la crise du logement n`est pas une fatalité!
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la crise du logement n`est pas une fatalité!
PUBLICATION PARCE QU’UN TOIT EST UN DROIT Un appel à la résistance pour faire face à la crise du logement vient de paraître aux Editions d’En Bas. A découvrir! Il a fallu la création à Lausanne en mai 2012 du «Forum des luttes et des résistances» pour que les cinq auteurs de ce livre, qui s’inscrit comme un appel à la résistance face à la crise du logement, se retrouvent autour d’une même table. L’idée du livre s’est développée à la suite de la manifestation «Un toit est un droit» en octobre 2012 à Lausanne, avec un seul but: construire une coordination notamment avec l’ASLOCA pour inciter les locataires à se prendre en main et à faire aboutir leurs revendications. Interview groupée des auteurs. La crise du logement n’est pas une fatalité, quelles solutions préconisez-vous pour les locataires? Les auteurs. Notre livre est un appel à refuser de considérer la crise du logement comme une fatalité. A l’évidence, le marché actuel du logement ne s’intéresse plus qu’au tiers des ménages les plus aisés. Les milieux immobiliers et les banques, qui dictent leurs conditions dans ce domaine, n’auront rien à redire tant que la rentabilité de leurs opérations sera garantie. Pour que cette situation change, il faut que les locataires et les habitants entrent en résistance. Faisons en sorte que les luttes collectives se multiplient contre les hausses de loyer et les résiliations collectives de baux à loyer, contre les plans d’urbanisme qui menacent de porter préjudice, Agneta Zuppinger «LA CRISE DU LOGEMENT N’EST PAS UNE FATALITÉ!» en ville, à la qualité de vie, contre les projets de construction aliénant le parc immobilier où vit une majorité de la population, et ce, au profit d’une minorité disposant de ressources accrues ou devant accepter, sous la contrainte, de payer plus cher! Il est temps d’avancer des revendications qui s’attaquent à la racine du mal. Il ne suffit pas d’augmenter l’offre de logements pour juguler la crise. Les intérêts de la majorité des locataires et habitants sont bafoués tant que nous n’aurons pas réussi à faire aboutir des revendications telles que: • le blocage des loyers dans toutes les communes où sévit la crise, et la limitation du nombre de logements mis en vente • une densification des villes qui s’accompagne au préalable d’une véritable concertation • l’instauration d’un droit d’expropriation du sol pour la construction de logements d’utilité publique à loyer abordable. Nous sommes convain- 14 — Droit au logement • Avril 2014 n° 214 Les auteurs (de g. à dr.) Jean-Michel Dolivo, Catherine Mathez, Andrea Eggli, Urs Zuppinger et Anne-Gabrielle Frund le 3 décembre 2013 à Lausanne. cus qu’il n’y a pas d’issue à la crise sans des mesures de cette envergure. Il importe peu qu’elles nous paraissent hors de portée, à l’heure actuelle. Il faut que les locataires et habitants frappés par la crise se mettent d’accord sur les objectifs et se donnent les moyens de promouvoir une mobilisation qui permette de les atteindre. Quels enseignements avezvous tirés des trois situations citées dans votre livre? Ces «luttes», nous les connaissons bien, elles ressemblent à ce qui commence à se développer ailleurs et elles montrent, de manière exemplaire, ce qui caractérise l’action collective des locataires et habitants. Les problèmes et les démarches sont à chaque fois spécifiques, les résultats ne sont pas toujours optimaux, mais en tout cas meilleurs que si la population concernée avait laissé faire. Preuve qu’il vaut la peine d’entrer en résistance collective partout et à chaque fois que la situation le requiert! Mais nous préconisons d’aller plus loin: il faut que les collectifs locaux se coordonnent, à l’échelle de leur agglomération urbaine, et ensuite entre celles où sévit la crise - bien évidemment en interaction avec les associations existantes de défense des locataires - afin d’apprendre les uns des autres et d’être en mesure de poser les problèmes à l’échelon territorial et institutionnel, où une réponse peut être donnée. Disponible en libraire: 10 francs.