Dominique Blanc joue à Carouge. Raconte ses débuts. Et aime la

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Dominique Blanc joue à Carouge. Raconte ses débuts. Et aime la
GenèveWeek-end
Tribune de Genève Samedi-dimanche 19-20 janvier 2013
Voix et chapitres
The Animen: l’avantgarde carougeoise du
rock sixties. Page 30
Corps et âmes
Ah! qu’on est bien
quand on est dans
son bain. Page 24
Fines gueules
Le dernier coup de
feu des tontons
serveurs. Page 22, 23
Dominique
Blanc joue
à Carouge.
Raconte ses
débuts. Et
aime la neige.
Page 27
Autodéfense: petit guide
de survie en milieu urbain
Les cours pour apprendre à se prémunir des agressions affichent complet. Mais en quoi sont-ils utiles?
Cécile Denayrouse
U
ne ruelle sombre. Non, pire:
un parking souterrain. Et
une femme, seule – forcément – qui cherche à rejoindre sa voiture… Ce scénario
vous file déjà une boule au
ventre? Normal. «Les médias et Hollywood
ont bien fait leur travail, soupire Isabelle
Chatelain, coresponsable de l’association
Viol Secours. Oui, les femmes ont peur de
sortir seules le soir. Sauf qu’elles ignorent
trop souvent que dans 80% des cas, les
agressions sexuelles sont commises en
plein jour. Par quelqu’un qu’elles connaissent. Alors autant être préparée.»
Et vlan, prends-toi ce premier cliché
dans les dents, ami lecteur. Depuis les sordides affaires de viols collectifs qui ont récemment secoué l’Inde, les consciences genevoises se réveillent. Les crinières grises,
blondes et noires s’agitent dans les multiples cours d’autodéfense proposés à travers
le canton. On y cause étranglement, points
faibles et coups dans les parties, mais aussi
prise de conscience. Car si le mythe du prédateur sexuel perdure dans les esprits, la
réalité est tout autre. «Nous apprenons, par
exemple, aux femmes à identifier le début
d’une agression», explique Isabelle Châtelain, qui dispense des cours de fem do chi,
une technique d’autodéfense exclusivement féminine. Identifier? Faut-il comprendre que certaines femmes ne réalisent pas
qu’elles sont sur le point de passer à la casserole contre leur gré? «Ça peut paraître
incroyable pour certains, mais c’est exactement ça! Beaucoup de gestes sont confondus avec de la drague ou banalisés. Comme,
par exemple, une main inopportune sur la
cuisse… Nos élèves doivent d’abord prendre conscience de ce qu’elles veulent réellement ou pas.»
Sans défense, les étudiantes de l’Université de Genève? Loin de là. Donnez-leur un trousseau de clefs, un sac à main ou encore un bâton de rouge à lèvres et elles vous
neutralisent un adversaire en deux temps trois mouvements. Même au corps à corps, les élèves du cours d’autodéfense sont capables de se débrouiller. GEORGES CABRERA
Ne pas avoir peur de faire mal
En matière d’agression, les femmes
auraient donc tout à apprendre. Face à
cette demande pressante, l’offre genevoise
est plutôt pléthorique: pas moins d’une
vingtaine d’associations proposent de s’initier à la distribution de bourre-pifs. Du jamais-vu à Genève. Karaté, krav maga, jujitsu, BSPS… Les pervers n’ont qu’à bien se
tenir. Reste à trier le bon grain de l’ivraie.
Serge Pralong, formateur en sécurité et
fondateur du Centre d’autodéfense (CAD),
propose depuis quelques années des cours
en partenariat avec l’Université de Genève.
Il n’a jamais eu autant d’élèves. «Etudiantes, anciennes victimes, mères au foyer,
businesswomen… Chaque année, les inscriptions sont plus nombreuses. Dans nos
cours, le cheminement reste le même. Au
début, nos élèves mettent trois minutes
pour parvenir à se dégager d’une étreinte.
Au bout de quelques mois, cela prend trois
secondes, on assiste parfois à des choses
extraordinaires. Alors, oui, j’affirme haut et
fort qu’une femme, quels que soient son
Contrôle qualité
«Oui, j’affirme haut
et fort qu’une femme,
quels que soient son
poids et sa taille, est
capable de neutraliser
une armoire à glace.
Encore faut-il qu’elle
le décide»
véritable enfer. Un groupe d’individus la
harcèle et les intimidations pleuvent, ainsi
que menaces ou encore des coups de téléphones anonymes. Elle décide de ne pas se
laisser faire et pousse la porte d’un dojo qui
dispense des cours spécifiquement destinés
aux femmes. Et c’est la renaissance. «Audelà de l’aspect technique, j’ai appris à être
plus attentive, plus alerte, moins naïve. Je
me sens plus forte. Aujourd’hui, si j’entends
un bruit dans le garage la nuit, je n’ai plus
peur d’aller voir. Je ne suis plus passive. En
cas d’agression, j’aurai au pire des cas la
satisfaction d’avoir essayé de me défendre.»
Serge Pralong Fondateur du CAD
«Tu crois que t’es belle?»
poids et sa taille, est capable de neutraliser
une armoire à glace. Encore faut-il qu’elle le
décide.»
Car si savoir se défendre est une chose,
éviter de se poser en victime en est une
autre. Un mode de pensée qui a permis à
Kathy* de sortir d’une spirale destructrice.
Durant des mois, la jeune femme a vécu un
Une prise de conscience qu’Isabelle Chatelain connaît bien. «Les femmes sont avant
tout prisonnières de leur socialisation: on
ne leur a jamais appris à frapper, à faire mal.
Au contraire, culturellement, une femme
prend soin des autres. Résultat, nombre de
victimes racontent qu’elles se sont retrouvées paralysées, incapables d’agir, tout sim-
plement parce qu’on ne leur a jamais montré comment asséner un coup, voire parce
qu’elles avaient peur de faire mal ou de se
faire mal…» Autre cliché duraille: le fait de
croire que si on se laisse faire, ce sera
«moins pire». Associé à la peur de prendre
une raclée, le cocktail est radical. «Au contraire, plus vite on réagit, moins l’adversaire
a acquis la certitude qu’il pouvait tout
faire.» Et l’adrénaline entre en action.
Mieux vaut agir vite donc.
D’autant que les astuces des agresseurs
pour dominer leurs proies restent toujours
les mêmes. Physiques et psychologiques.
«A force de discuter avec des victimes, on
s’aperçoit que ce sont toujours des phrases
identiques qui reviennent: Mais franchement, tu crois que t’es belle? Tu crois franchement que je voudrais te violer? Comment tu
peux croire que tu m’intéresses? T’as rien
compris!» L’idée? Ebranler la victime. Mais
quand on le sait, ça ne fonctionne plus.
*Nom connu de la rédaction
Bien choisir ses cours
Toutes les associations ne sont pas au
même niveau. Evitez celles qui communiquent avec des images anxiogènes
(par exemple des photos d’agression). A
fuir également: les cours qui vous
promettent de vous transformer en
machine à tuer. La tenue exigée est à
prendre en compte: en cas d’agression,
on est rarement en kimono, plutôt en
jeans… Préférez un programme plus
complet qui aborde la problématique
des agressions par des proches, qui
traite aussi du harcèlement et des
violences verbales et psychologiques.
– Stages d’autodéfense fem do chi, dès
12 ans. Cours dispensés par des femmes.
Renseignements et prix: 022 344 42 42.
– Centre d’autodéfense: contactez Serge
Pralong à l’adresse e-mail [email protected]. C.D.