L`enfant acteur dans la procédure et la médiation
Transcription
L`enfant acteur dans la procédure et la médiation
LA PAROLE DE L’ENFANT EN CONTEXTE JUDICIAIRE CEMAJ/GEMME COLLOQUE DU 6 MAI 2015 CHRISTINE GUY-ECABERT, professeure, UNINE/CEMAJ Structure 2 1. 2. 3. 4. Délimitation du thème Position de l’enfant dans la procédure Finalité et cadre des droits procéduraux de l’enfant Une voie médiane pour le juge 3 1. Délimitation du thème Focus 4 Délimitation négative une approche juridique (Maryse PradervandKernen) ni l’enfant partie, ni l’enfant témoin dans la procédure (Sara Greco) la parole de l’enfant dans la médiation (Elisabeth Volckrick) Délimitation positive La parole de l’enfant dans les affaires du droit de la famille 5 2. Position de l’enfant dans les affaires du droit de la famille Les deux catégories d’acteurs d’une procédure civile 6 Enfant? Témoin • Tiers à la procédure Partie • Acteur principal La systématique du CPC: un seul code pour les adultes et les enfants 7 «Dispositions générales» • Partie 1 CPC • Applicables aux adultes et aux enfants (quelques exceptions) Règles spécifiques à l’enfant • Partie 2, Titre 7 CPC • «Procédure applicable aux enfants dans les affaires de droit de la famille» L’enfant est assimilé à un adulte, mais mis au bénéfice de règles le protégeant CPC: l’enfant partie ou témoin? Parties Témoins Spécifique à l’enfant Droit de déclencher la procédure et d’en sortir volontairement (acquiescement) Droit d’être entendu Droit d’être entendu personnellement et de manière appropriée (sous réserve d’exceptions) (298/2 CPC) Droit à la preuve Obligation de collaborer Obligation de répondre conformément à la vérité Obligation de collaborer librement appréciée par le juge (bien de l’enfant!) (160/2) Obligation de témoigner conformément à la vérité dès 14 ans (171/1) Droit d’être représenté (sous réserve d’exceptions; 298/1) Droit de relire le procès-verbal de son audition Le juge doit consigner au PV de l’audience les informations nécessaires à la décision (divorce) et les communiquer aux parents ((298/2) Droit de recevoir la décision Droit de recevoir la décision (> 14 ans; 301/1 b) 8 de recourir contre la décision Droit Droit de recourir contre la décision du juge refusant de l’entendre (298/3) Ni partie ni témoin 9 L’enfant n’est pas partie Pas de recours contre la décision Mais droit d’être entendu y compris de recourir contre la décision écartant ce droit Il n’est pas témoin Mais on attend qu’il contribue à l’établissement des faits et à la recherche des preuves Une position hybride 10 3. Finalité et principes de l’audition Finalité procédurale (littérature juridique) 11 Recueillir les informations nécessaires à la décision et les transmettre aux parents (CPC 298/ 2 et 3) Établir les faits et respecter les droits de la personnalité de l’enfant (CF, message divorce) Obtenir des renseignements précieux avant que soit prise une décision relative au sort de l’enfant (CF, message divorce) Permettre au juge de se faire une idée personnelle et disposer d’une source d’information supplémentaire pour établir l’état de fait (TF) Etablir la volonté réelle de l’enfant (Gassner et al.) Obtenir les éléments utiles à définir les relations entretenues par l’enfant et ses parents, puis se faire une idée réelle de l’organisation familiale qui lui conviendra (Cruchon) En aucun cas demander à un jeune enfant avec quel parent il souhaite vivre désormais (CF; Cruchon) … Une logique inquisitoire En filigrane deux principes en tension 12 protection de l’enfant âge capacité de discernement émancipation de l’enfant l’enfant • sujet de droit • responsable de ses actes • acteur de la démocratie familiale et sociale 13 4. Une voie médiane pour le juge Le rôle du juge 14 Représente l’Etat individualise la loi est le garant de la justice tranche le conflit dans le registre juridique pas dans le registre psychologique Met en œuvre deux droits procéduraux dit ce qui est juste/injuste, légal/illégal le droit de l’enfant de s’exprimer le droit à la prise en considération de son opinion Agit en tenant compte de la tension entre protection et émancipation de l’enfant Met à profit son très large pouvoir d’appréciation Par rapport à son obligation d’entendre l’enfant de manière appropriée, le juge 15 ouvre à l’enfant un large droit de parole et lui donne la possibilité de s’exprimer sur ce qui importe pour lui prend au sérieux (mais pas à la lettre) la parole de l’enfant également respecter son silence une parole d’enfant, exprimant comment il vit et voit les choses et parfois les subit (manipulation) dialogue avec lui ne se contente pas d’agir pour l’enfant, au mieux de son intérêt, mais pense et agit aussi avec lui, en tenant compte de ses capacités (Thierry Moreau) Par rapport à son obligation de prendre en considération l’opinion de l’enfant, le juge 16 explique à l’enfant son rôle de juge explique les conséquences de la prise en compte de la parole de l’enfant et du poids de cette parole qui conduira éventuellement à administrer de nouvelles preuves intègre la parole de l’enfant dans la décision pas de droit de codécider, mais droit de participer inscrit au PV de l’audience ce qui est susceptible d’influencer le cours de la procédure trancher protéger l’enfant (droit à l’erreur, à l’oubli et à l’imprécision) de la simple mention à l’intégration du PV informe l’enfant de la décision de la simple communication à la notification de la décision