et de Jean Grimaudet, procureur fiscal de Vitré de 1614 à 1623. Les correspondances de ces cinq personnages sont présentées dans le présent ouvrage. La correspondance de Jean Grimaudet couvrant principalement les années 1625-1635 a été l’objet d’une publication particulière. 29 F. L.-.E. ORESVE dans son Histoire de Montfort, Réédition de l’édition originale de 1858, Res Universis, Paris, 1989, ne donne aucune indication sur le personnel administratif du comté de Montfort dans le premier quart du XVIIe siècle; 30 Si le prénom d’Isaac de Forsanz fait présumer qu’il était né dans la religion protestante, il avait en 1611 épousé une catholique de Talensac et ses enfants avaient été baptisés dans la Religion catholique. 31 Jean de Suasse, sieur de Colledo au Vieux-bourg-Quintin, était le descendant d’un capitaine espagnol, Diégo Suasse, venu en Bretagne en 1488. Il était sénéchal de Quintin depuis 1591. Une lettre du sieur de Collédo à la duchesse de La Trémoille de 1606 où il l’assure de l’affection de sa volonté à son service “ comme au passé ”, est conservée à la côte 1 AP 650 des Archives nationales. 32 Jean de Cadillac, sieur de Ménauray ou de Ménaurais à Locmalo près de Guémené-sur-Scorff, fils d’un gentilhonne de la clientèle des Rohan Julien de Cadillac, sieur de Ménauray et de Renée Fleuriot. Il épousa par contrat du 19 janvier 1626 Marguerite Le Coniac. Mécontent des faibles arrivées d’argent qui lui venaient du comté de Quintin, le duc de La Trémoille obtint en 1630 la démission du sieur de la Ménauray de la charge de sénéchal de Quintin. Celui-ci ne perdit guère au change et devint le sénéchal des Rohan à Pontivy. Sa fille, Anne, épousa le 22 septembre 1652 dans la chapelle de Saint-Joseph de Ménauray Charles de Volvire de Ruffec, comte du Bois-de-la-Roche à Néant-sur-Yvel. 6 Pour compléter notre connaissance de la vie politique Vitréenne dans le premier quart du XVIIe siècle, je projette de réaliser dans un avenir que j’espère proche la transcription des correspondances de Daniel Hay de La Motte33, de Louis Cazet de Vautorte et d’Annibal de Farcy de Saint-Laurent34. CHARLOTTE-BRABANTINE DE NASSAU AU MIROIR DES LETTRES DE SES AGENTS DE BRETAGNE Aucune des lettres de Charlotte-Brabantine de Nassau à ses officiers de Bretagne n’est parvenue à nous, nous ne connaissons de ce fait ses relations qu’au miroir des lettres qu’ils lui adressèrent. Par la correspondance de la duchesse de Bouillon, Elisabeth de Nassau, nous savons que CharlotteBrabantine de Nassau était une femme brillante, dotée d’un esprit vif et d’un sens de réparti 35. Ses lettres à son fils aîné, Henri, nous ont permis de constater qu’elle s’avait donner de la voix et se faire obéir36. Les lettres des dames de Rohan nous ont révélé qu’elle était appréciée en société37 et celles du duc de Bouillon que même un vieux soldat ayant connu les fastes de la cour des Valois, goûtait sa compagnie38. Les correspondances de Jean Nouail du Jaunay, de Gilles Chesneau de La Motte nous font connaître d’autres facettes de la personnalité de Charlotte-Brabantine de Nassau. Chacun d’entre eux louant sa sagesse, sa douceur, sa prudence. Qualités qui nous font beaucoup penser à une autre duchesse : Elisabetta Gonzaga, la duchesse d’Urbino le personnage central du Libro del Cortegiano de Baldassar Castiglione39. Loin d’être le personnage passif dénoncé par l’historienne américaine Joan Kelly40, la dame du palais sait qu’elle doit d’abord entendre les arguments de ses interlocuteurs ou de ses correspondants avant de les amener, sans les brusquer, à adopter les décisions qu’elle a choisies au fil de l’entrevue. Outre “ les vertus de l’esprit qu’elle a en commun avec le Courtisan, comme la prudence, la magnanimité, la continence ..;, la dame du palais doit savoir administrer les biens de son mari, sa propre maison, ses enfants,.... Pour une femme de la haute noblesse du XVIIe siècle comme la duchesse de La Trémoille dont les biens s’étendaient en Poitou, Saintonge, Maine et Bretagne, cette tâche n’était pas mince. Les historiens du XVIIe siècle ont trop tendance à limiter l’univers des femmes à la vie de société se résumant à quelques heures de leur journée durant leurs séjours à Paris. Pendant une partie de leur journée, il leur fallait lire les missives reçues de province, prendre les avis de leurs conseillers, leur donner des instructions pour préparer les réponses, parfois rédiger elles mêmes les lettres. Pour les cas épineux, il leur fallait solliciter les juges, les ministres, le roi même. Les correspondances de Nouail et Chesneau nous montrent un aperçu de ce qu’était dans la journée le rôle de la dame du palais. Il lui fallait résoudre les problèmes les plus variés : des problèmes de personnel comme de ravitaillement, des problèmes de protection civile comme de police. En fait le rôle assumé par la dame du palais était sensiblement le rôle que joue une femme exerçant actuellement les fonctions de secrétaire générale d’une Préfecture de région. 33 Archives nationales, 1 AP 350 et 351. 34 Archives nationales, 1 AP 352. 35 Jean Luc TULOT, Correspondance d’Elisabeth de Nassau, duchesse de Bouillon (1577-1642), Saint-Brieuc, 2001. 36 Jean Luc TULOT, Correspondance de Charlotte-Brabantine de Nassau, duchesse de La Trémoille (1580 - 1631).SaintBrieuc, 2000. 37 Hugues IMBERT, “ Lettres de Catherine de Parthenay, Dame de Rohan-Soubise et de ses deux filles Henriette et Anne à Charlotte-Brabantine de Nassau, duchesse de La Trémoille ”, Mémoires de la Société de Statistique, Sciences, Lettres et Arts du département des Deux-Sèvres, 2me Série, Tome XII, 1872, p. 41-161. 38 Jean Luc TULOT, Correspondance de Henri de La Tour d’Auvergne, duc de Bouillon aux La Trémoille, Saint-Brieuc, 2000. 39 Baldassar CASTIGLIONE, Le livre du Courtisan, Editions Flammarion, 1991. 40 Joan KELLY, Ch. 2 “ Did Women have a Renaissance ? ” in Women, History and Theory. The Essays of Joan Kelly, The University of Chicago, Paperback edition, 1986, p. 34. 7 Dans sa réflexion sur le rôle politique des femmes sous l’Ancien régime, Merry E. Wiesner a souligné la distinction entre le pouvoir - l’habilité à diriger des événements politiques - et l’autorité le pouvoir formellement reconnu et légitimé. Si les femmes ont rarement le dernier, elles ont souvent le premier par l’arrangement de mariages, par l’établissement de liens entre puissantes familles, par leurs réseaux de correspondance, par leur patronages...41. Une catégorie de femme toutefois pouvait obtenir un pouvoir proche de l’autorité : les veuves. Si le veuvage pouvait apporter la pauvreté à certaines femmes, à d’autres il pouvait leur donner l’occasion d’exercer une part prépondérante dans la conduite de leur maison et d’identifier les droits et privilèges attachés à leur position comme le leur et non seulement leur appartenant dépôt pour leur fils42. Ce qui était le cas de Charlotte-Brabantine de La Trémoille même lorsque son fils fut placé dans l’administration de ses biens à la suite de son mariage arrêté par sa mère avec sa cousine germaine Marie de La Tour d’Auvergne. Tout le monde savait que c’est elle qui détenait l’autorité réelle des La Trémoille et qu’elle saurait bien circonvenir son fils43. Charlotte-Brabantine de Nassau avait bien besoin de disposer de l’autorité, car sa tâche était difficile. Il lui fallut contrer les prétentions de sa belle soeur, Charlotte de La Trémoille, sur Vitré au nom de son fils le prince de Condé, puis celles de la duchesse d’Elbeuf, indemniser la maréchal de Fervaques, veuve en premières noces de Paul de Coligny, XIXe comte de Laval et la marquise de Mirebeau, Anne de Coligny, demi-soeur de Paul de Coligny . Lorsque ces affaires furent réglées se manifesta un nouveau contestataire en la personne du comte de Vertus qui affirmait avoir un droit de suzeraineté sur le comté de Quintin en tant que baron d’Avaugour. Les comté de Laval au Maine, la baronnie de Vitré, les comtés de Montfort, de Quintin, la vicomté de Rennes n’étaient pas eux mêmes sans être l’objet de vives tensions. Dans la baronnie de Vitré qui va être l’objet de notre étude les tensions étaient multiples et s’intermêlaient. La tension la plus visible était celle qui existait entre la majorité catholique et la minorité protestante, atténuée il est vrai par les liens de familles et d’amitié existant entre ces deux communautés. Mais catholiques et protestants connaissaient eux mêmes des clivages. Une rivalité profonde existait entre les du Matz de Montmartin et la famille Nouail du fait d’une lutte d’influence remontant aux années 1590 à la suite duquel Jean du Matz avait perdu sa fonction de gouverneur de la ville. Les ordres catholiques de Vitré étaient divisés en des querelles de préséances. La municipalité jouait les intérêts du roi contre les intérêts des barons de Vitré. Certains officiers de la baronnie de Vitré issus de la marchandise et de la basoche fermaient les yeux sur les spoliations que commettaient les vassaux qu’ils soient hauts seigneurs ou humbles manants. Charlotte-Brabantine de Nassau, en digne fille de Guillaume La Taciturne, sut réaliser un équilibre du pouvoir entre les différentes tendances. Comme le souligne Norbert Elias : “ le seigneur central sape sa propre position, s’il utilise ses moyens d’action et son influence pour assurer la prédominance d’un groupe déterminé au détriment d’un autre qui fait également partie de son cercle social, car le besoin d’un coordinateur et d’une fonction de domination se fera moins sentir si un groupe ou une couche de la société s’achemine de toute évidence vers la prédominance ou y est déjà parvenu, à moins qu’il ne s’agisse d’une formation peu homogène et soumise à de fortes tensions. La position du seigneur central est tout aussi compromise, si les tensions entre groupes et couches diminuent à tel point qu’ils parviennent à organiser leur propre coopération et à se liguer pour une action commune ”44. 41 Merry E. WIESNER, Women and gender in Early Modenr Europe, Cambridge University Press, Second edition, 2000, p. 288-289. 42 Ibid., p. 90; 43 Notons que la pluspart des femmes des La Trémoille au XVIIe et XVIIe siécles eurent des personnalités très fortes. Notons toutefois que Charlotte-Brabantine de Nassau semble avoir accepté la conversion de son filsaîné en 1628, considérant qu’il s’agissait d’une décision individuelle sur lequel il n’était pas possible de revenir. 44 Norbert ELIAS, La dynamique de l’Occident, Coll. Agora, Pocket, 1990, p. 113-114. 8 I - JEAN NOUAIL, SIEUR DU JAUNAY CAPITAINE DE LA GARNISON DU CHATEAU DE VITRE Jean Nouail, sieur du Jaunay, capitaine de la garnison de Vitré, appartenait à une des onze grandes familles protestante de Vitré. Une cnquantaine de ses lettres son conservées à la côte 1 AP 664. Une famille huguenote Vitréenne Pierre Nouail, sieur de Cohigné, le père de notre capitaine, devint huguenot après son mariage le 20 juillet 1563 avec Antoinette Lecoupvreur. Elle lui donna neuf enfants : Olivier, Jean, Renée, Anne45, Jeanne (23 novembre 1578), Jeanne (26 novembre 1579), Marie (16 octobre 1580), Daniel (10 juin 1582) et Lucasse (21 octobre 1584). Pierre de Gennes assumait les fonctions de connétable de la ville. Il mourut le 24 août 1616. Jean du Matz de Montmartin dans ses mémoires consigne que pendant qu’il conduisait des troupes en Picardie, “ un nommé Cohigné & ses enfans, homme ruiné, & qui ne demandoit que changement ”, en intelligence avec le sieur de La Mouche, cadet des La Roche-Giffart, poussèrent la contesse de Laval, Anne d’Allègre, à le démettre de sa fonction de gouverneur de Vitré. En 1596, Henri IV ordonna qu’il soit rétabli dans sa fonction de gouverneur et lui accorda une dotation de 10 000 écus “ de quoi ladite Dame de Laval en avanceroit cinq mil pour avoir osté un fidel serviteur de sa charge ”46. Ce fait suffit à expliquer l’hostilité qui régnait entre les Nouail et les Du Matz. Une carrière au service des barons de Vitré Jean Nouail, sieur du Jaunay, choisit la carrière des armes et entra au service du comte de Laval, Paul de Coligny, puis à celui de son fils François. Il était en 1606 le capitaine de la petite garnison qui gardait le château de Vitré. Il détenait également la charge de maître des eaux, bois et forêts de la baronnie de Vitré47. Dans les premiers jours de janvier 1606, à l’annonce de la mort de François de Coligny, Jean Nouail se donna à la duchesse de La Trémoille. Cette déclaration était une aubaine pour celle-ci qui ne comptait guère d’appuis en Bretagne et savait que sa belle-soeur la princesse de Condé lorgnait également sur l’héritage de la Maison de Laval. Aussi confirma t-elle Jean Nouail dans ses fonctions de capitaine du château de Vitré. Jean Nouail parait avoir eut une grande rigueur moral. Il eut des relations assez tendues avec le vicomte de Terchant, Philippe du Matz de Montmartin, lieutenant au gouvernement de Vitré en raison du conflit qui les opposaient depuis les années 1590, mais aussi parce que les du Matz de Montmartin, comme tous les autres vassaux des barons de Vitré, avaient empiété sur leurs droits. Jean Nouail pour sa part en tant que maître des eaux, bois et forêts de la baronnie de Vitré était attaché à la bonne administration des forêts. A ce titre, il lui était du en 1609 plus de 900 livres de gages ! Philippe du Matz de Montmartin tomba en discrédit en 1616 pour avoir pris position pour le baron de Guémadeuc alors que celui-ci était poursuivi par la justice royale pour avoir assassiné à Rennes le baron de Nevet lors de la session des Etats. Sa femme, Marguerite de Beaumanoir, était apparentée à Guémadeuc et l’avait poussé à intervenir en faveur de celui-ci. Ce choix était cornélien quant l’on sait que Guémadeuc avait également tué un officier des La Trémoille, le sénéchal de la juridiction de Châtillon-en-Vendelais. 45 Les registres de l’Eglise de Vitré n’existent pas pour les années 1567, 1568,1573, 1574 et 1575. 46 Mémoires de Jean du Mats, seigneur de Terchant et de Montmartin, gouverneur de Vitré, in Supplément aux preuves de Dom Charles TAILLANDIER, Histoire ecclésiastique et civile de Bretagne, tome II, Paris, 1756, p. cccx. 47 Cf. sa lettre du 22 août 1609. 9 C’est Jean Nouail qui exerçait les fonctions de gouverneur lorsque le 28 mai 1621 le duc de Vendôme occupa Vitré sur l’ordre de Louis XIII48. Jean Nouail fut démis de ses fonctions et vécut désormais dans l’ombre. Il mourut le 22 janvier 1628 à Vitré, âgé d’une soixantaine d’années. L’homme privé Edouard Frain de La Gaulayrie mentionne que Jean Nouail était marié à Jeanne Hagain 49, probablement de la famille protestante de ce nom de Vitré, mais le relevé des registres de l’Eglise réformé de Vitré effectué par l’abbé Paris-Jallobert ne fait pas mention de leur mariage ni de la naissance de leur fils et de leur fille. Le frère aîné de Jean Nouail, Olivier, sieur de la Paillardière, épousa en 1592, une Lemoyne. Sa soeur aînée Renée épousa en 1585 Jacques Gauvaing. sieur de Ruillé, Anne épousa en 1603 le médecin Daniel Rebondy, Jeanne Jean Mahot, sieur de la Chesnaye, un huguenot de l’Eglise de Plouër dans l’évêché de Saint-Malo, Marie en 1603 Antoine de Gaillardy un officiers de la garnison de Vitré et Lucasse en 1619 le docteur en médecine Charles Lucas. sieur de la Fosse, Daniel, sieur de la Grimaudière, épousa en 1620 une Lemoyne, comme son frère aîné. Jean Nouail, épistolier Jean Nouail écrit d’une toute petite écriture caroline, comportant beaucoup d’abréviations qui rappellent qu’il était d’une famille de marchands. Son orthographe est relativement bonne. Son style sobre, allant à l’essentiel, est bien celui d’un militaire. L’expression de sa foi profonde au “ bon Dieu ” imprègne chacune de ses lettres 1605 avait été une année très dur pour les huguenots de Vitré, François de Coligny, le comte de Laval et baron de Vitré, âgé de 18 ans avait abjuré. Le 6 juin 1605, il fit son entré dans sa ville de Vitré où il fut accueillit avec joie par ses sujets catholiques et avec dépit par ses sujets protestants. Partit en Hongrie pour batailler contre les turcs, il fut tué par un coup d’arquebuse le 3 décembre 1605. Son corps embaumé fut apporté de Vienne jusqu’à Paris puis de Paris à Laval50. 1606 Dans les premiers jours du mois de janvier 1606, la nouvelle de la mort de François de Coligny toucha Vitré. Jean Nouail, le capitaine huguenot de la garnison du château de Vitré, prit aussitôt sa plume pour témoigner sa fidélité à la duchesse de Thouars, Charlotte-Brabantine de Nassau, mère de Henri de La Trémoille, le plus proche héritier du comte de Laval. Quelques jours plus tard se présenta à Jean Nouail un envoyé de la duchesse de Thouars l’assurant de l’affection de celle-ci. Le même jour se présenta un envoyé de la princesse de Condé, Charlotte de La Trémoille qui revendiquait elle aussi l’héritage des Laval au nom de son fils. Comme nous l’avons dit dans l’introduction Henri IV donna raison à la duchesse de Thouars. Notons toutefois que la candidature du prince de Condé, selon le témoignage de Nouail, avait l’appuis des officiers catholiques de la baronnie de Vitré. L’appuis du souverain ne signifia pas la fin des soucis pour Charlotte-Brabantine de Nassau. Au mois d’avril se présenta à Vitré un agent de la maréchale de Fervaques, veuve en premières noces de Paul de Coligny, qui demanda la pose des scellés sur tous les biens meubles pour obtenir le 48 Abbé PARIS-JALLOBERT, Journal historique de Vitré, p. 78. 49 E. FRAIN de La GAULAYRIE, Tableaux généalogiques, notices et documents inédits au soutien du mémoire où il est fait mention de plusieurs familles établies à Vitré et paroisses environnantes aux XVe, XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles, Vitré, 18891896, 3vol, tome I, p. 42. 50 Abbé PARIS-JALLOBERT, Journal historique de Vitré, p. 62-63. 10 règlement des deniers dotaux qui étaient dus à la maréchal du fait de son premier mariage51. En même temps se présenta un agent de la duchesse d’Elbeuf52 qui revendiquait pour son fils une part de l’héritage de la Maison de Laval, en temps que descendant des Rieux. Il en résulta un procès qui dura plusieurs années. Jean Nouail assumait également les fonctions de maître des eax, bois et forêts de la baronnie de Vitré et aussi dès ses premières lettres il attira l’attention de Charlotte-Brabantine de Nassau sur le fait que certains vassaux de la baronnie de Vitré avaient mis ses forêts en coupe réglée avec la complicité de certains de ses officiers. 1 3 janvier 1606 - Vitré à Mme la duchesse de La Trémoille Madame, La perte que nous avons trouvé en la mort de Monseigneur le conte de Laval, nostre doux et bon maistre, nous seroit presque insuportable pour la tristesse et extresme desplaisir qu’n chacun de nous en reçoit, et moy particulièrement quy ay receu l’honneur de sa bienveillance, telle que ne la puis exprimer, ayant eu ce bonheur d’avoir servy feu Monseigneur de Laval père et luy depuis jusques à présent pour la garde de son chasteau de ceste ville de Vitré, soubz l’authorité du Roy et sans l’espérance d’ung seigneur auquel nous avons l’honneur d’appartenir maintenant soubz la conduite et gouvernement d’une dame tant vertueuse et sage, à laquelle il nous est nécessaire entendre sa volonté et avoir l’honneur, s’il plaist à Vostre Grandeur, Madame recevoir vos commandmens à quoy nous nous serons tousjours fort disposer d’obéir et d’autant que sur ung tel changement, il peut avenir beaucoup de dificultés par la malice et arogance de nos adversaires ; laquelle s’est acreu depuis le changement de religion de feu Monseigneur53. C’est pourquoy, Madame, j’ay pensé estre de mon debvoir pour entendre vostre intention à quoy pour y parvenir, j’ay despesché esprès le sieur de Gaillardi, mon beau-frère54, pour aller trouver Vostre Grandeur ; laquelle je supplye très humblement luy vouloir dire vos intenfions et volonté et que j’aye ceste faveur que par luy j’eu reçoive de vos lettres qui me serviront de règle laquelle j’observeray pour l’honneur des commandemens que me ferés, desquels j’espère moïennant Dieu que le Roy a veu grandeur, n’en recevoir aucun mécontentement non plus qu’on vu les préceddans seigneurs en la conservation que j’ay faicte de ceste place pendant les guerres dernière en ce royaume, jusques à présent et s’il plaist à Vostre Grandeur, Madame, me continuer en ceste charge vous m’en ferés des lettres de commission que ferés délivrer à ce porteur et vous acroistrés grandement les obligations que j’ay au bien de vostre service en ceste vérité je supplyray le bon Dieu Madame; Vous donner en toute prospérité santé longue et heureuse vye. vostre très humble et très obéissant serviteur. Le Jaunay De vostre chasteau de Vitré le (un blanc). 2 51 Anne d’Allègre, veuve en premières noces de Paul de Coligny, comte de Laval, avait épousé en secondes noces le maréchal de Fervaques. En indemnisation de ses deniers dotaux, elle reçut une partie de la baronnie de La Roche-Bernard. Elle et son mari achetèrent l’autre partie. 52 Marguerite Chabot (1565-1652), veuve de Charles Ier de Lorraine, duc d’Elbeuf, revendiquait au nom de son flls Charles II de Lorraine une part de l’héritage de la Maison de Laval en tant que descendant des Rieux qui avaient été comtes de Laval et barons de Vitré avant les Coligny. 53 François de Coligny, comte de Laval, avait abjuré la Religion réformée au printemps 1606. 54 Antoine de Gaillardy, sieur dudit lieu, était originaire de Figeac en Languedoc. Il épousa le 26 octobre 1603 Marie Nouail dont il eut deux enfants. 11 21 janvier 1606 - Vitré à Mme la duchesse de La Trémoille Madame, Je ne me suis jamais suadé le mérité de l’honneur que le retour de Vostre Grandeur par la souvenance qu’il vous plaist avoir eu de vostre très humble serviteur et ne pensois que rien m’en peust rendre digne sy ce n’estoit la volonté que j’ay conscience inviolable de rendre à Vostre Grandeur tous les services qui seront en ma puissance ce qui vous poura plus au long fere entendre M. du PlessisBellay55, présent porteur, qui m’a délivré vostre lettre, laquelle m’a grandement consollé après avoir esté en deuil et tristesse de la piteusse nouvelle du déceix advenu de nostre très honoré seigneur et maistre qui nous aymoit naturellement, n’aïant désiré que nostre avancement s’il avoit pleu à Dieu le nous conserver. Mais nostre consollation est grand par la promesse très libéralle qu’il vous plaist de me faire en me continuant les mesmes vollontées de feu Monseigneur, recongnoissant en cela, Madame, vostre grand douceur et bénignité, laquelle je supplie le bon Dieu vous continuer. Mais comme je lissois vostre lettre, en mesme temps arivoist à la porte de vostre chasteau ung apellé Chauveau, secrétaire de Monseigneur le Prince et de Madame la Princesse, sa mère, acompaigné des officiers de ceste jurifiction, lequel me donna une lettre de Madame la princesse, me somma de luy fere ouverture dans le chasteau et ausdit officiers, disant vouloir prendre possession. On se passa plusieurs questions avec led Chauveau que je sommois de m’aparoir du pouvoir qu’il avoit de ce jour, me pressa de luy faire ouverture et qu’il avoit affaire avec la concierge du chateau et le voïant assisté desdits officiers ne leur osse refuzer l’entrée, où estant il parla à elle où se trouve trouva lesdit sieur du Plessis qui vous réçitera le tout emplement comme je l’en ay prié, mais à l’advenir voïant le commandement sérieux qu’il vous plaist de me faire de bien et fidellement garder ladite place, j’espère, moyenant l’aide de Dieu, la conserver fidellement en l’obéissance du Roy et de vous Madame et d’y veiller en telle sorte qu’en recevrez tout contentement et moy de l’honneur. Je croy qu’avoir seu comme ladite place doibt estre pour sûreter [...] le traicté des gens de bien faisant profession de la Religion réformée qui y seront touzjours receuz soubz vostre permission et eux et moy vous y rendront l’obéissance telle que vous debvons et à Messeigneur vos enffans en ceste vérité, Madame, Je supplie le bon Dieu vous donner en toute prospérité et a messeigneurs vos enffans bonne santé très longue et heureusse vye et à moy de demeurer pour jamais, vostre très humble et très obéissant serviteur. Le Jaunay A Vitré, le xxie janvier 1606. 3 24 janvier 1606 - Vitré à Mme la duchesse de La Trémoille Madame, Je reputte ung heur extresme que Vostre Grandeur m’aye tant honoré d’avoir mis la main à la plume pour m’assurer qu’avés agréable mon très humble service, duquel la persévérance sera éternelle pour vous Madame et à Messeigneurs vos enfans, à qui je suys et seray si fidelle que le premier de mon obéissance leur en rendront tesmoignage lors que vos commandemens me favoriseront et que les occurances s’en présenteront pour lequel m’a semblé que mon devoir m’oblige à vous advertir et ce qui est passé après le partement de Monsieur du Bellay. 55 Zacharie du Bellay, sieur du Plessis-Bellay, cadet d’une famille noble angevine, était entré au service du duc Claude de La Trémoille. Il était le gouverneur du jeune Henri de La Trémoille et c’est cet homme de confiance que CharlotteBrabantine de Nassau avait envoyé à Jean Nouail. 12 Je vous diray que, le lendemain, les officiers de ceste seigneurye se présentèrent, avec le secrétaire de Madame la princesse de Condé, à la porte de ce chasteau pour entrer en icelluy, faignant voulloir visiter le trésor et d’y faire procès-verbal de l’estat auquel il est ; où estant arrivés à lad. porte ne trouvèrent qu’un soldat auquel firent plussieurs sommation et commandemens de par le Roy et Madite dame la princesse de Condé d’ouvrir lasdite porte, lequel leur fist pour toute response que son cappitaine n’estoit audit chasteau et qu’il luy estoit défendu laisser entrer aucune personne et qu’ils prirent pour refus et firent ung procès-verbal, dont je vous envoye coppie. Ils apportent tous les jours des traverses pour empescher vostre légitime succession et mesme le jour d’hier, jour de marché, firent banir à son de tenbour et à cry publicq que l’on n’eust à l’avenir à recongnoistre autre légitime héritière que Madame la princesse de Condé et qu’en pareil, ils ont faict à l’isseue de leur grand messe lire et publier par les curés des paroisses dudit Vitré à l’instigation de quelque mutins qui assistent et le conseil les secrétaire qui voudroient s’opposer à l’avancement de l’Eglise de Dieu. C’est pourquoy, Madame, il vous plaira donner ordre par vostre sage prudence vous assurant que la fidellité de laquelle je suys et conduict oiur vos aucthorité sera tousjours sy zellée en mon coeur avec ung sainct désir, Madame, qu’à la conservation de tout ce qui est à vous qui m’obliger à prier Dieu tous les jours et ma vye pour Vos Grandeurs. vostre très humble et très obéissant serviteur. Le Jaunay A Vitré, le xxiiije janvier 1606. 4 4 février 1606 - Vitré à Mme la duchesse de La Trémoille Madame, La faveur à laquelle il vous plaist usé envers moy en la souvenance qu’aura de vostre très humble serviteur qui ne manquera jamais du debvoir qu’il doict à l’obéissance et honneur de vos commandemens duquel la persévérance sera éternelle pour vous Madame et de Messeigneurs vos enfans à qui je suye fidelle serviteur. Les preuves de mon obéiance vous en rendront tesmoignage et particulièrement du commandement spéciaux que Vostre Grandeur me faict de bien garder est placé en quoy je ne manqueray d’aporter tout le soing et bonne diligence qu’il sera requis à la conservation et gard d’icelle comme je feray en toutes aultres chose qui regarderont le bien de vostre service aulx occassions qui s’en présenteront vous y recongnoistrer appertenir une prompte dilligence n’ayant vue qui me soict plus recommandable que l’accroissement de vos Grandeur et de Messeigneurs vos enfans comme plus particulièrement vous pourra assurer Monsieur de Joueière56, auquel je remetz pour vous resdire de toutes les particuliarités de vos affaires de par desça et que je prye Dieu qu’il luy plaise, Madame, vous donne un parfaite santé, très longue et heureuse vye et me faire ce bien d’estre à jamais recongneu pour vostre très humble et très obéissant serviteur. Le Jaunay A Vitré, le iiije febvrier 1606. 56 M. de Joyère est le gentilhomme que Charlotte-Brabantine de Nassau envoya à Jean Nouail pour lui porter “ commission et assurance ” de sa part (Cf. la lettre de Jean Nouail du 28 novembre 1622). 13 5 8 février 1606 - Vitré à Mme la duchesse de La Trémoille Madame, L’honneur qu’il a pleu à Vostre Grandeur me faire obtenir du Roy, me rend extresmement heureux et glorieux tout ensemble, puisque Sa Majesté et vous m’avés jugé disgne de ce commandement. Le commancement, la suitte et les progressions de toute mon action pour vostre très humble service [...] autant et confirmation d’authorité les veux de ma très humble et fidelle dévotion, comme, Madame, n’ayant pour but de mon intantions que la seull gloyre de Dieu, le service de mon Roy et l’obéissance entière que je veus et doibt rendre à vostre amiration. Cestes considération me fortifient pour former toutes sortes d’opositions aus pretendans imaginaires de ceste maison qui voudroient troubler les légitimes possesseurs de>>>er en prendre lorsque Dieu et vos affaire de la repourons ainsy permettre que avec la craincte de cest place n’inquiette vostre esprict, Madame, mais plustost l’assurance que devez avoir et icelle banisse les doubtes et meffiances que pouriez concevoir de ceux qui contre tous droict et nature y voudroient affecter à vostre préjudice. L’entreprise ne leur ne peut estre que funeste, mes pouvoir estant sy célèbre à l’acquisition et l’honneur de vos bonnes grâces sy fort obligante pour le manctien et l’aucthorité qu’il vous plaist m’y avoir donné avec la promesse de me continuer à l’advenir. Tenez donc pour certain, Madame, que ne permettray l’entrée à [per]sonne du monde ny qu’un quelconque en soict transporté que par le commandement de Sa Majesté et du vostre auquel je satifferay tant qu’il plaira à Dieu m’en donne le moïen, lequel je supplye, Madame, vous donner accomplissment et bon sancté. Désirer moy l’honneur estre continué pour vostre très humble et très obéissant serviteur. Le Jaunay De vostre chsteau de Vitré, le viije feb. 1606. Madame, je vous envoye la réponce de la lettre de Sa Majesté, suppliant très humblement Vostre Grandeur la luy présenter et luy ferés, s’il vous plaist, entendre le service que j’ay faict à Sa Majesté et aux seigneurs de ceste maison. 6 1er avril 1606 - Vitré à Mme la duchesse de La Trémoille Madame, Par le retour du frère Gaillardy, j’ay apris comme il a pleu à vostre Grandeur m’honorer de vostre commission et qu’elle approuve la continuation de mon service dans ceste place, avec promesse très libéralle pour l’advenir de mon entretien sur l’establissement qu’il a pleu à Sa Majesté ordonner à la gard d’icelle, dont je vous remercye très humblement, vous assurant, moyennant l’aide de Dieu, qu’elle sera fidelleman conservée et gardée aulx fins qu’elle a esté ordonnée par Sad. Majesté et ne manqueray jamais au debvoir et obéissance où vos commandement me jugeront digne estre apelé, et que durant ma vye je n’honore vostre vertu, piété et mérite laquelle me fera parpétuellement en singulière recommandation, Madame, je n’ay voullu manquer à vous advertir pour le dû de ma charge, qu’il s’est commis au passé et se fait encore à présent dans vos forests de vostre baronnye de Vitré plusieurs dégasts de populations à quoy il n’est à mon pouvoir de remèdier, n’y ayant aucun officier de ceste seigneurie qui se veille joindre avec moy pour maintenir vos droictz. Je croy qu’il seroit à propos, s’il plaisoit à vostre authorité, faire poursuivre ung sougard qui a faict plusieurs dégast à ruyner dans la forest de Chevré depuis six ans et cela soubz l’appuy et faveur des 14 juges de la chastelenye dudit Chevré57, qui sont tous ses proches parens, vostre procureur et sergantgénéral de ladite juridiction ses propres frères. Deffunct Monseigneur avoict enjoinct à Lorial, son procureur, et le vostre à présent, le poursuivre et fère destituer de son estat, lequel n’a faict par négligence ou aultant. Je vous envoye ung mémoire par lequel voirés, s’il vous plaist, l’estat auquel sont les affaires de vostre forest. Vous voirés par led mémoire comme il y a aud. Chevré ung receveur des tails et amandes de ladite forrest, lequel a tant abusé et abuze de sadite charge qu’il seroict nécessaire pour le bien de vostre service y en admettre ung aultre. Ce qui ne se peut faire sans vostre expresse commandement. J’ay parlé et escript par plusieurs fois à M. de La Motte de ses malversation et sur ce je pry Dieu, Madame, vous conserver en bonne santé longue et heureuse vye et Messeigneurs vos enfans. vostre très humble et très obéissant serviteur. Le Jaunay De vostre chasteau de Vitré, le premier jour d’apvril 1606 7 8 avril 1606 - Vitré à Mme la duchesse de La Trémoille Madame, Je contynueray touzjours mes très humbles suplications à ce que me faciez l’honneur de me vouloir tenir pour un des obéissant et fidelle serviteur de vostre maison, ne désirant rien davantaige que de faire congnoistre à vostre authorité que je n’ay biens ny vye que je n’espose à ce que>sera de l’exécution de vos chères commandements. Par ma dernyère, Madame, je vous envoye mémoire bien complet. Vous voirés, par yceluy, l’estat des forests de vostre baronnye à quoy il convient remèdyer pour obvier à la ruyne d’icelles, et en atendans vostre venue, s’il vous plaisoit envoyer une commission pour commettre un receveur des taux et amendes en la chastelenie de Chevré et revocquer celle d’un apellé Mathurin Patte, qui au dernier conte qu’il a rendu raporte presque tous le reliqua de son conte à mauvais denyers par malice et inteligence qu’ils ont le procureur des eaux et forests de ceste seigneurye ensemble. Monsieur de La Motte-Hay a congnoissance que du vivant de defunct Monseigneur, il estoit résolu l’oster. Il vous plaira ausy Madame nous envoyer un marteau58 pour vos dictes forestz d’autant que celuy en quoy avions a acoustumé >>> les ventes & marques les chaugfaiges ; défunct mondit seigneur le fist emporter à Paris et en avoit fait faire d’autres qu’ilz nous debvoient estre envoyées et voycy la saison de délivrer le chaufaige aux officiers. Depuis mes dernières, il est venu en ceste ville et à Rennes le segrétayre de Monseigneur Fervaques59 qui m’a fort entretenu de beaucoup de choses qui seroient longues à déduire que je passe en silence. Il a faict aud. Rennes et ycy une déclaration telle que voirés par la copye que je retirai du greffe et peur qu’il a dont ycy sont les ap>>>>>>>. Il en alla autant déclaré au greffe de Laval & ailleurs où sa peur porte. J’entens qu’en bref ilz doibvent retourner pour procèder à l’inventayre des meubles tant audit Laval que ycy et avoit pour commissaire le bon homme d’esleu Changton demeurant aud. Laval. Ce 57 La seigneurie de Chevré, en la paroisse de La Bouexière, s’étendait dans une dizaine de paroisses : Acigné, Broons, Champeaux, Dourdain, Izé, Livré, Marpiré, Noyal-sur-Vilaine, Servon et Saint-Jean-sur-Vilaine. Abbé GUILLOTIN de CORSON, Les grandes seigneuries de Haute-Bretagne, op. cit., tome I, p. 170-173. 58 Hache portant un poinçon avec laquelle les officiers forestiers marquent les arbres devant être abattus. 59 Guillaume de Hautemer (1538-1613), seigneur de Fervacques, maréchal de France (1597), lieutenant général au gouvernement de Normandie, était le econd mari d’Anne d’Allègre, la veuve de Paul de Coligny. 15 qu’estant vostre saige prudence me mandera ce que auray affere et s’y déférer achapter des tentes de tapisserye des salles d>>>>>et chambres de céans pour me gouverner selon l’honneur du commandement que me sera faict. J’ay ausy entendu que doit estre venu un segrétayre de Monsieur le marquis de Mirbeaux 60 qui doit ancor aporté un certain contract de retraict faict par défunt Monsieur d’Andelot sur le conté de Montfort de la somme de vingt mil escus. J’ay estymé estre de mon debvoir vous donner ces advis. Madame, il vous a pleu par lettre que vostre Grandeur m’a cy-devant escrite me donner promesse et asurance avoir agréable me contynuer en ceste place, pour vous y rendre le très humble service que je vous doy. Et toutefois par la commission que vostre douceur et bonté délivra au frère Gallardy, il semble qu’il y a quelque chose dont, Dieu aidant, vous estant ycy sur les lieux, j’ozeray faire requeste à ce qu’elle soit faicte en autre forme ; vous en supliant très humblement, priant à Dieu le créateur qu’il vous donne heureux succés de toutes vos dificultées et affaires vous maintenir, Madame et Messeigneurs vos enfans en toute prospérité et bonne santé avec qugmentaton de ses bénédictions temporelles et spirituelles donnant longueur de jours et a moy la grâce de demeurer toute ma vye pour vostre très humble et très obéissant serviteur. Le Jaunay De vostre châsteau, le 8e avril 1606. 8 21 avril 1606 - Vitré à Mme la duchesse de La Trémoille Madame, Par la dernyère que j’eu l’honneur de vous escrire, je vous envoye la copye de la procuration du segretayre de Monseigneur le mareschal Fervaque et la déclaration qu’il fait de ce lieu. Du depuis n’est survenu aucune chose que la venue de M. le procureur du Roy du siège présidial de Rennes, qui tout présentement vient déposer les sceaux et scertifier ce qui est dans les chambres et autres lieux dud. chasteau. J’ay esté adverty que le Sr. d’Ozanne est à Laval, qu’il devoit venir demain en ce lieu pour et fère le semblable et mesme procédure à la vente d’iceux meubles, comme j’ay a prins de Monsieur de La Motte-Hay qui m’honora hier de la vostre. Par icelle, je recongnois ce qui est de votre intention en ce qui touche vos forest, à quoy je ne manqueray de porter tout le soing qui me sera possible à ce que vos commandemens soient faict. Je l’ay suplyé pour y pouvoir qu’asemblablemens, nous y eusions fait quelques chevauchées tant pour recongnoistre l’estat d’icelle que d’asurer Vostre Grandeur. La vigilence que j’ay faiste pour tascher d’empescher les abus qui se y commettent tant par la connivence et négligence du garde qu’autre officier, mesme de certains gentilhommes voisins desdites forest qui se l’>>>>ent de faire des hués soubz prétexte de prendre des loups, chasent toutes les bestes de vos dictes forest. Et rien que depuis huit jours il a esté prin et trouvé mort à un quard de lieus de ceste ville : une biche et un jeune cerf mort et n’y a forestier qui a peyne en ose parler plus tost qui >>>>>> leurs charges pour le mauvais traitement qu’ilz ont receu au passé. A quoy vostre prudence saura pourvoir avec le temps et en atendant je y feray pour mon debvoir ce qu’il me sera possible. Sy jugés estre à propos d’escrire à Monsieur de La Motte de voire bien en long l’estat en quoy sont vos dictes forests pour vous en rendre plus certayne je vous suplye très humblement, Madame, vouloir 60 Jacques Chabot, marquis de Mirebeau en Bourgogne. Il avait épousé le 9 octobre 1594 au Louvre dans les appartements de Catherine de Bourbon Anne de Châtillon, fille de François de Châtillon, sieur d’Andelot et de sa seconde épouse Anne de Salm. 16 songer en ce qui est de l’entreteremens de ceste place laquelle ne peut estre conservée que par ce moïen là et jugerez l’inportance d’icelle et combien elle est envoyée. Vou aurés peu voir, par ma dernière, le peu de contentemens que je receu de la commission que vostre bonté m’envoya, n’aïant esté faite en la forme qu’on a acoustumé pour les causes y contenues. Ce qu’il vous plaira de considérer et que la façon du mémoyre que j’en avois baillé à mon frère Gallardy, qu’il délivra à Monsieur Chauveau n’estoit nullement préjudiciable au bien de vostre devenir, puis qu’elle avoit esté prise sur le modelle de celle qu’il avoit pleu à Madame la maréchalle me donner. Je croy, Madame, que vous ne me voudriez desnier le semblable n’ayant moings d’affection et fidélité pour vostre très humble service que j’ay eu pour le sien comme je croy le vous avoir tesmoigné depuis la morte de feu Monseigneur, ayant en l’honneur d’estre le premier de vos officiers qui ay entré en recongnoissance de mon debvoir et vous jurer par là toutes portées des très humbles obéissance à vos commandemens comme le désire faire le reste de mes jours et sur ce je prye à Dieu, Madame, qu’il vous donne longueur de bonne et toute prospérité durant yceux et bénir vos délibérations et entreprises et à moy la grâce de vous demeurer. vostre très humble et très obéissant serviteur. Le Jaunay C’est le xxje avril 1606. 9 29 avril 1606 - Vitré à Mme la duchesse de La Trémoille Madame, Je vous escrit, suyvant l’honneur de vos commandementz, à ce qu’il ne se passe rien de ce qui viendra à ma congnoissance que n’en soïez advertye, quoyque depuis la venue de Monsieur de La Motte-Hay, je n’aye reçeur aucunne lettre. Je vous envoye par autre coppye de la procure (?) et de la déclaration qu’estoit venu faire en ce lieu le Sr. Dramard, segrétayre de Monseigneur Fervaques et par ma dernière vous mandois comme le procureur du Roy du siège présidial de Rennes estoit venu sceller et aporté les sceaux, aïans certifyé ce qu’ils ont trouvé de meubles dans les chambres de ce chasteau, comme Vostre Grandeur pourra voir par la coppye de leur procès-verbal qu’ilz ont faict. Et depuis ont venus en vostre ville, le Sr. ballif de Lizieux et d’Ozanne qui me vindrent voir hier au soir pour me faire entendre qu’ilz venoient de la part de Monseigneur de Fervaques et Madame, sa femme, aïant une commission soubz le grand sceau pour faire procéder à l’inventaire et certification de ce qu’ils trouveroient de biens meubles apartenent à défunt Monseigneur de Laval, tant céans que en toutes les autres maisons pour passe de ce estre conssidérer à qu’il apartiendra et que Monsieur de La Vauzelle61 ce y doit trouver. Et un agent de la part de Madame d’Elboeuf qui est allé à Laval trouver Monsieur de La Motte et passer en ceste ville, me vint voire céans où il me thémoignaga que mad. dame, sa maistresse, désiroit termyner les affaires que pouviez avoir par ensemble avec toute douceur et que tel estoit son desain, ce que je creu estre à propos de faire entendre. Ledit ballif et Ozanne vont demain à Rennes pour avoir un commissaire et présenter leur requeste à ce que les sceaux soient levés et lesd. présentée et des procures des héritiers de ceste succession. Voila Madame ce que j’en ay peu aprendre. Vous asurant qu’en toutes choses qui regarderont les biens de vostre très humble service, j’en rendré tousjours une bien humble obéissance priant Dieu, Madame, 61 Thomas Duchemin (1559-1611), sieur de La Vauzelle à Argnetré, un huguenot, procureur fiscal du comté de Laval. 17 qu’il vous conserve vos droictz et de Messeigneurs vos enfans, vous en donnant heureuse yssus aveq acomplissement de vos sainct désir et à moy l’honneur de vous demeurer toute ma vye pour vostre très humble et très obéissant serviteur. Le Jaunay Au chasteau de Vitré, ce xxviiije avril 1606. 10 27 mai 1606 - Vitré à Mme la duchesse de La Trémoille Madame, Le tesmoignage de vos bonnes volontés et la suitte contynuelle qu’il plaist à Vostre Grandeur me rendre à toutes ocasions, me font naistre mille et mille désire en l’âme et un nombre infyni de prières à Dieu pour vous voir de plus en plus asister de bonheur et prudence en la conduite de tous vos desaings. Vous remercyant très humblement, Madame, du soing que Vostre Excellence prent de mon entretien et de celuy de ceste garnison. Je n’aurois manqué d’escrire plustost n’eust esté que le Sieur de La Vauselle a esté tousjours ycy durant le temps que Monsieur le sénéchal de Rennes a esté à faire l’inventaire, duquel le croy vous en aura envoyé coppye du tout. Il ne se passera rien qui inporte au bien de vostre service que je ne vous en donne advis, afin qu’en toutes mes actions ma très humble affection, fidélité et obéissance puisse paroistre et mestre un moïen à conserver l’honneur de vos bonnes grâces que j’estyme et rendre plus que tout audit lieu. Et en ce que désirés Madame touchant la personne de Monsieur de Terchant62, cela ne vous doit nullement mettre en peyne, puisque mes résolutions n’ont but que le service du Roy et le vostre particulier. Vous y serés entièrement satisfaicte et luy fort content de tout mes déportement. Je ne voy jusques à présent rien qui contrarye au désir qu’en avons. Pour le bien de le voir naguère aveq Monsieur de Montmartin, son père, en leur maison où nous advisâmes de l’honneur et réception qu’on doit faire à Monsieur de Bétunes63 à l’entrée de son gouvernement et m’aïant faict congnoistre vostre intention telle, je fist aviser tout le corps de la ville à s’y préparer quy y sont du tout disposer ; et à ce faire firent asembler le corps de ville. On leur fict représenté le commandement que Monsieur de Terchant en avoit de vous pour cest effect, qui estoit de rendre à mondict seigneur de Béthune outre le mérite de sa personne et sa charge particulière toutes sortes de faveurs et courtoisyes en vostre ville, à quoy nous sommes tous résolus de faire tout ce qui en pourra et en ce chasteau faire tyrer l’artillerye qui est à ce que j’entens selon vostre intention à laquelle je ne manqueray d’y rendre durant ma vye une très humble obéissance et à contynuer tousjours mes plus ardantes et zélées prières à Dieu à ce qu’il lyuy plaise, Madame, vous augmenter ses sainctes grâces et bénédictions, vous donnant et à Messeigneurs vos enfans longueur de jours, leur sfaisant prospérer et eslever pour servir à sa gloire et à moy l’honneur d’estre recongnus pour, vostre très humble et très obéissant serviteur. Le Jaunay C’est le xxvije may 1606. 11 62 Charlotte-Brabantine de Nassau venait de nommer le vicomte de Terchant lieutenant au gouvernement de Vitré. Ce passage met en évidence le contentieux existant entre Jean Nouail et le Vicomte de Terchant et son père. 63 Philippe de Béthune (1561-1649), auteur de la branche de Charost, frère cadet de Sully, était devenu au mois de mai 1606 gouverneur de Rennes et lieutenant du gouvernement des évêchés de Rennes, Vannes, Dol et Saint-Malo. 18 3 juin 1606 - Vitré à Mme la duchesse de La Trémoille Madame, Les inportunités que j’ay par cy-devant donné à Vostre Grandeur sur la plainte de ma commission, vous peuvent avoir esté désagréable. Vous acuserez, Madame, la juste ocasion qui me portoit à ce faire puis que les effects de mes craintes en suyvy de sy preu les apréhensions que j’en avois et au lieu du monde où je l’eusse le moins espéré ny désiré me semblant que vostre authorité dans ceste ville et parmy vos subjets et officiers, dont vostre alloué et procureur de ceste court 64, persistant en leurs premières volontés, doutant que ne fussié assez absolue. Madame, pour surmonter de petite dificultés et néantmoings disent les nécaissaires. Ce refus faict à Vostre Excellence et commis plus par le corps des catolicques romains, appuyés desditz officiers et autres qu’il ne m’est loisible vous faire entendre que de vyve voix. Sont autant de tesmoings, Madame, du regret extresme de quoy Dieu a fait naistre, Messeigneurs vos enfans et vous, légitimes héritiers de ceste sucession. L’empeschement, dont fait en maison de ville, Messieurs de Montmartin et de Terchant, présent à la publication de ma commission, qui a esté après celle de mondit Sieur de Terchant, ont dit la myenne n’estre nullement en la forme qu’on a coustume y observer, veu qu’il n’y avoit adresse quelconque aux juges dudit Vitré, ny mesme lettres du Roy ne de vous adressante à leur communauté, comme y en avoict à celle de Monsieur de Terchant, lequel a esté reeu en sa charge tant en la ville qu’au chasteau, suyvant l’instruction du Roy et la vostre qui me faict suplier très humblement vostre douceur me tant obliger que m’octroyer une lettre de Sa Majesté et de vous adressante à leur communauté et je contynueray de plus en plus à prier Dieu qu’il luy plaise, Madame, vous contynuer ses sainctes grâces et bénédictions et à Messeigneurs voe enfans et donnent à tous longeur et jours et à mon bonneur d’estre recongneu pour, vostre très humble et très obéissant serviteur. Le Jaunay C’est le iije juing 1606 12 11 juin 1606 - Vitré à Mme la duchesse de La Trémoille Madame, La congnoissance que j’ay eue que des lettres, que je vous ay cy-devant escrite touchant beaucoup de choses inportantes au bien de vostre service, sont tombées entre mains de ceux que je n’eusse nullement désiré. Bien que j’ay tousjours estymé davantaige faire l’acquiet de ma conscience et celle de la charge qu’il a pleu à Vostre Grandeur m’honorer, que de faire ce qui vous pourroit nuyre. C’est pourquoy, Madame, je suplye vostre saigesse et prudence avoir agréable le façon dont j’en use et adjoustant créance, à ce mien amy, de ce qui vous dira tant de vyve voix, que par mémoyre, afin que ce moïen me reste pour parler aveq vérité et sans crainte d’estre publyé à personne qu’en tant que l’aurés agréable. Je croy, Madame, qu’aurés receu ma précédente et l’acte de maison de ville où aurés peu voir les difucultés en quoy on s’est aresté pour s’oposer à l’authorité dont Vostre Excellance veut et entend que j’aye dans vostre ville et chasteau. Je vous suplye très humblement y aporter le remède que vostre bonne conduicte sugère y estre nécaissère, afin qu’aveq plus de subjet et de commodicte, je puisse contynuer, aveq quelque homme, les très humbles et très fidelle service que je désireray rendre toute 64 Si le procureur Germain Le Lymonnier, sieur de La Marche, était catholique, l’alloué Daniel Le Fort, sieur de La Jeuverie était protestant. L’opposition de ce dernier est révélatrice des clivages qui existaient dans la communauté protestante de Vitré. 19 me vye à vous Madame et à Messeigneurs vos enfans, lesquelz je prye à Dieu vouloir bénir, maintienne en toute prospérité et bonne santé les dons de toutes ses sainctes grâces et bénédictions et qu’il vous donne, Madame, heureux succés de toutes vos légitimes affaires et faire paroistre qu’il en a le soing en prenant la défence d’icelle vous y asistant par vos saint esprit qu’est le souhait ordynaire de vostre très humble et très obéissant serviteur. Le Jaunay A Vitré, ce xje juing 1606. 13 10 décembre 1606 - Vitré à Mme la duchesse de La Trémoille Madame, Le thémoignage de vos bonnes volontés et la suilte contynuelle qu’il plaist à Vostre Excellance me rendre, me font naistre mille désire en l’âme, de prier à Dieu qu’il luy plaise vous asister de son bonheur en la conduite de vos affaires sy tost que fus de retour en ce lieu, n’ay manqué de voire vos officiers et habitans et de leur thémoigner à tous le bonheur que Dieu leur a gardé, nous ayant donné une sy vertueuse princesse pleyne de piété et de sy beaus et généreux enfans, tant bien nourrye et eslever en la crainte de Dieu et qu’ils avoient bien manqué à leur devoir de n’estre aller plustost rechercher l’honneur de vos commandemens et à quoy ils sont bien disposés. Et moy, Madame, à prier le gloire de mon Dieu qui n’ay pour but que d’estre recongneu de Vostre Excellence pour celuy qui prye Dieu incessamment, Madame, qu’il vous conserve et maintienne en toute prospérité et santé, ensemble mes seigneurs vos enfans avec acroissement de tout bonheur vostre très humble et très obéissant serviteur. Le Jaunay e bre A Vitré, ce xix de dec 1606. 1607 Charlotte-Brabantine passa l’été et une partie de l’automne à Laval, Vitré et Quintin . 65 Lors de ce séjour, elle confirma à Jean Nouail sa charge de maître des eaux, bois et forêts de la baronnie de Vitré qui le posait en adversaire des nobles, forestiers et autres quidams qui ne respectaient pas les droits des barons de Vitré. 14 15 décembre 1607 - Vitré à Mme la duchesse de La Trémoille Madame, Je n’ay voulu manquer de vous donner advis de ce qui se passe, ayant, suyvant l’honneur de la commission qu’il a pleu à Vostre Excellence me donner, commandé à faire vente dans vos forests de la baronnye de Vitré, mais les pluyes et mauvais temps et les jours cours nous ont fait discontynuer et avoir auparavant faire vente à la chesnaie de Landavran, au désir de vostre commission et tasche de faire employer les deniers en provenans au réparation de Chastillon à quoy n’avons rien avancé, pour 65 Lettre de Jean du Matz de Montmartin du 10 octobre 1607. Archives nationales, 1 AP 669. 20 ce que leur artisans demandent à recouvrir seullement quarante escus et quinze escus aux charpentiers pour la réfaction et leur fournir outre de bois et bien que l’on demande et ordonne par vostre commission ne seroient compétant ausdictes réparations. C’est pourquoy, il vous plaira ordonner ce que désirés qu’il soit faict desdicts deniers, car ayant fait publier et bannir lesdictes réparations n’avons trouvé personnes que les ont voulu faire à moings. J’ay eu pareil vendu le bois de sur les hays des deux costés du chemin qu’il convient racoustrer et en ay faict procès-verbal au pied duquel j’ay pris un récépicé du Sr. de Landavran66 d’employer les deniers au racoustraige du chemin, en sorte que la seigneurye n’en tombe en interest procèdant à la vente de la forest du Pertre et recongneu beaucoup de dégast faict par la négligence du forestier de quenton et sugarde de ladite forest, pour n’avoir faict lesdits raportz esdits dégatz et ruynes qui se monteront à plus de mil escus, à quoy a commencé à vaquer et en ay faict un procès-verbal bien ample et pour essayer à se sauver de cela et m’enpesche ladite visitation il m’ont faict intyme des récusations que je feray jugé. C’est la porte où au passé plusieurs se sont sauvé et par où ceux-cy en pensent faire autant, mais le faict consté, il vous plaise Madame les faire poursuivre. Et en hayne de la recherche qu’en ay faicte, deux nepveux dudit forestier me vindrent un jour attacquer, sortant de ladite forest où ilz menacèrent de toutes sortes d’indiscrétion que je travaille fort à suporte crainte de mettre à la miséricorde de mes ennemis. Les empescha den l’heures d’en recevoir led. sallaire, il sera bon d’en rechercher la justice sy le trouvés à propos. J’en fis mon procès-verbal dont on envoya coppye. Sy on ne faict retrancher l’audace de telles personnes, il ne faut plus parler de faire vostre service. Madame, je vous envoye des esploits et significations qui ont esté faictes à la porte de ce chasteau à quoy vostre prudence donnera tel ordre qu’elle voira bon estre, priant Dieu le créateur, Madame, qu’il vous augmente en toute grandeur vostre bonheur santé et prospérité et messeigneurs vos enfans. C’est vostre très humble et très obéissant serviteur. Le Jaunay bre A Vitré, ce 15e de dé 1607 1608 Le 20 septembre Vitré reçut un visiteur de rang : le duc César de Vendöme que son père, Henri IV, envoyait pour la première fois en Bretagne pour le représenter aux Etats de Bretagne. Pendant cette visite Charlotte-Brabantine de Nassau était à Olivet. 15 2 février 1608 - Vitré à Mme la duchesse de La Trémoille Madame, Je reputte un heur extresme que Vostre Excellance m’aye honoré d’avoir mis la main à la plume pour m’asurer qu’avez agréable mon [humble] service, que la persévérance sera éternelle et à Messeigneurs vos enfans, à qui je suis si fidelle que les promesses de mon obéissance en rendront thémoignage, lorsque les ocasions se présenteront. Pour ce qu’il vous plaist me commander par la vostre, je ne manque de faire au contenu de ce qui est porté dans le mémoire qu’il a pleu à Vostre Grandeur, Madame, m’envoyer, mais il y poura y avoir un peu de longueur pour la cérémonye que désirés qu’on faicte pour la publication qui se fera es jugemens et beaucoup de frais que vos arty>> apréhendront avoir a faire aveq les officiers de la 66 Christophe Le Noir, originaire d’Orléans, grand-père du pasteur Philippe Le Noir de Crevain, fut le maître d’hôtel de Paul de Coligny, comte de Laval. Le 30 juillet 1576, il lui donna sa vie durant la jouissance de la terre de Landavran. Il mourut le 23 mai 1625. 21 justice. Sy cela se fut faict par bon marché passé devant notaires, puis sur un bon procé-verbal qu’il y convient faire comme plus au long. Je l’escris à Monsieur Bouront67, pour le faire entendre à Vostre Excellence, que je suplye voire et autre il sera suivy l’honneur de vos commandemens qui me seront tousjours chère et précieux. Vous asurant que la fidélité de laquelle je suis conduit pour vos authorités sera touzjours sy zellée en mon coeur veq un sains désir. Je vous remercye très humblement, Madame, du soing qu’avez de maintenir ceux qui en faisant vostre très humble service, on a voulu outragé, puisque l’avez agréable de rechercher la justice je yre à Rennes et présenter ma requeste attaché à mon procès verbal et par l’advis de vostre conseil, Madame, il seront poursuyviz. Je croy que Monsieur l’alloué, ayant quelque mot de recommandation, il s’y employera pour la poursuilte en dégastz des forests cela ne s’avance aucunement par la connivance du procureur des eaux et forests qui n’a point pressé le jugement de fryvolles et inpertinentes récusations qu’il m’ont faict intymer qui se doibvent juger par mon lieutenant, à la requeste de vostre dict procureur, sy jugez estre à propos d’en escrire. Ils s’atendendent se sauver par la longueur et que l’on laissera cea inpugny comme on a faict aux autres au passé. Je ne croy pas que l’on puisse faire rien de bien des vieux merains de la gallerye du jardin du château et que les escuryes qui en seroient faictes ne seroient de durés et ausy que la muraille où l’on vaut faire porter les dictz merains est fort vielle. Pour Chastillon, je ci-devant donne advis comme aveq le peu de deniers, l’on ne pouvoit pas y réparer ce que Monsieur Bouront nous avoit faist entendre y estre nécaissaire, qui ne soit moings de soixante dix escus et Vostre Grandeur n’avoit ordonné que trente pour y estre employés, en atendant responce de ce que vous avoir escrit. J’avois seullement marchandé à réparer une tour, l’une des principalles dudit château à dix escus soubz vostre bon plaisir ; ayant vostre responce je y avanceré et m’y gouvernere selon ycelle. C’est ce que vous peut, maintenant, représenter celuy qui faict prière à Dieu, Madame, à ce qu’il vous conserve en tout heur et bonne prospérité et santé ensemble, Messeigneurs, les faisant croistre en toutes vertues et sagesse, les bénissant en toutes sortes de bénédictions et à moy l’honneur d’estre recongneu pour celuy qui est à vivre et mourir vostre très humble et très obéissant serviteur. Le Jaunay Ce ije février 1608. 16 Sans date - Vitré à M. Dumonceau68 à Thouars Monsieur, Depuis mon pacquet fermé, je me suis advisé vous demander si lorsque dépescherés le mesager de Laval ne n’inscère pas dans le pacquet des lettres de Madame la Princesse, qui escryvois au Sr. de La Vauselle, dans laquelle y en avoit une que je le pryois faire tenir en ce lieu à ma femme, craignant qu’elle fut en payne de n’entendre de mes nouvelles. Or est-il que ma femme n’a receu la lettre, dont suis un peu en peyne, car le mesager aryva à Laval dès jeudy passé huict jour et il y avoit des discours dans ladite lettre de ce qui c’estoit passé à Saumur entre Madame et Monsieur du Plesis69. 67 Gilles de Bouron était un secrétaire et conseiller des La Trémoille, chargé de leurs affaires en Cour. Il mourut à la fin de l’année 1611 68 Nicolas Dumonceau, un huguenot de Thouars, était un des principaux secrétaires et conseillers de la duchesse de La Trémoille. 69 Philippe Duplessis-Mornay, gouverneur de Saumur, un proche de la duchesse de La Trémoille. 22 J’en ay escrit au S. de La Vauselle pour savoir qu’est devenu madite lettre et n’en ay point eu response. Cela me donne de l’ennuy, car j’ay opynion qu’il l’a mise en main de Monsieur de Terchant. Et que s’il a faict, il m’auroit fort offencé. Ce qui me le fait jugé c’est que pasant à demye lieux [de] Terchant, m’en retournant, je envoyé la lettre de Madame à Madame Montmartin, par homme exprès, mes humbles baises mains et le lendemains que fut aryvé, j’escrivys à mondit Sr. Terchant comme, Dieu mercy, Madame estoit rendus en bonne santé et qu’à mon et part avoir laissé tant Madame que Monseigneur en très bonne santé et des baises mains que je faisois de leur part et que mon pront partement avoit peu estre empesché qu’il n’avoit eu de letres, je n’ay eu de responce à madite lettre qu’avoir baillé au laquais Mtre Lescuyer qui y alloit je ne me puis toutefois persuader que le Sr. Vauselle m’ait sous une et insigne meschanceté. Sy luy escryvés mandez luy en un petit mot. Je prie Dieu nous conserver de la malice de nos ennemys et me rende ausy capable de servir Madame et Messeigneurs comme je le souhaite au profond de mon coeur. Que c’est le souhait ordynaire de celuy qui est, mais n’en doutés, Monsieur, vostre affectionné serviteur. Le Jaunay 17 24 septembre 1608 - Vitré à M. Dumonceau à Olivet Monsieur, Hier au soir assés tard, je receu celle qu’il vous a pleu m’escrire où à l’instant je monte à cheval pour chercher un chartier lequel vous mène le vin que mandés estre envoye par la vostre à Madame qui sera à dix heures à La Brousinière ainsy qu’il m’a promins. Ma fille a fait seré du syn>>>> que l’on a baillé à ce mesager et la clef qui luy a esté rendu. En cela et en toutes autres choses où l’honneur des commandements de madite Dame m’apelleront, j’y rendray tousjours une très humble obéissance et à vous servir en particulier, m’aïant oblige en une infinité de sortes à quoy je ne veux demeurer ingrat. L’on n’a point trouvé de petites bouestoil ches Rondel70. Il en faudra faire aporter de Laval. Le bon homme de père71 et son gendre Rebondy72, Grymaudière73 et tous les amys vous font leur humble baise main, comme en pareil nous faisons ma femme et moy et à Monsieur de la Bedonière et de Joyère et à toutes vos filles74, estant entièrement, Monsieur, vostre bien obéissant et affectionné serviteur. Le Jaunay bre Ce 24e sep 1608. L’on a pas peu seré du vin>>>>>>>>> pour ce qu’il estoit nuit quant on receut la lettre, mais s’il en faut davantage par le premier vous fera suivre; 70 Etienne Rondel († 14 décembre 1616), un huguenot, originaire de Provence, fut l’homme de chambre du comte de Laval avant de devenir son apothicaire. 71 Pierre Nouail († 24 août 1616), sieur de Cohigné, père du sieur du Jaunay. 72 Daniel Rebondy († 20 décembre 1639), docteur en médecine, époux d’Anne Nouail (1577-1616). 73 Daniel Nouail (1581-1626), sieur de la Grimaudière. 74 Dumonceau avait au moins deux filles : Claude et Elisabeth. 23 Il a fallu 7 pots de vin à remplir la pipe. Le chartier d’ycy à 35 sous pour le charoy et 5 sous à moittié en vin pour ne point p>>> ne y toucher afin que celuy d’Olyvet qui le charoye en fera de mesme. 18 29 septembre 1608 - Vitré à M. Dumonceau à Olivet Monsieur, Je n’aurois tant demeuré à aller chercher l’honneur des commandements de Madame sans que je n’ay encore seu avoir la coppie des charges et informations du greffier de Chevré qui favorise, luy et les autres officiers dudit Chevré, le forestier qui a done un faux marteau comme ilz ont faict den le commencement et faignent d’estre récusés. S’yl ne plaist à madite dame poursuivre pour avoir serviteur qui affectionnent plus son service. Il faudra quiter nos charges, car il se tient à dix lieux d’ycy et lorsque se présente quelques affères pour le service de madite dame, il faudrois tousjours avoir des mesagers express et païer. Le plus souvent ne les trouve on au logis sy tost que euz receu vostre lettre et envoyé esprès a ce qu’il eust à m’aporter lesdictes charges. Vous voirés par la responce de la lettre qu’il m’escrit que vous envoyer, comme il se descharge sur Geslin-Chevalet, procureur aux eaux et forests, auquel j’ay ce jour parlé, qui dit n’en avoir que partye et les principalles pièces ne les avoir eust, ains que cest ledit greffier à quy je renvoyray demain au matin afin qu’il ne faille, sy tost que les auray, ne manqueray aller trouver Madame. Je ne vous mande rien des Estatz. Vous aurés seu de tout par Monsieur Terchant qui me dist qu’il alloit trouver Madame pour luy en dire toutes les particularités et puis La Marche qui auparavant vous en aura peu dire. Ayant retiré car a>>>>> espère mercredy aller coucher à Ollyvet et vous dire de vyve voix ce que le temps ne me permet seullemeny vous asureray-je de mon humble service. Le bon homme de père alla hier aux Estats qui vous baisoit humblement les mains à toute la petite famille, ma femme et moy, La Grange, sa femme75 et tous les amys vous en disent autant à Monsieur de La Berdonnière et Joyère et à toutes vos filles. C’est Monsieur, vostre bien humble et affectionné serviteur. Le Jaunay bre Ce 29e 7 1608. 1609 Charlotte-Brabantine de Nassau passa les deux derniers mois de cette année à Vitré. Le 8 novembre, elle fut la marraine d’un enfant de Jean du Perrier, sieur de la Grange. Zacharie du Bellay étant le parrain. 19 16 janvier 1609 - Vitré à M. Dumonceau à Thouars Monsieur, 75 Jean du Perrier, écuyer, sieur de La Grange et son épouse Renée Fourmentin. 24 Encore que je n’eusse de responce de ma dernière, je ne laisseray toutefois de vous faire ce mot que vous asurer s’il vous plaise de mon affection à vostre humble service et vous prier et me conserve une portion de vos bonnes grâces que j’estyme et chéris infiniment. Touchant ce dont je vous avois escrit par ma dernière, que je craignois que Monsieur de La Vaucelle eust laissé tomber es mains de Monsieur de Terchant les lettres que vous baillé à Saumur à mettre au pacquet de Madame. Depuis led. Sr. Vaucelle m’a escrit qu’il ne les receut point et qu’il failloit bien que eusiez oublyé les y metre, de quoy je ne suis mary pourveu queles ne soient tombées en autre mains que des vostres.. Quant à ce que vous aviés charge par M. du Plesis m’escrir, je y ay envoyé et la responce a esté qu’il ne se peut souvenir que luy aviez jamais presté aucun argent et que s’il vaioit sa promesse qu’il y penseroit, mais qu’aujourd’huitne s’en peut-il souvenir bien, a souvenance qu’on appelle parfumeur de S. Jan d’Angers et qu’il croit avoir rendu ou fais pois au beau-frère dudit parfumeur ce qu’il luy avoit esté presté et n’a souvenance que luy aiez rien presté. Sy vous aviez envoye vostre promesse par ce porteur tacheray à la luy faire voire. Voila ce que je vous puis dire. Pour autres affaires, je vous diray que avons faict la rendue du regnable par devant les officiers qui se monte à plus que ne ce montoit l’adjudication du bail qui estoit adjugé à celuy qui en fist la résiliation au Sr. Mesnager. Il n’a est rendu par led. Sr. Mesnager et se monte à plus de 1 600 livres qui viendra à autant d’acquict et descharge à Madame en ses contes par l’apréciation qu’on eut fait fere les juges aux experts artisans appellés à la rendue dudit regnable, je vous eusse envoyé le procèsverbal de rendue et celuy de l’adjudication sans que suis pressé de ce porteur et cela au premier voïage. Nous désiront fort savoir de l’estat de vostre >>>>> et de vostre partement pour aller à Paris. Gasmais par demain d’ycy pour aller à la solicitation du jugement du perré de nostre temple 76, dont je prye Dieu nous donner bonne issue en son honneur et gloire. Mon père et tous les miens, ma femme, mes fils, sa femme vous baisons humblement les mains et à toute vostre noble compaignié à qui en disons autant. Je vous prye me contynuer ce que m’avez promis le maintien de bonnes grâces de Madame à qui je suis et serais perpétuellement très humble et très obéissant serviteur et de Messeigneurs ses enfans. Mandez-nous emplement de vos bonne nouvelles à M. de Chauveau, Joïère et les filles, Mlle Videbource77, que je leur baisone très (?) humblement les mains. C’est vostre bien humble et serviteur. Le Jaunay Au château de Vitré, ce 16e janvier 1609. L’apotiquaire vous prye fere tenir ce mot à son nepveu à Partenay. 20 10 juing 1609 - Vitré à M. Dumonceau à Thouars Monsieur, Je vous remercye de la faveur qu’il vous a pleu me faire en la souvenance qui vous plaist avoir de moy qui me resens fort vostre obligé. Quant à vostre affaire, je ne say que j’aprens de vostre homme et croy qu’il y faudra venir à la pledoirye toutefois qui ne la point veu, mais avois pryé Monsieur du 76 Charlotte-Brabantine avait donné en 1608 son accord à la construction d’un temple rue de Viel bourg, non loin du château. Mais ce tempe était ptoche de l’église de Notre Dame de Vitré et il s’en suivit une série de procès qui se prolongea jsqu’en 1611. Cf. Elisabeth RESCAN et Thierry de LA FOURNIERE, Une communauté protestante en Bretagne : Vitré (15601685), Mémoire de maîtrise, Université de Rennes, 1982, p.84-90. 77 Mlle de Videbource, une Sedanaise, entra au service de Charlotte-Brabantine de Nassau comme dame de compagnie au printemps 1608 (lettre de la duchesse de Bouillon du 14 avril 1608). Elle y resta jusqu’en 1610. 25 Hardaz78, un de mes voisins, à qui je fis voir la promesse. Pour les asurer mesme luy escryvant par ledit Sr. du Hardaz et envoye a>>>>>> tout dont je n’ay eu aucuneresponseet sans qu’on m’a dit quel >>>> sera p>>>>> où il fait l’amour y aurois renvoyé. je suis mary n’y pouvoir mieux feres, sans cela en auront seu au vray et vous auroit mandé envoyé provision à celle fin de le pas>>>>> ce qu’atendant je demeureray après vous avoir humblement baisé les mains comme font le bon homme et toute sa famille en général, et ma femme, La Grange et la sienne, qui somment pour jamais, Monsieur, vostre bien et obéissant serviteur. Le Jaunay A Vitré, ce 18e juing. Avecq vostre permission, je baisone humblement les mains de M. du Plesis et a Monsieur Le Marchand et que sans le prompt partement de M. de Chauveau, je n’euse manquer luy escrire. 21 22 août 1609 - Vitré à Mme de La Trémoille Madame, L’heureux retour de Vostre Grandeur nous donne asser de subjet pour thémoigner la joye qu’en avons receue, ayant loué Dieu de ce qu’il vous a conservé en bonne santé ensemble messeigneurs, pour estre une des choses du monde que nous souhaitons le plus le priant contynuellement vous y conserver et favoriser mes intentions où je puisse estre recongneu de Vostre Excellance très humble serviteur d’icelle ; lequel ne manquera jamais au devoir ny l’obéissance où vos cher commandement le jugeront digne d’estre apellé et qui de toutesles puissances de mon âme. J’enhonore vostre sage vertu et rare piété, ne voulant poséder biens ny honneurs, ny vye que le tout ne soit consacré pour le très humble service que je vous doy et à Messeigneurs vos enfans. Ces thémoignage me seront autant de moyens légitimes pour réponse les mauvaises inpressions qu’on pouroit concevoir où ymaginer de moy. Madame lors questiez par deçà, je vous représentay l’estat des forest de vostre baronnye et mesme baillé des mémoire pour faire voires le soing et dilligence qu’avois aporté au debvoir de ma charge. Je fis mesme entendre à M. de La Motte et Chauveau que de toutes les sentences et jugementz qui se donnoient par les officiers des dictes forestz, que il n’en revenoit rien au profilz de vostre seigneurie par mesure de quoy païer les gages des dictz officiers : d’autant que sy tost que quelq’un est taxé, il se porte pour appellant et depuis que ils sont appellant, cela n’est jamais poursuyvy et sommeil. Sy bien que c’est aujourduy un chemin par où il se sauvent tous s’asurans qu’il n’en sera rien poursuyvy par vos procureur audit Rennes qui leur doibvent fere rendre. Ledit Sieur de La Motte en avoit une fois chargé le Sieur de Loriasl de les faire juger et, toutefois, ne s’en voit aucun esfectz. Le peu d’estat qu’on a faict au passé de faire punir les meschans donne à présent une grande licence à ceux qui sont coustumier du mal verser. Et croy que pour l’advenir, il sera à propos d’evocquer le tout des procès desdictes foretz à Paris, car au lieu qu’ils sont prêt de courir après la cire (?) ycy pour empesche l’exsécution qu’on veut faire sur eux, il aymeroient beaucoup mieux payer que de venir plaidé à Paris et pour beaucoup d’autres raisons que j’ay cydevant représenter à mesdict sieurs de vostre conseil. Cela est cause que je n’ay seu estre payé, depuis les quatre à cinq ans derniers, de mes gages de mon estat de maistre des eaux, bois et forestz de ceste baronnye et m’en est deu plus de neuf cent livres. Est-ce par faute de fonds qui me faict maintenant vous faire ma suplication très humble, Madame à ce que ne trouviez mauvais que je y face contraindre les fermiers de me les païer, ainsy que le portent lesdictes lettres ce que je n’ay osé faire sans vous en demander la license et que je puisse jouir de ce qui m’est légitmement acquis. Il n’y a quasy que moy en aryvé et quelque povre forestier. 78 Jacques du Hardaz, écuyer, sieur du Boisgreffier, époux de Claudine de La Muce, était un huguenot de Messac. 26 Je croy que Vostre Grandeur n’entend pas faire ma condition moindre que les autres qui n’ay moins de désir et volonter en ce qui touche le bien et honneur /2/ de vostre très humble service, n’ayant rien en plus grande recommandation après l’honneur de Dieu que de voiré les affaires succéder et augmenter à vostre contentement qui est le souhaict ordynaire de celuy qui prye incessamment le seigneur, Madame qu’il vous donne acroysement de ses sainctes bénédictions faisant heureusement prospérer vostre labeur ensemble Messeigneurs en tout heur et félicité et de vos estre toute ma vye. vostre très humble et très obéissant serviteur. Le Jaunay A Vitré, le xxije oust 1609. 22 29 août 1609 - Vitré à M. Dumonceau à Paris Monsieur, Estant sy vivement touché du déplaisir que je de ne vous avoir plustost escrit, ça esté que ne savoir que fussiez à présent à Paris. Cela me fera plus facillement obtenir comission de vous et ne l’ay seu que par Monsieur Huet qui me le dist hier devisant ensemble et qu’aïant seu j’apvois estimé de mon devoir de vous faire ce mot pour me ramentevoir en l’honneur de vos bonnes grâces et de vous rendre tout le service qu’il vous plaira accepter de vostre amy et serviteur, vous conjurant sur la puisance qu’avez acquise sur luy de luy vouloir autant de bien comme vostre mérite luy oblige. Quant à vostre affère aveq Monsieur du Plessis-Mesneuf il y a quelque temps que le trouve à Rennes, luy parlant de ses deux cédulles. Il désira les voire ce que voîant l’on envoya guérir et les luy aïant apporté, me dist n’avoir que tenir et que passe qu’il auroit parlé à vous pour savoir sy ou non avés touché quelque chose sur ycelle passe de ce vous en rendroit autant. Mon père est à Rennes, à qui il a demandé de vos nouvelles et que sy tost que serez par deçà, il vous voiroit et sortiroit de cela. Il eu advis bien au long aveq luy à ce qu’il me mande. C’est ce que vous aurés à présent de celuy qui est, Monsieur, vostre bien humble serviteur. Le Jaunay C’est ce 29e oust 1609. Monsieur Huet est ycy y a dix ou douze jours qui commence à s>>>>>>>> Je esperois >>>>> >>>>>> >>>>>>de Madame au >>>>>. Je ne say sy depuis que l’ay laissé je >>> à point >. 23 20 septembre 1609 - Vitré à M. Dumonceau à Thouars Monsieur, J’ay receu vostre lettre où vous m’obligés fort du soing que vous avez de moy, où je vous diray bien que vous n’en départiré à la personne qui chérisse et prise plus vostre amytyé que moy, ni qui désire davantage vous faire de service les occasions s’offrant. Vous me démonstrez en la vostre trop 27 d’estrangetés, veu que j’ay tousjours fais estat d’estre tout vostre et m’y voue et vye et biens et vous pryer donc me continuer vostre bienveillance et nous aymans comme frères. Quant à nostre affaire avecq Madamoyselle du Préau79, j’espère aveq l’aide du seigneur pour ce que l’authorité de Madame ne soit employé à nous empescher rechercher la justice des méchancetés dont ladite damoyselle nous a voulu infamie, à Madame par la première lettre, qu’elle soist délyvrée en mains de ladite Dame par son mary, la rendre et son mary si honteux de leurs salles et maudistes parolles employées en la dicte lettre dont, Dieu mercy, j’ay tantost bien esclaryé la vérité comme savoit esté eux qui ont faict et aporté lasdite fause lettre, baillé à Madame, car il m’a bien esté besoing pour me justifier des grandz intérêts où il s’atendoit me mettre, faire venir ce Clouet qui l’avoit escrite de sa main et dicté. Et la bouche de lasdite du Préau, qui les faisoit en faut est que savoir qu’il estoit à l’advis poursuyvant ses estudes, mais je croy que Dieu luy sucita quelques affaires qu’il avoict laissé à St-Mallo qui le luy ont appellé et que sachant, despêche le frère Grymaudière pour aller le trouver où je n’estoit desjà plus, ains venu à Rennes où depuis l’amena à Vitré et tost après fist appeler lesdit Sr. et Damoiselle du Préau pour asister à sa juré devant les juges à l’asignation disent les juges estre récusés après les font rapeller devant advocat nos suspectz et récuser remonstrant que lors >>>>>>> estoit forain et que de luy dépendoit le jugement du preize, ilz font toutes suictes vuellent entree encore en recusation. Finalement, nous le faisons jurer et enquérir à l’instant où il se déclare, comme elle l’avoit envoyé quérir son mary, estant en Basse Bretaigne, où au commansement qu’elle luy parla de cest affaire >>>>>> >>>, disoit-elle avoir receu une lettre qu’on avoit adresse à elle pour fere tenir à Madame, mais après la luy avoir apparu et donné lecture, luy fist charger un infinité de motz, pour y en ad>>>> de plus autant et forces fraises mieux agrées. Elle ayant veu que lors iceut avoit esté ouy et qu’il en avoit parlé mesme à deux des am>>>, ausquelz il déclara tout se délibéra s’en alla en Basse Bretaigne et devant que partir nous escrit de sa main en teste des articles que luy avions fournis, surquoy entendions fère intéroger les >>> qu’elle avoit fait trenscrire ladite lettre à ce jeune homme, dont elle avoit encore l’original et n’en avoit envoyé guère apprys à Madame, qu’elle avoit baillé à son mary, pour luy délivrer en main propre et qu’elle estoit bien marye, qu’elle mesme ne la luy avoit baillé et aprouve ladite lettre et en qui se sont r>>>>>>> se grattye ; ce que j’espère fere voire à Madame estant sur les lieux et vous diray que le conseil dist qu’il y a ou les fere faire l’amande honnorable. Je les en mattray en la peyne, sy comme je vous disois, cy-dessus, sy Madame ne me commande de laisser la poursuite. Je croy qu’elle ne voudroit pas que nous en demeurasions là, aïant ainsy esté offencé en mon honneur et réputation et que son authorité leur eust servy pour nous flestrir, comme ils ont faict pour le moïen de ceux qui les y soustiennent ce qu’auparavant n’eusent ozé avoir entrepris par mesme pensé pour ce qu’estions soustenus en nostre bon droict >>>>>> à leur avoir esté autre fois dict à ceux qui ont bien faict partye de ce grand bruict qu’on ne feroit trouver en tous endrois et, asisté d’un mareschal de France, à maintenir l’équité de ma cause. Excusés-moy sy je suis sy inportun, main me sentant blessé et outragé de ces personnes là, qui débaroient s’il avoient recongneu des fautes de quelques ungs de leur troupeau et humbles remonstrances, les amener à se remestre à leur debvoir et au contraire les insaciables envyes les a emportés contre tout droict et voir Dieu ne le leur rende pas comme il sait qu’à tort, il nous ont rendu le mal pour le bien et les fasse et à nos grâces et miséricorde et de vous demeurer perpétuellement, Monsieur, vostre bien humble et affectionné serviteur. Le Jaunay C’est le 20 7bre 1609. Vous ne nous mandé rien du partement de Madame et de son séjour en Poitou. Tous les amys vous baisent humblement les mains. Le bon homme est au lict et à trop s>>>>>. 79 Judith Gaultier, l’épouse du ministre Jean Parent, sieur du Préau, fille de N. H. André Gaulthier et de Dlle Françoise du Matz, était de ce fait apparentée au vicomte de Terchant. Ce qui explique ses paroles peu amènes envers le sieur du Jaunay. 28 1610 Pour cette année nous ne possédons qu’une lettre de Jean Nouail à Monsieur Dumonceau; 24 26 mars 1610 - Vitré à M. Dumonceau à Paris Monsieur, Sy je ne recongnoissois vostre bon naturel de paravant ce jour, je croirois estre effacé de vostre belle mémoyre ; vous ayant escrit sans avoir eu aucune response de vous, ny de Monsieur Le Marchand à qui j’ay escrit dans deux ou troys fois. Ma femme receut hier un mot de lettre de Madame Marye qui luy mande l’aryvée de Monseigneur près madite dame80, de quoi avons loué Dieu d’entendre de lad. bonne santé que nous prions instament vouloir augmenter et préserver nos petiz maistre des corruptions de ce misérable siècle et des vanités de la Court. C’est le souhait de leurs très humbles serviteurs. Au reste, Monsieur, nous avons seu que le Sr. de La Marche, procureur de ce lieu, est p>>>> pour le procès qu’il a contre ma soeur de La Fourmynière (?) pour les indignités qui luy faist, l’ayant faict condampné à cent livres d’amende, pour s’estre plainte qu’il ne luy avoir fait justice. Et que sans cela, elle n’eust jamais consenty à aucun acord et voïant les traverses luy faites et ledit procureur, cela la fist se vouloit pour f>>>>>>>> et ses inportunités, fère entendre Madame >>>>>>> que nous la suplions humblement ne favoriser un sy meschant homme qui a tout fait soufrir d’industrie à une povre veufve. Nous n’en avons osé >>>>>>>> dame de luy >>>>>>> cest >>>>>>>>>>à Dieu que nous croïons luy conserver sa justice. s’il estoit point allé pour autre afere vous pryer le nous mander car ay esté >>>>>>> y aller pour ce mesme effect. Ma femme et sa fille avoyent envoyé du beurs et gruau et n’ont eu advis de la réception. elle et tous nous vous baisons humblement les mains comme nous faisons et p>>>>>> mon père, Paillardière, Rebondy et Grymaudière qui somment et à toute vostre noble troupe, Monsieur, vostre bien humble serviteur. Le Jaunay e C’est le 26 mars 1610. 1611 Pour cette année nous possédons trois lettres de Jean Nouail à Nicolas Dumonceau à Thouars. 25 2 août 1611 - Vitré à M. Dumonceau à Thouars Monsieur, Je vous suplye ne prendre mon silence pour argument d’oubly, ny manquer d’affection à vostre service et seroit trop mal recognoissant vos biens fais et intéresser la vérité de mon obéissance, c’est 80 Pour le première fois de sa vie Henri de La Trémoille venait à Paris. Jusqu’a présent Charlotte-Brabantine de Nassau craignant que Henri IV ne le lui enlève pour le faire élever dans la Religion catholique, comme son cousin germain le prince de Condé, l’avait toujours laissé à Thouars. 29 contre mon gré et faute d’ocasions que je commisse cestefaute, encore que je voye que mes lettres ne vous seront qu’autant d’inportunité et n’aporteront aucun contentement à vostre beau jugement, tellement que ses considérations évanouissent soudain tout ce qui ne me peu faire naistre de subjetz pour vous convier à vous remémorer la souvenance de luy de vos frère et fidel serviteur et amy, qui vous tient au premier rang de ceux desquelz je désire honnorer et servir toute ma vye et en ceste volonté. Je vous baiserois humblement les mains ma femme et moy, les frères Rebondy et Paillardière et de La Grymaudière qui somment, Monsieur, vostre bien humble serviteur. Le Jaunay A Vitré, ce ii oust 1611. 26 4 novembre 1611 - Vitré à M. Dumonceau à Thouars Monsieur, J’ay receu celle qu’il vous a pleu de m’escrire, toute remplye de courtoisyes. Je ne demande pas d’aujourduy m’avez faict paroistre et ne m’étois promins tant honneur que je reçoye de vous par la souvenance qu’il vous plaist avoir de vostre serviteur et amy, mais croins que je m’en revancheray par tous les bons offices dont je me pourray adviser. L’espérance que j’ay vous en rendre preuve, lorsque l’ocasion s’en présentera, me fera abréger ce discours pour vous dire que nous avons veu lequel. Amat, porteur de la présente, qui est fort honneste homme s’il avoit eu afection de mon service, vostre considération outre son mérite m’obligerois à employer ce qui dépend de mon petit pouvoir qui vous est fidellement acquis. J’ay escris au Sr. de Larchaige pour voir deux cédulles que luy laissèrent. Je croïois en avoir esté satiffaict et depuis n’en avoir entendu parler. Il y aportera pour l’avancement tout ce qui ce se y pourra faire et à la première occasion vous manderé la responce de ce qu’aura esté faict par ledit M. Léonard Allain, procureur de Madame au présidial de Rennes. Non en cela, mais en toutes ocasions, je vous demeure perpétuellement, Monsieur, vostre bien humble et affectionné serviteur. Le Jaunay bre Au château de Vitré, ce 4e no 1611. 27 11 novembre 1611 - Vitré à M. Dumonceau à Thouars Monsieur, Le service que je vous ay voué joinct à l’honneur que je reçois chacun jour par les vostres, m’est une recherche d’obligation, outre celle du passé et vous pouvez asurer de ce qui dépendra de mon petit pouvoir qui vous est acquis ce que vous feré paroistre où les ocasions s’en présenteront. Suyvant l’honneur des commandement de Monseigneur, nous avons esté establir le capitayne Pénay au chasteau de Chastillon qui est en mauvais estat, comme l’a veu Monsieur Chauveau qui le vous pourra dire. 30 Je n’ay rien entendu de Larchaige à qui avoit escris pour vostre afère aveq Monsieur du PlesisMesneuf. Je redoubl afin de vous en mander par mon filz qui se délibère bientost aller voir Monseigneur. Ce qu’atendant je demeure perpétuellement, Monsieur, vostre bien humble et affectionné serviteur. Le Jaunay C’est le xje novembre 1611. 1612 Une seule lettre de Jean Nouail à Charlotte-Brabantine de Nassau nous est parvenue pour l’année. Il y exprime son désir de la voir venir bientôt à Vitré et donne quelques détails sur les évênement récents survenus dans la ville. 28 7 décembre 1612 - Vitré à Mme la duchesse de La Trémoille Madame, Nous avons ocasions de louer Dieu de vostre retour de Paris, et aurions chacun eu plus d’aise et de contantement sy vostre voïage eust contynué jusques en ces quartiers où estes tant souhaitées de vos très humbles subjetz et fidelles serviteurs qui ne respirent que le bonheur de vostre présance. Ce sera quant il plaira à Dieu et que vos a>>> vous donnent quelques relasche, ce ne sera sy tost que tous les gens de bien le désirent et particulièrement vostre bien humble serviteur qui en ceste volonté excède les autres. Madame, il y a desja quelque [temps] que Vostre Excellance me fist l’honneur de me dire qu’elle désireroit que fusse payé de 200 livres qui me sont deuz de mes gages, à cause de mon estat de maistre des eaux et forests dont y a quelque temps avoit faict metre les contes de la réception de denier des taux et amandes en mains de Monsieur de La Motte, afin qu’en l’axamynant il en recongneu comme cela mes légitymement dû. Je vous suply très humblement luy mander m’en fère satisfaire. Je croy, Madame, que Monsieur de Terchant a donné advis à Vostre Excellance comme Monsieur de Brisac81, estant aus Estatz, print quelque ombrage de ce que le synode avoit tenu en ce lieu ; voulant dire qu’ils estoient en plus de nombre qu’il ne se y en trouva et des lors fut esclaré et satisfaict de cela par les mesme, ausquelle il le demanda en s’en enquérant à eux. Et ausy comme depuis peu on a encore contynué le procureur sindicq des habitans pour une année, qui est contre l’ordres acoustumé ycy parce que c’est comme il eschois qu’on y en devois nommer un de la Religion, atendu qu’on passe quant un quatolique y avoit faict sa charge on y en mettois un des nostres qui se eslisoit par le brevet que présention celuy qui sortois de charge et choisy de la communauté à cest effect, mains la grande authorité qui priment aujourduy lesdits quatolicques faict qu’on y garde plus d’estas et emportent par le plus grand nombre de voix sur les nostres où vostre Grandeur à un notable intérest et sera besoin de vostre authorité afin de remettre les choses en leur prochain estat sy ceux qui ont icy les principalles charges et par vous Madame se roidisoient comme ilz doibvent, cela ne seroit et tout yront beaucoup mieux comme ceux au passé qui ont du les mesmes charges les ont faict aller en autre forme qui ne vont à présent et en bon ordre au contentement de tous. L’on tient que Mgr. le ducq de Vendosme et de Retz82 aryvent demain à Rennes. Mon filz, présent porteur, vous fera plus particulièrement de tout ce qui se passe en son quartier et comme le Sr. de La 81 Charles Cossé (V 1550-1621), comte de Brissac, avait été fait maréchal de France par Henri IV en 1594 après lui avoir ouvert les portes de Paris. Il était lieutenant-général de Bretagne depuis 1596. 82 Henri de Gondy (1590-1659), IIe duc de Retz, fils de Charles de Gondy, marquis de Gondy († 1596) et d’Antoinette d’Orléans-Longueville, petit-fils de Albert de Gondy (1522-1602), Ier duc de Retz, maréchal de France. 31 Marche a faict donner un arest contre moy, soubz de fauses supositions. Il vous en dira le subject et la teneur qui me retiendra ne m’estendre davantage. Il a besoing de vostre authorité à l’excecution de sa charge. Vostre sage prudence et bonté saura remèdier à tout ceux qui entreprennent aveq le temps et atendant l’honneur de vos chère commandemans, je prye à Dieu, Madame, qu’il vous augmente ses saintes bénédictions vous maintenir ensemble Messeigneurs en toute prospérite et santé. C’est la prière de vostre très humble, très obéissant et très fidelle serviteur. Le Jaunay bre C’est le 7e de déc 1612. 1613 – 1614 Aucune lettre de Jean Nouail ne nous est parvenu pour ces années Les correspondances de Philippe du Matz et de Gilles Chesneau de la Motte révèlent que le sieur du Jaunay eut pendant ces années des conflits de préséances avec les juges de la baronnie de Vitré. Dans sa lettre du 29 mars 1614 à la duchesse de La Trémoille, le vicomte de Terchant écrivait : “ Et pour le Sr. du Jaunay, je vous diray, s'il vous plaist, Madame, que je luy ay plusieurs fois dit qu'il vint à l'assemblée du corps de ville, et y est venu quelques fois, mais j'estime que ce qui le retient d'i venir d'ordinaire, est la contestation de rang avec les juges, vos officiers de ce lieu, dont le réglement, ensemble celuy de son père et de son gendre, avec les dits officiers dépent de vostre autorité et commendemens, mesme entre le père et le fils audit lieu ”83. Pour sa part dans sa lettre du 6 juin 1614, le procureur-fiscal de La Motte-Chesneau fait état d’un “ différand ” entre le Sieur du Jaunay et le sénéchal Jean de Couaisnon, sieur de Treslan84. Charlotte-Brabantine de Nassau pour préparer la première présidence de son fils aux Etats de Bretagne vint à Vitré à la fin de 1615 et y passa une grande partie de l’année 1616. L’on peut présumer que par sa présence, elle mit ordre à tous les conflits. 1617 Charlotte-Brabantine de Nassau depuis la fin de l’année 1616 était à Vitré avec sa fille, Charlotte, pour la tenue du XXIIe synode national des Eglises réformées qui se tint en cette ville du 18 mai au 18 juin. Son fils l’a rejoignit à Vitré au mois de juin. Henri de La Trémoille, suivant l’ordre de l’alternance conclu en 1615 avec le duc Henri II de Rohan85, présida l’ordre de la noblesse aux Etats de Bretagne qui se tinrent cette année là à Rennes. Le 11 décembre Louis XIII adressa à la duchesse de La Trémoille une lettre où il louait la sage conduite de son fils aux Etats “ comme il a embrassé tout ce qu’il estimoit utille et advantageux pour le bien de mon service ” reconnaissant là “ son esprit et la bonne nourriture ” qu’elle lui avait donnée86. La nécessité d’entrenir les garnisons de Thouars et de Taillebourg obérait lourdement les dépenses des La Trémoille. Mais les nuages s’amoncelaient sur le parti protestant, le 25 juin Louis XIII proclama son intention de rétablir le catholicisme au Béarn. 83 Archives nationales, 1 AP 679. 84 Archives nationales, 1 AP 662. 85 Depuis 1608, Henri II de Rohan avait monopolisé la présidence de l’ordre de la Noblesse aux Etats de Bretagne en tant que baron de Léon, présidant en : 1608, 1609, 1611, 1613, 1614, 1615 et 1616. A la suite de l’accord conclu en 1615 avec Henri de La Trémoille, il les présida encore en 1618 et 1620. Sa participation à la rébellion des protestants l’éliminera ensuite de la scène politique bretonne. James B. COLLINS, Classes, Estates and Order in Early Modern Brittany, Cambridge University Press, 1994, p. 184. 86 Louis-Charles de LA TRÉMOILLE, Le chartrier de Thouars. Documents historiques et généalogiques, Paris, 1877, p. 129. 32 29 6 avril 1617 - Vitré à Mme la duchesse de La Trémoille Madame, Ayant apris le partement de Monsieur de Terchant qui est allé à la Court, m’a obligé vous donner advis de l’ordre qu’il a laissée en ceste ville sur les ocurances qui se présentent et peuvent tous les jours arguer. L’on m’a dit qu’il a baillé un mémoyre au procureur sindict qui porte que pendant son absence, s’il aryve quelque lettre du Roy, portant commandement de faire la garde aux porte de la ville et toutz autres choses dépendante de la charge dont Vostre Excellance m’a honoré en ce lieu. Madame, par le don de vos letres de commission de sa lieutenance tant à la ville que au château, la congnoisance que l’on a comme de longues main il transfaire l’honneur à vos officiers et très humble serviteur pour donner davantage au corps de ville d’authorité qui n’en prent et a desjà que trop à vostre grand préjudice et de Monseigneur. Ce qu’il a faict en cela ce sont des resouvenirs du temps passé. La malvaillance qu’ilz ont conceu contre moy n’est point pour tous ou offence que leur aye faicte >>>> de jalousye du très fidel service que j’ay tousours rendu à la maison. Ceste considération, Madame, me fait vous suplier bien humblement le faire entendre à Monseigneur, auquel j’ay ose prendre la hardiesse luy en escrire, afin qu’il luy plaise en escrire son intention et volonté ausdit habitans et la lur faire entendre par la bouche de Monsieur de La Motte qui la leur exposera de vive voix. L’obligation extrême que nous avons à Vostre Excellance et vos bontés acoustumées à l’endroit de vos plus fidelles serviteurs, Madame, nous faict espérer. C’est honneur de Vostre Grandeur qui nous fait redoubler nos prières à Dieu par nostre biens comme nous faisons chacun jours qu’il luy plaise, Madame, vous donner et à tous les vostres et la grâce et la gloire et les plus grans biens qu’il octroy à tous es siens. C’est vostre très humble, très obéissant et très fidel serviteur. Le Jaunay C’est le 6e avril 1617. 30 11 mai 1617 - Vitré à M. de Champdor87 à Paris Monsieur, La longeur du temps et distance des lieux n’aura le pouvoir sur moy de mettre en oubly la faveur que m’avez faite en me promettant vostre amytyé ausy que ce me seroit une ingratitude grande, sy je ne m’en resantoye en quelque façon, puisque je suis sy inutille à tous mes amys de ne leur produire aucunne effectz de mon affection. Vous aurés au moings une recongnoissance de ma bonne volonté qui me durera jusque à ce que Dieu m’aye fais naistre l’ocasion de vous thémoigner par esfect ce que véritablement je suis. Mandés-nous s’il vous plaist des nouvelles de santé de Madame et de Messeigneurs vos enfans, comme l’une des choses que nous souhaitons autant savoir et de l’estat de vostre santé. C’est, vostre bien humble serviteur. Le Jaunay 87 Jean Dumonceau, sieur de Champdor, neveu de Nicolas Dumonceau, était le secrétaire particulier de Charlotte-Brabantine de Nassau. 33 C’est, le 11e may 1617. 31 15 juillet 1617 - Vitré à Mme la duchesse de La Trémoille Madame, Par le retour de Monsieur de Pontaubré88 nous avon seu de l’estat de vostre bonne santé et de messeigneurs vos enfans, dont nous louons Dieu avec prière ardente ; qu’il luy plaise la vouloir continuer avecq augmentation de sess saintes bénédictions. J’ay receu le reiglement que j’observeray au plus près qu’il me sera posible, et rendray tousjours une très humble obéissance à l’honnuer de vos très cher commandement. Madame nous avons esté ces jours passés enpescher à payer les soldats de la garnison pour le moys de juing et leur estois deu. Ledit moys s’est monté à la somme de 211 livres 6 sols 8 deniers. Comme vous pourés voir par l’estat qu’en avons signé. J’ay veu au pied de la lettre que Vostre Excellance escrivoit au Sr. de La Grange où luy touchez quelque chose pour Baupré qu’en envoyé. La raison fut qu’il fist une insolence à un gentilhomme qui estoit venu de la Rochelle trouver Mrs les députtés de l’asemblée estant lors ycy ; l’ayant aresté sur le pont, ce gentilhomme s’en estant plaint à moy, luy commande l’aller satiffaire et contenter de que ne voulut faire ou alors je luydis que vostre intention estoit qu’on ne commist aucune insolence ou que s’il y contynuoit qu’on le chasseroit. Dist ne s’en soucyer. Voila la cause pour laquelle il s’en alla de céans. Il y a laisser pour mémoire de luy pour bien 40 livres de debtes où j’ay satisfais tant que son deux tiers de moys ont peu aller et le reste est encore deu au bon soin M. Andrée 25 livres. Je vous envoye ausy le non de ceux qui sont restés en ceste garnison. Je crains paser mesure. Vostre Excellance me pardonnera sy je m’estend sy avant. M. Pontaubré m’a dict avoir une lettre de Monsieur de Lentillère que luy donnera ce jour dont je vous remercye très humblement et prye Dieu, Madame, qu’il vous donne longueur de jours et qu’il fase prospérer Messeigneurs vos enfans et donne acroissement de grandeur. C’est la prière de vostre très humble et très obéissant et fidel serviteur. Le Jaunay C’est le 15 jullet 1617. 32 Rolle des troys escouades de la garnison du chasteau Monsieur de Lesbaupin Jacques Gauvaign, dict Rulley89 Gilles Catel, dict Le Blonc Jacques Champion, dict Onnal Nouail Noux Jan Lambert, dict La Vigne sergant caporal Pierre Certain, dict Le Val caporal 88 François Chupin, écuyer, sieur de Pontaubré, était un hobereau huguenot du Pays de Fougères. 89 Jacques Gauvaing, sieur de Ruillé. 34 André du Costart90 Richart Daligaux, dict Le Pont François Gillet, dict Brouaige Pol Lenvron, dict La Ninune souise Jacques Girart Vincent Perray Estienne Le Tertre, dict Morinière Louis Drit, dict La Forest Jan de Gan, dict Dardaine caporal souise 33 29 juillet 1617 - Vitré à Mme la duchesse de La Trémoille Madame, J’ay receu celle dont il vous a pleu m’honorer. J’estymeray tousjours au plus grand heur et honneur qui me puisse aryve de vous rendre preuve du zelle que j’ay et auray toute ma vye au très humble service que je vous doibz, par la suitte contynuelle qu’il plaist à Vostre Excellance me thémoigne, qui me fais naistre mille désire de faire contynuelles prières à Dieu pour vous voire, asister et combler de ses saintes bénédictions et n’ay a prier Dieu autre but que le bien de vostre service, à quoy je taschray de macquiter et conserver par ce moyen l’honneur fr vos bonnes grâces. Je vous envoye l’estat du payement fais aux soldarts pour le moys passé. Il vous plaira ordonner pour le présent mois qui a chèvera lundy. J’ay delyvré à M. de La Grange un autant signé des estat pareil a celuy ycy. Madame, par la dernière que j’euz l’honneur de vous escrire, je vous mandoys de quelque action que m’avoit faict Monsieur de Terchant où en ceste sepmayne M. Ringuer et quelques autres habitans m’envoyèrent avertir que le gollyer estant hors de la tour, les prisonniers se rendent sur le serviteur qui gardoit la porte et luy ostèrent les clefs et sur cest advis y envoye diligemment troys ou quatre soldartz qui empeschèrent qui n’y aryva aucun inconvénient et comme ils se retirèrent. Il a appelé un, à qui il demanda d’où il venoient. Il dist ce qui c’estoit pasé, luy fulminant dist : que ce n’estoit à moy, mais à luy de les mener et commander avec parolle aîgre au gens à la porte. Il y fist arester des personnes qui entendirent ses ordynaires parolles. Pardonnez-moy, Madame, sy je remet cecy, la crainte que j’ay que il me vienne quelque heure faire quelque action qui m’asseurast qui me pouroit porter à nostre sy prudent qu’il le convient estre en un chose là, me fais dire cecy en pasant. J’espère toutefois que Dieu ma guidera et me conservera pour vous rendre toutes sortes de services qui dependront de moy. C’est la prière qu’en faict, Madame, vostre très humble et très obéissant et très fidel serviteur. Le Jaunay C’est le 29e jullet 1617. 34 4 août 1617 - Vitré à Mme la duchesse de La Trémoille Madame, 90 André Costard, originaire de Suisse, mort le 27 septembre 1632 à Vitré. 35 Je réputte à beaucoup d’honneur de ce que Vostre Excellance a approuvé la procédure que ay tenu aveq Monsieur de Terchant et sy lors de rendent conforme aux asurances que je vous en ay donne qui me siet à me rendre plus désireux d’effectuer les très humbles services deuz à vostre authorité et puisante et à rechercher tout ce que je pouray estre propre au bien de vos affaires afin que par les thémoignage de nos debvoirs vous soiez confirmée en ceste impresion. Et pour ce qu’est du commandement, nous faites par la vostre à ma femme et à moy, pour ce qui se passe entre le Sr. de La Grange et sa femme91, elle sera termynée par vostre sage et prudent advis, vos recommandations nous en servira de loy laquelle sera suyvye d’une obéisance. Le mal n’est venu de ceste povre femme, ains des grandes et folles despances quel a faictes ou il sest engagé en grandes somme d’argent où pour se redyme il la an voulu abstraindre s’y obligé, qui est en effect d’où est venu ce mal, comme il la recongneu depuis, ayant employe tout le consistoire à tascher à se remettre aveq elle et luy estant venu demander pardon d’avoir usé en son endroit d’actions indignes de personnes d’honneur. Monsieur Pestre92 en est pasionné. Pour luy et a esté tant travailler qu’il en est au lict fort mallade. J’espère Dieu aidant qu’on racommodera ceste famille et que cela le rendra plus sage et qu’il bénira leur vye et moeurs à l’advenir. Madame, le Sr. Gometz93 m’a prié que le boys qu’avez fais achapter de Boisjan94 se perdra s’il n’est employé pour ce qu’il fut (illisible) et que vous ordonnniez, s’il vous plaist, ce qu’entendiez qu’il en soit faict. Pour ceste garnison, il vous plaise ausy ordonner payement estre faict aux soldartz pour le moys de julliet afin de les continuer en leur debvoir et que tous asemblés, Vostre Excelance soit servye, de laquelle je suplye le tout puisant, Madame, qu’il vous fasse prospérer, vous maintyenne en bonne prospérité et santé, bénisant Messeigneurs en les faisant prospérer. C’est, vostre très humble et très obéissant et très fidel serviteur. Le Jaunay C’est le 4e oust 1617. 35 2 septembre 1617 - Vitré à Mme la duchesse de La Trémoille Madame, J’ay cy-devant donné advis à Vostre Excellance de ce que j’ay estymé la tenir avertye. Depuis, suyvant l’honneur de vostre commandement, j’ay fait abattre et charoïer la plus part du bois. Il n’en reste que peu; Il vous plaira me commander sy désirer pendant que le Sr. Gometz n’a pas de l’ocupasion de le faire sairé et tenir prest à s’en servir. Ledit Sr. du Boisjan dit n’avoir rien dusdit bois. J’avois obmis, par mon précédente, vous avertir ausy que les clefs des portes de la ville demeurent toutes les nuictz es mains des portiers à qui Monsieur Terchant a dit les garder. Il en peut aryver de l’inconvénient, car où l’on oeuvre la nuict assez librement. Dieu nous conserve longuement en paix et vous donne, Madame, en toute prospérité longue et heureuse vye et à Messeigneur les face croistre en toutes sortes de vertus et crainte de son non. 91 Dans cette lettre Jean Nouail fait état d’une scène de ménage entre Jean du Perrier, écuyer, sieur de la Grange et son épouse Renée Fourmentin. 92 Jean de Pestère, l’un des ministres de Vitré. 93 Jean Gommetz, un huguenot natif de Paris, ancien officier d’artillerie, était le concierge du château de Vitré. 94 Luc Ravenel (1580-1637), sieur du Boisjean, un des principaux marchands huguenots de Vitré. 36 vostre très humble et très obéissant serviteur. Le Jaunay C’est le 2e 7bre 1617. 36 Sans date ni lieu95 à M. de Marcilly Monsieur, Ma femme a esté ravie de joye lorsque je luy ay dit l’honneu que Madame de La Trémoille nous fait. Elle et moy en recevons un contantement extrême et le tenons à l’un des plus grandes obligations que nous pourions recevoir. Nous luy donnons de bon coeur nostre fille pour en disposer comme il luy plaira. Je say qu’elle ne peut tirer que toute sorte davantage de servir une dame de sy haute probité ce ayant une parfaite volonté et inclination à servir toute cette maison. Je seray ravy de joye si ma fille leur puit estre agréable. Obligez-moy donc je vous suplie de mander l’honnuer et le contantement que nous recevons et demander le tant qu’il luy plaira que je la mènne. Je vous baise les mains et suis de tout mon coeur, Monsieur, vostre très humble serviteur. Le Jaunay Mandez-moy, je vous suplie, quel jour nous passerons pour Xaintes. Lors de nostre retour je m’y trouveray pour conférer avec vous et vous rendre dignement sy depuis les remercimans que je vous dois et reconnoit véritablement vous avoir d’extrêmes obligations qui ne partiront jamais de ma mémoire. 1618 Une maladie de la duchesse de La Trémoille à la fin du premier trimestre causa la consternation de Jean Nouail et de son épouse. La duchesse se rétablit au printemps et se rendit aux Provinces Unies pour le réglement de la succession de son frère aîné, le prince d’Orange PhilippeGuillaume, décédé le 20 février 1618. Pendant ce temps, elle négociait également le mariage de son fils aîné, Henri, avec sa cousine germaine Marie de La Tour d’Auvergne. 37 7 février 1618 - Vitré à Mme la duchesse de La Trémoille Madame, J’ay receu celle qu’il a pleu à Vostre Excellance m’escrire ou en icelle faictes mention de Dardenne et de l’oster de la porte, ce que j’avois faict dès le jour que Monseigneur bouga de ce lieu. Elle se retira tout à faict. J’ay requist qu’on luy laissast achevé son mois et yceluy fyny, envoye le Sr. Laubépin96 faire mettre tout son fais de de hors. 95 Hannibal de La Trémoille (1595-1670), vicomte de Marcilly, était le demi-frère de Henri de La Trémoille, né des amours du duc Claude de La Trémoille avant son mariage avec Charlotte-Brabantine de Nassau. Aucun élément ne permet de dater cette lettre de Jean Nouail à moins que sa fille que la duchesse de La Trémoille avait accepté de prendre à son service, est cette Thoinette citée dans ses lettres de 1618. 96 Monsieur de Laubépin ou de Lesbaupin était le sergent de la garnison du château. Il décéda au mois de juin 1618 des suites d’une longue maladie (Cf. lettre du 16 juin 1618). 37 Je n’aurois garde, Madame, manquer à excécuter l’honneur de vos commandemens qui me sont sy cher. Ne doutés-pas les termes du respec auquel je me doy contenir et tascheray, présent et absent, de rendre tousjours à Vos Grandeurs une très humble obéissance y estant tenu, ayant vostre bonté et douceur voulu nous combler & ma pauvre femme et moy des biens faicts de vostre charitable bienveillance qui nous a obligé à la recognoissance d’iceux. Mais nous sommes trop foibles de nous mesme, qui nous fait suplier le bon Dieu qui est le communicateur des biens que ceux qui l’ayment font à ceux qui le craignent. Vous le voillé largement rétribuer de ses saintes bénédictions. Je ne défaudré jamais à ce debvoir que je ne défaille à moy mesmes et que je ne face contynuelles prières au tout puisant que l’adresse de tous vos désains et la bénédécition de vostre illustre maison, dont la pietté reluict en toutes vos actions et nous qui particulièrement en avons senty des fruicts. Ce qui nous faict demander à Dieu par nos voeux contynue, comme nous faisons chacun jour de tout nostre coeur, Madame, qu’il luy plaise vous donner en parfaite santé très longue et heureuse vye et à tous les vostres et la grâce de les fère prospérer en toutes sortes de vertus et crainte de son saint nom. C’est vostre très humble, très obéissantet très fidel serviteur. Le Jaunay C’est le 7e février 1618. 38 10 mars 1618 - Vitré à Mme la duchesse de La Trémoille Madame, L’heureux retour de Vostre Excellance à Paris, nous donne assez de subjet pour vous thémoigner la joye qu’en avons receu. J’en loue Dieu lequel nous suplions vous conserver touzjours en parfaite santé et prospérité, ensemble Messeigneurs vos enfans, qui est un des grands contentement que puisons recevoir. Madame, j’ay suyvant l’honneur de vos lettres reçu de Monsieur de La Motte sur ce qui estoit deu aux soldarts de ceste garnison du mois d’octobre, novembre et décembre 138 livres. Il me dist avoir charge des baillés jusque à 200 livres ce qu’achèvroit lorsqu’il auroit receu argent dont je luy ay baillé acquict et luy rendis une promesse de 362 livres qu’avois fournis à Monseigneur le jour qu’il bouga de ce lieu, m’aïant rendu ladite somme et en tira ausy argent. Il vous plaira, Madame, avoir souvenance du reste des troys mois, puisqu’il vous plust prendre ce soing de ceste povre garnison qui sans cela seroit bien triste. Nous avons malade le povre Lebaupin y a tantost deux mois que sy Dieu n’a pityé de luy extraordynairement, à peyne s’en poura il relever. Les grandes froideurs qui ont esté afair qu’il a demandé un couple de charton de vostre bois à condition de rendre sy Vostre Grandeur ne l’avoit agréable, dont je vous en ay voulu avertir. Il a recouru à vostre grande charité. Cela l’obligera, Dieu luy redonnant sa santé, à redoubler ses prières à Dieu pour l’augmentation de ses saintes bénédictions et moy qui en a souhait qui contynueray parpétuellement, Madame, à ce qu’il vous donne accroissement de ses grâces et augmentation de grandeur bénissant Messeigneur vos enfans, les eslevant en son amour et crainte les douant de toutes sortes de vertus. C’est vostre très humble et très obéissant et très fidel serviteur. Le Jaunay C’est le 10e mars 1618. 38 39 31 mars 1618 - Vitré à Mme la duchesse de La Trémoille Madame, Le resentyment de vostre mal nous a infyniment affligé qui nous a fais redoubler nos prières à ce bon Dieu et père de ceux qui sont opressés a ce qu’ilz luy pleust vous traicter en sa bégnignité et douceur et redonner vostre bonne santé afin de luy en rendre action de grâces comme ausy avons nous faict aïant apris par celle que Thoinette escrit à ma femme qu’il y a avoit eu bien de l’alongement en vostre mal. Nous le suplions qui luy plaise de plus en plus l’augmenter et vous asister de bonheur et prudence en la conduicte de vos desains et l’en face réusir à vostre contentement. Sy ceste fascheuse nouvelle eust contynué je ne say qu’allions devenir. Madame y devant je donne advis à Vostre Excellance que suyvant l’honneur du commandement qu’il pleust à Monseigneur me faire de païer aux soldartz de ceste garnison les troys mois qui leur estoient deuz de l’an passé et que j’avois faict ladite lettre portoit ausy comme à l’advenir il feroit païer ces triste garnison à la fin du quartier à présent que ledit quartier est espiré s’il luy plaist, Madame, y pourvoir ou bien de me fère restablir l’avance desdits troys mois de l’année passée afin de les en faire survenir, car on leur vent plus cher leur vivres pour ne païer contant, chose considérable. Je ne rien receu de ladite année passée des apointement qu’il plaist à Vostre Grandeur me donner en ce lieu. Quant la commodité s’ofrira, nous la recevrerons alégrement et vous en remercirons très humblement et prierons Dieu, Madame, qu’il vous remette en parfaite santé et conserve Messeigneurs vos enfans les faisant propspérer en toutes sortes de vertus et piété. c’est la prière de vostre très humble, très obéissant et très fidel serviteur. Le Jaunay Madame, j’obmetois à vous dire que sur les troys mois qu’ay avanccez de l’an passé, Monsieur de La Motte m’a délivré cent trente huit livres. C’est le dernier mars 1618. 40 31 mars 1618 - Vitré à M. de Champdor97 Monsieur, Je ne vous saurois dire l’ennuy où nous avons esté de la maladye de Madame, nostre chère mestresse, que je prie Dieu restablir en sa parfaite santé, et sans une lettre que Thoinette a escrit à ma femme où elle a emprunté vostre main, je ne say combien ceste affliction nous uroit duré. J’espère, s’il luy plaist, que à présent elle aura recouvert sa parfaite santé. Ce que je l’en prions de tout nostre coeur. Sy le papier pouvoit thémoigner combien ceste mauvaise nouvelle nous afflige vous veriez en cestes cy les marques de nostre déplaisir. J’escris à Madame pour nostre garnison. Quelque temps après le retour de Monseigneur à Touars, il me commandoit de païer les mois d’octobre, novembre et décembre qui estoient deuz au soldartz de ceste garnison et que à l’advenir il entendoit les faire païer à la fin des quartiers comme il escrivoit. J’ay donc suyvant yceluy commandement payé les dits trois mois de l’an passé. Depuis Madame me fist l’honneur de m’escrire qu’elle auroit soing encore ceste année de la garnison et qu’elle avoit donné charge à Monsieur de La Motte me fère délivrer deux cents livres où sur ladite partye il m’a donné 138 livres que j’entens estre déduitz sur lesditz troys mois de l’an passé. 97 Au logis de Madame la duchesse de La Trémoille au faubourg St Germain en la rue de Tournon à Paris. 39 Il serois bien requis à présent que Madame eust ordonné de fère païment ou desditz troys mois ou me fère restablir le reste de l’avance afin de les en survenir car à perdre crédit on leur veut bien vendre plus chère que lorsqu’il paient contant. Je n’ay rien touché de mon apointement de l’année passée. On me feroit bien plaisir de m’en faire donner quelques chose. Je vous suply aider à un pauvre soldart et que puissions avoir de quoy leur survenir en les nécessitez et ilz vous en auront de l’obligation, à laquelle je participeray et vous en demeurereay perpétuellement, Monsieur, vostre bien humble serviteur. Le Jaunay C’est ce dernier mars 1618. Mandés-nous de bon nouvelles et de la santé de Madame et de nos Serigneurs et de l’estat de vostre santé. 41 7 avril 1618 - Vitré à M. de Champdor98 Monsieur, Nous sommes en de merveilleuses peynes de n’entendre point de nouvelles de la santé de Madame, ni de toute la maison. Nous avons touzjours escrit toutes les sepmaynes et par le seul mot de responce qui nous met en de grande inquiétudes. La sepmayne passé ma femme avoit escrit et y a quinze jours en paroit à Mlle de Tarette et à Madame Thoinette et envoye deux potin de beure et du gruau et nous avons eu aucune responce. Le garçon Genrefeau dis avoir le tout délyvré à Paris. Ma femme envoye par ce mesager encore une petite potée de beure bien frais pour Madame. Vous direz, s’il vous plaise à Thoinette de le faire retirer, car elle n’escrit point des mesages et de nous mander tout ensemble de la santé de madicte Dame. Je vous en avois ausy escrit et parlois de nostre garnison et comme nos compagnons ont bien besoin d’argent. Je vous suplye de faire souvenir M. de La Mazure99 et Chauveau pour en dire un mot à madite Dame. Obligez-nous de me mander comme on se porte et vous m’acroistrer lesobligations que vous avez de longues mains acquise sur moy que sur Monsieur, vostre bien affectionné serviteur. Le Jaunay C’est le 7e avril 1618. 42 27 avril 1618 - Vitré à M. de Champdor100 Monsieur, 98 Au logis de Madame la duchesse de La Trémoille au faubourg St Germain en la rue de Tournon à Paris. 99 Louis Le Liepvre, sieur de La Mazure, devait être le trésorier des La Trémoille. Il était à leur service depuis au moins 1595, année ou il s’était marié à la papauté. Son nom et son prénom ont été longtemps une énigme. C’est Grégory Vouhé, l’historien du château de Thouars, qui en a découvert la mention dans une lettre de Hugues Imbert au duc Charles-Louis de La Trémoille du 5 novembre 1874 et qui a bien voulu m’en faire part le 26 mai 2009. Il mourut semble t-il en 1642. 100 Au logis de Madame la duchesse de La Trémoille au faubourg St Germain en la rue de Tournon à Paris. 40 J’ay receu la lettre du 14e du présent, dont je vous fais mille remercymens de vostre souvenance. Vous aurés à présent seu comme avons receu les vostre et n’a esté que n’avons receu vostre lettre. Y a quelque temps qu’on les donna à ce garçon, Michel, qui ne les aporte que le lendemain et le mesager estoit party. Je loue Dieu de la reconvalescence de Madame et le prye la fortifier et augmenter chacun jour sa santé. Car à ce que me mandoit, n’estoit point encore bien remise, sentant encore quelques effrisons. Je me promets que s’il luy plaist moïennant son asistance qu’au prochain voïage en saurons de sa pleyne disposition. Vous ne nous mandié rien des nouvelles qui courent en ce lieu du mariage de Monseigneur et de la fille de Monsieur de Seully101, qui doit bailler deux centz mille escus et pour vingt-cinq mil escus de piereryes à sa fille et l’abaye de Jar, près Talmont. Il ne se fais quasy autre discours. Par son r>>>> Dieu y donne bon conseil à Monseigneur et à Madame afin de ne rien faire qui ne soit à sa gloire et honneur et à leur contentement. Ceux qui en parlent plus librement disent qu’on espéroit que Mondit Seigneur regarderoit bien plus haut lorsqu’il se marieroit purveu que tout tourne au contentement de masd. Dame et de Monseigneur et bien de leurs affaires ; peu m’inporte chacun que nous souhaiterions bien une plus grande ambition à nostre maistre. Je vous rend grâce de vos nouvelles et vous prye me contynuer et en revanche vous serez de moy comme celuy qui est Monsieur, vostre bien humble et affectionné serviteur. Le Jaunay C’est le 27e avril 1618. 43 5 mai 1618 - Vitré à M. de Champdor102 Monsieur, Vous m’avez infyniement obligé par celle qu’avez pris la payne de m’escrire, me faisant congnoistre par là que m’estymier du nombre de vos amys. Je regrette que je ne vous en puis donner de sufisantz thesmoignages, comme c’est tout mon souhait, qui sy présente ocasions en chise qui seroient en ma puisance. Je esté infynyment affligé de voire en la vostre le mal contynuer à Madame et que vostre fluction luy aport tant de mal. Je prye le bon Dieu la vouloir adoucir et la nous remettre bientost en parfaicte santé ce nous est un extresme déplaisir de la voir ainsy. Je me prometz qu’au prochain voïage nous menderez >>rement de l’estat de sa bone santé, comme c’est toute la prière qu’en faisons chacun jour à nostre bon Dieu. Et, nous est un grand malheur de voir que en soit autre. Je suis bien fasché que ce mesager n’aryva d’en >>>> au sen puisque a trouvé le beure bon. On luy en >>>> renvoye deu au Jacqes sans qu’il n’y a guère seure qu’il a délyvré nos lettres. Ce sera au prochain voïage. Nous sommes bien incommodés et ne puis plus retenir nos compagnons qui ne s’en aillèrent sy on ne leur donne quelque commodités. Je paye les trois mois de l’an passé et plus de deux de la présente années et n’ay moïen d’y fournir sy on ne m’ay asiste. Il m’est deu mes gages de l’an passé et de qu’il y a de l’an courant. Je souhaiterois bien que Son Excellance sy tost qu’elle sera en santé eust quelque 101 Louise de Béthune, née en 1602, du seconde mariage de Sully avec Rachel de Cochefilet. Selon l’aveu même de son père, Mademoiselle de Sully était “ fort incommodée. Pour compenser les disgrâces physiques de sa fille, il offrait une dot énorme de 400 000 livres (le double de celle qu’il accordat à sa fille aînée Marguerite lors de son mariage avec Henri II de Rohan, sans compter un somptueux trousseau, des bijoux, pierreries, vaiselle précieuse et meubles. Mlle de Sully épousa finalement par contrat du 29 mai 1620 Alexandre de Lévis, marquis de Mirepoix. Quatre ans plus tard les époux se séparèrent. Louise de Béthune ft annuler son mariage et attaqua son père en justice pour obtenir une meilleure part d’héritage. 102 Au logis de Madame la duchesse de La Trémoille au faubourg St Germain en la rue de Tournon à Paris. 41 pityé de nostre comisération. Le povre M. Laubépin est allé changer d’air. Il croit que Madame ne sait qu’il soit mallade. Je luy en avoit escrit. Je dis vous en avoir fait escrire. Je vous remercye de vos nouvelles que vous me contynuer et vous m’obligerez et n’y a rien que j’afectionne plus que tout ce qui vous aporte du contentement, estant, Monsieur, vostre bien affectionné serviteur. Le Jaunay C’est le 5e may 1618. 44 13 mai 1618 - Vitré à Mme la duchesse de La Trémoille Madame, Nous avons aprins par le retour de Monsieur de Pontaubré comme par la grâce de Dieu vous portiez beaucoup mieux ; qui nous a infyniement resjouis et donne bien du subject de luy en rendre action de grâces et luy frère contynuellement prières à ce que de plus en plus il vous augmente vostre bonne santé, estant l’une des choses du monde que nous souhaitons le plus et de Messeigneurs vos enfans qu’il fera prospérer en toutes sortes de vertus et crainte de son saint non. C’est la prière que chacun jour en fait à Dieu vostre très humble serviteur et qu’il contynue envers Vostre Excellancece qu’il a bien commancé par vostre sage vertu et piété dont il vous a donée en l’en faisant nourir du laict de vérité, grande consolation aux fidelles et gens de bien et particulièrement de vos très humbles serviteurs. Madame, j’avois cy-devant escrit à Vostre Grandeur la nécessité où s’en va estre ceste povre garnison, n’aïant touché que cent trente huict livres depuis vostre partement, que me donna Monsieur de La Motte. Je leur ay avancé les troys mois restant de l’année passée et troys de la présente, car il n’ont moïen de vivre qu’en leur baillant leur paye et s’il leur faut prendre crédit, on leur vent à beaucoup plus chère. Il vous plaira commander qu’on leur face délivrer quelque argent et eux et nous prirons Dieu Madame, qu’il vous donne en parfaite santé, très longue et heureuse et vous donnant acroissement de grandeur, bénisant Monseigner ensemble Madamoyselle et Monseigneur le conte. C’est la prière de vostre très humble, très obéissant et très fidel serviteur. Le Jaunay C’est le xiije may 1618. 45 19 mai 1618 - Vitré à Mme la duchesse de La Trémoille Madame, Je ne saurois vous représenter l’extresme joye que tous vos très humbles serviteurs ont receus, ayant apris par celle dont il vous a pleu m’honnorer comme par la grâce de Dieu vous commencyez à vous bien porter, dont nous avons grand sujet de le louer et remercyer, en nous redonnant l’une des personnes du monde à qui nous sommes plus obligés et nous avoir retiré des peynes et ennuyes en avons esté pour la cause de vostre maladye. Nous le suplions qu’il vous contynue et augmente de plus en plus vostre bonne santé l’acompaignant de ses faveurs et bénédictions vous asistant de bonheur et prudence en la conduite de tous vos desains. Vous remercyant très humblement, Madame, du soin que prenés pour ceste povre garnison. J’avois cy-devant envoyé des copies de ce qui se montoit lestroys mois derniers de l’an passé que se montent : 42 413 livres comme Vostre Excellance voira par une copye que j’envoye sur laquelle y receu de Monsieur de La Motte 133 livres sur deux cent livres qu’il avoit eu charge de Vostre Grandeur me délyvrer. je luy baille une promesse de vous tenir et rendre conte desdits 138 livres et n’en a esté touché autre chose. Je luy demande mesme l’argent de petites parties qui luy aviez donné charge, me donner ce qu’il m’avoit dit me donneroit et ne l’a faict. Il y a presque un an et demy, Madame que je n’ay rien touché de l’apointement que Vostre Grandeur m’a fait l’honneur me donner en ceste place; Quant la commodité se présentera vous suplye très humblement vous souvenir de vos povres serviteurs qui contynueront toute leurs vyes leur ardentes prières à Dieu, Madame qu’il luy plaise vous donner et à Messeigneurs vos enfans et la grâce et la gloir de poséder les plus grands biens qu’il octroye à ceux qui l’ayment et le craignent. vostre très humble, très obéissant et très fidel serviteur. Le Jaunay C’est le 19e may 1618. 46 26 mai 1618 - Vitré à Mme la duchesse de La Trémoille Madame, Nous ne saurions assez rendre grâces à ce bon Dieu des biens qu’il nous a faict en vous ayant redonné vostre bonne santé. Nous le suplions qu’il intervient de plus en plus. Vous remercyant très humblement du soin qu’il a pleu à Vostre Excellance avoir de ceste povre garnison. Monsieur des Hayes m’a promins qu’il fourniroit les deux cent-soixante-quinze livres qui restoient des trois derniers mois de l’an passé, qui se montoient aveq les cen-trente-huict livres : 413 livres esdict mois. Je baille un recépicé à Monsieur de La Motte où il prometoi vous (illisible) à rendre conte et au pied de l’estat que je randu suyvant l’honneur de vostre commandement ausd. Sr. du Hayers. Il faudra luy en redonner un de la mesme somme. J’observeray l’ordre porté en la vostre. Madme, il y a aujourd’huy huict jours que j’aprins que le voleur qui avoit pris les hardes à Mesdamoyselles de Madalan & Chelandre103, estoit à Douarnenés. Ce voïant, escryvis au capitaine qui est dans la forteresse et luy envoye le décret de prise de corps et le suplye qu’en atendant l’honneur de vostre commandement, il le fist constituer prisonnier et passe d’icelluy l’envoyrions quérir par un sergant ou bien ensuyvre ce que Vostre Excellance nous enjoindra. Et, s’étoit bien à propos fect punir ce voleur qui n’a pleu à ce que nous avons aprins du conte qui est à Monsieur le marquis de Molac104 lesdictes hardes, mes à dict au capitaine La Noë, commandant aud. lieu, qu’il avoit esté dévalisé à quatre lieux de Dynan en s’enfuyant d’ycy, par un appellé Lanbaudais ; de qui je me feré enquéter, pour, sy nous le descourvrions, tascher à en ravoir quelque chose. Il vous plaira, Madame, nous commander ce qu’il vous plaist estre faict de ce meschant, quoyqu’on passe de la responce de mondict Sr. de La Noë, ne désirant faire chose qui soit que ce qui me sera prescrit par l’honneur de vos chers commandemens ; lesquels atendant je prie le bon Dieu, Madame, qu’il vous augmente ses saintes bénédictions vous conservant l’augmentation et heureusement parfaicte santé et prospérité ensemble mes Seigneur vos enfans ensemble Madamoyselle. C’est, Madame, vostre très humble, très obéissant et très fidel serviteur. Le Jaunay 103 Mlles de Madaillan et de Chelandre étaient deux dames de compagnie de la duchesse de La Trémoille. 104 Sébastien de Rosmadeuc, marquis de Molac, était le gouverneur de Dinan. 43 C’est le 26e may 1618. 47 2 juin 1618 - Vitré à Mme la duchesse de La Trémoille Madame, J’ay suyvant l’honneur de vostre rescription au Sr. des Haiers je tousche les deux-cent-soixantequinze livres qui restoient à païer pour les troys derniers mois de l’année passée qui font ensemble aveq les cent trente huicr livres que avois receu de Monsieur de La Motte quatre centz treze livres qui se trouvent monter lesditz mois d’octobre, novembre et décembre comme plus amplement ce voit par l’estat et acquet qu’on a délivré ausdit Sr. des Haiers dont on envoye copye à Vostre Excellance. Vous remercyant très humblement, Madame, du soing qu’avez de vos très humbles serviteurs, qui nous oblige à prier Dieu pour Vostre Grandeur à ce qu’il vous donne toute félicité. Je vous avois par ma dernière donné advis comme avois envoyé après ce voleur qui desroba Mesdamoyselles de Madalan et Chelandre jusque à Douarnenés et avois envoyé pour le faire amener en ce lieu. Il y eut quelque débat entre le frère de Monsieur de Collogon et le capitaine La Noe qui comande au fort dudit lieu pour ce que le capitaine La Noe n’eut le pouvoir de le livrer, l’autre aïant la principalle authorité là dedans sy bien que le dict La Noé m’escrit que sur l’advis du bruict que l’on le vouloit envoyer. Il s’estoit sauvé et qu’il alloit envoyer àprès, toutefois que les deu soldats qu’y avoit envoyé dit qu’il croit n’avoir sorty du fort qui n’est à la fin rien, toutefois en ay bien voullu avertir. Ledit Sr. La Noé promet qu’il le fera prendre. S’il le fait, vous plaira me comander vostre intention à laquelle je rendré toute ma vye une très humble obéissance et prye Dieu qu’en conservant vostre santé il vous donne toute sorte de prospérité et contentement. C’est le désir Madame de vostre très humble, très obéissant et très fidel serviteur. Le Jaunay C’est le 2e juing 1618. 48 16 juin 1618 - Vitré à Mme la duchesse de La Trémoille Madame, Le thémoignage de vos bonnes volontés et la suitte contynuelle qu’il plaist à Vostre Excellance me rendre à toutes ocasions me font naistre en l’âme un nombre infyny de prières à Dieu pour vous voire de plus en plus à Vistré de bonheur et prudence en la conduite de tous vos desains. Vous faisant mille remercyemens, Madame, du soing qu’avez de vostre très humble serviteur. J’avois, cy-devant, donné advis comme avoir envoyé deux soldats à Douarnenés et envoyé par eux le décret de prise de corps et escrit au capitaine. Voïant n’avoir eu de responce de ce qu’on avoit escrit au Sr. de Champdor pour vous en tenir avertye, j’escryvois au capitaine de, du fort dusdit Douarnenés, de mettre ce meschant es mains d’un sergant et de soldatz pour l’amener à Rennes. Ce qui se fust fais sans la jalousie du frère de Monsieur Collogon qui a plus de pouvoir dans la place que le capitaine La Noé qui fut cause qu’il fist sauver ce quoquin toutefois qu’il m’escrit qu’il essateroit à le faire reprendre et le nous mettre en main. Je feray savoir la lettre qu’il vous a pleu en escrire sy on entendz nouvelles. Quant aux lettres de provision qui me furent laissés pour l’office d’alloué de Chevré, j’en avois pryé Monsieur de La Motte vous fairé entendre comme n’en trouvèrent que 200 livres et de vous en parler et nous mander s’il vous plaisoit qu’on les ba[i]llast. Je n’en ay rien entendu depuis. On en auroit bien eu quatre vingt dix escus s’il y eust cinq chartés de bois de chaufage. s’il vous plaist qu’on 44 les convoye pour les y employer ou autre. Je ne falliray de se faire à rendre une très humble obéissance à l’honneur de voir cher commenademens. Dieu a faict son commandemens du povre Laubépin, après avoir esté cinq mois et plus malade. Ce vous a esté perte d’un fidel serviteur et ay receu de l’incommodyté de sa maladye beaucoup. Il plaira à Vostre Excellance de pourvoir de quelque autre en sa place, ce me seroit bien du soulagement. Il y a fort longtemps que le frère Gallardy nous a faict congnoistre combien il désiroit l’ocasion s’il s’en présentoit jamais de vous faire très humble service et à Messeigneur. C’est pourquoy, Madame, je joindray mes très humbles prières à celle que vous en faict ma femme et croy que ne pouriez faire ellection de personne plus désireuse de rendre à vos authorités tous le service qui seront en sa puissance et il priera Dieu et tous nous ausy, Madame, qu’il vous comble de ses plus sainctes grâces, vous faisant prospérer ensemble mes seigneurs. C’est, vostre très humble, très obéissant et très fidel serviteur. Le Jaunay C’est le 16e juin 1618. 1619 Le 18 février, Henri de La Trémoille épousa à Sedan sa cousine germaine Marie de La Tour d’Auvergne, fille aînée du duc et de la duchesse de La Trémoille. Au printemps Henri de La Trémoille dut quitter précipitamment sa jeune épouse pour venir à Vitré. En effet à la suite de la volonté du procureur fiscal de La Motte-Chesneau de rétablir un droit oublié sur un prieuré, une faction des catholiques poussa un récollet de Vitré à lancer en chaire des propos venimeux contre les La Trémoille. 49 9 mars 1619 - Vitré à M. de Champdor au logis de Madame à Paris Monsieur, Je ne vous puis esprimer le contentement que nous avons receu par le retour de Madame en France et avons pryé Dieu pendant son voïage pour la conduite d’elle et de toute sa suilte et le prierons tousjours pour la contynuasion de ses saintes grâces et bénédictions. Nous n’avons rien apris particulièrement du mariage de Monseigneur et des joyes et félicités dont avez esté participant à Sedan. Nous n’y avons pas moings pris part et loué Dieu. Le priant qu’il bénye ledit mariage et donne service lignes afin que ceux qui en sortiront employent ladite authorité et grandeur à la conservation et maintien de ses Eglyse, bénissant Monseigneur et nostre jeune princesse en toutes sortes de vertus et craintes de son saint non et que bientost ils honnorent le povre Vitré de la présenter. Faites nous donc s’il vous plaist part de vos nouvelles et de toute la suilte ; comme tous sy portent et vous m’obligerez de plus en plus à vous demeurer, Monsieur, vostre bien humble serviteur. Le Jaunay Au château de Vitré, le 9e mars 1619. 50 22 mars 1619 - Sans lieu 45 à Mme la duchesse de La Trémoille Madame, Ce nous est trop d’honneur que Vostre Excellance aye pris la peyne de nous escrire et de plus qu’elle approuve le très humble service que nous luy rendons et à Monseigneur et du commandement spécieux que vous me faicte de veiller à la seureté de la place et que je feray et espère moîennant l’aide de Dieu d’en prendre un tel soin que n’en recevray aucun blasme, ains que selon vostre désir Monseigneur et vous y soiez fidellement servys. Madame, nous ne pouvons que grandement louer la bonté de Dieu du soing qu’il a eu de vostre heureux voïage l’ayant conduit et fait réussir au point que Vostre Grandeur l’a désiré, ainsy que particulièrement l’avons apris de M. d’Irays. Ce qui à sy fort resjouis vos très humblement et fidelles serviteurs, qui ont pris part au contentement que Dieu vous en a donné, qui nous oblige à redoubler nos prières à Dieu. Qu’il vous comble entyèrement de toutes ses saintes grâces et qu’il donne bientost à Monseigneur un beau filz et que vostre lignée aille touzjours en augmentant. Pardonnez-moy sy je m’estent plus que je ne doye laisé qu’aurons recour de ceste agréable nouvelle, me donne ceste liberté, Madame les nouvelles que beaucoup de ceste ville ont sceu d’Espagne, est d’une puisante armée qui s’y fait en plusieurs endrois et les plus avisés jugent estre pour vous en ce royaume ou Angleterre et que Dieu ne veuille en>>>>>> que dans le païs desdit >>>> ailleurs, mais Dieu disipera celle-cy comme il a fait au passé, estant contre son honneur et gloire et préservera son Eglise a l’encontre de ces ennemys. Je l’en requiers et qu’il vous donne, Madame, une parfaite santé bonne et heureuse vy et bénissant Messeigneurs vos enfans, les faisant prospérer en toutes sortes de vertus et crainte de ses actions. C’est le désir de, vostre très humble et très obéissant serviteur. Le Jaunay Le 22e mars 1619. 51 24 mars 1619 - Sans lieu à M. de Champdor au logis de Madame à Paris Monsieur, Je vous remercye humblement de la bonne souvenance qu’avez de moy qui me sen obligé à vos courtoisyes et ne sera jour que je ne m’en souvienne et que je ne vous honnore. Faites-nous, s’il vous plaist, part des nouvelles de la santé de Madame et de celle de Monseigneur et de nostre jeune duchesse, que nous prions Dieu bénir de toutes sortes de bénédictions. Nous avons bien envye de voir en ce quartier cette nouvelle dame et maistresse. Vous avez esté participans de beaucoup d’aise et contentement à ce voïage. Je n’envye point vostre bon sens, mais bien que nous eusiez fait part de vos joys, nous n’en avons pas moings receu par le récit de Monsieur d’Irays qui passa il y a trois jours par icy. Ce lacquais n’aryva que ce jour en ce lieu, bien mary qu’il n’estoit venu plustost par ce qu’il y eust trouvé lesdits Sr. d’Irays et de La Motte, qui sont à Laval. Mandez-nous des nouvelles de la Court et de ce qu’aprenés et vous pryé faire nos humbles baise mains à Thoynette et à son fiancé, et aux amys de la maison à qui je suis et à vous particulièrement vostre bien affectionné serviteur. Le Jaunay e C’est le 24 mars 1619. 52 31 mars 1619 - Vitré 46 à M. de Champdor au logis de Madame à Paris Monsieur, Il y [a] aujourduy quinze jours que vous escryvis et n’en ay eu aucune response, qui me fait croire que ne avés receu le pacquet où il y avoit des lettres de ma femme pour Madamoyselle de Tarette et de Madalan. Elle mandoit à Mlle de Madalan de faire retirer du gruau et du beure qu’on envoyoit pour Madame. Et à ce voïage, ma femme en a receu une de masdite dlle de Madalan qui dit ont receu le beure et point de lettres et auquel je voy il faut que les lettres et le gruau le mesager l’ait retenu. Il vous plaira d’en faire dire quelque chose à Gouriseau, car ce fut son homme à qui tout fut delyvré et que à l’advenir on promi plus de soin de ce qui est pour Madame. Sy vos affaires vous peuvent permestre faites nous part des nouvelles de la santé de Madame et Madamoyselle et de toute vostre noble compagnie, pour estre l’une des choses que nous désurons autant savoir et qui nous aporte autant de contentement et de vous asurer que je suis, Monsieur, vostre bien affectionné serviteur. Le Jaunay C’est le dernier de mars 1619. 53 21 avril 1619 - Vitré à Mme la duchesse de La Trémoille Madame, Je ne say aveq quelles parolles je pouray vous faire très humbles remercyemens pour l’honneur que je reçoys, en la souvenance qu’il vous plaist avoir de vostre bien humble serviteur et ne pensois pas que rien m’en peut rendre digne et ce n’estoit la volonté que jé de rendre, à Vostre Excellance, tous les fidelles services qui seront en ma puisance, qui est le seul but de mon intention et disposer et vye et bien, lorsque j’en seray requis et rendray tousjours une très humble obéissance en tout ce dont je suis honoré de vos authorité ; et de prier Dieu pour l’augmentation de vos prospérités et grandeurs et qu’il nous donne le moïen en vous servant de vous estre agréable, qui est une des chose du monde que nous souhaitons le plus. Madame, je vous suply très humblement de vous souvenir de ceste povre garnison. Monsieur de La Motte nous promet qu’en ceste sepmayne, il nous fera délyvrer argent. Il a fort long temps que des apointemens qu’il vous a pleu octroyer à vostre très humble serviteur qu’il ne luy en a esté rien baillé deux cens escus et depuis le moys de janvier qu’il n’en a receu aucune chose fera à vostre départ de ce lieu ne l’assisstera; Les lettres de provision d’alloué de Chevré que je croïois devoir estre sur les cent escus me devés et dont avés donné ordre à Monsieur de La Motte, allant à Poityers, me les délyvrer ce qu’il ne fist. Ce que j’en retireray, Madame, est pour me mettre en estat de vous rendre plus d’honneur et à Monseigneur mon maistre et à sa chère moityé, de qui nous tenons tous les biens faits que nous possédons, desquels je ne demeurereais jamais ingrat pour en rendre grâce à Dieu. Le priant d’augmenter ses saintes grâces et bénédictions à ceux qui librement nous en donnent et qu’il redouble envers eux et leurs prospérités toutes sortes de felicités. c’est la prière, Madame, vostre très humble et très obéissant et très fidel serviteur. Le Jaunay e C’est le 21 avril 1619. 54 47 11 mai 1619 - Vitré à Mme la duchesse de La Trémoille Madame, Je croy que MM. vos officiers n’auront manqué de donner advis à Vos Excellances de ce qui se passa mercredy dernier, en la maison de ville, par certaines cabalision nourye de longues main en de mauvais desains contre l’honneur et respec qu’elle donne à vos authorisation. Il y eut des parolles telles que vos dit officiers furent contraints se retirer de ladite assemblée. Il estoit question de certayns lettres que Monseigneur leur avoit escrites pour leur papaigaut où il faisoit congnoistre que pour ceste année on contynuast en manière acoustumé où a l’androit on ne garda le respect et honneur qu’on vous doit, ny à Monseigneur. Il y en eut là beaucoup de gens de bien, habitans et depuis encore qui n’aprouvoyent leurs opynions, disant que sy leur résolution de maison de ville a lieu, on perdra en ceste ville nombre de fort belles et grandes arquebuse qu’on a fais faire à ce désain d’y tirer aveq que l’on vendra et sen grant hors de la ville et en cas de besoin et nécessité y peuvent bien servir comme l’expériance du passé l’a fais voire servir. Que durant le siège de ce lieu, elles n’y fusent sy communes comme elles sont à présent. Il y a encore trois ou quatre des meilleurs charte d’ou>>>>>>> que vous aviez achapter de Boisjan à la b>>>>>. Les métayers de Monsieur de La Motte avoient promins de les amener. Ils se gastent et perdent, mesme celles qui sont ycy, faute d’estre emploïer se chauferont je crains vostre ennuye qui me fait demander à Dieu par me >>>>>> contynuer comme je fay de tout mon coeur qu’il luy plaise, Madame, vous donner et à Monseigneur et tous les vostres et la grâce et la gloire et les plus grandes bénédictions qu’il envoye à tous ceux qui le craignent. C’est vostre très humble, très obéissant et très fidel serviteur. Le Jaunay C’est le 11e may 1619. 55 10 août 1619 - Vitré à Mme la duchesse de La Trémoille Madame, J’ay un extresme déplaisir d’estre sy fréquent en mes inportunités d’oser sy librement vous faire nouvelles suplications. Vous savez Madame, combien y a de temps que ceste garnison n’est payé de ce qui luy est deu des quartiers, dont le premyer est passé à la fin de décembre dernyer et l’autre à la St-Jan et toutefois que ne suis encore payé an tout mes quartier de décembre quelque suplication qu’en ayons seu faire. J’en avois escrit à Monseigneur et de tout ce que j’ay estymé luy devoir donner advis depuis qu’il bouga de ce lieu aux ocasions et n’ay esté honnoré qu’une seule fois de ses lettres qui me retyent à présent de ne l’oser ennuyer de mes escrits et avoir recours à vostre clémence et bonté acoustumée, Madame, pour nous faire gratifier d’une asignation ou mandement sur Monsieur de La Motte ou fermier, afin que vostre service et celuy de mondit Seigneur soit mieux fait et que je puisse contynuer le reste de mes jours, aveq quelque honneur, le très humble et très fidelle service que je doys à Vos Excelances n’aïant après l’honneur de Dieu au monde plus grande félicité qu’en bien servant et à prier le tout puisant qu’en bref le povre Vitré soit honoré de toutes vos chères présences et qu’il vous comble, Madame, de ses plus saintes bénédictions vous donnant en parfaite santé très longue et heureuse vye et à Messeigneurs toutes sortes de vertus et crainte de son saint non. C’est vostre très humble, très obéissant et très fidelle serviteur. 48 Le Jaunay C’est le 10e oust 1619. 1622 Une des premières mesures que prit le duc de Vendôme après avoir occupé Vitré le 28 mai 1621 sur l’ordre du Roi, fut de démettre Jean Nouail de son commandement. Il avait toujours éte l’homme de la duchesse de La Trémoille et cette destitution dut ravir ses adversaires de tous bords. Si nous ne possédons pas de lettre de Jean Nouail de 1621 nous en possédons deux pour l’année 1622. 56 18 février 1622 - Sans lieu à Mme la duchesse de La Trémoille Madame, Je congnois de plus en plus que Dieu selon sa sagesse, laquelle, nous ne pouvont comprendre, dispose de nous et de nos affaires autrement que nous n’avons pensé, car contre mon désir.et mon attention, je suis pryvé de l’honneur de vos bienveillances, qui m’est le plus grand malheur qui au monde me pouvoit aryver, sans l’avoir mérité, par l’artifice des langues venimeuses de mes ennemys, qui toutefois, Madame, ont plus offencé Vostre Exellance qu’ilz ne croyent. L’envye qu’ilz ont contre vostre bien humble serviteur, n’est que pour avoir affectionné de tout son coeur le bien de vostre service et des services qu’il a faict aux derrnyers seigneurs de ceste maison qui leur a faict conjurer son entyère ruyne, car que n’ont-ilz faict pour me chasser honteusement de vostre maison et a tramé ceste entrepryse, que j’espère que Dieu mettra en évidance. J’en avois donné advis à Monseigneur du voïage qu’on estoit allé faire en Court pour y parvenir. Après la venue de Monsieur de Pontaubré qui me dona la vostre, ayant exécuté l’honneur du commandement d’icelle et faict la démission où en mesme heurs, il me charga d’en envoyer la garnison et d’en retenir quatre, qui me nomma et qui sont de la plus part lesd jours. Et le landemain et comme sortoit du chasteau, fut aresté que pour ce qu’on savoit que Monsieur de Vendosme estoit à Rennes où y devoit aryver, que Monsieur de Terchant y alloit le lendemain du matin, car, plus de quatre jours auparavant, le bruict estoit qu’il venoit ycy et luy en avoit préparé le logis de l’artillerie. Mais ce n’estoit pas ce qu’on avoit envye, car qui avoit envoyé à Mondit seigneur de Vendosme la copye de la lettre du Roy que lesd. Pontaubré avoit à porter, qu’il m’envoya par le capitaine de ses gardes luy estant desjà sur le pont aveq autre copye de lettres que mondit seigneur disoit que sa Majesté luy avoit escrite deux jours, depuis celle aportée par lesd. Pontaubré, où en icelle disoit que sans avoir esgard à l’austre première, qu’il eust à venir mettre icy que de Terchant dans le chasteau, ce que depuis ay bien recongneu que j’ay aprys n’estoit que un poste et toutefois Monsieur le présidant de La Dobiais105 la atestoit véritable ; ce qui se faisoit pour me faire obéir, où n’ayant plus de pouvoir dans la place, ny soldart à qui je peust commander pour s’en estre la plus part retirés, peu avant sa venue, que sept ou huit du nombre desquel estoye les quatre à qui il avoit desjà fait entendre son intention et m’avoit chargé faire descendre la petite pièce qui estoit sur la platte forme où estions enpeschez à touste aryvée et sy eusse faict autrement, il m’eust de sau>>>>> et mins en péril de recevoir quelque plus grand affront, à quoy ils ont tasché que l’église en danger, car à ceste venue tous ne cherchoient que nous mal faire. Ilz l’ont bien fait paroistre en ayant retenu tous mes biens et despendu toutes mes provisions qui estoyent en grand nombre. Il y a plusieurs autres raisons qui seroient longues à déduire sur son subjet. On se promettoit qu’en m’ostant quen longtemps on y devoit entrer. En tout cela Madame, Vos Excellances y ont esté mal servyes et par personnes qui aveq le temps seront congneust pour tels qu’ilz sont et quant à nous et ne se voira point qu’ayant eu aucune affection qu’a rendre fidel service et de nous y contynuer le reste de nos jours et n’espérions pas que l’artifice 105 Julien Gédouin (V. 1585-1630), seigneur de la Dobiaye en Saint-Jean-sur-Couesnon, était président à mortier au parlement de Bretagne. 49 de nos adversaires eusent le pouvoir de faire perdre la mémoyre de nos fidelles services et me faire porter la peyne du pêché que je n’ay point commins et nous ruyner d’honneur et de biens. Monsieur de La Motte sçait qu’un ou deux jours avant la venue de Monsieur de Pontaubré, envoye mon frère le prier venir ycy pour me donner conseil à ce qu’avois affaire, d’autant que de jour en jour on atendoit Monseigneur de Vendosme où le supliant en vos nom d’aller trouver led seigneur à Rennes et là y attendre s’il n’y estoit, ce qu’il m’avoit promins feroit. Et, au lieu de cela, il s’en alla à Laval et qu’aïant apris, luy escryvis jusqu’au dit lieu pour le convyer d’abondant faire ce voïage. Le dit Sr. Pontaubré resçut une despeche depuis estre ycy, que s’il m’en eust dit la teneur, le malheur ne me seroit aryvé Dieu en avoit ainsy ordonné pour me pugnir. Je le prye qu’il face congnoistre la vérité et en évidence ! Nous vous suplions très humblement Madame nous contynuer l’honneur de vos bonnes grâces, desquelles au passé avons esté honnorés et à présent nous en voira presque descheuz pous fausses supositions. Le coeur nous crève. O ! quelle douleur de perdre l’honneur et les biens, ne nous restant que la vye, que nous vouons et consacrons pour vous rendre et à nos seygneurs les très humbles services qui seront de nostre pouvoir et à faire prière à Dieu. Madame, Qu’il vous donne l’acomplissement de vos bonnes et sainctes prières, bénisant toute vostre postérité. vostre très humble, très obéissant et très fidel serviteur. Le Jaunay Le 18e février 1622. 57 28 novembre 1622 - Vitré à Mme la duchesse de La Trémoille Madame, Dernyèrment que j’euz l’honneur de vous aller baiser les mains, j’espérois avoir ceste faveur faire entendre à Vostre Excellance, comme tout passa au changement et donner à congnoistre mon innocence, mais mon malheur fut d’en estre pryvé pour l’indisposition qui vous survint 106. J’en peut faire congnoistre quelque chose à Madamoyselle107 qui me fist l’honneur de m’ouïr bien peu, dont je porte bien du regret, n’ayant jamais manqué au debvoir et obéissance de vos chère commandement et de Monseigneur. Le bon Dieu le sçait et ce néantmoings, Madame, après un sy long temps de service, qu’il y a que nous serrons en la maison nous voira desnuer de nos biens et de l’honneur tout ensemble. Cela nous est insuportable de voir nos ennemis s’esgayer de nos misères, eux qui ont esté autheur du changement que me cause une ruyne entyère, lesquels ne se contentans de cela en voulurent faire de mesme à vostre château de Monjan108 y voulant faire mettre Monsieur de Morteleur, que ne peuvent nyer ; leurs lettres qu’ilz en escrivirent à Madame de La Ronce109, à ce subject, le font voir. Madame, congoisant vostre grande et rare piété qui s’est assé manifestée à l’endroit de beaucoup d’autres, nous fait très humblement vous suplier qu’elle s’eslargisse sur nous qui sommes ses créatures et le plus grand honneur que nous ayons eu, a esté nous qualifier de ce tiltre de très humbles serviteurs et de Monseigneur. 106 Epuisé après par les démarches qu’elle avait fait auprès de Louis XIII pour obtenir la levée de la saisie du comté de Taillebourg, Charlotte-Brabantine de Nassau était tombée gravement malade. 107 Charlotte de La Trémoille (1599-1664), fille de Charlotte-Brabantine de Nassau, future duchesse de Derby. 108 Montjean commune du département de la Mayenne où au lendemain de la guerre de Cent ans le maréchal de Lohéac, frère du comte de Laval avaient fait construire une forteresse dont il existe encore de nos jours des vestiges importants.. 109 Jeanne de Gennes, veuve de Isaac Journée, sieur de la Ronce, un huguenot de Laval. 50 Vous avez eu partye congnoisance des services rendus par nous en la maison tant des feuz seigneurs de Laval, que depuis vostre avénement à la sucession. Que defunct Monsieur de Fervaques taschant, par mon moyen, troubler vostre légitime pocession et d’autres ausy. Et combien franchement, je me porte à tout ce que desirastes de vostre très humble serviteur. Et quant envoïastes feu Monsieur de Joyère me porter et commission et asurance de vostre part, il ne marchanda point au contraire de prye vous remporter le tout et luy dis que ne désiroist rien avoir que l’honneur de vos bonnes grâces que avec le temps vous remmeteriez nos servives ce quant fait grâce à Dieu dont nous en sommes obliger toute nostre vye, a prier Dieu pour Vos Grandeur s’il vous plaist contynuer à vos pauvres serviteurs ceste mesme volonté. Sy led. feu Joyère estoit vivant, il pouroit faire souvenir comme de ce temps le mins en lieu là où il entendoit Maître Denyval, provost dudit feu seigneur Fervaques qu’il m’avoit envoyé, où il entendoit comme l’on m’offroit jusques à quatre mil escus content et un estat d’exempt des gardes pour La Grange, le gouvernement de Vitré dont il me feroit pouvoir cheix le Roy aveq asurance qu’il ne traiteroit jamais d’acort aveq vous, que à la charge de le faire ratisfier. Toutes ces belles promesses ne me firent point prester l’oreille, ny penser à cela, quoy qu’il promettoit l’exécution dans un mois à preu. Monsieur de La Motte en congnoist la vérité, s’il la vous veut dire, et que quelque temps après je renvoya encore le Sr. de La Marche d’Olyvet à mesmes fin, qui ne fist non plus que le premier les menaces que me fist depuis ledit seigneur Fervaques. Pardonnez-moy, Madame, sy j’ose vous ramentevoir cecy. C’est que je n’ay jamais eu en plus singulière recommandation que le bien de vostre service et la liberté de ma conscience que j’ay proféré aux biens et honneurs du monde et de nous voir ajourd’huy privé du peu d’honneur que avons du au passé en vostre maison et de Monseigneur. J’aymerois autant mourir et s’il s’est fait du changement quelque chose contre vos intentions, ça esté plustost par apréhension sur les menaces qu’on faisoit de la ruyne et de nostre advoué ou quelle eust esté pillée. Que vos clémences et bontés et me le pardonnent s’il y a de mon défault, s’il leur plaist, le temps fera voir veux qui ont causé ce changement, la vérité estant congneut, mon innocence se verra. Et qu’atendant, Madame, je me promets par vostre sage et prudent advis, aller baiser les mains de Monseigneur à Sedan110 et s’il me fait l’honneur m’ouïr, luy faire entendre comme l’affaire a passé et s’il vous plaist luy escrire, j’envoye ce porteur pour vous aller aller baiser les mains et recevoir l’honneur de vos commandemens avec vostre despesche. Et s’il vous plaisoit, Madame, donner une lettre à vos serviteurs qui soit favorable à présenter à Mondit seigneur afin que par vostre entremise nous puisions estre rintégrés soubz vos autorité et nous contynuerons à prier Dieu, Madame, qu’il vous comble de ses plus sanctes bénédictions ensemble Messeigneurs vos enfans, c’est la prière de vostre très humble et très obéissant et très fidèle serviteur. Le Jaunay bre A Vitré, ce 28e no 1622. 1624 En cette année, Jean Nouail écrivit le 9 novembre sa dernière lettre à CharlotteBrabantine de Nassau, lettre emprunte de nostalgie. Le temps était désormais passé pour Jean Nouail, comme pour Gilles Chesneau. Henri de La Trémoille faisait appel à des hommes nouveaux. Venait désormais le temps de l’oubli. 58 9 novembre 1624 - Vitré à Mme la duchesse de La Trémoille 110 Henri de La Trémoille pour se soustraire aux pressions dont il était l’objet s’était rendu au mois d’octobre 1621 à Sedan auprès de son oncle le duc de Boullion; 51 Madame, Vous pouvez avoir seu assez particulièrement l’estat de nostre povre condition qui nous respirions que par l’espérance que nous avons en vostre bégnignité et grand douceur. Sy Dieu ne nous avoit donné sa congnoissance au mespris es affaires qu’avons vécu, nous eusions succombé soubz le faix, mais il a eu pityé de nous et fera voir nostre inocence aveq le temps et que nous rendrons à Vos Excellannce ce que nous leur devons. Nous naurions osé nous promettre ce thémoignage de vostre bien veillance, sans l’honneur de vostre bonté coustumière qui s’est souvenu de son très humble serviteur, par celle qu’il vous pleut escrire à ma femme où nous donniés des asurances pour le peu que nous avons au maintien des droitz que nous défendons contre les parouisiens d’Argentré, qui veulent secouer le joug de l’obéissance et devoir qu’ilz doivent à mondit Seigneur. Il y a plus de huit ans qu’ilz me travallent en ce procès qu’ilz ont tousjours perdu partout. Madame, Monseigneur a un notable interest, car s’ilz avoyent gain de rang, toutes les autres paroisses qui sont de mesme condition ne voudroient rien payer à l’advenir et leur feroient la planche et de vingt-cinq paroissiens qu’il y a en la châtelenye de Vitré, il n’y a plus maintenant qui s’en rebelles ycy les autres payent sans force contrainte. s’il vous plaist, Madame, enjoindre à vostre conseil voir ledit procès qui est juste, afin que pour l’avoir veu ilz y facent intervenir le procureur de Monseigneur. La plus grande de leur défance contre moy est qu’ilz dysent que vous oprymé, leur liberté et que le seigneur à qui en seroit le fondz ne leur en a faict demande, s’ilz obtenoyent gain de cause, ilz auroient de grandz despans contre moy. Au commancement que fus procures il y en eut cinq ou six autre paroueses qui voulurent desputés et plédèrent au siège où se voyant condampné depuis ont obey. Cela jusques icy m’a plus arresté que n’en a plus retardé est ce qui s’en poura retirer à l’avenir sur employe au bien humble service que nous vous devons et à Messeigneurs vos enfans, ne désirant pas raison poséder biens ou honneur ni vye, que le tout ne vous soit consacré et puis dire avec vérité qu’après Dieu il n’y a plus grand désir que le bien de vostre service é de Monseigneur et de demeurer toute ma vye, Madame; vostre très humble et très obéissant et très fidel serviteur. Le Jaunay bre A Vitré, ce 9e no 1624. II - JEAN DU MATZ, SIEUR DE MONTMARTIN Jean du Matz, sieur de Montmartin, est le plus illustre capitaine huguenot Breton qui combattit en cette province au temps de la Ligue. Il a écrit des Mémoires qui ont été publiées en 1756 par Dom Charles Taillandier dans le tome II de son Histoire ecclésiastique et civile de Bretagne, p. cclxxij à cccxv. La douzaine de lettres de Jean du Matz de Montmartin conservées dans le Fonds La Trémoille à la cote 1AP 669 nous permettent de mieux connaître ce personnage. Une famille protestante du comté de Laval Les du Matz de Montmartin sont une ancienne famille du Maine. Thébaud du Matz, le premier du nom, était au XIVe siècle, seigneur de Terchant à Ruillé-le-Gravelais au Maine. Il épousa la dame de Montmartin en Saint-Germain-du-Pinel. Auffray du Matz, sieur de Montmartin et de Terchant, au début des années 1560 à l'exemple de sa suzeraine, Renée de Rieux, dame de Laval et Vitré, se convertit au protestantisme 111. Il avait épousé 111 R. BOUTON mentionne que le culte était célébré à Terchant dès 1562. R. BOUTON, Le Maine. Histoire Economique et Sociale, XIVe, XVe et XVIe Siècles, tome II, Le Mans, 1970, p. 982). 52 par contrat du 11 mai 1545 Catherine Chauvin, la plus jeune fille de Pierre Chauvin, banneret de Bretagne, seigneur de La Muce-Ponthus à Petit Mars et de Catherine Eder112. Un capitaine des guerres de religion Jean du Matz, né vers 1546, était le fils d'Auffray du Matz, sieur de Montmartin et de Catherine Chauvin de La Muce. L'on ne sait rien des premières années de sa vie. Après la Saint Barthélemy, il se retira à Strasbourg où il rencontra Christophe Le Noir puis rejoignit Paul de Coligny à Bâle en Suisse113. Jean du Matz de Montmartin, de retour d'exil, entra en fanfare dans l'Histoire de Vitré le 24 février 1574 en s'emparant par surprise du château de cette ville et en le tenant quelque temps114 . C'est probablement vers cette époque que Jean du Matz épousa Marie Feschal, veuve de René de La Faucille. Elle lui donna trois fils : Philippe, Paul (28 octobre 1576) et Isaïe (16 décembre 1577). Après la mort de Paul de Coligny, le 15 avril 1586, Jean du Matz de Montmartin se rallia à Henri de Navarre. En 1589, le Béarnais le nomma gouverneur de Vitré. Comme nous l’avons dit sous l’influence de du capitaine La Mouche et du Sieur de Cohigné, Anne d’Allègre, la veuve de Paul de Coligny lui retira cette charge “ sans aucune récompense ” dans les années 1590. En dépit de cet aléas du sort, Jean du Matz conserva la protection de Henri IV qui lui confia des missions de confiance notamment lors de la rédition de Mercoeur. Pour le récompenser de ses services le Henri IV ordonna qu’il soit rétabli dans sa fonction de gouverneur et lui accorda une dotation de 10 000 écus dont Anne d’Allègre devait avancer la moitié “ pour avoir osté un fidel serviteur de sa charge ”115 et enfin érigea sa terre de Terchant en Vicomté. Mais ni Anne d’Allègre ni son fils François de Coligny en dépit de l’injonction royale ne rétablirent le sieur de Montmartin dans sa charge de gouverneur. La mort de François de Coligny et l’arrivée des La Trémoille à Laval et Vitré semblait de bon augure pour Jean du Matz. Il déclara à Charlotte-Brabantine de Nassau son “ son plus humble et très fidelle serviteur ” (24 mai 1606). La princesse d’Orange Louise de Coligny intervint même en sa faveur116. Charlotte-Brabantine de Nassau soucieuse de donner un gage au souverain mais méfiante à l’encontre de Jean du Matz ou le jugeant trop âgé, nomma en 1606 à la charge de lieutenant au gouvernement de Vitré son fils aîné Philippe. Le fait que Charlotte-Brabantine de Nassau est maintenue sa confiance à Jean Nouail était le point d’achoppement. Le 5 juillet 1606 cachant sa déception Jean du Matz lui écrivait : “ Madame je remets cest advis à vostre prudence et sagesse acoustumée et nous proteste que je suis net de haine et de vengeance à l'endroit dudit Jaunay, n'aïant plus intime passion, ni afection plus pénétrante que le bien de vostre très humble et très fidelle servisse et de mesdits seigneurs, m'y estant avec mes enfans sy indisolublement lié et enchaîné que la seulle mort m'en départira, mais faitte nous l'honneur de nous tenir, Madame, vos très humbles, très obéissants, très fidelles serviteurs ”. En 1607, lors de la venue de Charlotte-Brabantine de Nassau à Vitré, Jean du Matz eut une attitude curieuse pour ne pas la rencontrer, invoquant sa mauvaise santé puis une convocation du Roi ce qui fait présumer qu’il n’avait guère la conscience tranquille. Les correspondances de Jean Nouail et de Gilles Chesneau font apparaître que Jean du Matz au file des ans avait quelque peu empiété sur les droits des barons de Vitré et que ses relations avec la duchesse de La Trémoille furent des plus distantes. Le 7 décembre 1614, il prit sa plume pour défendre son fils que Chesneau accusait de prendre la qualité de gouverneur protestant et l’assurer de sa fidélité : 112 Bonaventure Chauvin, seigneur de La Muce-Ponthus, frère de Catherine, fut une figure éminente du protestantisme au Pays Nantais. Il mourut le 3 mars 1591 à Vitré où il s’était réfugié. 113 Philippe Le Noir, "Histoire Généalogique", Ed. F. de Beaulieu, C.C.G.P. N°26, p. 1313. Le 23 février 1574, 114 Abbé PARIS-JALLOBERT, Journal historique de Vitré, p. 35. 115 Mémoires de Jean du Mats, seigneur de Terchant et de Montmartin, gouverneur de Vitré, in Supplément aux preuves de Dom Charles TAILLANDIER, Histoire ecclésiastique et civile de Bretagne, tome II, Paris, 1756, p. cccx. 116 P. MARCHEGAY, Lettres de Louise de Colligny, princesse d’Orange, Les Roches-Baritaud, 1872, lettre du 31 décembre 1605, p. 43. 53 “ Madame que Vostre Grandeur tienne pour constant & très véritable que mon fils & moy n'avons autre désyr & contentemens que de vous rendre & à Monseigneur vostre fils une très humble obéissance, fidélité, & très loyal service. A l'oeuvre vous congnoistrez les ouvriers en tout ce qui dépend de nostre pouvoir & debvoir, & en ceste immuable volonté, je demeureray à perpétuité, Madame, vostre très humble, très obéissant, très fidelle serviteur ”. Jean du Matz de Montmartin réitéra cette protestation de fidélité dans sa dernière lettre datée du 9 février 1618 : “ Sy Vostre Grandeur me commande de me rendre à Paris, tout incommodé que je suis de bras & de jambe, je m'y achemineray au plustost qu'il me sera possible, car je désire vivre & mourir, Madame, vostre très humble, très obéissant & très fidelle serviteur ”. Marie de Feschal, l'épouse de Jean du Matz, mourut le 26 décembre 1621 à Terchant. Jean du Matz lui survivra trois années. Il est décédé le 26 octobre 1625 en son château de Terchant et fut inhumé le lendemain au cimetière de l’Eglise réformée de Vitré117. 1 24 mai 1606 - Terchant à Madame de La Trimoulle duchesse de Touars, contesse de Laval Madame, Vostre bonté et acoustumée présenté, nous fait très humblement implorer vostre secours pour avoir un pasteur en vostre et nostre Eglise de Laval. Le ministre118 et anciens vous en écrivent et moi le plus humble et très fidelle serviteur de vostre grandeur & joindre mes très humbles suplications. Madame, celui que nous envoions recevoir vos commandemens, nommé capitaine La Ronce119, est ancien de laditte Eglise qui a eu l'honneur de randre et tesmoigner son très humble servisse à feu Monseigneur vostre vertueux mary d'heureuse mémoire et trois frères dudit La Ronce son mort au servisse de mondit seigneur pendant ses dernières guerres. Madame, nous n'avons point encor esté à Vitrai. Si vostre servisse l'eust requis, nous n'eussions tant tardés. Si tost que Dieu m'aura délivré d'une petite fiebvre qui m'a donnée, nous irons ; laquelle ne me permet de la faire plus longue. Madame de toute mon âme et sincère afection, je prie Dieu qu'il bénisse Vostre Grandeur et de Messires et Mademoiselle vos enfans. Vostre humble, très obéissant, très fidelle serviteur. Montmartin A nostre povre Terchant, ce XX4 en mai 1606. 2 8 juin 1606 à Madame la duchesse de Touars contesse de Laval Madame, Le chantre de Laval, présant porteur, représentera à Vostre Grandeur comme le colège des chanoines veulent anéantir laditte chanterie ; ce qui me semble inporter au bien de vostre maison & sa 117 Abbé PARIS-JALLOBERT, Journal historique de Vitré, p. 94. 118 Etienne Besnard, sieur de la Branchouère était ministre de Laval depuis 1599. Il sera remplacé en 1606, par Samuel Dubois qui restera en fonction jusqu'en 1617. 119 Isaac Journée, sieur de La Ronce. 54 grandeur. C'est pourquoy j'ay prins la hardiesse de vous en escrire comme vostre très humble et plus afectionné serviteur car c'est Madame une belle présentation et de beau revenu et quand laditte chanterie est vaquante la disposition n'est est infructueuse. Madame tant que je vivray je seray et de tout mon pouvoir, vostre très humble, très obéissant, très humble serviteur. Montmartin A nostre povre maison, ce 8ème de juin 1606. 3 5 juillet 1606 - Terchant Mademoiselle de La Tremoille duchesse de Touars Madame, C'est trop honorer et obliger vostre très humble et très fidelle serviteur de luy avoir départi vos lettres par le retour du capitaine La Ronce. Madame, mes servisses sont encor de trop peu d'estime pour vous en souvenir par les efects, Votre Grandeur recongnoistra nostre fidélité et promte obéissance qui dépend entièrement de vos désirés commandemens. Madame, j'espérois avoir tant d'heur et d'honneur d'aller baiser les mains de Messeigneurs vos enfans, mais mon peu, peu de santé me retarde et ai retenu mon fils pour y aller ensemble, mais inpatient de savoir de leurs nouvelles, j'envoiray mon fils ceste semaine, si je n'y puis aller trouver mesdits seigneurs. Madame, vous estes très désirée en ce nostre païs et mesdits seigneurs toutt le peuple et habitans de Vitrai ne respirent que vostre servisse, Laval les suivera. Madame, le Sr Jaunay s'en est allé secrétement à Paris s'en advertir, nous le re[n]contrasmes sur le chemin de Vitrai. J'estime qu'il ne devoit point partir, sans le dire à mon fils. Cela m'a fait m'enquérir à Vitrai du suivict de mon voïage, d'autant qu'il disoit fort apréhender M. le mareschal de Fervacques120, mais j'ai aprins d'un des plus hommes de bien de Vitrai et ancien de l'Eglise que ledit Jaunay estoit résolu de voir mondit seigneur le maréchal. J'ay sceu aussi par un très homme de bien qu'ils avoient envoïé vers Madame de Fervaques. Madame je remets cest advis à vostre prudence et sagesse acoustumée et nous proteste que je suis net de haine et de vengeance à l'endroit dudit Jaunay, n'aïant plus intime passion, ni afection plus pénétrante que le bien de vostre très humble et très fidelle servisse et de mesdits seigneurs, m'y estant avec mes enfans sy indisolublement lié et enchaîné que la seulle mort m'en départira, mais faitte nous l'honneur de nous tenir, Madame, vos très humbles, très obéissants, très fidelles serviteurs. Montmartin A nostre pouvre Terchant, ce 5 juillet 1606. 4 8 octobre 1607 - Terchant à Madame Madame, 120 Le maréchal de Fervacques était le second mari d'Anne d'Allègre, veuve en premières noces de Paul de Coligny, comte de Laval. 55 Je commmancé d'aller hier à la chasse et prins un faisant que j'ose vous présenter avec un choufleur et une petite pannerée de poires qui sont meilleures que belles, Madame, si j'avois plus de jambe et force, je ne manquerois d'aller recevoir vos commandemens, mais certes je n'avance guère à me fortifier. Je pratique ce que disent par sentence les médecins que les maladies de lanteure sont longueues ou mortelles. Madame, le Sr. Lambert m'a escrit que Madame Depesses vouloit sa rante à ceste Saint Martin. Il y a deux années escheues qui font huict cent livres à quatre cens par chacun an, surquoy n'en a receu deux cens, partant il en reste six cens. Madame ordonnez si vous plaist qu'ils seront paiées. Vous m'avez fait l'honneur de m'assurer à Paris que les intérests seroient paiés et le principal dans deux ans si Madame Depesses me contraint à mn très rand regret je contraindré le fermier ! Commandez à celuy qui sera à jamais vostre très humble, très obéissant, fidelle serviteur. Montmartin A nostre maison, ce 8ème octobre 1607. 5 10 octobre 1607 - Terchant à Madame à Vitré Madame, Sy vostre très humble serviteur vous eust peu escrire par sa main, il vous n'en eust emprunté une autre main. Jusque à ceste heur, Dieu ne m'a point encor redonné la force de pouvoir lire, ny escrire qu'avec ung extrème travail qui m'est une grande affection. Madame, sans mon indisposition, aussy tost que fustes de retour de Quintin à Vittré, je n'eusse manqué de vous aller trouver selon mon debvoir et vous porter mon petit contrast de l'acquest de quor, montant de douze cent escus et de l’aune costé en une bourse les vantes en doubles pistoles pour en disposer à vostre volonté, car je sçay très bien de debvoir que doibt le vassal à son seigneur, ce que je feré, Dieu aidant, lors que passera à Monjean ou en lieu où ma petite santé me puisse permettre de vous aller trouver. Madame la deste de Madame Depesse n'a rien de commun avecq les ventes, car défunt Monsieur de Laval estoit obligé de païer la rente chez Monsieur Lembert de laquelle il est deu six cent livres. Je vous suplye très humblement, Madame, d'y pourvoir car sy je suis pressé pour le respect que je vous doy ce sera à mon grand regret de presser son fermier. Pour ne pas vous ennuyer, j'ay escry plus particulièrement à Monsieur Chauveau. Madame je vous envoye ung faisant et sans que je croy que vous avez abondance d'autre vivres, je prendois la hardiesse de vous en envoier car je me tiendré tousjours bien heuré et honoré de vous pouvoir tesmoigner que je suis de tout mon pouvoir et debvoir et à Messeigneurs vos enfans, Madame, vostre très humble, très obéissant, très fidelle serviteur. Montmartin A nostre pauvre maison Ce 10e octobre 1607 6 17 octobre 1607 - Terchant à Madame Madeame, Présentement, j'ay receu un advis de mon second fils qui m'obligent, sain ou malade, de m'en aller à la Court ! Vous me départerés sy vous plaist vos commendemens que j'afectionne comme vostre très humble et très fidelle serviteur. 56 Madame, pour satisffaire au devoir du vassal à son seigneur, je vous envoie mon petit contant de cosse. C'est à vous Madame de commender et à moy d'obéir, comme celuy qui est et déjà à jamais, Madame, vostre très humble, très obéissant, très fidelle serviteur. Montmartin De nostre pauvre maison, ce Xème octobre 1607 7 20 septembre 1608 à Madame de La Trimoulle duchesse de Thouars Madame, J'emprunte la main de mon fils, vostre très humble serviteur, comme le père et toute la famille, pour vous dire que j'ay présenté, représenté et importuné Monsieur le duc de Vendosme de vostre part de loger dedans nostre château. Il ne l'a point voulu accepter. Il m'a répondu avec touttes sortes d'honnesteté. Grasse à Dieu toutes choses se sont passées ici et mondit seigneur s'en ira bien contant de vous Madame et de vos sujets qui se sont bien aquittés de leur devoir et du serrvisse et obéissance qu'ils nous doivent. M. de Boissise121 se sent fort nostre obligé et dit estre vostre très humble serviteur. Nous l'avons esté visiter de vostre part. Monseigneur le duc de Vendosme a voulu visiter nostre château, mon fils luy a conduit comme nous prions Dieu pour vous et pour vostre maison. Il a veu, Madame, la chambre que luy avoit fait aprester, comme aussi M. de Boissise. Vostre tailleur estoit présent lequel mon fils a monstré à mon dit seigneur vostre chambre. Il a intimé ses honnestes remercimens. Nous allons demain à Rennes. Je ne menquerai à vous donner avis de tout ce que j'aprendray digne de nous escrire. Toute ceste noblesse loue et la bonne fasson et la courtoisie de nos sujets et abitans de Vitré. Madame, le père et le fils, comme toute leur famille, vous sont tellement acquis que vous ne nous trouverez jamais austres que, Madame, vos très humbles, très fidelles serviteurs. Montmartin A Vitré, en un cabaret nostre logis, le 20ème de septembre 1608 Madame, Je vous suplie très humblement me pardonner la liberté que j'ay prie de mettre nos chevaux en vostre équrie. La nécessité nous y a contraint, croyant que ne le trouverez mauvais. 8 18 septembre 1609 - Terchant à Monseigneur de La Trimouille duc et pair de France Monseigneur, Puisque je n'ay l'honneur tant désiré de de vous tesmoigner par les efects le très humble et très obéissant servisse que de tout mon pouvoir je vous ay voué et dédié je rechercheré, en atendant ce bonheur, toutes les ocasions d'estre honoré et bien heuré de vos comandemens aïant envoié le capitaine Monesq savoir de vos nouvelles et les recevoir. Vous supliant très humblement, Monseigneur, de disposer et commander à celuy qui est à Madame; vostre très vertueuse mère, à vous 121 Jean de Thuméry (1549-1622), sieur de Boissise, était le conseiller d’Etat qui assurait les fonctions de commissaire du roi cette année là aux Etats de Bretagne.. 57 et à toute vostre maison, Monseigneur, vostre très humble, très obéissant, fidelle et afectionné serviteur. Montmartin A vostre Terchant, ce XVIIIème may 1609 9 12 août 1609 - Terchant à Monseigneur de La Trimoille duc et pair de France Monseigneur, Sy mes très humbles et très fidelles servisses vous estoient aussi utilles comme j'ay de bonne volonté de les vous tesmoigner, je serois près de vous, Monseigneur, pour estre honoré vos commandemens ; lesquels me seront tous temps des loyx pour vous rendre l'obéissance que pouriez désirer et atendre, Monseigneur, vostre très humble, très obéissant, très afectionné serviteur. Montmartin A vostre Terchant, ce XVIème août 1609. 10 7 septembre 1614 - Terchant à Madame, princesse en Orange, duchesse en pairerie de La Trimoille é de Thouars à Paris Madame, Excusez vostre très humble serviteur, s'il emprunte une autre main pour respondre à la letre dont m'avez honoré, car mes yeux ne me veullent plus servir pour escrire. Madame sy tost que j'ay receu la lettre de Vostre Grandeur, je l'ay envoyé à mon fils lequel m'a aporté celle que le Roy luy avoit escrite pour se trouver aux Estats de Bretagne. La suscription est en ces propres termes : “ M. le Baron de Terchant, commandant pour mon service, soubz mon cousin le duc de La Trémoille à Vitré ”. Madame, celuy qui vous a donné l'advis qu'il prenoit la qualité de gouverneur, s'est mépris ou par ignorance ou par malice. Je croy le dernier & qu'il procèdde de vostre procureur de Vitré 122, lequel ayant renoncé la vraye relligion, pour n'en avoir point du tout, porte sur la teste la malédiction de Dieu & de son père ! Madame que Vostre Grandeur tienne pour constant & très véritable que mon fils & moy n'avons autre désyr & contentemens que de vous rendre & à Monseigneur vostre fils une très humble obéissance, fidélité, & très loyal service. A l'oeuvre vous congnoistrez les ouvriers en tout ce qui dépend de nostre pouvoir & debvoir, & en ceste immuable volonté, je demeureray à perpétuité, Madame, vostre très humble, très obéissant, très fidelle serviteur. Montmartin A vostre Terchant, 122 Gilles Chesneau, sieur de La Motte, que Charlotte-Brabantine de Nassau, venait de nommer procureur fiscal de la baronnie de Vitré. 58 ce 7ème septembre 1614. 11 18 décembre 1615 - Vitré à Madame Madame, J'ay eu advis de Paris que le clergé lève six mil hommes de pied et quelque cavalerie et les paie et entretient pour fortifier l'armée du Roy ! Ceste extraordinaire libéralité regarde l'etablissement du concile de Trante. Messieurs de La Méaulle, d'Andelot et de Potrincourt ont fait imprimer un réponse de la ville de Mery-sur-Seine123. Présentement, j'ay eu advis que deux cens hommes de pied de M. du Plessis de Juigni, gouverneur de Craon, sont logés dans vostre paroisse de Montian. J'estime que Vostre Grandeur leur en doit ecrire, car ils font estat de séjourner dans vostre comté de Laval. Madame, suivant vostre commendement, j'ay envoié pour découvrie les troupes de Normandie. M. de Pierre Pont qui a plus de trois cens hommes qui se dit à M. le d. de Vendosme est logé d'hier à ce que l'on m'a assuré à Goron124. Monsieur de St-Denis-Malloe qui a huit cens hommes est logé plus arière et prennent leur route à venir sur vos terres. Cela mérite que Vostre Grandeur leur écrive. Madame, je suis de tout mon pouvoir, vostre très humble, très obéissant, très fidelle serviteur. Montmartin A vostre maison, le XVIIIème décembre 1615 12 9 février 1618 - Vitré à Madame Madame, J'ay emprunté la main du pasteur du Pestère pour vous tesmoigner le très humble & très fidelle service que je doy à vostre grandeur. Je l'ay pryé vous faire voir la lettre que m'a escripte Madame de Sully. Sy Vostre Grandeur me commande de me rendre à Paris, tout incommodé que je suis de bras & de jambe, je m'y achemineray au plustost qu'il me sera possible, car je désire vivre & mourir, Madame, vostre très humble, très obéissant & très fidelle serviteur. Montmartin, qui ne peu signer. A vostre maison de Terchant, ce 9ème février 1618 III - PHILIPPE DU MATZ DE MONTMARTIN VICOMTE DE TERCHANT LIEUTENANT AU GOUVERNEMENT DE VITRE Philippe du Matz, vicomte de Terchant, était le fils aîné de Jean du Matz, seigneur de Montmartin et de Marie de Feschal. Le Fonds La Trémoille à la côte 1AP 679 conserve une vingtaine de ses lettres qui s'échelonnent de 1606 à 1622. 123 Mery-sur-Seine dans le département de l'Aube. 124 Gorron département de la Mayenne. 59 Lieutenant au gouvernement de Vitré La naissance de Philippe du Matz n’est pas portée sur les registres de Vitré. L’on peut toutefois présumer qu’il était né en 1575. Il débuta sa carrière militaire dans les années 1590 sous les ordres de son père. Philippe du Matz était en 1606 était âgé de 30 ans, et c’est une des raisons principales qui poussa probablement Charlotte-Brabantine de Nassau à le préférer à son père sexagénaire à la fonction de lieutenant au gouvernement de Vitré. Ses lettres du 31 mai, 3 juin et 3 septembre 1606 sont révélatrices des tensions qui existaient entre les acteurs de la vie politique Vitréenne lors de la prise de possession de la baronnie par les La Trémoille. Le mariage avec Marguerite de Beaumanoir Après une recherche qui dura trois ans Philippe du Matz épousa en 1610 Marie de Beaumanoir, la fille de Samuel de Beaumanoir, seigneur de Gazon en Pocé et de Marguerite d'Entragues. Elle était née dans la religion protestante, mais était venue au catholicisme. Ce mariage permit de ramener au troupeau de Vitré, cette brebis escapante ! Ils eurent neuf enfants de 1611 à 1626. Par le témoignage de Marie de La Tour d’Auvergne, nous savons que Marguerite de Beaumanoir avait un caractère difficile. En 1614, elle prit la directions du mouvement d’opposition qui se leva contre Gilles Chesneau, sieur de La Motte le nouveau procureur fiscal que Charlotte-Brabantine venait de nommer. Philippe du Mats se trouva ainsi face à un nouvel adversaire. Celui-ci lui reprochait et à son épouse de prétendre qu’à Vitré la ville et les habitants étaient au Roi et que les La Trémoille ôté le revenu n’y avaient plus d’intérêts ! En 1616, uns série d’événement extérieurs faillirent causer la ruine de Philippe du Matz. Dans sa lettre du 20 février 1616 au ministre de Thouars André Rivet, Duplessis-Mornay mentionne que le 15 février pendant que Charlotte-Brabantine de Nassau était à Laval : “ M. de Terchant avec ceux de Vitray sortit sur un des régimens de Monsieur de Vendôme logé à Argentray , & en tuèrent nombre, elle trouva ce mesnage fait à son retour, qui fut le mesme soir, dont elle fut fort faschée ”125. Lors de la session des Etats à Rennes le baron de Guémadeuc, gouverneur de Fougères, tua le baron de Nivet pour d’obscurs questions de préséances. Marguerite de Beaumanoir était apparenté au Guémadeuc et pressa son mari d’intervenir en sa faveur au grand mécontentement de la duchesse de La Trémoille126, d’autant que Guémadeuc quelques temps après tua le sénéchal de Châtillon-enVendelais127. Heureusement pour lui la duchesse pardonna ce faux pas. Dans sa lettre du 6 février 1618, Philippe du Matz défendit ses droits : “ Madame, je vous suplie aussi très humblement vous resouvenir que depuis neuf ou dits ans, j'ay remits plusieurs fois à vostre justice et equitté acoustumée le jugement des droits et usages de ceste maison en vos forests de Vitré, dont vos Conseils de Paris, Rennes et Vitré ont veu les tiltres sans y trouver de dificulté. Et néantmoins, Madame,vous fustes persuadée cest esté dernier au préalable que de nous faire droit de voir dans vostre trésor de Vitré et me commendaste à Paris et depuis à Vitré d'atendre l'ouverture d'iceluy qui devoit estre en peu de temps après pour savoir s'il y auroit quelque transaction d'amortisement des dits droits et usages ; à quoy, Madame, il n'y a point d'aparence d'autant que nous avons jouy de la plus part d'iceux depuis trante ans, comme j'ay bien monstré et sommes encor en pocession d'aucuns et les actes et tiltres ne nous en auroyent esté laissés. Ceste discontinaution est procédée austre les longs troubles du royaume de ce que le grand-père et le père de 125 DUPLESSIS-MORNAY (Philippe), Mémoires... contenans divers discours, instructions, lettres & depesches par luy dressées ou escrites aux Roys, Reines, Princes, Princesses, Seigneurs, & plusieurs grands personnages de la chrestienté, depuis l’an 1600 jusqu’à l’an 1623, Chez Louis Elzevier, Amsterdam, 1652, tome I, p. 915. 126 Lettre de Charlotte-Brabantine de Nassau à son fils Henri de La Trémoille de novembre 1616. Archives nationales, 1 AP 331/98. 127 Le meurtre par le baron de Guémadeuc du sénéchal de Châtillon-en-Vendelais qui causa sa perte s’inscrit dans le cadre des frictions entre les catholiques et les huguenots. En effet par deux fois, il avait fait déterrer la dépouille de la mère du sénéchal et l’avait fait jeter dans un étang pour la priver “ de la sépulture due aux chrétiens ”. 60 ma femme, la très humble sujette et servante de Vostre Grandeur, estans de la Religion estoyent tousjours absens et sont mors avec Messieurs d'Andelot et de Châtillon et de la minorité séans depuis plus de cinquante ans ”. La saisie de vitré par le Roi Une des premières mesures que prit le duc de Vendôme après avoir saisi Vitré le 28 mai 1621, sur l’ordre de Louis XIII, fut de destituer de ses fonctions de capitaine de la garnison Jean Nouail, le vieil adversaire politique des du Matz de Montmartin. Il renforça le pouvoir de Philippe du Matz en ordonnant que lorsqu’il était présent à Vitré les capitaines de la ville prennent “ le mot de luy ”128. Philippe du Matz se montra très discret pendant cette période. Dans la dernière lettre que nous avons de lui à Charlotte-Brabantine de Nassau, du 15 mars 1622, il proteste de son affection et de sa fidélité : “ Vostre grandeur a le pouvoir de me commender et moy une afection très entière jointe au devoir de luy obéir comme tousjours ”. Les dernières années Henri de La Trémoille lors qu’il rentra en 1623 en possession de Vitré laissa à Philippe du Matz sa charge de lieutenant au gouverneur. Marguerite de Beaumanoir était toujours aussi peu amène. Marie de La Tour d’Auvergne écrivait le 26 août 1623 à Charlotte-Brabantine de Nassau : “ C’est une femme bien malaysée à contenter, cependant son mary fait ce qui peut pour en faire les excuses ”129. Le 14 novembre 1625, Jean Grimaudet écrivait à leur propos à Marie de La Tour d’Auvergne : “ Monsieur & Madame de Terchant me tesmoignent un grand ressentiement de l’honneur qu’ils ont receu de Vostre Grandeur a des asurances que leur avés données de vostre affection. Je parleray audict sieur de Terchant de la réformation que désiriés faire des abus qui se commettent en la maison de ville, à quoy il m’assura qu’il contribueroit tout son soing & affection pour vous tesmoigner en cela le service qu’il vous désire rendre en toutes occasions ”130. Signe du crédit dont bénéficiait Philippe du Matz auprès de Marie de La Tour d’Auvergne c’est lui qu’elle choisit le 24 juillet 1628 pour présenter sa fille, Elisabeth, au baptême au nom du duc de Bouillon131. Philippe du Matz de Montmartin est décédé le 23 avril 1639 en son château de Terchant et fut inhumé deux jours plus tard dans le cimetière de ceux de la religion de Vitré 132. Marguerite de Beaumanoir lui survivera douze ans, elle décédera le 13 novembre 1647. 1 2 avril 1606 - Entre Vertus et Châlon133 à Madame la duchesse de Thouars Madame, J'ay de l'impatience de mender à Vostre Excellance que Monseigneur le duc de Bouillon 134 s'est acomodé avec le Roy. Je croy que ce soit au contentement de mond dit seigneur ! Et Dieu le veille puisque ça esté si tost fait ! Monsieur de Rosny135 vient de recevoir ceste nouvelle du Roy par un courier qui raporte que le Roy entrera mardy prochain dans Sedan, receuvra serment de fidélité des 128 Abbé PARIS-JALLOBERT, Journal historique de Vitré, p. 79. 129 Archives nationales, 1AP 430/44. 130 Archives nationales, 1 AP 657. 131 Abbé PARIS-JALLOBERT, Journal historique de Vitré, p; 97. 132 Ibid., p 113. 133 Vertus et Châlon-sur-Marne dans le département de la Marne. 134 Henri de La Tour d'Auvergne, duc de Bouillon, s'était compromis dans la conspiration du comte d'Auvergne et des d'Entraigues et dut remettre sa principauté de Sedan à Henri IV. Celui-ci bon prince la lui rendit en 1608. 135 Maximilien de Béthune, baron puis marquis de Rosny (1601), baron (1602) puis duc et paire de Sully (1606). 61 habitans et y met un gouverneur et cinquante hommes. Je n'ay peu entendre que cela. Je le mende à Vostre Excellance du milieu du chemin d'entre la ville de Vertus d'où nous sommes partis ce matin et de Challons où Monsieur de Rosny va coucher (?). Je ne doute point que ceste nouvelle et les particularités d'icelle ne vous ayent desja esté escrites, mais j'ay creu devoir néantmoins vous avertir de ceste bonne nouvelle de laquelle toute ceste troupe a tesmoigné une grande joy, moy spécialement, Madame, pour le respect de l'Eglise de Dieu, pour l'afection que j'ay à vostre contentement et à vostre servisse et pour celuy que je doy aussi et ay voué à Monseigneur de Bouillon. Pardonnés, Madame, à la hardiesse que je prens de vous escrire oustre que Vostre Excellance me la comende. J'espère ceste remission de vostre bonté desjà tant esprouvée à mon aventage en faveur de mes inviolables fidélités et parfaites obéissances à l'honneur de vos comendemens et aux très humbles servisses que je vous doy et vous rendray toute ma vie par devoir de sujetsion et pour tant de bienfaits dont je suis desjà estroitement obligé à estre toute ma vie et à Messeigneurs vos fils, sans réserve, Madame, vostre très fidelle, très obéissant et très obligé subjet et serviteur. Terchant. Le dimanche à midy 2e d'avril 1606, entre Vertus et Challons dans un petit village. Madame, Pardonnés, s'il vous plaist à la haste que j'ay de vous mender ces premières nouvelles, l'ancre et le papier, ny le discours de celle-ci ne sont pas selon le respect que je vous doy. Je vous escriray encor ce que j'apprendray ci-après puisque vous me l'avés commendé. Monseigneur de Rosny prent la poste, dès aujourd'huy à Chalons, pour aller trouver le Roy. Luy et Madame sa femme136 ont monstré beaucoup de joye de ceste nouvelle et ci-devant qu'ils la désiroyent fort. Je suplye très humblement Vostre Excellance de n'alléguer point l'audteur de celle-ci et luy faire l'honneur de le croire du tout dédié et engagé à vostre servisse. 2 20 mai 1606 - Terchant137 à Madame la duchesse de Thouars Madame, Peu après ceste arivé en ceste vostre maison, j'ay, suivant vostre commendement, mendé et depuis dit de vive voix à M. de La Branchoire, le ministre qui sert par emprunt l'Eglise de Dieu en nostre ville de Laval138 et aux antiens de laditte Eglise, l'afection que vous aviés et le soin qu'il vous avoit pleu prendre, pour recouvrer un pasteur à ce petit troupeau de vos fidelles et très obligés subjets. Ceste bonté leur ogmente et à nous tous qui sommes de ceste assemblée, le zelle de nos prières ordinaires pour l'entier bonheur et contentement de vostre Excellence et la grandeur des Messeigneurs vos fils. Nous tous les jours de plus en plus obligés comme tous vos autres subjets de vos contrées, à louer Dieu de la grâce qu'il luy a pleu nous faire de nous réduire sous vostre juste et débonnaire domination et seigneurie. Nostre gain excède nostre perte. Dieu nous a perdus, il nous a osté beaucoup afin que nous ne fussions pas perdus, afin de nous donner daventage spécialement à nous tous qui avons l'honneur d'estre de l'Eglise de Dieu en vos seigneuries de deçà. Madame, le jour mesme que j'avois escrit audit ministre et antiens par vostre comendemens et priés que nous nous asemblassions pour aviser ce que nous pouvions faire de nostre poste pour ce sujet deux desdits antiens arivèrent séans pour prendre avis avec mon père de l'efect du contenu en la 136 Rachel de Cochefilet, seconde épouse de Sully. 137 Cette lettre de M. de Terchant a été déja publiée par André JOUBERT, “ Histoire de l'Eglise réformée de Laval au XVIIe siècle d'après des documents inédits (1600-1686) ”, Bulletin de la Commission historique et archéologique de la Mayenne, 2e série, tome I, 1888-1889, p. 43-47. 138 Etienne Besnard, sieur de la Branchouère, fut ministre de Laval de 1599 à 1606. 62 lettre que M. de La Branchoire leur avoit escritte ; laquelle j'envoye par leur prière à Vostre Excellance afin qu'elle y voye s'il luy plaist le récit du mérite et capacité du pasteur qu'il vous plaist nous faire avoir et que nous pourchassons et la conformité de leur dessain au vostre, sans savoir vostre intention en cela, ny avoir encor eu celles que je leur en avois escrites. il fut avisé que desdits antiens et moy irions trouver M. de Juni139, puisné de M. de La Brosinière140, lequel Monsieur le duc de Bouillon avoit presté pour six mois à l'Eglise de Von141, qui sont expirés, vers laquelle il retournoit le lendemain que nous fusmes vers luy. Il estoit venu au synode à Paris et de là un peu visiter son frère aisné, nous le disposames à délayer son partement et à obéir aux comendemens de Vostre Excellance pour servir la ditte Eglise de Laval, pourveu qu'avec les formes requises à un honneste dégagement et avec le gré de mondit seigneur auquel luy et les siens sont atenus particulièrement il puisse avoir congé de l'Eglise de Von de venir servir Vostre Excellance et instruire ses parens dont l'Eglise de vos sujets de Laval et de La Gravelle est principalement composée. Il se reconnoist très obligé à l'honneur de vos bonnes volontés. Il ne désire pas que son Eglise s'aperçoive qu'il consente de les quiter d'autant qu'il leur est fort obligé. Madame, nous avisâmes avec M. de La Branchoire d'envoyer un de vos antiens avec nostre dit prétendu pasteur à Paris, mesme jusques à Von avec des lettres de l'Eglise de Laval adressantes tant à Vostre Grandeur pour la remercier de sa bonté en nostre endroit et pour la soliciter et suplier très humblement de continuer et s'employer encor pour nous vers Monseigneur le duc de Bouillon duquel despent principalement le congé dudit ministre qu'aussi pour convier la ditte Eglise de Von de le nous quiter volontairement en vostre faveur Madame et pour nostre nécessité plus grande que la leur. Le synode d'Anjou lequel par bonheur tient dans peu de jours leur en escrira aussi ledit ministre acompagné de l'antien partira à huit jours d'icy et aura l'honneur de vous voir s'il vous plaist à Paris. Il plaira à Vostre Excellence l'obliger par ses comendemens et courtoisies de ne refuser de venir la servire en l'Eglise de vostre conté de Laval. Pardonnés, Madame, aux importunités de vos fidelles et obligés subjets et à celle de ce long naré s'il vous plaist je vous en suplie très humblement sans croire toutesfois que l'extrême zelle que vous avés tousjours monstré au service de Dieu et au maintien de son Eglise donne ce nom à nos très humbles requestes pour ce seul sujet meintenant. Je change de propos pour protester de nouveau à Vostre Excellance de la femeté et constance de mes afections à luy obéir et très fidellement servir tous mes jours en tout ce qui me sera possible et Messeigneurs vos enfans selon l'honneur de vos comendemens et les deux es occasions très désirés que mon bonheur m'en présentera. §Sur ceste vérité je prie Dieu avec zelle et espérance d'estre exaucé qu'il commende à sa sainte bénédiction d'estre tousjours avec nous et qu'il luy plaise nous bénir de parfaite santé et Messeigneurs vos enfans de parfaite santé, longue et heureuse vie de toute et bresve prospérité et issue en vos afaires et continuelle acroissement à vos grandeurs et vous rende si heureux que bientost nous ayons l'honneur de vous voir en ces contrées avec tranquille pocession de ce qui est mieux à vous qu'il ne vous est justement disputé et afin que je ne m'oublie, me fasse la grâce de tesmoigner à Vostre Excellance par servisses dignes de mon devoir et des très grandes obligations que je vous ay, combien véritablement je suis en mon âme, Madame, vostre très fidelle, très obligé et obéisant sujet et serviteur. Terchant. ème A Terchant, ce 20 jour de may 1606. 3 31 mai 1606 - Vitré à Madame la duchesse de Thouars Madame, 139 Isaac de Juigné, sieur de Falaise, devint par la suite ministre de Vassy en Champagne. 140 Jean de Juigné, sieur de La Broissinière et de Mollière à Chemazé près de Château-Gontier. 141 Voncq, commune des Ardennes. 63 Il y a deux jours que je me suis venu faire recepvoir en la charge dont il vous a pleu m'honorer. Croyant que Vostre Excellance trouverroit point mauvais, j'ay suplié mon père de m'y asister de sa prudence et bons avis ; laquelle y fut très nécessaire pour déclarer à Messieurs vos habitans et subjects la légitime succession de Monsieur vostre fils et la grandeur de vostre maison et de la sienne et nostre bonheur et très grand honneur d'estre seigneur ici et gouverner par Vostre Excellance. Aussi pour rembarer la folie de vostre petit procureur fiscal qui se dit tousjours procureur de la seigneurie. Il fut bien mal mené au grand contentement de tous vos subjets sur ce qu'il refuse de vous recognoistre pour notre unique Dame et Monsieur vostre fils pour nostre seul seigneur. J'en escris le discours tout au long à Monsieur Chauveau et de tout ce qui se passa en ceste journée là en faveur de vos commendemens et des lettres dont il vous avoit pleu m'honorer. Je fus receu en la charge que vous avés en agréable que j'eusse ici où je me comporteray en telle sorte, Dieu aydant que Vostre Excellance n'aura point de subjet de se repentir de l'honneur qu'elle m'a fait, ny vos sujets de se douloir de moy. Madame, c'est vous qui m'avés fait icy tel que j'y suis, car je recognois que sans vostre consentement et élection, je n'y serois pas. Il sera tousjours aussi en vous, Madame, d'en disposer au contraire, mes obéissances seront tousjours très promptes à vos comendemens. Je vous suplie très humblement, Madame, que vous ajoustiés foy à ses véritables asseurences de ma dévotion et fidèlité à vostre servisse et à celuy de Messeigneurs vos fils. Je suplie encor très humblement Vostre Excellance qu'elle garde tousjours une oreille aux justifications de ce qu'on luy pourroit dire ou nous mender de mes actions contrariantes à ces véritables et de mes protestations comme les efects de la très humble servitude. Madame, nous atendons Monsieur de Béthune142 dans vostre ville dans deux jours, nous luy rendrons tout l'honneur qui sera deu à ses calités suyvant la volonté du Roy et ce que vous m'en avés demendé et luy ferons cognoistre que c'est particulièrement nostre intention. Il ne passera rien, Dieu aydant, au préjudice de vostre servisse et de la grandeur de vostre maison ; laquelle je prie Dieu accroistre de jour en jour et nous donner à Vostre Excellance toute santé et prospérité en vos afaires et à moy la grâce de vous servi et Mes seigneurs si fidellement que vous et eux me croyés tousjours, Madame, vostre très obéissant, très fidelle et très obligé subjet et serviteur. Terchant. A vostre ville de Vitré le dernier de may 1606. 4 3 juin 1606 - Vitré à Madame la duchesse de Thouars Madame, Vostre Excellance m'ayant honoré de la très digne calité et non méritée par moy de lieutenant de Monsieur vostre fils en vostre ville et château de Vitré, j'y suis venu depuis peu de jours pour faire entendre à Messieurs vos nobles habitans de ceste ville et à M. du Jaunay vostre intention et estre reconnue pour tel qu'il a pleu à Vostre Excellance me créer. Toutes les lettres qu'il vous a pleu Madame me faire avoir du Roy et les vostres pour ce subjet ayant esté levés à vostre greffe et en vostre maison de ville. Il n'y a eu aucune contrariété aux mendemens que vostre bonté leur a daigné faire en faveur de mes fidelles et perpétuelles dévotions à vostre servisse et à celuy que Messeigneurs vos enfans. J'ay esté recognu en la ville et au château et mes lettres enregistrées au désir d'icelle, fort Madame de celuy qui occupe la place de vostre procureur fiscal143 qui se monstra encor tant du resort de St-Mathurin qu'il s'oposa à vostre intention alléguant qu'il estoit à trois maistres, ignorent encor ce qui est cler, comme le jour que vous ne soyés nostre unique Dame et Monseigneur vostre fils nostre seul seigneur. Un seul ne l'escouta, tous le rabrouèrent sur ce subjet. Le procureur de vos nobles 142 Philippe de Béthune, frère de Sully, gouverneur de Rennes. 143 Germain Le Lymonnier, sieur de La Marche. 64 habitans144 l'arresta bien court au nom de toute la communauté. Mon père aussi, Madame, vostre très humble serviteur, le rabroua un peu en acusant la légéreté de sa cervelle et déduist en ceste noble compagnie la ligne de la légitime succession de Monseigneur vostre fils et la grandeur de vostre maison et celle de mon dit seigneur ! Mon père asista à ceste mesme reception par la prière que M. du Jaunay145 et des principaux de ceste ville luy firent sur ce subjet, luy ayant fait le bien de l'aller voir à Terchant et par ma très humble suplication, croyant que Vostre Excellance ne le trouveroit point mauvais comme plus entendu que moy en telles cérémonies et en toute autre chose. Il n'entra au château que par l'estroite prière de M. du Jaunay pour y aller menger ses confitures. J'ay rebaillé, Madame, à la porte de vostre dit château les clefs diceluy à M. de Jaunay qui me les présenta devant tous les principaux de la ville, qui estoyent présans pour les garder, comme estant ordonné par Vostre Excellance, lieutenant de celuy qu'il vous a pleu comettre pour y avoir autorité en l'absence de Monseigneur vostre fils. Ceste mienne action confirma aux asistans ce qui est de vostre intention pour le dit sieur lequel vostre prudence a très bien seu choisir et pour sa longue expériance au fait des armes et pour sa probité et discrétion en toutes ses actions. Nous vivons, Madame, et vivrons Dieu aydant tousjours de telle sorte que vous aurés subjet de vous contenter de nous deux vos très fidelles et zellés serviteurs. J'estime, Madame, qu'il seroit afligé que vous en commissiés un autre en ma place et moy Madame je proteste avec vérité à vostre Excellance que je m'estime très heureux d'avoir à vous rendre très fidelle servisse et à Monseigneur vostre fils avec luy en la calité dont vous m'avés honoré et de ce que vous luy avés donné la charge qu'il a. Néantmoins, Madame, ayant présenté en vostre maison de ville après les lettres que Vostre Grandeur escrivoit en ma faveur la commission qu'il vous a pleu luy donner, Messieurs vos habitans ne luy firent autre response que celle qui paroist en l'acte qu'il envoye à Vostre Excellance pour ce que vous ne leur faisiés pas l'honneur de leur escrire vostre intention ; laquelle Madame en cela et en toute autre chose icy et ailleurs j'observeray tousjours très soigneusement comme je le doy et y suis très obligé, mon père moy protestâmes cela plusieurs fois en la ditte noble assemblée sur le subjet dudit Sr. du Jaunay ce qu'il vous plaira me commender pour cela je le leur feray entendre et l'efecturay fidellement comme celuy qui est du tout à Vostre Excellance. Madame, le jour mesme nous atendons Monsieur de Béthune. Il couchera en ceste ville, selon les commendemens du Roy et les vostres. Nous luy rendrons tout l'honneur que nous luy devons et pourrons. Il a couché ceste nuit passée à Terchant. Pardonnés s'il vous plaist, Madame, à l'importunité de ma longue lettre. Je n'ay peu vous réciter ce que dessus plus succintement. Je prie Dieu qu'après nous avoir donné toute prospérité en vos afaires et santé parfaite il nous fasse la grâce et bientost d'estre honorés en ces contrées de vostre très désirée présence et d'estre en la douce peinne de vous y rendre toutes sortes d'honneurs qui sera tousjours peu au respect de ce que nous vous devons, moy spécialement que vous avés obligé d'estre à jamais oustre le devoir de la subjession, Madame, vostre très fidelle et très obéissant subject et très obligé serviteur. Terchant. En vostre ville de Vitré, ce 3ème de juin 1606. 5 3 septembre 1606 - Paris146 à Madame de La Trimoulle duchesse de Thouars, comtesse de Laval Madame, 144 Jean Nouail, sieur du Val, procureur-syndic en 1605, 1606 et 1607. 145 Jean Nouail, sieur du Jaunay, un huguenot de Vitré. Il mourut le 22 janvier 1628 à Vitré. 146 Cette lettre de M. de Terchant a été déja publiée par André JOUBERT, “ Histoire de l'Eglise réformée de Laval au XVIIe siècle d'après des documents inédits (1600-1686) ”, Bulletin de la Commission historique et archéologique de la Mayenne, 2e série, tome I, 1888-1889, p. 49-50. 65 Après avoir esté rendre à Monseigneur vostre fils l'hommage de ma très humble servitude et protesté de mes obéissances comme très fidelle et obligé sujet de serviteur de Vostre Excellance et de Sa Grandeur, je suis venu en ce lieu recevoir vos comendemens et vous dire Madame, si j'euse eu l'honneur de vous y trouver, l'estat et bonne santé de mondit seigneur et l'extrême contentement qu'ont eu vos obéissans sujets de nos contrées par le véritable récit que je leur ay fait de son heureuse naissance de l'afection et grand comencement qu'il a de toutes sortes de vertus et le soin de vostre grandeur à le faire nourir et ellever de plus en plus en icelles tenant pour cest efet près de mondit seigneur des personnes de méritte et très dignes de leurs charges. Ses grâces que Dieu luy départ sous la conduite de vostre prudence nous obligent à luy en rendre perpétuelles louanges et accroissent nos dévotions à vostre servisse et à celuy de mon dit seigneur et vostre joye d'estre par la grâce de Dieu tombés en si bonnes mains et sous si digne domination à mou plus particulièrement Madame car oustre ses raisons susdittes mon devoir naturel et vos bienfaits, Monseigneur, vostre fils m'a esté si libéral de ses faveurs non méritées suyvies d'infinies courtoisies de la part des siens spécialement de M. du Plessis-Bellay, son vertueux gouverneur, en ce que j'ay eu l'honneur d'estre auprès de mon dit seigneur que cela seul est sufisant de m'obliger à son servisse. Je prie Dieu, Madame, tous les jours de toute mon afection qu'il me fase la grâce de vous tesmoigner et à Monseigneur vostre fils la sincérité et fidélité de mes intentions à l'efect de tous les comendemens de Vostre Excellance et vous pouvoir rendre d'aussi dignes servisses que j'en ay d'inviolable désir et m'y sens estroitement obligé. Je n'y espargneray ni ma vie ni tout ce qui relevra de moy. Je vous suplie très humblement Madame d'en estre fermement asseurée. Madame, en atendant vostre retour et voyage en Bretaigne, que je prie Dieu estre heureusement et bientost, vostre très obéissant soldat de Vitré s'en va visiter celle de vos sujettes, à laquelle il a voué ses légitimes et fidelles afections pour essayer encor à la persuader sous le bon plaisir de sa mère de revenir en lieu où elle puisse avec moy vous rendre le très humble servise qu'elle vous doit en quoy, Madame, il vous a aussi pleu me départir de vos faveurs et m'obliger qui m'y a causé beaucoup de faveur. C'este alliance si j'y parviens me croistra d'honneur et de moyens non d'afection pour vous rendre et à Monseigneur très humble servisse. Madame, tout estoit en bon estat en vos terres de Laval et Vitré quant je suis partide ces cartiers la comme encor mimtenant à ce que j'ay seu depuis peu fors qu'il y a quelques paroisses de vostre conté de Laval afliggées de la peste. Dieu veille retirer ceste marque mieux que méritée de son couroux contre nos péchés en France. Madame, les antiens de l'Eglise de vostre ville de Laval et mon père se sont assemblés sur ce qu'il vous a pleu leur mender que par vostre faveur nous aurions un pasteur. Ils sont convenus de l'entretien d'iceluy a peu près et de tout ce qui a esté nécessaire d'aviser pour la ditte Eglise. En cela aussi nous somes en la ditte Eglise très obligés à Vostre Excellance. Nous luy en rendons perpétuelles grâces par nos continuelles prières à Dieu en général et en particulier pour vostre prospérité et grandeur et de Messeigneurs et Mademoiselle vos enfans. Madame, mon père et ma mère m'ont commendé vous suplier très humblement de leur part de les croire tousjours du tout dédiés à vostre servisse età toute obéissance à vos commendemens, si mondit seigneur et père eust eu asés de santé, il n'eust pasmanqué d'aller faire la mesme et deue protestationà Monseigneur vostre fils. Pour moy, Madame, je vous suplie très humblement et au nom de Dieu que vous me fassiés l'honneur de n'entrer point en doubte de mon obéissance à vos commendemens et de ma fidélité à vostre servisse ny que h'aye quelqu'autre but, ny prétention pour mon particulierque le seul état de vos volontés. Je me tromprois moy mesme et je suis asseuré que vos commendemens seront tousjours la droiture mesme jusques à ce que Vostre Grandeure apercoyve au vray le contraire de mon dire. Je m'y seray infiniment obligé si quoy qu'on essayast à l'en divertire, elle me croit véritable en mes devoirs et protestations qui tendent à me faire reconnoistre, Madame, pour vostre très obéissant, très fidelle et obligé sujet et serviteur. Terchant ème A Paris le 3 septembre 1606. 6 66 8 février 1609 - Terchant147 à Madame la duchesse de La Trimoulle Madame, Le respect que je doy à vos commendemens, l'interest que nous avons tous à vostre considération, me donne sujet de vous protester continuellement de mon obéissance et d'envoyer expressément aprendre d'estat de vostre santé. Si par ma présence et mes très humbles servisses, je pouvois m'aquiter de tant de devoirs que de bontés spécialles et Vostre Grandeur se sont acquis sur moy [...] moy mesme l'honneur de m'instruire de ce que je défère à ce simple porteur. Lorsque je seray honoré de vos commendemens, je les observeray aussi songneusement que j'y suis estroitement obligé. Mais pour ceste fois, Madame, sous l'honneur de vostre bienveillance et bonté, mes lèvres prendront seulement la hardiesse de vous bayer l'aveu de mes hommages et respect et vous dire que depuis l'absence de Vostre Grandeur, il ne s'est passé en ce païs aucune chose qui porte marque de l'honneur et du contentement que nous recevons d'y vivre sous vostre autorité et puissance tout est an mesme estat de repos et tanquilité ou vostre prudence et et vertueux jugement les a establis. Tous et nous surtout désireux du jour de vostre heureux retour et pour ce, Madame, que le soin que vous avés au bien du public et le zelle à la gloire de Dieu qui sont en exemple toute manifeste. J'ay pensé que vous ne trouveriés point mauvais que je vous avertisse que nous perdons M. Conseil, pasteur de vos assemblées de Vitré et de La Gravelle et que je vous en mende nos regrets. L'Eglise de Lassay nous fait ceste bravade de le nous débaucher et l'atirer uniquement à soy148, si vostre autorité n'y trouve expédient pour l'honneur et le bien des dittes assemblées et de vostre maison de séans la dignité du personnage et l'indignité de leur déportation enflamme nos très humbles suplications pour [...] comme en toutes austres ocurences l'acte de vos seules volontés et ordonnances. C'est où nous prenons tous nostre mire et moy particulièrement qui me suis consacré à l'honneur de vostre très humble servise pour y estre attaché des chesnes de toutes sortes de devoirs et obligations, priant Dieu, Madame qu'en l'abondence de ses saintes bénédictions vous trouviés sujet de vous contenter de ce fait et m'honorer du tiltre perpétuel de vostre très humble, très obéissant et fidelle serviteur. Terchant ème A Terchant ce 8 febvrier 1609. 7 8 febvrier 1609 - Terchant à Monseigneur le duc de La Trimoulle Monseigneur, Si la solitude qui est deub [...]149 de vos chères estudes, ne nous [...] d'aller grossir vostre train et vostre suite, je prendroy la hardiesse avec beaucoup des nostres de vous aller offrir de mes très humbles servisses ; ce que j'ose vous présenter seulement de mes obéissances en ces peu de mots, attendant que vostre aage se mesure à vostre vertu. Nous attendons l'honneur de vos commendemens pour estre employés sous vostre conduite à la pratique et aux esploits que vos belles lectures vous déchiffrent et que les grandes qualités que vous allés repassant parmy l'histoire de vos ancestres vous ont tracés ci-devant. Mais nous ne voulons pas Monseigneur avoir tant mémoire de ce qui est passé, que de l'attente que nous avons que vous nous en déploirés beaucoup daventage à l'avenir. Continués donc à nourrir nos espérances par les promesses que nous recevons de vos vertus naissantes et que l'inclination que vous faites paroistre au bien et au méritte, entretiennent toujours l'ardeur et le zèle que nous avons à l'honneur de vos commendemens 147 Cette lettre de M. de Terchant a été déja publiée par André JOUBERT, “ Histoire de l'Eglise réformée de Laval au XVIIe siècle d'après des documents inédits (1600-1686) ”, Bulletin de la Commission historique et archéologique de la Mayenne, 2e série, tome I, 1888-1889, p. 161-162. 148 René Conseil après avoir été ministre à Vitré et à La Gravelle devint le ministre des Madaillan en leur château de Lassay. 149 Plusieurs passages de cette lettre sont rendus illisibles par des tâches d’humidité. 67 car la [...] commende plus absolument que tout [...] vivans pour mourir à la reconnoissance de [nos] très humbles devoirs. Je n'auray jamais plus grande ambition que me signaler, Monseigneur, vostre très humble, très fidelle et obéissant serviteur. Terchant A Terchant ce 8ème de febvrier 1609. 8 25 mai 1609 - Terchant à Monseigneur de La Trimoulle, duc et pair de France Monseigneur, La fidélité et afection que je doy et auray toute ma vie à vostre servisse me rend de plus en plus désireux de l'honneur de vos comendemens pour cest efect mon père et moy envoyons vers Vostre Grandeur avec ceste nouvelle asseurance de ma part que nous n'en favorisèrés ny obligerés jamais personne plus pront à les efectuer que je seray tousjours atendant, Monseigneur que par les occasions sufisantes de m'aquérir ce bonheur je puisse vous tesmoigner la vérité de ses voeux et conbien ils sont estroitement joins à mes devoirs. Je continue mes prières à Dieu pour vostre santé et prospérité en toutes choses, mais spécialement qu'il vous remplisse et acroisse de plus en plus de zelle à son servisse et en toutes autres vertus lesquelles désirables de tous rendent d'autant plus estimés portent et élèvent plustost à l'heureise gmoire et plus digne d'estre recherchée ceux qui les joinnent comme vous commencés très bien Monseigneur aux qualités qui leur sont acquises de naissance et laissées par de vertueux prédécesseurs comme à vous. Monseigneur, je souhaitte aussi que bientost nous possédions l'honneur de vostre présence en ces contrées, selon l'espoir et désir de tous, de moy spécialement qui estant plus obligé au très humble servisse de vostre grandeur, suis aussi infiniment, Monseigneur, vostre très fidelle et très obéissant serviteur et vassal. Terchant. ème A vostre maison de Terchant le 25 may 1609. 9 8 septembre 1609 - Terchant à Monsieur Dumonceau Monsieur, Je chéris trop vostre cognoissance et le bonheur de vostre amitié pour laisser aller ce porteur sans vous protester [...] constance de mes afections à vous [honorer et] servir en tout ce que Dieu m'en don[nera] moyen. Je vous suplie me continuer tousjours en vos bonnes grasses et disposer de moy en ce que me jugerés digne. Si vous le trouvés point mauvais, je requiers encor vostre faveur et asistance en faveur du père et de la famille grande et pauvre de ce porteur qui so[...] craignant Dieu et fidelles et antiens [...] serviteur de Messeigneurss de La Trimoulle [...] seray plus obligé de bons ofices que leur [...] que ce n'estoit pour moy mesme. Pardonnés à tant d'importunités que je vous ay faittes pour ce sujet et pour me la faire et disposer encor plus librement de mon servisse. Permettés-moy d'asseurer en ce lieu Monsieur de La Joyère et Le Maistre de mon servisse et pour la [...] et tous les officiers et serviteurs de Madame, de Messeigneurs grands et petits en vérité [...] infiniment ennuyé depuis le départ de Leurs Grandeurs de ce païs, il me semble à toute heure que je doy aller à la Court. Dieu les veille bien ramenter en ce païs libre de faires et sans tant d'importunités de choses semblables. Je seray jamais d'effect et de volonté que leur fidelle et très obéissant serviteur. C’est ma résolution, mon devoir et mon inclination. Aymés-moy, Monsieur, je vous en conjure derechef et me croyés aussi tousjours estre bien afectionné à vous faire servisse. 68 Terchant Ce 8 ème septembre 1609. 10 28 janvier 1610 (?) - Terchant à Madame la duchesse de La Trimoulle Madame, C'est à mon grand regret que tous vos subjets et serviteurs de ce païs sont privés pour ce coup de l'honneur et contentement qu'ils se promettoyent en vostre venue par deçà. J'estois bien délibéré, comme l'un des plus afectionnés à Vostre Grandeur, de vous rendre toutes les preuves de mon humilité et obéissance qui eussent esté en mon petit pouvoir, mais puisque la nécessité de vos afaires apellent ailleurs vostre soing [et] prudence. Il est très raisonnable Madame [que] nous préférons vostre utilité à nos désirs [et] atendrons en patience le temps que Dieu [aura] ordonné pour nostre entière félicité ; lequel estant remis par vostre sage prévoyance jusqu'au printemps, me donnera loysir, comme je croy Madame, d'aller épouser celle qu'il y a y trois ans entiers que je recherche et ramener à vostre troupeau de Vitré150. C'este brebis qui a esté si longtemps escapante (?) du vray Dieu, ay d'être de retour avec elle [...]. Vostre Excellance fait estat de venir par deçà. Je ne partiray pourtant pas sans aller recevoir vos commendemens quelque part que vous soyés, car j'aymerois mieux faillir à moy mesme que de menquer à aucun des dévoirs qui m'attachent à vostre très humble servisse. Que si j'ay eu l'heur jusques icy Madame de vous rendre des comportemens agréables, je suis bien résolu de les confirmer encor à l'avenir si étroitement à toutes vos volontés que n'ayant autre guide en iceulx que l'honneur de vos comendemens ny autre but que celuy de vos contentemens vous receviés de mon humble fidélité toute les submissions qui se peuvent atendre, Madame, du plus que très humble, très obéissant, sujet et serviteur de Vostre Grandeur et de Monseigneur vostre fils. Terchant Vous honorés trop ma mère de vous souvenir tousjours d'elle. Elle est et sera, toute sa vie, vostre fidelle servante. Terchant, ce 28ème de l'an 1610 (?). 11 21 novembre 1612 - Vitré à Monseigneur le duc de La Trimoille Monseigneur, Je ne vous ennuyray point du récit de ce qui peut estre par deçà digne de vous estre mendé puisque le Sr. de La Meriais, l'un des plus digne et meileurs habitans de vostre ville de Vitré, va trouver Madame et Vostre Grandeur. Je continueray seulement, Monseigneur par ceste commodité mes très humbles suplications qu'il vous plaise me croire tousjours non moins fidelle qu'obligé à voste servisse et à l'obéissance de vos commendemens et que lorsqu'il plaira à Vostre Grandeur m'en honorer et obliger, je les observeray si songneusement toute ma vie que vous aurés sujet de me croire comme véritablement je suis et seray tousjours, Monseigneur, vostre très humble, très fidelle, très obéissant et obligé sujet et serviteur. Terchant A Vitré ce 21ème de novembre 1612. 150 Ce passage nous permet de dater cette lettre. Philippe du Matz de Montmartin avait le 27 octobre 1607 passé un contrat de mariage avec Marguerite de Beaumanoir, fille de Samuel de Beaumanoir, seigneur de Gazon en Pocé, mais ce n'est que lorsque sa situation fut assurée qu'il put convoler en justes noces. C'est la raison pour laquelle Elisabeth, l'aînée de leurs enfants, future baronne de Marcé, est née seulement le 4 avril 1611. Ce passage fait aussi présumer que Marguerite de Beaumanoir s'était convertie au catholicisme. 69 12 22 novembre 1612 - Vitré à Madame la duchesse de La Trimoulle Madame, Ayant seu vostre arivée à Thouars, j'eusse envoyé selon mon devoir pour estre honoré de vos commendemens sans que le Sr. de La Merzay m'a averti qu'il alloit trouver Vostre Grandeur. Je remettray s'il vous plaist, Madame, à sa sufisance le récit de toutes les particularités tant de ceste province que de vostre ville de Vitré, dignes de vostre cognoissance pour ennuyer d'autant moins Vostre Grandeur par cest escrit. Laquelle je suplie derechef très humblement s'aseurer quen la charge dont je suis honoré en ce lieu sous vostre autorité et celle de Monseigneur vostre fils. Je ne laisseray jamais rien passer contre l'honneur et respect deu à Vos Grandeurs et que je ne désire rien tant au monde que vous tesmoigner, Madame, la fidellité et le très humble servisse que je vous doyet ay ferme intention de vous rendre toute ma vie; Vostre grandeur ajoustra infiniment aux obligations que je luy ay desja d'en prendre certaine croyance et ainsi le tenir tousjours pour, Madame, vostre très fidelle, très obéissant et très humble obligésujet etserviteur. Terchant A Vitré ce 22 de novembre 1612. 13 29 mars 1614 - Vitré à Madame Madame, J'ay receu ce matin peu devant le départ de ce messager la lettre dont Vostre Grandeur m'a honoré par luy et les extraits du traité de Monsieur de Thou ensemble celle qu'il vous a pleu escrire aux habitans de ceste ville. Je vous rens très humbles grasses, Madame, de l'honneur que vous m'avés fait en cela. Je loue Dieu de l'aparence qu'il y a que tout sera bientost acommodé au contentement de Leurs Majestés et repos de l'estat et aussi de ce que nous serons bientost honorés de vostre présance par de ça. Je bailleray aux habitans de cette ville la lettre dont Vostre Grandeur les honore et leur diray de bouche, ce que vous me commendés par la vostre. Madame, je vous suplie derechef très humblement croire que j'auray tousjours en telle recommendation l'obéissance à vos commendemens et le bien de vos servisse en ce lieu et me rendray si sujet au devoir de la charge dont j'y suis honoré sous vostre autorité et de Monseigneur vostre fils qu'il ne si passera, Dieu aydant, jamais rien qui vous puisse, Madame, donner du doute de mon afection, fidélité, vigilance en tout ce qui regardera l'un et l'autre. Et pour le Sr. du Jaunay, je vous diray, s'il vous plaist, Madame, que je luy ay plusieurs fois dit qu'il vint à l'assemblée du corps de ville, et y est venu quelques fois, mais j'estime que ce qui le retient d'i venir d'ordinaire, est la contestation de rang avec les juges, vos officiers de ce lieu, dont le réglement, ensemble celuy de son père et de son gendre, avec les dits officiers dépent de vostre autorité et commendemens, mesme entre le père et le fils audit lieu. En toute autre chose, j'estime que luy et les siens ont tout sujet de contentement de moy suyvant l'honneur de vos commendemens et ce que je puis, qui est bien moins que je désire, pour prouver à Vostre Grandeur que mon principal but et ma seule ambition en ce lieu, est de luy faire clérement cognoistre que je suis véritablement, Madame, vostre très humble, très fidelle et très afectionné sujet et serviteur. Terchant ème A vostre château de Vitré, ce samedy 29 mars 1614. Vostre très humble sujette et très fidelle servante, ma femme, est très redevable et obligée à l'honneur et continuation de vostre souvenir. 70 14 17 avril 1616 - Vitré à Madame à Thouars Madame, En atendant ceste paix tant désirée, nous veillons tousjours songneusement à nostre conservation pour vostre servisse, prians continuellement Dieu qu'il bénisse de plus en plus vostre entremise nécessaire pour la paix. Les régimens de Messieurs de Corbouson, de Médavid et La Londe nous voisinent encor dont y a mesme quelques troupes logées au Pertre et à Brielles151, paroisses de ceste baronnie et veulent tous ensemble loger es autres si on ne leur donne des vivres ou de quoi en avoir ; ce que j'efectues ce jour par l'avis commun des juges et principaux de la ville pour les élongner. Ce mal est le moindre. Les paroisses offrent ce remède qui sera départi avec leur consentement et en présence de leurs procureurs. Madame, M. de Comartin152 a passé icy, retournant de la Court. Il a séjourné deux mois en Bretaigne. Les lettres qu'il a baillées icy du Roy, sont de febvrier, recommandant tousjours le servisse du Roy. Nous luy avons dit les exprès commendemens de Vostre Grandeur et de Monseigneur sur ce sujet. Il a désiré voir vostre château; Je creu, Madame, que l'auriés bien agréable. Le grand pont n'ouvrit pas, il avoit peu de gens. Il y avoit des gens de biens de la ville avec la garnison bien préparée; Il se fit fort vostre serviteur, Madame, vous ajoustrés beaucoup aux obligations que je vous ay desja, me faisant l'honneur de ne prendre aucune créance de moy contraire au respect, fidelité et obéissance que je vous doy et vous rendray tousjours d'afection très entière, honoré de vostre bienveillance, comme, Madame, vostre très humble,très fidelle et très obéissant subjet et serviteur. Terchant A vostre Vitré ce 17 ème avril 1616. 15 1er août 1616 - Vitré à Madame à Quintin Madame, S'il avoit esté inportant pour vostre servisse, je n'aurois tant tardé à faire réponse à vostre Grandeur et l'asseurer que ce qui luy a esté donné entendre, que je voulois avertir Sa Majesté du commendement que vous m'avés fait de déloger de vostre château de Vitré, est du tout faux et en suitte de beaucoup d'autres calomnies au préjudisse de la fidélité et sincérité de mes départemens et de l'afection et obéissance que j'ay tesmoignée depuis douze ans au servisse de Vostre Grandeur dont je n'ay eu encores justice ny satisfaction. Madame, il n'est plus en mon pouvoir que la bienséance que vous désirés soit gardée en ce délogement pour mon regard, car vos intentions et commendemens sur ce sujet sont tellement divulgués par ceux qui en souhaittent l'effect avec passion que je ne pouray, à mon grand regret, empescher qu'on ne croye que vous aurés recogneu en moy du deffaut à vostre service et que je ne suis pas honoré de vostre bienveillance. Ce qui me fait, Madame, très humblement suplier Vostre Grandeur des sursoir l'exécution de vostre commendement jusques à vostre retour que j'auray l'honneur de l'entendre de vostre bouche et de vous pouvoir représenter par mesme moyen de quelle importance cela m'est. Madame, j'auray tousjours ce contentement que je n'ay fait action que d'homme de bien, très fidelle et très afectinné au servisse de Vostre Grandeur et de Monseigneur et fort obéissant à l'honneur de vos commendemens au sujet de celle dont m'avés honoré et tout autre ayant toujours souhaitté d'aquérir 151 Le Pertre et Brielles communes d'Ille-et-Vilaine. 152 Louis Lefèvre, sieur de Caumartin (1552-1623), conseiller d'Etat, garde des sceaux en 1622. 71 par ce moyen l'honneur de vostre bienveillance et vous donner occasion de me voire, Madame, vostre très humble, très obéissant et très afectionné sujet et serviteur. Terchant Ce premier d'oust 1616. 16 26 janvier 1617 - Vitré Monseigneur, Je suis très obligé à l'honneur qu'il vous a pleu me faire de vous souvenir de moy et à rechercher tousjours comme je feray fort songneusement par mes très humbles et très fidelles servisses et ma promte obéissance aux commendemens de Vostre Grandeur la continuation de l'honneur qu'il luy plaist me promettre en sa bienveillance. Monseigneur, je vous suplie très humblement croire que je n'ay jamais eu autre intention, comme mes déportemens ont tesmoigné depuis douze ans, que de donner à Madame et à vous tout subjet de contentement et confiance en la fidélité et afection très entière que j'ay tousjours eue et auray au servisse de Vos Grandeurs et de faire paroistre conbien asseurément, je suis, Monseigneur, vostre très humble,très fidelle et très obéissant subjet et serviteur. Terchant A vostre ville de Vitré ce 26ème de l'an 1617. 17 20 juillet 1617 - Vitré à Monseigneur de La Trimouille, duc et pair de France Monseigneur, J'obéiray tousjours fort songneusement à tous les commendemens dont il vous plaira m'honorer et particulièrement à celuy qu'il a pleu à Vostre Grandeur me faire de rendre à M. le duc de Vendosme beaucoup d'honneur, passant icy. Il partit bien de son grès pour aller à Rennes et retournera en peu de jours trouver Sa Majesté sans passer icy. Mon père et moy avont esté trouver mon dit seigneur à Fougères, suyvant ses commendemens, sans lesquels nous y allions selon nostre devoir et d'autant plustost que nous croyons faire chose bien agréable à Vostre Grandeur. J'auray l'honneur de le revoir avant son départ de ceste province et luy donneray entendre les exprès commendemens dont Vostre Grandeur a honoré les bourgeois de ceste ville et moy à mesme fin. Par ce porteur. Monseigneur, je vous suplie très humblement prendre telle confiance de mon soin, fidellité et afection continuelle à vostre servisse, icy comme ailleurs, selon mon possible que vous aurrés à l'avenir comme au passé tout sujet de me croire, Monseigneur, vostre très humble, très fidelle et très obéissant subjet et serviteur. Terchant. A Vitré, ce jeudi 20ème juillet 1617. 18 6 février 1618 - Gason à Madame la duchesse de La Trimoulle Madame, J'ay apris depuis peu que nous n'aurons de longtemps l'honneur de vous voir par deçà. Je suplie très humblement vostre grandeur croire qu'en quelque lieu qu'elle soit, je seray tousjours prest à luy rendre très humble et très fidelle servisse et obéissance à ses commendemans. 72 Madame, je vous suplie aussi très humblement vous resouvenir que depuis neuf ou dits153 ans, j'ay remits plusieurs fois à vostre justice et equitté acoustumée le jugement des droits et usages de ceste maison en vos forests de Vitré, dont vos Conseils de Paris, Rennes et Vitré ont veu les tiltres sans y trouver de dificulté. Et néantmoins, Madame,vous fustes persuadée cest esté dernier au préalable que de nous faire droit de voir dans vostre trésor de Vitré et me commendaste à Paris et depuis à Vitré d'atendre l'ouverture d'iceluy qui devoit estre en peu de temps après pour savoir s'il y auroit quelque transaction d'amortisement des dits droits et usages ; à quoy, Madame, il n'y a point d'aparence d'autant que nous avons jouy de la plus part d'iceux depuis trante ans, comme j'ay bien monstré et sommes encor en pocession d'aucuns et les actes et tiltres ne nous en auroyent esté laissés. Ceste discontinaution est procédée austre les longs troubles du royaume de ce que le grand-père et le père de ma femme, la très humble sujette et servante de Vostre Grandeur, estans de la Religion estoyent tousjours absens et sont mors avec Messieurs d'Andelot et de Châtillon et de la minorité séans depuis plus de cinquante ans. Madame, voyant que de longtemps nous ne serés par deçà et que je tombray en peu de temps en prescription, je suplie très humblement Vostre Grandeur ne trouver mauvais que je fasse donner asignation, protestant que toutfois e[t] quant qu'il vous plaira et à Monseigneur vouloir juger des dits droits, je subiray vos jugemens et de telles pêrsonnes qu'il vous plaira et vous seront agréables tousjours prest de vous tesmoigner en cela et tout autre chose que je suis, Mademe, vostre très humble, très obéissant et très fidelle sujet et serviteur. Terchant. ème A Gason ce 6 de febvrier 1618. 19 25 mai 1619 - Terchant à Monseigneur le duc de La Trimoulle duc et pair de France Monseigneur, La fidélité et afection que je doy et auray toute ma vie à vostre servisse, me rend de plus en plus désireux de l'honneur de vos commendemens. Pour cest effect, mon père et moy envoyons vers Vostre Grandeur, avec ceste nouvelle asseurance de ma part que vous n'en favoriserés ni obligerés jamais personne plus pront à les efectuer que je seray tousjours. Atendant, Monseigneur, que par les occasions sufisantes de m'aquérir si bonheur, je puisse vous tesmoigner la vérité de ses voeux et combien ils sont estroitement joins à mes devoirs. Je continue mes prières à Dieu pour vostre santé et prospérité en toutes choses, mais spécialement qu'il vous remplisse et acroisse de plus en plus de zelle à son servisse et en toutes autres vertus lesquelles désirables de tous rendent d'autent plus estimés et portent >>>>> plustost à la vraye gloire et plus digne d'estre rechercher ceux qui les joinnent comme vous commencés très bien, Monseigneur aux qualités qui leur sont acquises de naissance et laissées par de vertueux prédécesseur comme à vous Monseigneur. Je souhaitte aussi que bientost nous possédions l'honneur de vostre présence en ces contrées selon l'espoir et désir de tous, de moy spécialement qui estant plus obligé au très humble servisse de Vostre Grandeursuis aussi infiniment, Monseigneur, vostre très fidelle et très obéissant serviteur et vassal. Terchant. A vostre maison de Terchant, ce 25ème may 1619. 20 8 janvier 1621 - Vitré 153 dix. 73 à Monseigneur de La Trimoulle duc et pair de France Monseigneur, Les Srs. aloué et sindic de vostre ville de Vitré154 allans vous témoigner, de la part du corps d'icelle, la grande joye qu'elle a eue de l'heureux acouchement de Madame et naissance de Monseigneur vostre fils. J'ay creu devoir certifier aussi avec eux vostre grandeux qu'au seul avis que la ditte ville a eu de ce bonheur par le retour de Dame Louise, aussitost et très volontiers tous, indifférenment de l'une et de l'autre religion avec tous les eclesiastiques, en ont rendu grâces très afectionnées à Dieu es églises avec Te deum et en nostre temple au dimenche et en ont fait toutes sortes de resjouissances publiques et particulières, sans nécessaire d'autre semonce que du seul avis de ceste bénédiction de Dieu envers vostre grandeur et nous tous ses très humbles sujets et serviteurs. J'ay creu aussi vous devoir dire, Monseigneur, que tous les dits habitans vivent tousjours en bonne union et concorde tous ensemble avec tout honneur et commendemens de vostre grandeur. N'ayant pour le présant autre chose digne de luy escrire, je ne l'ennuyray daventage, que de l'asseurance que je suis tousjours, Monseigneur, vostre très humble, très fidelle et très obéissant sujet et serviteur. Terchant A Vitré, ce 8eme de l'an 1620155. 21 15 mars 1622 - Vitré à Madame la duchesse de La Trimouille princesse en Orenge Madame, Je n'aurois tant tardé à vous rendre de très humbles remercymens de l'honneur qu'il vous a pleu de me faire de m'escrire par M. de Rozemont et d'envoyer plustost vers Vostre Grandeur pour estre honoré de ses comendemens, sinon que j'atendois s'il se présenteroit quelqu'autre sujet digne de luy escrire. Il n'y en a point en ses contrées, tout y est assés calme et à l'ordinaire grâces à Dieu. Les uns désirent ardenment la paix très utille et nécessaire à tous les gens de Dieu. Dieu nous fasse la grâce de la demender comme nous devons et estant bien réconciliés avec luy et en estat de recevoir une telle grâce. Les autres pour la pluspart poussés de pation seroist marris qu'elle fust ; divers bruits en courent et des préparatifs à la guerre. Et Dieu continue les sujets de le louer par sa compassion et protection. Vostre grandeur a le pouvoir de me commender et moy une afection très entière jointe au devoir de luy obéir comme tousjours doit, Madame, vostre très humble, très fidelle et obéissant sujet et serviteur. Terchant ème Ce 15 de mars 1622. IV - GERMAIN LE LYMONNIER, SIEUR DE LA MARCHE Germain Le Lymonnier, sieur de La Marche, était le procureur fiscal en exercice de la baronnie de Vitré, lorsque Charlotte-Brabantine de Nassau en prit possession en 1606 au nom de son fils. 154 Daniel Lemoyne, sieur de la Maisonneuve, alloué et Guy Lecocq, sieur de la Rouxière, procureur-syndic. 155 Cette lettre est datée à tort de 1620, le premier enfant de Henri de La Trémoille et de Marie de La Tour d'Auvergne, le prince de Tarente, Henri-Charles, de La Trémoille est né le 17 décembre 1620 à Thouars. 74 Germain Le Lymonnier, sieur de La Marche, était le fils de Michel Le Lymonnier, sieur de la Marche, lieutenant-général de la sénéchaussée de Fougères (1569) puis conseiller au parlement de Bretagne (1577). Il était marié à Renée de Montbourcher qui lui donna des jumeaux le 19 décembre 1604. Pour l’exercice de sa charge de procureur fiscal, Germain Le Lymonnier avait pu bénéficier de l’appuis de son oncle Jean Le Lymonnier qui comme son frère avait été conseiller au parlement, mais qui avait dû se démettre de sa charge en 1586 sur l’ordre du Roi, parce qu’il professait la religion réformée.. Jean Le Lymonnier est décédé le 30 décembre 1612 à Vitré dans la communion protestante. Germain Le Lymonnier avait de nombreux adversaires politiques à Vitré. Sa tâche était difficile, comme il le déclarait lui même, il s’y tuait “ la teste en vain ”. Rénée de Montbourcher était décédée, Germain Le Lymonnier se remaria en 1608 avec Julienne Gaulay. Ils firent baptiser trois enfants dans l’église Saint Sauveur de Rennes en 1610, 1612 et 1615. A la suite de son changement de domicile, Germain de Lymonnier vendit en 1611 sa charge de procureur fiscal à Guy Leroy, sieur du Plessis-Breton Julienne Gaulay, la femme de Germain Le Lymonnier était la soeur de Gilles Gaulay, seigneur de Boisguy en Parigné à qui Marie Médicis avait confié la surveillance de sa forêt de Fougères. Avec la protection probable de son beau-frère, Germain Le Lymonnier acheta en 1612 la charge de lieutenant des eaux, bois et forêts de Bretagne. Il l’exerça jusqu’en 1627. Il mourut en 1637 à Rennes156.. Les Archives des La Trémoille aux côtes 1 AP 665 et 666 conservent de Germain Le Lymonnier deux lettres pour l’année 1606, une pur l’année 1607 et quatre pour l’année 1608. 1 janvier 1606 - Vitré à Madame la duchese de La Trimouille Madame, J’ay receu par le Sieur du Plessis-Bellay les lettres qu’il a pleu à Vostre Excellence de m’envoyer. Il vous pourra dire ce qui s’est passé et en quels termes j’ay parlé en l’audience pour l’honneur de vostre maison. Il est vray que vos louanges ne pourroyent que s’amoindrir en ma bouche, n’ayant que de la bonne volonté et non pas de la capacité pour un si hault subject. Monsieur le Prince avoit envoié un de ses secrétaires icy pour prendre possession en vertu de l’acte de foy et homage rendu au Roy par Madame sa mère, à laquelle s’est opposé le gentilhomme de vostre part. De moy, je conserveray jusques au dernier soupir de ma vie la fidélité et loïauté que je doibs à ceste seigneurie, mais on voudra plus que jamais usurper sur les droicts d’icelle si on voidt que je ne soye bien maintenu par le seigneur. Du reste, Madame, sont choses qui se jugeront en quelque grand parlement ou par le Roy ou son conseil, comme Voste Excellenec advisera estre le plus expédient. Nous n’aurons qu’à obéir et atendre vos comamndements et particulièrement moy, Madame en qualité de Vostre très humble, très obéissant et très fidele serviteur. G. Le Lymonnier 2 21 avril 1606 - Vitré à Madame la duchese de La Trimouille 156 Michel DUVAL, La Cour d’eaux et forêts et la table de marbre du parlement de Bretagne (1534-1704), Imprimerie bretonne, Rennes, 1964, p. 269. 75 à Paris Madame, Je n’ay voulu manquer à vous donner advis de la venue de M. le procureur du Roy à Rennes au siège présidial pour faire apposer les seaux, faire procéder à inventaire et saizir en la main du Roy ceste baronnie de Vitré ainsy qu’en succession collatérale. En Bretagne, le supérieur a accoustumé d’apposer la saizie jusques à ce que les héritiers se soient faict recongnoistre. Et ayent prins mainlevée par ladite Court,. il sera aizé à Vostre Excellence d’y donner ordre par delà. De moy, je conserveray au mieux qu’il me sera possible les droictq de la seigneurie et m’y acquiteray aussy fidèlement, comme à tort certains envieux et jaloux ou ennemis m’ont calomnié et voulu faire encourir les malgrâces de Vostre Excellence. Mais la justice de mon innocence confondra telles mesdisances et m’asseure que il y a trop de vertu en vous, pour vouloir me juger auparavant que de m’avoir ouy. Je puis dire et est vray que depuis la mort de mon très honoré et très regretté seigneur, il n’y a que usurpateurs et usurpations et si tost que j’en pense parler seulement, voilà mes plus grands amis dont j’encours à l’instant les malveillances. Car Dieu m’est à tesmoin si j’ay connivé, ny pour parent, ny pour allié, ny pour amy et si je n’ay pas inviolablement gardé la foy de ma promesse et de mon service à la seigneurie. Et au bout de tout cela, c’est une chose bien malaizé à digérer de se voir calomnié de mesme vray est que la vertu a de tout temps esté enviée et subjecte à pareils accidents. mon père ne fut que 3 ou 4 ans intendant général de la maison, que par telles calomnies il ne fust forcé de quicter tout la et de demander son congé à Madame la mareschalle. De peur de vous ennuyer en un mot quoy qu’on vous die, Madame, je suis, Vostre très humble et très obéissant serviteur. G. Le Lymonnier, procureur de Vitré De Vitré, ce 21 avril 1606. Madame la mareschalle a faict lire et publier sa donaison icy et ce dit qu’elle doibt bientost faire descendre un commissaire à Vitré pour procéder à la vente de meubles. 3 14 décembre 1607 - Vitré à Madame à Paris Madame, Les trois exploicts, cy-enclos, m’ayant esté signifiez en qualité de vostre procureur à Vitré, je n’ay voulu faillier de vous les envoïer affin que par le comamndement de Vostre Excellenee, il y soit donné ordre tel qu’il est requis. S’il s’estoit passé autre chose concernant vostre service depuis vostre partement, je vous en aurois donné advis et quand Dieu nous aura favorizé de vostre heureuse présence en ce pays, j’espère faire paroistre de plus en plus que je suis, Madame, Vostre très humble, très fidèle et très obéissant serviteur. G. Le Lymonnier, De Vitré, ce 14 décembre 1607/ 4 15 janvier 1608 - Vitré à Madame la duchesse de Touars à Paris Madame, 76 Si tost que par la violence des eaux qui a esté fort grande, il fut arrivé de la ruine à de vos moulins et au Pontvillon et de Cantaches, j’en donne advis à Vostre Excellence, mais ne recevant aucun commandement de vostre part, et les officiers du Roy, nos supérieurs, menaçants de faire apposer la saizie sur le total de vostre baronnie faulte de réparation des ponts et passages publics que les seigneurs sont tenus d’entretenir pour la facilité du commerce et commodité des allants et venants ; d’ailleurs que la clameur du peuple estoit fort grande par estre (sic) ceste ville et tout le pays fort incommodé par le défault de ces deux arrivées de ceste ville du plus grand abord, sçavoir de Rennes et du Maine, je me suis me suis advancé sans autre commission et pour le bien de vostre service, attendu mesme que les soubs fermiers prétendent rabaiz à cause de ce faire de mon office bannir par les Eglizes à qui moins ; et ont esté adjugées lesdits réparations à la charge de fournir de tout pour la grande longueur et difficulté qu’il y a d’avoir du bois de vos forests avec le peu de profit qu’on y trouve et que cest affaire estoit des plus pressées, aussy qu’à raison du temps il estoit du tout impossible de faire travailler les maçons et de refaire de pierre lesdits ponts, seulement y mettre, en attendant mieux, des ponts de boys pour porter gens de pied, de cheval et harnois. Au moïen de quoy la saizie sera empeschée, les desdomamges ne pourron plus estres demandez et sera le public désintéressé et quand il sera temps de refaire de pierres lesdits ponts, on ostera ceux de bois et estants gardez en vostre chasteau serviront ailleurs aux occasions. Pour les moulins j’y feray travailler aussy au plus tost le temps le permetant. Et en toutes affaires /2/ de quelque nature qu’elles soyent, concernant vostre service et le debvoir de ma charge, je supplieray très humblement Vostre Excellence de croire que je n’y apporteray moins de fidélité et d’oeconomie que feroit le meilleur mesnager et siennes propres y estant obligé, Madame comme Vostre très humble et très obéissant serviteur, vassal et officier. G. Le Lymonnier, procureur fiscal à Vitré De Vitré, ce15 janvier 1608. 5 22 mars 1608 - Vitré à Madame la duchesse de Thouars à Paris Madame, La Saizie ayant esté apposé sur voste vicomté de Rennes à requeste de M. le procureur général de la chambre des comptes de ce pays par faulte d’adveu tenue et hommage ; et vos fermiers me l’ayant faict sçavoir et m’en ayant baillé copie je n’ay voulu faillir de la vous envoïer. et cependant ay escrit à mondit Sr. le procureur général que vous estiez absentes de ce pays pour grandes et urgentes affaires et procez qui ne vous avoyent encore donné loisir de respirer par manière de dire depuis ceste succession escheue. Que vous n’aviez encores eu de temps pour recongnoistre que c’estoit que me donnant du temps pour vous donner advis de ce qui se passoit, je m’asseurois que l’eussiez rendi content et sur ce qu’il m’avoit esté dit qu’il vouloit en pareil faire saizir ceste baronnie, je le supliois de surseir cela jusques à vostre retour ou avoir sceu de vos nouvelles. Pour autres affaires, ceste année vous a esté bien dommageable par estre arrivé tout plein de ruines aux ponts, passages et moulins de vostre seigneurie dont je vous avoi envoïé les procezverbaux. s’il m’avoit esté possible de les avoir du greffe comme non et ne puis céler à Vostre Excellence que il n’y ait bien du désordre icy nommément aux audiences qui debvroient estre tout l’honneur de vostre jurisdiction. Tant que vos subjects ne la recongnoissent plus que pro forma et vont plaider par celle de Rennes ce seroit aux juges à ne la laisser ainsy énerver. Mais je m’y tue la teste en vain ! 77 Une autre petit affaire c’est que un pan du mur de dedans le vavelin de la porte d’en hault de ceste ville estant tombé, M. du Préau qui en jouist il y a douze ans par bienfait de la seigneurie, ne veult le faire réparer à ses despens si la ville ne l’asseure de luy continuer la mesme jouisance à l’advenir, quoy que soit de ne l’inquiéter en cela jusques à avoit autre commandement de la part de Vostre Excellene n’estant à moy de donner vostre bien, j’insistois qu’attendu qu’il jouist gratuitement qu’il eust réparé, veu mesme qu’il n’y va que de 2 ou 3 escus qu’il ne pouvoit este assuré à l’advenir que de vous à qui il apartenotde sisposer de cela et non à autres. Que tous autres bienfaicts /2/ de ceste maison n’avoyent jamais esté concédez à autre condition. Monsieur de Terchant cousin de sa femme a escrit au procureur syndic de ceste ville que c’estoit à luy à ordonner de cela et qu’on eust promptement à faire refaire sur les deniers de la ville où qu’il viendroit luy mesme le faire faire. En effect le jeu ne vault pas la chandelle, comme on dit, n’estant question que de fort peu de chose, mais je regarde la conséquence et qu’es choses qui dépendent de vous, il est raisonnable qu’on les tienne de vostre libéralité et non d’aucun autre. Et tout l’acquest qui m’en vient sont des ennemis, mais ma conscience et mon honneur m’obligent de ne prévariquer au préjudice de la conservation de vos droicts comme aussy acquiesceray-je tout aussy tost que vous me le comanderez et feray jusques à la fin paroistre que je suis, Madame, Vostre très fidèle, très humble et très obéissant serviteur. G. Le Lymonnier, vostre procureur de Vitré De Vitré, ce 22 mars 1608. 6 avril 1608 - Vitré à Madame la duchesse de Touars Madame, A ces derniers plaids généraux de Rennes, il m’a esté enjoint sur le rapport faict à Messieurs du siège de l’indigence de réparations qui est es ponts et passages de ceste baronnie d’y donner ordre dans deux moys à peine de saizie, tellement qu’il sera requis au plus tost d’y remèdeier aussy que le public est fort incommodé ne pouvans les harnois venir en ceste ville que par un mong et fascheux destours. Pour les procez-verbaux que Vostre Excellence demande, j’en ay parlé par tant de foys à M. le seneschal et au greffier que j’ay honte de vous voir si mal servie et à la vérité je ne sache justice au monde telle que celle-cy, car au lieu de se tenir honnestement à sa maison pour estre accessible à tous ceux qui demandent justice, il fault que pour vos affaires mesme je les aille chercher de taverne en taverne contre l’honneur de leurs charges et de la mienne et encores ne se plaisent qu’à me traverser et contredire par une jalousie, hayne et rancune par ce que je meine une vie moins deshonneste qu’eux par la grâce de Dieu. Quant aux audiances c’est une chose si honteuse que moindres petites jurisdictions de vos subjectset vassaux aux champs . Il s’y remarque plus de bienséance cent foys qu’en la vostre sans parler d bien ou du mal jugé. Pour le descharge, j’en fay et réïtère mes plaintes à Vostre Excellence pour la prospérité delaquelle beaucoup de vos subkects redoubleroient leurs prières s’il leur estoit ucy sur les lieux rendu bonne et briefve justice comme elle est deüe par le Roy et par les seigneurs à leurs povres subjects sans qu’ils soyent contraints d’aller au loin à grands fraiz et fatique la rechercher. Le zèle de vostre service et du bien public me faict plus hardiement parler de ces choses. Il y a un’autre affaire pour les pavez des advenues de ceste ville que Messieurs du siège sur le procez-verbal du sergent ameneur des deux baronnies vous vouloyent condamner de faire réparer ce qui vous cousteroit plus de deux mille escus. Je insisté contre les habitants, que c’estoit à eux et non à la seigneurie fondée en droict commun et que les deniers du pavage qui se lèvent vous n’empeschiez 78 pas qu’ils y fusent emploiez mais que le surplus, ils le debvoient sur quoy y eut appointement. C’est affaire est de grande conséquence. Un autre chose que je ne vous puis céler, c’est que des gens qui debvroient estre fidèles ont depuis peu de temps esté surprins envoïants des charges de venaison à Rennes pour faire des présent à vos despens. Et sur ce qu’on vouloit audit Rennes confisquer les chevaux et ladite venaison et faire le procez à ceux qui avoyent faict, comme souvent tel desgast, ils en ont accordé de peur qu’il n’en fust plus grand bruit. Une autre affaire dont Vostre Excellence sera importunée de part et autres, c’est que M. de La Mesriaie et M. de Le Gasneaie n’ayants peu contenter quelque somme qu’ils offrissent . Le Sr. de Cohigné et le Sr. du Jaunay, Grimaudière qui estoit touts les jours icy au mesprits des Edicts du Roy, portant leupvés pistoles et pistolets par ville et forsbourgs, de jour et de nuict, et battant et oult[r]ageant tout le monde soubs la faveur de l’adveu de son frère a esté prins et mené à Rennes. Et m’a esté par arrest enjoinct desjà trois ou quattre foys de informer de tels ports d’armes et violences qui scandaliseroient vostre justice, estants tolérées et causeroient une sédition en vostre ville, dont il ne seroit pas raisonnable, Madame que, Vostre très humble, très fidèle et très obéissant serviteur fust en peine. G. Le Lymonnier, 7 12 juin 1608 - Vitré à Madame la duchesse de Touars Madame, Après beaucoup d’importunitez, j’ay retiré de vosre greffe ce procez-verbal des ruines advenues cest hyver qui a passé en vostre seigneurie de Vitré et le vous envoie suivant le commandement de Vostre Excellence. Durant ce beau temps, il seroit fort à propos de faire travailler partout et d’avoir un homme qui fidèlement et assiduellement veueust et contreollast les ouvriers. Il y en avoit autresfois en la maison. Pour le pont de Cantache qui est du costé de Rennes, je n’ay peu et n’eust esté expédient d’en difféérer et retarder davantage la réfection à cause de la grand incommeodité qu’en recevoit le général et en particulier mesme Messieurs les présidents et conseillers allants et vennant par ceste, vostre ville et eust esté vostre baronnie saizie faulte de réparation. Pour les autres attendu vos dernières lettres, j’ay supersedé jusques à sçavoir si Vostre Excellence aura agréable qu’on y face travailler et les baux qui en seront faicts judiciellement tendant que vous choisissiez quelqu’un qui mesnage ces affaires là et qui les contreolle comme il seroit bien requis et beaucoup plus profitable pour vostre seigneurie que d’y procéder par la voye de la justice ; et ce que vous comamnderez sera incontinent et très fidellement exécuté, Madame par, Vostre très humble, très obéissant et très fidèle serviteur. G. Le Lymonnier, vostre procureur à Vitré De Vitré, ce 12 juin 1608. 79 V - GILLES CHESNEAU, SIEUR DE LA MOTTE PROCUREUR FISCAL DE VITRE Gilles Chesneau, sieur de La Motte ou la Motte-Chesneau, fit irruption en 1614 dans la scène politique Vitréenne lorsque Charlotte-Brabantine de Nassau lui confia la charge de procureur fiscal, précédemment exercée par son beau-père Guy Breton, sieur du Plessis-Breton. La cinquantaine de lettres de Gilles Chesneau écrites de 1614 à 1624 conservées à la côte 1 AP 662 dans le Fonds La Trémoille sont l’histoire d’un échec. Jamais Chesneau ne put se faire accepter par le bastion Vitréen. Un étranger au bastion A ce jour l’on ne connaît pas le nom des parents de Gilles Chesneau, ni le lieu d’ou il était originaire157. Une flèche décochée contre lui pas Jean du Matz de Montmartin nous apprend qu’il était né dans la Religion réformée et qu’il était revenu au catholicisme : “ lequel ayant renoncé la vraye relligion, pour n'en avoir point du tout, porte sur la teste la malédiction de Dieu & de son père ! ”158 L’on ne sait dans qu’elle condition Gilles Chesneau entra au service de Charlotte-Brabantine de Nassau; C’est probablement elle qui favorisa son mariage en 1613 avec Anne Leroy, la fille de Guy Leroy, sieur du Plessis-Breton, procureur fiscal de la baronnie de Vitré depuis 1611. Ils eurent neuf enfants à Vitré de 1614 à 1627. Curieusement Gilles Chesneau ne fait jamais allusion à son épouse dans ses lettres à la duchesse de La Trémoille. Une carrière mouvementée Gilles Chesneau parait avoir manqué de souplesse pendant les dix ans que dura sa carrière et ne sut que se créer des adversaires : Philippe du Matz, Mathurin Duverger, sieur de Boislebault, le nouveau sénéchal nommé en 1619, ... En dehors de la duchesse de La Trémoille, il ne parait avoir eu qu’un ami l’intendant Daniel Hay, sieur de La Motte. Gilles Chesneau était certainement un personnage compétent. Il avait notamment parfaitement compris les conséquences des dévaluations monétaires et que les La Trémoille pour obtenir un meilleur revenu de leurs terres devaient : “ faire hausser le debvoir au prorata de ce que vallois l’argeant il y a cent et deux cent ans, sinon du tout, pour le moings à la moitié ou au tiers ” (lettre du 9 juin 1618). Mais il manquait de doigté et de tact. Sa volonté de rétablir un droit de présentation oublié sur un prieuré de Vitré provoqua au mois de mars 1618 l’ire des catholiques, menés par la puissante famille des Duverger qui riposta par les prêches enflammés d’un récollet contre le duc de La Trémoille. Celui-ci dut s’arracher des bras de sa jeune épouse pour, par sa présence, rétablir le calme en sa baronnie. “ Ce peuple ”, écrivait Gilles Chesneau le 18 mai 1619, “ est fort doux et honneste quand on ne luy demande rien et qu’on luy laisse usurper les droicts, l’authorité et les revenus de la seigneurie. Ils ont par usurpation possédé depuis soysante ou quarante ans les droits de pourvoire à des bénéfices et des offices, mesmes en ont érigé de nouveau et comme ils croyent que je m’oppose à tout ce qu’ils font et que je remets es mains de Monseigneur ce qui en est sorti, ils se bandent contre moy et par toutes sortes de moyens s’efforcent de me chasser ”. Les Vitréens n’étaient pas des enfants de coeurs en affaires. En 1622, Chesneau s’aliéna un des sous-fermiers protestants de Vitré, André de Gennes, sieur des Hayers qui le 16 août l’accusa devant la communauté de ville de faire courir le bruit que des catholiques voulaient faire croire que les protestants tramaient un complot contre les catholiques159. 157 Chesneau porte un nom de famille que l’on trouve tant au Poitou quant en Anjou ou en Touraine. 158 Lettre du 7 septembre 1614 à la duchesse de La Trémoille. Archives nationales, 1 AP 669. 159 Abbé PARIS-JALLOBERT, Journal Historique de Vitré, p. 84-86. 80 Au début du mois de novembre 1623, Henri de La Trémoille envoya à Paris Chesneau pour traiter plusieurs affaires : la réunion des châtellenies composant la baronnie de Vitré, la réformation de la pancarte, le rétablissement des « choses usurpées » sur les landes et forêts dépendantes de ses terres en Bretagne, tiercement desdites landes, l’affaire de Quintin160. Malheureusement pour lui lors d’une réunion du Conseil tenue en la présence de Charlotte-Brabantine de Nassau, il prit une position contraire à celle que celle-ci avait préconisée161. Erreur fatale, à la suite de ce fait la duchesse douairière de La Trémoille n’eut cesse d’obtenir sa démission, mettant son fils semble t-il dans un grand embarras. L’année 1624 se passa sans décision de la part de Henri de La Trémoille. Charlotte-Brabantine de Nassau demanda à sa belle-fille, Marie de La Tour d’Auvergne, lors du séjour que celle-ci fit en Bretagne en 1625 de régler cette affaire. Refusant de céder, Gilles Chesneau tenta une action à Rennes pour conserver sa charge. Le 3 juin 1625, M. de Champdor écrivait à Charlotte-Brabantine de Nassau : “ Madame, Puisque Monsieur de La Motte a donné advis à Vostre Excelence de la procédure que vostre conseil estime qu'on doibt tenir contre le procureur de Vitré, je n'ay besoing d'en rien escrire. Seulement vous diray-je que Madame vostre belle-fille avoit auparavant mon arrivée en ce lieu apris, comme ledit procureur s'est pourveu à Rennes pour estre maintenu en son office et qu'elle se propose, estant en Bretagne, de le bien ranger en son debvoir. Mais je crains que l'advis qu'elle receut hier de la réponse de la contagion aux environs de Vitré ne l'empesche de faire ce voyage162 et ainsy que cette affaire demeure en longueur. Toutefois nous ferons tout ce que nous pourrons pour l'advencer ; à quoy je trouve Monsieur d'Iray grandement porté, comme à tout ce qui regarde vostre contentement. L'artiffice & la malice de la lettre que je luy ay faict veoir luy a grandement acreu le désir de veoir Monseigneur vostre filz délivré d'un sy mauvais officier ”163. Ayant épuisé ses possibilités de recours, Gilles Chesneau vendit en 1627 sa charge à Pierre Godé, sieur de La Gérardière. Il quitta alors Vitré avec sa famille et à ce jour nous ne savons ce qu’il est devenu. Gilles Chesneau épistolier Gilles Chesneau a une meilleur orthographe que Charlotte-Brabantine de Nassau et son fils. Son style toutefois manque de souplesse. Il a le verbe d’un juriste avec des phrases très longues. L’on remarquera que l’écriture de Chesneau, lorsqu’il écrivait à M. de Champdor, est moins lisible et qu’il utilise alors des abréviations. Gilles Chesneau est également l’auteur de deux ouvrages : Traité des moyens dont la commune de Rennes a usé pour occuper la présidence au tiers-ordre des états généraux de Bretagne in-4° publié en 1620 à Rennes et Actions de réjouissances faites en la ville de Vitré à la naissance de M. le prince de Talmond ... où sommèrement est déduite l’origine... des maisons de La Trimouille et de Laval in 8° publié en 1621 à Rennes chez Tite Haran. Dans ce dernier ouvrage Gilles Chesneau donne un bilan de la politique de Charlotte-Brabantine de Nassau à Laval et à Vitré, du point de vu des Catholiques, soulignant que pendant la minorité de son fils, elle usa d’une “ grande douceur & tempérance en son gouvernement à conserver la paix & le 160 Lettre du 7 novembre 1623 de Jean Rogier, sieur d’Iray, à Charlotte-Brabantine de Nassau. Archives nationales 1 AP 357/122 161 Dans sa lettre du 21 décembre 1623 à Charlotte-Brabantine de Nassau, d’Iray rappelle cette affaire : « Je ne puis assés m’estonner de l’imprudence et le légèreté du Sr. procureur fiscal de Vitré d’avoir osé changer, ny souffrir estre changé aulcune chose à ce qui par le conseil, honoré de vostre présence, avoit esté avisé. Les lettres que Monseigneur luy a escriptes auront faict cognoistre à Vostre Excellence, si elle a eu agréable se les faire lire, l’ordre qu’il avoit de recevoir et suivre surtout vos commandemens. Je m’asseure que sa procédure ne sera nullement approuvée de Monseigneur puisqu’elle vous a esté désagréable, sçachant assès le desplaisir qu’il recevra tousjours quand quelque chose sera passée qui vous donne du mescontentement ». Archives nationales, 1 AP 357/129. 162 Le 25 janvier 1625, le corps municipal de Vitré "pour pourveoire à la maladye contagieuse" avait ordonné que les portes de la ville soient gardées pour empêcher l'entrée dans le ville de personnes affligées de la "maladye". Abbé Paris-Jallobert, Journal de Vitré, p. 92-93. 163 Archives nationales, 1 AP 648. 81 repos esgalement ” entre les deux communautés. Il insiste sur le fait qu’elle fut autant charitable envers les Catholiques qu’envers ceux de sa Religion : “ … Madame la première authorisa l’establissement des Pères Capuchins en sa ville de Laval, elle n’a pas opposé, mais elle a consenty que les Pères Récollès fussent establis en sa ville de Vitré. Je suis tesmoing occulaire que Sa Grandeur octroya aux mesmes Pères Recollez le bois qu’ils luy demandèrent à prendre dans ses forests pour accomoder leur maison. Je suis encor tesmoing que toutes les fois que nos Pères Gardiens et nos Pères Prieurs ont eu l’honneur de la saluer dans son chasteau, elle leur a tesmoigné tout ce qui se peut d’affection & de bonne volonté, ils en ont sorty contens & ont remporté dans leur cloistre un ample subject de prier Dieu pour elle & pour la prospérité de sa Royale maison ”164. Chesneau tresse les mêmes couronnes de lauriers à Henri de La Trémoille : “ Monseigneur à suyvi les mesmes traces de Madame depuis sa majorité, il a pourveu aux bénéfices de ceste Maison, personnes extrêmement capables, dont la vie & les actions preschent esgallement avec la Doctrine dans nostre Eglise & qui forceront les plus difficiles & les plus offencez d’approuver ceste légitime procédure. Au voyage qu’il fist à Vannes pour présider aux Estats, il donna aux Pères des Carmes Réformez un emplassement pour s’establir en sa ville de Quintin, & du bois à merrain à bastir leur Eglise & leur Maison. Estant de retour en sa ville de Vitré, il octroya à nos Pères Religieux Réformez de S. Augustin le pouvoir de prendre du bois sur ses terres pour advancer le bastiment qui leur estoit nécessaire d’entreprendre. Passant par sa ville de Laval, il confirma l’establissement des Urselinnes & gratifia ses subjects en la demande qu’ils firent à Son Excellence. Depuis peu de mois sa charité n’a peu desnier aux Frères prescheurs de sainct Dominique réformez l’indemnité, & amortissement d’une place, proche le faux-bourg Sainct-Martin de sa ville de Vitré où d’ens peu de jours ils planteront la croix, & bastiront une Eglise à l’honneur de la Saincte-Vierge ”165. 1614 Au printemps 1614, La Motte-Chesneau, accéda aux fonctions de procureur fiscal de la baronnie de Vitré. Cette nomination se fit dans un climat de crises. Les droits des La Trémoille sur le gouvernement de la ville étaient contestés par une partie des habitants, à la tête desquels se distinguait Mme de Terchant, son époux apparaissant quelque peu en retrait. 59 26 avril 1614 - Vitré à Mme la duchesse de La Trémoille à Paris Madame, Nous attendons avec impatience l’honneur de vostre présence en vostre ville de Vitré, comme extrêmement nécessaire pour mettre la paix et le repos entre vos officiers et tous vos subjects. Pour ce qui est de mon particulier, en la fonction de la charge dont il vous vous a pleu m’honorer, je délayray à mon possible, advertissant tousjours Vostre Grandeur, de ce qui se passera, ne laysant toutefois prandre une possession au préjudice de vostre authorité et me guarnissant tousjours d’actes et de tesmoignages pour preuve de mon dire et de mes actions, et me pardonnerés s’il vous plaist, Madame, si après la faulte, commise publiquement contre vostre authorité et vostre grandeur, j’y apporte un remède semblable, comme j’ay depuis peu faire contre l’usurpation de Monsieur de Terchant166 et comme il ne parle que de l’authorité du Roy entre vos suject. Je ne parle aussi que de la vostre et de celle de Messeigneurs, mes maistres, l’une et l’autre estant fort compatible ensemble et voïant tous messieurs les habitans en leur particulier et en leur maison, il n’y en a d’aucun à qui je ne face confesser combien le sieur de Terchant s’éloigne de son debvoir. 164 Gilles CHESNEAU de LA MOTTE, Actions de réjouissances faites en la ville de Vitré à la naissance de M. le prince de Talmond…, op. cit., p. 68. 165 Ibid., p. 69-70. 166 Philippe du Matz de Montmartin, vicomte de Terchant, fils aîné de Jean du Matz dz Montmartin, héros des guerres de la Ligue en Bretagne avait été nommé par Charlotte-Brabantine de Nassau lieutenant du gouverneur de Vitré. 82 Depuis Pasques que je suis de retour, le conseil de la maison de ville n’a point tenu et croy au jugement de pleusieurs que j’en suis la cause, car auparavant il ne s’est passé aucun jour de jeudi qu’ils ne se sont assemblés. Il n’y a pas jusques à Madame de Terchant qui ne soit instruite de parler contre vostre authorité, usant de ses mot : que la ville et les habitans sont au Roy et que, osté le revenu, vous n’y avez plus d’interrest ! Vostre Grandeur sçaura bien donner ordre à ce désordre. Monsieur de Terchant m’a beaucoub obligé en mon particulier, mais il me désoblige fort en ce qui est du debvoir de ma charge, et supplie Vostre Grandeur d’avoir agréable ceste licence d’escrire et la recevoir pour un tesmoignage de mon affection et entière volonté à vivres et mourir le reste de mes jours, Madame, vostre très humble, très fidelle et très obéissant subject et serviteur. La Motte-Chesneau De vostre ville de Vitré, ce 26 apvril 1614. 59 30 mai 1614 - Vitré à Mme de La Trémoille Madame, J’ay receu le pacquet qu’il a pleu à Vostre Grandeur m’adresser, et selon vos commandemens ay distribué vos lettres à Monsieur de Terchant et à Messieurs vos habitans, laquelle sera, ce sabmedi à l’apres dînée, leue en l’assemblée publique de vostre maison de ville, ayant jugé à propos de rompre ce conseil de douse comme fort préjudiciable à vostre service. La raison est que le sieur de Terchant cabale fort ce petit nombre et comme se défiant de son maistre, cherche à se mettre à l’ombre sous l’authorité publique. Mais il me trouve contraire à tous ses desseins et comme il les manifeste au publice de mesme, il est contrarié par mes actions que si nous entrons luy et moy plus avant pour ce qui regarde vostre service. Je suplieray Vostre Ecellence de me le pardonner. se sera malgré moy et son procédé n’y formera d’autre neuf. Je croiray faire une action indigne de fidelle serviteur. car comme il ne craint point de sesloigner de son debvoir, je ne dois pas apréhender d’apréhender et suplie en toute humilité Vostre Grandeur de l’avoir agréable, et vous diray Madame que cela donne terreur à tous vos habitans de voir leur chef attaqué. Ce que la beaucoup offencé depuis peu, c’est d’un abat de bis qu’il a faict pour le pont de vostre chasteau outre et par desus le procès-verbal de vos juges et ce de son authorité absolue sans en parler au grand maistre, ny a auceun de vos juges. Bref, dispose de vostre bien comme du sien propre. Monsieur Le Maistre et moy avons faict un procès-verbal pour vous présenter et rendre conte de nos actions; c’esty ce qui le pique aujour’huy car il n’avoit pas accoustumé de voir ses cheutes relevées et ceste authorite résout je ne sçay quoy du maistre /2/. Il n’ya pas jusques à son sénéschal de Gazon qui n’ait menacé vostre greffier en pleine audience de le faire remercier par Monsieur de Terchant de ce qu’il m’advertissoit qu’il confondoit avec Gazon en Brielle, un autre Gazon, afin qu’en l’un et en l’autre il y peust establir haute justice et ce afin que je m’opposasse à ceste incorporation, ce que je fis nonobstant sa menace avec réprimande que vos juges firent au procureur son séneschal de parler avec plus de révérance. Ses desseins ne sont pas petits contre moy, mais Dieu et Vostre Grandeur serés juges de mes actions. Son authorité, ses menasses et sa puissance ne m’enpescheront pas de m’acquitter selon Dieu et ma conscience en la charge dont il vous a pleu m’honorer priant Dieu, Madame pour vostre santé et celle des Messeigneurs mes maistres qu’il bien heure vos jours de longues années à lesguall de vos mérites et de mes dévotieuses affections, vivant et mourant vostre très humble, très fidelle et très obéissant serviteur. La Motte-Chesneau De vostre ville deVitré, ce 30 may 1614. 83 60 6 juin 1614 - Vitré à Mme de La Trémoille Madame, Sur la lettre dont vous avés honoré Messieurs les habitans, la maison de ville a esté assemblée, laquelle je n’ose plus nommer vostre (Vostre Exellence me pardonnera), car nous avons icy : Monsieur et une dame, qui ne sont pas seulement honorés, mais adorés et dont les parolles n’ont aucune dificulté, comme elles sont prononcées ; le peuple les advoue. Vostre Grandeur me permettra de luy représenter un exemple remarquable touchant Monsieur du Jaulnay167 : c’est que tout le corps de vostre maison de ville, sans mon esguard à vostre lettre et à vos commandemens, suivirent l’opinion de Monsieur de Terchant et préférèrent sa lettre particulière, en sorte que sur ce que Vostre Exellence luy mandoit que pour le différant de Monsieur du Jaulnay et Monsieur le seneschal, vous le remettiés à lorsque nous aurions l’honneur de vous avoir par de ça 168. Il ne fut délibéré autre chose et insistant à ce que vos commandemens feussent exécutés, nous eusmes quelques prises, Monsieur de Terchant et moy, pource que je voulois empescher que sa lettre feust préferré à la vostre. Ce qui me fut impossible et diray assurément que le coeur de tous vos habitans seroit tout à vostre dévotion, n’estant cet homme lequel veut esteindré l’authorité de ceux qui vous sont fidelles serviteurs. Il est hors de luy mesme de se voir contrepointé. Nous devons faire la guerre ouverte. Il n’y avoit plus moyen de dissimuler aussi que le peuple se perdoit. J’escri toutes les histoires à Monsieur de La Motte, crainte de me rendre trop importeun vers Vostre Exellence, et ne doute point qu’à ce voïage, il n’escrivit beaucoub contre moy ; ce qu’il ne feroit pas si j’avois voulu estre de sa caballe. Quand à pour le pont de vostre chasteau, il pense avoir bien faict et en jetter le blasme sur nous, mais Madame, Vostre Grandeur congnoistra la vérité de toutes nos actions, lesquelles pour mon reguard, ne me feront jamais rougir, n’ayant d’autre depuis que de vivre et mourir le reste de mes jours en la qualit de, Madame, vostre très humble, très fidelle très obéissant et très affectionné serviteur et subject. La Motte-Chesneau De vostre ville de Vitré, ce 6 juin 1614. 1616 Charlotte-Brabantine de Nassau soucieuse de remettre de l’ordre dans les affaires de Bretagne vint à Vitré à la fin du mois de janvier. Le 13 février, à Laval, elle reçut une lettre de la Reine-mère l’invitant à la rejoindre à Loudun169 où se tenait une conférence entre les représentants du Roi et des princes Elle revint en Bretagne pendant le mois de juillet. Elle arriva le 14 juillet à Rennes puis se rendit à Montfort et Quintin170. Le 13 août, elle était à Vitré171 où elle resta jusqu’à la fin de l’année 1617. 167 Jean Nouail, sieur du Jaunay, un huguenot de Vitré, était capitaine de la garnison du château et maître des eaux, bois et forêts de la baronnie. Il avait été au mois de janvier 1606 un des premiers à se prononceer en faveur des La Trémoille. Il était un adversaire politique du vicomte de Terchant. Il fut démis de ses fonctions en 1621 par César de Vendôme. Jean Nouail mourut le 22 janvier 1628 à Vitré. 168 Dans sa lettre du 29 mars 1614 à la duchesse de La Trémoille, le vicomte de Terchant écrivait : “ Et pour le Sr. du Jaunay, je vous diray, s'il vous plaist, Madame, que je luy ay plusieurs fois dit qu'il vint à l'assemblée du corps de ville et y est venu quelques fois, mais j'estime que ce qui le retient d'i venir d'ordinaire, est la contestation de rang avec les juges, vos officiers de ce lieu, dont le réglement, ensemble celuy de son père et de son gendre, avec les dits officiers dépent de vostre autorité et commendemens, mesme entre le père et le fils audit lieu ”. Archives nationales, 1 AP 679. 169 Lettre de Charlotte-Babantine de Nassau à son fils du 13 février 1616, Archives nationales, 1 AP 331/94. 170 Lettre de Charlotte-Brabantine de Nassau à son fils du 16 juillet 1616, Archives nationales, 1 AP 331/83. Le 26 juillet 1616, elle était à Montfort (Archives nationales, 1 AP 331/9) 84 Selon l’accord conclu entre le duc de Rohan et le duc de la Trémoille, Henri de Rohan présida l’ordre de la noblesse aux Etats tenus à Rennes. Cette session des Etats fut secouée par un énorme scandal lors de la réunion : le meurtre du baron de Nivet par le baron de Guémadeuc. Gilles Chesneau de La Motte et le procureur syndic Mathurin Duverger, sieur de Pontdavy, étaient les députés de Vitré172 61 22 octobre 1616 - Rennes à Mme de La Trémoille Madame, La présente est pour donner advis à Vostre Grandeur que dès à présent sont brigués pour la députation vers le Roy. Il y en a deux de chaque ordre. Pour la Noblesse, Monsieur le baron de La Musse-Bruslon173 se prétent et plusieurs autres gentilzhommes de Basse Bretagne. Je n’en congnois aucun qui soit vostre vassal que luy. Pour l’Eglise, ils sont aussi pleusieurs. Monsieur l’abbé de Redon le prétend. Quand au Tiers-Estat, je crois que Monsieur de Rohan y fera mestre un advocat de la cour nommé Frin qui est tout à sa dévotion et à celle de Monsieur le mareschal de Brissac174. Les Communautés desputent la Noblesse, la Noblesse députe l’Eglise et l’Eglise députe le Tiers-Estat. C’est pourquoy, je supplie Voste Excelance de me commander en ceste affaire ce que je dois faire et à qui nous donnerons noste voie et celle de vos subjects et serviteurs. Si Monsieur de La Motte vient par deçà il y fera beaucoup mesmes de voix qu’il se pouvoit faire que je fusse le second député du tiers, si cela regarde vostre service et que vous m’en jugés capable ne despendant que de l’Eglise. Vostre Grandeur peut beaucoup : Monsieur de St-Men y aura une grande voix. Je suis disposé d’obéir à vos commandemens en tout où vous m’en jugerés capable. Monsieur de Rohan n’est point arrivé icy [...] aujourd’huy. Il estoit allé à La Rochelle où l’on [dit que] dimanche dernier la porte luy fut refusée /2/. Monsieur le mareschal veut demender deux cent mil escus à la province pour entretenir six mil hommes de guerre sur le pays avec plusieurs autres demandes extraordinaires. S’il se passe chose digne d’estre faixt sçavoir à Vostre Grandeur, je ne manqueray à mon debvoir et de tesmoigner mon affection à me conformer toute ma vie la qualité de, Madame, vostre très humble, très fidelle & très obéissant serviteur. La Motte-Chesneau A Rennes, ce 22 8bre 1616. 62 24 octobre 1616 - Rennes à Mme de La Trémoille Madame, La présente sera pour faire entendre à Vostre Grandeur ce qui s’est passé par deçà aux Estats générauix. Monsieur de Rohan arriva sabmedy an soir, Monsieur le comte de Brissac alla au devant de luy et pleusieurs autres seigneurs et gentilshommes. Il avoit fort peu de suite avec luy. Dimanche matin, nous allasmes le saluer au nom de la communauté. Il nous tesmoigna qu’il estoit fort bien avec Monseigneur et nous gratifia beaucoup. L’après dîné, l’ouverture des Estats se fist où il se trouva des disputes pour les préséances entre Monsieur de Guémadeuc175 et quelques autres bannerets. 171 Archives nationales, 1 AP 331/95. 172 Abbé Paris-Jallobert, Journal historique de Vitré, p. 564. 173 Saldebreuil Bruslon, seigneur de La Musse-Bruslon à Baulon. 174 Charles Cossé (V 1550-1621), comte de Brissac, avait été fait maréchal de France par Henri IV en 1594 après lui avoir ouvert Paris. Il était lieutenant-général de Bretagne depuis 1596. 175 Thomas de Guémadeuc, baron de Blossac et vicomte de Rezé, était gouverneur de Fougères. Le 28 octobre 1616, lors de la session des Etats de Bretagne à Rennes, il tua le baron Jacques de Nivet. Le lendemain, Guémadeuc se réfugia à Fougères 85 Nous fusmes adverty que Monsieur de Rohan nous vouloit rechercher pour donner nostre vois à ses subjects de Josselin qui ont optenu des deniers d’octroy en leur ville qui eur a esté refusé à la Cour et eurent de grandes parolles, Monsieur le président Fouquet et luy sur ce subject. Il désire que cela soit passé par les Estats. Si tost que nous eusmes cet advis nous allasmes le trouver et luy fismes offre de ce qui estoit en nostre pouvoir, dont il nous en tesmoigna (la fin de la page est rendue illisible par une tâche d’humidité) /2/ qu’il commanderoit à ses subjects de faire le semblable à Monseigneur qu’il l’en remercieroit Vostre Exellence. Je croy que ceste action Madame ne porte aucun préjudice à vostre service et vous supplie de nous donner vostre commandement là desus, vous assurant que tout ce qui sera digne d’estre représenté à Vostre Grandeur, je ne manqyeray à y faire mon debvoir et tesmoigner par toutesmes actions que je suis et seray toute ma vie, Madame, vostre très humble, très fidelle et très obéissant serviteur. La Motte-Chesneau A Rennes, ce 24 8bre 1616. La commission du Roy porte qu’il demande deusiesme deniers pour entretenir des gens de guerre. Nous ne sçavons où, ni combien. J’escriray tout ce qui se passera pour vous en donner un certain advis. 63 Sans date - Vitré176 à Mme la duchesse de La Trémoille Madame, Le plus certain tesmoignage que je puis donner à Vostre Exellance de mes affections à son très humble service que en ayant faict l’honneur de m’y recevoir. Je ne désire pas estre semblable à cet animal qui prend la fuite aussi tost qu’il a veu et moins encore à ces barbares lesqulez adoroient une divinité qu’ilz ne congnoysent point, mais au contraire que à l’invitation de ses vestales romaines, je désire en vostre service et impérialle maison estre escollier un long temps afin qu’avec congnoissence de cause j’y puisse servir et obéir le reste de mes jours. C’est Madame un volume entier lequel par mes labeurs et mes longues estudes, j’ay mins en estat de paroistre en lumière sous vostre auguste nom et celuy de Monseigneur. Ce tesmoing est irréprochable qui seul vous fera congnoistre l’injuste procédé de mes ennemis contre mon honneur et ma fidélité. Vostre Grandeur l’aura, s’il luy plaist agréable afin que par cet échantillon, elle puisse juger du surplus et d’autant qu’il décide le différant de Monseigneur avec Monsieur de Rohan, je ne désire rien faire que par vostre commandemant estant nécessaire de vostre authorité pour deffandre et le livre et l’auteur de ceux qui sentiront leurs ambitieuses prétentions blesées par tant de raisons de tiltres et d’authorités aussi qu’il convient faire de la despence pour le transcrire et le mettre au net, laquelle seroit du tout inutille si Vostre Exellance ne l’avoit agréable et afin qu’en peu de mots elle congnoyse ce qui est traitté en iceluy, je luy représenteray comme ce volume est compos de deux livres. Le premier contient vingt chapitres où sont descript et prouvés les droits des duchés, comtés et baronnies ; du debvoir des subjects à leur seigneur avec la cause des désobéissances et les remèdes nécessaires ; l’authorité absolue que les seigneurs ont sur les villes et fiefs de leur obéissance ; les et s’enferma dans le château. Le maréchal de Brissac marcha sur Fougères et un exempt des gardes du roi somma Guémadeuc de remettre la ville et le château. Sur les instances de sa femme, Guémadeuc s’échappa et celle-ci livra la ville et la place. Guémadeuc alla demander grâce au Roi. L’indignation s’assoupit et peut-être aurait-il obtenu le pardon et l’oubli, mais la veuve du baron de Nivet demanda justice et l’on découvrit que Guémadeuc avait un autre crime à se reprocher. Dans un moment de colère il avait tué le sénéchal de Châtillon-en-Vendelais, un officier des La Trémoille. Guémadeuc comprit que s’en était trop. Il retourna s’enfermer dans Fougères. Louis XIII ordonna au duc de Vendôme, gouverneur de la Bretagne et au maréchal de Vitry de se saisir de lui. Guémadeuc se rendit sans résister. Il fut exécuté le 27 septembre 1617 à Paris. 176 Cette lettre de 1616 porte en objet : “ Bref arguamant de ce qui est traitté au volume que le procureur fiscal de Vitré désire présenter à Madame et à Monseigneur ”. 86 usurpations que les officiers royaulx, vassaulx, subjects et habitans font et entreprennent sur /2/ la justice, terre et fiefs sur les eglises, les roits des villes et communautés et sur l’authorité pulicque et particulière du seigneur. Le remède universel et particulière à ces désordres usurpations et entreprises selon la loy, les ordonnances et coustume, les tiltres et droits naturels de la baronnie de Vitré. Lz second livre contient aussi plusieurs chapitres où sont descriptes et prouvés par bonne authorité d’autheurs irréprochables les généalogies particulières des maisons illustres de La Trimouille, de Nassau, de Laval, de Touars, de Vitré et d’un nombre infini d’autres alliées esdictes maisons, le nom et les armes avec leur blason ensemble, les faicts et gestes les plus mémorables. Ce qui justifie que Monseigneur est issu d’empereur, roys et princes souverains. Le droit quil a en beaucoub de successions en ce royaulme et hors de ce royaulme. Après suit un chapitre entier qui justifie que Monsieur de Rohan ne peut prétendre la préminance en Bretagne, ny comme prince de la duché ny à cause de son extraction et de ses alliances et que Monseigneur est plus légitimemant prince de Bretagne que luy ! Le dernier chapitre monstre que Monsieur de Rohan ne peut rien prétendre en Bretagne à cause de la baronnie de Léon et que Monseigneur comme baron de Vitré a droit de le précéder ; l’antiquité et les droicts de ses deux baronnies de quoy elles sont composées ; ce que Monsieur de Rohan possède en Léon qu’il n’en est point baron, mais plustost l’evesque et qu’il n’y a duc ny comte en Bretagne qui puisse précéder Monseigneur aux Estats et en toute autre assemblée publique et particulière que l’estraction du sang sert de peu en Bretagne sans la baronnie, non plus que la baronnie sans l’extraction, et que les deux sont nécessaires pour présider aux Estats. Voila, Madame, en substance le fruict de mes labeurs lequel je prie Dieu qu’il soit agréable à Vostre Grandeur et que vous me faciés l’honneur de le recevoir pour aires de mes bonnes volontés, estant prest de le faire transcrire afi que suivant vos commandemans il soit veu et corrigé de ceux que jugerés nécessaire de ce faire, supliant en toute humilité Vostre Exellance de le recevoir et que par ceste réception je sois assuré que mon travail et mon affection m’ont acquis la qualité de, Madame, vostre très humble, très fidelle et très obéissant serviteur et subject. La Motte-Chesneau 1617 Charlotte-Brabantine de Nassau passa une bonne partie de l’année à Vitré d’abord pendant le premier semestre à l’occasion de la tenue du synode national protestant, puis à la fin de l’année à la suite de la participation de son fils aîné, Henri, à la session des Etats à Rennes où pour la première fois il présida l’ordre de la noblesse en temps que baron de Vitré. Gilles Chesneau, y représentait la ville de Vitré avec le procureur fiscal et André Morel. 64 28 juillet 1617 - Vitré à Mme de La Trémoille Madame, Dieu m’ayant fait la grâce de me fortifier la main pour escrire, je n’ay voulu manquer à mon debvoir qui est de donner advis à Vostre Grandeur de ce qui se passe en vostre baronnie pour le bien de vostre service. Premier, ce soir Monsieur de La Marche, lieutenant des eaux et forests177, couche a La Fauconnerie pour demain faire procès-verbal des paines que apportent vos subjects en vostre forest du Pertre où j’espère me trouver pour y rendre le service que je dois. Quand à ce que Vostre Exellance, m’a commandé de faire vente vostre bois de chaufage. Il n’est imposible ne trouvant 177 Germain Le Lymonnier, sieur de La Marche, lieutenant des eaux, bois et forêts de Bretagne qui avait été le procureur fiscal de la baronnie de Vitré jusqu’en 1611. 87 auceune obeissance en vos subjets et s’il ne vous plaise commander à Monsieur du Jaulnay de donner des soldart pour acompagner vos sergeants, Monseigneur ne trouvera point de bois en son chasteau. C’est de quoy je supplie très humblement Vostre Grandeur. Ce n’est point en cela que l’on se montre désobeissant, mais en d’autre chose de plus grande conséquance, car quelques uns de vos habitans faschés de quoy Vostre Exellance disposoit du fond des fossés tant de la ville que du château ont mins en jeu le procureur du Roy, du siège présidial de Rennes, lequel a optenu commission de tout le corps du siège pour vous faire appeller ensemble tous ceux qui ont prins le fond des fossés par afféagement et ceux encor lesquels vous avés pourveus d’estas de nouvelle création pour faire dire que les murailles et les fossés sont au Roy et par conséquant que c’est aux habitans à en disposer et non à vous non plus que de créer des estats nouveaux en vostre juridiction. Ayant eu advis de cette commission nouvelle, pensant en empescher l’effect, j’allai à Rennes afin /2/ de voir Messieurs du siège et Monsieur le procureur du Roy ; où au lieu de les destourner de ce mauvais chemin, ils s‘offancèrent fort de ce que j’entreprenois ceste affaire avec passion, et firent congnoistre qu’ils estoient portés de quelques habitans de vostre ville qui avoient baillé les mémoires pour ce faire. Cela fut cause qu’ils hâtèrent le jugement d’un procès que j’ay contre Le Plesis-Breton, lequel ils m’ont fait perdre, sans avoir produit et escript dont je suis appellant à la Cour. Ils m’ont voulu faire prendre prisonnier et sont encore après et ont mesmes donné un décret de prinse de corps contre moy sur un faulx procès-verbal d’un sergeant Dieu et vostre authorité m’en guarantiront beaucoup s’efforcent de me priver de l’honneur d’estre à vostre service. Mon mal vient bien de là, mais il vient aussi de plus loing et pour ce qui regarde mon procès, je vous suplie très humblement Madame me signer une déclaration de laquelle j’avois cy-devant inportuné Vostre Grandeur et parce que Le Plesis-Breton en l’an mil six cent onze optenant de vous six estats en blanc de notaires et sergeans en vostre baronnie pour la somme de six cent livres dont il bailla cédulle ; desquels estats il fait charge et en seul responsable vers Vostre Exellence par acte judiciel en présence de Monsieur de La Motte et par conséquant de la somme de six cent livres Monsieur (?) Le Plesis-Breton ne me les a point mins en main, mais les a vandus et en a tiré l’argeant demeurant tousjours obligé en mon particulier. cela est cause que je l’ay fait appeller pour me le guarantir de ceste somme vers vous, mais le conseil m’a dit que pour la luy faire payer il failloit avoir quittance de Vostre Grandeur comme je l’avois payée et s’il ce pouvoit faire la cédulle mesme. C’est une somme, Madame, de laquelle difficilemans vous serés payée que s’il vous plaist me prester vostre faveur pour me desgager de l’obligation où je suis et demeureray tousjours responsable de la mesme somme que je /3/ touscheray, espérant au moyen d’une quittance le faire condamner. J’envoye à Monsieur de Champdor178 le modelle de la quittance et de la déclaration, si Vostre Grandeur a agréable mon inportunité en mes nescessités. Je la suplieray très humblement de ses voix et s’ils sont justes et raisonnables de m’en favoriser, j’auray d’autant plus de subject de m’estudier et consommer utillemant mes jours pour la conservation de l’heureuse qualité de, Madame, Vostre très humble, très fidelle et très obéissant serviteur. La Motte-Chesneau De vostre ville de Vitré, le 28 juillet 1617. Il serait nécessaire, Madame, d’optenir des lettres d’évocation de la chambre de l’Esdit et oster la comparution (?) au siège de ce qui reguarde les droit de Vostre Grandeur en sa baronnie. Au prochain voïage, j’envoyray un au>>>>> de la rémmission. 65 12 août 1617 - Vitré à Mme de La Trémoille 178 Jean Dumonceau, sieur de Champdor, un huguenot de Thouars, conseiller et secrétaire de Charlotte-Brabantine de Nassau. Il acheva sa carrière au poste de responsabilité de Trésorier général du duché de Thouars. 88 Madame, Je prendray la hardiesse d’inportuner derechef Vostre Grandeur et la supplier très humblement de me consantir la déclaration et la quittance que j’ay osé demander, cy-devant. La déclaration est juste puisqu’il y a vingt ans qu’en vostre chastelenie de Chevré il y a un lieutenant des eaux et forests, et que Le Plesis-Breton me l’a néanmoings vendu. Je remets le tout à la bienveillance de Vostre Exellance de qui j’ose me promettre du support en la fidélité de ma charge. Monsieur l’advoué va ce voïage à Paris, lequel vous fera entendre ce que nous avons fait pour le Pont-Billon en son absence. Je m’aquitteray de ma charge le mieux que me sera possible et donneray ordre à ce qu’il sois mins en estat de servir et que de plus en plus, je puisse tesmoigner à Vostre Grandeur mon zelle et mon affection à ma conserver toute ma vie la qualité de, Madame, Vostre très humble, très fidelle et très obéissant serviteur. La Motte-Chesneau A Vitré, ce 12 aoust 1617. 66 12 août 1617 - Vitré à Mme de La Trémoille Madame, Le jour d’hier estant allés à La Corbière179 pour mettre l’estang bas, afin de voir le nau (?) fondrier par où toute l’eau s’escoule et remarquer le deffaut, pour y donner ordre nous trouvasmes le soufermier du moulin, lequel avoit desja fait mettre par terre le pignon du costé de la grand roue, suivant le bail qui luy a esté adjugé des réparations très nécessaires et considérant la hauteur des murailles de vostre moulin qui sont de quarante et cinq pieds de haut, ayant desja adjugé pour cent escus de réparation et qu’il n’y en a point la moetié de ce qu’il est nécessaire d’en faire q’un grand corps de logis eslevé de la façon est subject a beaucoup de ruines et ce qui est le plus considérable. c’est qu’il est situé en un lieu où la cheutte de l’eau est bien lante qui chomme près de la moetié de l’année aussi que la maison ne fut pas faitte pour un moulin en son commancement. Messieurs de Pontdavy180 et des Hayers181, qui estoient avec nous, tous ensemble fusmes d’opinion d’arester à réparationss jusques à vous en avoir donné advis et fait entendre à Vostre Grandeur que adjoutant cent escus on peut mettre le moulin plus avant dans la chaussée et prendre cinq à six pieds d’ean davantage, en sorte qu’il n’y aura point de chommage tout le long de l’an ne sera subject à tant de réaparation et le tout ensemble ogmantatera le revenu de plus de ving escus par an. Il se trouvera dans le grand corps de logis, du bois, de la pierre du sable et de l’ardoise plus qu’il n’en faut. Nous vous supplions très humblement de nous commander la desus ce que vous jugerez pour le bien de vostre service afin d’advancer les réparation pendant que le temps est beau et qu’en toutes nos actions nous puissions tesmoigner à Vostre Exellance le désir et l’affection que nous /2/ avons de conserver ensemblemens pour le bien de vostre service et de nos seigneurs par les effects, rendant les tesmoignages de ce que nous souhaittent demeurer tous les jour de nostre vie vivant et mourant en la qualité de Madame, vostre très humble, très fidelle et très obéissant serviteur. La Motte-Chesneau De vostre ville de Vitré, ce 12 aoust 1617. 179 L’étang de La Corbière à l’est de la forêt de Chevré. 180 Mathurin Duverger (1560-1632), sieur de Pontdavy, procureur-syndic de Vitré en 1614, 1615 et 1616. 181 André de Gennes (1571-1629), sieur des Hayers, était membre d’une des principales familles bourgeoises de Vitré. Il appartenait à une branche de cette famille qui avait embrassée le protestantisme. Une lettre de La Motte-Chesneau nous apprend qu’il était le fermier de la baronnie. 89 67 18 août 1617 - Vitré à Mme de La Trémoille Madame, Estant à Rennes, ces jours passés avec quelques conseillers de la Cour affectionnés à vostre très humble service, parlant de Monsieur de Guémadeuc, ils me dirent que estant conveincu d’avoir attanté à la personne de Monsieur le séneschal de Chastillon182, ce qu’il avoit de bien, relevant de vous, vous appartenoit selon l’article six cens soysante et uniesme de la coustume de Bretagne et qu’il failloit intenter ceste action pendant sa vie. J’ay creu que mon debvoir estoit d’en advertir vostre Excellance à cause de Mué qui relève de Chastillon ; du moins l’action intentée. Il despendera de vostre libéralité de relaisser la terre ou de la retenir. L’on ne faict point de doute à Rennes en ceste affaire et s’il vous plaist me commander de présenter ma requeste en la Cour pour ce subject l’instance sera bientost formée. Je supplieray aussi, très humblement, Vostre Grandeur d’avoir mémoire de mon inportunité touschant le procès que j’ay contre Le Plesis-Breton. J’escry à Monsieur de La Mazure pour l’en instruire afin d’en esclaircir Vostre Grandeur et d’autant que mon procès sera jugé dans quinze jours. Cela me rend d’autant plus inportun, protestant employer le reste de mes [jours] à vous tesmoigner mesbonnes volontés pour me conserver l’honneur et la qualité de Madame, Vostre très humble, très obéissant et très fidelle serviteur. La Motte-Chesneau De vostre ville de Vitré, le 18e d’aoust 1617. 68 26 août 1617 - Vitré à Mme la duchesse de La Trémoille Madame, Je rends grâce très humbles à Vostre Grandeur de l’honneur qu’elle m’a faict de m’envoyer sa déclaration, laquelle, avec l’aide de Dieu, me fera gaigner mon procès en ce chef. Quand à la quittance, dont je vous advois aussi importunée, j’en ay escript à Monsieur de La Mazure et l’en ay esclairé sur tout Si Vostre Excellance juge à propos qu’elle m’en doyve gratifier, je l’en supplie très humblement. Ceste obligation ogmanterale nombre de pleusieurs autres ausquelles je suis incapable de satisfaire si ce n’est par mes prières pour l’accroissement et prospérité de Vostre Grandeur et des Messeigneurs sacrifiant mes jours et ma vie à vostre très humble service. Je vous diray aussi, Madame, comme Monsieur le procureur-sindic a assemblé quelques habitans au logis de Monsieur de Terchant, afin de sçavoir le remeide qu’il pourait apporter pour faire venir vostre bois de chaufage. Chacun en son particulier a promis de faire aller ses massagers, mais n’ont rien délibéré pour le général. La responce qu’ils dont à rage. Chacun en son particulier a promis de faire aller ses massagers, mais n’ont rien délibéré pour le général. La responce qu’ils font à Vostre Exellance et à Monsieur de La Motte vous informera de leur bonne volonté s’ils ne corigent leurs lettres; Quand à mon particulier, je ne manqueray en toutes occasions de rendre les tesmoignages de mes bonnes volontés pour me conserver la qualité de, Madame, vostre très humble, très fidelle et très obéissant serviteur. La Motte-Chesneau 182 Monsieur de Guémadeuc avait également tué le sénéchal de Chatillon-en-Vendelais, un huguenot, qui lui reprochait d’avoir fait déterrer la dépouille de sa mère et l’avoir jeté dans un étang. 90 De vostre ville de Vitré, ce .26 aoust 1617 69 2 septembre 1617 - Vitré à Mme de La Trémoille Madame, Depuis nostre lettre escripte à Vostre Grandeur, nous avons fait un voïage sur les lieux, Monsieur des Hayers et moy avec des espers et considérant ce qui pouroit arriver de ce nouveau changemaant, ils nous représentèrent que si la force de l’eau par hasart rompoit la chausée, elle pouroit aussi enporter le moulin et qu’il n’y avoit pas beaucoup de seureté de les advancer sy avant et reguardant si le fond seroit assez solide pour prendre les fondemans nous y trouvasmes des molières et que la terre n’estoit pas assez fermé pour y assurer le corps du moulin et considérant d’ailleurs que nous pouvions prendre trois ietz d’eau au lieu où il est situé et empescher le chommage tout le long de l’année. Nous avons jugé à propos de contiuer le premier bail, aussi que ce grand corps de logis a esté fait bastir par les differents seigneurs pour retirer les chiens et lors qu’ilz alloient à la chasse, ne se trouvant autre demeure plus proche de la forest, et crainte que Monseigneur chérissant cet exercice se trouverast incommodé en la perte de ce bastiment qui a cousté beaucoup de bien et que pour ce subject il en voulust mal à ceux qui auroist fait la première proposition. J’ay osé représenter le tout à Vostre Exellance afin de recevoir la desus vos commandemans. Quand à ce qui est du Pont-Billon, je ne manqueray à en faire mon debvoir et en toutes occasions de tesmoigner mes bonnes volontés à me conserver l’honneur et la qualité de, Madame, vostre très humble, très fidelle et très obéissant serviteur. La Motte-Chesneau De ceste ville de Vitré, ce 2 septembre 1617. 1618 Le dossier d’actualité était le tiercement des landes d’Izé au nord-ouest de Vitré. 70 12 janvier 1618 - Vitré à Mme la duchesse de La Trémoille Madame, Monsieur de La Motte depuis qu’il est par deçà, n’a cessé de travailler en l’affaire des landes. Nous espérions que par la douceur vos sujects d’Izé obéiroist à vos commandement, mais plus on leur donne de temps à y penser, plus ils se montrent rebelles encore qu’ils ayent fait quelque offre qui fait juger qu’ils creignent de succomber en ce procès. Monsieur de La Motte vous en escrira plus particulièrement, qui a esté d’advis que l’on ne commenceast point ceste affaire par l’exécution et fort apropos attendu l’instance intentée et si Monsieur de La Motte escript à Paris ce voïage pour avoir des lettres du Roy afin de tiercer toutes vos landes. Elles ne seront point si tost signifiées avec assination en la chambre de l’Edict pour les voir vérifier que beaucoup n’aquiessent, lesquel ne doutent point que Vostre Grandeur ne puisse optenir ce tierceage et m’advancera de dire que ceste affaire estant de grande conséquence comme elle ne doit estre poursuivie lentemant en cest occasion comme en toutes autres. Je suis prêts de rendre le service que je dois selon vos commandemans et selon mon pouvoir. Si Vostre Exellence estoit par deçà, elle adoucireroit ceste affaire ensemble pour avoir un tiltre de l’an 91 mil deux cens contre Monsieur le comte de Vertus183, pour justifier que Quintin n’est point sorti d’Avaugour. Si j’avois autant de puissance et de moyens comme de bonne volonté mes effects iroist à l’esgual de mes parolles désirant toute ma vie me conserver la qualité de Madame, vostre très humble, très fidelle et très obéissant serviteur. La Motte-Chesneau De vostre ville de Vitré, ce 12 janvier 1618. 71 18 febvrier 1618 - Vitré à Mme la duchesse de La Trémoille Madame, Suivant vos commandemans, nous avons fait ce qui se peut faire jusques à ce jour pour advancer l’affaire de la vante des landes de vostre baronnie et avons résoust vos subjects de la paroisse d’Izé et pleusieurs autres à obéir volontairement, mais je crains que nostre travail soit inutille d’autant que Monsieur de La Motte m’a dit qu’il n’avoit aucun pouvoir de vendre, ny d’effectuer les assinations que nous avons prises pour se faire, demeurant illusoires fait croire à vos subjects que Vostre Grandeur n’a pas desein de vendre appréhendant par ce moyen que nostre poene et la despence advancée ne produisent aucun profit. Cela est cause que j’ay prins la hardiesse d’addresser la présente à Vostre Exellance pour la supplier très humblemant de nous envoyer un pouvoir exprès par lequel Monsieur de La Motte puisse substituer d’autant qu’il espère partir bientost d’icy, car en l’estat où nous avons réduit ceste affaire, je m’assure que sans procès avant Pasques j’en vanderay grande quantité et vostre grandeur congnoistroit ceste vérité par le profit qu’elle en receveroit mais si’l ne vous pleust nous envoyer procure, tout ce que nous avons fait ne servira de rien et au contraire refroidira les subjects qui ont bonne volonté. Cet advis, Madame, est pour me descharger à ce que je ne sois accusé de n’avoir fait mon debvoir et si à l’advenir il se trouve de la dificulté que l’on ne doute point de la cause. C’est à mon grand regret que les choses ne s’advancent davantage, mais ayant fait ce que je puis je laisse le surplus à vostre authorité et à la prudence de vostre conseil que s’il vous plaist envoyer procure vous congnoistrés les efforts de beaucoup de parolles et que je suis véritablemant, Madame, vostre très humble, très fidelle et très obéissant serviteur. La Motte-Chesneau De vostre ville de Vitré, ce 18 febvrier 1618. 72 28 avril 1618 - Vitré à Mme de La Trémoille Madame, J’ay creu qu’il estoit de mon devoir de vous donner advis d’un procès qui est au grand conseil entre l’abbé de Savigné et Monsieur de La Cadorière, auquel il a esté vendu le bois taillis (un blanc) en la chastelenie de Chevré qui aboutist d’un costé à un estang nommé Fayet, lequel a esté donné par les seigneurs de ceste maison à la dicte abaye, à la queue (?) duquel estang ils ont fait une chausée qui est un second estang, lequel couvre une partie du bois que vous avés vandu. 183 Claude de Bretagne (1584-1637), comte de Vertus, baron d'Avaugour, seigneur de Clisson, gouverneur de Rennes, descendait de François de Bretagne, fils naturel du duc François II de Bretagne. En tant que baron d’Avaugour, il prétendait avoir des droits de suzeraineté sur le comté de Quintin, ce que contestaient les La Trémoille. 92 Ledit Sr. de La Cadorière m’a fait signifier des faits que ledict abbé luy a signifier et produit contre luy. Il vous supplie très humblement de prendre interrest, en ceste cause, pour luy guarantit ce qu’il a achepté. Il ne demande que le nom promettant de satisfaire aux frais et à tous l’evénemant du procès davantage. Il assure Vostre excellence que ce petit estang a esté >>>>> et que s’il luy plaist demander communication des tiltres de ladite abbaye, vous congnoistrés par là que vous en pourés disposer et ledict Sr. de La Cadorière voudroit en avoir donné une bonne somme d’argent. Je vous envoye la lettre qu’il m’a rescripte qui servira de plus simple instruction et d’assurance, comme il s’oblige aux frais pour la poursuite dud. procès, Vostre Grandeur donnera ordre selon l’advis de son prudent conseil ; celle-cy n’estant que pour m’acquitter de mon debvoir et me conserver tousjour l’honneur et la qualité de, Madame, Vostre très humble, très fidelle et très obéissant serviteur. La Motte-Chesneau De vostre ville de Vitré, ce 28ème apvril 1618. 73 8 mars 1618 - Vitré à Mme la duchesse de La Trémoille Madame, Espérant que Vostre Grandeur seroit encore à Thouars, j’avois escript par homme esprès pour luy faire entendre en quel estat sont les affaires de vos landes. Je ne sçay si ces premières seront envoyées à Paris. Cela est cause que derechef je me suis hasardé de vous escrire pour faire entendre à Vostre Grandeur que tout ce qui se peut apporter de disposition en ce dessein du coste des sujects est en sa perfection qui ne servira de rien s’il ne plaist à Vostre Exellance envoyer procuration pour vandre. J’espérois que Monsieur de La Motte venoit apporter avec luy. Cela a trompé beaucoup de vos subjects ausquels je l’avois assuré, meinttnant il m’a dit qu’il n’en avoirs point et qu’il l’attandoit de jour en jour. Si vous désires recevoir de l’utilité et du contentemant en ceste affaire, vous aurés agréable de nous envoyer une procure autremant il n’espère pas que à l’advenir on puisse advancer les choses comme elles sont. J’ay fait beaucoup de frais et en fait tous les jours pour randre ce service, j’appréhande que tout y demeure avec ma poene, d’autant que je voy un chacin n’estre pas porté à ceste vante prouveu que l’on ne m’accuse point d’avoir manqué en mon debvoir. Je suis contant d’en estre deschargé et qu’il plaise à Vostre Exellance me permettre de retirer ce que j’ay peu y mettrre de que je puis faire avec les subjects quand l’on ne désirera point que ls chose soit vandue sinon je n’apprehanderay point pour randre le service /2/ que je dois d’employer mon bien, ma peine et ma vie et si je pouvois davantage ou que je ne me visse point appelé les effects de mes parolles et de mes bonnes volontés, seroist plus sensibles qu’ils ne sont. Cela despend de Dieu et de vous Madame, car si vous juger à propos d’envoyer procure pour les landes, en ceste occasion, je feray congnoistre ma fidélité, mon soing, ma diligene et mon affection à vostre très humble service. Vostre seule grandeur peut donner jour aux effects de ce dessein, qui seroit un échantillon de ce que je désire continuer le reste de mes jour. Et attendant l’honneur de vos commandemens la desus, je suppliray, très humblement, Vostre Grandeur de me conferrer la qualité de, Madame, vostre très humble, très fidelle et très obéissant serviteur. La Motte-Chesneau De vostre ville de Vitré, ce .8 mars 1618. 74 26 mai 1618 - Vitré 93 à Mme de La Trémoille Madame, Continuant les effectz de mon debvoir à vostre très humble service, je supplieroy très humblement Vostre Grandeur de penser à ce qui est de la conservation de vostre marché, d’autant que le fermier n’est pas résolu d’atandre davantage et si de bonne heure l’on faisoit ceste réformation vostre revenu seroit ogmanté de beaucoup et seroit des dommage des pertes passées pour la jouissance qu’il en feroit aux années advenir autremant vostre compte sera rempli de non jouissance et de dédoumagemans Vostre Exellance sera aussi advertie que pour la réparation du moulin de Pont Billon, il est impossible de trouver aucun bois propre dedans vos forests. Ce seroit faire beaucoup de despence pour y réformer aussi tost. je croy que Monsieur des Hayers vous en escript : il l’a fait entendre à Monsieur de La Motte, tellemant Madame qu’il est nécessaire d’en achepter de quelques particuliers de que nous ne pourons faire par vostre esprès commandemant lequel nous attenderons au prochain voïage. Il y a aussi un de vos sujects, nommé Bonnion-Vallerais, lequel a esté pourveu curateur devant vos juges de certains mineurs, dont le père est décédé dans vostre ville. L’invantaire des meubles y a aussi esté fait néanmoings désirant faire quelque chose au préjudice de mineurs et disposer de tout bien à sa volonté. Il a fait appeller les parans droit devant les juge de Rennes et y a rendu son compte. Cela, Madame, est faire une ouverture fort préjudiciable à vostre jurisdiction et s’il estoit permins à vos subjectsde choisir des juges à leur fantaisie il ne vous faudroit plus d’ifficiers en vostre baronnie. c’est pourquoy j’ay fait ordonner par Monsieur vostre séneschal184 que Vallerais curateur randra compte devant luy, sans avoir esguard au prétendu compte randu à Rennes et qu’il ne pour vendre le bien des mineurs auparavant. Il s’est porté appelant et nous aprins à partie. Cela est cause que je me suis porté appellant du compte rendu à Rennes et supplions Vostre Grandeur de nous envoyer des lettres /2/ d’évocation afin de nous oster de devant les juges du siège de Rennes, lesquel sont juges et partiel et qui anticipent sur vostre baronnie le plus qu’ils prennent il y a nombre d’arest donnée contraire lequel nous envoyrons à Paris avec les pappiers et les instructions nécessaires. Je vous diray aussi, Madame, qu’en vostre paroisse d’Argentray et balliage, il n’y a que deux notaires, lesquels sont tous deux & près, frères tellement que selon les ordonnances du Roy, ils ne peuvent instrumanter ensemble. Nous en avons receu plusieurs plaintes. Le balliage est assés grand pour y en mettre un tiers. Nous n’avions pas voulu le faire de nostre office ; c’est pourquoy nous en donnons advis à Vostre Grandeur et afin d’empescher les notaires des jurisdictions inférieures d’instrumanter parmi vos subjects. Il faut ou contraindre l’un d’eux de se deffair de son estat ou bien y mettre un tiers que si vous jugés à propos de le faire et que Vostre Exellance envoye un mandemant en blanc, je le bailleray et tiendraye compte de l’argeant que j’en receuvray la desus aussi Madame nous attenderons vos commandemans. Vostre Grandeur sera encor advertie comme vos habitans de ceste ville poursuivent un prestre chapelain qui estoit à l’hôpîtal de St-Nicolas pour le faire punir et démettre et désirent en pourvoir un autre de leur propre authorité. J’ay aprins que les seigneurs de ceste maison ont acoustumé d’en pourvoir par lettre. cela est cause que je me suis opposé et voyant que le prestre ne pouvoit plus demeurer dans l’hôpital, j’ay escrit à Rennes pour avoir sa résination, afin de la vous envoyer au prochain voïage et que sur icelle vous donniez vos lettres de provision et que Vostre Exellance soit conservée en son authorité ses advis estant afin que ne soyés prévenue et surprise. Monsieur de La Motte estant à Paris, vous poura dire, Madame, en quel estat nous avons laissé l’affaire des landes. Je ne suis encore assuré depuis peu. J’escrivi il y a quelque temps à Monsieur d’Iray la forme qu’il faille et pour faire une procure. Vostre Grandeur y donnera l’ordre nécessaire et ne croy pas que le retardement y soit utille l’occasion est chaune /3/. La grande affection qui me porte à m’acquitter de mon debvoir au service que je dois à Vostre Excellence et de celle de Monseigneur, m’oblige de vous dire Madame que Monsieur de Rohan ne rendoit point aux prétentions qu’il a contre Monseigneur, car outre que dès à présent il oblige ses amis 184 Jean de Couesnon, sieur de Trélan. 94 en ceste province. J’ay esté prié (je ne say s’il voudroit l’advouer) de suprimer peu de chose que j’ay escripte touchant ces differang, je suis trop ignorant pour que mon ouvrage puisse nuire au service, toutefois, je prens à un grand adventage de quoy on le craint. Je ne puis en ceste affaire vous faire ce qui seroit besoing de sçavoir seulement, Madame, le supplier très humblement Vostre Grandeurde me commander ce qui le feray en ceste occasion je le puis espérer de service Monseigneur par cet escript où s’il faut quel ne soit inutille après un si long travail d’autant que c’est cette année qu’il faudra disputer son bon droit et prendre possession de ce qui a esté si longtemps usurpé et faire congnoistre comme Monseigneur a esté fort mal servi par ceux qui en ont escript. Vous pardonneray à ma témérité et au désir que j’ay de randre les tesmoignages de mes bonnes volontés à vostre très humble service. Je n’espargneray aucunne chose qui soit en ma puissance pour marquer ceste qualité et me conserver perpétuellement Madame, Vostre très humble, très fidelle et très obéissant serviteur. La Motte-Chesneau De vostre ville de Vitré ce 26 may 1618. 75 9 juin 1618 - Vitré à Mme de La Trémoille Madame, Pour responce à celle que m’avez [fait] l’honneur de m’escrire, Vostre Grandeur sera asurée que je ne manqueray à obéir à vos commandemens de point en point. J’ay communiqué la vostre à vostre sou-fermier, lequel voyant la résolution prise de donner ordre à ceste affaire, s’est réjouy de ne vous poursuivre point par la voye de la justice, mais au contraire de vous randre toute sorte de service en ceste obéissance. Sachant que ceste affaire est de grande conséquance et qui regarde le public, j’ay jugé qu’il la failloit manier avec beaucoup d’invention afin qu’il ne se trouve personne en ceste assamblée qui soit contraire au bien de vostre service. C’est pourquoy, je tarderay à faire assambler la maison de ville, que premièrement je ne soye assuré de ceux qui seront nommés et de quelques marchands fermiers qui viennent à vostre marché, après je présenteray requeste à la cour suivant vostre commandement. Pour y parvenir plus facilement, je supplie très humblement Vostre Grandeur que au prochain voyage il est jugé à propos d’envoyer un mot de lettre à Monsieur le président des Neutumières 185 pour optenir cet arest et un autre à Monsieur de La Boisière, son frère186, qui est à la grand chambre et lequel en sera juge, vue à Monsieur le procureur général187 qui prendra ses conclusions sur la requeste. Par ce moyen, j’espère facilemant optenir ce qui sera nécessaire pour cet affaire. S’il plaisoit aussi à Vostre Exellance de faire un mot à Monsieur de Terchant afin qu’ils se trouve à ceste assemblée et qu’il porte les habitans députés à consentir ce qui sera jugé utille et nécessaire. Il peut beaucoup en ce que j’espère /2/ faire, qui est de faire hausser le debvoir au prorata de ce que vallois l’argeant il y a cent et deux cent ans, sinon du tout, pour le moings à la moitié ou au tiers. Et, pour faciliter ce dessein, j’ay retiray quelques arrests que quelques seigneurs ont optenus à leur advantage en cas semblable, aynsi, Madame, j’espère que vous aurés du profit et du contantement en ceste exécution, laquelle je poursuiveray à mon possible sitost que j’auray receu les vostres et suppliant Vostre Exellance me fère l’honneur d’envoyer des lettres d’évocation pour réprimer la 185 Paul Hay (1560-1634), baron des Nétumières, frère aîné du sieur de La Motte. Il avait succédé en 1584 à son père en sa charge de conseiller au parlement de Bretagne et était devenu président à mortier en 1602. 186 Simon Hay (1565-1635), sieur de La Bouexière et de Couellan, fils de Jean Hay des Nétumières et de sa seconde épouse Gillette de Bourgon, demi-frère du baron des Nétumières et du sieur de La Motte. Il était conseiller au parlement de Bretagne depuis 1595. 187 Claude de Marbeuf (1580-1661), sieur de La Pilletière et de Blaison, procureur général depuis 1612. Il vendit sa charge le 10 septembre 1618 à Christophe Fouquet (1597-1675), comte de Challain. 95 >>érité de vos subjects et l’usurpation pour (?) du siège de Rennes, je l’assureray que je n’auray jamais autre dessein sinon de randre mon service utill et que je ne manqueray en toutes occasions de faire cognoistre mon affection et mes bonnes volontés à m’acquitter de mon debvoir en ma charge et demeurer toute ma vie, Madame, vostre très humble, très fidelle et très obéissant serviteur. La Motte-Chesneau De vostre ville de Vitré, ce 9 juin 1618. 1619 Pendant l’année 1619 une série de prêches d’un recollet 188 mit en danger à Vitré la cohabitation fragile qui existait entre les catholiques et les protestants. La présence en Bretagne du duc Henri de La Trémoille pendant le second semestre mit fin à cette agitation. 76 3 mars 1619 - Vitré à M. le duc de La Trémoille Monseigneur, L’extrémité où je me vois réduit en voulant m’acquitter de mon debvoir au service que je dois à Vostre Exellence, me force de l’inportuner de mes très humbles supplications afin qu’il luy plaise prendre part à l’affaire que vous avez renvoié d’un prédicateur récolé, qui pour vanger les passions de quelques séditieux de vos habitans, blessés de ce que je me suis porté à la conservation de vos droits, a meintenu que vous ne pouviez disposer de vos bénéfices et a proféré mille imprécations et clameurs contre vostre authorité et contre les édits du Roy, en sorte que Monsieur du Préau a esté contrans d’escrire contre luy et moy de parler […] et pour continuer ses mauvais desseins, ils l’ont retenu pour prescher les advans et le caresme prochain. Que si l’authorité de Vostre Grandeur intervient pour l’empescher de prescher et en donner commandemenat à vos subjects catoliques, sans doute, Monseigneur, il arrivera un grand désordre et ne pouvant supporter ceste tyrannie, nous serons contrains de quitter et le remède à ce mal doit estre prompt, d’autant que le récolé a soubz le seing de vos habitans la promesse de leur chère et à ces Pasques prochaines il le doit faire nommer par le chapitre général de son ordre et est nécessaire d’y donner ordre auparavant. Je croy que Messieurs de la Religion en escrivant en corps à Vostre Exellance et la supliant, comme je fais aussi très humblement, d’escrire au corps /2/ de vos habitans catoliques à ce qu’ils en prennent un autre et qu’ils ne permettent plus à ce père Jouys, récolé, de prescher à l’advenir dans vostre ville de Vitré; Cela donnera courage à vos fidelles serviteurs de s’acquitter dignement de leur debvoir et, moy particuièrement, de me conserver la qualité de, Monseigneur, vostre très humble, très fidelle et très obéissant serviteur. La Motte-Chesneau De vostre ville de Vitré, ce 8 mars 1619. 77 8 mars 1619 - Vitré à Mme la duchesse de La Trémoille Madame, 188 Religieux franciscain réformé. 96 Vostre Excellence ayant tousjours servi d’un azille aux gens de bien et à vos plus fidelles serviteurs, qui n’ont pour but que le service de Vostre Grandeur et celuy de Monseigneur et par le passé en ayant santi les effects en l’exercice de ma charge, ces considérations m’ont porté à implorer plus libremant vostre authorité, la suppliant très humblement de favoriser mes desseins en une cause juste où Monseigneur et Vostre Excellance ont beaucoup d’intérest. C’est que depuis peu de temps ayant voulu conserver à Monseigneur le droit de présenter le prieur et aulmonnier de St-Nicolas de l’hospital de Vitré et à vostre thrésorier de la Magdeleine le droit de pourvoir d’un principal du collège des catoliques que vos habitans auroient usurpé depuis quarante à cinquante ans passés. Et ayant mins Monseigneur en ceste possession après ne m’avoir peu corompre par offre et par prières, ils ont porté un prédicateur recolé à prescher contre l’authorité de Monseigneur et contre moy, et ont voulu maintenir qu’estant de la Religion, Sa Grandeur, ne pouvoit disposer des bénéfices, ont assemblé leur maison de ville par pleusieurs fois pour en eslire un à leur volonté et se voyant esloignés de leur dessein et que Monseigneur en avoit pourveu, le prédicateur le donna au diable en pleine chère et moy semblablement avec plusieurs autres injures, blasmes et violances dont Vostre Exellance sera informée par nombre de gens de bien par tout contre l’honneur de Dieu, les Edict du Roy et les droits de vostre baronnie. En sorte que Monsieur du Préau189 a esté contraint de répartir par escript à une partie de son outrecuidance et moy en public et dans vostre audiance de parler seuremant /2/ contre ceste révolte. Mais ce procédé n’a fait qu’iriter les plus séditieux. Le remède parfait despent de vostre autorité, car ayant veu que ce prédicateur avoit espousé leurs passions, ils ont délibéré en leurs assemblées de le faire prescher les advans et le caresme prochain, l’ayant prié et l’ont retenu afin qu’il continua, à maintenir son erreur et à prescher contre ce que Monsieur du Préau a escrit et contre ce que j’ay dit pour la conservation de vos droit, et le récolé ayant les demande des habitans par escrit à ces Pasques prochains en l’assemblée généralle de leur ordre se doit faire nommer pour prescher l’année prochaine. Ce qui ayant esté jugé trop préjudiciable contre l’union et la seureté publique et contre les Edicts du Roy a convié Messieurs de la Religion d’en escrire à Vostre Grandeur et moy d’accompagner leur lettre de mes très humbles supplications, tendantes à ce qu’il vous plaise d’écrire un mot à vos habitans catoliques et leur commander que ce recollé ne presche plus à l’advenir dans leur chère, car sans doute, s’il revient, il allumera un feu qui sera bien dificille a esteindre et le malheur sera bien grand et très préjudiciable à vostre service. Je vous supplie très humblement, Madame, de considérer que je suis seul icy à porter tout le faiz ! Ceux qui sont du pays faisant leur profit de vostre dommage. Ceste occasion et pleusieurs autres sont des tesmoignages certains qu’en nos charges les estrangers vous sont très utilles, mais je suis seul qui ne scauroit plus subsister. Et vous congnoistrez que cet orage est très grand, si Dieu et vostre résidance ne mestent la main. Cest en elle seule que nous espérons, attandant nostre secours de vostre main puissante, afin que plus librement je puisse me conserver la qualité de, Madame, vostre très humble, très fidelle et très obéissant serviteur. La Motte-Chesneau De vostre ville de Vitré, ce 8 mars 1619. 78 13 avril 1619 - Vitré à Mme la duchesse de La Trémoille Madame, Ayant sceu que Monseigneur estoit arrivé à Paris, j’ay prins la hardiesse d’inportuner derechef Vostre Exellance et la supplier très humblement de se resouvenir des insolances du père Jouye qui a 189 Jean Parent, sieur du Préau, était le ministre à Vitré depuis 1594. Par sa femme il était apparenté au du Matz de Montmartin. La lettre qu’il a écrit le 9 mars 1619 à Charlotte-Brabantine de Nassau pour l’informer des prêches séditieux de ce récollet de Vitré a été publiée par B. VAURIGAUD, Essai sur l’Histoire des Eglises réformées de Bretagne, 1535-1808, Paris, 1870, 3 vol, tome II, p. 141-142. 97 presché les advans derniers, lequel de présent est à Vitré en dessein de faire encor pis, que si l’authorité de Monseigneur n’intervient pour oposer les violances de cest homme et empescher qu’il ne presche à l’advenir en la chère de Vitré, les affaires se porteront à une telle extrêmité qu’il sera difficille de donner ordre que avec beaucoup de scandalle. Ce qui m’en fait parler de la sorte, c’est d’autant que l’authorité de Monseigneur est beaucoup intéressée en ce procédé, car ayant commencé contre elle, il ne peut faire qu’à son désavantage si tant est qu’on luy laisse prendre lois. C’est mon debvoir de rechercher ceste asistance de sa grandeur et en toutes occasions de prendre les tesmoignages de mon affection à me conserver la qualité de, Madame, vostre très humble, très fidelle et très obéissant serviteur. La Motte-Chesneau De vostre ville de Vitré, ce 13 apvril 1619. 79 18 mai 1619 - Vitré à Mme de La Trémoille Madame, Estant assuré que Monseigneur estoit parti de Paris, j’ay prins la hardiesse d’importuner Vostre Grandeur de la présente, pour luy donner advis, comme au voïage dernier nous avions fait response à celle dont Son Excellence nous avoit honorés et obéissant à ses commandemens, nous avons envoyé une information des insolances du Père Jouys prédicateur qui de présent en ceste ville fait ce qu’il peut pour eslever vos subjects contre vostre anthorité et contre moy afin de prescher et de continuer ses passions et ses vengeances. Il est nécessaire d’opposer ce dessein an trouvant vos officiers qui auront désir de s’acquitter fidellement en leur charge seront empescher par ceste procédure extraordinaire qui les met en butte à tout un poup (?) le peuple de désobeissance et si l’authorité de Monseigneur ne se rand absolue nous somes en un esclavage bien grand. Nous fismes aussi response touchant le commendemant que nous avions receu de faire tirer le papegault190, selon la forme accoustumée, mais la maison de ville fist bien peu d’estat de la lettre et de l’authorité de Monseigneur, car au lieu d’obéir il y en eut pleusieurs qui dirent hautemant que Monseigneur n’avoit point de voix en leur maison commune, qu’ils tenoient leur maison de ville et leur papegaut du Roy et que leurs délibérations estoient des arrêts de la cour tellemant, que si peu d’habitans qui se montrèrent affectionnés pour la conservation de vostre authorité, furent prins à partie et après pleusieurs parolles d’invectives & d’injures se pensèrent couppés la gorge, aussitost vos officiers furent attacqués et n’estans pas en seureté en ceste assemblée furent contrains de se retirer sans rien faire. Ce peuple est fort doux et honneste quand on ne luy demande rien et qu’on luy laisse usurper les droicts, l’authorité et les revenus de la seigneurie. Ils ont par usurpation possédé depuis soysante ou quarante ans les droits de pourvoire à des bénéfices et des offices, mesmes en ont érigé de nouveau et comme ils croyent que je m’oppose à tout ce qu’ils font et que je remets es mains de Monseigneur ce qui en est sorti, ils se bandent contre moy et par toutes sortes de moyens s’efforcent de me chasser/2/. J’ay aussi jugé à propos de donner advis à Vostre Grandeur d’une affaire de grande conséquance, c’est qu’un nommé Monsieur de La Bourelière, de vostre ville, ayant acquis un moulin mommé le moulin de Salée, baillé par Monsieur le marquis de Noelle, à un féage perpétuel à charge de le tenir de la baronnie de Vitré est d’en payer 36 livres de rente par an. Ils ont supposé un faulx contrat d’amortissemant de ceste rante au moyen diceluy ont mins le moulin dans le fief du Roy, payé les vantes du fermier de son domaine et se font libérer de la continuation de ceste rente. Il y a près de cinquante ans, non content d’avoir fait ce que desus, i a fait appeller tous vos subjects de la 190 Cible situé au haut d’un mat que les participants à ce jeu essayaient d’atteindre d’un coup d’arquebuse. 98 chastelenie du Désert191, qui ne sont point obliger à ce moulin d’autant que la ditte chastelenie n’estoit point de la baronnie lorsque le moulin fut vendu, et les veut contraindre d’y aller moudre. Ils sont venus à moy pour prendre le procès pour eux et ay eut en communication des tiltres dudit Sr. de La Bourelière. J’ay trouvé qu’il n’avoit aucun droit de contraindre vos subjects que son moulin tenoit de ceste baronnie qu’il y debvoit 36 livres de rante et les arérages de trante ans et que les rantes estoient deues à vos fermiers et qu’il me failloit porter appellans de la sentance que le fermier du Roy avoit otenue contre vous et le relever en la Chambre de l’Edit, car je diray librement que ledit Bourelière est grandament appuïé par le deçà, pour avoir marié sa fille au fils aisné de Monsieur de Launaye, lequel est parant et allié de ce qu’il y a de meilleurs, maisons en la baronnie tant de j>>>> que d’autres et qui ont le plus d’authorité. Il me faut faire le royde. On a fait ce que l’on a peu pour me faire randre les actes et ne dire mot, mais Dieu aydant je serviray le plus fidellement qu’il me sera possible. Chacun se preste la main pour se maintenir. Monseigneur Doudard192 seul et ses fidelles serviteurs sont en oprobre et en >>>>> à un chacun. Ledit Bourdilière a aussi fait perdre l’obéissance d’une uistaine qu’il a minse es fief de Monsieur de La Marcelière en la Motte de Gennes 193. Je supplie très humblement Vostre Grandeur que nous puissions avoir des lettres d’invocation pour intimer le fermier du Roy et son procureur au siège. Je vous envoye lesdictes afin de congnoistre que c’est là vérité que je vous escry, n’y ayant gentilhomme, ny mesmes subject en la baronnie contre lequel il ne faille avoir procès 194 /3/. Un nommé La Lande, vallet de chambre et tailleur de deffunct Monseigneur de Laval 195, a optenu, soutenu au siège de Rennes contre Vostre Exellance pour quelque somme de deniers qu’il prestent luy estre deux par l’advis de Monsieur de La Motte. Je m’en suis porté appellant. J’envoye aussi l’appel et les pappier nonobstant iceluy. Il passera entre par ce qu’il a une provision. Vostre Exellance me commandera s’il luy plait ce que je dois faire là desus et s’il est nécessaire d’envoyer en la Chambre de l’Edit. Le conseil pour délibérer sur les pappiers que j’envoye. Ce sont là les affaires qui pressent le plus pour le présent qui me fait upplier très humblemant Vostre Grandeur d’y apporter l’ordre qu’elle sugèra nécessaire avec Monseigneur. Je ne désire point estre du nombre de ceux qui promettent beaucoup et ne font rien pour se dait ce que je prens et en toutes mes actions randray les tesmoignages de ma fidelle affectionme conférrer toute ma vie la qualité de, Madame, vostre très humble, très fidelle et très obéissant serviteur. La Motte-Chesneau De vostre ville de Vitré, ce .18 mai 1619. 80 20 juin 1619 - Vitré à Mme la duchesse de La Trémoille Madame, Je rands grâces très humbles à Vostre Exellance de la charité que vous avez exercée envers une pauvre veufve chargée de ses enfans et qui n’a pour tout bien que ce que vostre libéralité luy a desparti. Je supplie le tout puissant qu’il me face la grâce par mes très humbles services de recongnoistre tant de biens faicts que je n’ay jamais mérités obéissant à vos commandemans. 191 La châtellenie du Désert relevait depuis 1542 de la baronnie de Vitré. Objet de plusieurs démembrements, elle ne s’étendait plus au XVIIe siècle que sur une douzaine de paroisses : Domalain, Availles, Moutiers, Bais, Visseiche, Moulins, Chancé, Saint-Germain-du-Pinel, Gennes, Brielles, Le Pertre et Vergeal. 192 Maurice Doudart, uh huguenot, était un des principaux banquiers rennais, enrichi dans l’exportation des toiles d’Olonne vers l’Espagne et la Hollande. Il était marié à Marie Ravenel du Boistilleul, d’une des principales familles Vitréennes; 193 François de La Marzelière, marquis dudit lieu en Bain de Bretagne, était seigneur de la Motte de Gennes. Cette seigneurie relevait pour une part de la châtellenie du désert et pour une autre part du Roi.. 194 Remarque fataliste qui met en évidence la difficulté de la tâche de Chesneau. 195 Jean Dufour, sieur de la Lande, un huguenot, mourut le 15 octobre 1625 à Vitré. 99 Je me suis informé à quelle cause Le Four-La Lande196 jouissoit de luy des moulins de vostre baronnie. L’on m’a assuré que c’est pour rescompencé de services et que ce fut deffunct Monseigneur de Laval le dernier décédé et que les parties qu’il prêtant aujourd’huy luy estre deües, ne sont point mantionnées dans le don. Ledit La Lande m’a fait signifier une prétendre baillée de cauption au moyen de laquelle il a fait exécuter Monsieur des Hayers pour mil livres, n’ayant trouvé davantage à prendre. J’attandois une deffance de la Cour pour luy faire signifier et feroit bien nécessaire d’en avoir une afin qu’il ne passast plus outre au reste et que l’on eust temps ou de se deffandre ou d’accorder car il n’y a point de remède que celuy là pour empescher l’exécution du reste de la promision et a baillé des cauptions à Rennes que je ne congnois point. Je n’ay peu en conférer avec Monsieur de La Motte, pour n’avoir point esté icy il y a longtemps. Je le feray aussitost qu’il sera de retour de Laval. Et attandant vos commandemens la desus, je continueray l’assurance de mon affection et de mes bonnes volontés à demeurer toute ma vie, Madame, vostre très humble, très fidelle et très obéissant serviteur. La Motte-Chesneau De vostre ville de Vitré, ce 20 juin 1619. Madame, Depuis ma lettre escripte, j’ay recouvert un autant197 du don dudit La Lande dans lequel il n’est nullemant parlé des sommes qu’il prétend. J’ay envoyé une coppie à Vostre Grandeur avec un autant de l’execution et de la baillée de canption qui n’est nullement vallable, et m’estonne beaucoup comment il a voulu et l’escripvent aussi passer outre. J’ay prié par pleusieurs fois feu Monsieur de Varchaize(?)-Allain, vostre procureur du siège de Rennes, de l’infirmité de ce certificateur, mais je n’ay point eu de responce là-dessus. Je luy ay aussi envoyé les lettres d’appel en la chambre de l’Edit pour le moulin de salée, afin qu’il les fist signifier à Monsieur le procureur du Roy. Il m’a mandé qu’il ne trouvoit point de sergeant qui la voulust faire. Il faudra que j’y aille moy mesme & que j’en injure un de vive, enfin je feray ce qui me sera possible pour rendre le service que je dois. 81 20 juin 1619 - Vitré à M. de Champdor Monsieur, Je vous remercie bien humblemet de la peine que vous avez eue pour mon occcasion après cet estat de seigneurie. La pauvre veufve est tellemant misérable & réduite à un si grand désespoir que Chalong est blasmé & générallemant de tout le monde. Si Monseigneur & Madame avoist ésté icy, la pitié et la miséricorde les auroient portés à davantage, neanlmoings cela n’empesche pas qu’elle ne soit beaucoup obligé à Madame, car c’est un don gratuit, mais l’on en veut mal à Chalonge d’avoir co>>>> >>>>> >>>>>. Je vous supplie m’obliger de m’envoyer les deniers de Monsieur le maréchal du Bouillon & sont celles >>>> taux de Sedan, de Bouillon et autres & que pourez sçavoir avec leurs >>>>>>>>. Je vous auray une très grande obligation. Cela ce peut sçavoir facilement en la maison de Madame >>>>>> me conserver tousjours >>> bonnes grâces, je demeureray toute ma vie, Monsieur, vostre très humble, fidelle et affectionné serviteur. La Motte-Chesneau A Vitré, ce 20 juin 1619. 196 Jean Dufour, sieur de la Lande, cité dans la lettre précédente. 197 Un authentique (?). 100 Depuis ma lettre escripte, l’on ma assuré >> Chalonge avec retard mes lettres à Madame ne les avoit r>>>> >>>>> avoir optenu ce qu’il désiroit. Je me tais de ceste affaire >>>>>>>>>>>>>>. 82 6 juillet 1619 - Vitré à Mme la duchesse de La Trémoille Madame, Faisant responce à celle que m’avez fait l’honneur de m’escrire touchant Monsieur Deplais, je donneray advis à Vostre Grandeur comme sa procédure m’a forcé de requérir plusieurs foys que sa terre fust saisie, d’autant que sans auceun respet, ny de Monseigneur, ny de sa parolle il exécute et travaille les subjects d’un fief qu’il usurpe contre et au préjudice des déffances que j’ay optenus et du procès intanté mesmes par suprise a voulu faire juger le procès contre Monseigneur ! Beaucoup d’autres comme luy ne demandent q’une possession de longues années pour authoriser leurs usurpations. Je ne manqueray néanmoings d’obéir à vos commandemans, mais vostre Exellance me permettra de me plaindre du fils du Sr. Deplais qui non contant de violanter vos subjects en la paroisse de Tercé, effrontément en plain marché dans le coeur de vostre ville, assomme de coups de baston vos sergeans et vos officiers, supporte un nombre de canailles à exercer de pareilles violances contre vos subjects et me voulant trouver aves le public contre ceste licence de regler luy mesmes en personne le baston à la main accompagné de deux ou de trois autres, m’est venu menasser. Ce qui m’a convier de décréter sur luy et de le prendre prisonnier et luy eusse fait paine son procès sans Monsieur l’aloué. Enfin, Madame, si son père ne le tire d’icy, il apportera du malheur bien grand & supplie très humblement Vostre Grandeur d’y apporter quelque ordre. J’ay fait signifier les lettres d’évocation à Monsieur le procureur du Roy, lesquelles je renvoye, vous assurant, Madame, que j’obéiray à vos commandemans de tout mon pouvoir et qu’en toutes occasions je me eferay congnoistre, Madame, vostre très humble, très fidelle et très obéissant serviteur. La Motte-Chesneau De vostre ville de Vitré, ce 6 juillet 1619. Madame, Faisant responce à la dernière que Vostre Grandeur m’a fait l’honneur de m’escrire, je la puis assurer que je n’ay eu auceune congnoissance des procédures de La Lande. Que alors qu’il a voulu faire exécuter ses sentances, car n’ayant aucun pouvoir hors la jurisdiction et n’estant question de ma charge ny d’auceun droit de vostre baronnie, je ne puis autre chose sinon envoyer les assinations et exploits. Nos procureurs qui doivent en telles occasions rendre le service nécessaire la quantité d’affaire qu’ilz ont pour les uns et les autres leur en fait oublier beaucoup et n’ayant personne qui les solicite. Cela est cause que quelque fois les affaires sont mal deffandues. Et pour mon particulier, il n’y va point de ma faute, dès lors que j’en eu congnoissance, j’allé trouver Monsieur de La Motte au Chastelet et selon l’ordre qui me donna, j’ay procédé à en donner advis à Vostre Exellance et en mon pouvoir, j’ay obéi à vos commandemens. Il est vray que depuis je ne l’ay point veu, d’autant qu’il n’a point esté à Vitré. Et lors de l’exécution, il estoit en Basse Bretagne tellemant que je ne sçavois pas à qui m’adresser, ny quel remeide y apporter. J’ay veu Monsieur Deshayers là desus, lequel m’a dit ne congnoistre le certificateur, non plus que moy et m’a esté inpossible d’avoir auceune responce la desus de Monsieur vostre procureur. Mais que l’on le peut tousjours réprendre sur les jouissans du moulin de Badier198. 198 Le moulin de Badier était un des moulins faisant partie du domaine proche de la baronnie de Vitré. Abbé GUILLOTIN de CORSON, Les grandes seigneuries de Haute-Bretagne, tome II, p. 399. 101 Je ne me suis point arresté de rechercher la coppie du don dudit moulin en vostre greffe, il y auroit eu trop de longeur, je l’ay eue, suptilement de La Lande et le vous envoye signer et guarantir. Ledit La Lande estoit encor avec deffunct Monseigneur lorsque le don luy fut fait et le laissa à Paris quand il partit pour faire son voïage de Hongrie. Je ne manqueray en tout mon pouvoir de rendre le service que je dois et debvois à vos commandemens; 83 6 juillet 1619 - Vitré à M. de Champdor Monsieur, Je n’ay point creu que mes lettre eussent esté >>>>> se seroit une grande effeonterie de s’addresser directement à l’autorite de Madame et vous remercier bien humblement de la poene que vous avez prise pour moy enceste affaire. J’en suis extrémement obligé à Madame et à vous et aux accasions je recongnoistray les >>>>>> de toutes vos bonnes volontés. Je vous suplie vous souvenir de m’envoyer les armes de Monsieur le duc de Bouillon et le blason en >>>>>>>>des occasions qui se présenterons. Je tesmoigneray que je suis, Monsieur, vostre très humble, fidelle et affectionné serviteur. La Motte-Chesneau A Vitré, ce 6 juillet 1619. 84 5 novembre 1619 - Vitré à Mme de La Trémoille Madame, Les biens faictz gratuitz que jusques à présent, j’ay receu de Vostre Grandeur et l’affection que j’ay de continuer vers elle les effects de non très humble service avec la nécessité de mes affaires, me soment d’estre inportun envers Vostre Exellance, pour la suplier très humblement d’avoir agréable de renouveller les lettres de lieutenant des eaux, bois et forests de vostre baronnie que vous me faistes l’honneur de m’octroïer et me donner en blanc, et lequel j’avois achepté de mon résignataire. La raison est que la pourvoïance est faitte sur ma résination et néanlmoins Vostre Grandeur n’a point expédié de lettre en mon nom de cet estat, qui est une espèce de faulx qui annule du tout la pourvoïance. Il y a six ans que je luy achapta et n’en ay point joui. Je vous suplie aussi trsè humblement, Madame, d’avoir agréable de me donner les lettres de procurence des eaux, bois et forests de vostre baronnie au nom de maistre Mathieu Geslin 199 qui le possédoit paravant moy et duquel je l’avois achepté. Vostre Grandeur se resouviendra que désirant luy rendre du service en ceste charge, je l’achapté dudit Geslin et fus pourveu par vous en iceluy. Mais ne pouvant compatir ausdit /2/ Monsieur le maistre et ne désirant préjudicier au bien de vostre service, je fus contraint de remettre l’estat entre les mains de celuy qui me l’avoit résigné avec perte du mien, m’obligeant de luy mettre de nouvelles lettres de pourvoïance entre les mains, ce que je n’ay fait jusques icy et n’ayant osé inportuner Monseigneur de cela, lequel n’a en la congnoissance des choses & comme elles ont passé crainte qu’il reçut de moy autre chose que ce que je suis et que je désire estre le reste de mes jours : à sçavoir son très humble serviteur, j’ay osé importuner Vostre Grandeur et la supplier très humblement de me signer des lettres de provision dudit estat de procureur-fiscal des eaux, bois et forests au nom dudit Geslin et après un million d’autres obligations 199 Mathieu Geslin († 4 septembre 1623), sieur de la Hodayère et de la Chupelière, un catholique, était le fils de Jean Geslin († 29 mars 1613), sieur de la Chevallerie, procureur fiscal de 1574 à 1580 et de 1598 à 1602. 102 celle-cy me donnera d’autant plus de subject de chercher les occasions de recongnoistre tant de biens faictz et de m’acquitter de mon debvoir envers vostre grandeur et celle de Messeigneurs, me conservant tousjours la qualité de, Madame, vostre très humble, très fidelle et très obéissant serviteur. La Motte-Chesneau De vostre ville de Vitré, ce 5 novembre 1619. 85 25 décembre 1620 - Vitré à M. le duc de La Trémoille Monseigneur, Satisfaisant à l’honneur de vos commandemens, je ne manqueray à m’opposer à la pocession que désiroit prendre le Sieur de la Ricordais de l’esperon de vostre ville et donneray advis à Vostre Grandeur de tout ce qui se passera sur ce subject. Quand aux affaires de vostre baronnie, nous sommes grandement en peine pour n’avoir des pappiers à desfandre aux procès intentés contre plusieurs qui ne se lessent point d’usurper les droits et les revenus de vostre ditte baronnie, particulièrement contre le procureur du Roy du siège, maintenant le procureur général qui veulent que tous les bénéfices de vostre ditte baronnie qui sont de vostre fondation relèvent directement du Roy. Ceste affaire est de très grande conséquance, voire du tiers de vostre ditte baronnie. J’avois supplier Vostre Exellance de commander aus religieux de Clermont 200 qui m’accommodassent de la tenue qu’ils rendent à vostre [] este jusques chez eux en intention de l’avoir par la douceur ce qui m’a esté inpossible. J’ay fait mon pouvoir pour mettre ceste cause en estat laquelle sera plaidée dans huit jours. J’iray à Rennes la soliciter. Nous espérons en avoir bonne issue. Il y a nombre d’autres affaires de grande conséquence pour vostre service qui dépérissent par la largeur du temps. Nous attendons Vostre Grandeur avec inpatience pour sçavoir si elle aura agréable que l’on y donne ordre afin qu’en toutes occasions je puisse tesmoigner que je suis véritablement, Monseigneur, vostre très humble, très fidelle et très obéissant serviteur. La Motte-Chesneau De vostre ville de Vitré, ce 25 décembre 1620. 1621 La Bretagne ne resta pas étrangére à la rébellion des protestants sous les commandemets de Henri II de Rohan et de son frère Soubise. Bien que Charlotte-Brabantine de Nassau, puis son fils, aient assuré Louis XIII de leur fidélité, le duc de Vendôme le 28 mai saisit Vitré au nom du Roi201. 86 24 mai 1621 - Vitré à Mme de La Trémoille Madame, 200 L’abbaye de Clermont dans la paroisse d’Olivet, était une abbaye cistercienne fondée le 17 juin 1152 par Bernard de Clairvaux. 201 Abbé PARIS-JALLOBERT, Journal historique de Vitré, p. 78. 103 Le debvoir de ma charge m’oblige de donner advis à Vostre Grandeur des apréhentions où sont à présent vos subjects tant Catoliques, que de la Religion : les uns de se voir desarmés et réduits à la merci de leurs ennemis ; les autres de subir l’esclavage d’une garnison insolante et estrangère, et si Dieu et Vostre Escellence n’y mettent la main, l’on attant le mesme désordre qui arriva il y a trante et deux ans. Monseigneur a le principal et le premier intérest en c’est affaire : son thrésor est dans son chasteau ; beaucoub qui ont volé et usurpé les droits et les preuves (?) qui luy appartiennent, n’espargneront pas une pongnée d’argeant pour corompre des soldarsts à voller et piller inpunément ses tiltres et ses papiers et je puis vous assurer qu’il y en a qui procuront ceste guarnison à ce dessein. C’este considération est suffisante de convier Vostre Grandeur de prester la main à ce qu’il y a de gens de bien, parmi nous, pour nous exempter de ceste servitude et tirannie. Le mal que nous apréhendons ne viendra point du costé de la ville, car nous nous sommes tous jurés et promins la foy et la fidélité. Mais nous creignons ce qui n’est pas en nostre disposition et qui despend de vostre seulle authorité. Ce que je veux dire fait cabrer beaucoup de vos habitans comme la fidélité et l’assurance que nous debvons prendre en ceux qui commandent de par vous et de par Monseigneur et ses ombrages fauls commcencer à ouvrir la porte à la conservationn car encor que la plus grande partie de nous soit portés au bien. Néanlgmoins il ne faut doubter que quelques particuliers > >> >> plus affaires soubz une guarnison establie par le Roy. Ce que nous congnoisssons par les efforts qui paroissent de jour en jour, le service que je doibs à vostre Exellence et à Monseigneur l’affection, que je porte au bien /2/ commun de ville, plustost que mon intérest particulier qui est peu dans vostre baronnie me ferront de vous supplier très humblement de considérer en ceste extrémité ce qui est le plus propre et le plus convenable pour vostre contentement et nostre conservation et d’empescher qu’il entre dans le chasteau personnes estrangères et qui n’auront aucune affection au bien de vostre servce, car l’on croit assurément que Monsieur de Vendosme est receust d’estre ceux qui y sont et d’y en mettre à sa discrétion. Je ne doubte point que ne donnast ordre pour conserver ce qui vous appartient, mais il ne seroit pas le maistre de tous les soldarts de la guarnison et n’en faudroit que deux ou trois, corompus par argeant, pour voller vostre thrésor en une nuict. C’est à mon grand regret que mon malheur et mon peu de mérite me priveront de l’honneur que j’epérois de porter responce à Monsieur de Vendosme de ce qu’il m’avoit chargé de dire à Vostre Grandeur et à Monseigneur. Je n’avois pas recherché ceste commission et ce qu’on a dict de moy n’avoit aucune apparance de vérité, mais pour estre que nous ne ferions pas en l’extrémité où nous sommes à présent, de laquelle nous pourons estre affranchis par l’honneur de vos commandemens et le bon ordre que nous espérons et attandons de Vostre Exellance et en mon particulier mes escripts ne tesmoigneront pas seulement, mais aussi mes actions que je suis véritablement, Madame, Vostre très humble, très fidelle et très obéissant serviteur. La Motte-Chesneau De vostre ville de Vitré, ce 24e may 1621. 87 4 juin 1621 - Vitré à Mme de La Trémoille Madame, L’estat misérable où vos habitans sont a présent réduits, particulièrement ceux de la Religion, m’a obligé de voire en particulier Monsieur de La Meriais202, l’un de mes intimes amis, et auquel j’ay le plus de fiance pour l’assurer que encore qu’ils soient privé de se trouver aux assemblées des catoliques, je ne manqueray de luy donner advis de tout ce qui regardera leur conservation, ayant 202 Jean Ravenel (1576-1629), sieur de la Mériais, un huguenot de Vitré. 104 excepté du serment qui s’est fait en ceste assemblée, tout ce qui touscher le bien, l’honneur et la personne de Vostre Excellence et ne désirant m’y trouver que pour vous y rendre très humble service. Luy ayant fait ceste ouverture, il désira en informer Vostre grandeur et avoir lettre de moy pour attester par escrit ce que je luy avois dit de bouche la fiance que j’ay en son amitié et son affection à vostre service, m’ont convié de vous addresser la présente pour en assurer Vostre excellance laquelle congnoistra avec le temps qui sont les autheurs de si deser>>e. Ce m’est beaucoup de desplaisir de quoy je suis jugé inutille en ceste occasion où je pourois autant faire comme beaucoup, qui n’ont par la trahison au coeur & le mensonge en la bouche, mais il est encore plus grand en ce qu’estant estimé tel l’on me croit habille à vous déservir, mais grans adveu il ne se prouvera contre moy auceune preuve, ny par escript, ny par tesmoings et mes ennemis qui m’ont pressé ceste charité seront congnue les vostres et les miens tous ensemble. Dieu me faisant la grâce de demeurer à leur confusion et à ma gloire, Madame, Vostre très humble, très fidelle et très obéissant serviteur. La Motte-Chesneau De vostre ville de Vitré, ce 4 juin 1621. Les catoliques ont député Monsieur Dupin vers Vostre Exellence pour vous informer de tout. Si vous désirés, Madame, que je vous serve en ceste occasion, je vous suplie très humblement que lesdits catoliques n’ayent aucunne défiance de moy. Ce seroit le comble de mon malheur, pensant vous servir en ceste occasion périlleuse d’estre chassé des uns et des autre et ma vie au hasard parmi un peuple tel comme vous le congnoissés. 1622 La Motte-Chesneau avait des ennemis à Vitré et notamment le Sieur des Hayers. Dans une lettre à son fils du mois de février, Charlotte-Brabantine écrivait à son fils : “ Des Hayers a esté icy et dit de vostre procureur de Vitray ce que avons tousjour creu, et la joye qu’il avoit quant il pensoit la chose confisquée pour vous ”203. Le 16 août 1622, le Sr. des Hayers déclara à la municipalité que La Motte-Chesneau répendait bruit que des catholiques préparaient une machination contre les réformés de Vitré 204. S’agissait-il d’une réalité ou d’une manipulation pour ruiner la carrière d’un empêcheur de tourner en rond. 88 5 avril 1622 - Vitré205 à Mme de La Trémoille Madame, Ayant trouvé ceste occasion, j’ay creu estre de mon debvoir de donner advis à Vostre Grandeur de l’estat où nous sommes en vostre ville de Vitré. Les apréhentions d’estre surpris espouvantent tellement vos subjects catholiques qu’il n’y a auceune assurances pour ceux qui ayment la paix et le repos et n’estoit la prudence et l’authorité de Monsieur de La Fosse206 qui retient les plus sédicieux. Il seroit arrivé davantage de malheur, car tous les jours se sont nouveaux advis par lettres et par messagers qu’il y a des entreprises sur vostre ditte ville de la part de ceux de la Religion en sorte qu’ils ont fouillé dans leurs maison renforcent la guarde jour et nuict, ont ordonné que la porte de Gatesel seroit murée qu’il n’y auroit que celle de St-Martin ouverte, ont fait vostre citadelle en la tour des prisonniers en laquelle ils on compris la tour où est le magasin et la tout ruinée. Ce qui est plus 203 Archives nationales, 1 AP 331/111. 204 Abbé PARIS-JALLOBERT, Journal Historique de Vitré, p. 84-86. 205 Cette lettre a été publiée par B. VAURIGAUD, Essai sur l’Histoire des Eglises réformées de Bretagne, tome II, annexe XIV, p. xix-xxi. 206 Lieutenant de la garnison. Il était protestant et mourut le 15 février 1624 à Vitré. 105 fort que le chasteau et y mettant jour et nuict des habitans de la ville pour y faire guarde ont mins vostre marché dehors contre et malgré ledit Sr. de La Fosse. Ce qui apporte une grande perte à Monseigneur le soufermier demandans a estre descharger de sa ferme qui se monte quatorse cent livres et tous ses effects procédent d’un conseil secret où Monsieur le séneschal préside et duquel Monsieur l’aloué207 et moy avons esté bannis. Enfin, nous sommes esclaves parmi ce peuple qui m’oblige de jour en jour à me retirer ce que j’espère faire attandant le retour de Monseigneur, cependant pour donner moyen d’avoir recours de ses pertes sur ceux qui en sont la cause, j’ay retiré la bannie que l’on a faitte pour oster le marché de vostre ditte ville escripte de la main d’un des premiers, qui a de quoy respondre en laquelle il n’y a cause auccunne que la, l’apréhension qu’ils ont de Monjan, retirant aussi tous les dates que je juge nécessaire pour le service de Sa Grandeur ayant en l’audience déclaré et protesté d’obliger la communauté et tous ceux qui se trouveront coupables aux pertes doumages et interrests que Monseigneur a soufferts en son privé par leur précipitation et leurs fautes advis ; à quoy je joingts les papiers nécessaires au subject ce pouvant justifier que les advis par lettres et par messagers sont supposés afin de parvenir plus facilement à lever desseins, croians assurément que jamais Monseigneur ne rentrera dans son chasteau. Vous suppliant de croire, Madame que je n’escris rien que Vostre Exellence ne trouve très véritable par le tesmoignage de tous les gens de bien qui ont de l’affection à vostre service qui vous en diront beaucoup davantage, car en un mot /2/ l’authorité de Monseigneur est morte dans sa ville et Monsieur l’aloué et moy vivons comme personnes particulières, la plus part du temps entre la vie et la mort. La ville prend toute l’authorité et Monsieur le séneschal208, ne travaille que soubz le nom du procureur-sindic209. Nous espérons que Monsieur des Perrières210 qui est arrivé ce jour apportera quelque ordre au désordre, mais le mal fait est sans remède. Je sçay que traitter plus doucement les affaires seroit plus agréable à quelques uns mais l’extrémité où vos subjects se portent mesprise grandement ceste douceur et si mon dit sieur de La Fosse, par le conseil de vos serviteurs, n’avoit usé de rigueur le malheur aurait esté très grand, mais il les a beaucoup estonnés : mettant les séditieux en prisouaire chastimens et supportant ceux de la Religion. Je supplie très humblement Vostre Grandeur de prendre en bonne part ses advis qui procèdent d’une bonne volonté à me faire congnoissance tous autre que mes ennemis ne luy ont fait entendre Dieu la vérité et les gens de bien randant tesmoignage de mon affection à me conserver la qualité de, Madame, vostre très humble, très fidelle et très obéissant serviteur. La Motte-Chesneau De vostre ville de Vitré, ce 5 apvril 1622. 89 19 juillet 1622 - Vitré à Mme de La Trémoille Madame, Ayant appris de Monsieur de La Motte que Dieu commençoit à redonner la santé à Vostre Grandeur, plus librement j’ay prins la hardiesse de l’inportuner de la présente pour luy donner advis de la continuation des rebellions et de mauvaises volontés que l’on a contre Monseigneur lequel on n’espère jamais voir par deçà. 207 Daniel Lemoyne (1583-1646), sieur de la Maisonneuve, un huguenot, fut alloué de 1612 à 1631. 208 René Duverger, sieur de Boislebault, sénéchal de Vitré de 1619 à 1626. 209 Guy Lecocq, sieur de la Gérardière, procureur-syndic en 1620, 1621 et 1622. 210 Le 8 juin 1621 au camp devant Saint-Jean d’Angély, Louis XIII avait chargé le capitaine Robert Gillot, sieur des Perrières, exempt des gardes de son corps, de prendre le commandement du château de Vitré avec une garnison de 30 hommes. Abbé PARIS-JALLOBERT, Journal historique de Vitré, p. 81-82. 106 Monsieur de La Grange211 ne manquera point d’en informer Vostre Exellance et de vous faire congnoistre comme ce peuple ingrat et mescongnoissant de tant de grâces et de faveurs qu’il a receues de vous, c’est en orgueille contre vostre bonté et par trop de douceur, a conceu un mespris de vostre authorité et de vostre grandeur qui a ouvert la porte à leur insolance et à leur rébellion le mal est venu a telle extrémité qu’il ay a plus d’apaprance de le céler et de le couvrir et n’y a point de seureté pour ceux qui tesmoignent de l’affection à vostre service. Monsieur de La Motte mesmes n’en est pas exempt. Le mespris auquel il est et les termes dont ils parlent de luy, l’eloignent de nous et le rendent innutille pour nostre assistance. Je ne sçay plus de quelle prudence, il faudroit de patience les ayant réduits à ce point et ruiné les affaires de vostre baronnie qui requièrent un pront secours, crainte de vous estre ennuyeux j’en escris à Monsieur d’Iray212, lequel je suplie de vous en communiquer ; finissant la présente par les très humbles prières que j’adresse à Dieu qu’il luy plaise redonner à Vostre Grandeur une parfaitte santé heureuse et longue vie à vostre très noble et illustre famille avec toute sorte de bonheur et de prospérité et que je puisse me conserver en l’obéissance que je doibs à Monseigneur et à vous comme, Madame, vostre très humble, très fidelle et très obéissant serviteur. La Motte-Chesneau De vostre ville de Vitré, ce 19 juillet 1622. 90 19 juillet 1622 - Vitré213 à M. le duc de La Trémoille Monseigneur, Ayant trouvé ceste occasion, je n’ay voulu manquer à m’aquitter du debvoir de ma charge vers Vostre Excellance et luy donner advis de la misérable servitude soubz laquelle vostre authorité est réduite avec si peu que vous avés de fidelles serviteurs ; non que je veille entreprendre de vous faire congnoistre les poincts les plus pregnans et de plus de conséquence qui regardent vostre service, m’estant commandé de demeurer plus retenu et plus discret au millieu des indiscretions et des insolences de ceux qui blessent vos droits, vostre authorité, vostre nom et qui travaillent après une absence perpétuelle hors de vostre maison, mais seulement pour informer Vostre grandeur des choses qui requièrent un prompt service pour opposer la violence et la témérité des plus séditieux. Elle me permetra donc, s’il luy plaist de dire comme il n’y a point d’obéissance ni de respec pour vous parmi vos subjects, point de justice en vostre propre jurisdiction ny ailleurs, point d’asistance de ceux qui ont vos charges entre les mains l’authorité et le commandement de se faire. Monsieur de La Motte est suspect et sans aucunne créance. Monsieur l’aloué 214 estant de la Religion ne le peut. Je suis journellement au hasard de la vie pou le faire. Les autres se sont fait chefs de parti contre Vostre Exellance et si vostre authorité n’intervient pour opposer ceste tyrannie, je ne fais point de doute quelle ne passe plus avant à blesser vostre grandeur. Je ne parle point des faulx advis et des faulces lettres que l’on a supposées pour faire croire que vous estiés à Montjan avec nombre de gendarmes pour surprendre vostre ville et chasteau de Vitré et pleusieurs autres bruits, non vérutables qui accusoient vos subjects de la Religion de participer à ces entreprises afin d’avoir un prétexte de s’attaquer à leur bien et à leur vie ou à tout le moings les 211 Jean Perrier, écuyer, sieur de La Grange, un huguenot, fils du Baillif d’Ernée. Le 2 juin 1623, le duc Henri de La Trémoille le nomma connétable de Vitré. Comme le duc, il se convertit et devint grand maître des eaux, bois et forêts de la baronnie. Il fut inhumé dans l’église Saint-Nicolas le 14 août 1641. 212 Jean Rogier, écuyer, sieur d’Irais et de Thiors, un huguenot, d’une famille d’hommes de lois de Poitiers, était l’intendant des La Trémoille à Thouars. 213 Des extraits de cette lettre ont été publiés par B. VAURIGAUD, Essai sur l’Histoire des Eglises réformées de Bretagne, tome II, annexe XVIII, p. xxiv-xxvii. 214 Daniel Lemoyne, sieur de la Maisonneuve, alloué de 1612 à 1631. 107 chasser et les bainire hors de leurs maisons et de leurs domicilles. Vostre Grandeur en apprendra davantage de leur bouche comme y estant les premiers intéressés; Mais j’en puis dire quelque chose, puisqu’après Dieu je suis l’un des principaux instrumens qui les a conservés avec l’authorité de Monsieur des Perrières et de Monsieur de La Fosse, son lieutenant qui se sont dignement acquittés en telles occasions, mais nous n’avons peu empescher la faulce accusation qu’on leur a mins sus d’avoir levé quatre mil livres que deffunct Monsieur du Préau porta à La Rochelle, de quoy il a esté leu monitoire et jetté interdit es eglises de vostre ville à la faveur desquels se sont trouvés dix ou douse tesmoings : puis l’assasinat dusit sieur de Préau estant intervenu215, les parans des accusés firent venir un commisaire lequel soubs prétexte de l’interrest public informa du fait, je ne sçay comment et au mesme temps de la levée des deniers pour La Rochelle et comme ledit sieur y avoit esté, tendant par ce moyen à faire dire qu’il avoit esté justement tué comme coupable de crime de lèze majesté, et puis la Cour a donné arrest par lequel vous estes condamné de payer les frais du commissaire qui se montrent à près de trois cent livres et est venu sergent esprès pour l’exécuter. Je ne say pas pourquoy veu que vos officiers avoient fait leur debvoir toutefois l’on dit qu’il y a fautes personnelles et la plus grande est de n’avoir fait signer le defunct qui le pouvoir, ne luy avoir pas mesmes demander s’il se faisoit partie que si l’on eust point faily en ceste procédure les biens dudit deffunct Sr. du Préau estoit obligés à satisfaire aux frais, aussi l’arrest réservé un recours à Vostre Exellence vers qui il sera veu appartenir /2/. Ces faulx bruicts de surprise, donnèrent aussi lieu à mettre vostre marché hors la ville, ce qui a causé beaucoup de perte et celuy qui debvoit l’empescher les oficiat (?) et fut l’un de ceux qui pressa ledict Sieur de La Fosse de le faire, mesmes escrivit ordonnance de sa main. Par les effects, nous congnoissons les conseils des plus séditieux d’autant qu’ils m’ont absolument bani de leurs assemblées et publiques et particulières. Monsieur vostre séneschal m’en porta la parolle au nom du corps et accompagna son oncle et le procureur-sindic pour prier ledict Sr. des Perrières de ne m’y admettre point. Aujourdhuy cette famille commande tout, ayant de leur costé l’authorité du premier juge qui leur preste la main à perdre et ruiner vostre jurisdiction, vos droits et vostre revenu. Le préjudice qu’en retiroit Vostre Exellance et mon propre donmage me font regretter de l’avoir autrefois supplier en sa faveur. Et l’espérience fait congnoistre qu’il vaudroit mieux quelque fois achapter un homme que de vendre un office pour les ruines qui ogmentent tous les jours en vostre juridiction et baronnie ausquelles il ne se peut remèdier que pas vostre présence et authorité. Vous le congnoistrés un jour et nous le sçavons trop bien à présent. Mes charges nous estant du tout inutilles tellement que nous sommes sans profit et non sans péril ny sans enemis estant au milllieu d’assasinateurs et de meurtriers depuis deux ou trois mois ayant esté tué six ou sept hommes dans vostre ville de la mort desquels l’on ne peut poursuivre la justice, estant menacés par les coupables de semblable malheur jusques dans vostre audience et par de vos officiers, sergeans qui ont les armes à la main qui favorisent la sédition en sorte que si Vostre Grandeur n’a pitié de nous, nous serons contrains de quitter ou de mourir. Ce sera le prémice plustost que celuy là, la mort m’estant plus agréable que deservir Vostre Grandeur. Vos dits habitans prenant l’occasion à propos et enorgueillis de vostre absence, estimant de jamais ne revoir Vostre Exellence dans son chasteau, ont continué leur usurpation au préjudice de vos droits, particulierement en ce qui touche vostre prieuré de St-Nicolas, car encor que vous soyés fondateur, que ce soit un prieuré que la présentation vous appartienne et qu’à vos officiers il appartienne d’avoir congnoissance de l’administration du bien de cet hospital, néanlmoings ils ont fait un procureur du bureau [] d’office qui fait la fonction de vostre procureur, m’ont osté de leur dit bureau et soustenu que je n’y avois auceun interrest, ont fait appeller à la Cour celuy que vous aviez pourveu de ce bénéfice216 et ont fait dire contre Vostre Grandeur qu’à eux appartenoit de nommer un prestre, que ce n’estoit qu’une chapelenie, faisant entendre à la Cour qu’ils estoient les fondateurs et que eux seuls appartenoit les droits et prérogatives dudit bénéfice. Et en leurs solicitations ont usé de termes si 215 Le 25 mai 1622, Jean Parent, sieur du Préau, suspecté d'avoir porté des fonds aux Rochellais, reçut un coup de carabine dont il mourut deux jours plus tard. Abbé PARIS-JALLOBERT, Journal historique de Vitré, p. 82. 216 Vincent Bernier, prieur et aumonier de de Saint-Nicolas de Vitré. L’abbé Paris Jallobert a publié l’arrêt du parlement de Rennes en date du 7 juillet 1622. Journal historique de Vitré, p. 83-84. 108 estranges que je n’oserois les escrire. Celuy que vous avés honoré de vostre présentation, vous en escrit emplement et envoye à Vostre Exellence la coppie de l’arrest (comme je fais coppie de l’arrest touschant l’assassinat de Monsieur du Préau), par lequel elle congnoistra que la Cour réserve vos droits après les vous avoir ostés. Car, elle nomme vostre prieur un simple chapelain, luy oste deux prestres qu’il doibt avoir soubs luy, luy baillent pour compagnon le chapelain de St-Yves dont il ont abbusé comme du premier venier en la disposition des habitans d’en eslire un autre, sans parler du service porté par vos fondations. Vostre dit prieur n’a voulu exécuter cet arrest sans en avoir premièrement donné advis à Vostre Grandeur, à laquelle je me hasarderay de dire que quelques conseillers ausquels il reste une bonne volonté pour vostre service ont d’advis que l’on doit prendre requeste /3/ civille, en vostre nom, pour évocquer cet affaire hors le parlement de Bretagne afin de fermer la porte à ses rebellions et indolances. ce qui reguarde le droit que vous avez sur tous vos autres bénéfices. Depuis deux ou trois mois, un nommé Massire Guy m’assurais, lequel vous n’avés voulu admettre en l’un de vos canonicats de la Magdeleine de Vitré, qu’un nommé Moreau luy avoir résigné, ayant esté conseillé de se pourvoir en cour de Romme. Ce qu’il eust fait sans mal, car dès à présent il y a pleusieurs bons bénefices qui sont hors de vostre présentation et si personne n’avoit l’oeil à la conservation de vos droits, il y en auroit davantage de perdus. Ce sont les plus beaux droits de vostre baronnie et les tiltres les plus anciens et les plus autentiques de la grandeur, magnificence et illustre origine des prédécesseurs de Vostre Exellence, particulièrement le prieuré de St-Nicolas de très ancienne fondation, auquel vous avez donné plus de mil escus de rante. Et non contans d’avoir fait changer la Cour à leur volonté, me trouvant chès vostre dit prieur lorsque ledit arrest luy fut signifié ou je l’asiste à mettre le responce qui est au pied de laditte signification. L’on me voulut donner des coups de baston et en la présence de personnes de qualité et dignes de foy. Il plaira à Vostre Grandeur comamnder à vostre dit prieur vostre volonté sur ce fait et à Monsieur de La Motte, vostre intendant, de prendre requeste civille et évoquer le tout à Paris si elle l’a agréable et que ce soit l’advis de vostre conseil. ce qu’il juge fort à propos ayant eu l’honneur de le voir pour travailler selon l’advis en ceste affaire, car Monseigneur je prendray ceste hardiesse de dire à Vostre Exellance que la douceur dont l’on a usé envers ce peuple l’a grandement enorgueilli et luy a rendu le col roide. Ce n’est pas la cinquiesme fois qu’ils ont chassé leur seigneur hors de son chasteau et sont encor si téméraires de croire qu’après avoir bien rendu de la désobéissance et fait la guerre ouvertement à Vostre Grandeur. La considération en laquelle ils sont à l’estat et à vous. L’honneur que vous possédés d’estre seigneur d’une si puissante ville et d’un peuple si riche (termes dont ils usent ordinairement et qui les fortifit en leur mauvaise volonté) effacera tout ce qu’ils sçauroient faire contre vostre service, mais si ceux qui offencent et ceux qui servent avec fidélité sont esquallement rescompensés les plus meschands auront subject de rire. Le misérable estat où nous sommes réduits me contraint de vous estre aynsi inportun. Vous suppliant très humblement de croire que l’on a fit tout ce qui se pouvoit faire contre Vostre Exellance. L’on a voulu faire croire au Sr. des Perrières que les guets de vostre baronnie appartenoient au Roy afin qu’il les demandast, non pour un an mais pour tousjours. Ceux qui vous ont le plus d’obligation ont solicité ledict Sieur des Perrières de demander l’estat de connestable à Sa Majesté et luy en ont offert cent pistolles, d’autre ont voul porter le Sr. de La Fosse, son lieutenant de demander à saditte Majesté le fond es fosses d’autour vostre ville et chasteau et luy en ont offert cent pistolles, mais ils se sont mocqués de teles propositions, comme encore de celle-cy de couloir demander des degré royaulx et autres officiers attandu que les vostres ne faisoient pas à leur volonté. Ils ont passé plus outre, car ils ont fait venir le mesme récolé qui prescha il y a quelque années contre Vostre Grandeur avec un autre, encor plus séditieux ; n sorte qu’ils mettent vos subjects de la religion en telle horreur au peuple qu’à poene on les peut retenir d’exécuter leur mauvais dessein et si les Augustins à leur chapitre général et depuis /4/ ensemble les Dominiques n’avoient prins la querelle 109 pour moy, je ne sçay pas en quel estat je serois à présent. Nous attandons Monsieur de Rennes 217 lequel y apportera quelque ordre. Le curé de la paroisse est chef de cest sédition, qui dans la chère et ailleurs porte le peuple à la révolté et le vicaire vostre prieur de St-Nicolas est en mesme cathégorie que moy et voyant qu’ils ne pouvoient exécuter leurs mauvaises intentions, ils ont affiché des placarts aux portes des églises contre ceux qui demeurent au debvoir qu’ils doibvent à Vostre Grandeur. & nous appellent : chapeaux, bonnets, ennemis de Dieu, du Roy et de la Patrie. Nous deffandant l’entrée des esglises et comme voulant porter le peuple à quelque violance au nombre desquels ils ont couché Monsieur de La Motte et l’ont aussi nommé solicitant à la Cour de quoy je suis opter pour infirmer. On dit que c’est un médecin nommé Perdrillaire, parant de Monsieur vostre séneschal, le plus séditieux de tous qui alla dans les Augustins asseurer les religieux de milles injures pour s’estre opposé à la violence des Recolets et à la sienne de quoy il ya aussi procès intanté contre luy, mais point de justice à cause de parantés, des alliances et de la ligue de sédition. Je serois trop ennuyeux s’il me failloit escrire toute ce quyse fait et se dit contre Vostre Grandeur laquelle peut s’assurer que tous oposent son service et travaillent constre ses droits et son authorité et ne se trouve personne qui parle en sa faveur. Il est très nécessaire que la vérité soit congneue, laquelle je ne sçaurois cacher. c’est pourquoy Vostre Exellence me pardonnera ceste hardiesse et ceste inportunité qui ne tendent à autre fin qu’à un prompts remède à tous ces désordres. Je ne doute point que Monsieur de La Grange ne confirme ceste vérité et n’adjoute beaucoup de choses que je ne puis escrire remettant le tout à vostre prudent conseil. Je finiray par une très humble supplication qu’il plaise à vostre grandeur s’informer de ceux qui véritablement vous ont desservi afin de les chastier exemplairement, comme aussi de favoriser de l’honneur de vos bonnes grâces ceux qui sont demeurés en leur debvoir, estant la pus belle et plus honorable récompense que l’on puise espérer de ses labeurs se sera avoir patience que je supporteray la punition de mes démérites, car, ce[r]tes, Monseigneur la douceur n’est pas bonne à ceux qui ont le coeur endurci, qui sont traistres et infidelles à vostre service et ceste douceur ruine vostre baronnie, vos droicts et vostre authorité, vos ennemis s’en servent à leur adventage. ceste résolution de randre la récopence de mes faultes ou de mes services et de mes bonnes volontés me donne de la patience au millieu de mes afflictions et de mes nécessités pendant lequel temps je demeureray es bornes de mon debvoir et feray congnoistre par les effects que je ne suis point flatteur ny infidelle, mais, Monseigneur, vostre très humble, très fidelle et très obéissant serviteur. La Motte-Chesneau De vostre ville de Vitré, ce 19 juillet 1622. 91 5 septembre 1622 - Angers à Mme de La Trémoille Madame, La mauvaise volonté de mes ennemis qui continue en mon endroit me contraint d’estre inportun vers Vostre Exellence pour la supplier très humblement de m’asister de son authorité, attandant l’honneur de la présence de Monseigneur duquel j’espère une entière et rigoureuse justice. C’est Madame que le procureur sindic ayant rendu la résponce de celle dont il inportune Vostre Grandeur il l’a célée et a fait comme parmy vos subjects que j’avois en commandemant de me retirer et faute à moy de le faire que vous leur permettiés de me chasser par toutes sortes de voyes tellement qu’ils ont recherché et recherchent avec plus d’ardeur les moyens de m’incommoder et n’ont voulu entendre Monsieur des Perrières, disant que j’avois fabriqué la lettre que Vostre Exellence luy a répondu (?). 217 Pierre de Cornulier (1575-1639, évêque de Rennes de 1619 à sa mort. Il avait des rapports cordiaux avec Henri de La Trémoille qui il est vrai en tant que vicomte de Rennes possédait des droits honrifiques sur plusieurs églises et couvents de la ville. 110 C’est pourquoy, Madame, je vous supplie très humblement me faire tant de faveur que d’escrire une lettre au corps de vos habitans laquelle je feray lire en maison de ville pour oster le peuple de l’erreur où il est et une autre s’il vous plaist à Monsieur de La Motte ayant dit que si Vostre Grandeur eust eu désir de leur imposer silence, elle en eust plustost escrit au dit Sieur de La Motte qu’à Monsieur des Perrières. Vous pardonnerés s’il vous pays mon inportunité. L’extrémité de la malladie où est ma /2/ femme parmi eux et l’estat de ma condition me contraint de le faire, ayant séjourné en ceste ville d’Angers attandant quelque seureté à me retirer. Je prends aussi la hardiesse Madame de supplier Vostre Grandeur de signer des lettres d’un estat de notaire qu’un mien cher, cher a achapté et où par résination, laquelle j’envoye à Monsieur de Chamdor. Vous me ferés beaucoup de bien et d’asistance en mon extrémité, vous assurant Madame que je ne manqueray jamais au debvoir de ma charge et à la recongnoissance de tant d’obligations, estant certain qu’après m’estre justifié de tant de calomnies, j’en feray congnoistre les effects au contantement de Monseigneur et de Vostre Excellence et comme l’inimitié de vos subjects contre moy, n’est venue que pour avoir fait paroistre ma fidélité et mon affection à vostre très humble service, laquelle je continueray le reste de mes jours pour me conserver la qualité de, Madame, vostre très humble, très fidelle et très obéissant serviteur. La Motte-Chesneau D’Angers, ce 5 septembre 1622. 92 30 octobre 1622 - Vitré à Mme de La Trémoille Madame, Ayant eu advis que Monsieur des Hayers alloit à Thouars, par vostre commandement, pour traitter de la ferme de vostre baronnie, j’ay estimé estre obligé par le service de ma charge d’informer Vostre Excellence de beaucoup de poinctz qui regardent l’interest de vostre ditte ferme. Premièrement en mon particulier je la supplie très humblement d’avoir agréable de faire mettre dans les articles : les taulx, amandes et confiscations, avec la charge de faire les frais des procès criminels. Je croy que Messieurs vos juges ne manqueront point à vous supplier de la mesme chose pour beaucoup de raisons qui se diront lors qu’il plaira à Vostre Grandeur ou à celle de Monseigneur de voir et de congnoistre comme depuis six ans ce casuel a esté rouverné et comme nous avons esté opposés quand nous avions veulx suivant nos charges de faire valloir. En second lieu, je puis me plaindre que les articles de vostre ferme ne sont point au tout entretenus, car il est expressément porté par iceux que vos juges de Vitré présent, et le requérant vostre procureur fiscal assisteront aux procès verbaulx des remise de vos moulins, chaussées,maisons en fin de tout le domaine de vostre baronnie afin que les réparations soient faittes selon iceux et qu’ils en recoipvent les renables. Néanlmoings en toute ceste ferme nous n’avons pas esté appeller en demande de vos chastelenier où il a esté besoing de faire de très grandes réparations et pour ce qui me reguarde afin de m’oster et l’authorité et le moyen de service quand il a est question des moulins proche les murailles de vostre ville moy présent et sans m’en donner advis l’on a prins des advocats pour substituts à recepvoir les venables des réparations qui ont esté faittes. ce n’est pas que je veille accuser personne, mais Madame cela touche les offices de vostre ville qui en le faisant perdent leur authorité, leur pris et leur valeur. cela s’est aynsi observé de tous temps en la baronnie. C’est pourquoy je supplie très humblement Vostre Exellance que ces mesmes articles soient entretenus à l’advenir estant plus utille pour le service de Monseigneur que ses officiers de sa ville de Vitré ayent soubz la congnoissance de son 111 domaine que de la dispercer à tant d’autres officiers. Ceste contravention attire après soy beaucoup d’inconvéniens. Vostre Grandeur, pour plus grande conservation /2/ des intérests de Monseigneur en vostre baronnie, avoit adjouté cette condition aux articles : que tous les ans au moys de juin, il seroit fait un voïage, par toute vostre ditte baronnie, pour faire procès-verbal de l’estat des ponts, moulins, chaussées, hasles, maisons et autres choses qui despendent du domaine afin que s’il y avoit quelque chose à réparer il fust fait par vos fermiers selon qu’ils y sont obligés. C’estoit pour empescher les ruines entières dont les réparations de font aux despends de Monseigneur, sy non de vos fermiers et faute d’avoir entretenu cet article il se trouvera beaucoup de ruines survenues dont les frais et miuses tiendront plan au compte des fermier et par l’expériance l’on congnoistra combien ceste condition estoit nécessaire au service de Monseigneur qui n’a point esté faitte ny entretenue parce qu’il est dit dans les articles que vostre sénéchal et vostre procureur avec un greffier faisant de voïage seront défraiés par vos fermiers. Tout les ans, je l’ay proposé & fait mon pouvoir pour l’exécuter. L’on a creu que c’estoit par animosité à vostre sénéchal y ayant interrest à cause de son père a randu ceste condition illusoire et sans effect. Dieu me fera la grâce de me laver les mains de toutes ces faultes dont je ne suis coupable et qui constent beaucoup d’argeant à Monseigneur et ce que je dis ne sont point suppositions. Je justifiray tout ce que je proposeray par promes irréporchables. Le dernier point touchant ceste ferme est pour le rabais que l’on espère demander soubz prétexte de Lequeme et de quelques autres subjects supposés. Vostre Grandeur me pardonnera qi je passe si avant en ceste affaire, luy donnant advis comme le sien; Des Hayers a de soufferme pour neuf mil livres et que les lots et vantes et autres profits qui ne sont point affermés dans vostre baronnie comme les bois taillis, la pêche des estangs en quelque mauvais temps que se puisse estre excède de beaucoup le reste de leur ferme. Maintenant, Madame, je vous supplie très humblement que je continue mes plaintes en mon particulier estant revenu en vostre ville avec les lettres que Vostre Grandeur me fist l’honneur de me bailler et soubz l’azille de vostre authorité, je trouve Monsieur de La Motte grandement porté à me favoriser et servir (?) depuis mon retour & selon vos commandemens et le conseil qu’il me donna. Monsieur des Perrier aussi m’a tesmoigner une très grande affection en faveur de celle que vous luy rescrivistes, mais en ceste affaire il n’a receu que des disgrâces des uns et des autres. Il informera Vostre Exellance de la vérité de tout ce qui s’est passe et sera fidelle tesmoing de mes actions pendant qu’il a esté icy, m’ayant presté la main pour me deffandre contre la tyrannie de mes ennemis qui ont continué à rechercher contre moy ce qu’ils ont peu pour me chasser et m’offencer /3/. Et Monsieur des Hayers est l’un de ceux qui ouvertement m’a fait la guerre, me sussitant des procès contre sa conscience pour me faire payer deux fois une mesme somme. Et pour coloré ses animosités, il m’a voulu accuser d’avoir eu dessein de mettre le feu dans vostre hasle et la brusler ! Et de l’avoir fait guetter à sa porte de nuict pour le tuer ! Je sçay que sa langue ne sera plus discrette, ny plus juste à l’advenir qu’elle a esté par le passé. c’est pourquoy j’inportune derechef Vostre Exellance de ma très humble supplication qu’il luy plaise n’adjouter foy à telles suppositions si elle ne font véritablement justifiées par tesmoings et par actes irreprochables atandant avec inpatience le retour de Monseigneur afin d’estre puni selon mes démérites et meitenu aussi en cas de justification. Messieurs les sénéchal et alloué nonobstant les vostres ne m’ont pas mieux traitté, car ils ne me recongnoissent plus pour procureur et dans vos audiences me traittent plus rudement que le moindre particulier de vostre ville, moy présent font faire ma charge à des advocats sous toute sorte de police sans m’appeller, m’ont chassé de la chambre du conseil ou suivant vos règlemens et vos commandemens jamais on entrée au jugement des procès qui ne reguardoient point l’interrest du Roy, celuy de Monseigneur, ny celuy du public. Bref, ils m’ont osté l’honneur, l’authorité et le profit de ma charge et m’ont rendu pesprisable partout en sorte que j’ay esté contraint de ... présenter ma requeste à la Cour sur laquelle il a esté ordonné que je communiquerois le tout à Monsieur le procureur général ; laquelle communication j’ay délayée jusques à en avoir donné advis à Vostre Grandeur, que je supplie très humblement et commander la dessus les volontés et que les Messieurs randant la 112 mesme obéissance que moy par leur intérest particulière ne puissent blesser celuy de nos charges où Monseigneur à un notable intérest. C’est avec beaucoup de douleur que je suis inportun à Vostre Exellence, la nécessité de ma deffance me contraint à se faire et à réclamer sans cesse vostre bonté et justice à l’ombre de laquelle, mettant à couvert mon innocence, j’espère que Dieu me fera la grâce de mériter et de me conférrer la qualité de Madame, vostre très humble, très fidelle et très obéissant serviteur. La Motte-Chesneau De vostre ville de Vitré, ce dernier octobre 1622. 93 22 décembre 1622 - Vitré à Mme la duchesse de La Trémoille Madame, Pour satisfaire à celle que vous m’avez fait l’honneur de m’escrire touchant l’obligation où Monsieur de Treslan218 et moy sommes constitués vers Vostre Grandeur pour les taulx et amandes de vostre jurisdiction, je la supplieray très humblement me permettre de me deffandre sur ce subject par le vérité de ce qui s’est passé durant la ferme qui court. Il est vray, Madame, que je fis ce qui me fut possible pour vostre service, lorsque vous baillastes vostre ferme à Monsieur des Hayers et n’ay point subject de me repentir d’avoir esté l’instrument de son bonheure puisqu’aucun autre devant luy, n’avoit esté si facille à s’acquitter de son debvoir vers Vostre Exellence et celle de Monseigneur & qu’après luy il s’en trouvera peu qui luy semblent et pour l’esmouvoir davantage à se faire Monsieur de Treslan et moy le voulusmes descharger de la suitte et despence des procès criminels, espérant que les taulx et amandes suffiroient pour satisfaire à vostre obligation. Ce qui fust arrivé sans doubte comme nous le nous estions proposé si tous ceux qui estoient obligés de nous prester la main si fussent aussi dignement acquitter que nous avions délibéré de le faire justement, mais au contraire ou soit par jalousie ou pour quelque autre desein projetté contre nous toutes choses ont esté contraires à l’exécution de nos bonnes volontés. Premièrement quand nous voulusmes assubjettir vostre sergeant général à faire sa charge et que nous l’eusmes appellé au nom du recepveur pour payer cinq ou six cent livres qu’il debvoit et doibt encore, il fist plaindre contre nous à la Cours comme serviteur du Conseil, et Monsieur l’advocat général qui estoit lors, le favorisant, plaida si sévérement contre nous que ses conclusions furent de décréter contre nous et sans nos amis, dès lors nous eussions esté en poene, mais la causse fut appointée au Conseil et depuis nous avons esté interdits de le poursuivre, ny de faire aucune chose qui peust torner à nostre descharge. Secondement, Monsieur de Treslan estant hors de charge, nous sommes tombés entre les mains d’un enfant qui se faisant chef d’une rebellion mainfeste contre Monseigneur et contre ses fidelles serviteurs et qui n’ayant aucun intérest en nostre obligation non plus que son père, consort de Monsieur des Hayers, n’a voulu faire aucunes amandes quelques causes légitimes qui se soient présentées et encore celles qu’il a jugées, il les a reminses contre le mandement exprès que Vostre Exellance donna au recepveur, par lequel il est expressément porté que si les juges en remettent ils les payeront en leur privé nom et de la plus part il en a fait son profit particulier nonobstant toutes ses rigeurs il s’est passé quatre ans et plus de la ferme que nous frayé aux despences des procès crimineles. Pour mon particulier, il m’en couste plus de cent escus sans plus de deux cent escus de vacations que j’ay perdues. Mesmes le jardinier de Monsieur de La Motte ayant esté tué, j’an fis les /2/ 218 Jean de Couaisnon (1560-1632), sieur de Trélan, un nouveau converti, fut sénéchal de Vitré depuis 1596 à 1619 113 poursuites contre l’accusé à mes despens et voulant rechercher ce qu’il pouvoit avoir à luy, l’on m’a voulut accuser d’estre fermier et de mestres les amandes à nostre profit. Donc depuis deux ans en ça vostre fermier a esté exécuté pour les frais des procès criminels. Premier procès d’un particulier qui avoit mal parlé du Roy. C’estoit un crime de laize-majesté aux frais duquel monseigneur et nous n’estions point obligés et ceste somme se pouroit reprendre sur le greffier qui l’a touchée. L’autre exécution a esté pour la mort de Monsieur du Préau, c’este despence n’auroit point esté faitte si Monsieur le séneschal eust fait son devoir en l’instruction du procès, aussi l’arrest de la cour réserve un recours vers luy ou vers la partie mais il avoit à esté et nous est inpossible de demander auceune chose de ce que desus ni de faire aucenes poursuites puisque Monsieur vostre séneschal et sa ligue au plus fort de leur fureur et de leur sédition ont voulu m’inputer à crime le service que j’espérois rendre à Vostre Grandeur et n’estoit que recherchant mes actions sur ce subject ils ont trouvé qu’au lieu di avoir fait quelque profit, je n’avois fait que despence et que manque de tesmoings ils n’avoient pas l’obligation en laquelle nous nos estions constitués vers Vostre Exellance, ils furent contrains par impuissance de délaisser ceste accusation avec plusieurs autres qu’ilz s’estoient proposés de jetter contre moy ou Madame ce que l’on n’a peu faire directement contre mon honneur et ma vie par le commandement que vous aviés fait à Monsieur de La Motte de faire appeller Monsieur de Treslan se peut faire indirectement mais de telle façon que je n’auray auceune escuse de ma guarantir vers la justice des hommes car cet acte où je suis signe, estant es mains des procureur du Roy. Je n’ay plus de réplique et mon procès est fait estant espresément deffandu à un juge et plus encor à un procureur d’estre fermier des mandes et de ce les adjuger. Ce que tant d’ennemis nous peu faire en leur n>>>ilz l peuvent facilement au nom de Monseigneur. Vous m’avés fait l’honneur de me guarantir du premier orage, vous pouvés encor, Madame, me sauver de cestui-cy. Cela me reguarde particumièrement et non Monsieur de Treslan qui n’est plus en charge. C’est pourquoy, je supplie trez humblement Vostre Grandeur de commander à Monsieur de La Motte qu’il diffère ceste poursuite jusqu’à ce que j’ays eu l’honneur de justifier à Monseigneur comme toutes choses ont passé et qu’encor à présent il est deub autant, comme Monsieur des Hayers a payé passe de quoy si je ne puis satisfaire et contanter Monseigneur et Vostre Exellance et que je ne fasse congnoistre qu’au lieu d’avoir mins un sol à mon profit de telle nature de deniers je n’y perde plus de cent escus. Je consens payer le tout jusques à un denier les orages passés m’ont ruiné de cinq cens escus, Il faudra que je supporte encore ceste perte qui me sera d’âme et facille quand j’auray fait congnoistre ma fidélité et mon innocence ce que je ma promets par actes et tesmoigne /3/ irresprochables. Monsieur de La Motte m’a promis d’attandre la dessus un nouveau commandement, lequel je demande de Vostre Grandeur avec toutes sortes de conditions rigoureuses, perdant l’espérance de voir les meschans punis et les gens de bien récompensés, puis que les chefs de la sédition en ceste ville tachent d’estre vos fermiers, afin que ceste qualité puisse effacer leur démérite et leur désobeissance. Ils ont mins en butte un nommé Le Feil219, de la religion, afin que la ferme luy fust plustost octroyée et est joint avec un nommé Le Mée220, qui fut député contre Monseigner et Monsieur d’Espinières et qui a poursuivi les procès contre mondit Seigneur, lequel pour recompense de ses bon services et la commuauté ils ont fait procureur sindic est aussi d’avec eux et quelques autres séditieux et chicaneurs, desquels Monseigneur ne sçaurois avoir aucun contentement, car le moindre arrest les empeschera de rendre le service et l’assistance qu’ils doibvent à sa grandeur et si par si devant l’on a dit qu’on ne bailleroit de l’argeant à faire la guerre au Roy. L’on ne peut pas espérer beaucoup de courtoysie d’une bande d’avaritieux, chicaneurs, séditieux et ennemis de Monseigneur, auceun d’eux n’ayant ny les moyen, ny la volonté de faire la centiesme partie de ce que Monsieur des Hayers a fait. Les personnes dificilles ruinent les fermes et rendent le renom de Monseigneur inutille. Vous sçavés Madame comme ceux de Laval ont fait. Vous pardonnerés s’il vous plaist à ma témérité qui pousse et du debvoir et d’un juste resentiment à pensé estre obligée du procureur Vostre Exellance contre telles personnes qui espèrent du profit de la courtoysie et un bon visage et recompense de leurs infidélités et de leurs trahisons et pour >> >>>>> 219 Jean Ravenel, sieur du Fail ou du Feil, un huguenot, marié à une Lefort. 220 André de Gennes, sieur du Mée, fut procureur-syndic en 1623, 1624 et 1625. 114 les gens >>>> espérer récompenser qu’attandant vos bon serviteurs mesmes les chasser et les supplanter si les maux et les >>>>>> publiques aussi tost comme ils espèrent. Vos fidelles serviteurs auroient subject de craindre mais Vostre Exellance estant juste en toutes ses actions Cela nous fait escrire que vostre clémance ne l’eslargira point au préjudice des gens de bien. Monsieur de La Motte ne manquera point à vous faire congnoistre ceste mesme vérité lequel tesmoigne un désir de gratifier ceux dont les services vous ont esté utilles et agréables et qui trop affectionné au bien de vostre service an recepvra en ceste qualité que personne dans vostre grandeur avec contentement qui seront autres que ceux qui se sont desjà présentés. L’obligation que j’ay à Vostre Exellance et les services que je dobs à Monseigneur me conserveront toujours en l’obeissance que je doibs à l’honneur de vos commandemens et des siens en qui je puisse mariter la qualité; Madame, vostre très humble, très fidelle et très obéissant serviteur. La Motte-Chesneau De vostre ville de Vitré, ce 22 décembre 1622. 1623 Henri de La Trémoille après avoir fait sa cour, auprès de Louis XIII, put le 27 janvier rentrer en possession de sa baronnie de Vitré et de sa seigneurie de Châtillon-en-Vandelais221. Le 23 février, il écrivait de Tours une lettre aux nobles bourgeois, habitants de Vitré où il les invitaient à vivre désormais dans la concorde et en les assurant de son affection222. Henri de La Trémoille vint à Vitré au mois de mai. Au mois d’août il fut rejoint par son épouse Marie de La Tour d’auvergne. Vitré acceuillit pour la première fois la jeune duchesse de La Trémoille qui séjournera fréquemment et fit réaliser des travaux importants au vieux château féodal pour le rendre plus habitable et fit plus tard édifier le château Marie. Alors que son épouse restait à Vitré, Henri de La Trémoille au mois de novembre partit à Nantes pour participer à la réunion des Etats qui allaient s’ouvrir en cette ville. Pour sa part Gilles Chesneau alla à Paris pour y traiter plusieurs affaires pendantes. 94 28 janvier 1623 - Vitré à Mme la duchesse de La Trémoille Madame, Les oppositions et stratagèmes qui se dressent contre les intentions de Vostre Grandeur, donnent subject de croire qu’il y a quelque desseins contraire au bien de son service. Monsieur du Fail qui sert d’instrument à beaucoup, qui n’osent se descouvrir, avant que de partir, a désiré avoir des lettres de moy pour tesmoigner de luy. Ce que je n’ay ay jamais recongneu et d’aultant que son secret est caché et ses consorts incongnus. J’ay jugé son procédé estre plustost favorable aux interrests particuliers qu’à ceus de Monseigneur. Il m’a fait congoistre qu’il désiroit enchérir le ferme par desus son dernier offre. Mais j’ay l’assurance que sur le moindre bruit de guerre, de peste et de famine, il auroit des rabais pour se recompenser de ses enchères ou qu’il seroit receu à compter de ce jour à naistre. Je le tiens de sa bouche. Ce qui m’a obligé d’en donner advis à Vostre excellence et de le refuser d’une lettre puisque son dessein est préjudicialbe au bien de son service. Ce qu’il offre d’une main, il espère le revoir d’une autre. Il ne m’est pas permis de de pénétrer plus avant en ses pensées. Mais, vostre Grandeur me permettra de dire que son but principal n’est pas d’ogmenter la ferme, mais plustost d’esloigner de vous et de Monseigneur vos fidelles serviteurs et d’en aprocher ceux qui ont esté les autheurs de tous 221 Abbé PARIS-JALLOBERT, Journal Historique de Vitré, p. 86-87. 222 Ibid., p. 87. 115 les malheurs qui ont passé, car n’ayant voulu nommer ses consorts il a donné subject de se défier de luy. Vous pardonnerés s’il vous plaist à la liberté de ma pleume qui n’a d’autre object que vostre très humble service et le désir de mériter la qualité de, Madame, vostre très humble, très fidelle et très obéissant serviteur. La Motte-Chesneau De vostre ville de Vitré, ce 28 janvier 1623. Le dit Sr. du Fail espère avoir un desbout, lequel ne luy est point deub pour ne s’estre trouvé avec une enchère judicielle par desus la sienne, outre que Monseigneur n’est plus en minorité et qu’il le seroit empescher à l’advenir son service car tels et semblables déboutz retiendrons beaucoup de personnes de s’advencer au service qu’ils doibvent à Vostre Exellence. Il est mal fondé de la demander en justice, à plus forte raison d’en importuner Vostre Grandeur. 95 5 mars 1623 - Vitré à M. le duc de La Trémoille Monseigneur, Monsieur des Hayers allant pour s’acquitter de son debvoir vers Vostre Exellence, j’ay prins la hardiesse de l’inportuner de la présente pour adjouter à celle que j’ay minse au pacquet de Monsieur de Mazueil223 que Monsieur de La Poupardais224, l’un des députés, premièr que d’aller trouver Vostre Grandeur, a faict un voïage à Rennes pour sçavoir ce qu’ilz avoient à faire touchant vostre prison. Il a eu pour responce qu’attandans les résolutions du conseil, il failloit contanter Vostre Exellence de parolle et non autre dessein que celuy là. Monsieur des Hayers luy en dira plus de bouche que je n’en sçaurois escrire. Pour mon particulier, je sçay qu’ils sont chargés de mémoires pour tascher à donner le change, afin d’effacer leur faultes en m’accusant. L’assurance que j’ay en vostre justice et en mon innocence ne me fait apréhendre leurs procédures. Et si vostre grandeur me fait l’honneur que de mesconter, je me promets luy faire congnoistre la vérité de tout ce qui s’est passé, et comme la passion des rebelles qui est la famille des Gaillons225 et du séneschal, n’ont pas seulement estendu leur tyrannie contre moy, mais contre un prédicateur augustin, lequel pendant leur plus grand furie s’opposa par ses prédications à la sédition qu’ils firent préciser par le père Jouye, récolé qui prescha il y a quelques années contre Vostre Exellence et contre moy ; en sorte que pour avoir annoncé une doctrine contraire à la leur qui chantoit le feu et le sang de ne présanter ceux de la Religion ny de s’en servir, ils luy ont fait autant d’indignité qu’à moy et ont fait eflamer la ville et les autres religieux contre luy et l’ont chassé hor du coeur et enfin pour ceux qui ont tesmoigné quelque affection à vostre service ont esté traictés de la sorte. L’espérance que nous avons en vostre bonté et en vostre justice nous fait patienter en nos malheurs. Et en mon particulier, ce m’est une grande consolation que leur procédure contre moy fait congnoistre les premières accusations que l’on a jettées contre mon honneur et ma fidélité très faulces et que je n’ay eu aucune intelligence avec eux au procédure de vostre service et n’en auray jamais, mais comme très obligé par le debvoir de ma charge et par vos biens faits. je ne manqueray d’affection ny de bonne volont pour me conserver la qualité de, Monseigneur, 223 Pierre de Marconnay, écuyer, sieur de Mazuel, un gentilhomme huguenot du Mirabelais au service du duc de La Trémoille qui l’avait envoyé à Vitré pour prendre le commandement de la garnison. Il fut remplacé par lettre du 24 mars 1623 par M. de La Ferrière. 224 André Morel (1573-1641), sieur de la Poupardais, un catholique de Vitré, avocat à la Cour. 225 Claude Duverger (1556-1639), sieur de Gaillon et son fils Gilles († 24 avril 1654) d’une des principales familles catholiques de Vitré. 116 vostre très humble, très fidelle et très obéissant serviteur. La Motte-Chesneau De vostre ville de Vitré, ce 5 mars 1623. J’adjoute à ma lettre comme, par le conseil de Rennes, ils sont résoust de supplier très humblement Vostre Grandeur de leur permestre d’establir en laquelle un autre catolique et autant séditieux et mutin que celuy qui y et aussitost à la requeste de l’advocat général l’arrest qu’ils ont obtenu luy sera signifié avec deffance d’en sortir et commandement de la guarder pour le service du Roy, comme aussi commadement aux habitans de luy tenir main forte et de n’en permettre qu’il en sorte que par la permission du Roy, vérifiée à la Cour c’est l’obeissance qu’ils sont délibérés de rendre. Le séneschal authorisant ceste trahison et perfidie et combien encore que Vostre Grandeur donnast de l’argent à celuy-cy pour en sortir. 1624 Pour cette année, nous ne disposons que d’une lettre de Gilles Chesneau en date du 6 janvier dans laquelle il essaya de fléchir le ressentiment qu’éprouvait à son encontre CharlotteBrabantine de Nassau parce qu’il n’avait pas suivit son avis lors d’un conseil tenu à Paris. Ce fut peine perdu, il ne put jamais obtenir sa clémence et dut se résoudre à vendre sa charge en 1627. 96 6 janvier 1624 - Vitré à Mme la duchesse de La Trémoille Madame, Les douloureux resentimens de vostre disgrâce ne trouvent point de remède qu’en la bonté et clémence de Vostre Grandeur, me forcent avec le debvoir de recourir à elle, pour mettre mon innocence a couvert soubz la faveur de sa justice. Et puisque le malheur ne m’a pas permins de représenter à Vostre Exellence mes deffences et mes raisons, je la supplie très humblement d’avoir agréable de jetter ses yeux sur ses lignes pleines d’humilité et de submission, qui représentent ses protestations, que mon coeur et ma conscience fons de n’avoir jamais eu aucun dessein de blesser vostre authorité, vostre prudence et vos sages advis. Il est vray, que discourant des moyens les plus faciles et les plus seurs pour parvenir à la réunion des chastelenies, il en fut proposé plusieurs et baillé les mémoires qui avoient esté faicté à Vitré sur ce subject. Mais que le stille et la procédure qui a esté tenue pour optenir les lettres, soient sortis de ma main et de mon esprit, je supplie très humblement Vostre Grandeur de ne le croire pas, et si la maladie ne m’eust point retenu au lict pendant que ceste affaire se poursuivict et se paracheva. J’avois la mémoire trop récente du commandement que on avoit esté faict par Monseigneur et par Madame de l’honneur du respect de l’obeysance et des obligations que j’ay à Vostre Exellence pour manquer à prendre vos advis et recepvoir vos commandemens sur les dificultés qui se sont présenté, tant soit à mettre les lettres en forme que pour prendre les seuretés pour le service de Monseigneur. Comme je ne cherche point de gloire ny de vanité en ce qui c’est faict de la sorte, je supplie très humblement Vostre Grandeur, Madame, que mon innocence n’en recoipve point une punition si, /2/ si dure et un chastiment si rigoureux, que de mes actions vous ont donné quelque subject de vous plaindre, sans que mes volontés y ayent presté du consentement, ayés agréable s’il vous plaist d’en effacer la mémoire par les effects de vostre clémence et de vos faveurs ordinaires. Je requiers et demande, en toute humilité, ceste faveur de vostre bonté, laquelle ne m’a jamais torné le dos au plus fort de mes adversités. Elle m’a donné jusques icy la force et le courage de résister à l’effort de mes ennemis pour me conserver au service de Vostre Grandeur, de Monseigneur et de Madame, que si elle m’habandonne lorsque j’ay espéré qu’elle me seroit plus favorable, à qui aurai-je reconust et pensé, Madame, après avoir consulté tant de desplaisirs et le disgrâces, à quelle résolution je pris me résoudre, si non de courir à la perte entière de ma forteune, perdant l’azille qui me deffandoit des oracles de ce siècle. 117 Je vous supplie très humblement, Madame, d’obliger le moindre de vos serviteurs, mais le plus affectionné de luy pardonner les offences qu’il peut avoir commises contre Vostre Grandeur, me faisant l’honneur de ne révoquer jamais en doubte ma fidélité pour détruire celuy, qui après Dieu est vostre créature icy bas et laquelle espère se conservation de vos faveurs et de vos bien veillances ; ne pouvant légitimment rendre ses voeus à d’autre puissance qu’à la vostre, qui recongnoissant mon intention droitte et mon affection entière, me conservera, s’il luy plaist, comme je l’en supplie très humblement auprès de mes seigneurs et mes dames, vos enfans, en la mesme qualité que j’ay eu l’honneur de vivre auprès de vous et soubz vostre authorité, Madame, vostre très humble, très fidelle et très obéissant serviteur. La Motte-Chesneau De vostre ville de Vitré, ce 6 janvier 1624. 118 ANNEXE I LETTRES DE M. DE JOYERE -=- M. de La Joyère était un gentilhomme au service des La Trémoille dont on ne sait rien. Charlotte-Brabantine de Nassau l’envoya à Vitré pendant la première quinzaine du mois de février 1606, pendant qu’elle se rendait à Paris pour rendre hommage à Paris au nom de son fils aîné, Henri, pour l’héritage du comte de Laval, François de Coligny. Dans trois lettres datées des 2, 4 et 10 février 1606, il décrit la situation à Vitré. Archives nationales, 1 AP 662/XVII. 97 2 février 1606 - Vitré à Madame de La Trémoille duchesse de Thouars à Paris Madame, La capitaine Jaulnay part ce jourduy pour aller trouver Monsieur du Playsis, tant pour avoir un blanc, que pour luy faire entendre qu’il a apris que le Sieur de Montmartin a obtenu du Roy la provision de ce gouvernement. Cela le met en allarme. Il vous en écrit et prira Monsieur du Playsis de vous le faire entendre. Je croy, Madame, qu’il sera à propos que vous luy écriviés pour luy confirmer trouviés ce que vous luy avés promis. Il se montre fort affectionné à vostre service et fort résolu à suivre vos volontés. Le départ du capitaine Jaulnay me fera demeurer en ce lyeu plus que je ne pensoys. Monsieur Du Fresne et autres >>>>>>>, que je doy attendre son retour de sorte que je n’en>>>ay encores de six ou sept jours. J’ay apris depuis hier que le testament duquel Monsieur de Fervaques se veult prévaloir est entre les mains du sénéchal de Montfort, lequel a dit celuy quel luy envoyoit pour le convier à l’aller trouver, que ledit testament ne vault rien et que le dit Sieur est mal fondé de prétendre droit de la tierce partye du lieu de cette maison par ledit testament. Il n’est poinr encores allé trouver Monsieur de Fervaques. Il délaye tant qu’il peult. Il sera fort à propos que vous luy écriviés et le plus tost que faire ce poura. Les jans de bien désirent fort vostre présence de deçà, les autres l’apréhandent Vous y trouverés force avis à vostre arivée de malversations et d’usurpations faites en vos teres de deçà de sorte Madame que vous n’aurés point faulte d’ocqupation au séjour que vous y ferés. L’on me vient tout présentemant de mander (?) que Guichardière, valet de chambre de feu Monsieur de Laval, a entre les mains force papiers que Monsieur de Fervaques désire fort avoir. Je croy, Madame, que il faudroit luy écrire et qu’il >>>>> à vous >>>> >>>>> >>> qu’il y a un >>>>>>> >>>>> >>>>> >>>>> >>>>>>>sy vous n’y >>>> >>>>> >>>>> >>>> >>>>>>. Je demeureray toute ma vie, Madame, Vostre très humble et très obéissant et très fidelle serviteur. La Joyère Archives nationales, 1 AP 662/XVII. 98 4 février 1606 - Vitré à Madame de La Trémoille 119 duchesse de Thouars Madame, J’ay trouvé arivant en ce lyeu les volontés de jans de, de bien, assés disposées et affections à ce quy regarde vostre service. Mais à la vérité ilz avoient besoing d’un peu de fortifiquation et avis de vostre part et a esté bien à propos de leur avoir donné ce contantement duquel ilz prenent nouvelles fortes et asseurées résolution la refuser sans nulle exe>>tion et absolument l’entrée de vostre Mayson à qui que ce soit qui en demande l’antrée en quel que sorte qu’ilz y puisent venir est ans >>>>> contre tous les artifises du Chauveau de Madame la Princesse et autres. Le capitaine Jaunay qui témoigne et asseure donner ce désein et de sorte que je, que j’estime ne me tromper point de vous en asseurer, l’y voyant tant et par sa confience et par les asseurence que vous luy donner de le continuer en la place et ausy par la coumune persuasion de ceux qui afectionent la conservation de vostre droit, lesquelz se comportent fort bien en tout ce qui vous regarde. Je parle Madame qu’il sera à propos par première ocquation de leur faire counoistre le contentement que vous avés de leur déportemant desquelz je vous ay donné avis. Je n’ay pont trouvé ce Chauveau en ce lyeu. Il a tourné ses armes vers la viconté de Raine où il n’opose pas selon son désir. Je vous envoye /2/ unne laitre qu’escrit vostre procureur de Raines au sieur de La Meries où vous vairés que vous estes assignée aus requestes dans un moys pour faire vider l’oposision. Je croy qu’il a perdu toutes ses escrimes de deçà >>>>>> qu’il en est là. Ledit procureur demande procuration, vous aviseres s’il est à propos de la luy envoyer. Il faudra au moins luy écrire et ausy en ferés >>>> de Reine. Il s’est bien porté en ce qui se pace devant luy qui inporte à vostre service. Voila, Madame, ce que je peu aprandre depuis mon arivée en ce lyeu. je ne manqueray à continuer de vous donner avis par les mesager de Paris d etout ce qui se pasera comme ausy d’estre toute ma vye, Madame, vostre très humble et très obéissant serviteur. La Joyère De Vitré, ce 4e feuvrier. Je vous diray Madame que le capitaine Jaulné me donna hier à dïner dans le château où nous beumes à vostre santé et à celle de Monsaigneur le conte de Laval. Nous parlons en ce païs cy de cette sorte principalement quand il est question de sa santé et prospérité. Archives nationales, 1 AP 662/XVII. 99 10 février 1606 - Vitré à Madame de La Trémoille duchesse de Thouars Madame, Je croy que vous aurés receu celle que je vous ay écrite deux jours après mon arrivée en ce lyeu, par laquelle vous aurés apris la résolution du capitaine Jaulnay à suivre tous les coumandemens et avis que vous luy avez envoyés par moy. Depuis quelques jours il a receu unne laitre de Monsieur de Fervaques par laquelle il luy enchairie de bien garder ceste place pour le service du Roy et qu’il se donne bien garde à n’ouvrir la porte à personne et qu’il a de grandes prétentions. Il dit avoir un testament de feu Monsieur de Laval par lequel il donne la tierce partye de son bien à Madame de Fervaques, la tierce partye pour son doire et 4 vinct mille écus qui luy sont deus par le conte qui a esté randu au défaut, de sorte qu’à son conte il y a plus de part que Madame la Princesse. Le Sieur de Jaulnay luy a mandé qu’il estoit bien résolu de garder ceste place pour le service du Roy et pour seureté de la Religion ausquelz Sa Majesté l’a octroyée ; qu’il y est obliié et par sa 120 consience et par le serment qu’il en a presté, joint la paye destiné pour la garnison qu’il a toujours touchée ; qu’il estoit résolu de n’en permaitre l’antrée qu’à ceux que le Roy ordonnera ; qu’il le suplye d’aprouver son desein veu mesmes qu’il ne peult faire aultrement sans perte d’honneur et de bien ; de sorte que vous ne debviées nullement craindre que personne y entre que ceux qui viendront de vostre part. J’ay apris que Monsieur de Fervaques s’est saysy du château de Harcour où il a mis des soldas. Le capitaine Lhourme qui est dans Montfin est à sa débvotion. Il a envoyé quérir le sénéchal de /2/ Montfort, qui est celuy qui dresoit le dernier conte que Madame de Fervaques vouloit randre à feu Monsieur son filz. Ledit sénéchal a esté mandé deux fois qu’il s’est toujous excusé. C’est foys, il envoye homme exprès pour le presser de l’aler trouer. Il pasera par ceste ville. Je le vairé et feray ce que je pouray pour l’en divertir. C’est un houme d’entendement, duquel vous pouriés tirer de bons servises s’il se vouloit enployer en vos affaires et vous découvrir ce qui cest de celles de ceste mayson. Il a esté fort employé par Madame de Fervaques. Il seroit bien à propos de luy écrire. J’ay apris que pour le vray feu Monsieur de Laval avoit unne quitence de Monsieur de Madame de Fervaques des >>>>>> milles ceus dont il se trouvoit redebvable et quelle est entre les meins de Monsieur Arnault. Il y ausy Guichardière, son valet de chambre qui seroit besoing de voir premier qu’il eust veu Monsieur de Fervaques. Il a quelque mémoires qui pouroist servir à vos affaires. Il a toujous eu counoisence de tout ce qui se pasoit en la maison et croy, Madame, que vous ne debvés pas négliger de le voir pour tirer de luy ce qui vous peult servir. Je vous envoist unne laitre qu’escrit vostre procureur de Reines au Sieur de La Meries. Je partiré de [ce] lyeu dans deux jours, ne voyant pas qu’il soit de besoing d’y faire plus lonc séjour. Je donneray adresse à Monsieur du Préau affin d’aprandre ce qui s’y pasera et d’y retourner s’yl en est besoing sy vous jugés, Madame, que je soyt capable de vous randre davantaie de service ce me sera beaucoup d’heur et d’honneur d’estre honoré de vos commendemens et pouvoir en l’excécution d’iceux vous taymoigner que je suis et seray toute ma vye Madame, Vostre très humble et très hobéissant et très fidelle serviteur. La Joyère De Vitré, ce 10e feuvrier. Archives nationales, 1 AP 662/XVII. 121 ANNEXE II LETTRE de JEAN DE COUAISNON, SIEUR DE TRESLAN -=- Les Archives des La Trémoille conservent une lettre de Jean de Couaisnon, sieur de Trélan, à Henri de La Trémoille où celui-ci sollicite la charge de connétable sans titulaire depuis la mort du sieur de Cohigné et où se plaint de n’avoir pas été payé par Mathurin Duverger, sieur de Pontdavy, de sa charge de sénéchal que celui-ci lui avait acheté en 1619 pour son fils René, sieur du Boislebault226. 100 19 juillet 1622 - Vitré à Monseigneur Monseigneur, Me resouvenant de l’honneur que me feistes en remettant vostre estat de seneschal entre vos mains, de me permettre vos bonnes grâces et qu’aux occasions vous recongoistrez mon obéissance et mon affection j’ai pris la hardiesse de vous inportner de la présante, pour supplier vostre grandeur de me gratiffier de vostre estat de connestable en vostre ville de Vitré, affin que la quallité de serviteur et l’effect de mes bonnes volontez à vostre très humble service, puissent m’accompaigner le reste de mes jours, que sy Vostre Excellence veult obliger un pauvre gentilhomme en mémoire des services que ses pères ont rendu à vostre très illustre Maison, j’obéiray à l’honneur de vos commandemens en tout ce qu’il vous plaira me commander, soit pout vous servir ou pour vous suppléer par autre voye au deffaut de mo peu de mérite qui recherche cste charge non pour l’utilité y en ayant fort peu, mais pour avoir cet advantage de me dire du nombre de vos serviteurs et officiers. Après ceste inportunité, Vostre Grandeur m’en permettra encor un autre et que je luy puisse dire comme quelque temps auparavant avoir remins ledit estat de séneschal entre ses mains, j’avois fait un traitté avecq Monsieur de Pontdavy, père de vostre seneschal, soubz vostre bon plaisir et pour la somme de douze mil sept cet vingt livres, lequel traité ledit Pontdavy me promins accomplir en son entier lorsque que je remins mondit estat entre vos mains et pour se subject d’un commun consentement icelluy traitté fut relaissé ès mains de Monsieur Dupin, néanmoins /2/ il a passé deux ans sans qu’il ait faict aucun devoir d’accomplir sa parolle, tellement que j’ay esté contrainct de la faire appeller pour me âïer le surplus, se montant la somme de deux mil sept centz vingt livres où se deffendant, il ‘n apoint meilleur raison que de faire intervenir Vostre Grandeur par suprinse et dire qu’elle avoit interest que ceste somme ne feust païer ce qu’il fist contre l’esprès commandement de Madame, aïant fourny une production sis le nom de Vostre Excellance pleine d’injures contre mon honneur comme si pas force et pour les malversations vous m’aviés honteusement chassé, nonobstans ses finesses le siège présidial de Rennes aïant recogneu que Vostre Grandeur n’avoit aucun interrest en cest affaire a donné sentence à mon proffit et la minse hors de procès avecq ledict Pontdavy, de quoy il est appellant et faict son possible de randre vostre procureur appellant avecq luy afin d’évoquer la cause soubz vostre nom en la chambre de l’Edict et me travailler injustement de quoy j’ay donné advis à Madame et luy ay envoyé les copies de la sentence du traitté, de sa production fourny soubz vostre nom et des contreditz que j’ay faictz allencontre et estant certain que ledict Pontdavy s’obligea lors que vous pourveusiés son filz de vostre dit estat de sénéchal de satiffaire entierrement au traitté que nous avios faict ensemblement et que Vostre Escellence n’a aucun interrest 226 René Duverger du Boislebault a été reçu sénéchal le 20 novembre 1619. Il exercera cette fonction pendant sept ans. Abbé Paul PARIS-JALLOBERT, Journal historique de Vitré ou documents et notes pour servir à l'histoire de cette ville, Réimpression augmentée de l’édition originale de 1880, Editions régionales de l'Ouest, Mayenne, 1995, p. 71. 122 en ces affaires particullières, vous me permettrez s’il vous plaist que je la supplie très humblement de ne favoriser ledit Pontdavy contre vostre très humble serviteur. Je sçay que ledit Pontdavy la supplye de luy donner un acte pour prendre la cause contre moy comme sy elle estoit obligée de luy rendre et restituer ladicte /3/ somme de deux mil sept centz vingt livres, mais Monseigneur vous considérerez s’il vous plaist que ceste invention n’est que pour me faire perdre le deub qu’il me doit légitimement. Vostre Grandeur n’estant obligée au rembourcement de ceste somme sinon vollontairement aussy que vous voisrés par la coppie de la sentance que je vous envoye, comme le justice a recogneu que vous n’aviez aucun interrest en cet affaire particulière. C’est pourquoy, je persisteray à importuner Vostre Excelleance de ne favoriser le dit Pontdavy, lequel n’a pas seulement manqué de parolle en ce qui me regarde en particulier, mais en ce qui touche le service de Vostre Grandeur, aïant oublié les obligations qui les dévoyent et père et filz perpétuellement attacher à vos interrestz et très humble services, non que je les veille accuser de leur devoir vers vous. Il ne faut s’estonner s’ilz m’ont trompé es affaires particulières que nous avons eues ensemble. Permettez-moy donc, Monseigneur, que je vous supplie très humblement de commander à vostre procureur de ne prandre point la cause contre moy et de n’emploïer point vostre nom sy auguste à la ruine du bien de l’honneur et de réputation d’un pauvre gentilhomme dont les prères ont vescu et sont mortz au service de vos prédecesseurs et ceux qui sont vivans portant mon nom ne respirent avec moy que l’honneur de vos commandement pour continuer les mesmes affections et les mesmes volontez à vostre très humble service et moy particullièrement qui le reste de mes jours désire me conserver la quallité de vostre très humble, très fidelle et très obéissant serviteur. J. Couaisnon De vostre ville de Vitré, ce xixme de juillet 1622. Archives nationales 1 AP 679/XVII 123 SOURCES C Alain CROIX (Pré), Moi Jean Martin, recteur de Plouvellec... Curés “ journalistes de la Renaissance à la fin du 17e siècle, Editions Apogée, Rennes, 1993. D DUBUISSON-AUBENAY, Itinéraire de Bretagne. 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