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26 MAI 13 Quotidien Prov. avec dim. OJD : 39964 Surface approx. (cm²) : 313 BP 54 87011 LIMOGES - 05 55 58 59 60 Page 1/1 Ernest J. Gaines Le grand coupable Plus qu'un grand roman de la culpabilité, un grand roman sur le fait d'être, « Je pensais seulement à ce que c'est, d'être un homme ». Daniel Martin daniel martin@centrefrance com U n soir d'hiver, un jeune homme arrive dans une bourgade de Louisiane. Il porte un grand manteau, un bonnet de laine. Il a l'air pauvre, triste. Et se fait appeler Robert X. Qui est-il ? Un simple voyageur, un terroriste en cavale, un tueur ou le diable en personne ? Seul, le révérend Philipp le reconnaît. Et sous le coup de l'émotion, s'effondre. Lui, le parangon de solidité, de sagesse, d'autorité a plié. Tenaillé par mille q u e s t i o n s « Comment a-t-il su me trouver ? Qu'est-ce qu'il veut ? Qu'est-ce qu'il manigance ? ». Il ne dit rien. Soumis à la honte, à son passé qui revient. Avant d'être ce modèle de vertu, le Noir le plus en vue de sa ville, sûrement le plus riche, a mené la vie dissolue des hommes à femmes, des hommes de plaisir, oublieux, inconséquents. Jusqu'à sa conversion, cet instant où « II m'a enlevé le poids de mes péchés ». L'irruption de ce gosse fait sauter une à une tou- tes les béquilles qui le maintenaient droit : la famille, l'argent, la respectabilité, la foi « Pourquoi Seigneur? Pourquoi? »... Il est à terre. Il est seul. Il va devoir reconnaître sa faute. Pire encore, il sera tenté, pour des raisons que l'on découvrira, de trahir les siens, de renier ses engagements au service des droits civiques. De faire passer ses intérêts avant ceux de ses frères. Ernest J. Gaines aurait pu, simplement, donner un grand roman de la culpabilité. Il fait beaucoup plus. Donne un grand roman sur le fait d'être un homme, pleinement, et sur la vie même. Il déroule le tout en longues scènes magistralement menées, captivantes : mieux vaut disposer de temps avant d'ouvrir ce livre ! En filigrane, il glisse un autre discours qui a dû en agacer quelques-uns lorsque son texte est paru, en 1978, soit dix ans après la mort de Martin Luther King : pour défendre leur cause, les Noirs doivent-ils négocier ou reprendre un combat plus radical ? • ^ Références. Le nom du fils Traduit par Herpe-Voslmsky et Gauvry Liana Levi 269 pages, 19 € 8177d5e354101205e28b4714c60b65471f64c16a417b38d LIANALEVI 2223246300507/XVP/MMS/2 Eléments de recherche : ÉDITIONS LIANA LEVI : maison d'édition située à Paris (5ème), toutes citations