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IFPEK Institut de Formation en Masso-Kinésithérapie de Rennes En quoi l’équilibre unipodal maintenu trois secondes sur la jambe amputée est-il un facteur prédictif de la diminution de l’utilisation des aides techniques dans la montéedescente des escaliers chez les patients amputés trans-fémoraux. En vue de l’obtention du diplôme d’état de masseur-kinésithérapeute BELLIER Arnaud Année scolaire 2013-2014 Selon le code de la propriété intellectuelle, toute reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l’auteur est illégale. IFPEK Institut de Formation en Masso-Kinésithérapie de Rennes En quoi l’équilibre unipodal maintenu trois secondes sur la jambe amputée est-il un facteur prédictif de la diminution de l’utilisation des aides techniques dans la montéedescente des escaliers chez les patients amputés trans-fémoraux. Sous la direction de Monsieur Philippe MENAIS, directeur de mémoire En vue de l’obtention du diplôme d’état de masseur-kinésithérapeute BELLIER Arnaud Année scolaire 2013-2014 Remerciements A ma famille pour leur aide et leur soutien A monsieur Menais pour ses conseils avisés Au centre de rééducation de Kerpape A la maison de santé Le Divit Aux quatre patients qui ont acceptés de participer à ce mémoire Aux professeurs de l’IFMK de Rennes pour ce qu’ils m’ont apporté tout au long de ces trois années de formation Résumé Objectif: Cette étude s’intéresse à l’activité de montée et descente des escaliers chez les patients amputés trans-fémoraux. La problématique est : En quoi l’équilibre unipodal maintenu trois secondes sur la jambe amputée est-il un facteur prédictif de la diminution de l’utilisation des aides techniques dans la montée-descente des escaliers chez les patients amputés trans-fémoraux. Méthode: 4 patients amputés trans-fémoraux ont participé à cette étude. Ils ont été séparés équitablement en deux groupes : un groupe test et un groupe témoin. Le groupe test a suivi un protocole basé sur le renforcement du moyen fessier de la jambe amputée 5 jours par semaine pendant 20 minutes durant 2 semaines. Avant et après le protocole, les patients ont monté et descendu trois fois un escalier avec les aides techniques nécessaire à la réalisation de cette activité. Le meilleur résultat ayant été retenu. Résultats: les résultats ont été analysés à l’aide de pourcentages. Il y a eu une progression dans les deux groupes et l’intérêt de l’appui unipodal maintenu 3 secondes sur la jambe amputée n’a pas pu être démontré. Ces résultats sont à nuancer étant donné la faible puissance de l’étude. Conclusion: Aucune complication n’est apparue durant le protocole. La rééducation de l’équilibre unipodal par le renforcement du moyen fessier peut donc être proposé au patient par le thérapeute. Toutefois, elle ne pourra pas être considérée comme prédictive de la diminution des aides techniques lors de la montée-descente des escaliers. Mots clés: Amputation trans-fémorale Escalier Equilibre unipodal Test prédictif Abstract Objective: This study focuses on the activity up and down stairs in trans-femoral amputees. The problem is: What balance unipodal maintained three seconds on the amputated leg is it a predictor of decreased use of technical aids in the up-down stairs in trans-femoral amputees Methodology: 4 trans-femoral amputees participated in this study. They were separated equally into two groups: a test group and a control group. The test group followed a protocol based on strengthening the gluteus medius leg amputated 5 days per week for 20 minutes for 2 weeks. Before and after the protocol, patients were three times up and down stairs with the technical assistance necessary to carry out this activity. The best result was selected. Results: Results were analyzed using percentage. There was an increase in both groups and interest support unipodal maintained for 3 seconds on the amputated leg could not be demonstrated. These results must be qualified given the low power of the study. Conclusion: No complications occurred during the protocol. The balance training unipodal by strengthening the gluteus medius can be offered to the patient by the therapist. However, it can not be considered predictive of lower technical aids in the up-down stairs. Key words: transfemoral amputation Stairs unipodal balance Predictive Test Table des matières Introduction............................................................................................................................................. 1 Première partie : contexte de l'étude ..................................................................................................... 3 I) L’amputation .................................................................................................................................... 3 1) Epidémiologie .............................................................................................................................. 3 2) Prise en charge des patients amputés Trans -fémoraux ............................................................. 5 3) Le montage prothétique ............................................................................................................. 7 II) Les escaliers ..................................................................................................................................... 9 1) Personnes saines ......................................................................................................................... 9 2) Patients amputés Trans-fémoraux. ........................................................................................... 12 III) L’appui unipodal ........................................................................................................................... 13 Pré étude expérimentale....................................................................................................................... 15 I) Méthode ......................................................................................................................................... 15 1) Outils ......................................................................................................................................... 15 2) Population ................................................................................................................................. 15 3) Protocole expérimental ............................................................................................................. 17 II) Résultats ........................................................................................................................................ 18 III) Discussion ..................................................................................................................................... 20 1) Analyse des résultats ............................................................................................................. 20 2) Méthodologie, faiblesses et limites .......................................................................................... 21 3) Intérêts ...................................................................................................................................... 23 Conclusion ............................................................................................................................................. 24 Bibliographie.......................................................................................................................................... 25 Annexes ................................................................................................................................................... 1 Introduction L’amputation d’un membre inférieur est une pathologie qui peut toucher toutes les personnes, qu’elles soient jeunes, adultes ou plus âgées. En effet, de nombreuses causes peuvent mener à une amputation (maladies, traumatismes…). La perte d’un membre est considérée par la Classification Internationale du Fonctionnement du handicap et de la santé (CIF) comme une modification de la structure corporelle (World Health Organization, 2001). Dans chacune de ces situations, les personnes touchées auront pour ambition de reprendre leur vie antérieure. Cependant perdre une jambe entraine un bouleversement important chez les patients amputés. En effet, la perte de confiance en soi et la diminution de certaine capacité comme l’équilibre vont être à l’origine d’une baisse de l’autonomie et donc entrainer une diminution de la qualité de vie de ces patients (Miller et al.,2002). Plusieurs études se sont penchées sur l’évolution des patients amputés sur le long terme. Elizabeth G. Halsne, et al (2013) dans leur article ont essayé de définir les activités réalisées par les personnes amputées trans-fémorales dans leur vie quotidienne. Les conclusions tirées de cette étude ont montré que ces personnes sur le long terme sont beaucoup moins actives que les personnes non amputées et que leurs activités sont variables au jour le jour. Ainsi malgré les différents progrès réalisés, une fois le retour à la vie antérieure effectué, de nombreuses activités restent compliquées à réaliser. Il est en effet difficile de prévoir de quelle manière évoluera le patient au court de sa vie, la phase de rééducation n’étant qu’une étape dans la continuité de leur évolution. Durant cette période, il est donc important que l’équipe de soin (médecins, kinésithérapeutes…) fixe avec le patient ses objectifs. Parmi ses projets peuvent notamment figurer la reprise du travail. Il a été démontré dans l’étude de Burger.H (2010a) que différents facteurs (âge, sexe, niveau d’éducation, comorbidités…) pouvaient gêner cette reprise voir même conduire à des réorientations professionnelles. De plus, une troisième étude (Burger.H, 2012b) a mis en valeur à l’aide de la CIF le ressenti des patients par rapport à leur pathologie et les limitations auxquelles ils sont confrontés quotidiennement. Les résultats montrent qu’un certain nombre de tâches présentes dans leur environnement ne sont pas totalement acquises et empêchent une intégration sociale optimale. 1 Ainsi, malgré une rééducation importante, des lacunes peuvent subsister entrainant un impact sur la vie de ces personnes. Les personnes amputées, par la perte de leur membre inférieur, vont dépenser beaucoup plus d’énergie que ce soit lors de leurs transferts ou lors de leur déambulation pour des activités de marches ou de marches supérieures (Esquenazi, DiGiacomo, 2001). Malgré l’aménagement des lieux publics et privés, monter et descendre des escaliers représente une action à laquelle on est confronté chaque jour. Cependant, si cette activité est relativement aisée à réaliser pour une personne saine, il n’en est pas de même pour une personne amputée. Cela nécessitera la mise en place de schéma compensatoire (les patients amputés au niveau fémoral montent les escaliers marche par marche), l’utilisation d’une ou de plusieurs aides techniques (main courante, béquille, canne…) voir même l’aide d’une tierce personne. Cette adaptation a pour cause de nombreux facteurs liés aux déficiences de ces personnes. Parmi celles-ci, figure notamment le manque d’appui sur la jambe amputée. Cette chirurgie est traumatisante pour les muscles et bien souvent lors de la phase de rééducation ils se retrouvent affaiblis. Le moyen fessier étant le principal stabilisateur de hanche en phase d’appui, il serait intéressant d’observer si son renforcement permettrait de faciliter la montée-descente des escaliers. L’objectif de ce travail est donc de mettre en évidence si un test prédictif d’équilibre unipodal de trois secondes sur la jambe amputée permettrait de diminuer les aides techniques nécessaires pour réaliser cette activité. Il s’agira d’une étude analytique réalisée à l’aide d’une faible cohorte. Problématique : En quoi l’équilibre unipodal maintenu trois secondes sur la jambe amputée est-il un facteur prédictif de la diminution de l’utilisation des aides techniques dans la montée-descente des escaliers chez les patients amputés trans-fémoraux. Nous aborderons en premier lieu dans le développement du contexte de l’amputation son épidémiologie, sa prise en charge et le montage prothétique. Nous verrons également la biomécanique de la montée- descente des escaliers et l’appui unipodal. Puis dans un deuxième temps, dans le développement de la pré-étude expérimentale nous aborderons la méthode utilisée, les résultats obtenus et pour finir une discussion aboutissant à une conclusion. 2 Première partie : contexte de l'étude I) L’amputation 1) Epidémiologie « L’amputation consiste en l’ablation d'un membre ou d'un segment de membre. » (Larousse, 2006) En France, il n’existe pas de registre national des amputations. De ce fait, les données concernant l’épidémiologie des patients amputés des membres inférieurs en France sont rares et anciennes. Durant des années, ces informations ont été obtenues grâce à des extrapolations réalisées sur les résultats obtenus dans d’autres pays (André J-M, Paysant J, 2006). Cependant, ces résultats ne peuvent être considérés comme fiables étant donné que chaque pays possède ses propres particularités et classifications. Incidence Les premières données françaises directes sur l’incidence de l’amputation des membres inférieurs ont été fournies par le PMSI. Le PMSI (programme de médicalisation des systèmes d’information) est un dispositif faisant partie de la réforme du système de santé français ayant pour objectif d’égaliser les ressources d’informations entre les établissements de santé. Ainsi ce programme permet d’obtenir des informations plus précises. D’après la base de données PMSI de 2003, 17 551 actes d’amputations ont été réalisés. (Sandrine Fosse, et al., 2006) L’incidence standardisée des amputations des membres inférieurs est de 26/100 000 habitants, le risque étant multiplié par 14 pour les personnes diabétiques (184/100 000 habitants pour les personnes diabétiques contre 13/100 000 habitants pour les personnes non diabétiques). L’âge moyen des personnes amputées est de 69 ans et 7 mois (Berthel.M, Ehrler.S, 2010). De plus, l’incidence est le double chez les hommes quel que soit l’âge et la présence ou non d’un diabète. Les amputations post traumatiques touchant une catégorie plus jeune (entre 20 et 50 ans). 3 Étiologies Les causes principales amenant à des amputations de membres inférieurs sont au nombre de trois, les autres étant exceptionnelles (Dap.F, 2009). On a ainsi : Les maladies : Parmi celles-ci, on retrouve notamment le diabète, l’artérite, l’artériosclérose, les cancers… La prévalence augmentant nettement après 65 ans Les traumatismes : Les accidents de la voie publique, du travail, domestiques sont la 2ème cause d’amputation. Les malformations congénitales : Certaines malformations comme les agénésies ou celles liées à un spina bifida nécessitent parfois des amputations. Niveaux d’amputation : Le niveau de l’amputation constitue un choix déterminant pour le devenir du patient. Le choix du niveau de l’amputation est défini par différents critères : Tout d’abord le niveau d’amputation pourra être imposé par la lésion L’étiologie qui nécessitera une amputation en zone saine Les possibilités de l’appareillage. En effet, un moignon tibial trop long ou un moignon fémoral trop court forment un mauvais pronostic pour la reprise des activités du patient. L’âge du patient. En France, les niveaux d’amputations se répartissent de la manière suivante (Berthel.M, Ehrler.S, 2010) : Amputation trans-fémorale : 23.6% Amputation trans-tibiale : 20% Amputation partielle de pied : 19.6% Amputation d’orteil(s) : 37% 4 2) Prise en charge des patients amputés Trans -fémoraux L’amputation d’un membre inférieur est un événement qui a un retentissement important sur la personne amputée. Ce retentissement que l’on peut qualifier de global va modifier de manière importante la vie de ces personnes. En effet la première problématique qui va apparaître est : quel sera le devenir de ces patients ? Le patient amputé va rapidement être confronté à des défis psychologiques et sociaux importants. Une fois le stade de la cicatrisation passé, le patient va présenter de nombreux déficits : musculaire, articulaire, proprioceptif… qui vont entrainer de nombreuses limitations fonctionnelles et une désadaptation à l’effort. De ce fait, les personnes amputées devront faire le deuil de leur jambe perdue et se concentrer sur leur avenir ainsi que sur leur réhabilitation tout en se fixant des objectifs. Pour cela divers professionnels (kinésithérapeutes, orthoprothésistes, infirmiers, médecins…) accompagneront ces patients tout au long de leur rééducation. La rééducation de ces patients se décline en trois principales phases : La phase de pré-appareillage La phase de prothétisation La phase de réadaptation Le choix du niveau de l’amputation est décidé selon plusieurs critères comme l’étiologie (amputation en zone saine ou qui sera imposée par la lésion), l’âge ou les possibilités ultérieures d’appareillage. Concernant les amputations trans-fémorales, dans le cadre d’un appareillage ultérieur, la limite inférieure est fixée à 8-10cm au-dessus de l’interligne fémoro-patellaire afin de laisser de la place pour loger l’articulation du genou et la limite supérieure qui est fixée à 10 cm en dessous du petit trochanter afin de fixer la prothèse. L’intérêt d’une amputation trans-fémorale basse sera d’avoir un meilleur bras de levier de la cuisse. La phase de pré-appareillage correspond à la période entre la post-amputation jusqu’à la cicatrisation définitive du moignon. Elle aura une durée aléatoire en fonction des patients. Plusieurs facteurs interviendront sur sa vitesse notamment l’étiologie de l’amputation qui est étroitement liée à l’âge. En effet, les patients âgés sont le plus souvent amputés pour des 5 causes de maladies vasculaires ou de diabètes tandis que les personnes plus jeunes sont plus touchées par l’origine traumatique. De ce fait, les personnes âgées avec leurs comorbidités mettront plus de temps à cicatriser et nécessiteront parfois des reprises chirurgicales. Durant cette phase qui dure plusieurs semaines, lors des séances, le kinésithérapeute aura de nombreux objectifs rééducatifs, car une amputation est un acte qui touche le patient dans sa globalité. Il devra sur le plan cutané-trophique-vasculaire résorber l’œdème, surveiller les troubles cutanés, prévenir les adhérences, et assouplir le moignon. De plus, il sera nécessaire de diminuer les douleurs du moignon et les douleurs fantômes. Il faudra entretenir la force musculaire des membres, du tronc et sur le plan articulaire conserver une bonne mobilité afin d’éviter la mise en place de flessum notamment de hanche ou de genou dû aux déséquilibres musculaires engendrés par l’amputation. Ainsi cela permettra une meilleure éducation et sécurisation du patient face aux différents transferts et modes de déambulations que ce soit le fauteuil roulant manuel ou le béquillage. Ce début d’autonomisation permettant également de le ré-entrainer à l’effort. Ensuite, la phase de prothétisation va constituer une période décisive pour ces patients. Elle consistera en la découverte de la prothèse, ainsi que de son utilisation pour l’apprentissage de la marche et la reprise progressive de l’autonomie. Cependant il est également important que les personnes amputées aient le montage prothétique le plus adéquat à leur niveau fonctionnel et à leurs objectifs. De ce fait, une bonne collaboration entre les différents thérapeutes et le patient est indispensable pour obtenir un résultat optimal. La MFCL (Medicare Functional Classification Level) est un index non validé en France pour le moment qui a été conçu afin de cibler et quantifier le niveau d’activité des patients. Il classe les patients sur une échelle allant de 0 à 4 et permet de définir le degré fonctionnel des patients. Cet index est corrélé à un test nommé the amputy mobility scoring form (AMP) qui sert à évaluer le niveau fonctionnel des patients (Gailey et al., 2002). Ainsi, il aide les thérapeutes à définir quelle prothèse conviendrait le mieux à l’activité de la personne considérée. Durant cette étape de la rééducation, une surveillance cutanée du moignon sera indispensable afin d’observer la bonne adaptation ou non au montage prothétique. La progression de la prothétisation se fera en quatre étapes : la phase statique, l’initialisation, l’entrainement à la marche et enfin l’autonomie de marche. Durant la première étape, le patient effectuera divers 6 exercices de mise en charge progressive sur la prothèse afin d’améliorer son équilibre jusqu’au contrôle de cet appui. Ensuite l’équilibrage entre les deux membres inférieurs va permettre un meilleur contrôle postural. La seconde étape sera de faire prendre conscience au patient de l’importance de l’appui sur la prothèse lors du passage du pas controlatéral et de corriger les défauts de coordination. La troisième étape, qui est la synchronisation à la marche, va avoir pour objectif de synchroniser les différentes phases de la marche. Ceci, afin d’obtenir l’acquisition d’un schéma de marche avec le montage prothétique mettant en jeu un bon contrôle postural et des paramètres de marche satisfaisant (continuité des pas, rythme, symétrie…). Enfin l’autonomisation de ces divers paramètres va permettre au patient de quitter les barres parallèles et d’obtenir un schéma dynamique avec une aide technique sélectionnée en fonction du patient. Le patient pourra travailler dès lors sur l’augmentation de son périmètre de marche, sa vitesse de déambulation et l’acquisition d’un équilibre dynamique stable. La dernière phase de la rééducation qui est la réadaptation a pour finalité de réinsérer les patients dans leur environnement extérieur et leurs activités quotidiennes (loisirs, activités professionnelles). Ainsi durant cette phase, d’autres tâches sont travaillées comme la montéedescente des escaliers. 3) Le montage prothétique Ces dernières années, de nombreuses recherches ont été réalisées afin de développer des prothèses de membre inférieur toujours plus performantes de manière à permettre l’amélioration des performances des patients et la réalisation de leurs projets futurs (Drevelle, et al., 2013). Pour les patients amputés trans-fémoraux, le montage prothétique est composé de trois principales parties : l’emboiture, le genou prothétique et le pied prothétique (Annexe 1). L’emboiture est la partie de la prothèse qui est en contact avec le moignon et qui doit permettre la reprise d’un appui au sol par les éléments fixés en dessous. Son objectif est donc de répartir les appuis de manière indolore. En fonction de l’évolution du moignon durant la rééducation plusieurs emboitures pourront être faites afin qu’il y ait une adaptation maximale. 7 On distingue trois principales formes d’emboitures : la forme quadrangulaire, la forme à ischion intégré, la forme à branche ischion pubienne incluse. L’emboiture est reliée au genou prothétique par un système d’accroche qui va permettre d’éviter les déchaussages lors des activités de déambulation comme la marche ou la montée-descente des escaliers. On peut ainsi trouver un manchon avec une accroche distale, un système de décompression, ou un système de collerette. La diversité des genoux prothétiques va permettre d’effectuer une sélection individualisée et adaptée à chaque patient. Les critères de choix étant le plus souvent basés sur l’état général et l’autonomie du patient. Il y a plusieurs grandes catégories de genoux prothétiques : les genoux à axes simples, les genoux à verrou, les genoux polycentriques, les genoux à microprocesseurs. Les genoux à axes simples sont considérés comme les références de base. Ils se plient et ne possèdent pas de commande de phase d’appui le rendant peu sécurisant. C’est une prothèse qui nécessite peu d’entretien et composée d’un mécanisme simple et fiable. La principale difficulté de son utilisation est la nécessité d’utiliser sa propre force musculaire pour rester stable lorsque l’on se tient debout sur la jambe artificielle. De ce fait, il ne permet une marche qu’à une seule vitesse. Les genoux à verrou permettent de conserver la jambe prothétique en extension lors de la marche. De ce fait il génère des boiteries. Le déverrouillage s’effectue à l’aide d’un levier ou un câble lorsque le patient désire s’asseoir. Ce type de genou est en général conseillé à des patients ne possédant pas un équilibre nécessaire pour contrôler un genou pliant. Les genoux polycentriques possèdent plusieurs axes de rotation et sont les plus complexes mécaniquement à ce jour. Lorsque le genou se plie, la jambe prothétique se raccourcie facilitant ainsi le passage du pas. Ils peuvent être paramétrés de manière à offrir une stabilité optimale lors de la phase d’appui et peut produire une flexion de genou permettant une phase pendulaire et station assise normale. Les genoux à microprocesseurs sont programmés par interface informatique. Il s’adapte ainsi parfaitement aux patients et fournissent des données importantes sur leur activités quotidiennes. 8 Les genoux polycentrique et à microprocesseur peuvent en fonction des particularités des patients être agrémentés d’une fonction hydraulique ou pneumatique. Tout comme pour les genoux, il existe différents modèles de pieds prothétiques. Le choix est effectué selon différents critères comme la taille, le poids et les capacités fonctionnelles de la personne amputée. Les pieds dynamiques sont divisés en trois classes. Les pieds I et II sont assurés pour des patients dont le périmètre de marche en continu est supérieur à 500 mètres à une vitesse supérieure à 3 km/h. Le pied de la catégorie III est destiné à des patients ayant une vitesse de marche supérieure à 4,5 km/h et pratiquant une activité sportive. Le montage prothétique est donc basé à la fois sur les objectifs des patients mais également sur leurs aptitudes. En effet, un patient ayant des possibilités de récupération plus rapides ou plus grandes de par son âge ou par son étiologie aura donc un montage prothétique en adéquation à ses progrès. II) Les escaliers 1) Personnes saines Le retour au domicile est une étape importante. Les patients vont reprendre leurs activités (loisir, travail) et être confrontés aux obstacles de leur environnement. Bien souvent des actions qui semblaient aisées auparavant vont se révéler compliquées, nécessitant des adaptations et des stratégies de compensations. Ces éléments vont pousser ces personnes à limiter ou à éviter ces obstacles influençant ainsi leur confiance en leur capacité et donc leur qualité de vie. Monter et descendre les escaliers est une activité physique que l’on réalise chaque jour que ce soit à son domicile ou dans l’espace public. Cependant sa réalisation est exigeante et nécessite une quantité d’énergie importante et sera de ce fait compromise. 9 Le cycle de la marche a été largement étudié, ce qui a permis de mieux comprendre la mécanique de la marche normale améliorant ainsi la mise en place de programme de réadaptation. Cependant, la littérature concernant les paramètres biomécaniques normaux de la montée-descente des escaliers est limitée et insuffisante par rapport à celle qui décrit la marche sur surface plane pour comprendre la diversité des acquis requis. Dans l’étude de James E. Zachazewski, et al. (1993) 11 patients ont été recrutés afin d’établir les mouvements réalisés lors d’un cycle normal de montée d’une marche (un cycle correspondant au contact d’un pied sur la 1ère marche jusqu’à son ascension sur la marche suivante dans la même position). Tout d’abord, chez les sujets sains, la montée ainsi que la descente se font de manière alternée par un transfert d’appui entre les membres inférieurs marche après marche. Un cycle se compose de deux principales phases qui sont représentées sur le tableau 1 : -La phase d’appui (65% du cycle) -La phase oscillante (35% du cycle) Contact Double Appui unipodal Contact pied A appui (17-48%) pied B appui pied A pied A sur (0-2%) (2-17%) (48- (51- (65-82%) la marche 51%) 65%) Poussée Déplacement Transfert verticale du tronc d’appui (2-37%) vers l’avant (0-17%) Double Ascension Placement (82-100%) (37-48%) Phase d’appui (65% du cycle) Phase oscillante (35% du cycle) Tableau 1 : description des différentes phases de la montée des escaliers La phase d’appui comprend plusieurs étapes. Dans un premier temps, le contact du pied A au sol (0-2%) va initialiser le cycle. Ensuite, la station bipodale va permettre le transfert de l’appui vers la jambe qui servira de support lors de la montée de la marche. Cet appui unipodal se déroule de 17 à 48% du cycle. Il s’agit de l’étape la plus longue de la phase d’appui. C’est également l’une des plus critiques. Tenir sur une jambe, le temps de monter la jambe controlatérale sur la marche suivante nécessitera une contraction musculaire importante 10 et une coordination musculaire efficace. Durant l’étape de l’appui unipodal, deux tâches seront réalisées. Une poussée verticale (2-37% du cycle) nécessaire à lancer le mouvement de la jambe controlatérale puis le déplacement du tronc vers l’avant qui servira à trouver un équilibre une fois la jambe posée. Concernant les sujets sains, la descente se fait également de manière alternée qui comprend deux phases. La phase d’appui (68% du cycle) et la phase d’oscillation (32%). Double appui Appui unipodal (14-53%) (0-14%) Double appui Avancée de Placement (53-68%) la jambe du pied (68-84%) (84-100%) Transfert Déplacement Contrôle de la descente d’appui du tronc vers (34-68%) (0-14%) l’avant (1434%) Phase d’appui (68% du cycle) Phase d’oscillation (32% du cycle) Tableau 2 : description des différentes phases de la descente des escaliers Un cycle commence en station bipodal. Ce double appui permet tout comme lors de la montée le transfert du poids vers la jambe d’appui afin de préparer l’appui unipodal. Le mouvement est initié par une flexion de hanche et une flexion de genou. La descente est assurée par le quadriceps en excentrique jusqu’à ce que la jambe controlatérale touche la marche inférieure. Le poids est alors transmis à la jambe controlatérale en appui pour que débute la phase oscillatoire. Celle-ci consistera en l’avancée de la jambe jusqu’à son placement sur la marches inférieure entrainant le début d’un nouveau cycle par un double appui. Pour réaliser cette activité, d’autres études ont montré que certains acquis étaient nécessaires. 11 Protopapadaki.A, et al. (2007) ont indiqué que certaines amplitudes étaient nécessaires : Montée des escaliers Descente des escaliers Amplitudes articulaires Flexion de hanche 65.06 (7.16) 39.96 (7.81) Flexion de genou 93.92 (7.40) 90.52 (7.11) Flexion de cheville 11.21 (3.83) 21.11 (4.47) Extension de cheville 31.31 (5.12) 40.08 (5.96) Tableau 3 : amplitudes nécessaires à la monté-descente des escaliers Toutefois, ces valeurs sont à considérer à titre indicatif car l’échantillon ne comprend que 33 patients et il ne peut donc pas être représentatif de la population. 2) Patients amputés Trans-fémoraux. Monter et descendre les escaliers est une activité motrice supérieure. Les patients amputés trans-fémoraux vont donc réaliser un effort important. Il existe toutefois peu d’étude traitant de ce problème chez ces patients, alors que plusieurs ont été faites avec des patients trans-tibiaux (Vibhor Agrawal, et al., 2013 et Powers, et al., 1997). Du fait de la présence d’un montage prothétique ne leur permettant pas de reproduire le schéma fonctionnel normal, les patients amputés trans-fémoraux adoptent un schéma compensatoire (Fourmaux.P, s.d). Ces personnes vont monter les escaliers marche par marche en attaquant toujours la marche supérieure par la jambe « saine » (Reid et al., 2007). Ainsi, lors de la montée, ils n’effectuent qu’un demi-cycle. De ce fait, en reprenant le 1er tableau, on peut en déduire un certain nombre de caractéristiques. Tout d’abord, la phase de contact sur la marche supérieure est toujours initiée par la « jambe saine » tandis que la phase d’équilibre unipodale est effectuée par la jambe amputée. Ce schéma d’adaptation pourra avoir diverses conséquences comme l’augmentation de la fatigue de la « jambe saine » qui devra effectuer un effort important pour gravir chaque marche. De plus cette phase d’ascension de la jambe saine est permise par la station unipodale de la jambe amputée. Or, comme vu précédemment, cette action peut être difficile à réaliser à cause des nombreux déficits présents comme les faiblesses musculaires, le déficit proprioceptif, le manque de confort de la prothèse, la 12 diminution de l’équilibre… Dès lors, pour parvenir à réaliser cette action et compenser ces troubles, une ou plusieurs aides techniques peuvent être utilisées : cannes, main courante… III) L’appui unipodal Selon Pauwels, le poids du tronc est transmis aux membres inférieurs et à la surface d’appui par l’intermédiaire de la coxo-fémorale. Lorsque nous sommes debout en station bipodal, le centre de gravité du corps passe au milieu du bassin et répartit équitablement le poids de la personne sur chaque articulation coxofémorale et donc sur chacun des membres inférieurs. Un transfert d’appui va s’accompagner d’un transfert du poids du côté ou l’appui est majoré. Le bassin va se trouver en porte à faux tout en restant pratiquement horizontal. Schématiquement, le bassin serait dès lors le fléau et le fémur la colonne de la balance. Cette action nécessitera la mise en place d’ajustements posturaux importants induit par un certain nombre de contractions et de coordinations musculaires, de manière à répondre à l’augmentation des contraintes. Dans le plan frontal, la stabilité sera assurée par les abducteurs de hanche et principalement le moyen fessier. Dans le plan sagittal, l’ajustement postural s’effectuera à l’aide du psoas, du droit fémoral et des ischio-jambiers. Il y aura dès lors deux leviers différents : Le bras de levier interne (trois fois plus long que l’externe) sur lequel le poids du corps aura une action Le bras de levier externe sur lequel agira le moyen fessier. En appui unipodal, la hanche supporte donc quatre fois le poids du corps diminué du poids du membre en appui (Annexe 2). Ainsi pour équilibrer les forces, l’action du moyen fessier doit être de 3 fois le poids du corps diminué du poids du membre en appui pour équilibrer les forces. Le moyen fessier joue donc un rôle prépondérant dans l’acquisition de l’appui unipodal. Or, comme vu précédemment, le moyen fessier chez les patients amputés fémoraux est bien 13 souvent affaibli. De ce fait, pour réaliser certaines activités contraignantes comme monter et descendre des escaliers, des aides techniques sont utilisées pour compenser ces déficits. L’utilisation d’une canne en controlatéral permet de diminuer de 50% le poids du corps sur la hanche tandis qu’en homo latéral elle permettrait de le diminuer de 20 à 25%. Lors de la montée et de la descente des escaliers dans l’étude de James E. Zachazewski, et al. (1993), nous avons vu que l’appui unipodal représentait une étape non négligeable. Lors de la montée, cette étape représente environ la moitié de la phase d’appui et 31% d’un cycle total. Elle va permettre la réalisation de la poussée verticale et du déplacement du tronc vers l’avant. Il est donc primordial que cet appui soit stable. Lors de la descente cet appui unipodal sur la marche inférieure va permettre la réalisation de la phase oscillatoire de la jambe controlatérale « saine » soit 32% d’un cycle. Dans cette étude, les enregistrements des données sur les différents cycles ont été réalisés sur 3 secondes car les auteurs estimaient que ce délai était suffisant à la réalisation de cette activité. Une autre étude (Protopapadaki.A, et al., 2007) a montré que les patients sains mettaient en moyenne 1.45 seconde (SD 0.14) à réaliser un cycle de montée et 1.32 seconde (SD 0.13) lors d’un cycle de descente. Il serait donc intéressant d’observer si maintenir un équilibre unipodal de 3 secondes sur la jambe appareillée serait prédictif d’une diminution des aides techniques utilisées dans la montée-descente des escaliers. 14 Pré étude expérimentale I) Méthode 1) Outils En dehors de l’AMP corrélé à la MFCL, il n’existe que peu ou pas de moyen d’évaluation spécifique pour les patients amputés. De plus, il s’agit d’une échelle globale d’activité fonctionnelle reprenant les différentes activités sans détails de la manière dont elles sont réalisées. Il n’existe donc pas de test ou d’échelle permettant d’évaluer spécifiquement la montéedescente des escaliers en fonction des aides techniques utilisées. Donc, afin d’objectiver de la meilleure manière possible les résultats du protocole expérimental, j’ai décidé d’analyser la montée-descente des escaliers de ces patients en fonction de l’aide ou des aides techniques qu’ils ont eu besoin pour réaliser cette activité. J’ai évalué la progression selon deux critères : le besoin ou non d’une ou de plusieurs aides techniques. Et dans le second cas quelle a été cette aide. J’ai classé les aides techniques en fonction de leur stabilité lié à leur degré d’assistance. Une béquille ou une canne étant moins stable que la main courante de l’escalier. Les aides techniques proposées aux patients ont été celles qu’ils seraient susceptibles d’utiliser dans leur vie quotidienne. 2) Population Pour la réalisation de cette étude, quatre patients ont été recrutés répondant aux critères suivants : Critères inclusion : patient amputé unilatéral patient amputé trans-fémoral patient appareillé 15 Critères d’exclusion : jambe controlatérale faible Patient amputé bilatéral Douleur liée au moignon Problèmes cutanés Description des patients : Ces quatre patients sont des hommes avec un âge moyen de 60.5 (43 à 73 ans) ans ayant eu une amputation trans-fémorale d’origine différente. Monsieur B : Monsieur B est âgé de 73 ans. Il a subi une amputation trans-fémorale gauche en 2008 d’origine traumatique. Il a été opéré d’une prothèse totale de hanche droite début novembre 2013. Il présente un flessum de hanche gauche de 10°. Il dispose d’un c-leg et se déplace à l’aide d’une canne simple. Monsieur C : Monsieur C est âgé de 43 ans. Il a subi une amputation trans-fémorale droite en aout 2013 suite à un polytraumatisme en juin 2013. Lors de cet accident, il a également eu une fracture trochantéro-diaphysaire fémorale gauche, une fracture du calcanéum gauche et une fracture de l’extrémité inférieure du radius gauche. Toutefois, toutes ces fractures ont parfaitement récupérées. Il habite un appartement au 3ème étage ne possédant pas d’ascenseur. Il se déplace avec 2 béquilles sur les longs trajets mais est également capable de se déplacer avec une seule béquille. Il dispose d’un rhéo. Monsieur L : Monsieur L est âgé de 64 ans. Il a subi une amputation trans-fémorale gauche en novembre 2013 d’origine artéritique. Il habite un appartement au 2ème étage. Il dispose d’un genou à verrou et marche à l’aide d’une canne simple. 16 Monsieur D : Monsieur D est âgé de 62 ans. Il a subi une amputation trans-fémorale droite en octobre d’origine diabétique. Il habite une maison de plein pied. Il se déplace à l’aide d’une canne simple. Il dispose d’un genou à verrou. 3) Protocole expérimental La montée descente des escaliers est une activité de marche supérieure, rencontrée au quotidien. Elle est donc travaillée par les patients durant leur rééducation. Toutefois, il n’est pas aisé de définir quel aide est nécessaire à sa réalisation. L’étude de la biomécanique des escaliers a montré que certaines étapes pouvaient se montrer complexes comme l’équilibre unipodal. Ces patients présentent de manière générale un déficit d’appui sur la prothèse gênant ainsi cette étape. Il serait intéressant de tester si l’équilibre unipodal maintenu trois secondes sur la jambe amputée permettrait de diminuer l’utilisation des aides techniques. Le protocole expérimental s’effectue à l’aide de deux groupes comprenant chacun deux patients : un groupe test comprenant Monsieur C et Monsieur L un groupe témoin comprenant Monsieur B et Monsieur D Etant donné que les patients proviennent de centres différents, j’ai moi-même réalisé la répartition de ces patients au sein des groupes. Le protocole se déroule sur deux semaines. Les deux groupes suivent une rééducation « normale » orientée par les choix de leur thérapeute, à l’exception de la montée-descente des escaliers qui ne sera pas réalisée, afin que les patients ne progressent pas dans cette activité de par la répétitivité. Au groupe test sera rajouté un renforcement des moyens fessiers cinq jours par semaines, durant 20 minutes en plus de leur séance de kinésithérapie habituelle. Comme il a été vu dans la première partie, le moyen fessier est un des muscles clés dans la réalisation de l’équilibre unipodal. Divers exercices seront réalisés. La marche latérale tout en poussant des poids. Des exercices de mise en charge avec un appui instable sous la jambe « saine » et 17 stable sous la jambe appareillée de manière à le forcer à majorer l’appui sur cette dernière. Des exercices d’équilibre unipodal face à un support fixe ou l’appui sera le plus faible possible. Tout au long du protocole, l’apparition d’éventuelle douleur au niveau du moignon et l’état cutané notamment au niveau de la cicatrice seront surveillés. L’évaluation s’effectuera en 3 montées-descentes d’un escalier en essayant de favoriser la diminution des aides techniques en fonction de l’adaptation du patient à la tâche. Les aides techniques proposées étant celles utilisées durant les autres activités de marches. Le meilleur des trois essais a été retenu. II) Résultats Les résultats sont retranscrits dans quatre tableaux. Deux pour la montée des escaliers et deux pour la descente. Ils prennent en compte le nombre d’aides techniques utilisées, la qualité de cette aide et la capacité ou non de maintenir l’équilibre unipodal de 3 secondes. Groupe test Avant Après Appui Nombre Aides Appui Nombre Aides unipodal d’aides techniques unipodal d’aides techniques techniques Monsieur techniques < 3s 1 béquille >3s 0 aucune < 3s 2 Canne 3s 1 Canne C Monsieur L simple Main courante Tableau 4 : Montée des escaliers du groupe test avant le début du protocole et à la fin du protocole 18 simple Avant Après Appui Nombre Aides Appui Nombre Aides unipodal d’aides techniques unipodal d’aides techniques techniques Monsieur < 3s 2 techniques Béquille >3s 1 Béquille 3s 1 Canne C Main courante Monsieur < 3s 2 L Canne simple simple Main courante Tableau 5 : Descente des escaliers du groupe test avant le début du protocole et à la fin du protocole groupe témoin Montée des escaliers Avant Après Appui Nombre Aides Appui Nombre Aides unipodal d’aides techniques unipodal d’aides techniques techniques Monsieur < 3s 1 B Monsieur D techniques Canne < 3s 1 simple < 3s 2 Canne simple < 3s 1 simple Main courante Tableau 6 : Montée des escaliers du groupe témoin avant le début du protocole et à la fin du protocole 19 Canne Canne simple Avant Après Appui Nombre Aides Appui Nombre Aides unipodal d’aides techniques unipodal d’aides techniques techniques Monsieur < 3s 2 B Monsieur < 3s 2 D techniques Canne <3s 2 Canne simple simple Main Main courante courante Canne <3s 2 Canne simple simple Main Main courante courante Tableau 7 : Descente des escaliers du groupe témoin avant le début du protocole et à la fin du protocole III) Discussion 1) Analyse des résultats Les 3 essais effectués avant et après le protocole ont permis au bout des deux semaines d’évaluer l’évolution des patients. Dans le groupe test : Au bout des deux semaines, 100% des patients tiennent au minimum 3 secondes en appui unipodal sur leur jambe appareillée. Lors de la montée des escaliers, 50% des patients ont diminué l’utilisation d’aide technique. Lors de la descente, 100% des patients ont diminué d’une aide technique (la plus stable) conservant la seconde aide. 20 Dans le groupe témoin : Aucun des patients n’est capable de tenir un appui unipodal de 3 secondes. Lors de la montée des escaliers : 50% des patients ont réduit l’utilisation d’une aide. Les 50% restant n’ont pas montré de progression et ont conservé leurs aides techniques d’origine. Lors de la descente des escaliers : 100% des patients ont conservé les aides techniques qu’ils utilisaient au départ. Il n’y a donc pas eu de progression. Ainsi on constate à la suite de ces deux semaines d’expérimentation que lors de la montée des escaliers, il y a eu une progression dans les deux groupes. Lors de la descente, on observe que seul le groupe test a progressé en sevrant une aide technique. 2) Méthodologie, faiblesses et limites L’étude de la biomécanique des escaliers a montré que certaines phases comme l’appui unipodal pendant l’ascension de la jambe controlatérale se révélait être importante. L’objectif de ce travail était donc de déterminer si l’équilibre unipodal maintenu trois secondes sur la jambe amputée pouvait servir de facteur prédictif pour diminuer l’utilisation des aides techniques lors de la montée-descente des escaliers. En effet, dans la vie de tous les jours monter et descendre les escaliers est une action nécessaire. Or, cette activité pour les patients amputés trans-fémoraux nécessite souvent des aides techniques pour faciliter sa réalisation. Cependant, dans certaines situations les aides nécessaires sont absentes. Par exemple, il n’y a pas toujours de main courante à côté de certains escaliers et la nécessité d’utiliser une aide non nécessaire à la marche normale peut alors se retrouver encombrante. Dans cette expérimentation différents biais apparaissent. L’amputation trans-fémorale est une opération lourde qui nécessite beaucoup d’attention et de prudence dans la prise en charge. En fonction des comorbidités des patients et de leur pronostic fonctionnel, tous n’auront pas la possibilité d’être appareillé. De ce fait, seulement quatre patients répondant aux critères d’inclusion et d’exclusion ont pu être recruté avec leur 21 accord et celui des différents soignants. Il y a donc un biais de sélection puisque quatre patients ne constituent pas un échantillon représentatif de cette population de patients amputés. De plus, étant donné que les patients sont issus de deux centres différents, j’ai réalisé moi-même la randomisation au sein des groupes renforçant ainsi ce biais. L’amputation trans-fémorale est une pathologie très hétérogène. En effet, plusieurs étiologies comme le diabète, l’artérite, ou l’origine traumatique peuvent amener à cette décision. De ce fait, les patients ne présenteront pas les mêmes tableaux cliniques. Ils n’auront ni les mêmes possibilités de récupération fonctionnelle ni les capacités à supporter les mêmes charges de rééducation. En effet, l’origine traumatique touche généralement des patients plus jeunes alors que le diabète ou l’artérite atteignent des personnes plus âgées. Il semble logique de penser que l’on obtient de meilleurs résultats avec un patient traumatique jeune comme monsieur C, moins diminué et pouvant supporter des charges de rééducations plus importantes sans subir les conséquences d’éventuelles comorbidités présentes dans les tableaux artéritiques pour monsieur L et diabétiques pour monsieur D. Ensuite ces patients ne sont pas au même stade fonctionnel. Les distances de l’opération et l’origine n’étant pas la même, ces patients n’ont pas réalisé le même apprentissage et n’ont pas le même vécu. Ils ont donc une expérience différente. Monsieur L n’avait pas encore commencé le travail de la montée descente des escaliers ce qui a pu expliquer les résultats obtenu. D’autres facteurs ont pu entrer en jeu comme l’appréhension du vide ou tout simplement la tâche à réaliser. Ensuite, les patients présents dans cette expérimentation n’étaient pas rendus au même stade de leur rééducation. Deux de ces patients (Monsieur C du groupe test et Monsieur B du groupe témoin) étaient encore au début de la phase de prothétisation. Durant cette phase, les patients seront fluctuants. Ils alterneront les périodes où ils seront productifs et produiront de bons résultats avec une progression importante et les périodes où ils seront moins bien avec des résultats plus mitigés pouvant ainsi fausser les résultats obtenus lors des tests. De plus, ils étaient encore au stade des réglages et des choix de paramètre de leur montage prothétique. A l’inverse de monsieur D et Monsieur L qui avaient les leurs bien définis. De cette manière, ces deux derniers, lors de la réalisation du test, le rende plus reproductible car il n’y a pas eu de changement dans le montage pouvant entrainer une modification de leur comportement. Ensuite, les patients ne disposent pas du même équipement prothétique. Ces dernières années de nombreux progrès ont été réalisés au niveau de l’appareillage. Certains genoux 22 prothétiques possèdent certaines caractéristiques pouvant améliorer, assister la réalisation de certaines activités comme la montée descente des escaliers. De plus, les patients n’ont pas eu leur prothèse au même moment, ce qui peut induire que certains peuvent être plus habitués que d’autres à l’utilisation de leur montage. Le protocole a duré deux semaines. Il s’agit d’une période courte voulue volontairement. Certains de ces patients étant en phase de réglage de leur montage prothétique, j’ai voulu réduire la quantité de modifications pouvant être réalisé durant cette période. De plus, étant également en phase de progrès, l’équipe de soin est susceptible de proposer aux patients d’autres genoux prothétiques plus adéquats à l’évolution de leurs capacités. Cependant, changer de genou modifierait de nombreux paramètres, comme les appuis ou le ressenti du patient et entrainerait un biais important. Ainsi, à la fin de ce protocole, Monsieur C est passé sur un genou génium. Afin de ne pas gêner l’évolution de la rééducation des patients, il fallait donc déterminer un temps de protocole suffisamment long pour que les patients du groupe test puissent parvenir à rester en équilibre trois secondes sur la jambe amputée sans pour autant freiner leur rééducation. 3) Intérêts Durant toute la durée du protocole, aucun fait indésirable n’est survenu. Il n’y a pas eu d’apparition de douleur au niveau du moignon ni de problème d’ordre cutané-trophique dû à la charge de rééducation supplémentaire imposée. L’objectif de tenir trois secondes sur la jambe appareillée était un objectif ambitieux. Les critères d’inclusions et d’exclusions ont été important à définir, car ce protocole ne pouvait malheureusement pas s’appliquer à tous les patients amputés trans-fémoraux malgré la volonté d’utiliser un test englobant le plus de patient possible. En effet, cette action nécessite des contractions musculaires importantes et le risque sur un protocole aussi court aurait été qu’ils n’y parviennent pas. La réalisation de ce protocole s’est déroulée avec de nombreux biais. De ce fait, l’hypothèse de départ ne peut être vérifiée. Dans les deux groupes, des progressions ont été observées au niveau de la diminution des aides techniques utilisées. On ne peut donc pas déduire que l’équilibre unipodal sur la jambe amputée en est la cause. D’autres causes comme une meilleure adaptation à la prothèse, la mise en place d’un schéma moteur plus efficace pour 23 réaliser cette activité ou une diminution de l’appréhension sont d’autres facteurs qui peuvent entrer en jeu dans les progrès réalisés. Des études sur des échantillons plus grands et sur des patients amputés trans-fémoraux en toute fin de rééducation auraient permis d’éviter certains de ces biais et d’avoir une idée plus précise de l’utilité ou non de l’équilibre unipodal maintenu 3 secondes sur la jambe amputée. Conclusion Cette étude avait pour objectif de tester si l’équilibre unipodal maintenu trois secondes sur la jambe amputée pouvait être un facteur prédictif de la diminution de l’utilisation des aides techniques lors de la montée-descente des escaliers chez les patients amputés transfémoraux. Dans ce mémoire, j’ai voulu m’intéresser à la montée-descente des escaliers car c’est une activité importante et nécessaire à l’autonomie dans la vie quotidienne. N’existant pas de test spécifique pour les patients amputés dédié à cette activité, en fonction des aides techniques utilisées, j’ai été obligé de définir par moi-même les critères de suivi. Le métier de masseur kinésithérapeute évoluant sans cesse, il serait intéressant que des études soient réalisées afin de définir des tests spécifiques pour cette pathologie de manière à pouvoir réaliser des expérimentations d’une puissance élevée. Malgré la volonté d’avoir un test incluant un maximum de patients amputés trans-fémoraux, les critères d’inclusion et d’exclusion ont fait que seule une partie de cette population de patients amputés a été visée par cette expérimentation. Du fait du manque de puissance de l’étude liée aux nombreux biais, on ne peut pas conclure de l’intérêt de maintenir l’équilibre unipodal trois secondes sur la jambe amputée dans le but de diminuer l’utilisation des aides techniques dans l’activité de monter et descendre les escaliers. La réalisation de ce mémoire m’a permis d’acquérir une méthodologie et une démarche de recherche qui me sera utile dans ma future carrière de masseur kinésithérapeute. Ce mémoire m’a également permis d’améliorer mes connaissances sur les patients amputés et d’être plus efficient dans leur prise en charge. 24 La prise en charge des patients amputés ne cesse de s’améliorer d’année en année. Cette expérimentation a été réalisée avec des montages prothétiques imposant aux patients amputés trans-fémoraux la montée-descente des escaliers marche par marche. Les recherches en cours dans le développement de nouvelles prothèses toujours plus performantes permettent de donner des projets aux patients sur le long terme. Les prothèses motorisées font leurs apparitions et permettent de monter les escaliers de manière symétrique et d’aller encore plus loin dans la réadaptation de ces patients. Bibliographie Agrawal, V., Gailey, R. S., Gaunaurd, I. a, O’Toole, C., & Finnieston, A. a. (2013). 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International classification of functioning, disability and health : ICF. http://www.disabilitaincifre.it/documenti/ICF_18.pdf 27 Annexes Annexe 1: Illustration d’un montage prothétique d’un patient amputé trans-fémoral Annexe 2: Schéma explicatif de la balance de Pauwels Fiche de lecture n°1: Titre de l’article: Long-term activity in and among persons with trans-femoral amputation Auteurs: Elizabeth G. Halsne, CPO; Matthew G. Waddingham, CO; Brian J. Hafner, PhD Cet article est extrait du JRRD (volume 50, numéro 4, 2013, pages 515-530) Les mots clés utilisés dans cet article sont : l’amputation, la surveillance ambulatoire, la mobilité, l’activité physique, la réhabilitation, les variations saisonnières. Dans cet article, les auteurs pointent du doigt le manque de données concernant la réalisation des activités quotidiennes des patients amputés. En effet, les auteurs font référence à plusieurs études indiquant les nombreuses déficiences affectant les personnes amputés Trans-fémorales (musculaires, articulaires, sensitives…) ainsi que leur retentissement sur leur activités (marche sur terrain accidenté, pentes, escaliers, évitement d’obstacles…). Selon eux, bien que l’utilisation d’une prothèse puisse favoriser l’autonomie de ces patients, elle est variable et elle n’est pas bien définie. Il existe peu d’étude faisant mention des performances des patients dans leur milieu de vie. Le but de cette étude est donc de caractériser la participation des patients amputés transfémoraux sur le long terme et la manière dont variaient les activités de ces patients sur de longues périodes de temps. Pour cela, ils se sont servis d’une étude rétrospective menée sur 12 mois. Ils ont inclus les 17 personnes ayant terminé l’étude. Les critères d’inclusion étaient les suivants : amputation trans-fémorale unilatérale, patients âgé de plus de 18 ans, opération datant de plus de 2 ans, MFCL de 2 ou 3 et utilisation régulière de la prothèse. Les critères d’exclusion : les problèmes de santé ou de la peau qui peuvent avoir empêché l'utilisation d'une prothèse pour les activités des patients. Les données ont été recueillies une fois par mois tout au long des 12 mois avec un capteur d'activité fixé à la prothèse nommé StepWatch 2. Durant cette période, les patients ont vaqué à leurs occupations normales de la manière à laquelle ils étaient habitués. Conclusion des auteurs : Cette étude a montré que les personnes amputés trans-fémorales sont en général beaucoup moins actives et que leurs activités au jour le jour sont plus variables que les personnes saines. Cette conclusion suggère que malgré les progrès réalisés au niveau des montages prothétique et de la prise en charge des patients, un large écart subsiste encore au niveau de l’autonomie entre une personne amputé trans-fémorale et une personne saine. Fiche de lecture n°2: Titre de l’article : Biomechanical analysis of body mass transfer during stair ascent and descent of healthy subjects Auteurs : James E. Zachazewski, MS, PT, SCS, ATC ; Patrick O . Riley, PhD ; David E. Krebs, PhD, PT Cet article est extrait du Journal of Rehabilitation Research and Development (Vol . 30 No. 4, 1993 Pages 412—422). Les mots clés utilisés dans cet article sont : centre de masse, centre de pression, la démarche, forces de réaction au sol, les escaliers. Dans cet article, les auteurs indiquent que la littérature concernant la biomécanique de la montée-descente des escaliers est limitée et insuffisante par rapport à celle existant sur terrain plat. Onze patients sains ont été recruté (3 hommes et 8 femmes). Quatre montée-descentes ont été réalisés par chacune de ces personnes à leur cadence naturelle. Seul un des patients n’a réalisé que deux essais. Sur les 42 enregistrements de montée et les 42 enregistrements de descente, 28 essais de 10 personnes différentes ont été analysés pour définir les différentes phases de la montée. De même, 22 essais de 8 personnes différentes ont été analysés pour définir les différentes phases de la descente. Les essais non retenus l’ont été à cause du manque de données recueillies par les capteurs. L’étude des différentes données recueillies ont permis de mettre en évidence la biomécanique des cycles de montée et de descente des escaliers. Toutefois les auteurs précisent qu’ils ne peuvent prédire si les résultats obtenus auraient été les mêmes en variant certains paramètres comme la hauteur des marches ou la vitesse de réalisation de cette activité. Fiche de lecture n°3: Titre: Balance Confidence Among People With Lower-Limb Amputations Auteurs: William C Miller, Mark Speechley, A Barry Deathe Cet article est extrait du Journal of the american Physical Therapy Association (PHYS THER. 2002; 82:856-865). Mots clés: la confiance de l’équilibre, crainte de tomber, amputation des membres inférieurs. Pour les auteurs, l’équilibre d’une personne est un facteur prédictif de l’activité sociale des personnes amputées. L’objectif de leur étude était de décrire la confiance en leur équilibre des patients atteint d’une amputation trans-tibiale ou trans-fémorale. Un sondage a été réalisé auprès de 435 personnes amputées avec un âge moyen de 62 ans. Parmi celles-ci figuraient 26,7% de personnes amputées trans-fémorales et 73,3% de personnes amputées trans-tibiales. 53% ont été amputés pour des causes vasculaires et les 47% restant pour des causes non vasculaires. Les personnes recrutées avaient terminées leur rééducation depuis au minimum 6 mois et se servaient quotidiennement de leur prothèse. Les patients ont été suivis durant une année. Le moyen d’évaluation a été Balance Confidence (ABC) Scale. Les résultats étaient de 63,8 pour l'échantillon total. 54,1pour les sujets ayant subi une amputation pour des raisons vasculaires, et 74,7 pour les sujets ayant subi une amputation pour des raisons non vasculaires. Etant donné que le score maximal possible de cette échelle est de 100, les résultats montrent que confiance était faible. Toutefois les auteurs se posent la question de la bonne indication de L'ABC scale pour les personnes ayant subi une amputation.