Catherine D ` HE RV É - Lille

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Catherine D ` HE RV É - Lille
* P 06 07 INTERVIEW
04/10/2004
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Interview
Questions à
Catherine D’HERVÉ
Directrice régionale de l’ANPE.
“88 % des offres d’emploi
déposés par les entreprises
sont satisfaites.”
Titulaire d’une licence de droit
public et d’un DESS sciences
administratives, Catherine
d’Hervé a débuté sa carrière
comme inspectrice du travail
dans le département de la
Meuse, avant d’occuper
différentes fonctions de
directrice départementale puis
régionale du travail.
En 2001, elle est conseillère
technique au cabinet de Mme
Elisabeth Guigou, alors ministre
de l’Emploi et de la Solidarité,
avant de devenir directrice de
projet, chargée de l’organisation
de la fonction animation des
services déconcentrés dans le
Nord/Pas-de-Calais.
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Voudriez-vous nous
rappeler les missions initiales
de l’ANPE et ses évolutions
sdans le temps ?
Catherine d’Hervé : Au lendemain de la seconde guerre mondiale, ont été créés les services
FACE - OCTOBRE 2004 - N° 167
de main-d’œuvre qui deva i e n t
permettre de participer à l’effort
de reconstruction. De cette période, date l’obligation des entreprises de déclarer leurs off r e s
d’emplois vacants. A l’époque,
bien sûr, le contexte n’était pas
le même et le chômage était
quasi inexistant et sa durée
m oyenne fa i ble. La situation a
changé avec la première grande
crise économique de la fin des
années 60 et l’apparition du chômage structurel. Il a fallu repenser complètement la façon de
traiter tant la demande d’emploi
que le rapprochement de l’offre
et de la demande. C’est dans ce
contexte qu’a été créée en 1967
l’Agence nationale pour l’emploi
avec pour mission, d’une part
accueillir et accompagner des
personnes en recherche d’emplois, et, d’autre part, recueillir
les offres des entreprises.
Aujourd’hui notre mission principale répond à un doubl e
objectif :
- proposer le plus rapidement
possible un emploi correspondant
à leurs possibilités et aspirations
aux demandeurs pour éviter les
phénomènes de chômage longue
durée qui demeurent importants
surtout dans une région comme
le Nord/Pas-de-Calais.
- satisfaire dans les meilleurs
délais possibles les offres déposées par les entreprises.
Actuellement, nous atteignons
sur les offres un taux de satisfaction de 88 %, très bon score
dont nous ne pouvons toutefois
nous satisfa ire. Nous devo n s
tendre à une satisfaction optimale de l’offre, limiter les annulations d’offre, réduire le stock
d’offres sans réponse sur deux
mois. Dans un souci de qualité,
nous développons un mode de
service que nous appelons “intermédiation active”.
Il s’agit, à partir d’une off r e
déposée, d’évaluer avec les
demandeurs potentiellemen t
intéressés leurs possibilités de
répondre à cette offre et de redéfinir éventuellement avec l’employeur des éléments de l’offrequalification requise, rémunération…-pour que celle-ci trouve
plus facilement réponse.
La vocation de L’ANPE n’est pas
d’effectuer un simple rapprochement des offres et des demandes,
c’est avant tout une organisation
qui délivre aux acteurs du marché du travail un ensemble de
services sur mesure.
Cet ensemble de compétences
s ’ exerce aussi avec des part enaires comme les services de
l’Etat, le Conseil régional,
branches professionnelles, les
Chambres de commerce et d’industrie, les Chambres de métiers.
Plus particulièrement,
quel est le cadre de vos
interventions dans
le Nord/Pas-de-Calais ?
L’ANPE est organisée e n 22
directions régionales (non compris les DOM), une par région
administrative. Il y a au sein de
chaque direction régionale, un
c e r t ain nombr e d’agence s
locales en fonction du nombre
de demandeurs d’emplois.
Le Nord/Pas-de-Calais est composé de 58 agences locales qui
emploient 1500 collaborateurs.
Ces agences locales sont organisées au sein de huit directions
départementales déléguées, cinq
dans le Nord e t troi s dans le
Pas-de-Calais
L’ANPE Nord/Pas-de-Calais est
une des quatre plus importantes
en terme de demandeurs d’emplois inscrits (environ 200 000
personnes catégorie 1, inscrites
en f in de mois avec un taux de
chômage régional de 12,9%).
Au-delà du traitement de masse,
nous avons privilégié un accueil
personnalisé, avec un suivi dans
le temps de tous les demandeurs.
La mise en place de la convention Etat, Unédic, Anpe a défini
un niveau de service approfondi
dans le cadre du progr a m m e
PARE/PAP.
Cela s’est traduit notamment
par des embauches d’agents supplémentaires pour pouvoir assurer ce niveau de service.
Ainsi, au niveau national, nous
sommes passés de 18 000 agents
à 23 000.
Par la mise en place d’équipes
d ’ i n t e r ventions spécif i q u e s ,
l’ANPE se positionne comme
un opérateur central aidant à la
coordi nation des actions de
reclassement de tous les acteurs.
L’an passé, la liquidation judiciaire du site de Metaleurop a
entraîné le licenciement de 812
personnes.
Nous avons imméd iatement
détaché deux conseillers ANPE
qui, quotidiennement, ont assuré un accompagnement individualisé des demandeurs d’emploi. Nous avons trouvé des
solutions pour 260 salariés, dont
23 en création d’entreprise, 125
reclassés en CDI, 84 en formation et 21 en CDD.
Autre exemple, le dispositif
ARRMEL (Appui reclassement
r e c o nversion de la métropole
de Lille).
Les licenciements économiques
pour lesquels des plans sociaux
n’ont pu être financés se multipliant dans la métropole lilloise, nous avons été amenés à
construire ce dispositif en part en ariat avec la D DTE FP,
l’As sédic, l’AFPA, des référents sociaux et de cabinets de
consultants.
Une cellule de coordination a
été cr éée da ns les locau x de
l’ANPE à Roubaix-Centre avec
l a mise à dispos it ion d ’u ne
équipe de conseillers. Plus de
40 entreprises et près de 2 500
salariés sont concernés.
Quels services
proposez-vous aux chefs
d’entreprise ?
Comme je le disais précédemment, nou s somme s enga g é s
dans une mission d’intermédiation active. Dans un contex t e
économique déf avo r a ble, les
conseillers de l’ANPE ont
i n t e n s i f ié leurs contacts ave c
les entreprises, soient 50 970
visites en 2003. 163 000 offres
d’emplois ont été enregistrées.
En 2004, nous dépasserons ces
résultats.
Certains secteurs professionnels
connaissant des diff icultés de
r e c rutem ent, comme le bâtiment, l’hôtellerie-restauration,
le transport et l’industrie, pour
citer les secteurs les plus importants, nous sommes amenés à
anticiper les besoins des chefs
d’entreprise pour organiser les
actions d’évaluation et de qualification des demandeurs d’em-
ploi, telles sont les actions développées par les équipes des
conseillers ANPE.
Des rencontres Métiers, des
forums de recrutement ou d’inf o rmation se multiplient dans
plusieurs bassins d’emploi. Par
exemple, dans le Cambrésis, les
ANPE organisent tous les mois
des manifestations sectorielles
appelées “Les Mardis du
Cambrésis”. Le bilan de l’exercice 2003 apparaît à cet éga r d
encourageant et positif puisque
nous avons enregistré plus de
3 000 visiteurs, 120 entreprises
participantes, 382 offres d’emplois proposées et 3 182 entretiens réalisés. Parallèlement, la
méthode de recrutement par
simulation mise en œuvre dans la
région depuis quatre ans poursuit
son développement. L’an passé,
grâce à ce système, près de 600
embauches ont été conclues.
Quels axes de
collaboration développez-vous
avec les différents acteurs
locaux de l’économie
(missions locales, collectivités
territoriales, ...) ?
L’ANPE se positionne comme
un animateur et un coordonnateur de compétences au service
de clients communs. Une culture de travail en réseau est profondément an crée dans le
Nord/Pas-de-Calais. Des collaborations se sont encore renforcées ces dernières années, avec
les Assedic, l’Afpa, Des stratégies d’alliance se poursuive n t
avec les missions locales, les
Cap Emploi ou l’Apec.
Enfin, de nombreuses coopérations sont engagées avec les
PLIE, les collectivités terr i t oriales, les branches professionnelles et les organismes de formation.
Dans une conjoncture
économique sans réelle
visibilité, comment l’ANPE
s’adapte t-elle pour coller au
mieux aux services demandés
par les entreprises et les
demandeurs d’emploi ?
Pour accomplir au mieux sa mission, l’ANPE a réalisé depuis
une quinzaine d’années de nombreux changements. Ainsi, nous
avons enregistré trois fois plus
de recr utements conf iés à
l’ANPE de puis le début des
années 90. Cela s’est également
traduit par près de deux fois plus
de prestations d’accompagnement. Dans un souci de qualité,
cette évolution nous a perm i s
d’être plus près des demandeurs
d’emploi ; 82 % d’entre eux ont
eu au moins un entretien ave c
nos conseillers dans les six derniers mois, contre 67 % en 2000.
L’ANPE est également l’un des
premiers établissements publics
à avoir engagé une démarche
qualité. En 1999, il s’agissait
d’un processus de qualification
i n t e rne. En 2004, la recherche
d’une certification externe par
l’AFAQ (Association française
pour le management et l’amélioration de la qualité) est engagée.
Dans le Nord/Pas-de-Calais, la
première vague de certification
est en cours.
Pour l’AN PE, c ’est aus si la
poursuite de sa professionnalis ation avec la constru c t i o n
d’une offre de service de qualité adaptée aux attentes de nos
clients. Et c’est dans ces conditions que l’Agence affronte la
f in du monopole de placement
et l’ouverture du marché.
Propos recueillis par
Eric VANDERHAEGEN
L’ANPE Nord/Pas-de-Calais
en quelques chiffres
(exercice 2003)
●
1 530 000 entretiens.
● 50 970 visites en entreprise,
soit 25,4 % de progression
en quatre ans.
163 000 offres d’emploi
enregistrées.
●
● 70 points d’implantation
dans la région.
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