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Bourgogne
Mel Bochner
Measurements : Works
From The 1960’S/1990’S
fonds régional d’art contemporain
exposition
du 16 septembre au 4 novembre 2000
vernissage
le vendredi 15 septembre à partir de 18h
ouvert du lundi au samedi
de 14 h à 18 h sauf les jours fériés
Frac Bourgogne, 49 rue de longvic, 21000 dijon
tél.03 80 67 18 18 - fax.03 80 66 33 29
[email protected]
Rencontre avec Mel Bochner le samedi 16 septembre à 16h au Frac
Il s’agit de la première exposition personnelle de Mel Bochner dans une institution française ; c’est pourquoi il
a choisi des œuvres qui, sans constituer une véritable rétrospective, permettent de saisir les questionnements
qui ont traversé sa recherche artistique depuis les années soixante, et qui nourrissent encore son travail aujourd’hui. Les deux salles d’exposition du Frac donnent à voir ce parcours de plus de quarante ans de réflexion sur
l’art, à travers la mise en relation des œuvres autour du rapport qu’elles établissent avec l’architecture du lieu
et avec le visiteur. Les axes que constituent les œuvres se prolongent d’une salle à l’autre, dans une organisation rigoureuse qui joue également des points de fuite et des surprises réservées au regard.
Représentant majeur de l’art conceptuel à la fin des
années soixante, Mel Bochner initie avec Working
Drawings and Other Visible Things On Paper Not
Necessaraly Meant to be Viewed As Art (1966), le changement radical de conception de l’art dont témoigne
cette période. Invité à organiser une exposition pour la
School Of Visual Arts de New York durant l’hiver 1966,
Mel Bochner a sollicité des personnes, dont il appréciait
le travail, et qui exerçaient leurs recherches dans différents domaines. Artistes mais aussi mathématicien, biologiste, architecte, musicien, chorégraphe ont ainsi envoyé
des dessins préparatoires, plans, partitions, croquis… La
nature hétéroclite de tous ces “documents”, mais aussi
leur statut intermédiaire (ni art, ni non-art) a conduit Mel
Bochner à remettre en question la forme de l’exposition
comme lieu de présentation d’ “objets” et à créer un
autre mode d’apparition de l’acte artistique. Il a choisi
une technique de reproduction alors à ses débuts, la
photocopie. Première proposition artistique utilisant ce
moyen technique et montrée dans une galerie, elle fait
date dans l’histoire de l’art car, réalisée à partir de reproductions, elle s’affirme comme œuvre originale, série de
quatre éléments identiques. Elle révèle en cela les questionnements de cette génération d’artistes qui cherche à
mesurer les processus artistiques plutôt qu’à produire des
œuvres et des expositions.
Contact presse : Claire Legrand, Karine Sérafin : 03 80 67 18 18
Document visuel disponible sur demande.
Exposition réalisée avec le soutien du ministère de la Culture (Direction régionale des affaires culturelles de Bourgogne),
du Conseil régional de Bourgogne.
Measurement : Eye level cross section (1969) conserve cette
idée de la ténuité de la matérialité. Appropriation du lieu
comparable à un plan en trois dimensions, cette proposition
rend visible la ligne des yeux comme limite, comme la mesure qui détermine le point de vue sur le monde. L’art est en
effet pour Mel Bochner une activité qui permet de penser la
relation aux choses du monde. Il souligne l’opposition arbitraire souvent établie entre conception et perception et manifeste au contraire les relations qui s’établissent entre ces deux
modes de rapport au monde. Ainsi à ses débuts, les œuvres
sont envisagées, non pas pour leur qualité esthétique, mais
pour leur capacité à révéler les processus des différents
niveaux de la pensée. L’œuvre est un dispositif qui renvoie
celui qui regarde à sa propre perception, et lui attribue une
véritable fonction. L’artiste n’a pas alors l’ambition de provoquer une expérience extraordinaire mais d’augmenter la perception des différents niveaux de pensée. Parce que dit-il « la
perception des choses est déterminées par l’idée que nous
avons d’elles. »
Event Horizon (Rio) (1999) prolonge la ligne de la première
salle, passage de l’espace et du temps. L’ensemble des
tableaux crée une tension entre les murs sur lesquels il s’appuie. Le poids et la gravité sont également en jeu dans les
autres œuvres. If/And/Either/Both (Or) (1998) est très éclatée, les éléments partant dans toutes les directions, conférant
une impression de légèreté, d’apesanteur. Mesurement Red
Colum (2000) se construit dans un équilibre qui apparaît précaire. L’organisation des châssis semble dans un premier
temps déterminée par l’orientation des segments qui indiquent les mesures. Aucun système ne vient pourtant les régir.
Measurement : 13’ (Discontinuous) (2000) joue avec les
intervalles pour nous inviter à observer selon quels critères
nous reconstituons une unité, induite une nouvelle fois par la
dimension. Quelles sont les lignes privilégiées, les bords des
châssis, ou la ligne blanche ? Quel est l’espace de l’intervalle qui est réellement pris en compte ? Dans ces trois œuvres
en effet, l’objet châssis et les chiffres qui indiquent ses dimensions existent sur des plans parallèles mais contradictoires.
Dans la seconde salle, la donnée à partir de laquelle il travaille n’est plus la configuration de l’espace qu’il investit mais
la mesure des châssis de différents format et de dimensions
standard. Achetés tels quels dans le commerce, il sont recouverts d’une seule couche de peinture, de couleurs acrylique
vives presque fluorescentes. Ils sont ensuite agencés de différentes manières, créant des perceptions visuelles qui intègrent la couleur et sa complexité.
Si elles soulèvent des questions similaires à la première période du travail de Mel Bochner, ces œuvres récentes complexifient les jeux de perception, par l’usage de la couleur,
l’abondance des formats et le mode d’organisation dans
l’espace. Moins radicales, elles manifestent cependant la
dimension active des principes qui ont fondé le travail de l’artiste. Celui-ci n’a de cesse de chercher comment l’expérience
est formée et questionne, avec les moyens spécifiques de
l’art, le poids de cette expérience dans la manière dont tout
un chacun habite une idée du monde.
Remarks On Color (1997) reprend le titre du dernier ouvrage du philosophe allemand Wittgenstein. Les choix formels
donnent à expérimenter ce qu’énonce le texte. Celui-ci pose
la question de l’acte de voir et sa complexité dans la perception de couleur.
If/And/Either/Both (Or), 1998, collection Frac Bourgogne
Claire Legrand
Mel Bochner
Measurements : Works from the 1960's/1990's is the first personal exposition of Mel Bochner in a French institution;
it is why he chose pieces that without forming a veritable retrospection, allow the comprehension of certain questions
that have been present in his artistic research since the 1960's and that continue to enrich his work today. The two
exhibition halls of the Frac display this through over the course of more than forty years of contemplation of art, and
through the relation of works with the connection that they establish with both the architecture of the location and with
the visitor: The axes that constitute the works stretch from one hall to the other, in a rigorous organisation that plays
equally with vanishing points and surprises reserved for looking.
While representing conceptual art at the end of the
1960's, Mel Bochner initiates with Working Drawings
and Other Visible Things On Paper Not Necessarily
Meant to be Viewed As Art (1966), and the radical change of the conception of art which is asserted in this period. Invited to organize an exposition for the School of
Visual Arts of New York during the winter of 1966, Mel
Bochner solicited several people whose work he admired, and who exerted their research in different fields.
Artists but also a mathematician, biologist, architect,
musician, and choreographer had sent preparatory drawings, drafts, scores, sketches… The odd nature of all
these "documents", but also their intermediate state (neither art, nor non-art) drove Mel Bochner to bring again
into question the form of the exposition as a place of presentation of "objects," and to create another mode in the
appearance of the artistic project. He chose a technique
of reproduction from his beginnings: the photocopy. This
is the first artistic proposition using this technical medium
to be shown in a gallery; it marks a date in the history of
art because, as it is created by copies, it affirms itself as
an original work, a series of four identical elements. It
imparts in this the questioning of this generation of artists
who are attempting to engage in the artistic processes
rather than to produce works and expositions.
Measurement: Eye Level cross section (1969) preserves this
idea of the tenuousness of materiality. The appropriateness
of the location as comparable to a three-dimensional
sketch, this submission makes the line of sight visible as a
limit, as a measurement that determines the point of view
toward the world. Art is, in effect for Mel Bochner, an activity that allows contemplation of the relation of things of the
world. He emphasizes the arbitrary opposition that is often
established between conception and perception and that is
manifested contrary to the relationships that are established
between these two manners of connection to the world.
Like his early works, the pieces are considered not for their
aesthetic quality, but for their capacity to reveal the processes of different levels of thought. The piece is a device
that sends those to look back at their own perception, and
attribute to it an actual function. The artist does not have the
ambition to provoke an extraordinary experience but to
augment the perception of different levels of thought. To this
he says, "the perception of things is determined by the
ideas that we have of them."
In the second exhibition hall, the fundamental idea in
which he works is no longer the configuration of space
that he surrounds, but the measure of frames of different
formats and standard dimensions. The same as commercial ones, the frames are each covered in just one coat of
paint, in bright, almost fluorescent acrylic colours. They
are then arranged in different ways, creating visual perceptions that integrate colour and its complexity.
Remarks on Color (1997) takes its title from the last work
of German philosopher Wittgenstein. The formal choices
permit experimentation with what the text expresses. This
poses the question of the act of seeing and its complexity in the perception of colour.
Event Horizon (1999) extends the line of the first room,
the passage of space and time. The group of paintings
creates a tension between the walls on which they are
supported. Weight and gravity are equally at stake in the
other works. If/And/Either/Both/(Or) (1998) is very
explosive, with all the elements going in all directions,
conferring an impression of lightness and weightlessness.
Mesurement Red Colum (2000) is constructed in a seemingly precarious balance. The organisation of frames
seems in an earlier time to be determined by the orientation of segments that indicate the measures. No system
has yet come to manage them. Measurement: 13'
(Discontinuous) (2000) plays with the intervals for inviting
us to observe, according to those criterions which for us
reconstitute a unity, induced again by dimension. Which
are the privileged lines, the edges of the frames, or the
white line? Which is the space of the interval that is
actually taken into account? In effect, in these three
works, the framed object and the numbers that indicate
its dimensions exist on parallel but contradictory planes.
If they raise questions similar to the first period of Mel
Bochner's work, these recent works complicate the games
of perception, by the use of colour, the abundance of
arrangements, and the style of organisation in the space.
Less drastically, they still manifest the active dimension of
principles founded by the work of the artist. It does not
stop searching for how the experience is formed in question, with specific means of art, the weight of this experience in the manner in which each of us holds a concept
of the world.
Claire Legrand
Translation: Julia Csikesz