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FINANCIA%>
financer sa pme FINANCING smes
l’accès au crédit dans les différents
pays d’afrique subsaharienne
ACCESS TO CREDIT IN THE VARIOUS
COUNTRIES OF SUB-SAHARAN AFRICA
L’indice au crédit (Getting Credit) développé par la Banque mondiale permet d’évaluer dans quelle mesure l’environnement
législatif et réglementaire favorise l’activité de crédit dans chaque pays. Cet indice prend en compte l’environnement
institutionnel relatif à la circulation de l’information dans le secteur financier, la législation sur les faillites et sur l’exercice
des sûretés.
Le taux de couverture des centrales des risques (publiques et privées), également élaboré par la Banque mondiale, mesure
la proportion de la population adulte dont les informations sur le comportement de crédit sont enregistrées par (au moins)
une centrale des risques dans les pays.
Source : Banque mondiale.
Egypte / Egypt
3,75 / 4,7%
Cap Vert /
Cape Verde
3 / 21,8%
Niger
2,25 / 0,9%
Mali 2,25 / 4,1%
Sénégal / Senegal
2,25/ 4,4%
Guinée Bissau / Guinea
Bissau 2,25 / 4,4%
Guinée / Guinea 1,875 / 0%
Burkina Faso
2,25 / 1,9%
Sierra Leone 2,5 / 0%
Liberia 2,875 / 0,3%
Djibouti 1 / 0,2%
Nigeria 5 / 0,1%
Rep. Centrafricaine / Central
African. 2,625 / 1,2%
Ghana
4,375 / 0%
Côte d’Ivoire
2,25 / 2,9%
Tchad / Chad
2,25 / 0,6%
The access-to-credit index (Getting Credit) developed by the World Bank
allows us to assess the extent to which the legislative and regulatory
environment favours credit activity in each country. This index
takes into account the institutional environment with regard to
the circulation of information in the financial sector, as well as
legislation on bankruptcy and the exercise of security rights.
The public credit registry/private credit bureau coverage rate,
another measure developed by the World Bank, measures
the proportion of the adult population who have information
about their credit behaviour recorded in at least one
credit registry or bureau in the countries concerned.
Source: World Bank.
Togo
42,25 /
2,6% Bénin /Benin
2,25 / 10,5%
Cameroun /
Cameroon 1,875 / 0%
Ethiopie / Ethiopia
3,25 / 0,1%
Kenya
7,75 / 2,1%
Rép. Dem. du Congo /
Congo Dem. Rep.
1,875 / 0%
Guinée Equatoriale /
Equatorial Guinea 1,875 / 0%
Ouganda / Uganda 4,375 / 0%
Rwanda 2 / 0,3%
Burundi 1,625 / 0,3%
Tanzanie / Tanzania
5 / 0%
Malawi 5 / 0%
Gabon 2,625 / 20,7%
Rép. du Congo / Congo
Rep. 2,625 / 6,9%
Angola
4 / 2,7%
Zambie / Zambia
5,625 / 0,1%
Namibie / Namibia
6,875 / 59,6%
Botswana
5,875 / 52,9%
Zimbabwe
5 / 0%
Mozambique
2,75 / 1,9%
Madagascar
1,25 / 0,1%
Swaziland 5,625 / 43,5%
Les financements
institutionnels
Institutional
financing options
Les banques sous-régionales offrent de plus en plus des possibilités de
financement via des fonds d’investissement ou des fonds de garantie.
PAR nadia lamarkbi
Sub-regional banks are offering more and more financing tools through
investment funds and guarantee funds.
By nadia lamarkbi
© Ocean/Corbis
E
020
n Afrique, la contribution des PME
au PIB est en moyenne de 10%
alors que dans le reste du monde,
la part des PME dans le PIB atteint
jusqu’à 50%. Ce constat est accablant au
regard des potentialités et du nombre de
PME (95% du tissu économique) sur le
continent. Par ailleurs, le taux de financement de l’économie dans les pays de
l’Union économique et monétaire ouestafricaine (UEMOA) reste faible.
Les raisons sont à rechercher autant du
mai / juillet 2014
côté de l’offre de financement que de celui de la demande. Les crédits à moyen
et long termes destinés au financement
de l’investissement représentent environ
3,5% des crédits totaux. Le manque de
structuration de l’offre, les difficultés
d’accès au crédit en sont les causes.
Il faut ajouter à cela un coût élevé de
l’emprunt en raison d’un faible niveau
de liquidité et du caractère limité des
économies d’échelle. De plus, nombre
de PME manquent de transparence et de
Afrique du Sud
/ South Africa
7,875 / 64,8%
clarté dans leur gestion interne et donc
n’arrivent pas à présenter des dossiers
de financement. Conscients des difficultés d’accès aux prêts bancaires, les Etats
tentent d’y remédier à travers les institutions régionales. Au niveau des fonds
de garantie, le même constat s’impose.
Les quatre institutions de garantie existantes FSA, FAGACE, Fonds Gari et le
FEGECE, globalement mal pourvues en
ressources financières, n’arrivent pas à
exercer convenablement leurs missions.
AFRICA24 MAGAZINE N° 14
I
n Africa, the contribution of SMEs to
GDP is 10% on average, whereas in
the rest of the world, SMEs account
for up to 50% of GDP. This fact is damning given the potential and the number of SMEs (95% of the economic
fabric) on the continent. Furthermore,
the rate of financing of the economy in
the countries of the West African Economic and Monetary Union (WAEMU)
remains low.
The reasons can be found on both
AFRICA24 MAGAZINE N° 14
the supply and demand sides of the
financing market. Medium- and longterm loans meant to fund investment
amount to approximately 3.5% of all
credit. The causes for this are the lack
of structure in the offer and the difficulty of accessing credit. To this one
must add the high cost of borrowing
caused by low levels of liquidity and
limited economies of scale. In addition,
many SMEs lack transparency and clarity in their internal management and,
Lesotho 5 / 0%
Pays Indice au crédit / Taux de couverture des centrales des risques (%)
Country Access to credit index / Private credit bureau/public credit registry coverage
Indice d’accès au crédit 6>8 / 6>8 Access-to-credit index
Indice d’accès au crédit 4>6 / 4>6 Access-to-credit index
Indice d’accès au crédit 2>4 / 2>4 Access-to-credit index
Indice d’accès au crédit 0>2 / 0>2 Access-to-credit index
therefore, do not succeed in presenting
financing applications. Cognizant of
the challenges in accessing bank loans,
states are attempting to remedy the
situation through regional institutions.
The same observation applies to guarantee funds as well. The four existing
guarantee institutions – FSA, FAGACE,
Gari Fund and FEGECE – are, on the
whole, lacking in adequate financial
resources and cannot properly fulfil
their missions.
May / July 2014
021
« Nous facilitons
le financement
des projets »
Comment fonctionne le FSA ?
Le Fonds est une institution financière
qui a pour mission de participer au
développement économique et à la
lutte contre la pauvreté dans ses Etats
membres, en facilitant le financement
des projets d’investissement tant dans le
secteur public que privé, et des activités
de microfinance. Pour accomplir sa
mission, le FSA offre les instruments
d’intervention suivants : la garantie
financière, l’allongement de la durée
des prêts et la bonification de taux
d’intérêt (exclusivement pour les Etats
et leurs démembrements). Le Fonds
apporte également son appui aux PME
et aux Systèmes financiers décentralisés
(SFD) en matière de structuration et
d’arrangement de financements.
De combien est-il doté ?
Le FSA est doté d’un capital autorisé de
150 milliards de francs CFA (environ
228,7 millions d’euros) dont 30 milliards
de francs CFA (environ 45,7 millions
d’euros) constituent le capital appelé.
Le reste, soit 120 milliards de francs CFA
(environ 183 millions d’euros), forme le
capital sujet à appel qui sert de garantie
aux engagements du Fonds. Toutefois, il
est utile de préciser que le FSA n’intervient pas de façon discriminatoire par
rapport aux secteurs d’activité, chacun
de ses pays membres ayant ses propres
caractéristiques économiques.
Combien de PME avez-vous
soutenues au cours de
la dernière année ?
En 2013, les interventions du FSA ont
concerné treize PME. En garantie financière, le Fonds a accordé sa garantie
en faveur de diverses banques pour un
montant total de 18,6 milliards de francs
CFA (environ 28 millions d’euros) pour
des financements octroyés par ces
banques à douze de ces PME, sur des
022
mai / juillet 2014
durées de remboursement variant de
2 à 8 ans ; le montant total des financements ainsi mobilisés s’élève à 34,6
milliards de francs CFA (environ 53 millions d’euros). Ensuite, en allongement
de durée de prêt, le Fonds a accordé
un refinancement d’un montant de 188
millions de francs CFA (environ 286 000
euros) qui a permis de porter de 5 à
8 ans la durée du financement mis en
place par une banque en faveur d’une
PME pour un montant de 722,5 millions
de francs CFA (environ 756 000 euros).
Par ailleurs, le FSA a également soutenu
deux structures de microfinance à travers une prise de participation au capital
de l’une, à hauteur de 360 millions de
francs CFA (environ 549 000 euros) soit
10% du capital, et l’octroi de sa garantie pour un montant de 390 millions de
francs CFA (environ 594 000 euros)
ayant permis à l’autre de se refinancer
auprès du système bancaire pour un
montant total de 650 millions de francs
CFA (environ 991 000 euros).
Quelles sont les raisons des rejets ?
Il y a certes quelques rejets (moins d’une
dizaine) qui sont imputables à la faible
qualité des dossiers (projets immatures
ou mal structurés) ou parce que les sollicitations portaient sur le financement
du négoce pur (achat et revente de marchandises), domaine qui est exclu du
champ d’intervention du FSA.
Comment expliquer que les PME
aient autant de mal à se financer ?
Les difficultés souvent rencontrées avec
les PME sont diverses : la forme juridique ou la structure de l’actionnariat
qui n’inspire pas toujours confiance ; la
faible qualité des ressources humaines
et de la gouvernance, induisant une
faible capacité d’organisation ; la faible
capacité financière marquée notamment
par des fonds propres peu consistants ;
Pierre Yaovi
Sedjro
Pierre Yaovi
Sedjro
Directeur général du
Fonds de solidarité
africain (FSA),
basé au Niger.
l’incapacité à fournir une documentation et des informations fiables y compris les états financiers, etc. En raison
des faiblesses évoquées, la plupart des
PME ne sont pas en mesure de proposer aux banques des plans d’affaires
bien argumentés, cohérents et réalistes,
répondant aux normes généralement
admises en matière de recherche de financement. L’absence ou l’inadéquation
des garanties offertes n’est pas non plus
pour faciliter les choses.
Pensez-vous que les PME africaines
doivent sortir du schéma classique
du financement bancaire : fonds
d’investissement, crédit-bail,
Private Equity, tontines, etc. ?
C’est une grave erreur de la part des
PME africaines d’ignorer ou de ne
pas prendre en compte les sources
alternatives de financement pour faire
face à leurs besoins. C’est aussi, il faut
le souligner, une erreur de la part des
banques qui, du reste, ne peuvent pas
tout financer, de percevoir ces sources
alternatives de financement comme
concurrentes. Elles sont plutôt complémentaires et indispensables. L’émergence de ces nouveaux mécanismes
de financement, longtemps absents du
paysage financier, mérite plutôt d’être
saluée. La diversification des sources
de financement oblige les PME à s’imposer un minimum de rigueur et à
améliorer leur profil afin de répondre
aux exigences requises. Ce faisant, elles
se donnent les moyens d’être plus efficaces et plus performantes et cela, en
retour, est bénéfique pour l’ensemble
de la communauté tant sur le plan économique que financier. Concernant les
tontines, nul ne peut nier leur poids.
Cependant, le fonctionnement d’un tel
système en dehors de tout cadre juridique et des circuits bancaires constitue une faiblesse non négligeable.
AFRICA24 MAGAZINE N° 14
© Service Presse
FINANCIA%>
financer sa pme FINANCING smes
Managing Director
of the FSA (African
Solidarity Fund), which
is based in Niger.
“We facilitate
the financing of
investment”
How does the FSA work?
The fund is a financial institution
whose role is to participate in economic development and the fight against
poverty in its member states by facilitating the financing of investment
projects in the public and private sectors and of micro-lending activities. To
carry out its mission, the FSA offers
the following service instruments:
financial guarantees, extensions of
the terms of loans and interest rate
subsidies (solely for states and their
branches). The fund also lends its
support to SMEs and decentralised
financial systems (DFSs) with finance
structuring and arrangement matters.
What are its resources?
The authorised capital of the FSA is
150 billion CFA Francs (approximately
228.7 million Euros), of which 30 million CFA Francs (approximately 45.7
million Euros) has been called up. The
remainder, i.e. 120 billion CFA Francs
(approximately 183 million Euros),
constitutes the callable capital which
serves to guarantee the fund’s commitments. Nevertheless, it is useful to
note that the FSA does not discriminate with regard to business sectors,
as each of its member countries has
its own economic characteristics.
How many SMEs have you supported in the last year?
In 2013, the FSA intervened to assist
AFRICA24 MAGAZINE N° 14
13 SMEs. In financial guarantees, the
fund granted guarantees to various
banks in the total amount of 18.6 billion CFA Francs (approximately 28
million Euros) for finance packages
accorded by these banks to 12 of those
SMEs for loan terms ranging from 2
to 8 years. The total amount of funding thus mobilised was 34.6 billion
CFA Francs (approximately 53 million
Euros). After, as for loan extensions,
the fund granted a refinancing for the
amount of 188 million CFA Francs (approximately 286,000 Euros), which
made it possible to extend the term
from 5 to 8 years for a loan granted
by a bank to an SME in the amount of
722.5 million CFA Francs (approximately 756,000 Euros). Furthermore, the
FSA also supported two microfinance
entities by acquiring a share in the
capital of one – for 360 million CFA
Francs (approximately 549,000 Euros) or a 10% stake and by extending
a guarantee in the amount of 390
million CFA Francs (approximately
594,000 Euros) for another, which
enabled it to obtain refinancing from
the banking system for a total sum of
650 million CFA Francs (approximately 991,000 Euros).
What are the causes of rejects?
Of course there are some rejects
(under 10) which can be attributed to
the poor quality of the applications
(immature or ill-structured projects)
or because the requests were for the
funding of pure trade (purchase and
resale of merchandise), a field that
is excluded from the FSA’s scope of
action.
Can you explain why SMEs have so
much trouble obtaining financing?
A variety of challenges are often encountered with SMEs: a legal status
or shareholder structure that does
not always inspire trust; low quality
of human resources and governance
resulting in poor organisational capacity; weak financial capacity characterised notably by inadequate equity;
inability to provide reliable information and documentation, including
financial statements, etc. Because of
the shortcomings mentioned, most
SMEs are not able to present banks
with well-substantiated business
plans that are consistent and realistic and meet generally accepted standards in financing requests. A lack or
insufficiency of guarantees on offer
also does not make things easier.
Do you think that African SMEs
should step out of the traditional
framework of bank financing: investment funds, lease-backs, private equity, tontines, etc.?
It would be a grave error for African
SMEs to not consider alternative financing sources to meet their needs.
We should also emphasise that it is
an error for banks, which cannot fund
everything, to at least perceive these
alternative financing sources as competitors. Indeed, they are complementary essential. Long absent from the
financial landscape, the emergence
of these new financing mechanisms
should be applauded. The diversification of financing sources dictates
that SMEs operate with a minimum
degree of discipline and improve
their profiles to meet the necessary
requirements. By doing so, they give
themselves the means to be more effective and more successful, which is,
in turn, beneficial to the entire community in both economic and financial terms. As for tontines, no one can
deny their significance. However, the
fact that such a system works outside
any legal framework and outside banking channels amounts to a non-negligible weakness.
May / July 2014
023
FINANCIA%>
financer sa pme FINANCING smes
Capitalisation
boursière, aussi
pour les PME
Going
public is
an option
for SMEs too
Les marchés boursiers africains s’ouvrent de plus en
plus aux PME. En voici quelques exemples.
70 PME AU Johannesburg
Stock Exchange
Parmi les pays précurseurs, l’Afrique
du Sud fait référence. Le Johannesburg
Stock Exchange (JSE) a permis à
plus de 70 PME sud-africaines de se
financer via un marché alternatif, l’AltX.
Certaines sociétés cotées sur ce marché
affichent des performances insolentes,
impossibles à obtenir sur le 1er marché.
Ainsi, Antennae manufacturer Poynting
024
mai / juillet 2014
a vu son capital augmenter de 1 300%
depuis 2011. Depuis le début de
l’année 2013, l’AltX a élargi son champ
d’action, offrant aux sociétés encore en
cours de prospection les Spac (sociétés
d’acquisition à vocation spécifique) ou
cash shells, un accompagnement vers
l’introduction boursière. L’AltX fait
des émules sur tout le continent. La
Bourse égyptienne, celle de Dar esSalaam, en Tanzanie, ou encore celle
du Kenya s’en sont inspirées pour leur
développement. Par exemple, adossée à
la Bourse de Nairobi, la NSE, s’est créé
un marché alternatif, AIM Alternative
Investment Market, sur le modèle de
l’AltX, avec un compartiment dédié aux
structures à taille réduite, le Growth
Enterprise Market Segment (Gems).
maroc : EXONÉRATION
à 50%
Le Maroc, pour sa part, a ouvert un
troisième compartiment (opérationnel
depuis 2004) pour faciliter l’accès
aux entreprises. Le gouvernement et la
Bourse de Casablanca (BVC) ont
récemment mis en place des incitations
fiscales sous forme d’exonération à
hauteur de 50% de l’impôt sur les
sociétés pour les trois premières
années de cotation. Les exigences ont
été également allégées : les autorités
boursières n’exigent qu’un seul
exercice certifié ; un plafonnement du
nombre de titres émis ; la mise en place
d’un contrat d’animation de 3 ans pour
soutenir la liquidité du titre, etc.
African stock markets are opening up
more and more to SMEs. Here are some examples.
T
he vast majority of the continent’s stock exchanges are
still in a structuring phase.
But some of them are already a few
steps ahead and the quality of their
operations rivals the markets of the
Northern hemisphere. Until recently
reserved for large companies, African
stock exchanges have grasped the
importance of opening up to SMEs.
For enterprises seeking financing –
to support growth or for recapitalisation – listing their company on the
stock market can bring a vital breath
of fresh air. Raising funds is faster
and less costly than on the banking
market. But it requires that compa-
Ghana : services
consultatifs
Grâce au concours de la BAD, depuis
2003, le marché alternatif du Ghana
(GAX) propose aux PME de les
accompagner pour une introduction
boursière, notamment en leur offrant
des services consultatifs, une prise
en charge des frais d’introduction ou
encore un allégement du dispositif
légal. Mais après plus de 10 ans
d’existence, le GAX n’a pas encore
trouvé son modèle économique.
ratio du volume des transactions boursières (en %)
STOCK MARKET TRANSACTION VOLUME RATIO (AS %)
© Ocean/Corbis
P
our la grande majorité, les places
boursières du continent sont encore en cours de structuration.
Mais certaines d’entre elles ont déjà
une longueur d’avance et leur fonctionnement n’a rien à envier aux places de
l’hémisphère nord. Jusque-là réservées
aux capitalisations des grandes sociétés, les Bourses africaines ont compris
l’importance de s’ouvrir aux PME. Une
ouverture de capital pour les entreprises en quête de financement – pour
soutenir leur expansion ou pour leur
recapitalisation – peut être une bouffée
d’air nécessaire. La levée des fonds est
plus rapide et moins coûteuse que sur
le marché bancaire. Mais elle requiert,
de la part des entreprises, la présentation de données stables et de perspectives attrayantes pour les investisseurs.
Le Maroc, la Tunisie, l’Afrique du Sud,
le Kenya ou encore le Ghana ont su
adapter les règlementations boursières
aux besoins des PME, réduisant les prix
du ticket d’entrée et des frais de gestion
et assouplissant les procédures administratives et les garanties. Mais le financement sur capitalisation boursière
ne représente encore qu’une infime
part des financements aux PME, moins
de 8% en 2011, selon le FMI.
Repère statistique médian /
Median statistical benchmark
5,5
Valeur observée / Observed value
5
Repère statistique médian /
24
Valeur observée / Observed value
20
18
16
3,5
14
3
12
2,5
10
2
8
1,5
6
1
4
0,5
2
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
Source : base de données FinStats et estimations des services du FMI. / FinStats database and IMF estimates.
AFRICA24 MAGAZINE N° 14
Median statistical benchmark
22
4
2002
70 SMEs on Johannesburg Stock
Exchange
Among the pioneering countries,
capitalisation boursière (en % du pib)
MARKET CAPITALISATION (AS % OF GDP)
4,5
0
nies present stable data and attractive prospects for potential investors.
Morocco, Tunisia, South Africa, Kenya
and Ghana have succeeded in adapting their stock exchange regulations
to the needs of SMEs by reducing the
initial outlay and management fees
and softening administrative procedures and guarantees. But company
financing through an IPO still represents only a small fraction of SME
financing: it was less than 8% in 2011
according to the IMF.
0
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
Source : base de données FinStats et estimations des services du FMI. / FinStats database and IMF estimates.
AFRICA24 MAGAZINE N° 14
2009
2010
2011
South Africa is a good example. The
Johannesburg Stock Exchange (JSE)
has enabled more than 70 South African SMEs to finance their operations
through an alternative market, AltX.
Some companies listed on this market
have achieved unheard of results that
are impossible to obtain on the main
market. For example, antennae manufacturer Poynting has seen its capital
surge 1300% since 2011. Since the beginning of 2013, AltX has broadened
its field of action, offering companies
that are still in the prospecting phase,
SPACs (special purpose acquisition
companies) or cash shells, assistance
toward listing on the market. AltX is
spawning imitators across the continent. The Egyptian stock exchange,
the Tanzanian stock exchange in
Dar es Salaam and the Kenyan stock
market have all taken cues from it to
drive their own growth. For example,
the AltX model prompted the creation
of an alternative market backed by
the Nairobi Securities Exchange: the
AIM Alternative Investment Market,
which has a compartment dedicated
to small-scale structures, the Growth
Enterprise Market Segment (GEMS).
Morocco: 50% exempt
Meanwhile, Morocco opened a third
compartment (operational since 2004)
to facilitate access for enterprises.
The government and the Casablanca
Stock Exchange (BVC) recently instituted tax incentives by offering
to exempt 50% of corporation tax
for the first three years after the
IPO. Requirements were also eased:
stock exchange authorities only require certification for one full reporting
period; the number of shares issued is
capped; a three-year oversight plan
is put in place to support the listing’s
liquidity, etc.
Ghana: advisory services
With the help of the African Development Bank (AfDB), since 2003 the
Ghanaian alternative market (GAX)
has offered SMEs assistance with
their initial public offering, notably by
providing advisory services, covering
listing fees and streamlining the legal
mechanism. After more than 10 years
of existence, the GAX has not yet
found its economic model.
May / July 2014
025
FINANCIA%>
financer sa pme FINANCING smes
Tombodo
Ywassa
the following reasons: non-adherence
to management standards (inadequate equity capital, non-adherence
to key ratios, etc.), inadequate information, poor understanding of the
economic climate, inadequate technical knowledge.
Chef du service Contrôle
interne et conformité
au fonds Gari.
Le fonds Gari est un fonds
de garantie qui intervient
dans les quinze pays de la
CEDEAO. Il a été créé en 1994
à l’initiative des bailleurs
de fonds internationaux et
d’institutions financières sousrégionales en tête desquelles la
BOAD (Banque ouest-africaine
de développement). Le fonds
Gari est doté d’un capital de
12,9 milliards de francs CFA
depuis sa création. À ce jour,
ses fonds propres sont de 25
milliards de francs CFA environ
au 31 décembre 2013.
Quels sont les secteurs les plus
porteurs pour les PME ?
Les secteurs les plus porteurs dans
notre zone d’intervention sont les secteurs à valeur ajoutée, des transformations de matières premières, etc.
On lit partout que le financement
des PME africaines est complexe
car justement pas assez flexible
et peu adapté aux réalités du
026
mai / juillet 2014
We read everywhere that financing African SMEs is complicated
precisely because it is not flexible
enough and is ill-suited to the realities of the continent. What do you
think?
It is true that an assessment of SME financing uncovers many dysfunctions
and gaps; what one should remember,
however, is that it is incumbent upon
SMEs to enter the modern era by
complying with best practices and the
usual norms in the various business
sectors in question. All the mechanisms that exist to help SMEs can only
be effective and efficient if that challenge is handled seriously.
“The SME must enter
the modern era”
« La PME doit
rentrer dans la
modernité »
Tombodo
Ywassa
continent. Qu’en pensez-vous ?
Il est vrai que l’évaluation du financement des PME révèle de nombreux dysfonctionnements et hiatus ; ce qu’il faut
cependant retenir, c’est qu’il appartient
aux PME de rentrer dans la modernité
en se conformant aux bonnes pratiques
et aux normes habituelles dans les différents secteurs d’activité concernés.
Tous les dispositifs d’aide aux PME ne
seront efficaces et efficients que si cet
effort est sérieusement fourni.
Quels types de freins les PME
rencontrent-elles lors de la
constitution des dossiers de
financement ? Quelles solutions
pouvez-vous y apporter ?
Le principal obstacle lors de la constitution des dossiers de financement tient
essentiellement à la qualité des dossiers. Il s’agira de présenter un document précis, bien élaboré. En cas de
besoin, il faudra le faire établir par un
spécialiste (cabinets, conseils et autres
bureaux d’études…). Le Gari, dans son
instruction du projet à garantir, examine
tous les aspects pertinents et donne des
orientations visant à rendre le projet
bancable. L’intervention du Gari constitue, et doit être perçue, comme de la
valeur ajoutée au projet. Quel que soit
le type de financement envisagé ou souhaité, il y aura des règles, des normes
auxquelles se conformer ; de ce fait, il
appartient aux PME africaines de respecter la transparence, la rigueur, la
bonne gouvernance… Cet effort contribuera déjà à résoudre l’essentiel des difficultés dénoncées par tous.
AFRICA24 MAGAZINE N° 14
Head of Internal Audits
and Compliance
at the Gari Fund.
The Gari Fund is a guarantee
fund that operates in the 15
ECOWAS countries. It was created in 1994 on the initiative
of international donors and
regional financial institutions,
led by the West African Development Bank. The Gari Fund
was created with capital of 12.9
billion CFA Francs. Its equity
capital stands at approximately
25 billion CFA Francs as of 31
December 2013.
AFRICA24 MAGAZINE N° 14
© Service Presse
© Riccardo VENTURI/CONTRASTO-REA
Combien de PME avez-vous
soutenues ? Sur quelles durées ?
Combien en refusez-vous ? Pour
quelles raisons ?
Durant l’année 2012, quarante-sept
dossiers ont été examinés par les instances du fonds pour un montant global de 49,9 milliards de francs CFA.
Trente-sept dossiers ont été approuvés
pour un montant de 41,067 milliards
de francs CFA. De façon générale, les
engagements du Gari vont de 24 à 120
mois au maximum. En général, les
raisons de refus de dossiers sont les
suivantes : non-respect des normes de
gestion (insuffisance de fonds propres,
non-respect des principaux ratios…),
insuffisance d’informations, non-maîtrise de l’environnement économique,
insuffisance de maîtrise technique.
What are the most profitable sectors for SMEs?
The most profitable sectors in our field
of action are value-added industries,
the processing of raw materials, etc.
How many SMEs have you supported? For what financing periods?
How many do you turn down and for
what reasons?
In 2012, the fund’s working bodies
examined 47 applications for a total
amount of 49.9 billion CFA Francs. Of
these, 37 were approved for a total
sum of 41.067 billion CFA Francs. As
a general rule, Gari commitments
range from 24 months to a maximum of 120 months.
Usually, applications are denied for
What types of obstacles do SMEs
encounter when assembling their
financing applications? What solutions can you provide?
The main obstacle when assembling
financing applications is essentially
linked to the quality of the applications. The document presented must
be accurate and well-prepared. If
necessary, it should be compiled by
a specialist (firm, consultancy and
other research offices, etc.). When
examining a project seeking a guarantee, the Gari Fund considers all relevant aspects and gives suggestions
that aim to make the project bankable. Gari backing is and should be
perceived as value added to the project. Regardless of the type of financing envisioned or desired, there will
be rules and standards to conform to;
as a result, it is up to African SMEs
to honour the principles of transparency, discipline, good governance…
Such an effort would already go a
long way to resolving most of the
problems decried by everyone.
May / July 2014
027
FINANCIA%>
financer sa pme FINANCING smes
Seeking new modes
of financing
© JPM/Corbis
À la recherche
de nouveaux
modes de
financement
Pourcentage d’entreprises déclarant que cet obstacle
est « important » ou « très inquiétant »
Percentage of companies that said the obstacle
was “important” or “very worrying”
Pays à faible revenu / Low-income country
Private Equity, Business
Angels et crowdfunding sont
devenus des termes courants
dans le monde de la finance.
C
omme disait Miles Morland, l’un
des pionniers de l’investissement
sur le continent : « En Afrique, il
y a des centaines d’offres, mais il faut
aller les chercher. En Occident, les banquiers d’investissement vous apportent
des offres… [Mais], en Afrique, les
banques d’investissement sont au bas
de la chaîne alimentaire. Vous avez
besoin d’aller traîner dans les bars…
pour trouver les offres. » Désormais,
plus besoin d’écumer les bars pour
trouver des contacts et des investisseurs
capables de prendre des risques pour
donner sa chance à l’entreprise. Avec le
développement des modes de communication, investisseurs et entrepreneurs se
rencontrent sur Internet, même si, passé
le premier stade de la prise de contact,
le business ne se fait que si des gages
de soldes, autant dans la conception que
dans les perspectives de développement
de l’entreprise, sont présentés.
Private Equity,
la plus ancienne
des formes innovantes
Alors que, dans les pays asiatiques, les
fonds en Private Equity représentent
63% des transactions, ils en représentent à peine 4% sur les marchés
émergents. Selon la société américaine
028
principaux obstacles ressentis par les pme africaines : variations selon le niveau de revenu des pays
MAIN OBSTACLES PERCEIVED BY AFRICAN SMEs: VARIATIONS ACCORDING TO COUNTRY INCOME LEVEL
mai / juillet 2014
Preqin, spécialisée dans les études de
marché et la levée de fonds, il n’y aurait
en tout que 57 fonds de Private Equity
axés sur l’Afrique (dont la moitié se
trouve en Afrique du Sud). La collecte
de fonds varie selon les années, de 2 à
40 milliards de dollars. La plupart de
ces fonds sont gérés par d’importantes
structures telles que Hélios Capital
Partners, Citadel Capital et African
Capital Alliance, Standard Chartered
Private Equity… pour ne citer qu’elles.
Business Angels :
un réseau d’investisseurs
privés
L’Afrique du Sud, une fois encore, est à
la pointe en termes d’offres de financement. Des dizaines de réseaux de Business Angels se sont créés avec des facilités d’accès au financement. Ces fonds
peuvent être spécialisés par domaine
d’intervention, comme le Africa Media
Ventures Fund, dédié aux entreprises
dans les médias et la communication,
ou comme eVentures Africa Fund,
spécialisé dans les nouvelles technologies. Avec plus de 29 000 investisseurs
et 8 milliards de rands d’actifs, Angel
Investment Network est l’un des plus
importants réseaux de Business Angels
en Afrique. Basé en Afrique du Sud, ce
50%
Pays à revenu intermédiaire ou élevé / Mid- or high-income country
Total
40%
30%
20%
10%
0%
Accès au financement
Access to finance
Fiscalité
Tax
électricité
Electricity
Incertitudes
politiques
Political uncertainty
Corruption
Source : Rapport sur la compétitivité en Afrique 2007 - Banque africaine de développement
Competitivity report for Africa - 2007 - AfDB.
.
réseau propose également un accès
online aux entreprises locales. D’autres
ont profité du soutien de structures
internationales. Acumen Fund, créé en
2001, a bénéficié d’un apport de capital de la fondation Cisco et de la fondation Rockefeller. Aujourd’hui, Acumen
compte 75 PME dans son portefeuille
dans tous les secteurs de l’économie.
Crowdfunding :
financement 2.0
Avec le développement des réseaux
sociaux et des nouveaux modes de
partage d’informations se sont développés de nouveaux modes de financement à destination de PME non cotées en Bourse, en phase de création
ou qui cherchent à étendre leurs activités. L’Equity based Crowdfunding, ou
finance participative, permet de faire
appel à un grand nombre d’investisseurs, plus ou moins importants, en
échange d’une prise de participation
en actions dans l’entreprise ou d’un
versement de dividendes en cas de
plus-values. Ainsi, l’investisseur est
aussi actionnaire de l’entreprise. Venu
des USA, ce mode de financement
s’est développé surtout dans les pays
d’Afrique de l’Est, plus habitués aux
innovations financières.
AFRICA24 MAGAZINE N° 14
Private equity, business angels and crowd funding
have become commonplace terms in the world of
finance.
A
s Miles Morland, a trailblazer
in investing in Africa, said: “In
Africa, there are hundreds of
offers, but you have to go out and find
them. In the West, investment bankers
will bring the offers to you... [But], in
Africa, investment banks are at the
bottom of the food chain. You have to
go hang about in the bars ... to find the
deals.” Now it is no longer necessary
to comb the bars to find contacts and
investors who are able to take risks to
give a company a chance. As means
of communication have developed,
investors and entrepreneurs find each
other on the Internet, although after
the stage of initial contact, business is
only completed if sound pledges and
guarantees are presented with respect
both to the concept and to the company’s growth outlook.
Private equity, the oldest of the
innovative formats
Whereas in Asian countries, private
equity funds account for 63% of
transactions, they barely amount to
4% of transactions in emerging mar-
AFRICA24 MAGAZINE N° 14
kets. According to the American firm
Preqin, which specialises in market studies and fund raising, there are a total
of just 57 private equity funds focused
on Africa (half of which are in South
Africa). The amount of funds raised
varies each year, ranging from 2 to 40
billion dollars. Most of these funds are
managed by large institutions such as
Helios Capital Partners, Citadel Capital
and African Capital Alliance, Standard
Chartered Private Equity – just to mention a few.
Business angels: a network of
private investors
South Africa, once again, is at the cutting edge in terms of financing offers.
Dozens of business angel networks
have been created with ready access
to financing. These funds may be
specialised according to their sector
of interest, like the Africa Media Ventures Fund, which is dedicated to media and communication firms, or the
eVentures Africa Fund, which focuses
on new technologies. With more than
29,000 investors and 8 billion Rands in
Délits
Crime
Qualifications de
la main-d’œuvre
Qualifications
of workforce
Droit du travail
Employment law
assets, the Angel Investment Network
is one of the most important business
angel networks in all of Africa. Based
in South Africa, this network also provides online access to local companies.
Others have enjoyed support from international structures. Acumen Fund,
created in 2001, benefited from capital
contributions by the Cisco Foundation
and the Rockefeller Foundation. Now
Acumen has 75 SMEs in its portfolio representing all sectors of the economy.
Crowd funding: financing 2.0
With the development of social
networks and new ways of sharing
information, we have also seen the
emergence of new ways of financing
for SMEs that are not listed on the
stock exchange, are still in the start-up
phase or are looking to expand their
operations. Equity-based crowd funding, or participatory finance, enables
firms to call on a great number of investors, of more or less limited means,
in exchange for a share in the company’s capital or a dividend disbursement
if there are profits. Thus the investor
is also a shareholder in the company.
This financing approach originated in
the United States and has developed
the most in the countries of East Africa, where financial innovation is more
common.
May / July 2014
029
FINANCIA%>
financer sa pme FINANCING smes
« Financement africain
aux projets africains »
© Jenny Matthews/PANOS-REA
030
Vous voulez « un financement
africain pour des entreprises
africaines ». Pouvez-vous nous
en dire plus ?
Notre cabinet propose, au niveau africain, de changer de vision en matière
de financement, en lançant le slogan
« Financement africain aux projets
africains ». Il s’agit, à travers une telle
proposition, de fédérer les énergies autour d’une vision partagée, consistant à
compter d’abord sur nos propres ressources pour mieux commander nos
leviers de développement. C’est possible grâce à un peu de volonté politique. Concrètement, la vision consiste
à favoriser la création, au niveau de
chaque Etat, des instruments financiers
de développement comme une banque
de développement, un fonds de prise de
mai / juillet 2014
Magaye Gaye
Magaye Gaye
Directeur général du cabinet de
recherche de financement GMC Conseils,
basé à Dakar, au Sénégal.
participation et un fonds de garantie ;
l’idée consiste aussi à instaurer un mécanisme pérenne d’abondement de ces
instruments par l’utilisation partielle
des ressources du Fonds d’aide à l’intégration régionale (FAIR) de l’UEMOA et
une partie des réserves de la BCEAO.
Comment procédez-vous ?
Notre cabinet propose des mécanismes
de prélèvement fiscaux comme par
exemple une taxe sur le tabac ou les
activités touristiques, une taxe appliquée
sur le chiffre d’affaires des sociétés
de télécommunication et des loteries
nationales ou encore un prélèvement
direct sur les droits de douane de
produits stratégiques qu’on veut
décourager.
Afin d’éviter les problèmes de mauvaise
gouvernance notés dans la gestion des
banques de développement de l’Afrique
subsaharienne dans les années 1980, un
système de bonne gouvernance pourrait
consister à coopter des banques comme
la BOAD et la BAD comme actionnaires
détenant la minorité de blocage dans les
nouveaux instruments à créer et à trouver
des partenaires techniques solides dans
des pays comme la Tunisie ou le Maroc
qui ont déjà fait leurs preuves dans la
gestion de ce type d’institutions.
Comment fonctionne le système de
financement par tontines ?
Effectivement le financement des PME par
les tontines constitue une des pistes proposées par notre cabinet dans sa vision
« d’un financement africain aux projets
africains ». A l’issue d’une vaste concertation menée avec les professionnels, des
organisations internationales et quelques
entreprises du monde francophone, au
travers d’un processus d’enquête, l’initiative semble rencontrer une adhésion unanime. La tontine devrait présenter une valeur ajoutée réelle par rapport au système
de financement traditionnel (banques). A
cet effet, elle présentera beaucoup d’avantages pour les entreprises sélectionnées.
Pas de taux d’intérêt : seule une contribution de 3% servant à alimenter le fonds
de garantie. Fini les contraintes de fonds
propres ; pas de coûts de garantie exorbitants, juste des formalités liées à la mise
en place de quelques garanties légères
pouvant assurer la viabilité globale du
système. Une meilleure planification des
investissements par les entreprises participantes en fonction de la date de tirage
attendue.
Est-il déjà en application ?
Il ressort de l’enquête préliminaire que le
système à mettre en place devrait concerner à titre expérimental une douzaine
d’entreprises, à choisir selon des critères
basés sur la qualité de la signature.
D’où proviendront les fonds ?
Le montant de la cotisation mensuelle
devrait être de 5 millions de francs CFA
avec une période de tirage au sort tous les
2 mois. Afin de mieux consolider la solvabilité d’ensemble du système, le cabinet
GMC Conseils a retenu la commission de
l’UEMOA et la Banque africaine de développement comme sponsors de la tontine. Il est attendu de ces deux institutions
le renforcement du fonds de garantie.
Les fonds à collecter feront l’objet d’un
suivi rapproché et rigoureux par chaque
membre et par les sponsors. Le cabinet
GMC Conseils apportera son expertise
dans la formulation des projets et dans le
conseil financier et stratégique.
AFRICA24 MAGAZINE N° 14
© Nadia Lamarkbi
GMC Conseils propose différents
types de financement. Pour quels
types d’entreprises ? Combien
d’entreprises ont-elles bénéficié
de vos fonds ?
Notre offre concerne plusieurs types de
financement : les prêts et lignes de crédit
à court terme, dont notamment les crédits de campagne, les concours à moyen
terme, le crédit-bail, les fonds propres et
la garantie. Le seuil minimum d’intervention de notre cabinet est de 200 millions
de francs CFA (environ 400 000 dollars).
Aujourd’hui, des multinationales de
grande taille nous font confiance dans
leur recherche de financement avec
des besoins de financement moyens de
l’ordre de 20 millions de dollars par projet. Les durées de remboursement varient
en fonction de la nature des concours
et se situent en général entre 1 et 7 ans.
Notre ambition est de faciliter l’accès au
financement à des entreprises à fort potentiel. Nous avons d’ailleurs, au cours de
notre parcours professionnel, contribué
à faciliter la mobilisation de ressources
financières pour un montant de 34 milliards de francs CFA (environ 68 millions
de dollars) en faveur d’une quinzaine de
projets dans les secteurs des infrastructures, de l’agro-industrie, de la finance et
des télécommunications.
“African financing for African
projects”
GMC Conseils offers different types
of financing. For which kinds of companies? How many companies have
received funding from you?
We offer several types of financing:
short-term credit lines and loans, including seasonal credit, medium-term
assistance, lease-backs, equity capital
and guarantees. The minimum financing package for our firm is 200 million
CFA Francs (approximately 400,000
dollars). Today, large multinational
enterprises trust us to handle their
search for funds, with average financing needs on the order of 20 million
dollars per project. The repayment
periods vary according to the nature
of the instrument and generally range
from one to seven years. Our goal is
to facilitate access to financing for
enterprises with strong potential. Furthermore, over the course of our professional endeavours, we have helped
raise financial resources of 34 billion
for CFA Francs (approximately 68 million dollars) for some 15 projects in the
infrastructure, agri-food, finance and
telecommunications sectors.
You advocate for “African financing
for African companies.” Could you
tell us more about that?
Our firm introduced the slogan “African financing for African projects” to
spark a change in mind-set across the
African continent. The point of such a
proposal is to focus energy around a
shared vision that aims to rely first on
our own resources to better control our
levers for development. This is possible
with little political will. Concretely, it
consists of promoting the creation of
financial instruments for development
AFRICA24 MAGAZINE N° 14
Managing Director of GMC Conseils,
a consultancy specialising in identifying
financing based in Dakar, Senegal.
at the level of each state; these could
include a development bank, an equity
fund or a guarantee fund. The idea also
entails the establishment of an ongoing
mechanism to match these instruments that draws some of its resources
from the WAEMU Regional Integration
Assistance Fund and some from the reserves of the Central Bank of the West
African States.
How do you proceed?
Our firm also offers tax withholding mechanisms, such as a tax on
tobacco or tourism activities, a tax
applied to the turnover of telecom
companies and national lotteries,
or direct withdrawals from customs
duties for strategic products to be
discouraged. To prevent the bad
governance issues observed in the
management of development banks
in sub-Saharan Africa in the 1980s,
a good governance system could
consist of co-opting banks like the
West African Development Bank and
AfDB as shareholders that form a
blocking minority in the new instruments that are created and finding
sound technical partners in countries
like Tunisia or Morocco which have
already proven themselves in managing this type of institution.
How does the tontine funding system work?
Financing SMEs through tontines
is one of the pathways proposed by
our firm as part of its vision of “African financing for African projects.”
After a massive consultation survey
carried out with professionals, international organisations and a few
enterprises from the francophone
world the initiative appears to meet
with unanimous buy-in. The tontine
format should offer real added value
compared with the traditional financing system (banks). In this capacity,
it will boast many advantages for the
companies selected: no interest – just
a 3% contribution that will supply
the guarantee fund; no more equity
constraints; no exorbitant costs – just
formalities linked to establishing a
few modest guarantees to ensure the
overall viability of the system; better
investment scheduling by participating companies according to the
expected drawing date.
Has it already been implemented?
The preliminary survey indicated that
the system implemented should, on
an experimental basis, involve a dozen
enterprises which should be chosen
based on rigorous criteria assessing
their credit-worthiness.
Where will the money come from?
The monthly contribution should be
around 5 million CFA Francs with a
random drawing every two months.
In order to better strengthen the
solvency of the entire system, GMC
Conseils has chosen the WAEMU
commission and the African Development Bank to sponsor the tontine.
It is expected that these two institutions will reinforce the guarantee
fund. The funds to be collected will be
monitored closely and rigorously by
each member and by the sponsors.
GMC Conseils will lend its expertise
in project definition and financial and
strategic consulting.
May / July 2014
031
FINANCIA%>
financer sa pme FINANCING smes
Traditional financing:
tontine, twiza, and so on
Before the advent of banks,
financing and other usury systems,
Africans already had their own
ways of raising funds. Traditional
financing is in.
© Anthony Asael/Art in All of Us/Corbis
entreprises de taille moyenne
MEDIUM-SIZED ENTERPRISES
La finance
traditionnelle :
tontine, twiza, etc.
32%
28%
Avant l’avènement des banques, de la finance et des autres systèmes usuriers,
les Africains avaient déjà leurs propres moyens de lever des fonds. Les
financements traditionnels ont la cote.
U
ne étude menée au Cameroun
par Emmanuel Beyina et Claude
Bekolo sur le financement des
PME innovantes a montré que les
entreprises privilégiaient les modes
de financement traditionnels : 46,67%
des PME interrogées recourent à la
tontine contre 43,33% à l’emprunt
bancaire, sachant que 23,33% d’entre
elles passent exclusivement par la tontine et 20% par l’emprunt bancaire.
Ces chiffres montrent l’importance de
la finance informelle, comme certains
la nomment, car hors de tout contrôle
des institutions. Les entrepreneurs ont
toujours eu recours aux circuits informels pour se financer, d’abord par le
cercle proche, famille, amis mais aussi par le biais de la communauté. Ces
modes de financement prennent plusieurs appellations selon les régions
du continent : susu ou esusu et tontines en Afrique de l’Ouest, ou stokvels
en Afrique du Sud.
032
mai / juillet 2014
La tontine : la forme la
plus répandue
Le principe de la tontine est la mise en
commun des ressources par un groupe
d’individus. Il peut s’agir de versements
mensuels ou trimestriels. Les fonds recueillis seront prêtés sans intérêt à l’un
des membres, qui devra rembourser à
échéance souvent courte. Aucun moyen
de contrôle n’est imposé, tout est basé
sur la relation de confiance.
La twiza au Maghreb
Le système de twiza, en Afrique du Nord,
fonctionne sur le même principe mais
cette mise en commun des ressources est
élargie à des contributions physiques, à la
construction d’un bâtiment par exemple,
à l’achat de gros matériels ou encore à
l’aide à la récolte dans les champs.
Le susu, basé sur l’usure
Dans le susu ou esusu, une cotisation
mensuelle est déposée chez un collecteur
qui versera en une fois la somme récoltée
auprès de personnes n’ayant aucun lien
entre elles, contrairement à la tontine,
qui suppose une confiance et donc un
lien entre les déposants. Le collecteur de
susu se paye sur les fonds récoltés à hauteur d’une mensualité individuelle. Cette
forme est certainement l’ancêtre de la
banque de dépôt.
La stokvel, devenue un
produit bancaire
La stokvel est l’appellation en swahili de
la tontine, son fonctionnement est identique. Désormais, c’est aussi le nom d’un
produit financier proposé par la First
National Bank. Connaissant les habitudes
locales, la banque sud-africaine s’est
dotée de comptes bancaires spéciaux stokvels pour l’épargne de groupe. Actuellement, ces comptes représentent une
part importante des actifs de la banque,
sachant que près d’un Sud-Africain sur
dix est membre d’une stokvel.
AFRICA24 MAGAZINE N° 14
43%
44%
Source : Making Finance Work for
Africa, Banque mondiale.
A
study
carried
out
in
Cameroon by Emmanuel
Beyina and Claude Bekolo
on the financing of innovative SMEs
showed that enterprises favour
traditional means of financing:
46.67% of the SMEs surveyed use
tontine arrangements and 43.33%
rely on bank loans. More specifically, 23.33% of them use tontines
exclusively and only 20% use bank
loans. These figures show the importance of informal financing, as
some call it, because it is beyond
the control of institutions. Since the
beginning of time, entrepreneurs
have turned to informal circuits for
financing: first to their inner circle
of family and friends, but also working through the community. These
modes of financing have many different names according to the region of the continent: susu, esusu
and tontine in West Africa or stokvel in South Africa.
AFRICA24 MAGAZINE N° 14
22%
Accès au coût du financement
Access to cost of finance
Fiscalité
Tax
électricité
Electricity
Corruption
Qualification de la main-d’œuvre
Qualification of workforce
Tontine: the most widespread type
The principle of the tontine calls for
a group of individuals to pool their
resources. The payments may be
monthly or quarterly. The funds collected will be loaned free of interest
to one of the members, who must
reimburse the funds over an often
short period. No means of control is
imposed; everything is based on a
relationship of trust.
tor, who will make a lump sum payment of the amount collected from
persons who are not bound to each
other in anyway. This is different from
the tontine, which assumes trust, and
therefore a connection, between
depositors. The susu collector pays
himself an individual monthly fee out
of the funds collected. This system is
undoubtedly the forerunner of deposit banking.
The twiza in North Africa
In North Africa, the twiza system operates according to the same principle,
but the resource pooling is expanded
to include physical contributions –
participation in building construction, for example, the purchase of
heavy equipment or assistance with
harvesting the fields.
The stokvel, now a banking product
Stokvel is the Swahili name for tontine; it works in precisely the same
way. Now it is also the name of a financial product offered by the First
National Bank. Familiar with local
habits, the South African bank set up
special stokvel accounts for collective savings. The accounts currently
represent a significant share of the
bank’s assets, which makes sense
given that nearly 10% of South Africans are members of a stokvel.
The susu, based on usury
With the susu or esusu, a monthly
contribution is given to a susu collec-
May / July 2014
033