LES ATTENTES ET LES PERCEPTIONS DE L`ACCUEIL
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LES ATTENTES ET LES PERCEPTIONS DE L`ACCUEIL
LES ATTENTES ET LES PERCEPTIONS DE L’ACCUEIL TOURISTIQUE PAR LES TOURISTES ET LE PERSONNEL Marc LeBlanc, Université de Moncton L’accueil touristique est une notion qui occupe une grande place tant pour les touristes, les intervenants et le personnel touristique. Gouirand (1994)* affirme que le tourisme et l'accueil semblent indissociables d’autant plus que, comme l’indiquent Dulude et Bastien (1998), la clientèle touristique se révèle deux fois plus sensible à la qualité de l'accueil qu'aux autres expériences de séjour (p. 23). Seydoux (1984) et Tremblay (1991) vont jusqu’à affirmer que « Accueil = Tourisme à Valeur Ajoutée (TVA) ». Seydoux (1984) avance cette hypothèse en y voyant l’alternative à la médiocrité en tourisme en privilégiant l'approche vers l'être humain (p. 219). Tremblay (1991) émet ses commentaires en déclarant que l'accueil a pour objet « d'optimiser la satisfaction du touriste durant son séjour » (p. 11). L’accueil occupe une place importante dans le discours touristique malgré qu’il s’agit d’un concept à la fois imprécis et régulièrement assimilé au service à la clientèle. Nous avons déjà souligné que Gouirand (1988, 1994) est le seul à s’attarder à examiner les différences entre le service et l'accueil (LeBlanc, 2001). L’objectif de la présente étude est de savoir s’il existe des différences entre les attentes et les perceptions des touristes et entre les perceptions des touristes et celle du personnel touristique en fonction des énoncés définissant l’accueil touristique. Définition et description de l’accueil LeBlanc (2000) soulignait qu’il existait très peu de travaux abordant le concept de l’accueil, en soi, et ce sans l’intégrer dans la notion de service à la clientèle. Parmi les quelques définitions de l’accueil (Seydoux, 1983; Béchard, 1987; Chaspoul et Tomatis, 1987; Balfet, 1991; Tremblay, 1991), LeBlanc considère que celle de Gouirand (1994) est la plus complète, c’est-à-dire « L'accueil est une médiation qui comprend un ensemble d'attitudes, de gestes, et de choses qui fait passer une personne ou une idée de l'extérieur à l'intérieur d'un lieu ou d'une communauté, et qui transforme l'étranger en une personne ou une idée, connue et acceptée » (p. 11). À partir des travaux de Gouirand, on considère l’accueil comme étant un processus de trois enchaînements logiques : la reconnaissance, l'hospitalité et le maternage. LeBlanc (2000 et 2003) a procédé à des études exploratoires dans le but d’identifier des énoncés correspondants à ces trois enchaînements. Ainsi, la reconnaissance est, selon Gouirand, l'attente la plus importante de celui que l'on accueille. Le touriste veut être reconnu comme personne humaine dans ce qu'il a conscience d'être et dans ce qu'il tend à être (son mythe). Selon LeBlanc, il existe sept énoncés (les gestes) concrets de cette première phase parmi lesquels on retrouve le sourire, la salutation et la politesse. Pour ce qui est de l’hospitalité, soit une attente normale et souhaitable qui se traduit par le moment de l’admission du touriste dans le cercle de la famille (Gouirand, 1988), LeBlanc a identifié neuf gestes allant d’être heureux de voir le touriste, à l’assurance de le renseigner adéquatement. Enfin, le maternage est la prise en charge de l'hôte résultant directement du sentiment d'appartenance exprimé lors de l'hospitalité. Un total de 14 gestes sont identifiés à cette phase, notamment, le fait de reconnaître le touriste après plusieurs gestes, l’invitation à entrer, l’offre d’un cadeau et la poignée de main. Précisons que Gouirand (1988, 1994) à examiner les différences entre le service et l'accueil. Il reconnaît que la différenciation accueil/service reste floue. Néanmoins, il délimite ces deux champs en postulant qu'il y a acte d'accueil pour tout contact entre deux ou plusieurs personnes et pendant toute la durée de ce contact. D'autre part, le service « relève de la prestation et tend à la satisfaction d'un besoin par l'accomplissement parfait d'une tâche » (p. 25). Nous avons déjà suggéré que l’accueil peut se différencier du service dans la mesure où il s’agit (a) de gestes volontaires et (b) de l’intention de l’hôte d’aider l’étranger à s’intégrer à la communauté d’accueil (LeBlanc, 2001). Méthodologie En reprenant la définition de Gouirand et les gestes identifiés par LeBlanc, nous avons mené deux enquêtes durant l’été 2004 dans la municipalité de Shédiac, ville de villégiature au Nouveau-Brunswick. Nous avons interviewé 101 touristes durant leur passage à Shédiac et leur avons demandé d’identifier leur attentes avant de venir dans cette ville et dans quelle mesure ces attentes, donc la perception, avait été rencontrées. Avec les mêmes énoncées (les gestes), nous avons interviewés 175 employés d’entreprises touristiques de cette même ville afin de connaître leur perception dans l’accomplissement des mêmes gestes qui constituent les attentes et les perceptions des touristes. Résultats Le tableau 1 démontre que les gestes liés aux perceptions des touristes sont supérieurs à leurs attentes (22 à 8, dont 6 sont significatifs) et que les gestes de perceptions du personnel sont supérieurs à celles des touristes (29 à 1, dont 23 sont significatifs). La figure 1 ci-dessous démontre clairement que le personnel perçoit faire des gestes d’accueil qui sont nettement supérieurs à ceux reçus par les touristes. Discussion Il est clair que le personnel touristique considère que leur accueil est supérieur à ce que les touristes perçoivent dans les gestes que nous avons retenus. On constate d’ailleurs des différences statistiques significatives pour 23 des 30 gestes avec des moyennes supérieures en faveur du personnel. Toutefois, il est intéressant de constater que les attentes des touristes sont dépassées par l’accueil qu’ils reçoivent lors de leur séjour à Shédiac. Il existe peut-être deux « solitudes » quant aux gestes d’accueil, soit d’un côté les touristes et de l’autre le personnel touristique. Des actions concrètes peuvent être entreprises afin de régulariser la situation. Il est d’abord important de faire connaître les véritables gestes d’accueil (qui sont « volontaires » comparativement au service) au personnel touristique. La singularité de certains gestes (par exemple, offre d’un cadeau, la poignée de main, la prise en charge, le changement des habitudes du personnel en fonction du touriste, etc.) peut surprendre le personnel touristique. Mais n’est-ce pas dans cette surprise que le véritable accueil se produit? La connaissance, la maîtrise et la mise en oeuvre de ces gestes pourraient faire une grande différence dans l’expérience touristique des visiteurs lors de leur séjour. Des analyses plus approfondies en fonction du profil des touristes et de celui du personnel ainsi que le mode d’hébergement et la fréquence des séjours devraient être envisagées dans des travaux ultérieurs pour mieux comprendre le concept de l’accueil. ABSTRACTS of Papers Presented at the Eleventh Canadian Congress on Leisure Research May 17 – 20, 2005 Hosted by Department of Recreation and Tourism Management Malaspina University-College Nanaimo, B.C. Abstracts compiled and edited by Tom Delamere, Carleigh Randall, David Robinson CCLR-11 Programme Committee Tom Delamere Dan McDonald Carleigh Randall Rick Rollins and David Robinson Copyright © 2005 Canadian Association for Leisure Studies ISBN 1-896886-01-9