La chasse, élément de civilisation en Picardie maritime - Accueil

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La chasse, élément de civilisation en Picardie maritime - Accueil
Atelier J03 : Compte rendu de l’atelier : « La chasse, élément de civilisation en Picardie
maritime ? »
L'atelier « La chasse, élément de civilisation en Picardie maritime ? » a rassemblé une vingtaine de
participants venus de toute l'académie. Il leur a permis grâce à la qualité des intervenants de mieux
comprendre les enjeux culturels et environnementaux de la chasse sur le littoral picard. La journée a ménagé
à ses participants trois « temps » complémentaires: le matin, la conférence de M. Claude Bouteiller,
technicien cynégétique à la fédération des chasseurs de la Somme, a tracé un tableau complet de la chasse et
du petit monde des chasseurs en Picardie maritime, ensuite les participants ont pu parcourir une partie de la
Baie de Somme en compagnie de M. Jérôme Cressent, garde chasse/animateur nature à l'ACDPM
(association de chasse sur le domaine public maritime), enfin, après un déjeuner convivial au Collège de
Saint Valery-sur-Somme, l'atelier s'est poursuivi par une visite de la célèbre « hutte des 400 coups »
commentée par M. Pascal Noël, garde du domaine de ce « haut lieu » de la culture « huttière » de Picardie
maritime.
Je tiens à remercier au nom des participants les organisateurs de l'atelier, nos collègues J.-M.
Ricouard et N. Demany et les intervenants qui ont su mettre sur pied une journée instructive, capable de
faire comprendre à un public souvent profane dans ce domaine les enjeux de la chasse en Picardie maritime
et soucieuse de contribuer à donner une image plus apaisée de la cynégétique littorale.
Lors de la conférence du matin, M. Bouteiller s'est efforcé d'abord de rappeler les menaces qui pèsent
sur les zones humides: dégradation de la qualité de l'eau et régression physique. La conversion en zones
labourées et le déclin des activités traditionnelles (élevage-pâturage, cultures maraîchères notamment) qui
contribuaient à l'entretien de ces espaces, conduisent au recul progressif des zones humides. Beaucoup se
ferment par le développement de strates arbustives puis arborées. Face à cette évolution seul l'entretien lié à
la chasse perdure : les chasseurs entretiennent les chemins d'accès (les « layons ») et maintiennent ouverte
une partie des zones humides par fauchage et tronçonnage. Ainsi toute politique de pérennisation des zones
humides qui se veut efficace se doit d’intégrer les chasseurs, acteurs incontournables de la gestion de ces
espaces.
L’intervenant s'est aussi attaché à quantifier cette pratique. Il a ainsi rappelé que la Somme était le 1er
département « huttier » de France avec 2234 installations (les quatre cantons littoraux en concentrant
environ un tiers) et que 47% des chasseurs du département pratiquaient la chasse au gibier d’eau.
M. Bouteiller a confirmé également l’enracinement local de la chasse au gibier d’eau : 50 % environ
des chasseurs « huttiers » résident ainsi à moins de 10 Km de leur territoire de chasse et 60 % des
propriétaires de huttes sont des habitants de la Somme.
Mais qu’est-ce qu’une hutte de chasse ? Le technicien cynégétique s’est aussi efforcé de répondre à
cette question. Il a dressé un « portrait
type » de la hutte de chasse en Picardie
Types de Végétations aux Abords des Mares
{Par territoires Concernés}
littorale : installation pérenne destinée à
Cultures
la chasse du gibier d’eau, surtout des
4%
anatidés (canards et oies) bien
Autres
évidemment, mais aussi lieu d’un grand
Boisements
6%
11%
intérêt environnemental car comprenant
Prairies
outre la hutte, un plan d’eau en
40%
moyenne d’un hectare, une prairie
pâturée et une roselière. Ces espaces
environnant la hutte sont d’une grande
importance pour la faune en tant
Roselières
qu’escale migratoire et lieu de
39%
nidification pour anatidés et limicoles.
Là encore M. Bouteiller a insisté sur les responsabilités des chasseurs envers la préservation de
l’environnement et la protection des zones humides.
Les participants ont eu l’occasion de visiter deux huttes de chasse. La première avec J. Cressent, au
cœur de la baie de Somme, est une hutte flottante. Elle repose la plupart du temps sur le sol, mais flotte tel
un navire lorsque la mer a envahi la baie mais solidement amarrée au fond par des chaînes, elle ne peut pas
être, fort heureusement, emportée par les flots. La « hutte des 400 coups » est elle plus à l’intérieur des
terres. Fixe au milieu d’un marais appartenant à la commune voisine de Sailly Bray, elle a été construite à la
Belle époque pour le vicomte de Brossin de Méré qui l'a léguée à sa mort à la commune de Sailly-Bray, elle
est aujourd'hui louée par le Syndicat Mixte Baie de Somme Grand Littoral Picard (ex SMACOPI)
Cette hutte aujourd’hui louée fort chère à des chasseurs venus parfois de très loin pour pratiquer leur
loisir favori ou simplement à des touristes ou à de jeunes mariés, a été aménagée par son ancien propriétaire
aristocrate en une résidence
tout
confort :
chambres,
cuisines,
salle à manger et même
chenil
chauffé sont à disposition
des
occupants.
Seul
inconvénient : une partie de
la
hutte
notamment la salle de tir a
été
aménagée sur mesure pour
un
des
utilisateurs les plus assidus
de la hutte,
le comte de Valicourt …
qui n’était
pas très grand !
Remercions P. Noël
qui a su
rendre cette visite
passionnante et chaleureuse
malgré le
ciel couvert et le vent.
Remerciements aussi au
personnel et
à l’encadrement du Collège de la baie de Somme pour son accueil. Retrouvez les photos de cet atelier sur
http://picardie.profs.hg.free.fr/presentation11.htm
François LECLERCQ, enseignant au Lycée du Vimeu, Friville Escarbotin