Le peuple de Dieu - Fraternité Pentecôte

Transcription

Le peuple de Dieu - Fraternité Pentecôte
Fiche de Formation n° 30
III.
Le berger
L'unique Berger de l'assemblée est Jésus-Christ. La diffraction de sa présence en chacun et en
tous, dans les modalités que nous venons de décrire, exige d'être reprise par un serviteur de la
communion : il signifie l'unité dans le Christ de tous ces serviteurs de l'assemblée. A ce titre, il
est juste de le nommer « berger ».
Le Berger 4e par tie
TEXTES
DE
V. A U F A U V R E , G . C O N S T A N T , E . G A R I N
Le Peuple de Dieu
Le berger, serviteur de la communion.
Le Peuple de Dieu à la lumière de Vatican II
Il s'applique humblement à vivre le charisme du Bon Pasteur. On attend de lui qu'il connaisse
chacun par son nom, qu'il conduise sur le chemin de la liberté des enfants de Dieu, qu'il
rassemble chaque fois qu'il y a dispersion, qu'il porte le poids du péché de l'assemblée avec un
cœur de miséricorde.
Prêtre, Prophète et Roi : Serviteur
Le berger connaît chacun.
«Il appelle ses brebis chacune par son nom et Il les emmène dehors» (Jn 10, 3). Sa voix cherche
à les faire sortir de leur enfermement, à les faire exister et offrir à l'assemblée des charismes qui
pourraient rester enfouis au plus profond des cœurs par timidité ou peur. Il demande à l'Esprit le
regard du Christ qui remet debout par la force de l'amour : « Les brebis le suivent parce qu'elles
connaissent sa voix» (Jn 10, 4).
Le berger rassemble chaque fois qu'il y a dispersion.
S'ils sont exercés pour eux-mêmes, les charismes les plus éclatants peuvent disperser
l'assemblée, l'entraîner sur des chemins de traverse. Tout en reconnaissant l'authenticité de ces
charismes, le berger sait les remettre à leur juste place, les resituer d'un mot, en sorte qu'ils
servent à l'édification de l'assemblée. Chaque fois que c'est nécessaire, il n'hésite pas à rappeler
les paroles de l'Apôtre Paul aux Corinthiens sur la hiérarchie des charismes et la charité qui les
surpasse tous.
Le berger assume la réalité de l'assemblée
Il assume la réalité de l'assemblée constituée d'hommes et de femmes habités par l'Esprit certes,
mais en même temps pécheurs. Il ne condamne personne mais assume les conséquences de
l'attitude d'un prophète qui confond ses désirs avec ceux du Seigneur, d'un membre du noyau
qui, au lieu de rester serviteur, se fait plus ou moins consciemment maître, d'un enseignement
mal ajusté. Par sa bonté, par la miséricorde qui l'habite, il ne cesse de réconcilier, de refaire
l'unité en prenant sur lui le fardeau de toutes les maladresses, erreurs et fautes.
Le berger est d'abord tout cela pour le noyau où il veille à ce que, à tout moment, les charismes
prophétique, sacerdotal et royal soient bien distingués, affirmés chacun autonome par rapport
aux deux autres.
V. Aufauvre, G. Constant, E. Garin
« Qui fera taire le vent ? »,
publié chez Desclée de Brouwer., (1988)
page.168 à 172
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I.
Le Concile rappelle l'identité du Peuple de Dieu:
"Ceux qui croient au Christ... deviennent ainsi finalement "une race élue, un
sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple que Dieu s'est acquis"»
(1 Pi 2, 9 - 10). (…) Ce peuple messianique a pour chef le Christ, « livré pour nos
péchés, ressuscité pour notre justification » (Rm 4, 25).
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Fiche de Formation n° 30
(…) La condition de ce peuple, c'est la dignité et la liberté des fils de Dieu dans le
cœur de qui, comme dans un temple, habite l'Esprit Saint. Sa Loi, c'est le
commandement nouveau d'aimer comme le Christ lui-même nous a aimés » (Jn
13, 34). Sa destinée enfin, c'est le Royaume de Dieu, inauguré sur la terre par
Dieu même, qui doit se dilater encore plus loin...", (Lumen Gentium, 9).
Dans un autre texte, le Concile précise davantage encore cette identité des membres
du Peuple de Dieu :
« Participant à la fonction du Christ Prêtre, Prophète et Roi, les laïcs ont leur part
active dans la vie et l'action de l'Église », Apostolat des laïcs, 10.
En nous rappelant ainsi ce qui constitue l'identité de tout disciple du Christ, le Concile nous
déclare que toute communauté chrétienne dans sa visibilité devra elle-même être édifiée sur ces
trois piliers. Ces fonctions vont donc être signifiées par des serviteurs du peuple de Dieu, ceuxci étant choisis à partir des dons que l'Esprit leur impartit. Dès le début, Jésus lui-même semble
avoir marqué plus fortement, parmi ses douze disciples, Pierre, Jacques et Jean, qu'Il prend à
part avec Lui à plusieurs reprises. Pierre paraît avoir reçu davantage une fonction royale,
Jacques une fonction sacerdotale, Jean une fonction prophétique. En outre, Pierre reçoit la
charge de berger au titre de la charité qui demeure en lui :
« Pierre, M'aimes-tu ? - Pais mes brebis » (Jn 21, 17).
Ce ministère des successeurs de Pierre est avant tout un ministère de communion, même si se
succèdent sur les sièges épiscopaux et tout particulièrement sur celui de Rome des serviteurs du
Peuple de Dieu en qui prédomine l'un des trois charismes. Ainsi, même en ces pôles d'unité, se
manifeste la structure trinitaire du peuple de Dieu. Vatican Il l'a remis en lumière. Bien que
voilée en raison de son insertion dans une société issue d'un régime impérial, cette structure
rappelée par le Concile a toujours été présente tout au long de l'histoire de l’Église.
Si l'on y regarde de près, toute paroisse, tout diocèse, toute congrégation religieuse a de fait, une
tête constituée de plusieurs serviteurs de Dieu : les uns y sont davantage prophètes, d'autres
davantage gouvernants, d'autres enfin davantage «prêtres». Certaines difficultés des paroisses,
des diocèses, des congrégations religieuses ne commencent-elles pas dès qu'un responsable
écrase cette structure en s'arrogeant à lui tout seul deux, ou même les trois fonctions ?
II.
Le « noyau »
Le Noyau, articulation habituelle de toute assemblée de prière charismatique
Ce qui est vrai de l’Église dans son ensemble, d'un diocèse ou d'une congrégation, l'est
également pour une assemblée de simples laïcs, membres du Peuple de Dieu. C'est bien dans le
texte consacré à l'Apostolat des laïcs, et déjà cité, que le Concile déclare : « Participant à la
fonction du Christ, Prêtre, Prophète et Roi, les laïcs ont leur part active dans la vie et l'action
de l’Église » (Ap. des laïcs, 10).
La redécouverte, réellement expérimentée dans les groupes de prière charismatique, de l'autorité
reconnue à quelques membres exerçant de façon éminente un charisme de prophétie, de
discernement ou de gouvernement, est bien conforme à l'esprit du Concile Vatican Il. La
reconnaissance par l'assemblée des charismes de ces serviteurs aboutit à la constitution d'un
"noyau ", d'un "cœur" préférerions nous dire. Ce « cœur » ne peut vivre son service que s'il ne
cesse de contempler le cœur du Christ, Prêtre, Prophète et Roi, cœur transpercé d'où jaillissent
les fleuves de la Miséricorde et de la Vie de l'Esprit.
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Fiche de Formation n° 30
Celui qui participe à la fonction du Christ-Roi est personnalisé par un double charisme:
– charisme de vigilance qui assure la sécurité aux membres de l'assemblée. Celle-ci sera
maintenue sur le bon chemin et les « loups », surtout ceux revêtus de peaux d'agneau, ne
parviendront pas à l'entraîner sur le mauvais chemin ;
– charisme de justice qui fait reconnaître chacun dans sa véritable identité : si « petit » soit-il, il
est fils de Dieu, habité par l'Esprit Saint. Il a donc, comme tout autre, droit de s'exprimer, d'être
écouté et respecté. Que chacun puisse vivre en paix le don de Dieu dans la prière, sans être mis
de côté par les « grands » qui trop facilement prendraient toute la place.
Celui qui participe à la fonction du Christ-prophète voit et dit ce que Dieu fait.
Le prophète parle au nom du Seigneur. « Il édifie, il exhorte, il encourage » Paul (1 Co 14, 3).
Le prophète peut aider chacun à prendre confiance en l'onction qu'il a reçue.
Celui qui participe à la fonction du Christ-prêtre, reconnaît le don de Dieu.
Il reconnaît le don de Dieu fait à l'assemblée. Il rend grâce au nom de tous pour l'Esprit qui est
venu prier dans les cœurs ; il offre au Père la prière de ses enfants unis autour du Christ, le Fils
unique. C'est souvent lui qui au terme de la prière en fait une relecture pour en dégager le
mouvement, en souligner les temps forts durant lesquels le don de l'Esprit s'est manifesté avec
plus de force. Il bénit au nom du Seigneur et fait monter jusqu'au Père l'action de grâce.
C'est lui encore qui «enseigne» car il reconnaît que le don fait aujourd'hui à l'assemblée est le
même que celui que le Seigneur offre en tout lieu et en tout temps à ses enfants. Il est l'homme
de la Tradition.
Le « noyau » est donc un petit groupe au cœur et au service de l'assemblée dans laquelle chacun
est personnalisé par les charismes et les dons de l'Esprit. Plus des charismes seront reconnus à
tel ou tel, plus la communion sera visible, communion dans la différence et non l'identité des
membres. Chacun manifeste ainsi que son service ne trouve sa place qu'accompagné de celui des
autres. Chacun reconnaît ne pouvoir se passer des autres, ni de leurs charismes. De même qu'à
tout moment, chaque membre de l'assemblée peut recevoir de l'Esprit un charisme et l'exercer,
de même chaque membre du noyau participe aux fonctions du Christ prêtre, prophète et roi, de
façon imprévisible. Même si tel membre du noyau exerce tel charisme de façon plus habituelle,
jamais il ne saurait se l'approprier de façon exclusive ni permanente. Les membres du noyau
n'exercent pas un ministère, puisque ministère implique mission confiée que l'intéressé doit
assumer tant que dure son mandat. Ils n'ont aucun pouvoir et n'exercent leur fonction que
lorsque l'Esprit au moment voulu leur en accorde les charismes. En l'absence de ceux-ci, ils
reconnaissent humblement que d'autres peuvent les recevoir et les exercer. Ils ne sont que des
pôles signifiant au sein de l'assemblée la présence du Christ-prêtre, prophète et roi.
C'est ensemble que le noyau, parce qu'il vit de façon privilégiée en raison de la force de ses
charismes, aidera chaque membre de l'assemblée à oser se manifester lui-même tel que l'Esprit
l'y invite, prêtre, prophète et roi, déjà au sein de l'assemblée mais aussi dans le monde, là où il
vit.
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