Stáhnout

Transcription

Stáhnout
Résumé
Face à la difficulté de s’appuyer sur les catégories classiques de la pensée politique
afin de désigner ce qui est en commun entre les êtres humains, l’on a vu à partir des
années 80 l’émergence d’un débat autour du concept de communauté dans le
champ de la philosophie politique qui a mis en jeu un néologisme qui essaie de
désigner les modalités d’être-ensemble. Sur l’ensemble des philosophes qui ont
abordé la question de la communauté, trois auteurs, Georges Bataille, Maurice
Blanchot, et Jean-Luc Nancy, ont essayé d’analyser, chacun à sa maniére, la
question du commun non seulement dans le champ politique mais aussi dans le
champ ontologique, ainsi que le champ esthétique ou littéraire.
Pour ces auteurs, si la question de la communauté est avant tout celle du « rapport
», c’est parce que l’être lui-même se définit comme rapport ou comme communauté.
L’être est toujours l’être-avec ou l’être-ensemble. La communauté vient du simple fait
que l'un vit avec les autres, et s'établit sur l'inclinaison de l'un vers l'autre. Ce qui fait
le commun, ce qui fait communiquer les êtres, c’est le fait que l’être a tendence à se
mettre hors de soi, et c’est ce que Bataille entend par l’extase. L’ouverture de l’être
singulier (au lieu du « sujet » ou « l’individu » selon la terminologie de Nancy) à la
communauté marque sa conscience de la mort d’autrui. Pour nos auteurs, l'amour et
la littérature sont deux moments décisifs de l'expérience communautaire. L’écriture
n’est pas postérieure à la communication mais en est l’élément inhérent. Il y a une
inscription de l’exposition communautaire ; et cette exposition, comme telle, ne peut
que s’inscrire, ou ne peut que s’offrir par une inscription. L’écriture est un lieu pour
partager l'extase, ce qui fait que la communauté s’enregistre dans l’écriture et dans
le fait que le sens soit toujours et essentiellement commun et non isolé. Donc la
communauté et l’écriture y naissent tressées ensemble. « Le communisme littéraire »
de Nancy et de Blanchot n’est pas autre chose que le partage de la communauté
dans et par son écriture. Ce que la littérature met en jeu, c’est le passage de l’un à
l’autre, le partage de l’un par l’autre. L’écriture est le geste même de la comparution,
c’est-à-dire l’exposition commune des êtres singuliers. Il semble que dans les débats
autour du communisme littéraire, nos auteurs ne fassent aucune différence entre les
arts et élargissent le concept de l’écriture à tous les arts. Dans ce sens, notre
travaille consiste à montrer si toutes les formes du partage communautaire sont
effectivement réductibles à l’écriture, avant de préciser quel genre de communauté
l’image, ou plus généralement les arts visuels, rendent-ils possible.
Mots-clés : communauté ; le commun ; désoeuvrement ; communisme ;
communisme littéraire ; extase ; sens ; souveraineté ; singularité.