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FINANCIA%> financer sa pme FINANCING smes l’accès au crédit dans les différents pays d’afrique subsaharienne ACCESS TO CREDIT IN THE VARIOUS COUNTRIES OF SUB-SAHARAN AFRICA L’indice au crédit (Getting Credit) développé par la Banque mondiale permet d’évaluer dans quelle mesure l’environnement législatif et réglementaire favorise l’activité de crédit dans chaque pays. Cet indice prend en compte l’environnement institutionnel relatif à la circulation de l’information dans le secteur financier, la législation sur les faillites et sur l’exercice des sûretés. Le taux de couverture des centrales des risques (publiques et privées), également élaboré par la Banque mondiale, mesure la proportion de la population adulte dont les informations sur le comportement de crédit sont enregistrées par (au moins) une centrale des risques dans les pays. Source : Banque mondiale. Egypte / Egypt 3,75 / 4,7% Cap Vert / Cape Verde 3 / 21,8% Niger 2,25 / 0,9% Mali 2,25 / 4,1% Sénégal / Senegal 2,25/ 4,4% Guinée Bissau / Guinea Bissau 2,25 / 4,4% Guinée / Guinea 1,875 / 0% Burkina Faso 2,25 / 1,9% Sierra Leone 2,5 / 0% Liberia 2,875 / 0,3% Djibouti 1 / 0,2% Nigeria 5 / 0,1% Rep. Centrafricaine / Central African. 2,625 / 1,2% Ghana 4,375 / 0% Côte d’Ivoire 2,25 / 2,9% Tchad / Chad 2,25 / 0,6% The access-to-credit index (Getting Credit) developed by the World Bank allows us to assess the extent to which the legislative and regulatory environment favours credit activity in each country. This index takes into account the institutional environment with regard to the circulation of information in the financial sector, as well as legislation on bankruptcy and the exercise of security rights. The public credit registry/private credit bureau coverage rate, another measure developed by the World Bank, measures the proportion of the adult population who have information about their credit behaviour recorded in at least one credit registry or bureau in the countries concerned. Source: World Bank. Togo 42,25 / 2,6% Bénin /Benin 2,25 / 10,5% Cameroun / Cameroon 1,875 / 0% Ethiopie / Ethiopia 3,25 / 0,1% Kenya 7,75 / 2,1% Rép. Dem. du Congo / Congo Dem. Rep. 1,875 / 0% Guinée Equatoriale / Equatorial Guinea 1,875 / 0% Ouganda / Uganda 4,375 / 0% Rwanda 2 / 0,3% Burundi 1,625 / 0,3% Tanzanie / Tanzania 5 / 0% Malawi 5 / 0% Gabon 2,625 / 20,7% Rép. du Congo / Congo Rep. 2,625 / 6,9% Angola 4 / 2,7% Zambie / Zambia 5,625 / 0,1% Namibie / Namibia 6,875 / 59,6% Botswana 5,875 / 52,9% Zimbabwe 5 / 0% Mozambique 2,75 / 1,9% Madagascar 1,25 / 0,1% Swaziland 5,625 / 43,5% Les financements institutionnels Institutional financing options Les banques sous-régionales offrent de plus en plus des possibilités de financement via des fonds d’investissement ou des fonds de garantie. PAR nadia lamarkbi Sub-regional banks are offering more and more financing tools through investment funds and guarantee funds. By nadia lamarkbi © Ocean/Corbis E 020 n Afrique, la contribution des PME au PIB est en moyenne de 10% alors que dans le reste du monde, la part des PME dans le PIB atteint jusqu’à 50%. Ce constat est accablant au regard des potentialités et du nombre de PME (95% du tissu économique) sur le continent. Par ailleurs, le taux de financement de l’économie dans les pays de l’Union économique et monétaire ouestafricaine (UEMOA) reste faible. Les raisons sont à rechercher autant du mai / juillet 2014 côté de l’offre de financement que de celui de la demande. Les crédits à moyen et long termes destinés au financement de l’investissement représentent environ 3,5% des crédits totaux. Le manque de structuration de l’offre, les difficultés d’accès au crédit en sont les causes. Il faut ajouter à cela un coût élevé de l’emprunt en raison d’un faible niveau de liquidité et du caractère limité des économies d’échelle. De plus, nombre de PME manquent de transparence et de Afrique du Sud / South Africa 7,875 / 64,8% clarté dans leur gestion interne et donc n’arrivent pas à présenter des dossiers de financement. Conscients des difficultés d’accès aux prêts bancaires, les Etats tentent d’y remédier à travers les institutions régionales. Au niveau des fonds de garantie, le même constat s’impose. Les quatre institutions de garantie existantes FSA, FAGACE, Fonds Gari et le FEGECE, globalement mal pourvues en ressources financières, n’arrivent pas à exercer convenablement leurs missions. AFRICA24 MAGAZINE N° 14 I n Africa, the contribution of SMEs to GDP is 10% on average, whereas in the rest of the world, SMEs account for up to 50% of GDP. This fact is damning given the potential and the number of SMEs (95% of the economic fabric) on the continent. Furthermore, the rate of financing of the economy in the countries of the West African Economic and Monetary Union (WAEMU) remains low. The reasons can be found on both AFRICA24 MAGAZINE N° 14 the supply and demand sides of the financing market. Medium- and longterm loans meant to fund investment amount to approximately 3.5% of all credit. The causes for this are the lack of structure in the offer and the difficulty of accessing credit. To this one must add the high cost of borrowing caused by low levels of liquidity and limited economies of scale. In addition, many SMEs lack transparency and clarity in their internal management and, Lesotho 5 / 0% Pays Indice au crédit / Taux de couverture des centrales des risques (%) Country Access to credit index / Private credit bureau/public credit registry coverage Indice d’accès au crédit 6>8 / 6>8 Access-to-credit index Indice d’accès au crédit 4>6 / 4>6 Access-to-credit index Indice d’accès au crédit 2>4 / 2>4 Access-to-credit index Indice d’accès au crédit 0>2 / 0>2 Access-to-credit index therefore, do not succeed in presenting financing applications. Cognizant of the challenges in accessing bank loans, states are attempting to remedy the situation through regional institutions. The same observation applies to guarantee funds as well. The four existing guarantee institutions – FSA, FAGACE, Gari Fund and FEGECE – are, on the whole, lacking in adequate financial resources and cannot properly fulfil their missions. May / July 2014 021 « Nous facilitons le financement des projets » Comment fonctionne le FSA ? Le Fonds est une institution financière qui a pour mission de participer au développement économique et à la lutte contre la pauvreté dans ses Etats membres, en facilitant le financement des projets d’investissement tant dans le secteur public que privé, et des activités de microfinance. Pour accomplir sa mission, le FSA offre les instruments d’intervention suivants : la garantie financière, l’allongement de la durée des prêts et la bonification de taux d’intérêt (exclusivement pour les Etats et leurs démembrements). Le Fonds apporte également son appui aux PME et aux Systèmes financiers décentralisés (SFD) en matière de structuration et d’arrangement de financements. De combien est-il doté ? Le FSA est doté d’un capital autorisé de 150 milliards de francs CFA (environ 228,7 millions d’euros) dont 30 milliards de francs CFA (environ 45,7 millions d’euros) constituent le capital appelé. Le reste, soit 120 milliards de francs CFA (environ 183 millions d’euros), forme le capital sujet à appel qui sert de garantie aux engagements du Fonds. Toutefois, il est utile de préciser que le FSA n’intervient pas de façon discriminatoire par rapport aux secteurs d’activité, chacun de ses pays membres ayant ses propres caractéristiques économiques. Combien de PME avez-vous soutenues au cours de la dernière année ? En 2013, les interventions du FSA ont concerné treize PME. En garantie financière, le Fonds a accordé sa garantie en faveur de diverses banques pour un montant total de 18,6 milliards de francs CFA (environ 28 millions d’euros) pour des financements octroyés par ces banques à douze de ces PME, sur des 022 mai / juillet 2014 durées de remboursement variant de 2 à 8 ans ; le montant total des financements ainsi mobilisés s’élève à 34,6 milliards de francs CFA (environ 53 millions d’euros). Ensuite, en allongement de durée de prêt, le Fonds a accordé un refinancement d’un montant de 188 millions de francs CFA (environ 286 000 euros) qui a permis de porter de 5 à 8 ans la durée du financement mis en place par une banque en faveur d’une PME pour un montant de 722,5 millions de francs CFA (environ 756 000 euros). Par ailleurs, le FSA a également soutenu deux structures de microfinance à travers une prise de participation au capital de l’une, à hauteur de 360 millions de francs CFA (environ 549 000 euros) soit 10% du capital, et l’octroi de sa garantie pour un montant de 390 millions de francs CFA (environ 594 000 euros) ayant permis à l’autre de se refinancer auprès du système bancaire pour un montant total de 650 millions de francs CFA (environ 991 000 euros). Quelles sont les raisons des rejets ? Il y a certes quelques rejets (moins d’une dizaine) qui sont imputables à la faible qualité des dossiers (projets immatures ou mal structurés) ou parce que les sollicitations portaient sur le financement du négoce pur (achat et revente de marchandises), domaine qui est exclu du champ d’intervention du FSA. Comment expliquer que les PME aient autant de mal à se financer ? Les difficultés souvent rencontrées avec les PME sont diverses : la forme juridique ou la structure de l’actionnariat qui n’inspire pas toujours confiance ; la faible qualité des ressources humaines et de la gouvernance, induisant une faible capacité d’organisation ; la faible capacité financière marquée notamment par des fonds propres peu consistants ; Pierre Yaovi Sedjro Pierre Yaovi Sedjro Directeur général du Fonds de solidarité africain (FSA), basé au Niger. l’incapacité à fournir une documentation et des informations fiables y compris les états financiers, etc. En raison des faiblesses évoquées, la plupart des PME ne sont pas en mesure de proposer aux banques des plans d’affaires bien argumentés, cohérents et réalistes, répondant aux normes généralement admises en matière de recherche de financement. L’absence ou l’inadéquation des garanties offertes n’est pas non plus pour faciliter les choses. Pensez-vous que les PME africaines doivent sortir du schéma classique du financement bancaire : fonds d’investissement, crédit-bail, Private Equity, tontines, etc. ? C’est une grave erreur de la part des PME africaines d’ignorer ou de ne pas prendre en compte les sources alternatives de financement pour faire face à leurs besoins. C’est aussi, il faut le souligner, une erreur de la part des banques qui, du reste, ne peuvent pas tout financer, de percevoir ces sources alternatives de financement comme concurrentes. Elles sont plutôt complémentaires et indispensables. L’émergence de ces nouveaux mécanismes de financement, longtemps absents du paysage financier, mérite plutôt d’être saluée. La diversification des sources de financement oblige les PME à s’imposer un minimum de rigueur et à améliorer leur profil afin de répondre aux exigences requises. Ce faisant, elles se donnent les moyens d’être plus efficaces et plus performantes et cela, en retour, est bénéfique pour l’ensemble de la communauté tant sur le plan économique que financier. Concernant les tontines, nul ne peut nier leur poids. Cependant, le fonctionnement d’un tel système en dehors de tout cadre juridique et des circuits bancaires constitue une faiblesse non négligeable. AFRICA24 MAGAZINE N° 14 © Service Presse FINANCIA%> financer sa pme FINANCING smes Managing Director of the FSA (African Solidarity Fund), which is based in Niger. “We facilitate the financing of investment” How does the FSA work? The fund is a financial institution whose role is to participate in economic development and the fight against poverty in its member states by facilitating the financing of investment projects in the public and private sectors and of micro-lending activities. To carry out its mission, the FSA offers the following service instruments: financial guarantees, extensions of the terms of loans and interest rate subsidies (solely for states and their branches). The fund also lends its support to SMEs and decentralised financial systems (DFSs) with finance structuring and arrangement matters. What are its resources? The authorised capital of the FSA is 150 billion CFA Francs (approximately 228.7 million Euros), of which 30 million CFA Francs (approximately 45.7 million Euros) has been called up. The remainder, i.e. 120 billion CFA Francs (approximately 183 million Euros), constitutes the callable capital which serves to guarantee the fund’s commitments. Nevertheless, it is useful to note that the FSA does not discriminate with regard to business sectors, as each of its member countries has its own economic characteristics. How many SMEs have you supported in the last year? In 2013, the FSA intervened to assist AFRICA24 MAGAZINE N° 14 13 SMEs. In financial guarantees, the fund granted guarantees to various banks in the total amount of 18.6 billion CFA Francs (approximately 28 million Euros) for finance packages accorded by these banks to 12 of those SMEs for loan terms ranging from 2 to 8 years. The total amount of funding thus mobilised was 34.6 billion CFA Francs (approximately 53 million Euros). After, as for loan extensions, the fund granted a refinancing for the amount of 188 million CFA Francs (approximately 286,000 Euros), which made it possible to extend the term from 5 to 8 years for a loan granted by a bank to an SME in the amount of 722.5 million CFA Francs (approximately 756,000 Euros). Furthermore, the FSA also supported two microfinance entities by acquiring a share in the capital of one – for 360 million CFA Francs (approximately 549,000 Euros) or a 10% stake and by extending a guarantee in the amount of 390 million CFA Francs (approximately 594,000 Euros) for another, which enabled it to obtain refinancing from the banking system for a total sum of 650 million CFA Francs (approximately 991,000 Euros). What are the causes of rejects? Of course there are some rejects (under 10) which can be attributed to the poor quality of the applications (immature or ill-structured projects) or because the requests were for the funding of pure trade (purchase and resale of merchandise), a field that is excluded from the FSA’s scope of action. Can you explain why SMEs have so much trouble obtaining financing? A variety of challenges are often encountered with SMEs: a legal status or shareholder structure that does not always inspire trust; low quality of human resources and governance resulting in poor organisational capacity; weak financial capacity characterised notably by inadequate equity; inability to provide reliable information and documentation, including financial statements, etc. Because of the shortcomings mentioned, most SMEs are not able to present banks with well-substantiated business plans that are consistent and realistic and meet generally accepted standards in financing requests. A lack or insufficiency of guarantees on offer also does not make things easier. Do you think that African SMEs should step out of the traditional framework of bank financing: investment funds, lease-backs, private equity, tontines, etc.? It would be a grave error for African SMEs to not consider alternative financing sources to meet their needs. We should also emphasise that it is an error for banks, which cannot fund everything, to at least perceive these alternative financing sources as competitors. Indeed, they are complementary essential. Long absent from the financial landscape, the emergence of these new financing mechanisms should be applauded. The diversification of financing sources dictates that SMEs operate with a minimum degree of discipline and improve their profiles to meet the necessary requirements. By doing so, they give themselves the means to be more effective and more successful, which is, in turn, beneficial to the entire community in both economic and financial terms. As for tontines, no one can deny their significance. However, the fact that such a system works outside any legal framework and outside banking channels amounts to a non-negligible weakness. May / July 2014 023 FINANCIA%> financer sa pme FINANCING smes Capitalisation boursière, aussi pour les PME Going public is an option for SMEs too Les marchés boursiers africains s’ouvrent de plus en plus aux PME. En voici quelques exemples. 70 PME AU Johannesburg Stock Exchange Parmi les pays précurseurs, l’Afrique du Sud fait référence. Le Johannesburg Stock Exchange (JSE) a permis à plus de 70 PME sud-africaines de se financer via un marché alternatif, l’AltX. Certaines sociétés cotées sur ce marché affichent des performances insolentes, impossibles à obtenir sur le 1er marché. Ainsi, Antennae manufacturer Poynting 024 mai / juillet 2014 a vu son capital augmenter de 1 300% depuis 2011. Depuis le début de l’année 2013, l’AltX a élargi son champ d’action, offrant aux sociétés encore en cours de prospection les Spac (sociétés d’acquisition à vocation spécifique) ou cash shells, un accompagnement vers l’introduction boursière. L’AltX fait des émules sur tout le continent. La Bourse égyptienne, celle de Dar esSalaam, en Tanzanie, ou encore celle du Kenya s’en sont inspirées pour leur développement. Par exemple, adossée à la Bourse de Nairobi, la NSE, s’est créé un marché alternatif, AIM Alternative Investment Market, sur le modèle de l’AltX, avec un compartiment dédié aux structures à taille réduite, le Growth Enterprise Market Segment (Gems). maroc : EXONÉRATION à 50% Le Maroc, pour sa part, a ouvert un troisième compartiment (opérationnel depuis 2004) pour faciliter l’accès aux entreprises. Le gouvernement et la Bourse de Casablanca (BVC) ont récemment mis en place des incitations fiscales sous forme d’exonération à hauteur de 50% de l’impôt sur les sociétés pour les trois premières années de cotation. Les exigences ont été également allégées : les autorités boursières n’exigent qu’un seul exercice certifié ; un plafonnement du nombre de titres émis ; la mise en place d’un contrat d’animation de 3 ans pour soutenir la liquidité du titre, etc. African stock markets are opening up more and more to SMEs. Here are some examples. T he vast majority of the continent’s stock exchanges are still in a structuring phase. But some of them are already a few steps ahead and the quality of their operations rivals the markets of the Northern hemisphere. Until recently reserved for large companies, African stock exchanges have grasped the importance of opening up to SMEs. For enterprises seeking financing – to support growth or for recapitalisation – listing their company on the stock market can bring a vital breath of fresh air. Raising funds is faster and less costly than on the banking market. But it requires that compa- Ghana : services consultatifs Grâce au concours de la BAD, depuis 2003, le marché alternatif du Ghana (GAX) propose aux PME de les accompagner pour une introduction boursière, notamment en leur offrant des services consultatifs, une prise en charge des frais d’introduction ou encore un allégement du dispositif légal. Mais après plus de 10 ans d’existence, le GAX n’a pas encore trouvé son modèle économique. ratio du volume des transactions boursières (en %) STOCK MARKET TRANSACTION VOLUME RATIO (AS %) © Ocean/Corbis P our la grande majorité, les places boursières du continent sont encore en cours de structuration. Mais certaines d’entre elles ont déjà une longueur d’avance et leur fonctionnement n’a rien à envier aux places de l’hémisphère nord. Jusque-là réservées aux capitalisations des grandes sociétés, les Bourses africaines ont compris l’importance de s’ouvrir aux PME. Une ouverture de capital pour les entreprises en quête de financement – pour soutenir leur expansion ou pour leur recapitalisation – peut être une bouffée d’air nécessaire. La levée des fonds est plus rapide et moins coûteuse que sur le marché bancaire. Mais elle requiert, de la part des entreprises, la présentation de données stables et de perspectives attrayantes pour les investisseurs. Le Maroc, la Tunisie, l’Afrique du Sud, le Kenya ou encore le Ghana ont su adapter les règlementations boursières aux besoins des PME, réduisant les prix du ticket d’entrée et des frais de gestion et assouplissant les procédures administratives et les garanties. Mais le financement sur capitalisation boursière ne représente encore qu’une infime part des financements aux PME, moins de 8% en 2011, selon le FMI. Repère statistique médian / Median statistical benchmark 5,5 Valeur observée / Observed value 5 Repère statistique médian / 24 Valeur observée / Observed value 20 18 16 3,5 14 3 12 2,5 10 2 8 1,5 6 1 4 0,5 2 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 Source : base de données FinStats et estimations des services du FMI. / FinStats database and IMF estimates. AFRICA24 MAGAZINE N° 14 Median statistical benchmark 22 4 2002 70 SMEs on Johannesburg Stock Exchange Among the pioneering countries, capitalisation boursière (en % du pib) MARKET CAPITALISATION (AS % OF GDP) 4,5 0 nies present stable data and attractive prospects for potential investors. Morocco, Tunisia, South Africa, Kenya and Ghana have succeeded in adapting their stock exchange regulations to the needs of SMEs by reducing the initial outlay and management fees and softening administrative procedures and guarantees. But company financing through an IPO still represents only a small fraction of SME financing: it was less than 8% in 2011 according to the IMF. 0 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 Source : base de données FinStats et estimations des services du FMI. / FinStats database and IMF estimates. AFRICA24 MAGAZINE N° 14 2009 2010 2011 South Africa is a good example. The Johannesburg Stock Exchange (JSE) has enabled more than 70 South African SMEs to finance their operations through an alternative market, AltX. Some companies listed on this market have achieved unheard of results that are impossible to obtain on the main market. For example, antennae manufacturer Poynting has seen its capital surge 1300% since 2011. Since the beginning of 2013, AltX has broadened its field of action, offering companies that are still in the prospecting phase, SPACs (special purpose acquisition companies) or cash shells, assistance toward listing on the market. AltX is spawning imitators across the continent. The Egyptian stock exchange, the Tanzanian stock exchange in Dar es Salaam and the Kenyan stock market have all taken cues from it to drive their own growth. For example, the AltX model prompted the creation of an alternative market backed by the Nairobi Securities Exchange: the AIM Alternative Investment Market, which has a compartment dedicated to small-scale structures, the Growth Enterprise Market Segment (GEMS). Morocco: 50% exempt Meanwhile, Morocco opened a third compartment (operational since 2004) to facilitate access for enterprises. The government and the Casablanca Stock Exchange (BVC) recently instituted tax incentives by offering to exempt 50% of corporation tax for the first three years after the IPO. Requirements were also eased: stock exchange authorities only require certification for one full reporting period; the number of shares issued is capped; a three-year oversight plan is put in place to support the listing’s liquidity, etc. Ghana: advisory services With the help of the African Development Bank (AfDB), since 2003 the Ghanaian alternative market (GAX) has offered SMEs assistance with their initial public offering, notably by providing advisory services, covering listing fees and streamlining the legal mechanism. After more than 10 years of existence, the GAX has not yet found its economic model. May / July 2014 025 FINANCIA%> financer sa pme FINANCING smes Tombodo Ywassa the following reasons: non-adherence to management standards (inadequate equity capital, non-adherence to key ratios, etc.), inadequate information, poor understanding of the economic climate, inadequate technical knowledge. Chef du service Contrôle interne et conformité au fonds Gari. Le fonds Gari est un fonds de garantie qui intervient dans les quinze pays de la CEDEAO. Il a été créé en 1994 à l’initiative des bailleurs de fonds internationaux et d’institutions financières sousrégionales en tête desquelles la BOAD (Banque ouest-africaine de développement). Le fonds Gari est doté d’un capital de 12,9 milliards de francs CFA depuis sa création. À ce jour, ses fonds propres sont de 25 milliards de francs CFA environ au 31 décembre 2013. Quels sont les secteurs les plus porteurs pour les PME ? Les secteurs les plus porteurs dans notre zone d’intervention sont les secteurs à valeur ajoutée, des transformations de matières premières, etc. On lit partout que le financement des PME africaines est complexe car justement pas assez flexible et peu adapté aux réalités du 026 mai / juillet 2014 We read everywhere that financing African SMEs is complicated precisely because it is not flexible enough and is ill-suited to the realities of the continent. What do you think? It is true that an assessment of SME financing uncovers many dysfunctions and gaps; what one should remember, however, is that it is incumbent upon SMEs to enter the modern era by complying with best practices and the usual norms in the various business sectors in question. All the mechanisms that exist to help SMEs can only be effective and efficient if that challenge is handled seriously. “The SME must enter the modern era” « La PME doit rentrer dans la modernité » Tombodo Ywassa continent. Qu’en pensez-vous ? Il est vrai que l’évaluation du financement des PME révèle de nombreux dysfonctionnements et hiatus ; ce qu’il faut cependant retenir, c’est qu’il appartient aux PME de rentrer dans la modernité en se conformant aux bonnes pratiques et aux normes habituelles dans les différents secteurs d’activité concernés. Tous les dispositifs d’aide aux PME ne seront efficaces et efficients que si cet effort est sérieusement fourni. Quels types de freins les PME rencontrent-elles lors de la constitution des dossiers de financement ? Quelles solutions pouvez-vous y apporter ? Le principal obstacle lors de la constitution des dossiers de financement tient essentiellement à la qualité des dossiers. Il s’agira de présenter un document précis, bien élaboré. En cas de besoin, il faudra le faire établir par un spécialiste (cabinets, conseils et autres bureaux d’études…). Le Gari, dans son instruction du projet à garantir, examine tous les aspects pertinents et donne des orientations visant à rendre le projet bancable. L’intervention du Gari constitue, et doit être perçue, comme de la valeur ajoutée au projet. Quel que soit le type de financement envisagé ou souhaité, il y aura des règles, des normes auxquelles se conformer ; de ce fait, il appartient aux PME africaines de respecter la transparence, la rigueur, la bonne gouvernance… Cet effort contribuera déjà à résoudre l’essentiel des difficultés dénoncées par tous. AFRICA24 MAGAZINE N° 14 Head of Internal Audits and Compliance at the Gari Fund. The Gari Fund is a guarantee fund that operates in the 15 ECOWAS countries. It was created in 1994 on the initiative of international donors and regional financial institutions, led by the West African Development Bank. The Gari Fund was created with capital of 12.9 billion CFA Francs. Its equity capital stands at approximately 25 billion CFA Francs as of 31 December 2013. AFRICA24 MAGAZINE N° 14 © Service Presse © Riccardo VENTURI/CONTRASTO-REA Combien de PME avez-vous soutenues ? Sur quelles durées ? Combien en refusez-vous ? Pour quelles raisons ? Durant l’année 2012, quarante-sept dossiers ont été examinés par les instances du fonds pour un montant global de 49,9 milliards de francs CFA. Trente-sept dossiers ont été approuvés pour un montant de 41,067 milliards de francs CFA. De façon générale, les engagements du Gari vont de 24 à 120 mois au maximum. En général, les raisons de refus de dossiers sont les suivantes : non-respect des normes de gestion (insuffisance de fonds propres, non-respect des principaux ratios…), insuffisance d’informations, non-maîtrise de l’environnement économique, insuffisance de maîtrise technique. What are the most profitable sectors for SMEs? The most profitable sectors in our field of action are value-added industries, the processing of raw materials, etc. How many SMEs have you supported? For what financing periods? How many do you turn down and for what reasons? In 2012, the fund’s working bodies examined 47 applications for a total amount of 49.9 billion CFA Francs. Of these, 37 were approved for a total sum of 41.067 billion CFA Francs. As a general rule, Gari commitments range from 24 months to a maximum of 120 months. Usually, applications are denied for What types of obstacles do SMEs encounter when assembling their financing applications? What solutions can you provide? The main obstacle when assembling financing applications is essentially linked to the quality of the applications. The document presented must be accurate and well-prepared. If necessary, it should be compiled by a specialist (firm, consultancy and other research offices, etc.). When examining a project seeking a guarantee, the Gari Fund considers all relevant aspects and gives suggestions that aim to make the project bankable. Gari backing is and should be perceived as value added to the project. Regardless of the type of financing envisioned or desired, there will be rules and standards to conform to; as a result, it is up to African SMEs to honour the principles of transparency, discipline, good governance… Such an effort would already go a long way to resolving most of the problems decried by everyone. May / July 2014 027 FINANCIA%> financer sa pme FINANCING smes Seeking new modes of financing © JPM/Corbis À la recherche de nouveaux modes de financement Pourcentage d’entreprises déclarant que cet obstacle est « important » ou « très inquiétant » Percentage of companies that said the obstacle was “important” or “very worrying” Pays à faible revenu / Low-income country Private Equity, Business Angels et crowdfunding sont devenus des termes courants dans le monde de la finance. C omme disait Miles Morland, l’un des pionniers de l’investissement sur le continent : « En Afrique, il y a des centaines d’offres, mais il faut aller les chercher. En Occident, les banquiers d’investissement vous apportent des offres… [Mais], en Afrique, les banques d’investissement sont au bas de la chaîne alimentaire. Vous avez besoin d’aller traîner dans les bars… pour trouver les offres. » Désormais, plus besoin d’écumer les bars pour trouver des contacts et des investisseurs capables de prendre des risques pour donner sa chance à l’entreprise. Avec le développement des modes de communication, investisseurs et entrepreneurs se rencontrent sur Internet, même si, passé le premier stade de la prise de contact, le business ne se fait que si des gages de soldes, autant dans la conception que dans les perspectives de développement de l’entreprise, sont présentés. Private Equity, la plus ancienne des formes innovantes Alors que, dans les pays asiatiques, les fonds en Private Equity représentent 63% des transactions, ils en représentent à peine 4% sur les marchés émergents. Selon la société américaine 028 principaux obstacles ressentis par les pme africaines : variations selon le niveau de revenu des pays MAIN OBSTACLES PERCEIVED BY AFRICAN SMEs: VARIATIONS ACCORDING TO COUNTRY INCOME LEVEL mai / juillet 2014 Preqin, spécialisée dans les études de marché et la levée de fonds, il n’y aurait en tout que 57 fonds de Private Equity axés sur l’Afrique (dont la moitié se trouve en Afrique du Sud). La collecte de fonds varie selon les années, de 2 à 40 milliards de dollars. La plupart de ces fonds sont gérés par d’importantes structures telles que Hélios Capital Partners, Citadel Capital et African Capital Alliance, Standard Chartered Private Equity… pour ne citer qu’elles. Business Angels : un réseau d’investisseurs privés L’Afrique du Sud, une fois encore, est à la pointe en termes d’offres de financement. Des dizaines de réseaux de Business Angels se sont créés avec des facilités d’accès au financement. Ces fonds peuvent être spécialisés par domaine d’intervention, comme le Africa Media Ventures Fund, dédié aux entreprises dans les médias et la communication, ou comme eVentures Africa Fund, spécialisé dans les nouvelles technologies. Avec plus de 29 000 investisseurs et 8 milliards de rands d’actifs, Angel Investment Network est l’un des plus importants réseaux de Business Angels en Afrique. Basé en Afrique du Sud, ce 50% Pays à revenu intermédiaire ou élevé / Mid- or high-income country Total 40% 30% 20% 10% 0% Accès au financement Access to finance Fiscalité Tax électricité Electricity Incertitudes politiques Political uncertainty Corruption Source : Rapport sur la compétitivité en Afrique 2007 - Banque africaine de développement Competitivity report for Africa - 2007 - AfDB. . réseau propose également un accès online aux entreprises locales. D’autres ont profité du soutien de structures internationales. Acumen Fund, créé en 2001, a bénéficié d’un apport de capital de la fondation Cisco et de la fondation Rockefeller. Aujourd’hui, Acumen compte 75 PME dans son portefeuille dans tous les secteurs de l’économie. Crowdfunding : financement 2.0 Avec le développement des réseaux sociaux et des nouveaux modes de partage d’informations se sont développés de nouveaux modes de financement à destination de PME non cotées en Bourse, en phase de création ou qui cherchent à étendre leurs activités. L’Equity based Crowdfunding, ou finance participative, permet de faire appel à un grand nombre d’investisseurs, plus ou moins importants, en échange d’une prise de participation en actions dans l’entreprise ou d’un versement de dividendes en cas de plus-values. Ainsi, l’investisseur est aussi actionnaire de l’entreprise. Venu des USA, ce mode de financement s’est développé surtout dans les pays d’Afrique de l’Est, plus habitués aux innovations financières. AFRICA24 MAGAZINE N° 14 Private equity, business angels and crowd funding have become commonplace terms in the world of finance. A s Miles Morland, a trailblazer in investing in Africa, said: “In Africa, there are hundreds of offers, but you have to go out and find them. In the West, investment bankers will bring the offers to you... [But], in Africa, investment banks are at the bottom of the food chain. You have to go hang about in the bars ... to find the deals.” Now it is no longer necessary to comb the bars to find contacts and investors who are able to take risks to give a company a chance. As means of communication have developed, investors and entrepreneurs find each other on the Internet, although after the stage of initial contact, business is only completed if sound pledges and guarantees are presented with respect both to the concept and to the company’s growth outlook. Private equity, the oldest of the innovative formats Whereas in Asian countries, private equity funds account for 63% of transactions, they barely amount to 4% of transactions in emerging mar- AFRICA24 MAGAZINE N° 14 kets. According to the American firm Preqin, which specialises in market studies and fund raising, there are a total of just 57 private equity funds focused on Africa (half of which are in South Africa). The amount of funds raised varies each year, ranging from 2 to 40 billion dollars. Most of these funds are managed by large institutions such as Helios Capital Partners, Citadel Capital and African Capital Alliance, Standard Chartered Private Equity – just to mention a few. Business angels: a network of private investors South Africa, once again, is at the cutting edge in terms of financing offers. Dozens of business angel networks have been created with ready access to financing. These funds may be specialised according to their sector of interest, like the Africa Media Ventures Fund, which is dedicated to media and communication firms, or the eVentures Africa Fund, which focuses on new technologies. With more than 29,000 investors and 8 billion Rands in Délits Crime Qualifications de la main-d’œuvre Qualifications of workforce Droit du travail Employment law assets, the Angel Investment Network is one of the most important business angel networks in all of Africa. Based in South Africa, this network also provides online access to local companies. Others have enjoyed support from international structures. Acumen Fund, created in 2001, benefited from capital contributions by the Cisco Foundation and the Rockefeller Foundation. Now Acumen has 75 SMEs in its portfolio representing all sectors of the economy. Crowd funding: financing 2.0 With the development of social networks and new ways of sharing information, we have also seen the emergence of new ways of financing for SMEs that are not listed on the stock exchange, are still in the start-up phase or are looking to expand their operations. Equity-based crowd funding, or participatory finance, enables firms to call on a great number of investors, of more or less limited means, in exchange for a share in the company’s capital or a dividend disbursement if there are profits. Thus the investor is also a shareholder in the company. This financing approach originated in the United States and has developed the most in the countries of East Africa, where financial innovation is more common. May / July 2014 029 FINANCIA%> financer sa pme FINANCING smes « Financement africain aux projets africains » © Jenny Matthews/PANOS-REA 030 Vous voulez « un financement africain pour des entreprises africaines ». Pouvez-vous nous en dire plus ? Notre cabinet propose, au niveau africain, de changer de vision en matière de financement, en lançant le slogan « Financement africain aux projets africains ». Il s’agit, à travers une telle proposition, de fédérer les énergies autour d’une vision partagée, consistant à compter d’abord sur nos propres ressources pour mieux commander nos leviers de développement. C’est possible grâce à un peu de volonté politique. Concrètement, la vision consiste à favoriser la création, au niveau de chaque Etat, des instruments financiers de développement comme une banque de développement, un fonds de prise de mai / juillet 2014 Magaye Gaye Magaye Gaye Directeur général du cabinet de recherche de financement GMC Conseils, basé à Dakar, au Sénégal. participation et un fonds de garantie ; l’idée consiste aussi à instaurer un mécanisme pérenne d’abondement de ces instruments par l’utilisation partielle des ressources du Fonds d’aide à l’intégration régionale (FAIR) de l’UEMOA et une partie des réserves de la BCEAO. Comment procédez-vous ? Notre cabinet propose des mécanismes de prélèvement fiscaux comme par exemple une taxe sur le tabac ou les activités touristiques, une taxe appliquée sur le chiffre d’affaires des sociétés de télécommunication et des loteries nationales ou encore un prélèvement direct sur les droits de douane de produits stratégiques qu’on veut décourager. Afin d’éviter les problèmes de mauvaise gouvernance notés dans la gestion des banques de développement de l’Afrique subsaharienne dans les années 1980, un système de bonne gouvernance pourrait consister à coopter des banques comme la BOAD et la BAD comme actionnaires détenant la minorité de blocage dans les nouveaux instruments à créer et à trouver des partenaires techniques solides dans des pays comme la Tunisie ou le Maroc qui ont déjà fait leurs preuves dans la gestion de ce type d’institutions. Comment fonctionne le système de financement par tontines ? Effectivement le financement des PME par les tontines constitue une des pistes proposées par notre cabinet dans sa vision « d’un financement africain aux projets africains ». A l’issue d’une vaste concertation menée avec les professionnels, des organisations internationales et quelques entreprises du monde francophone, au travers d’un processus d’enquête, l’initiative semble rencontrer une adhésion unanime. La tontine devrait présenter une valeur ajoutée réelle par rapport au système de financement traditionnel (banques). A cet effet, elle présentera beaucoup d’avantages pour les entreprises sélectionnées. Pas de taux d’intérêt : seule une contribution de 3% servant à alimenter le fonds de garantie. Fini les contraintes de fonds propres ; pas de coûts de garantie exorbitants, juste des formalités liées à la mise en place de quelques garanties légères pouvant assurer la viabilité globale du système. Une meilleure planification des investissements par les entreprises participantes en fonction de la date de tirage attendue. Est-il déjà en application ? Il ressort de l’enquête préliminaire que le système à mettre en place devrait concerner à titre expérimental une douzaine d’entreprises, à choisir selon des critères basés sur la qualité de la signature. D’où proviendront les fonds ? Le montant de la cotisation mensuelle devrait être de 5 millions de francs CFA avec une période de tirage au sort tous les 2 mois. Afin de mieux consolider la solvabilité d’ensemble du système, le cabinet GMC Conseils a retenu la commission de l’UEMOA et la Banque africaine de développement comme sponsors de la tontine. Il est attendu de ces deux institutions le renforcement du fonds de garantie. Les fonds à collecter feront l’objet d’un suivi rapproché et rigoureux par chaque membre et par les sponsors. Le cabinet GMC Conseils apportera son expertise dans la formulation des projets et dans le conseil financier et stratégique. AFRICA24 MAGAZINE N° 14 © Nadia Lamarkbi GMC Conseils propose différents types de financement. Pour quels types d’entreprises ? Combien d’entreprises ont-elles bénéficié de vos fonds ? Notre offre concerne plusieurs types de financement : les prêts et lignes de crédit à court terme, dont notamment les crédits de campagne, les concours à moyen terme, le crédit-bail, les fonds propres et la garantie. Le seuil minimum d’intervention de notre cabinet est de 200 millions de francs CFA (environ 400 000 dollars). Aujourd’hui, des multinationales de grande taille nous font confiance dans leur recherche de financement avec des besoins de financement moyens de l’ordre de 20 millions de dollars par projet. Les durées de remboursement varient en fonction de la nature des concours et se situent en général entre 1 et 7 ans. Notre ambition est de faciliter l’accès au financement à des entreprises à fort potentiel. Nous avons d’ailleurs, au cours de notre parcours professionnel, contribué à faciliter la mobilisation de ressources financières pour un montant de 34 milliards de francs CFA (environ 68 millions de dollars) en faveur d’une quinzaine de projets dans les secteurs des infrastructures, de l’agro-industrie, de la finance et des télécommunications. “African financing for African projects” GMC Conseils offers different types of financing. For which kinds of companies? How many companies have received funding from you? We offer several types of financing: short-term credit lines and loans, including seasonal credit, medium-term assistance, lease-backs, equity capital and guarantees. The minimum financing package for our firm is 200 million CFA Francs (approximately 400,000 dollars). Today, large multinational enterprises trust us to handle their search for funds, with average financing needs on the order of 20 million dollars per project. The repayment periods vary according to the nature of the instrument and generally range from one to seven years. Our goal is to facilitate access to financing for enterprises with strong potential. Furthermore, over the course of our professional endeavours, we have helped raise financial resources of 34 billion for CFA Francs (approximately 68 million dollars) for some 15 projects in the infrastructure, agri-food, finance and telecommunications sectors. You advocate for “African financing for African companies.” Could you tell us more about that? Our firm introduced the slogan “African financing for African projects” to spark a change in mind-set across the African continent. The point of such a proposal is to focus energy around a shared vision that aims to rely first on our own resources to better control our levers for development. This is possible with little political will. Concretely, it consists of promoting the creation of financial instruments for development AFRICA24 MAGAZINE N° 14 Managing Director of GMC Conseils, a consultancy specialising in identifying financing based in Dakar, Senegal. at the level of each state; these could include a development bank, an equity fund or a guarantee fund. The idea also entails the establishment of an ongoing mechanism to match these instruments that draws some of its resources from the WAEMU Regional Integration Assistance Fund and some from the reserves of the Central Bank of the West African States. How do you proceed? Our firm also offers tax withholding mechanisms, such as a tax on tobacco or tourism activities, a tax applied to the turnover of telecom companies and national lotteries, or direct withdrawals from customs duties for strategic products to be discouraged. To prevent the bad governance issues observed in the management of development banks in sub-Saharan Africa in the 1980s, a good governance system could consist of co-opting banks like the West African Development Bank and AfDB as shareholders that form a blocking minority in the new instruments that are created and finding sound technical partners in countries like Tunisia or Morocco which have already proven themselves in managing this type of institution. How does the tontine funding system work? Financing SMEs through tontines is one of the pathways proposed by our firm as part of its vision of “African financing for African projects.” After a massive consultation survey carried out with professionals, international organisations and a few enterprises from the francophone world the initiative appears to meet with unanimous buy-in. The tontine format should offer real added value compared with the traditional financing system (banks). In this capacity, it will boast many advantages for the companies selected: no interest – just a 3% contribution that will supply the guarantee fund; no more equity constraints; no exorbitant costs – just formalities linked to establishing a few modest guarantees to ensure the overall viability of the system; better investment scheduling by participating companies according to the expected drawing date. Has it already been implemented? The preliminary survey indicated that the system implemented should, on an experimental basis, involve a dozen enterprises which should be chosen based on rigorous criteria assessing their credit-worthiness. Where will the money come from? The monthly contribution should be around 5 million CFA Francs with a random drawing every two months. In order to better strengthen the solvency of the entire system, GMC Conseils has chosen the WAEMU commission and the African Development Bank to sponsor the tontine. It is expected that these two institutions will reinforce the guarantee fund. The funds to be collected will be monitored closely and rigorously by each member and by the sponsors. GMC Conseils will lend its expertise in project definition and financial and strategic consulting. May / July 2014 031 FINANCIA%> financer sa pme FINANCING smes Traditional financing: tontine, twiza, and so on Before the advent of banks, financing and other usury systems, Africans already had their own ways of raising funds. Traditional financing is in. © Anthony Asael/Art in All of Us/Corbis entreprises de taille moyenne MEDIUM-SIZED ENTERPRISES La finance traditionnelle : tontine, twiza, etc. 32% 28% Avant l’avènement des banques, de la finance et des autres systèmes usuriers, les Africains avaient déjà leurs propres moyens de lever des fonds. Les financements traditionnels ont la cote. U ne étude menée au Cameroun par Emmanuel Beyina et Claude Bekolo sur le financement des PME innovantes a montré que les entreprises privilégiaient les modes de financement traditionnels : 46,67% des PME interrogées recourent à la tontine contre 43,33% à l’emprunt bancaire, sachant que 23,33% d’entre elles passent exclusivement par la tontine et 20% par l’emprunt bancaire. Ces chiffres montrent l’importance de la finance informelle, comme certains la nomment, car hors de tout contrôle des institutions. Les entrepreneurs ont toujours eu recours aux circuits informels pour se financer, d’abord par le cercle proche, famille, amis mais aussi par le biais de la communauté. Ces modes de financement prennent plusieurs appellations selon les régions du continent : susu ou esusu et tontines en Afrique de l’Ouest, ou stokvels en Afrique du Sud. 032 mai / juillet 2014 La tontine : la forme la plus répandue Le principe de la tontine est la mise en commun des ressources par un groupe d’individus. Il peut s’agir de versements mensuels ou trimestriels. Les fonds recueillis seront prêtés sans intérêt à l’un des membres, qui devra rembourser à échéance souvent courte. Aucun moyen de contrôle n’est imposé, tout est basé sur la relation de confiance. La twiza au Maghreb Le système de twiza, en Afrique du Nord, fonctionne sur le même principe mais cette mise en commun des ressources est élargie à des contributions physiques, à la construction d’un bâtiment par exemple, à l’achat de gros matériels ou encore à l’aide à la récolte dans les champs. Le susu, basé sur l’usure Dans le susu ou esusu, une cotisation mensuelle est déposée chez un collecteur qui versera en une fois la somme récoltée auprès de personnes n’ayant aucun lien entre elles, contrairement à la tontine, qui suppose une confiance et donc un lien entre les déposants. Le collecteur de susu se paye sur les fonds récoltés à hauteur d’une mensualité individuelle. Cette forme est certainement l’ancêtre de la banque de dépôt. La stokvel, devenue un produit bancaire La stokvel est l’appellation en swahili de la tontine, son fonctionnement est identique. Désormais, c’est aussi le nom d’un produit financier proposé par la First National Bank. Connaissant les habitudes locales, la banque sud-africaine s’est dotée de comptes bancaires spéciaux stokvels pour l’épargne de groupe. Actuellement, ces comptes représentent une part importante des actifs de la banque, sachant que près d’un Sud-Africain sur dix est membre d’une stokvel. AFRICA24 MAGAZINE N° 14 43% 44% Source : Making Finance Work for Africa, Banque mondiale. A study carried out in Cameroon by Emmanuel Beyina and Claude Bekolo on the financing of innovative SMEs showed that enterprises favour traditional means of financing: 46.67% of the SMEs surveyed use tontine arrangements and 43.33% rely on bank loans. More specifically, 23.33% of them use tontines exclusively and only 20% use bank loans. These figures show the importance of informal financing, as some call it, because it is beyond the control of institutions. Since the beginning of time, entrepreneurs have turned to informal circuits for financing: first to their inner circle of family and friends, but also working through the community. These modes of financing have many different names according to the region of the continent: susu, esusu and tontine in West Africa or stokvel in South Africa. AFRICA24 MAGAZINE N° 14 22% Accès au coût du financement Access to cost of finance Fiscalité Tax électricité Electricity Corruption Qualification de la main-d’œuvre Qualification of workforce Tontine: the most widespread type The principle of the tontine calls for a group of individuals to pool their resources. The payments may be monthly or quarterly. The funds collected will be loaned free of interest to one of the members, who must reimburse the funds over an often short period. No means of control is imposed; everything is based on a relationship of trust. tor, who will make a lump sum payment of the amount collected from persons who are not bound to each other in anyway. This is different from the tontine, which assumes trust, and therefore a connection, between depositors. The susu collector pays himself an individual monthly fee out of the funds collected. This system is undoubtedly the forerunner of deposit banking. The twiza in North Africa In North Africa, the twiza system operates according to the same principle, but the resource pooling is expanded to include physical contributions – participation in building construction, for example, the purchase of heavy equipment or assistance with harvesting the fields. The stokvel, now a banking product Stokvel is the Swahili name for tontine; it works in precisely the same way. Now it is also the name of a financial product offered by the First National Bank. Familiar with local habits, the South African bank set up special stokvel accounts for collective savings. The accounts currently represent a significant share of the bank’s assets, which makes sense given that nearly 10% of South Africans are members of a stokvel. The susu, based on usury With the susu or esusu, a monthly contribution is given to a susu collec- May / July 2014 033