fiche oeuvre Etex - Musée des Beaux
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fiche oeuvre Etex - Musée des Beaux
19e Fiche d’œuvre Antoine Etex, (Paris, 1808- Chaville, 1888) Héro, Bronze, 125 cm, Nantes, Musée des Beaux-arts L’œuvre Cette sculpture en bronze est une ronde-bosse. Tous ses faces sont sculptées de manière à être observée de tous les côtés. Pourtant, un angle de vue est ici privilégié. L’artiste a en effet souhaité que l’on regarde son œuvre de face. • Un thème mythologique, entre allégorie de l’amour et de la mort Antoine Etex, comme ses contemporains, est très sensible aux mythes grecs, et particulièrement aux héroïnes au destin tragique. Héro est une prêtresse d’Aphrodite. Ayant fait vœu de chasteté, elle doit consacrer sa vie à la déesse, jusqu’au jour où elle croise le chemin de Léandre, un jeune homme provenant d’Abydos, en Egypte. Elle brave les interdits pour vivre sa passion amoureuse. Toutes les nuits, Léandre traverse l’Hellespont à la nage, le détroit séparant la mer méditerranée et la mer Noire, pour rejoindre sa belle sur la rive opposée. Héro allume une lampe à la fenêtre de sa tour pour lui permettre de se repérer. Un soir d’orage, la flamme s’éteint. Léandre se perd dans la noirceur des flots et se noie. Héro découvre son corps rejeté par la mer sur le rivage. Désespérée, elle se suicide en se jetant de la falaise. Le thème du suicide est fréquent dans la mythologie. Considéré la plupart du temps comme un crime, il n’est cependant pas toujours condamné. Le suicide prend ici une valeur de sacrifice, un acte d’amour. Ce récit dramatique est comparable à celui de la célèbre poétesse Sapho (630-580 av. J.-C.). Elle se serait elle-aussi précipitée du haut d’une falaise sur l’île de Leucade en Grèce, après s’être fait rejetée par son amant Phaon. L’intention n’est pas ici de rejoindre un amour défunt, mais une impossibilité de survivre à l’absence de l’être cher. James Pradier (1790-1852) Sapho, 1852, marbre H. 117 ; L. 70 ; P. 120 cm, Paris, musée d'Orsay Fiche d’œuvre / Service des Publics + Julie Capuano / Musée des Beaux-arts de Nantes / Octobre 2013 • Un moment dramatique, prétexte érotique Héro est représentée en pied, quasiment à échelle humaine (156 cm avec le socle). Les yeux rivés vers le sol, la jeune femme est absorbée par ses pensées. La pose est mélancolique, elle songe à rejoindre son amant. Prenant appui sur une demi-colonne où sa tunique est posée, Héro présente sa nudité frontalement au spectateur. Son bras droit est replié sur sa poitrine tandis que sa tête se tourne vers la gauche. Le mouvement de ses hanches s’oppose à celui de ses épaules. Ce contrapposto, ou contre-posture, typique de l’Antiquité et de la Renaissance, accentue les courbes sensuelles de son corps. Etex se mesure ici aux sculpteurs grecs dans sa quête de la perfection. La pureté de la ligne et le choix d’une pose simple participe à cette idée. En outre, les proportions généreuses de Héro ainsi que l’aspect lisse et brillant du bronze font oublier pour un temps le drame qui se trame au profit d’une délectation visuelle du corps féminin. L’artiste 1808 : Naissance d’Antoine Etex à Paris. Sculpteur, peintre, architecte et graveur. Il est élève de François Joseph Bosio (Monaco, 1768 – Paris, 1845), de Charles Dupaty (Bordeaux, 1771 – Paris, 1825) et James Pradier (Genève, 1790 – Bougival, 1852) pour la sculpture et de JeanAuguste-Dominique Ingres (Montauban, 1780 – Paris, 1867) pour la peinture. 1824 : Il intègre l’Académie des Beaux-arts, mais n’obtiendra jamais le Grand Prix de Rome en sculpture. Cependant, en 1829, il remporte le second Prix de Rome avec Jeune Hyacinthe tué par le palet d’Apollon (1829, Angers, Musée des Beaux-arts). Grâce à Charles Lenormant, alors directeur des Beaux-arts, il part à Rome où il restera deux ans. De Rome, il envoie Caïn et sa race maudits de Dieu, (1833, Lyon, Musée des Beaux-arts). Cette œuvre apporte à Etex un succès considérable. Jeune Hyacinthe tué par le palet d'Apollon 1833, marbre, Angers, Musée des Beaux-arts 1829 : Adolphe Thiers, le ministre des travaux publics lui commande deux groupes sculptés pour l’Arc de Triomphe (côté Neuilly), La résistance de 1814 et La paix de 1815. 1841 : Il est nommé chevalier de la légion d’honneur. Bonus • Littérature Ovide (43 av. J.-C. – 17/18 ap. J.-C.), Lettres d’amour, Les Héroïdes, lettres XVIII et XIX. • La sculpture Le terme [sculpter] vient du latin « sculptere » qui signifie tailler ou enlever des morceaux à de la matière. Le terme [sculpteur] apparaît quant à lui au début du 15e siècle. Jusqu’alors, on utilisait Fiche d’œuvre / Service des Publics + Julie Capuano / Musée des Beaux-arts de Nantes / Octobre 2013 plutôt « entaillures » ou « tailleurs », pour qualifier ce corps de métier dont les membres étaient considérés comme des artisans et non comme des artistes. D’après une définition de l’Encyclopédie Britannique, la sculpture est « L’art de représenter des objets imaginaires ou observés dans des matières massives et selon trois dimensions ». La sculpture s’inscrit toujours dans un espace qu’elle modifie et dans lequel elle peut évoluer. Différents matériaux sont utilisés comme le plâtre, le bois, la pierre, la terre cuite, le métal… Dans l’œuvre d’Antoine Etex, Héro, le matériau utilisé est le bronze, un alliage de cuivre et d’étain, le métal noble par excellence. Les métaux ont des qualités que les autres matériaux n’ont pas : Dureté et cohésion Malléabilité (capacité à être travailler) Bonne résistance au temps qui passe et aux intempéries Divers aspects en fonction du choix de l’artiste, massif ou léger, brillant ou mat Capacité à être fondu, coulé dans un moule, soudé ou brasé Fiche d’œuvre / Service des Publics + Julie Capuano / Musée des Beaux-arts de Nantes / Octobre 2013