Infotellerie No 63 septembre 2010
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Infotellerie No 63 septembre 2010
septembre 2010 – No 63 INFOTELLERIE Le double jeu de la Confédération Le Département fédéral de l’économie (DFE) a publié durant l’été avec un battage médiatique important – conférence de presse de Madame Leuthard en personne – un document intitulé « Stratégie de croissance pour la place touristique suisse ». Ce document fort bien fait énumère l’évolution récente du tourisme : mondialisation croissante, évolution de la clientèle, progrès technologique, changement climatique, menaces pour l’environnement et déficits structurels. Il propose également les grandes lignes d’une stratégie de croissance pour le tourisme de notre pays : améliorer les conditions-cadre faites aux entreprises touristiques, augmenter l’attrait de l’offre touristique, renforcer l’image de la Suisse sur les marchés et respecter le développement durable. Ces thèmes sont ensuite développés sur une huitantaine de pages. Nous saluons la qualité de ce document et la reconnaissance par la Confédération de l’importance capitale du tourisme pour l’économie de notre pays et de ses régions de montagne. Les acteurs du tourisme, directeurs d’offices, hôte- Pages 4-5 liers, transporteurs, créateurs d’animations, etc., avaient toutes les raisons de se réjouir… Et puis patatras, dans la même période, le même département fédéral mettait en consultation le projet de révision de la loi sur l’innovation, la coopération et le développement du savoir dans le domaine du tourisme (Innotour). Nous n’avons rien à redire sur cette – une fois n’est pas coutume – courte loi. Elle pérennise Innotour qui était auparavant remis en question tous les quatre ans. Par contre, au détour du rapport explicatif, le lecteur découvre que le financement de 5 millions de francs devra être compensé par une baisse correspondante des moyens alloués à Suisse Tourisme (ST) ! Ce rognage de budget est absurde à plus d’un titre. Premièrement, les moyens de Suisse Tourisme sont faibles en comparaison internationale. De plus, ST en dépense une grande partie dans des pays à forte inflation. Le financement public de son budget diminue donc de fait depuis des années. Deuxièmement, aucun entrepreneur sensé ne financerait son département « recherche et développement » par son budget « marketing et publicité ». Car, c’est bien à cela que revient le tour de passe-passe du DFE puisque Innotour vise la création de nouveaux produits, l’amélioration des prestations, de meilleures structures et une meilleure formation. Troisièmement, comment peut-on porter fièrement l’étendard d’une nouvelle stratégie de croissance pour le tourisme, avec notamment pour but d’améliorer les conditions-cadre, et, dans le même temps, amputer de 12% les maigres deniers mis à disposition de l’organisme responsable de l’image touristique de la Suisse dans le monde ? Nos concitoyens ont déjà pu constater ces dernières années que le Conseil fédéral était parfois plus une addition de chefs de département qu’un collège gouvernemental basé sur l’échange d’informations et l’élaboration de décisions communes sur l’ensemble des problèmes stratégiques. Si, maintenant, dans le même département, la main gauche ignore ce que fait la main droite, nous pouvons raisonnablement avoir quelques craintes pour la direction à long terme de notre pays. Espérons que les chambres fédérales, si le projet arrive tel quel au plénum, sauront l’amender de manière à maintenir au moins le statu quo en matière de promotion touristique. Pages 6-7 Philippe Thuner Président d’Hôtellerie romande Pages 12-13 L’invité Charles-André Ramseier, directeur de l’OTV Trois lustres de tourisme vaudois Trois lustres…, quinze années bientôt passées à la tête du tourisme vaudois ! En mai prochain, je transmettrai la barre de l’OTV à mon successeur, auquel je souhaite de connaître autant de joies et de satisfactions. Quinze ans, c’est à la fois court et long quand on regarde le chemin parcouru. Un chemin parsemé de pics et de creux, comme il se doit en pays de montagnes, un chemin qui aura aussi été marqué par des révolutions, notamment technologiques. Durant cette période, le tourisme vaudois a vécu une incroyable (r)évolution de la communication via le net. Internet, c’est aujourd’hui 1,8 milliard d’internautes répartis dans le monde entier, en hausse de 400% depuis 2000. En Europe, une personne sur deux recourt à la toile pour communiquer, transmettre ou obtenir des informations de toutes sortes. Les plus demandées concernent précisément les voyages, les transports, l’hébergement et les loisirs. Avec ce nouvel outil, les responsables de la branche ont dû changer leurs habitudes : apprendre à communiquer instantanément, à télécharger des documents, à transmettre des images et des vidéos qui braquent le phare sur le canton. Une véritable révolution aussi pour les réseaux de réservation. L’OTV a développé un logiciel commun avec ses partenaires du Valais et de Genève, et en promotion est née la collaboration Lake-Geneva-Matterhorn Region. Vu de Tokyo ou de New York, les querelles de clochers qui peuvent parfois entraver les efforts de promotion paraissent bien vaines. C’est en 1994 que Vaud et Genève ont signé une convention de collaboration sur les marchés lointains. Les Valaisans nous ont rejoints quatre ans plus tard, permettant de développer l’axe Genève-Zermatt. Du jet d’eau au Cervin en passant par la capitale olympique… Genève était particulièrement fort sur les marchés du Moyen-Orient, les Vaudois meilleurs sur l’Amérique du nord, l’union a fait la force. Cela nous a permis de présenter une offre touristique très cohérente. Voyant cela, Suisse Tourisme a emprunté certains de nos créneaux et imité quelques concepts. Mais l’on ne copie que ce qui a du succès. A l’heure du bilan, le tourisme vaudois ne peut pas se plaindre. Malgré la crise, toutes les villes du canton montrent une hausse des nuitées. Les montagnes présentent un bilan moins rose, mais les caprices de la météo ne sont pas étrangers à ces résultats en « montagnes russes ». Les touristes font preuve de toujours plus de mobilité et repartent parfois aussi vite qu’ils sont venus, si le soleil se fait rare. A l’heure du bilan, la Ville olympique n’a pas perdu une nuitée, même en 2009 qui aura été une année difficile. Lausanne va même augmenter son offre de 1000 à 1500 lits, et Montreux Riviera vient de rénover plusieurs hôtels. Ce qui m’a enthousiasmé durant toutes ces années, c’est la façon avec laquelle les Vaudois ont résisté à la crise. Le canton de Gilles et de Ramuz a la chance de posséder un tissu économique très diversifié avec de grandes entreprises internationales, des fédérations sportives et des hautes écoles. C’est un atout. Autre motif de satisfaction, le Sommet de la francophonie qui aura lieu le mois prochain à Montreux. L’OTV va collaborer à l’accueil des accrédités et des 600 journalistes. Une fantastique opération de promotion pour toute la région. Et, cerise sur le gâteau, Lausanne s’apprête à accueillir l’été prochain 22 000 gymnastes de Gymnaestrada 2011. Vu leur nombre, ils devront être logés dans les hôtels, mais aussi les écoles, les abris de protection civile, et chez l’habitant. Mais l’impact touristique est loin d’être négligeable. Enfin, le tourisme en général doit faire face à une autre évolution, les voyages low-cost. Le touriste voyage plus souvent et moins longtemps. Il s’habitue à négocier les prix met- Impressum Infôtellerie Suisse romande : Magazine trimestriel d’informations touristiques et économiques de l’Association Romande des Hôteliers. Editeur : Association Romande des Hôteliers, chemin de Boston 25, 1004 Lausanne, tél. : +41 21 617 72 56, fax : +41 21 617 72 27, e-mail : [email protected]. Site internet: www.hotellerieromande.ch Impression: PCL Presses Centrales SA, Renens Rédacteur responsable : Olivier Grivat. Ont collaboré à ce numéro : Philippe Thuner, Denise Cugini, Charles-André Ramseier et Olivier Grivat. Adresse de la rédaction : Olivier Grivat, journaliste RP, chemin de Leisis 5a, 1009 Pully, tél. +41 79 412 22 72, e-mail : [email protected]. 2 tant la pression sur les hôteliers. Une compagnie comme Easyjet et les trajets low-cost en train ont généré un trafic de courts séjours qui incite les partenaires à revoir leurs prix. Cela concerne essentiellement les déplacements individuels. Les hommes d’affaires passent volontiers un week-end à une heure d’avion et n’hésitent pas à reporter sur les hôtels, les restaurants et l’offre sportive, les économies obtenues sur le transport. Mais si les touristes restent moins longtemps, il faut aussi en trouver constamment de nouveaux pour continuer à développer les nuitées. C’est un travail d’équipe à peaufiner avec nos collègues vaudois et des cantons voisins. Le tourisme n’a pas de frontière. De ces quinze ans, je garde le souvenir d’une excellente collaboration entre tous les partenaires, notamment les hôteliers qui sont d’excellents ambassadeurs du tourisme. C’est à eux aussi que je dois le prix qui m’a beaucoup touché, le « Milestone » de la personnalité de l’année pour l’œuvre d’une vie reçu à Berne en 2005. Il n’a récompensé jusqu’à présent qu’un seul Romand. Mon vœu le plus cher : que d’autres acteurs du tourisme romand le reçoivent à leur tour… Charles-André Ramseier Sommaire 2L’invité 3Actuel 4-5 Sommet de la francophonie 6-7 Eric Favre à Djibouti 8-9 Le Signal de Chexbres 10 Remise de prix 11 Brèves VD, NE et FR 12-13 Un Grand Chambellan à l’EHL 14-15 Ecole hôtelière suisse à Athènes 16 En bref – Agenda Infôtellerie – Septembre 2010 – No 63 Point fort Lausanne attend 1500 nouveaux lits Crise ? Qui a parlé de crise ? Ce n’est pas le cas pour la plupart des hôteliers lausannois qui ne peuvent décemment pas se plaindre ni voir l’avenir en noir. Grâce à son tissu économique, le dynamisme des multinationales comme Philip Morris, Nestlé ou Logitech ainsi que des fédérations sportives gravitant autour du CIO, le chef-lieu n’a pas souffert du ralentissement de la conjoncture. Et l’on ne parle pas du Sommet de la francophonie à Montreux dont les effets vont rejaillir jusqu’à Lausanne, notamment avec la réunion des maires francophones. Résultat des courses : la capacité hôtelière du grand Lausanne n’est pas suffisante en toutes occasions. Comme l’a relevé le directeur du Lausanne-Palace Jean-Jacques Gauer, la région lausannoise va pouvoir offrir ces prochaines années 1000 à 1500 chambres 3 ou 4 étoiles supplémentaires. La donne comprend la nouvelle aile du Mövenpick à Ouchy et l’hôtel Starling à Dorigny proche du Learning Center, le futur hôtel-tour de Beaulieu, l’Aqua-Ecopôle d’Epalinges que projette le groupe BOAS et son patron Bernard Russi (pas le skieur, l’autre…) ou encore le grand hôtel du Signal de Chexbres qui va faire peau neuve. Même les « 5 étoiles » sont concernés avec la rénovation complète du Royal Savoy, qui va se voir réhaussé au niveau palace, notamment pour une hôtellerie de congrès et de séminaires d’entreprises : « Il ne faut pas avoir peur de la concurrence. C’est au contraire une belle opportunité pour Lausanne d’accroître sa capacité d’accueil, estime Jean-Jacques Gauer. L’hôtellerie de luxe devrait suivre le même chemin que l’horlogerie et remonter la pente. » Le directeur du Lausanne-Palace se veut optimiste : « La chute de l’euro a fait souffrir l’hôtellerie, mais le taux d’occupation devrait remonter d’ici fin 2010. » Les derniers résultats font apparaître un chiffre d’affaires en légère hausse pour atteindre 48,9 millions avec un profit (GOP) en baisse à 9,2 millions contre 10,9 l’an précédent. Si le LausannePalace réalise le deuxième meilleur résultat de son histoire, c’est grâce à l’apport du Château d’Ouchy, dont il gère les 50 chambres et le restaurant depuis avril 2009. Racheté par la Loterie Romande pour 34 millions de francs au vigneron Patrick Fonjallaz avant la réintroduction des casinos en Suisse, le château été transformé en hôtel après le refus de la concession par Berne : « Nous bénéficions d’un droit d’emption sur le bâtiment. Il n‘est pas exclu que nous le rachetions à la Loterie », confie celui qui préside également la chaîne des Leading Hotels of the World depuis 20 ans et qui va passer la main au congrès de Tokyo, en novembre prochain. Des étoiles… ment l’esthétisme des rénovations ainsi que son personnel très à l’écoute des attentes et besoins de la clientèle. Et comme si cela ne suffisait pas, Michael Smithuis s’apprête à accueillir le Sommet de la francophonie : « Ce sera quatre ou cinq jours de visibilité mondiale, un hôtel plein de chefs d’Etat, 40 ou 50 petits groupes logés dans le même établissement avec des souhaits différents. Un sacré défi mais aussi une belle opportunité pour Montreux », commente Michael Smithuis qui a déjà reçu Tony Blair, Gerhard Schroeder et toutes les stars du Jazz Festival, mais jamais autant de chefs d’Etat à la fois : « On s’attend à beaucoup de changements de dernière minute. Il faudra se montrer très flexible avec une équipe sur pied de guerre, 24 heures sur 24. » pour l’avenir. Le chef du Département des infrastructures a proposé de placer la flotte historique des « vieux vapeurs » dans une fondation à part. Avant l’été, il a aussi suggéré d’augmenter la contribution des communes disposant d’un débarcadère, provoquant un véritable tollé. Une autre voie (d’eau) évoquée pourrait être une diminution des bateaux Belle-Epoque assurant les lignes touristiques : « Les pistes évoquées donnent plus d’insécurité que de certitudes pour l’avenir de la compagnie et son personnel», a répliqué Patrick Schaffner, président de la section lac Léman du syndicat SEV. Le ministre vaudois « plus vert que bleu » s’est attaqué maladroitement au puissant symbole de la flotte historique, provoquant la colère des amis des bateaux à vapeur et des communes. Michael Smithuis Une constellation d’étoiles pour le directeur du Montreux Palace. Pour la troisième fois en quatre ans, son établissement est reconnu par le magazine Bilanz comme le meilleur Hôtel de ville en Suisse devant le Beau-Rivage Palace. Une référence ! Son établissement a obtenu le maximum de points dans les quatre critères retenus, notam- Infôtellerie – Septembre 2010 – No 63 … et des casseroles Un hôtel bon marché au Flon En attendant, la société du Lausanne-Palace que préside le banquier genevois René de Picciotto s’apprête à ouvrir un nouvel établissement bon marché dans la zone très branchée du Flon récemment rachetée par la société alémanique Mobimo. L’investissement (modeste) ne se monte qu’à 1,5 million de francs. L’hôtel dont le nom n’est pas encore choisi proposera 24 petites chambres à bas tarif – de 100 à 120 francs – dès l’automne 2011 – avec une terrasse sur le toit : « Il fonctionnera avec un personnel réduit. Une borne automatique sera installée à la réception sur le modèle de ce qui existe à l’aéroport d’Amsterdam ». Qui a dit que l’hôtellerie lausannoise ne misait que sur le haut de gamme ? Olivier Grivat François Marthaler On ne peut pas dire que le conseiller d’Etat François Marthaler a fait montre d’un soutien débordant envers la CGN, quand bien même il a assuré la volonté du Conseil d’Etat de trouver des solutions sur le fond 3 Montreux « Le Sommet de la francophonie ne sera pas réservé aux chefs Municipal en charge de l’organisation du Sommet de la Francophonie qui se tiendra à Montreux du 23 au 24 octobre, Laurent Wehrli se réjouit d’accueillir une quarantaine de chefs d’Etat, dont le président français Nicolas Sarkozy. – L’Organisation internationale de la francophonie (OIF) représente une population de 870 millions d’habitants et de 200 millions de locuteurs de français. A un mois du sommet le plus important jamais accueilli à Montreux, quel est l’état des préparatifs ? – Le compte à rebours va bon train. Pour Montreux, cela représente un défi des plus intéressants sur le plan de l’organisation et de la sécurité, avec des milliers de nuitées hôtelières à la clé, un investissement en matériel et tout ce qui touche l’image internationale d’une ville comme Montreux et sa région. On parle de 500 à 700 journalistes qui accompagnent généralement ce sommet des chefs d’Etat. Ils viennent non seulement des 56 pays membres et des 14 pays observateurs. Une chaîne américaine comme CNN et la britannique BBC ne peuvent pas ne pas en parler et maintenir un certain suivi. La francophonie est devenue aujourd’hui un véritable organisme international. Il ne s’agit pas seulement d’une rencontre de pays chargés de défendre le français. C’est un sommet où l’on parle aussi de politique internationale. – Comment la ville de Montreux a-t-elle été choisie par l’OIF ? – Madagascar avait été planifié en 2007 déjà pour organiser ce sommet, décision confirmée à Québec en 2008. Mais en mars 2009, un coup d’Etat a modifié la donne avec un nouveau président malgache qui n’a pas été reconnu par l’OIF. En se portant candidate au pied levé, la Suisse a joué un joli coup. – Comment en arrive-t-on à un total de 70 Etats et gouvernements ? – Il y a 56 pays membres, mais aussi 14 pays observateurs, tels l’Autriche, la Géorgie, la Thaïlande ou l’Ukraine. Cela fait de cette organisation la deuxième plus importante au monde derrière l’ONU et avant le Commonwealth en nombre de pays membres. 4 – Combien de chefs d’Etat sont-ils annoncés présents à Montreux ? – Nous tablons sur la présence de 35 chefs d’Etat et de gouvernement, ce qui est un chiffre tout à fait dans les normes des derniers sommets, comme celui de Québec en 2008. La venue du président Sarkozy est confirmée. Le sommet des chefs d’Etat se déroulera sur deux jours, le samedi 23 et le dimanche 24 octobre, avec l’arrivée prévue le vendredi dans la journée et un départ en fin d’après-midi du 24. Mais il y a par ailleurs une conférence ministérielle de tous les ministres en charge de la francophonie, qui va se tenir le mercredi et le jeudi précédents. Ce sont la plupart du temps les ministres des affaires étrangères, et dans certains pays c’est même un ministre ad hoc. Par ailleurs, les diplomates en charge de la francophonie se rencontreront le mardi 19 octobre sous l’égide du conseil permanent de la francophonie. Montreux va vivre une véritable montée en puissance tout au long de la semaine, en passant de quelques centaines de délégués jusqu’à plus de mille personnes, le dernier weekend. En nombre de personnes sur place, c’est un sommet plus important que le G 20 d’Evian en 2003. C’est une très grosse manifestation, également avec la présence de l’Association internationale des maires francophones qui se déroulera à Lausanne (réd. : le syndic Daniel Brélaz est l’un des vice-présidents), sans parler de l’Association des journalistes francophones qui se réunira à Cully. – Quel seront les différents thèmes de discussion de ce 13e sommet ? – Ils ne sont pas encore tous définis, mais du moment qu’il s’agit du 40e anniversaire de l’OIF, l’un des thèmes attendus portera sur l’avenir de l’OIF. Seront aussi à l’ordre du jour, la poursuite des efforts de développement durable après Kyoto et Copenhague, la diversité culturelle et la défense du français… – … une langue qui est un peu en perte de vitesse ? – On assiste dans le monde à une montée très forte de l’espagnol, sans parler du chinois et du sabir anglo-américain. D’un autre côté, grâce à une chaîne comme TV5 Monde ou la présence du réseau mondial d’universités françaises, le monde francophone se développe. C’est intéressant à ce titre de voir le nombre de pays qui s’intéressent à la francophonie. Depuis l’automne passé, la Finlande réfléchit même à entrer dans l’OIF. Il y a peut-être une certaine perte de vitesse face à d’autres langues internationales, mais les pays concernés y sont sensibles. – Quels seront les principaux points forts ? – Il y aura la cérémonie officielle d’ouverture du samedi, où le Premier ministre du Canada, président en exercice de la Francophonie, la présidente de la Confédération Doris Leuthard, le président français Nicolas Sarkozy et le secrétaire général Abdou Diouf, l’ancien président du Sénégal prendront la parole. Les chefs d’Etat, de gouvernement et de délégation au Sommet seront invités à un dîner officiel par le Conseil fédéral, le samedi soir. En parallèle, les ministres des différents pays membres seront reçus au village de la francophonie, qui se tiendra sous le marché couvert de Montreux. Ce sera un grand village avec trois espaces, dont 54 chalets réservés pour les deux tiers par des pays membres et l’autre tiers par des associations actives dans le domaine du français ou de la coopération. Il y aura aussi une grande scène avec une animation musicale, tous les soirs de la semaine, avec un espace pour manger et boire grâce à la présence des vignerons de Lavaux. – Combien de nuitées cela représente-til pour la Riviera vaudoise ? – On parle de 1500 délégués sur quatre ou cinq jours, plus les journalistes, on n’est donc pas loin des 10 000 nuitées. Au niveau des délégations officielles, la règle veut que le pays hôte paie pour le chef d’Etat et quatre collaborateurs pendant la durée du Sommet, soit trois jours. La Suisse prendra donc en charge cinq délégués par pays membre. Pour une délégation comme celle de la France qui comptera plus d’une centaine de personnes, les autres nuitées seront à charge de leur gouvernement. Tous les hôtels de la région vont être occupés. La capacité hôtelière de Vevey-Montreux est de plus de 2000 lits. – La sécurité du sommet est-elle un gros souci ? – A partir du milieu de la semaine précédent le sommet, les deux principaux hôtels qui vont accueillir les participants et les conférences complémentaires, soit le Montreux Palace et le Royal Plaza, ne seront accessibles qu’aux porteurs de badges. Dès le vendredi midi et jusqu’à la fin du week-end, la Grande-Rue entre le Palace et le Centre des congrès sera fermée à la circulation. Cela ne devrait pas déranger beaucoup plus que lors du Festival de jazz, d’autant plus que la plu- Infôtellerie – Septembre 2010 – No 63 d’Etat » part des participants seront venus en train ou en bus de l’aéroport de Genève, sans être accompagnés de voitures officielles. Il y aura bien sûr quelques désagréments pour la population. Dès le début des discussions, l’été passé, nous avons voulu faire en sorte que le sommet soit une rencontre conviviale qui n’empiéterait pas trop sur les habitudes de la population. Nous avions connaissance de la mauvaise expérience de la ville de Québec, en 2008, transformée en forteresse avec trois pâtés d’immeubles entiers bloqués à la circulation pendant toute une semaine. A Montreux, les mesures de sécurité devront être prises, à des degrés différents en fonction de la montée en puissance de la manifestation. Il y aura la police locale fusionnée de la Riviera, la police cantonale et même l’armée en réserve. Avec autant de chefs d’Etat et de journalistes, c’est évidemment un événement qui peut intéresser des fauteurs de troubles. Mais on est très loin du G 20 ou du G 8. Le monde de la francophonie est composé d’un tiers de pays riches pour deux tiers de pays en développement. Les trois quarts des moyens financiers de l’OIF partent dans des programmes d’aide humanitaire et de coopération. Ce n’est pas le capitalisme mondial qui se réunit pour asservir les pays pauvres. – Quel est le budget de toutes ces festivités ? – Le budget de 30 millions de francs a été fixé par la Confédération (réd. : il a été réduit de 5 millions sur décision du Parlement), ce qui est la moitié de ce que le Québec a mis à disposition. Le coût de la sécurité est estimé à plus d’un tiers, le reste des dépenses est formé par les nuits d’hôtel, les repas, le montage du centre de presse, etc. Les frais de la sécurité avancés par le canton sont de l’ordre de 7 millions, mais sont compris dans les 30 millions de la Confédération. Montreux a mis sur la table un demi-million de francs de façon à gérer notamment le village de la francophonie. C’est une merveilleuse plate-forme de promotion de Montreux, que l’on espère bien voir relayée par la presse du monde entier. C’est ce que Montreux met dans le panier de la mariée. Pour la commune, ce sommet est une rencontre diplomatique et politique, à laquelle nous avons voulu donner un complément culturel. A long terme, c’est un fantastique outil de communication pour toute la région : qui peut organiser une telle manifestation peut mettre sur pied n’importe quel événement… Propos recueillis par Olivier Grivat Infôtellerie – Septembre 2010 – No 63 Laurent Wehrli Né en 1965, conseiller municipal de Montreux (Economie, culture, tourisme et sport) depuis 2000, député radical au Grand Conseil vaudois, ancien journaliste (au Matin) et ancien délégué aux affaires extérieures du canton de Vaud 5 Hôteliers du bout du monde Eric Favre et le chaudron du monde Avec des navires de guerre et des cargos battant tous pavillons sous ses fenêtres, le Vaudois Eric Favre est aux pre- mières loges pour assister à la lutte contre la piraterie internationale. Depuis janvier dernier, il dirige le Djibouti Palace, un cinq étoiles de la chaîne Kempinski, une oasis de luxe et de fraîcheur dans la fournaise. On avait quitté Eric Favre sur les hauteurs de Vevey à la tête du Mirador Kempinski au Mont-Pèlerin. On le retrouve huit mois plus tard à l’autre bout du monde, dans la ville de Djibouti, aux portes du golfe d’Aden, à la tête d’un autre… mirador, moins pacifiste celui-ci. Le port de Djibouti se situe au milieu d’une région du monde particulièrement chaude au propre et au figuré. En été, le thermomètre peut grimper allégrement au-delà de 50 degrés, notamment près du lac salé d’Assal, à 150 m sous le niveau de la mer. Mais le climat y est aussi très chaud au sens figuré, en raison de la présence d’une flottille de guerre venue du monde entier pourchasser les pirates somaliens : frégates, porte-hélicoptères, avions de patrouille maritime et commandos armés à bord de petits bateaux rapides… Il y a là pas moins de 26 armées mobilisées pour protéger leurs flottes marchandes, y compris des bateaux de guerre japonais à l’emblème du soleil levant que l’on était davantage habitué à voir dans les films de guerre d’il y a 50 ans. Les Français sont omniprésents, mais aussi les Espagnols, les Suédois, les Allemands, les Belges, les Hollandais, les Grecs, les Norvégiens, etc. Depuis le 8 décembre 2008 dans le cadre de l’Union européenne, 16 pays de la mission militaire et diplomatique Eunavfor Atalante sont sur le pied de guerre pour assurer la sécurité du trafic maritime dans le golfe d’Aden et l’océan Indien. Une flotte européenne à laquelle la Suisse ne s’est finalement pas associée avec son détachement d’élite du DRA 10 malgré les souhaits de la cheffe de la diplomatie suisse et les vœux des armateurs suisses qui ont dû avoir recours, à une occasion au moins, à des bateaux de guerre russe et indien pour chasser les pirates : « Djibouti est une ville de garnison qui accueille plusieurs milliers de militaires étrangers », explique le Vaudois Eric Favre depuis son poste d’observation en bordure de mer. En tant qu’officier d’artillerie de l’armée suisse, il n’en perd pas une miette. Les Américains sont en train de construire une énorme base, un véritable bunker dans 6 cet emplacement stratégique du globe. Les Français sont également présents dans leur ancienne colonie d’Afrique avec leur forces terrestres, maritimes et aériennes – notamment les Mirage 2000 –, mais aussi la Légion étrangère et ses képis blancs. Si Français et Américains sont logés dans des habitations privées – les militaires français avec leur famille, tandis que les militaires américains sont là en « célibataires » –, d’autres soldats et officiers ont troqué leurs casernes nationales, l’espace de trois mois, pour les chambres climatisées du Kempinski. « Actuellement, les attaques de pirates somaliens se font plus rares », commente le chargé d’affaires de l’ambassade de France, Jacques Biau, à l’heure de l’apéro au coucher du soleil, face au golfe d’Aden. « Mais les choses sérieuses pourraient bien reprendre en octobre quand les vents tempétueux se seront calmés. » Les forces de l’Euvnavfor auront à nouveau leur raison d’être. Une quinzaine de navires de commerce et 250 hommes d’équipage seraient encore aux mains des pirates sur la côte somalienne. Ils réclament généralement une rançon représentant les 10% de la valeur de la cargaison, une somme que tous les armateurs ne sont pas disposés à verser. Des problèmes d’eau et d’intendance Depuis son « mirador » de bord de mer, le directeur du Djibouti Palace, est confronté à d’autres problèmes d’intendance. Dans ce luxueux 5 étoiles construit par l’émir de Dubaï – le cheikh Al-Maktoum qui est aussi le bâtisseur du nouveau port commercial de Djibouti –, une cinquantaine d’expatriés venus de France, d’Algérie, du Maroc, d’Indonésie, des Philippines ou de Thaïlande, mais aussi de Suisse, règnent sur 250 chambres et suites. Le chef-cuisinier est un Français venu du Kempinski de St-Petersbourg. Sous leurs ordres, quelque 350 employés djiboutiens, somaliens ou éthiopiens constituent le personnel de base : « Nous sommes confrontés à un réel problème de formation du personnel, avoue le directeur vaudois. A Djibouti, l’hôtellerie de luxe manque encore de références. Jusqu’à présent, il n’y avait là qu’un Sheraton datant de 30 ans. Il y avait bien une petite école hôtelière gérée par des Tunisiens, mais elle manque cruellement de moyens. Les Djiboutiens sont un peuple de nomades, certes très accueillant mais qui n’a pas vraiment le service dans leurs gênes. Sur huit apprentis recrutés, il n’en reste plus que deux pour terminer leur formation. » Le palace possède aussi sa boîte de nuit pour les nombreux militaires en permission et un casino, sous-traité à une société turque. « L’autre problème, c’est la maintenance des installations », poursuit le directeur suisse formé à l’Ecole hôtelière de Lausanne et qui est venu à Djibouti avec sa femme Claudia, d’origine brésilienne. Ses trois enfants, tous dans l’hôtellerie, sont restés en Suisse ou en stage à Dubaï pour l’aîné. A Djibouti, tout est importé et il n’y a pas d’industries ou de fournisseurs attitrés. En cas de problème, il faut se fournir à Dubaï et cela peut prendre trois mois. En raison d’une panne de brûleur, l’hôtel n’a pas eu d’eau chaude pendant deux mois, le temps que les pièces arrivent d’Angleterre. Heureusement le climat est très chaud et les militaires qui forment les 90% de la clientèle ne sont pas des hôtes trop exigeants. Produits frais importés d’Ethiopie par camions entiers La nappe phréatique est largement insuffisante à Djibouti et il faut recourir à des camions-ravitailleurs d’eau payés très cher (environ 50 000 dollars par mois) pour alimenter l’hôtel. A force de pomper dans la nappe, l’eau douce est lentement infiltrée par l’eau de mer et devient salée, abîmant les installations, les tuyauteries et autres boilers ou climatiseurs : « Pour assurer les 300 m3 qui représentent nos besoins quotidiens, l’hôtel s’apprête à construire sa propre usine de dessalement », poursuit l’hôtelier. Même casse-tête pour l’approvisionnement en produits frais. Rien ne pousse dans les sables de Djibouti et tout doit être acheté à l’étranger, notamment en Ethiopie voisine : « Nous faisons venir d’Addis Abeba, à deux jours de route, des camions de 20 t pour assurer trois semaines de fruits et légumes ainsi que de produits laitiers. Actuellement nous affrontons une pénurie de tomates, par moment ce sont les oranges qui manquent, voire même le poisson… Nous devons suivre les standards de qualité de la chaîne. Ce n’est pas toujours facile, mais c’est un challenge intéressant. Ce qui me manque le plus, à part mes enfants, ce sont mes grands crus qui sont restés dans ma cave au MontPèlerin. Le climat tropical n’est pas fait pour les vins et les taxes à l’importation sont très importantes. A Djibouti, on consomme davantage des alcools forts ou de la bière. Et l’on travaille beaucoup : six jours sur sept, de 12 à 15 h par jour. Le personnel de base, lui, est au régime des 48 heures, mais il est privilégié par rapport aux autres employés locaux. Ils bénéficient d’une cantine pour le personnel, d’un environnement de qualité et les pourboires doublent leur salaire de 54 000 francs de Djibouti, soit plus de 300 dollars par mois, un revenu confortable pour la région, avec lequel ils font vivre des familles de 10 à 15 personnes ! » Olivier Grivat www.kempinski.com Infôtellerie – Septembre 2010 – No 63 Depuis la piscine du Djibouti Palace Kempinski, les hôtes ont une vue imprenable sur la flotte marchande internationale qui passe par le golfe d'Aden. (Photos O. Grivat) Eric Favre, à droite, en compagnie de son chef-cuisinier, Philippe Bossert Infôtellerie – Septembre 2010 – No 63 7 Projet La métamorphose du Signal Palace Après deux ans de fermeture, l’Hôtel du Signal, à Chexbres, va renaître plus beau qu’avant : 26 chambres et suites, 34 résidences et plus de 70 millions investis dans des travaux qui vont commencer cet hiver et durer deux ans. Un tout nouveau palace aux portes d’une zone placée sous la protection de l’UNESCO… « Fermeture définitive de l’hôtel le dimanche 28 septembre 2008 », affiche un modeste panneau placé à l’entrée de l’ancien Hôtel du Signal, à Chexbres. Le jardin qui donne comme un formidable balcon sur le lac a grise mine, tout comme la piscine couverte désaffectée depuis des années. Un mauvais signal pour le tourisme de Lavaux et ses vignobles placés sous la haute protection de l’UNESCO comme patrimoine mondial de l’humanité… Mais tout cela est heureusement en train de changer. La page est tournée. Un nouvel investisseur – un couple suisse mais d’origine française qui a réalisé l’essentiel de sa fortune outre-Sarine – a racheté l’établissement à la famille propriétaire depuis près de 70 ans, dont Yves de Gunten est le dernier descendant et exploitant : « Les travaux devraient débuter cet hiver et durer deux ans, jusqu’en 2013. Plus de 70 millions de francs vont être investis dans la transformation, sans compter le prix d’acquisition », explique Bernard Bovy, le président du conseil d’administration du Domaine du Signal SA. Le vigneron et ancien syndic de Chexbres est l’une des chevilles ouvrières du futur établissement, au côté de Me François Chaudet, le président de la holding qui chapeaute la société propriétaire et la société d’exploitation du Signal Palace, car tel sera son nom. Management & Consulting) – l’ancien directeur du Beau-Rivage et actuel directeur général du Crowne Plaza, à Genève – chapeautera le concept hôtelier, probablement en collaboration avec son ami Jean-Jacques Gauer, du Lausanne Palace. Il y a deux ans, un premier projet prévoyait la création de 53 unités d’hébergement. Les chambres hôtelières auraient été placées derrière le bâtiment historique à la place des anciennes dépendances et écuries situées au nord. Les résidences avec service hôtelier auraient pris place dans l’ancien Hôtel du Signal. Finalement, les promoteurs ont fait machine arrière et opté pour une rocade, en privilégiant les chambres d’hôtels sur le front de lac, avec une vue à couper le souffle sur le Léman et le Lavaux. C’est cette version qui a reçu le permis de construire. Le projet à cheval sur les communes de Chexbres et Puidoux a obtenu, de la part de cette dernière, un quota pour la vente aux étrangers. De 1,5 à 10 millions de francs l’appartement Le bâtiment principal compte 26 chambres et suites de type palace ainsi que treize résidences avec services hôteliers, dont deux splendides attiques sur le toit, commente Grégory Marchand, le directeur de vente de CGi Immobilier à Lausanne qui a l’exclusivité de la vente des appartements en PPE : « Les prix s’échelonnent de 1,35 à 11,5 millions de francs, de 2,5 pièces de 77 m2 de surface intérieure et jusqu’à plus de 300 m2 en attique avec grande terrasse sur le toit. On est dans la gamme de prix des appartements de luxe de la région pul- Le nouveau Signal Palace comptera une trentaine de suites, un restaurant de 90 places, un spa et une piscine. Deux autres bâtiments seront construits derrière l’hôtel pour abriter une vingtaine d’appartements avec service hôtelier et salles de conférence. Les chambres d’hôtel devant les résidences Pourquoi une période de fermeture aussi longue ?, se demandent les habitués de ce lieu magique : « Il a fallu affiner le projet, répond Bernard Bovy. L’Hôtel du Signal aurait pu rester ouvert une saison de plus, mais il y avait trop de travaux à entreprendre. La piscine couverte notamment était à bout ». C’est le bureau d’architecture Samuel Créations, à Genève et à Dubaï, qui a conçu le projet dans sa globalité, tandis que Christian Marich (Majestic 8 L’un des vingt appartements de luxe construits derrière l’hôtel. Infôtellerie – Septembre 2010 – No 63 liéranne », précise le vendeur. Il a déjà reçu des offres de retraités alémaniques ou de dirigeants d’entreprises de la région, souvent en déplacement à l’étranger et attirés par le service hôtelier et les prestations qui vont avec. Car le Signal Palace aux 5 étoiles comptera aussi un espace bien-être de 500 m2, une piscine, un restaurant de 90 places et un lobby-bar d’une soixantaine de places. Des prestations auxquelles les résidents d’appartement auront aussi libre accès : « Etre chez soi tout en bénéficiant de prestations hôtelières de haut luxe, c’est ça le luxe. Dans la région, je ne vois que le Mirador Kempinski à offrir de telles prestations. Mais le domaine, la qualité du projet et le panorama ne sont pas comparables », vante Grégory Marchand. Après démolition des anciennes écuries et dépendances situées à l’arrière, deux nouveaux groupes d’immeubles seront construits. Ils abriteront chacun une dizaine de résidences privées ainsi que des salles de conférence. Les nouveaux bâtiments seront reliés à l’ancien Hôtel du Signal par une « coulée verte », une voie piétonnière arborisée passant au-dessus de l’ancienne route qui sera enterrée. Infôtellerie – Septembre 2010 – No 63 Construit en 1862, l’Hôtel du Signal – ou du moins son aile est la plus ancienne – a vu passer des hôtes prestigieux, comme le grand-duc Michel de Russie (frère du dernier tsar Nicolas II, mort à Cannes en 1909), le ministre français Maurice Schumann, le professeur Auguste Piccard, le Général Guisan, l’écrivain C.-F. Ramuz ou encore le peintre Ferdinand Hodler qui y a peint le Bleu Léman, dans son axe sud-ouest le plus spectaculaire. O. G. Le restaurant pourra compter sur une vue du Léman à couper le souffle. 9 Lauréats 190 apprenti(e)s félicité(e)s par Frédy Girardet En présence du conseiller d’Etat Jean-Claude Mermoud et d’un invité d’honneur en la personne du grand chef Frédy Girardet, 190 apprentis et apprenties ont reçu le précieux diplôme qui leur ouvre les portes du monde professionnel. C’est le 1er juillet dernier que la cérémonie de remise des certificats fédéraux de capacité (CFC) et des attestations de formation professionnelle (AFP) des métiers de la restauration et de l’hôtellerie a eu lieu au Palais de Beaulieu à Lausanne. En tout, ce sont 128 cuisiniers, 16 employés en cuisine, 24 spécialistes en restauration, 6 employés en restauration, 15 spécialistes en hôtellerie et un employé en hôtellerie qui ont reçu leur précieux sésame. Invité d’honneur, Frédy Girardet a décerné les prix spéciaux aux meilleurs apprentis du canton devant un parterre de 950 invités, parents, amis, maîtres d’apprentissage et personnalités de la branche. Le Conseiller d’Etat Jean-Claude Mermoud a pour sa part assuré la partie officielle de la manifestation, en transmettant le message du gouvernement vaudois. « Offrir des émotions à nos clients » Pour Philippe Thuner, le président de l’Association romande des hôteliers (ARH), c’était l’occasion d’adresser toutes ses félicitations 10 et ses encouragements aux nouveaux promus pour cette étape importante de leur carrière professionnelle : « Mais ce n’est qu’un début et la seule maîtrise technique ne suffit pas. Notre métier, c’est d’offrir des émotions à nos clients, des expériences dont ils se souviendront et dont ils parleront à leurs amis. Vous faites partie d’une chaîne de prestations qui conduit à ces émotions. Faites-vous plaisir en faisant plaisir ! Pour le président des hôteliers romands, le diplôme n’est cependant que l’aboutissement de trois années d’efforts mais aussi et surtout le début de leur carrière : « N’arrêtez pas de vous former, de vous perfectionner et de découvrir de nouveaux aspects de votre métier. Notre branche offre de nombreuses possibilités de perfectionnement allant du cours de flambage à l’école hôtelière en passant par les brevets et diplômes fédéraux. Ces formations complémentaires font l’objet d’aides financières de plusieurs organisations, notamment la Fondation vaudoise pour la formation professionnelle des métiers de bouche et notre convention collective de travail ». Pour l’hôtelier lausannois Jacques Pernet, vice-président d’hotelleriesuisse, des hôteliers romands et président de la commission vaudoise de formation professionnelle, c’était enfin l’occasion de remercier chaleureusement Frédy Girardet, le « cuisinier du XXe siècle » ainsi qu’Olivier Rey, le responsable de commission vaudoise de formation pour les cafés-restaurants et les hôtels. O. G. Infôtellerie – Septembre 2010 – No 63 VD – FR – NE en bref Le miracle fribourgeois Le défi de Gastonomia 2010 Le canton de Fribourg affiche la plus forte dynamique démographique en Suisse, assure une récente étude du Credit suisse. Au cours de la dernière décennie, la population fribourgeoise a progressé à une vitesse près de deux fois supérieure à celle de la moyenne suisse. Nourries par la dynamique exceptionnelle des régions lémaniques, la Gruyère et la Glâne/Veveyse connaissent les plus forts taux de progression. La migration est le principal moteur du « miracle démographique » fribourgeois. Des immigrants étrangers et suisses, toutes classes d’âges confondues, s’installent dans le canton de Fribourg, lequel exerce un très grand attrait notamment sur les familles. En dépit de la dynamique démographique, la progression du revenu des ménages du canton demeure toutefois inférieure à la moyenne. Cependant, une comparaison sur le long terme montre que le canton de Fribourg a pu progressivement améliorer sa base de revenu entre 1975 et 2006, pour atteindre un seuil légèrement supérieur à la moyenne nationale. Malgré l’organisation de trois salons gastronomiques en l’espace de quelques mois et à 60 km de distance, la Salon des professionnels de la restauration et de l’hôtellerie renaît cet automne au Palais de Beaulieu sous la houlette de la société bâloise MCH, qui a repris le « Comptoir » : « Malgré la crise, malgré la concurrence du nouveau Salon Gourmet à Genève, avec le Bocuse d’Or, nous avons atteint nos objectifs d’exposants (une centaine) et de surfaces (10 000 m2) », observe René Zürcher, le directeur de Gastonomia et représentant de MCH. Le nouveau Gastonomia aura lieu du dimanche 7 novembre au mercredi 10 novembre, sur trois espaces : un salon professionnel dans les halles nord, le forum de débats qui accueillera tous les soirs des groupes musicaux et le village VIP où les exposants pourront recevoir leurs invités dans un environnement confortable, avec quatre bars proposant une quarantaine de vins et un restaurant avec service, mais sans le « restaurant des chefs » : « Si nous avions la gueule de bois en bouclant l’édition 2008, nous sommes aujourd’hui très heureux de cette renaissance », se réjouit Pierre-André Michoud, vice-président de l’ARH et membre du comité de Gastronomia. Le mardi 9 novembre aura lieu la Journée de l’hôtellerie romande avec un débat consacré aux sites internet de notations d’hôtels. Le Conseil des régions à la vallée de Joux Pierre-André Michoud, vice-président de l’ARH, Daniel Lehmann de l’Hôtel de la Truite au Pont, et le président Philippe Thuner. Par bateau – l’unique bateau de ligne du lac de Joux… – du Pont jusqu’au Sentier, puis par bus à travers les magnifiques et mystérieuses forêts du Risoux, les membres du conseil des régions élargi et du Codir ont effectué leur sortie annuelle, le 6 juillet dernier. Au programme, une visite du musée horloger de Jaeger-Lecoultre, du Musée du vacherin aux Charbonnières et un repas servi dans la propriété en France voisine de Daniel Lehmann, un chalet d’alpage situé à 1200 m d’altitude. Les itinéraires culturels et touristiques de Suisse Avec de magnifiques illustrations dues au photographe zurichois (installé en France) Heinz-Dieter Finck, Via Storia – Centre pour l’histoire du trafic publie un très beau livre consacré aux itinéraires culturels de Suisse. « Chemins historiques – un regard nouveau » propose douze itinéraires qui racontent chacun une page d’histoire du trafic et de la culture helvétiques. La Via Salina retrace ainsi l’histoire du sel, la Via Valetellina celle de la culture, du négoce et du transport du vin de la Valteline, la Via Romana, celle des voies romaines, tandis que la Via Cook évoque les débuts du tourisme en Suisse. De superbes images du célèbre photographe alémanique retracent un étincelant tour de Suisse à travers les montagnes, les vallées, les glaciers et les vignobles, tels que le pionnier du tourisme Thomas Cook les a sans doute découverts en 1863, en effectuant sa première visite en Helvétie, accompagné d’un groupe de voyageurs ébahis. Rassemblés sous le nom de Junior Alpine Club, quatre hommes et quatre femmes firent le voyage de Genève au pied du Mont-Blanc à Chamonix. Après avoir visité la Mer de Glace, ils poursuivirent leur route dans le Valais en direction de Sion et de Loèche-les-Bains, avant de poursuivre leur chemin avec guides et mulets en direction de l’Oberland bernois, puis en calèche et bateau à vapeur vers Interlaken. Chroniqueuse et fine plume, Miss Jemima Morrell narra ce périple dans son journal de bord (Editions Weber, 3645 Thoune [BE], Fr. 49.–, www.weberverlag.ch ) Le Château de Chillon tel qu’ont dû le voir les premiers touristes emmenés sur les bords du Léman par le Britannique Thomas Cook (photo H.-D. Finck) Infôtellerie – Septembre 2010 – No 63 11 Royal L’Ecole hôtelière sacre un Thaïlandais hors du commun L’ancien élève de l’EHL (volée 1951) Khwankeo Vajarodaya a servi le roi de Thaïlande durant 60 ans. Il a reçu le titre de Professeur honoraire pour avoir contribué au rayonnement de Lausanne à Bangkok et dans le monde. « Bienvenue. Vous êtes ici chez vous. L’Ecole hôtelière de Lausanne est votre école depuis les années 50 ! », a pu saluer Michel Rochat, le nouveau directeur de l’EHL, en accueillant le 18 juin dernier, un hôte de marque en ses murs. De passage en Suisse, le Grand Chambellan du roi de Thaïlande, Khwankeo Vajarodaya, âgé de 82 ans, a été reçu en grande pompe au Chalet-àGobet par Michel Rochat en présence de la conseillère d’Etat Anne-Catherine Lyon, du syndic de Lausanne Daniel Brélaz et de Lysandre Séraïdaris, les deux artisans de l’accord de collaboration signé entre Bangkok capitale thaïlandaise. Par ailleurs, une bourse Khwankeo, financée par le secteur privé, servira à financer les études de jeunes talents thaïlandais. Entre la ville de Bangkok, une mégapole dépassant les 12 millions d’habitants, et la commune de Lausanne, des liens très spéciaux se sont tissés depuis trois quarts de siècle à l’arrivée de deux futurs rois de Thaïlande, en 1933. C’est à cette date que la princesse Mahidol est arrivée à Lausanne avec sa fille aînée Galyani et ses deux fils Ananda et Bhumibol, âgés respectivement de 8 et 6 ans. Son mari, le prince Mahidol de Le directeur de l’EHL Michel Rochat remet un diplôme au Grand Chambellan et Lausanne il y a six mois, et du directeur de l’ECAL Pierre Keller. « C’est le roi, un grand ami de la Suisse et des Vaudois que vous honorez à travers moi », a relevé le nouveau professeur honoraire, le premier à recevoir ce titre au sein de la HES lausannoise. En contrepartie, l’école lausannoise a pu envoyer deux étudiants invités par la ville de Bangkok pour un voyage d’étude dans la 12 Songkla et fils du roi Chulalongkorn (Rama V), un docteur en médecine, était décédé prématurément en 1929. Devenue veuve, la jeune princesse décidait de s’installer en Suisse pour l’éducation de ses trois enfants avec l’appui d’un précepteur lausannois, Cléon Séraïdaris jeune doctorant en droit. Alors que les deux frères allaient fréquenter l’Ecole Nouvelle et l’Université de Lausanne, la princesse Galyani s’était retrouvée sur les bancs de l’Ecole Supérieure de jeunes filles, sous le nom de Galyani Mahidol (réd. : son nom complet étant Galyani Vadhana Krom Luang Naradhiwas Rajanagarindra) : « Nous étions dans un petit pays et l’on nous appelait monsieur, mademoiselle, et non pas princes et princesse, aimait à dire la sœur des deux rois. Nous vivions comme les petits Suisses et menions la vie simple des gens ordinaires ». Dans les vignes de Lavaux C’est en 1935 – il n’avait pas dix ans – que le jeune Lausannois Ananda Mahidol a été appelé à régner sous le nom de Rama VIII. Mais il fut assassiné lors d’un séjour à Bangkok, le 9 juin 1946, avant même son couronnement, alors qu’il terminait des études de droit à Lausanne. Son jeune frère Bhumibol, de deux ans son cadet, lui succéda alors. Le futur Rama IX avait 19 ans. Il entama à son tour des études de droit à Lausanne, laissant trois régents nommés par le Parlement mener les affaires du Royaume. En 1950, Bhumibol qui avait épousé la princesse Sirikit, fille de l’ambassadeur de Thaïlande à Paris, fut couronné à Bangkok, puis revint terminer ses études à Lausanne. Plus tard, en 1960, le roi Bhumibol logea durant presqu’une année au Flonzaley, une propriété de Puidoux-Chexbres dominant les vignes de Lavaux, région pour laquelle il garde une grande affection. Choisi par la princesse, la mère des deux futurs rois, au sein de la bonne famille de Bangkok, Khwankeo Vajarodaya et son frère jumeau Keokhwan seront tout d’abord les pages de Rama VIII et Rama IX. Ensemble, ils construiront leurs premières maquettes d’avions et de bateaux, comme tout adolescent. Le second fut inscrit à l’Institut agricole de Grangeneuve (FR), tandis que le premier allait suivre les cours de l’Ecole hôtelière, de 1948 à 1951, après avoir fréquenté avec succès l’Ecole de commerce. Elève assidu et discipliné, le jeune Khwankeo obtient son diplôme d’hôtelier en 1951 avec Infôtellerie – Septembre 2010 – No 63 Royal la mention « très bien » pour les cours de service, de cuisine et de secrétaire comptable. Il va effectuer ses stages tout près du Palais fédéral, au Bellevue Palace, puis à Brighton pour y perfectionner son anglais. Il sera ensuite engagé au service du roi Bhumibol, au Palais de Bangkok où il va superviser les grands banquets donnés aux visiteurs, têtes couronnées ou chefs d’Etat. En février 1972, le roi Bhumibol et la reine Sirikit reçoivent ainsi au Grand Palais de Bangkok, la reine Elizabeth et le prince Philippe. En connaisseur des vins, le Grand Chambellan sélectionna un Mouton Rothschild, non sans avoir goûté personnellement le fin nectar avant le service. En 1977, le club qui réunit les Chefs des chefs accueillit en son sein l’ancien élève de l’Ecole hôtelière sous la houlette de Paul Bocuse et de Pierre Troisgros, né le même jour de la même année et à la même heure, le 3 septembre 1928, à 10 h 40 ! Un livre d’arts de la table Pour immortaliser ses souvenirs de palais (royal), le Grand Chambellan est l’auteur d’un livre consacré aux arts de la table : « L’évolution et l’art de dresser la table, de gérer l’approvisionnement, les boissons et les menus ». Dans cet ouvrage paru et réédité sept fois en thaï, puis en anglais en attendant la version française, il présente une compilation des diners de gala royaux servis sous le règne des rois de Siam depuis les années 1900. Il y célèbre la gastronomie française, le service à la française et les meilleurs crus de France. Khwankeo Vajarodaya a pourtant tenu à faire figurer en page de couverture un caquelon à fondue avec une bouteille de vin blanc de la Ville de Lausanne ! Ce qui ne l’empêche pas de clamer haut et fort la supériorité de l’art de vivre « à la française » qui a une longue tradition à la cour de Siam. Lorsque le roi Chulalongkorn, ou Rama V, revint de ses différents voyages en Europe en 1897 et en 1907, il apporta avec lui l’art épicurien de la table, la manière de se tenir et de servir à table, avec des menus pour les banquets royaux rédigés dans la langue d’Auguste Escoffier. Mais le Grand Chambellan ne s’est pas contenté de superviser la bonne marche du palais, il a aussi dirigé les stations de radio et de télévision chargés de l’enseignement à distance jusque dans les régions les plus éloignées de la capitale. Il préside aussi la Fondation Rajaprajanugroh qui finance 39 écoles situées le long des frontières du royaume et dans les régions frappées de catastrophes (le tsunami notamment), la drogue ou le trafic d’êtres humains. Elle prend soin des orphelins dont les parents ont été victimes de ces fléaux et du virus du sida. Le nouveau professeur honoraire est aussi le plus proche serviteur du roi « le plus Suisse de la planète » et du souverain qui détient le record du plus long règne de l’Histoire. Agé d’un an de moins que lui, le roi Bhumibol n’a pas pu s’empêcher de plaisanter – en français, langue qu’il manie fort bien – en apprenant que l’école hôtelière s’apprêtait à le nommer professeur honoraire : « Comment peut-on nommer professeur un jeune homme comme lui ? ». Olivier Grivat Le syndic de Lausanne Daniel Brélaz, le directeur de l’EHL Michel Rochat, le Grand Chambellan du roi de Thaïlande et Lysandre Séraïdaris, fils de l’ancien précepteur du roi Infôtellerie – Septembre 2010 – No 63 13 Ecole hôtelière Alpine School : un label suisse à Athènes Sur le front de mer de la capitale, Eric et Sybil Hofmann exploitent depuis une vingtaine d’années une école hôtelière à l’emblème helvétique. Quand Sybil Hofmann, mi-Allemande et miLibanaise, et son futur mari Eric Hofmann se sont connus à Bagdad, ils ne pensaient pas créer un jour ensemble une école hôtelière « suisse » dans la capitale grecque : « Nous avons eu l’idée de créer cet établissement en Grèce en 1986, car il y avait manifestement une carence de formation hôtelière. Nous avons conclu un partenariat avec l’Ecole hôtelière de Lucerne. Les élèves qui peuvent suivre un cursus de deux ou trois ans viennent d’un peu partout. Il y a une majorité de Grecs bien sûr (60%), mais aussi des Russes, des Macédoniens, des Chinois, etc. C’est une école internationale qui s’appuie sur un label et une qualité suisses. Nous avons même quelques enseignants suisses, dont un Valaisan et un consultant grison, Gianni Riatsch, qui a étudié à Rome et dirigé pendant deux ans deux grands hôtels parisiens. » A Athènes, l’école est basée dans un hôtel de Glyfada, sur le front de mer : « Les tragiques évènements du mois de mai dernier qui ont vu trois employés de banque périr lors des mouvements de protestation contre les mesures du FMI et de l’Union européenne ont entraîné l’annulation immédiate de 24 000 nuitées en Grèce », commente à chaud le Grison Gianni Riatsch. D’origine romanche, il a étudié à l’Ecole suisse de Rome et travaillé à Paris, notamment au Lutetia et à l’Hôtel du Louvre, ainsi que dans de grandes chaînes hôtelières comme Hilton, Holiday Inn, Méridien, Marriott, etc. Il a travaillé aussi bien à Dubaï qu’en Guadeloupe, à Nice, au Sénégal, avant d’arriver à Athènes durant les Jeux olympiques de 2004, puis à Paradise Island aux Bahamas, à Santiago du Chili, avant d’être transféré à Florence comme directeur général de deux des meilleurs hôtels de la ville et enfin à Londres et de nouveau à Athènes. A la base, il a suivi une école d’ingénieur avant de se tourner vers l’hôtellerie et de trouver un premier job comme commis dans un palace de Mannheim. Aujourd’hui, il travaille comme consultant hôtelier, principalement pour un propriétaire chypriote qui possède le Marriott à Athènes et un bel hôtel en bord de mer, à Limassol. La Grèce touchée de plein fouet par la crise « La crise ? Elle est visible ici. Il y a d’abord eu la crise internationale qui a touché de plein fouet les palaces du monde entier et les compagnies aériennes. Athènes a fait partie de la deuxième vague et elle a été davantage touchée que des grandes capitales incontournables comme Paris ou Londres. La Grèce est plus affectée que les villes d’affaires. Les prix moyens ont aussi baissé en même temps que les marges des hôteliers. Eric et Sybil Hofmann en compagnie de l’hôtelier d’origine grisonne Gianni Riatsch 14 Infôtellerie – Septembre 2010 – No 63 Ecole hôtelière Les prix sont environ inférieurs de 25% à l’année passée. Cela ne se voit pas trop dans la rue où les tavernes sont bondées cet été, Les Grecs, pour les faire rester à la maison, il faut qu’ils aient de la fièvre ! S’il reste trois jours de suite à la maison, cela ne va pas ! C’est culturel. Je le sais bien, ma femme est grecque ! » constate Gianni Riatsch. La crise ne se voit pas dans les restaurants ou les bars, mais dans les caddies des supermarchés ou à la pompe à essence où le prix de l’essence est passé de 1 € à 1.50 € : 50% de hausse en quelques mois ! » « Des grosses erreurs ont été commises par les gouvernements successifs de gauche et de droite, poursuit le Grison. Le pays produisait 1000 et dépensait 1800. Le premier gouvernement Papandreou, père du Premier ministre actuel, était adoré. Avant l’entrée de la Grèce dans l’Union européenne comme 10e membre, le 1er janvier 1981, il a accordé des avantages sans compter : retraite avant 60 ans, 14 salaires avec un 13e à Noël, une moitié du 14e à Pâques et l’autre moitié avant le départ en vacances d’été. L’armée a su aussi jouer avec le conflit potentiel avec le voisin turc. La Grèce compte un million de fonctionnaires sur 11 millions d’habitants et ils n’ont pas grand-chose à faire. C’est un Infôtellerie – Septembre 2010 – No 63 gâchis énorme et les riches grecs ne paient pas les impôts qu’ils devraient. Selon les médias allemands, la Grèce compte plus de Porsche Cayenne que l’Allemagne. Il lui reste heureusement le tourisme avec un climat et une mer magnifiques. Il faut encore développer ce secteur, de même que le shipping et améliorer les infrastructures. » L’atout du pavillon suisse Sybil Hofmann est d’origine à la fois libanaise et allemande, mais suissesse par mariage. Elle est bien consciente de l’attrait du label helvétique pour l’école qu’elle dirige avec son mari, d’origine bernoise : « Le directeur du FMI n’a jamais demandé à la Grèce d’abaisser les salaires, mais d’améliorer sa compétitivité. L’avenir sera dur pour tout le monde. Les Grecs en sont bien conscients. Heureusement, la mémoire des choses négatives est relativement courte. L’euro baisse. Pour les Grecs, c’est un avantage pour le tourisme et j’espère qu’il va continuer à baisser, mais à l’avenir il faudra travailler mieux et plus. La crise ? On doit s’attendre à moins d’élèves inscrits pour les prochains semestres, mais ce n’est pas sûr. En revanche, l’écolage sera moins cher pour les élèves russes par exemple. Il coûte près de 14 000 euros en internat, puis les élèves effectuent ensuite un stage payé de six mois. L’éducation est importante pour les Grecs, mais ils n’aiment pas trop les métiers de service. Il y a beaucoup à améliorer de ce côtéci. C’est culturel et c’est ce à quoi nous nous attelons. Le tourisme va diminuer et il faudra revaloriser l’image du pays. » Sortir la Grèce de la zone euro ? Pour Gianni Riatsch, ce serait une erreur : « Sans les milliards prêtés par l’Europe, le pays serait en faillite. Faire partie d’un groupe de pays forts, c’est un atout. Il ne faut pas retourner dans le passé. Mais il faudrait stopper la corruption, notamment dans les hôpitaux publics, où il est de coutume de glisser une enveloppe de 500 € au chirurgien avant de se faire opérer. Mais cela risque de prendre une ou deux générations. Il faudra probablement adopter une politique monétaire commune pour pouvoir gérer une monnaie commune, conclut le consultant grison. Comme aux Etats-Unis où se côtoient un budget fédéral et un budget pour chaque Etat. » Olivier Grivat/Athènes www.alpine.edu.gr 15 En bref – Agenda L’avion d’Edgar 16 L’école du sourire… hôtelier La cérémonie de remise des diplômes SSH de l’Ecole de secrétariat hôtelier a eu lieu le 20 août dernier au Lausanne Palace. L’occasion pour Mme Françoise Aramendi, responsable du domaine Profession & Formation et responsable du bureau romand P.P. A l’initiative du professeur d’astrophysique et ancien directeur de l’Observatoire de Genève André Maeder, Villars Tourisme a inauguré cet été un chemin original le long des sentiers qui mènent de Bretaye à Villars-sur-Ollon. Pas moins de neuf postes s’offrent aux promeneurs pour mieux faire Dépôt en nombre 4,6 milliards d’années sur 4,6 km 1000 Lausanne 1 La Table d’Edgar prend résolument de l’altitude… Depuis le 1er septembre et jusqu’à fin novembre, les passagers des classes affaires et 1re peuvent déguster la cuisine du chef du Lausanne-Palace, le Valaisan Edgar Bovier, 17 points sur 20 au GaultMillau. Avant lui, des chefs romands comme Frédy Girardet, Didier Schneiter du Beau-Rivage Palace et le Fribourgeois Pierrot Ayer notamment ont déjà officié à 10 000 m d’altitude, chez Swissair comme chez Swiss. C’est depuis 2002 que la filiale de Lufthansa collabore tous les trois mois, dans le cadre de son programme Taste of Switzerland, avec un chef renommé pour présenter les spécialités culinaires de sa région : « J’aime les produits qui ont un goût intense et considère de mon devoir le plus important de laisser à chaque produit sa véritable saveur, plaide le Valaisan qui a pris domicile dans les Alpes vaudoises. Ma cuisine repose sur la qualité des produits et le respect que j’éprouve pour eux ». Fleur de courgette farcie à la mousse de sandre du Léman, filet de veau en croûte aux agrumes et porchetta de poulet avec farce méditerranéenne figurent au menu des passagers de la First Class. La tomme de Rougemont et le fromage de L’Etivaz ne sont pas oubliés. La compagnie s’offre l’image du grand chef à bon compte : cela ne lui coûte que quelques billets d’avion et elle se fait même sponsoriser comme pour une opération marketing par l’Office du tourisme vaudois, Lausanne Tourisme et la marque horlogère Blancpain. Ainsi que l’a relevé avec humour son viceprésident Alain Delamuraz, « ce partenariat est tout naturel, toutes nos montres portent en toutes lettres sur leur cadran la mention SWISS ! ». comprendre l’histoire de notre planète : de l’apparition des hominidés à la formation du système solaire. Les grands moments de notre Planète sont expliqués au moyen de sculptures en fer forgé : les premiers mammifères, l’explosion des formes de vie, la photosynthèse, la terre complètement gelée, les premières bactéries, et d’autres moments extraordinaires sont expliqués simplement, en français et en anglais. Deux artistes romands ont participé au projet : Pierre-André Tschantz, forgeron à Bière, et Laurent Berger, artiste-peintre neuchâtelois résidant à Genève : « Le but n’est pas de refaire un sentier planétaire comme à St-Luc, mais de proposer un projet original se différenciant de tout ce qui a été fait jusqu’ici, assure Villars Tourisme. Ce chemin de l’Histoire de la Terre a une vocation écologique, invitant à la protection de la Nature. Il veut faire prendre conscience de la longue histoire qui précède l’arrivée de l’homme et montrer que les changements que nous apportons sont explosifs à l’échelle des temps géologiques. » Agenda Quelques rendez-vous importants pour le secteur touristique 7 au 10 octobre Salon de Broquante et d’antiquités, Morges De g. à dr. : Nora Sterchi, Marylin Perrod, Aude Jacot et Astrid Fontimpe 16 au 17 octobre d’hotelleriesuisse de féliciter les lauréat(e)s qui ont passé une année de stage dans un hôtel, avant de passer leurs examens et de recevoir leur diplôme : « La réception est la première vitrine de notre branche et c’est à ce moment crucial du contact que la viabilité de notre branche se joue. Nous espérons que vous saurez être à l’écoute des besoins des clients, analyser activement les problèmes, envisager des solutions et prendre position. » Quant à Jacques Pernet, le vice-président de l’Association romande des hôteliers, il a relevé l’importance de la formation donnée à l’Ecole de secrétariat hôtelier : « Il n’y a pas d’autre formation pour ce métier, à ce jour, que le diplôme que vous recevez. Or, la branche manque cruellement de réceptionnistes formées. C’est donc les bras ouverts que la branche vous accueille en son sein. » 19 au 24 octobre Salon Animalia à Beaulieu Comptoir de Morges 22 au 24 octobre Sommet de la francophonie à Montreux 29 au 31 octobre Foire des Planches, Montreux 7 au 10 novembre Gastronomia à Beaulieu 19 au 21 novembre Foire de la St-Martin, Payerne 4 au 5 décembre Marché Artisanal de Jérusalem, Aigle Infôtellerie – Septembre 2010 – No 63