LA VALEUR DE L`ÉMOTION
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LA VALEUR DE L`ÉMOTION
PAT RIMOINE ( S ) IN VE S TIR / PE R S PEC TIVE S LA VALEUR DE L’ÉMOTION Entretien avec Thomas Müller, CEO de la Banque CIC (Suisse) Par Anne Barrat Les banques privées suisses n’ont pas souffert de la fin du secret bancaire autant qu’on peut le dire ou le lire. En réalité, les chiffres des volumes de « net new money » indiquent une croissance en 2015. S’il en est pour qui la régularisation des comptes a été un exercice difficile, ce sont des petits établissements très dépendants de clients étrangers et/ou des structures qui ne s’étaient pas préparées aux trois défis majeurs que doit relever le private banking en Suisse : la mise en place de services à forte valeur ajoutée ; l’automatisation des processus ; l’évolution réglementaire en cours (LSFin et LEFin). Les deux derniers points offrent beaucoup moins de marge de manœuvre que le premier. L’automatisation est un « must », qui permet à la banque de réduire ses coûts tout en simplifiant l’accès des clients à la gestion de leurs comptes. Il n’y a rien de plus inefficient qu’un client qui appelle son gestionnaire pour passer un ordre de bourse ! Les banques qui ne feront pas le « switch » technologique, lequel représente un potentiel énorme, ne tiendront pas longtemps. Quant à la duplication en Suisse des règles de MiFID pour des raisons de comparabilité et d’harmonisation avec le marché européen, il n’est rien de moins certain qu’elle serve les intérêts des clients. Ce qui est sûr, c’est qu’elle génère des contraintes significatives lors des propositions d’investissement des banquiers à leurs clients, servant ainsi moins l’innovation que le besoin de protection de certaines banques. SE DIFFÉRENCIER POUR RÉSISTER ET CROÎTRE Dans un environnement où les banques suisses ne doivent plus seulement se comparer à leurs concurrents domestiques, mais aussi à des banques étrangères et leurs entités locales en Allemagne, France, outremer, etc. la différenciation est essentielle. Thomas Müller Même si les arguments forts en faveur de la place suisse sont toujours là – la qualité des services fournis, la fiabilité d’un système bancaire rapide et relativement bon marché, un marché de capitaux particulièrement efficace et performant, SIX Exchange, la sécurité et la stabilité de la place financière, l’attractivité d’un franc suisse fort –, il n’en reste pas moins que la concurrence est aujourd’hui plus large. La différenciation, ce n’est pas au niveau des services de base qu’elle doit se faire. L’asset management fait partie de cette catégorie car, sur le long terme, aucune banque ne fait beaucoup mieux que le mieux. Il n’existe pas 80 IN VE S TIR / PE R S PEC TIVE S de solutions miracle pour la performance, il faut l’accepter. C’est pour cela que la gestion indicielle reste pour la grande masse la meilleure solution. Bien sûr, chaque établissement a ses spécialités. Au CIC Suisse, ce sont les convertibles, n°1 en Europe depuis 3 ans, et les obligations high yield en franc suisse. Nous pouvons également nous appuyer sur les points forts du Groupe qui compte trois entités de gestion d’actifs – la Suisse, le Luxembourg (env. 70 milliards d’actifs sous gestion), et le CMCIC à Paris (env. 100 milliards d’actifs sous gestion). Toutefois, parce que nous sommes convaincus qu’il faut toujours choisir le meilleur, nous proposons nos propres produits à nos clients seulement là où cela est judicieux et nous sommes de fervents partisans d’une architecture ouverte. Que ce soit pour l’épargne en titres dans le cadre du 3e pilier, qui intègre l’offre de plus de 20 fonds de 5 prestataires différents, ou pour nos mandats de fonds, nous souhaitons donner un grand choix aux clients, qui peuvent sélectionner le meilleur produit selon leur convenance personnelle. notamment de nombreux services pour les entrepreneurs : financement (fonds propres, prêts mezzanines, crédits, leasing), factoring, corporate finance (transactions de M&A), LBO, conseil en succession… La banque a également une activité de private equity (CHF 3 milliards au niveau du groupe) qui lui permet d’investir avec ses clients ou de futurs clients dans des PME suisses. LA BANQUE DES CONNAISSEURS La palette s’est par ailleurs étoffée, et c’est là qu’est le moteur de la différenciation de services où l’émotion a toute sa place. Si de nombreux services sont comparables d’une banque à l’autre, il en va autrement de ceux que propose la Banque des Connaisseurs. Ils s’appellent Winebanking, Artbanking, ou bien permettent la structuration de financement de business jets, mais aussi la structuration d’activités philanthropiques et beaucoup d’autres spécialités. Grâce à Winebanking, un client désireux d’acquérir un vignoble aura à sa disposition l’expertise de spécialistes qui connaissent bien le marché et ses développements, lui trouveront des contacts partout dans le monde et lui feront des estimations. Artbanking permet d’accompagner des amateurs et collectionneurs sur un marché très intéressant, mais qui offre des coûts de transactions très élevés. Les clients bénéficient de conseils, non sur l’objet mais sur la structuration de la transaction, sur la vérification des sources. Un client qui souhaite s’offrir un business jet, que ce soit à Singapour, Londres, ou ailleurs, trouvera une solution de financement que très peu de banques offrent. L’émotion, un élément clé de la performance : le CIC Suisse a signé sa 5e année de croissance en 2015. C’est donc sur les services à valeur ajoutée que se fait la différence. Lesquels commencent par une bonne compréhension de la situation globale du client, et pas seulement de ses besoins de placement. On réduit souvent à tort une solution de gestion de fortune. Il faut garder en tête la vocation première des banquiers du 16 e et 17e siècle : aider les entrepreneurs à faire des affaires. Pour cela, il est essentiel de parler la langue du client, de lui poser IL N ’ Y A RIE N DE PL U S INEFFICIE N T QU’U N CLIE N T Q UI A PPELLE S O N GE S TIO N N AIRE P O UR PA S SE R U N ORD RE DE B O UR SE ! UN des questions pour mieux comprendre ses besoins, de les reposer régulièrement pour saisir leurs évolutions. Voilà pourquoi le spectre du private banking est en réalité très large : il couvre toutes les étapes de la vie du client, depuis le début de carrière, où l’ouverture d’un compte suffit pour les paiements courants, en passant par les solutions de financement et de conseil d’abord pour pallier le manque d’expérience, puis pour aider à l’expansion, jusqu’à la cession d’activité et l’organisation de la succession (des personnes physiques ainsi que morales). E LE MÉDIA SUISSE DES HIGH NET WORTH INDIVIDUALS INVESTIR PHILANTHROPIE(S) CULTURE(S) JAPON : CAP SUR LE SOLEIL LEVANT ANOUK FOUNDATION : POUR QUE LES MURS S’ENSOLEILLENT SIGNIFICATIONS DU RIRE INDEX TIBÈRE ADLER, DIRECTEUR ROMAND D’AVENIR SUISSE MARCHÉ DE L’ART ALBERTO GIACOMETTI : LA SCULPTURE AU PLUS HAUT ÉDUCATION : 15 MENTORS D’INFLUENCE TE AN CE AN IS F IN DU E SÉ RÊ M IE T A S L’E X À INVESTISSEZ DANS LE NOUVEAU MARKET. INVITÉ ABONNEZ-VOUS SUR MARKET.CH 1 an/ 8 éditions pour 109 chf 2 ans/ 16 éditions pour 188 chf Cette amplitude justifie pleinement une large palette de services et produits qui s’accompagnent d’un suivi individuel. Cette palette n’a cessé de grandir avec l’évolution du rapport de clients suisses et étrangers parmi notre clientèle qui vit et travaille principalement en Suisse. Elle inclut 8 CHF DOSSIER L’ÉQUATION ISLAMIQUE : UNE AFFAIRE DE COMPLIANCE 81