Thème CONDUIRE au NEPAL

Transcription

Thème CONDUIRE au NEPAL
Nepal Sherpa Sig
Henri Sigayret, Kathmandu Golfutar Mahenkal, Gabissa Oda No 6
Copyright 2008 - 2009 © Nepal Sherpa Sig - All rights reserved.
Les présents textes traitent principalement du Népal, de l'alpinisme, de l'himalayisme.
Octobre 2008
Thème CONDUIRE au NEPAL
Sommaire :
ON ROULE A GAUCHE : ......................................................................................................... 3
CONDUITE PARTICULIERE DES NEPALAIS. ..................................................................... 3
CODE DE LA ROUTE : ............................................................................................................. 5
LA POLICE, ATTITUDES :....................................................................................................... 5
LE SIFFLET :.............................................................................................................................. 6
LES BUS : ................................................................................................................................... 6
MINIBUS OU MICROBUS : ..................................................................................................... 6
TAXIS : ....................................................................................................................................... 7
TEMPOS ou TEMPUS. : ............................................................................................................ 7
CAMIONS :................................................................................................................................. 7
VOITURES DE TOURISME : ................................................................................................... 8
MOTOS : ..................................................................................................................................... 9
RICKSHAWS : ........................................................................................................................... 9
CYCLISTES :.............................................................................................................................. 9
TRANSPORTS EN COMMUN EN VILLE :............................................................................. 9
VITESSE EN VILLE : .............................................................................................................. 10
RALENTISSEURS : ................................................................................................................. 10
VITESSE SUR ROUTE : .......................................................................................................... 10
LES VACHES : ......................................................................................................................... 11
POLLUTION DUE AUX VEHICULES : ................................................................................ 11
ACCIDENTS :........................................................................................................................... 11
STATIONNEMENT : ............................................................................................................... 12
LE KLAXON : .......................................................................................................................... 12
USAGE DU FEU DE CHANGEMENT DE DIRECTION : .................................................... 13
LE RETROVISEUR :................................................................................................................ 13
ROUTES: .................................................................................................................................. 13
GENERALITES SUR LEUR CONSTRUCTION :.............................................................. 13
RESEAU : ............................................................................................................................. 13
AUTRES ROUTES, NOMS DE VILLES OU DE STATIONS DE MONTAGNE :........... 15
ETAT DES ROUTES :.......................................................................................................... 16
1
BANDES BLANCHES : ....................................................................................................... 16
ROULER DE NUIT : ................................................................................................................ 16
EMBOUTEILLAGES : ............................................................................................................. 17
ASSURANCES : ....................................................................................................................... 17
COMMENTAIRES SUR LES ROUTES ET LA CONDUITE : .............................................. 17
ATTITUDES OCCIDENTALES :............................................................................................ 18
EXPERIENCE DE DUMRE :................................................................................................... 18
RECITS : ................................................................................................................................... 19
PREMIERE RECIT :............................................................................................................. 19
DEUXIEME RECIT :............................................................................................................ 19
TROISIEME RECIT : ........................................................................................................... 20
QUATRIEME RECIT : ......................................................................................................... 21
2
CROQUIS 7.
ON ROULE A GAUCHE :
Les Anglais l’ont appris aux Indiens, les indiens aux Népalais : il faut rouler à gauche d’une
chaussée. Contrairement à ce que croit le touriste français, on s’habitue très rapidement à
cette façon de faire, la position du volant à droite du véhicule facilitant le changement. Une
exception, quand on roule sur une route de montagne déserte et que l’on est distrait, on se
retrouve parfois à droite de la chaussée. Les difficultés de conduire au Népal viennent
d’ailleurs. Enumérons quelques exemples sur les manières de conduire des Népalais qui
étonnent le plus blasé des touristes, bien qu’elles soient semblables à celles qui sont
courantes en Inde et en Amérique du Sud.
CONDUITE PARTICULIERE DES NEPALAIS.
Peut-on déduire la manière de se conduire d’un peuple à la façon dont il conduit ses
véhicules ? En Europe, on distingue facilement le conducteur nordique du sudiste. Le Latin,
cet éternel indiscipliné, ce carotteur impénitent, a peu de respect pour le texte législatif que
celui-ci s’applique à la protection de la nature, au droit fiscal, au Code de la route… Et
bien, il faut admettre qu’en ce qui concerne sa façon de conduire, le Népalais est le Latin
d’un Latin. Ici, le pire chauffard occidental est un modèle de conducteur. Qui ne le sait, le
peuple népalais est un peuple offrant de grands contrastes, un peuple paradoxal, il y a en lui
du meilleur et du pire. Cette assertion est vérifiée à chaque instant lorsqu’on observe la
circulation en ville mais aussi sur les routes.
Quelques exemples :
- On roule à gauche, donc on devrait doubler un véhicule plus lent ou éviter un véhicule
arrêté en passant sur sa droite. Il n’en est pas toujours ainsi, on double, on évite, en passant
indifféremment à gauche ou à droite. Ici se vérifie à chaque instant que : La voiture a
horreur du vide. Vous êtes dans une longue file d’attente, vous vous êtes sagement placé
dans l’axe de la voiture qui vous précède, il ne passe pas une minute sans qu’un véhicule
vienne à votre niveau sur votre gauche et un autre sur votre droite. Et les chauffards de ces
véhicules vont, dès que la file va s’ébranler tenter de vous couper la route.
- Les conducteurs appliquent la règle : Doubler à tout prix. On ne devrait doubler que sur
une seule file, pourtant on voit banalement des conducteurs en deuxième, voire en troisième
ou en quatrième position sur le boulevard de ceinture Ring Road et les routes un peu larges.
3
CROQUIS 8.
Reproduction de trajectoires virtuelles de véhicules sur Lazim-path à une heure de
circulation intense.
- D’une manière générale on roule au milieu, cela permet d’aller rapidement d’un côté ou
de l’autre. Il n’y a pas de partie réservée à un sens de conduite, toute la route est à chacun.
On se faufile, on s’encastre, on s’insère, on s’intercale, on s’enchâsse, on s’immisce, on se
glisse, on frôle, on intimide, on repousse du klaxon, de sa masse si on est plus lourd ou plus
volumineux que l’autre.. On bloque la circulation. Qu’importe !
- La route est à tout le monde, c’est donc un dépotoir à ordures et un entrepôt pour les
matériaux de construction : sable, graves, briques, armatures pour le béton… et tant pis
pour la fluidité de la circulation.
- La route est le stade de l’incivilité. On peut y être impoli, brutal, sans-gêne, goujat, filou,
grossier… Bref, y exhiber tout le négatif qui est dans la nature humaine lorsqu’il n’est pas
canalisé par des règles de politesse élémentaire ou par des textes législatifs.
Mais conduire est une épreuve de force sans manifestation d’agressivité :
Jamais de parole grossière, de coup de gueule, d’injures, de geste rageur. Et de quelle
patience, de quelle tolérance fait preuve le conducteur népalais ! Un véhicule arrive en face,
il double sur la partie droite de chaussée en troisième position, le conducteur qui arrive en
sens contraire ne dit rien, il ralentit ou s’arrête. Il n’y a chez lui aucune manifestation de
méchanceté, aucun n’acte inspiré par la colère, le désir de gagner, de donner une leçon.
Suprême manifestation de mécontentement, on fixe l’autre, silencieusement, droit dans les
yeux. Je me souviens, il y a 25 ans, sur la route du Téraï, la chaussée est en travaux, une
piste à une voie a été aménagée. Notre bus s’y engage avant un autre qui arrive en face et
ne s’arrête pas. Les deux bus sont rapidement face à face, à trente centimètres l’un de
l’autre. Les conducteurs se fixent. Combien de temps dure l’épreuve ? C’est notre
conducteur qui finit pas faire marche arrière. Lorsque les deux véhicules se croisent les
conducteurs restent impassibles, aucun regard de vainqueur de l’un, aucune parole acide de
l’autre.
Très rares sont les remerciements que l’on adresse à un autre conducteur qui a eu une
attitude civile, qui a accepté de laisser le passage à des piétons ou à un autre véhicule.
Quelques souvenirs qui contredisent cela, dont celui de ce conducteur de moto que j’ai
laissé passer, qui, stoppé par le feu rouge de Tridévi marg quelques mètres plus loin, enlève
son casque pour m’offrir le plus gracieux des sourires népalais et qui, mis en retard par son
geste, cale son moteur lorsque le feu passe au vert, me sourit de plus belle avec le geste qui
va avec les mots que l’on prononce dans ces circonstances : << ké garné >>, que faire !
L’inconstance, l’absence de rigueur sont propres à ce peuple, de nombreux exemples
permettent de le vérifier. Pendant un temps très court il a été obligatoire de fixer les
ceintures de sécurité. Je suis sur Maharajganj, deux bus arrêtés au même niveau interdisent
4
tout passage. Je m’arrête et j’attends. Un flic se précipite vers moi, il ordonne << Chi bel
>>, je ne comprends pas, il fait des gestes en dessous de la ceinture. Il insiste << Chi bel
>>. Je dis à Danzee : << Dis-lui que je n’ai aucun problème intestinal >>. Heureusement
elle comprend et m’explique :<< Il faut mettre nos ceintures >>. J’ai le temps de mettre la
mienne et de vérifier deux ou trois fois si elle est bien accrochée, les bus sont toujours là. Je
les montre au flic qui me regarde maintenant avec sympathie mais ne comprend pas que je
souhaite qu’il impose aux conducteurs des deux bus de libérer le passage. Autre exemple :
Thamel ouvert aux voitures, aux motos est devenu un lieu d’autant plus infernal que les
conducteurs y utilisent le klaxon. Quelle intelligence logique a réussi à convaincre les
gestionnaires de ce quartier d’y interdire toute circulation mécanique ? Toujours est-il
qu’un jour une chaîne et un garde sont placés aux principales entrées de ce quartier - sauf
celle de Tridévi marg où se trouvent des parkings. Initiative heureuse mais qui n’a qu’un
temps, la saison suivante, gardes et chaînes ont disparu !
CODE DE LA ROUTE :
Il n’y a pas de texte législatif comparable à notre code de la route qu’il est impératif de
respecter sous peine de sanctions financières, plus rarement pénales. Il n’y a qu’un
règlement dont tout le monde se moque. Il n’y a aucune véritable volonté de le faire
strictement appliquer. Les policiers sont impuissants face à la force de l’habitude, au lobby
des transporteurs, au ké garné népalais. Ce qui était somme toute sympathique lorsque la
circulation était fluide et que les véhicules roulaient doucement, est devenu une source de
nuisance et est à l’origine de trop nombreux accidents. Quelques exemples de nuisance :
- on peut s’arrêter n’importe où, mettre sa moto en travers…
- rien n’oblige un véhicule à ralentir dans la traversée d’un village. Les policiers présents ne
peuvent qu’observer les chauffards qui conservent leur vitesse de route, voire même
l’augmentent si la route traversant le village est en pente. Hélas ! Ces chauffards tuent. Les
villageois n’ayant d’autre moyen pour obtenir le paiement du préjudice barrent la route.
Parfois plusieurs heures, il m’est arrivé de rester bloqué 11 heures à Malhéku sur la Prithivi
Narayan. Mais d’autres conducteurs ont, dans d’autres circonstances, été stoppés plusieurs
jours de suite.
LA POLICE, ATTITUDES :
La police n’est pas toute puissante, le policier n’est pas craint comme il l’est chez nous. Il a
une présence passive, il n’est pas directif, il n’est qu’une sorte de conseil placide. Ses chefs,
par laxisme – à cause de politiques soumis au lobby des transporteurs ? - ne lui imposent
qu’exceptionnellement des attitudes autoritaires ou sévères. Voilà une file de véhicules
arrêtés entravant la circulation sur une artère. Que fait un policier présent ? Il remonte
lentement la file en tapant de petits coups sur la portière située du côté du conducteur.
Arrivé au point extrême du bouchon, il indique au conducteur par une moue réprobatrice et
un geste mou de la main que ce qu’il fait n’est pas bien et qu’il doit envisager, dans les
minutes qui suivent, de quitter sa place. Le policier a parfois un geste des doigts des plus
gracieux pour exprimer un ordre ou pour manifester son mécontentement. Il les agite de la
même manière que lorsqu’on adresse un au revoir à un petit enfant. Si le policier, attitude
récente, règle la situation dans un carrefour, c'est-à-dire donne le passage alternativement
aux véhicules roulant dans un sens puis dans l’autre, il ne se place pas là où pourrait être vu
de tous, il ne reste pas dans une attitude figée qui montre la direction du flot et impose
l’obéissance. Non, il choisit l’endroit où il est le moins en vue. De là, il indique, mains
basses et gestes courts, le sens du courant, puis qu’un flot doit s’interrompre et que l’autre
doit circuler. Si un véhicule ne poursuit pas tout droit mais manifeste l’intention de tourner
5
et, ce faisant, bloque la route, le policier vient observer le problème posé. Méditatif, il laisse
les conducteurs résoudre seuls le problème. Si un accident se produit, il applique la devise :
Je n’ai rien vu, je ne veux rien voir. Mais parfois un policier sort de sa placidité. Un
conducteur de taxi dans un carrefour n’obéissant pas il le frappe. Conséquence : révolte
immédiate de ce dernier qui appelle ses confrères à la rescousse. En quelques minutes, une
vingtaine de taxis interdisent toute circulation dans ce carrefour. Arrivent alors une dizaine
de policiers qui… constatent. Durée du bouchon : deux heures.
LE SIFFLET :
Il n’est pas le moyen de souligner un ordre, il est un moyen d’indiquer sa bonne humeur. Il
est utilisé sans motif, plus souvent quand tout va bien que quand tout va mal. << Shiiii, je
suis content de vous, shiiii, je suis de bonne humeur, ma femme a été gentille ce matin,
chiiii, de vous à moi, mes enfants travaillent bien à l’école…>>
LES BUS :
Plaques d’immatriculation noires. Ce sont les rois de la chaussée, en zone urbaine et sur les
routes. En grands philosophes ils disent : Je suis fort donc je passe. Et ils rajoutent : J’ai la
voix forte donc je klaxonne. Leurs klaxons sont les plus puissants, les plus stridents, les plus
chargés d’injonctions de tous ceux du monde roulant. Si les bus sont souvent moins lourds
que les camions, ils sont plus rapides. Partout, ils se comportent en maîtres absolus, en rois
de la chaussée. Si un jour ils ont la priorité comme ils l’ont en France, priez pour les autres
conducteurs. Ils étaient simples conquérants, ils vont se transformer en tyrans. Connaissant
parfaitement la route, ils profitent de la moindre descente, de la plus courte portion de route
plate pour accélérer. A vitesse à peine supérieure ils n’hésitent pas à doubler, ce qui prend
un temps interminable. Emoi des clients se trouvant aux premières places. Combien de fois,
roulant gentiment, me suis-je trouvé sur la même partie de route qu’un bus qui doublait
dans un virage et qui, n’étant plus maître de sa vitesse, était déporté sur sa droite, ou qui
surgissait tout à coup de derrière un autre véhicule. Leur manière de choisir leur lieu d’arrêt
ajoute à leur despotisme. Il faut savoir qu’au Népal il n’y a pas d’arrêt fixe pour les
transports en commun. Ici le client est roi, on s’arrête à son signal où que l’on soit. On peut
même rajouter que les bus ne s’arrêtent pas n’importe où, sans exagérer on peut dire qu’ils
s’arrêtent là où ils gênent le plus la circulation, là où ils peuvent même l’arrêter
complètement. Pourquoi ? Ne pensez pas qu’il s’agit d’un désir de nuire, ils s’arrêtent ainsi
par nécessité commerciale, ils s’arrêtent de manière à interdire le passage à un concurrent :
autre bus, microbus ou simple taxi. On voit ainsi des bus arrêtés en travers, au milieu de la
chaussée, dans un virage sans visibilité, dans une portion étroite de la chaussée, au même
niveau qu’un autre véhicule arrêté sur l’autre voie… Les carrefours qui desservent quatre
routes sont des lieux d’arrêt privilégiés. C’est pourquoi, dans Kathmandu, la majorité des
bouchons indescriptibles, imprescriptibles, ceux de Chabahil, de Chakrapath, de Kalenki
leur sont imputables. Il m’a fallu une fois quatre heures pour franchir ce dernier carrefour.
Autre explication, ils veulent toujours être les premiers pour capter, plus loin, le passager
en attente, c’est pourquoi ils démarrent très vite et roulent, même sur de très courtes
portions, le plus rapidement possible. Sur route, les conducteurs de bus se conduisent en
meurtriers. Il arrive souvent que des accidents de bus fassent 10, 20, 30 victimes ou plus,
par choc ou noyade quand ils tombent dans un torrent …
MINIBUS OU MICROBUS :
Plaques d’immatriculation noires ( ou blanches dans Kathmandu ). S’ils sont plus petits que
les bus ils sont dotés de mécaniques puissantes, ils sont ainsi très rapides et le
6
comportement de leur conducteur est le même que celui des conducteurs de bus. Les voir
doubler sans visibilité dans les virages entre Naubisé et Kathmandu fait frémir le plus
audacieux des conducteurs occidentaux.
TAXIS :
Plaques d’immatriculation noires. La majorité est des Maruti, Suzuki de fabrication
indienne. Ce qui est dit pour les bus et les microbus leur est applicable. S’ils ne bénéficient
pas d’une masse puissante, leur faible encombrement leur permet de se faufiler entre les
autres véhicules ou entre un véhicule et le fossé à gauche de la chaussée. Eux aussi
s’arrêtent, non pas n’importe où, mais là où ils entravent le plus la circulation. Les
carrefours sont pour eux des lieux de stationnement privilégiés. A signaler : les
propriétaires de taxis au volant sont très peu nombreux, la plupart des conducteurs louent
leur véhicule. De plus ils sont tributaires d’une clientèle en dents de scie, les périodes de
grande fréquentation touristique sont courtes. On n’a jamais vu un conducteur de taxi
s’enrichir et c’est pourquoi il faut parfois être indulgents avec eux lorsque leur tarif est très
élevé ou parce que leurs compteurs sont trafiqués : 9/10 le sont !
TEMPOS ou TEMPUS. :
Ce sont ces minuscules cages parallélépipédiques à trois roues, en général mues par de
simples moteurs électriques, dans lesquelles s’encastrent 10 à 12 passagers. Le coût des
déplacements est modique, suivant la distance 10 à 20 roupies. Un avantage : les places
sont si étroites que si une jolie femme vient s’asseoir à côté de vous, vous en apprendrez
davantage sur son anatomie en cinq minutes que si vous êtes assis contre elle dans un bus
népalais pendant une heure ou une semaine dans un bus français. A l’opposé s’il s’agit
d’une grosse femme il vous faudra dix minutes de gymnastique intensive pour retrouver
l’usage de vos membres et votre souplesse. Autre avantage pour un Occidental, les
passagers étant placés les uns en face des autres, une personne curieuse d’autrui apprend
beaucoup de choses sur la façon dont se comportent les Népalais en déplacement. Une
caractéristique, lors du démarrage, le conducteur d’un de ces engins ne regarde jamais
derrière lui, il a d’ailleurs rarement un rétroviseur, et comme il ne possède aucun signal de
changement de direction, gare aux accrochages si vous vous apprêtez à le doubler.
CAMIONS :
Plaques d’immatriculation noires. Les camions, si l’on tient compte du fait qu’ils n’ont pas
à s’arrêter aussi souvent que les bus, sont la deuxième force de nuisance sur les routes du
Népal. Ils ont pour eux leur masse, leur klaxon. Leurs conducteurs éprouvent un sentiment
de suprématie qui les pousse à considérer les autres utilisateurs de la chaussée comme des
quantités négligeables. Ces conducteurs répugnent à ralentir, ils font tout pour éviter de
perdre leur élan. Tous cherchent à bénéficier de la moindre descente, tous n’hésitent pas à
se déporter brutalement sur la droite de la route s’il y a un nid ce poule, un obstacle,
presque tous doublent sans avoir une bonne visibilité. Lorsqu’ils sont chargés, en côte, ils
sont vulnérables mais lorsqu’ils sont vides, dans les descentes, ils peuvent atteindre des
vitesses supérieures à celles d’une voiture de tourisme. Kathmandu n’a pas de torrent
important, les carrières y sont rares, les granulats de construction de qualité proviennent de
la Trisuli au niveau Belkhu, de la Mélamchi kola au niveau Lamindanda, ou de la Sun
Koshi, niveau Dolalghat - La Séti khola pour Pokhara - C’est pourquoi les camions sont
très nombreux sur les routes autour de la capitale.
7
CROQUIS 9.
VOITURES DE TOURISME :
Les véhicules de tourisme sont affectés de taxes himalayennes qui font qu’un même type de
véhicule est deux fois plus cher au Népal qu’en France. Et le gouvernement mao va
certainement les augmenter, ce qui est une chose judicieuse, il n’y a aucun coolie qui ait sa
voiture. Ceci est vrai pour celles fabriquées en Inde et en Corée car pour celles fabriquées
au Japon ou dans un pays occidental, il faut multiplier le coût par trois ou quatre ! Calculer
le rapport en tenant compte de la valeur des différentes monnaies ! Le parc des voitures de
tourisme a sérieusement augmenté en quelques années et il est évident qu’il va continuer à
croître dans les grandes villes. La plupart de ces voitures étaient des petites Maruti-Suzuki
made in India, mais on voit maintenant, en plus de ces Maruti, des berlines Tata – licence
Mercédès en Inde - des coréennes Hyunda ou Kia de tous les types. Les puissants 4 X 4,
bardés de chromes et d’enjoliveurs sont nombreux. Ne vous moquez pas des Népalais, cette
volonté de se faire passer pour un baroudeur aisé existe chez nous, on me dit qu’il y a des 4
X 4 dans Paris ! J’ai eu moi-même, ma période voiture puissante dont je ne suis pas très
fier ! On pourrait disserter longtemps sur les gros 4 X 4 d’O.G ou d’O.N.G. ou sur ceux du
plus puissant des organismes internationaux sur lesquels sont peints en lettres énormes le
plus petit des chiffres entiers, qui portent sur le toit le plus onéreux des porte-bagages et qui
sont tous pourvus d’une antenne radio tellement haute qu’on est conduit à penser que le
siège social de leur Office est au sommet de Sagarmatha.. Regrettons que ces véhicules se
donnent en spectacle dans les pays les plus pauvres de la terre.
Une anecdote, je suis propriétaire d’une petite Maruti-Suzuki 4 X 4. N’ayant aucune
fonction officielle, ma voiture possède une plaque minéralogique de couleur rouge. Pendant
la guerre civile - voir journal F.A.N. dans la 1° partie de ce site – j’étais évidemment arrêté
à tous les postes de contrôle. Policiers et militaires ne savaient pas dans quelle catégorie
classer ce vieil occidental et posaient des questions aussi stupides les unes que les autres.
Alors, pour me moquer de tous j’ai fait peindre sur les deux portières de la Maruti les
initiales de mon nom H.S. sur fond bleu blanc rouge. La France, pays républicain et de
révolutions, n’était guère appréciée par la gent népalaise royaliste ou portant uniforme,
mais, heureusement, cette gent ne savait en général pas lire. J’avais aussi fait peindre le
chiffre deux à la suite de H.S. Que signifiait H.S. et 2 ? Les gens à l’esprit logique
8
insinuaient que ces lettres étaient simplement les initiales du propriétaire, les jaloux
qu’elles voulaient dire hors service, un trekkeur atteint de tourista avait même insinué
qu’elles étaient la formule chimique de l’hydrogène sulfureux, ceux qui connaissaient mes
actions dans le domaine de l’humanitaire qu’elles étaient le sigle de mon association
d’aides : Helps Sigayret. Rares ceux qui savaient que ces lettres signifiaient haute
spiritualité caractéristique de l’auteur. Quand au chiffre 2 il n’était là que pour tourner en
dérision les propriétaires de ces énormes 4 X 4 à longues antennes, à petit chiffre tracé en
lettres énormes, cités plus haut.
A signaler quelques femmes au volant. Elles sont en général moins pires que les hommes.
MOTOS :
Elles pullulent en ville, elles sont plus rares sur routes. La moto est le moyen de locomotion
du cadre kathmandouite. Peu de grosses cylindrées, des 125 cm3 en général. Mais la
puissance est suffisante pour transporter une famille composée du père, de la mère et de
deux enfants. Les motos sont au monde roulant népalais ce que sont les mouches au monde
animal. Elles sont partout, bourdonnant et sinuant. N’offrant aucune tôle de protection, les
accidents corporels des conducteurs sont nombreux. De plus en plus nombreux sont les
accidents causés à des Tiers par de jeunes conducteurs roulant trop vite. Combien de fils à
papa ont maintenant leur moto ! Avant, les motards roulaient sagement, puis on en a vu qui
slalomaient, on en voit maintenant qui godillent entre les voitures et les piétons. Amateurs
de bruits comme tous les Népalais, les motards ont vite appris que les décibels produits par
leur moto étaient sérieusement augmentés s’ils enlevaient quelques ailettes de leur pot
d’échappement.
On voit depuis peu des scooters qu’apprécient les népalaises fortunées.
RICKSHAWS :
Ne rêvons pas à la suppression des rickshaws en pensant à la peine du pédaleur, les coolies
qui montent des charges à Namché Bazar, au Thorong la, au col de Gorapani, au Chugyéma
la, à Amjilassa… peinent beaucoup plus. Tout est affaire de salaire. Il ne faut simplement
pas oublier que les pédaleurs sont rarement propriétaires de leur engin. Rêvons au contraire
à des rickshaws dans tout le centre ville de Kathmandu, dans les quartiers tels que ceux de
Thamel, d’Asan Tole. Ils conduiraient, tarif codifié et affiché, les touristes et acheteurs aux
portes de leur hôtel, des magasins et des restaurants. Incroyable le volume de bagages que
l’on peut placer sur un rickshaw ! Quant au poids transporté, le plus gringalet de ces
pédaleurs translate, en se jouant, un couple d’obèses habitants de l’U.S. d’une extrémité de
Thamel à une autre. Pourquoi des Américains ? Parce que je suis raciste.
CYCLISTES :
Ils étaient nombreux, ils sont devenus rares. La voiture, la moto, chassent le cyclo. On en
voit quand même qui acceptent de prendre le risque de se déplacer en bicyclette. Les
typiques vélos indiens sont remplacés par des V.T.T. de fabrication locale, dont la fiabilité
est incertaine. Les Occidentaux adeptes de ce sport ( combien nombreux sont les itinéraires
autour de Kathmandu, de Pokhara…) font venir des mécaniques occidentales.
TRANSPORTS EN COMMUN EN VILLE :
Kathmandu est une ville dont l’urbanisme est à bien des égards moyenâgeux. Les routes y
sont étroites, mal ou non revêtues d’enrobé, sans trottoirs. On voit, ils sont rares, voir titre
anecdotes, des abribus et des surlargeurs de chaussée pour le stationnement de courte durée.
Il n’y a pas de véritables parkings, ceux de Tridévi marg ou de Tundikel… sont
9
ridiculement petits. Transformer la périphérie de Narayanhiti, l’ancien palais royal, occupée
par des postes de garde en zone de parkings serait une chose utile. Tout plaide pour que les
transports en commun soient, dans cette ville, développés au maximum. Répétons-le, les
rickshaws devraient s’imposer dans certains quartiers.
Rêve : les agences de tourisme et les médias spécialisés français écrivent une note au
consulat de France à Kathmandu pour être transmise à qui de droit.
VITESSE EN VILLE :
Un touriste arrivant pour la première fois à Kathmandu et prenant un engin de transport est
tout à la fois émerveillé et épouvanté. Et il se pose la question : Comment font-ils pour
rouler ainsi sans accident. Des accidents, il y en a, mais ils sont peu nombreux ou ils
n’affectent que la carrosserie. A part les accidents de motos qui eux sont nombreux et
parfois graves ou même mortels. La faible vitesse explique tout. En réalité, les conducteurs
ne conduisent pas vite, l’impression de vitesse est donnée par la surdensité et l’anarchie qui
dirige la manière de conduire. Il arrive que je fasse l’aller retour Golfutar centre ville de
Kathmandu en première vitesse ( 2 fois 8 à 10 km ). Sur certains longs trajets, on n’utilise
pas la troisième ni la quatrième vitesse. Témoigne de la vitesse réduite, l’absence de traces
de pneus que des coups de frein brutaux laissent toujours sur une chaussée. Les spécialistes
le savent, c’est la grande vitesse qui tue. L’Occidental imagine les conséquences des
situations qu’il voit ici à celles qui surviendraient dans son pays en tenant compte de la
vitesse à laquelle y roulent les véhicules. Une voiture arrive en face de vous, ce qui serait la
cause d’un effroyable accident si les voitures allaient vite, est ici sans conséquence
puisqu’il est évité par un léger coup de frein et un déplacement à gauche ou à droite du
véhicule. Il n’en reste que, étant donné l’état des véhicules, la surcharge, l’état de la
chaussée… les véhicules vont trop vite. Et cette vitesse augmente encore lorsque la qualité
du revêtement, la largueur de la chaussée l’autorisent. Il en est ainsi sur la moindre ligne
droite, sur le boulevard de ceinture Ring road.
RALENTISSEURS :
Les surépaisseurs de la chaussée qui obligent un conducteur à ralentir sous peine de voir ses
passagers frapper violemment le toit du véhicule de leur crâne, sont dimensionnés sur la
base de la hauteur de Sagarmatha, les nôtres, plus modestes, le sont sur la hauteur du Mont
Blanc.
VITESSE SUR ROUTE :
Si la vitesse en ville est, en général, faible, la vitesse sur route est toujours excessive. Il n’y
a aucune route qui soit entièrement de bonne qualité.
D’ailleurs, on peut affirmer que les mauvaises routes sont moins dangereuses que les
bonnes, car les conducteurs y sont sans cesse sur leur garde. Sur les bonnes routes, tout à
coup, non signalé, survient un nid d’autruche, un effondrement, un tas de pierres, un
terrassement transversal… Sur une bonne route les conducteurs de véhicules doublent
n’importe où, y compris dans les virages sans visibilité, ils répugnent toujours à freiner car
cela leur fait perdre de la vitesse. Les spectacles d’accidents que l’on voit sont atroces. Il
n’y a pas de limitation de temps de conduite pour les conducteurs de bus, de poids lourds.
Et nombreux sont les camions et bus indiens qui font de très longs trajets! Voir titre
accidents.
10
CROQUIS 10.
LES VACHES :
Ce sont des réincarnations de Vichnu. Imaginez chez nous un animal qui serait une
incarnation de Dieu ou d’un saint et qui dormirait au milieu de la chaussée ou la traverserait
tranquillement. De quel poids serait un code de la route face à un texte sacré ? Au Népal
Vichnu-vache existe et dort sur la chaussée. Je ne fais aucune allusion aux forces de l’ordre.
Donc, si vous conduisez, ne les effleurez pas, ne les écrasez pas. Une vache victime d’un
accident conduit à une peine de prison de plusieurs années pour le conducteur. Il se
raconte : Dans un conseil de ministres, le ministre de la santé suggère : << On devait
enlever les vaches qui sont des entraves à la circulation. >> Dès la fin du conseil, le premier
ministre indique son remplacement à ce ministre.
POLLUTION DUE AUX VEHICULES :
En ville le taux de pollution est fluctuant – interviennent, le réglage des moteurs diésels, les
vieux moteurs…- Il correspond au degré de sévérité des policiers - Par périodes l’air de
Kathmandu est très pollué, cela se traduit par des irritations de la gorge, par des yeux qui
pleurent. Le comble pour une ville touristique.
ACCIDENTS :
Ils étaient peu nombreux, ils augmentent d’une manière perceptible. La cause : le nombre
de plus en plus grand des véhicules en circulation, la vitesse qui augmente graduellement.
Coucou les fils à papa en moto. Sur route, la vitesse est toujours excessive. La manière de
conduire toujours critiquable. On roule trop vite, on double n’importe où, la charge
transportée n’est pas respectée, les temps de conduite pour les conducteurs de poids lourds
ou de bus ne sont pas limités. Autre source d’accidents, la consommation d’alcool absorbée
par le conducteur, ceci, surtout, lors des fêtes, des mariages… La presse kathmandouite
signale régulièrement le nombre de morts survenus lorsque des bus tombent dans des
ravins, y compris les noyés lorsqu’ils tombent dans un torrent, plus de vingt parfois, qu’on
repêche quelques jours plus tard. Dans un voyage aller retour Kathmandu Pokhara
Kathmandu, j’ai, une fois, compté dix accidents – les accidents mineurs sont négligés - : un
bus ayant tapé la falaise a raccourci de un mètre. Deux accidents de type frontal, un bus et
un camion et deux bus sont encastrés l’un dans l’autre. Deux camions sont renversés sur la
11
chaussée, un a les roues en l’air, l’autre est sur le côté. Un camion est dans le fossé. Un bus
est sur le toit dans la rizière cinq à six mètres en contrebas de la route. Un camion dont
l’avant est dans le vide, la cabine surplombant le torrent Trisuli. Un camion est remonté
manuellement par mouflage, de cette même Trisuli ( spectacle recommandé pour un
spécialiste en résistance des matériaux, en calcul des câbles, ou en géotechnique. ) Une
camionnette est couchée sur le côté. Se déplacer, conduire est toujours une affaire sérieuse
au Népal. Même un court trajet banlieue Kathmandu banlieue doit être pris au sérieux. De
longs déplacements : Kathmandu Kodari, Kathmandu Pokhara, Kathmandu Dunché, sont
des épreuves nerveusement fatigantes pour le conducteur.
STATIONNEMENT :
On s’arrête n’importe où, et cela pour deux raisons, la première, parce qu’on n’a pas appris
que la désinvolture était une source de nuisance pour autrui, la deuxième volontairement
pour des raisons commerciales. Nous l’avons dit, les conducteurs de bus choisissent la
position qui gêne le plus les autres conducteurs : dans une partie étroite de la route, au
même niveau qu’un autre véhicule arrêté, loin du bord, sinon au milieu de la chaussée. Une
petite cascade d’eau propre, il n’y a pas d’accotement, qu’importe, voilà quatre camions
arrêtés. Les motos sont rarement rangées le long de l’accotement, elles sont en travers. En
cas de panne, on signale son véhicule non pas avec le triangle prévu pour cela, il est utilisé
pour la décoration du véhicule, mais par des cailloux dont le gabarit est plus proche du bloc
cyclopéen que du gravier. Le comble, ces blocs sont laissés en place lors du départ après
que la réparation a été effectuée. Celui qui débouche trop vite d’un virage après lequel ont
été posés de tels blocs se laisse parfois surprendre !
LE KLAXON :
Le klaxon est la voix d’un véhicule, les véhicules népalais ont la voix forte. Qu’est un
Népalais au volant d’un engin sans klaxon ? Il n’est rien. Ceci est vrai en ville et sur route.
On voit à l’entrée de quelques rues, de quelques villages, un vieux panneau d’interdiction
de klaxonner, jauni, pisseux, oxydé, oublié ! Quelle naïveté népalaise l’a fait poser là ? Il
semble aussi ridicule que ces panneaux de limitation de vitesse que l’on voit dans certaines
rues et qui indique le chiffre 40 alors qu’il est impossible de rouler à plus de 20 kilomètres
à l’heure à l’endroit où il est posé ! La notion de nuisance sonore n’est pas connue des
Népalais. Et vont les décibels déchirant les tympans les plus résistants : voies graves des
camions, cris stridents des bus, aboiement des motos qui sont au monde roulant ce que sont
les roquets sont à le gent canine. Le klaxon a plusieurs significations : il indique à tous que
le conducteur est quelqu’un de pressé. Quel Népalais n’est pas pressé quand il monte dans
un véhicule ! Il est pour l’ensemble des conducteurs une manifestation de satisfaction, de
bonne humeur. Il indique : << Je suis là, me voilà. >> Le klaxon des bus qui se manifeste
bien avant un carrefour alors qu’il n’y a aucune entrave à la circulation est un avertissement
aux habitués, il signifie: << J’arrive, ne prenez pas un autre bus >>. Sur route, le klaxon
peut signifier : << Je n’ai aucune intention d’utiliser mon frein >> ou << Je pèse 15 tonnes !
>> Le klaxon, chez nous, est utilisé comme moyen de prévenir les accidents mais il est
aussi un moyen de manifester l’agressivité qui est en nous. Combien de coups de klaxon
rageurs, à signification de juron, sont adressés à une personne qui n’a pas obéi assez vite. Il
y a de la méchanceté dans le klaxon occidental, il n’y en a jamais dans le klaxon népalais écrit en 2008 - Le klaxon sera-t-il interdit un jour en ville et dans la traversée des villages ?
Oui. Mais aujourd’hui, étant donné qu’aucune limitation de vitesse n’est respectée, son
utilisation est nécessaire. Une chose serait salutaire : faire interdire en ville le klaxon de
route et les coups de klaxon des bus qui ont pour but d’appeler les clients.
12
Récemment des conducteurs ont découvert qu’ils avaient la possibilité d’envoyer ce que
nous appelons des appels de phare aux véhicules venant en face. Cette manière de
manifester sa présence est moins pénible que celle du klaxon.
USAGE DU FEU DE CHANGEMENT DE DIRECTION :
L’usage des feux de changement de direction n’est pas le même que chez nous. Si celui qui
indique la direction à gauche n’est presque jamais utilisé, celui qui indique la position à
droite ne signifie pas : Je vais me déporter sur la droite, je vais doubler, il signifie : Je suis à
l’arrêt, vous pouvez passer. Pour les véhicules roulant cela veut dire : Vous pouvez me
doubler, je ne vois rien en face. Des camions portent à l’arrière l’indication : Attendez le
signal pour doubler. La responsabilité découlant d’une telle façon de faire serait-elle chez
nous engagée pour le conducteur en cas d’accident ? On commence cependant à voir des
conducteurs qui utilisent leur clignotant droit pour indiquer qu’ils vont changer de
direction.
LE RETROVISEUR :
On dit en France qu’un bon conducteur utilise en permanence son rétroviseur, qu’il tient
compte de ce qu’il voit derrière lui. Le Népalais l’utilise très peu ou jamais. D’ailleurs,
nombreux sont les véhicules qui n’en possèdent pas.
ROUTES:
Il faut distinguer les routes asphaltées, les routes empierrées, les routes en terre,
carrossables uniquement en certaines périodes de l’année.
GENERALITES SUR LEUR CONSTRUCTION :
Il faut refuser la croyance que la construction de routes au Népal, eu égard aux
glissements de terrain en période de mousson, est chose aberrante. La construction
de routes dans ce pays n’est pas plus difficile qu’elle l’est dans nos montagnes. Leur
entretien n’est pas plus onéreux que celui de nos routes de montagne qui, en plus
des coûts de construction élevés, imposent un déneigement pendant plusieurs mois.
Il faut indiquer que les Népalais savent construire des routes et qu’ils dominent
parfaitement les différentes techniques de construction : fondations, couche anticontaminante, constitution du corps de la chaussée, qualités d’enrobés…. L’absence
de matériel de génie civil – mis à part celui des compacteurs- n’est pas un handicap
si l’on tient compte de l’abondance et du faible coût de la main d’œuvre. Une seule
chose leur manque : l’argent. C’est pourquoi on voit, là où des plaques de
revêtement se sont détachées, la réparation, par ce que nos techniciens de la D.D.E.
nomment joliment : la méthode de point à temps, réalisée avec de la terre, de
l’argile, de l’argile mélangée à quelques gravillons.
RESEAU :
Malgré un énorme développement, il faut noter que le réseau reste faible. Du
statistical book gouvernemental : routes avec enrobé : environ 5000 km, routes
empierrées : environ 4600 km, routes en terres : environ 7800 km. Les premiers
visiteurs occidentaux ont connu comme seules routes celles de Kathmandu et de sa
périphérie, dont celle de Banépa. Encore étaient-elles plus chemin que voies
carrossables. On trouve des photos des premières berlines qui sont arrivées à
Kathmandu, alors sans route ! Elles étaient sur des troncs d’arbre d’au moins quinze
13
mètres de long, portés par 32 hommes ( ! ) à travers le Téraï et les collines. Parmi
elles une Mercédès offerte par Hitler au dirigeant Rana de l’époque ! A signaler, les
routes ne sont pas indiquées par un numéro mais par un nom de roi ou d’une
personnalité. Route se dit marg ou path. Raïpath X ou Raïmarg X signifie route du
roi X. Les maoïstes vont-ils débaptiser ces routes au nom royal pour leur donner le
nom de personnalités qui ont animé la révolution ?
Des trekkeurs, voyant la construction de nouvelles routes ou la prolongation de
routes existantes sur des circuits de trek crient : << Ils scient la branche sur laquelle
ils sont assis. >> Le tour des Annapurna étant le plus souvent cité. Il y a du vrai
dans cela, mais il faut se souvenir de l’évolution du tourisme dans les Alpes qui a
commencé par un tourisme de marche linéaire et a été abandonné, lorsque des
routes ont été créées, par la pratique d’un tourisme de marche rayonnant.
Les descriptions ci-dessous sont destinées aux touristes non marcheurs qui veulent
avoir du Népal une connaissance autre que citadine.
CROQUIS 11. A. NOM DES ROUTES ET COMMENTAIRES.
- Villes. 1 Kathmandu. 2 Mugling. 3 Naubisé. 4 Pokhara. 5 Hétauda. 6 Birganj. 7
Bhaïrahava-Lumbini. 8 Mahendranagar. 9 Kakarbhita.
- Routes.
- Birganj-Hétauda-Kathmandu. Construction vers 1953. Aide indienne. Nom
Tribhuvan ( ancien roi, le même qui a donné son nom à l’aéroport international de
Kathmandu ). C’est, actuellement, la route la plus courte pour relier Kathmandu à
l’Inde. Elle est en mauvais état et en conséquence peu utilisée. Pourtant son
parcours est conseillé car il est varié et esthétique. Noter que quelques kilomètres au
nord d’Hétauda, un chemin carrossable conduit au lac artificiel de Kulékani. De ce
même Kulékani une route impraticable aujourd’hui permettait de rejoindre Tankot à
quelques kilomètres de Kathmandu. Une autre route en terre conduit à Parping. Des
routes futures ? Certainement.
- Mahendranagar-Kakarbhita. Elle porte le nom du roi Mahendra. Elle autorise
une grande traversée du Népal d’est en ouest dans le Téraï. La suivre sur quelques
kilomètres est conseillé car elle permet d’avoir une bonne image du Bas pays et de
ses populations.
14
- Bhaïrahawa-Pokhara. Nom Siddharta, car Bhaïrahawa est proche de Lumbini,
lieu de naissance de Buddha. Cette route n’est pas utilisée par les poids lourds qui
ravitaillent Pokhara. Ceux-ci passent par Mugling.
- Kathmandu-Mugling-Pokhara. Nommée Prithivi Narayan. Construction vers
1971. Aide chinoise. Cette route est très fréquentée, elle est utilisée pour les
différents types de transports entre Kathmandu et Pokhara mais aussi par les
touristes et par les camions indiens venant de Bhaïrahawa et assurant le
ravitaillement de la capitale. La qualité de sa chaussée est bonne et s’améliore tous
les ans. Les fermetures, pour cause d’éboulement de talus en période de mousson,
sont devenues exceptionnelles. Mais sa grande fréquentation, sa largeur limitée, la
trop grande vitesse des véhicules qui l’utilisent, quelque déficience du revêtement
non signalé font que son parcours doit être considéré comme dangereux. Malgré
cela, il est conseillé : traversée de villages, paysages, beaux torrents Trisuli et
Marsyangdi.
AUTRES ROUTES, NOMS DE VILLES OU DE STATIONS DE
MONTAGNE :
CROQUIS 11.B.
- Villes. 10 Bésisahar. 10 a Gorkha. 11 Dhading. 12 Trisuli. 13 Dunché. 14 Banépa.
15 Dulikel. 16 Dolalghat. 17 Kodari. 18 Dharan. 19 Dankuta. 20 Taplejung. 21 Jiri.
- Routes.
- Gorka et Dadhing ou Bésisahar. Pénétration dans le nord du pays vers les
piémonts himalayens. Vues intéressantes sur des villages de tribaux, parfois sur
l’Himalaya. Conseillées.
- Kathmandu-Kodari ( ou Tatopani ). Passe sous Bhaktapur, traverse Banépa,
Dulikel, Dolalghat. Nommée : Route du Tibet ou Arniko hihgway. Arniko était un
célèbre artiste népalais. Construction vers 1967. Aide chinoise. Parcours conseillé
qui se déroule en partie le long des beaux torrents Sun koshi, Bothe koshi. La
qualité de la chaussée dans sa partie nord s’améliore constamment. Kodari, infâme
village-rue dans lequel se côtoie misère de haut niveau et business de bas étage est,
à cause de cela, intéressant à traverser. Pour ceux qui ne sont pas animés de
tibétophobie, il est possible, sans visa, de faire quelques pas en terres chinoises audelà du Pont de l’Amitié ( frontière ) et d’acheter dans les magasins qui bordent la
route des souvenirs de l’Empire du Milieu.
15
- Kathmandu-Trisuli-Dunché. Une des premières routes touristiques. Aide
suisse ? Elle conduit au Langtang, massif le plus proche de Kathmandu qui a été,
avec son voisin Ganesh, un des premiers parcourus par les trekkeurs. Route
sinueuse jusqu’à Trisuli. Parfois délicate entre Trisuli et Dunché, mais son parcours
n’offre aucune difficulté à un conducteur ayant l’habitude de conduire sur des routes
de montagne.
- Route de l’est. Aide japonaise. Cette route qui a son origine à Dulikel, rejoindra
la route Mahendra du Téraî. Elle sera alors fréquentée par tous les véhicules venant
de la partie orientale du Téraï et se rendant à Kathmandu, qui sont actuellement
obligés de faire le grand détour à l’ouest par Naubisé ou Mugling.
- Route de Jiri. Aide suisse ? Elle débute à Kadichaur près de Lamosangu et rejoint
Jiri. Jiri est le point de départ des treks dans le Solu. Il est amusant de noter que
dans les premiers temps des expéditions puis des treks, les Sherpas du Khumbu
descendaient à Dolalghat. Ils se rendaient ensuite à pied à Banépa. Puis, dès que la
route de Jiri a été construite, ils l’ont utilisée prenant un bus pour Kathmandu à
Kadichaur. Aujourd’hui tous les Sherpas fortunés prennent l’avion à Lukla.
- Route de Baglung. Elle part de Pokhara, passe à Naudanda, très beau belvédère à
quelques mètres au-dessus de la route offrant de superbes vues sur le massif des
Annapurna et du Dhaulagiri. A Nayapull, départ de treks vers le Sanctuaire : camp
de base sud de l’Annapurna, le col de Gorapani et Gandrung. Cette route, logique
pour l’évolution de la région, participe à la défiguration du tour des Annapurna.
- Route de Taplejung. Belle route de pénétration dans les piémonts himalayens
orientaux. Elle offre des vues sur les massifs peu connus des touristes comme celui
du Makalu, celui du Kanchenjunga.
ETAT DES ROUTES :
Il n’y a, au Népal, aucune route à trois ou à quatre voies ni évidemment aucune
autoroute. Il n’y a pas non plus de routes parfaites. Même les grandes routes qui
possèdent un revêtement de bonne qualité peuvent soudain présenter une zone
dégradée : tassement, nid de poule échelle himalayenne, glissement de terrain…
Pour les routes non asphaltées, il est préférable, avant de s’y engager, de demander
à un habitant du village la précédant dans quel état elle est.
BANDES BLANCHES :
Certaines routes possèdent quelques bandes centrales plus ou moins visibles. On
peut écrire que les bandes continues sont là pour être coupées, même devant un
policier. Des bandes latérales seraient plus utiles, elles sont exceptionnelles. Le
conducteur occidental, se déplaçant la nuit, se rend compte de l’utilité de ces bandes
latérales à leur absence, et il en vient à regretter qu’il n’y ait pas eu un prix Nobel de
la circulation routière qui aurait été attribué à celui qui là introduite ! A signaler, on
peint les bandes centrales au pinceau par longueurs d’environ cinq mètres,
Kathmandu-Pokhara : 40.000 longueurs !
ROULER DE NUIT :
Rouler de nuit au Népal est difficile, dangereux, très difficile, très dangereux. Absence de
bandes blanches latérales, routes dégradées, véhicules adverses n’ayant qu’un phare, trop
souvent celui du mauvais côté, véhicules qui n’ont aucun éclairage, conducteurs qui
s’endorment. Un véhicule roulant devant vous par nuit noire et qui surgit brutalement à la
sortie d’un virage apporte une belle émotion. Réaliser soudain que la moto qui arrive en
16
face, que l’on suppose rouler bien à sa droite, est un puissant poids lourd n’ayant que le
phare gauche, est la source d’un brusque mouvement de volant que n’apprécient pas du tout
les passagers endormis dans votre voiture. Quant aux véhicules n’ayant que des codes
éclairant les étoiles et vous éblouissant, on ne les compte plus après quelques séances de
conduite nocturne. Pourtant la conduite de nuit se révèle parfois nécessaire, en particulier
lorsque l’on désire éviter les embouteillages qui se produisent en certains endroits de
Kathmandu dès les premières lueurs du jour.
EMBOUTEILLAGES :
Ils deviennent de plus en plus nombreux dans le centre ville. Certains quartiers : Chabahil,
Chakrapath, Kalanki ont les leurs qui sont quasi permanents. Et il n’y a que de rares
parkings où l’on peut laisser sa voiture !
ASSURANCES :
Elles sont très chères et on dit qu’en cas d’accident il est impossible de se faire rembourser.
Il en résulte que seuls les plaques bleues, appartenant à des employés d’administrations
étrangères… assurent leur véhicule. Le résident étranger lambda roule sans assurance. En
découle pour lui, un sentiment d’insécurité qu’il parvient pourtant à oublier, ce qui est une
source de danger. L’Occidental doit s’obliger à rouler doucement. En cas d’accident, une
transaction permet de définir la somme à verser par le coupable. Pour un accident mortel,
une somme forfaitaire est définie entre les parties. Pour un blessé, les soins sont pris en
charge par le conducteur coupable. On entend dire que dans le cas d’accident grave
nécessitant des soins longs et couteux, voire débouchant sur une infirmité, le fautif propose
la même somme que celle qui est offerte en cas de décès et s’en va ainsi quitte de tout
compte. Il est évident que, dans le cas de conducteur condamnable qui présente un visage
européen, les sommes réclamées par le conducteur adverse ou la famille sont N fois plus
élevées que s’il s’agit d’un Népalais, le délit de faciès existe également au Népal..
COMMENTAIRES SUR LES ROUTES ET LA CONDUITE :
- La moyenne que l’on réalise sur route reste faible : 40 kilomètres à l’heure semble être un
maximum sur de bonnes routes pour des conducteurs soucieux de leur propre vie et de celle des
autres. Des vitesses de 15 à 25 kilomètres à l’heure sont normales, celles de 10 à 15 kilomètres à
l’heure sont habituelles sur des routes sinueuses comme celle de Trisuli, ou en mauvais état
comme celle de Dunché.
- La mousson constitue une des causes les plus importantes de dégradation des routes,
glissements de terrain, effondrements de l’assise sont classiques. En ville, il est banal qu’au
moment de la mousson, les canalisations enterrées cèdent sous l’effet d’une pression excessive,
les eaux entraînées, accentuant le phénomène entraînement des fines du sol, causent des
affaissements de la chaussée qui peuvent atteindre un mètre de côté et de profondeur ! Avant la
réparation, qui peut ne s’effectuer que quelques jours plus tard, les riverains se contentent de
placer quelques branches dans le trou pour le signaler. Pas toujours !
- De plus en plus de routes se construisent. N’oublions pas que la route est indispensable au
développement économique d’une région, d’un pays. Peu nombreuses sont celles financées par
l’état. On voit souvent des villageois, aidés parfois par des membres de l’armée, de la police, des
maoïstes, qui partent à l’assaut d’une collines à entailler, n’ayant pour seul matériel que des
hottes pour le transport, des barres à mine, des pelles et des pioches.
- Un Occidental qui conduit régulièrement au Népal est prêt à tout. Par exemple il n’est pas
étonné quand, roulant sur un chemin carrossable, il sent les quatre roues de sa voiture s’enfoncer
brutalement jusqu’à ce que le châssis touche le sol. La route avait pourtant belle apparence, mais
17
en réalité seule sa surface était sèche, la sous-couche était constituées d’argiles saturées d’eau, de
vase : un terrassement avait été effectué quelques jours avant. On ne prévient pas à l’entrée d’une
route ou d’un chemin que des travaux interdisent le passage quelques centaines de mètres ou de
kilomètres plus loin. Combien de marches arrière sont à faire sur des chemins qui ont à peine la
largeur de la voiture et qui surplombent des vides non négligeables !
- Rappel : la Chine va payer trois échangeurs, un à Chabahil, un à Chakrapath, un à Kalanki.
- Une question : pour quand un petit échangeur, une bretelle, un tronçon de route, un pont financé
par les Français ? Rêve de résidents, de trekkeurs, de membres d’expéditions gaulois.
ATTITUDES OCCIDENTALES :
Souvent, l’Occidental de passage au Népal donne des conseils aux Népalais. En voici un
qui a été offert par un habitué du Népal au conducteur d’une agence de trekking pilotant un
minibus : << Vous klaxonnez trop. En France le klaxon est interdit >>. Docile, respectueux,
ce conducteur depuis en klaxonne plus.
CROQUIS 12.
Mais cet Occidental n’a pas tenu compte que dans la traversée des villages, même sur une
route très fréquentée, les conducteurs ne ralentissent jamais, le klaxon est donc une sécurité
indispensable. Avant de donner de nouveaux conseils, je recommande à cet Occidental de
faire le trajet Kathmandu Pokhara avec le conducteur qu’il a éduqué, les émotions sont
garanties. Ces Occidentaux qui offrent des conseils stupides, feraient mieux, lorsqu’ils
affrètent un taxi, un minibus, ou un bus, d’imposer au conducteur une vitesse
raisonnable en ville, dans la traversée des villages, sur routes, de ne pas doubler sans
visibilité, de ne pas stationner n’importe où, de s’arrêter régulièrement…
EXPERIENCE DE DUMRE :
Dumré est la bourgade-rue entre Mugling et Pokhara qui commande la route d’accès à
Bésisahar, station bien connue des trekkeurs partant pour réaliser le tour des Annapurna.
C’est un lieu d’arrêt important pour tous les véhicules, y compris ceux qui viennent de
l’Inde. Tous ceux qui s’arrêtent se concentrent le plus près possible du croisement de
Bésisahar alors que le bourg est très long. Les véhicules sont serrés les uns contre les
autres, en double ou en troisième file. Une nuée de vendeurs de denrées à consommer,
augmente le chaos. S’ajoute à cela, qui augmente la confusion, les coups de klaxon de route
des camions qui eux ne s’arrêtent pas, et des conducteurs de bus qui appellent leurs clients.
Pourtant, ce jour là - quelques jours avant les élections du Président de la République lorsque nous arrivons, stupeur, rien de tout cela. Le carrefour est libre d’accès, les bus sont
garés aux extrémités du village. Explication : une dizaine de jeunes personnes, portant
polos ou blouson marqués aux insignes Y.C.L. Young Communiste League, bâton en
18
mains, réglementent la circulation. Tout le monde obéit. Je m’adresse à un des jeunes et, lui
montrant les trois policiers déconcertés qui observent le tout, je lui dis : << Ce n’est pas
votre travail, c’est le leur. >>. Réponse, visage fermé : << Nous leur apprenons. >> Cet
exemple démontre que les Népalais sont éducables, qu’il suffit que se manifeste une
véritable volonté pour qu’ils changent de manière de se comporter. A signaler, le visage
d’inquisiteurs, l’absence d’humour, des flics improvisés !
RECITS :
PREMIERE RECIT :
L’E.U., l’Union européenne, a fait réaliser quelques surlargeurs de chaussée et des
abribus dans Kathmandu et les environs. Ces abribus sont judicieusement situés à
quelques dizaines de mètres des carrefours. Evidemment, les travaux terminés,
personne ne les a utilisés. Les clients ont continué à attendre leur bus aux carrefours
– même sous la pluie - Les véhicules de transport en commun ont continué à
s’agglomérer en ces mêmes lieux. L’ingénieur de la délégation de l’Union
Européenne qui a dirigé les travaux de construction de ces abribus vient un samedi
me prendre dans sa voiture pour une visite, motif oublié. Nous roulons quatre cent
mètres, arrivons au carrefour de Golfutar chok où se trouve une de ces réalisations
européennes. Spectacle habituel pour moi : des minibus et des tempous sont partout
sauf au niveau de l’abribus. Trois policiers sont présents et contemplent le spectacle,
passifs, désintéressés. Mon ami arrête sa voiture, descend, s’approche des policiers.
Je devine à ses gestes le sens de son discours : << Nous vous avons construit… et
…>>. Emoi de la gent costumée qui, immédiatement, s’affaire. Quelques minutes
suffisent pour libérer le carrefour. Notre visite terminée, vingt minutes plus tard,
nous repassons à ce même carrefour. Les policiers ont repris leur attitude de
spectateurs, les véhicules de transport de toutes les sortes s’éparpillent partout, sauf
au droit de l’abribus.
DEUXIEME RECIT :
C’est à la suite de telles semonces de représentants de l’Union Européenne, mais
celles-ci adressées au gouvernement, que les policiers exercent tout à coup leur
autorité et leur pouvoir avec conscience. Et c’est sans doute à la suite d’une de ces
semonces que s’est produite l’histoire suivante. Je me gare à Chakrapath dans un
élargissement de chaussé sans abribus. Quand je reviens, dix minutes plus tard, un
policier motorisé, sic, sur un engin de couleur blanche d’au moins mille centimètres
cubes de cylindrée, vient de poser un papillon sous l’essuie glace de ma Maruti. Je
lui demande où est le panneau d’interdiction de stationner, et lui montre le bus et le
tempou qui sont arrêtés au même niveau que ma voiture, et qui, eux, entravent
vraiment la circulation alors qu’ils auraient pu se mettre dans l’élargissement
derrière ma voiture. Son attitude le démontre, il regrette d’avoir taxé un étranger,
mais il y a des spectateurs et le mal est fait. Je vais donc payer 200 roupies au
commissariat du quartier. Montant : une journée et demie de travail pour un coolie.
Ce n’est pas rien. J’ai revu quelquefois le motard verbalisateur, nous avons échangé
de grands signes de complicité. Membre de l’Union Européenne ne dois-je pas
donner l’exemple ? Depuis, des véhicules ont circulé sur la route, l’élargissement
est devenu un parking. S’enchevêtrent sur lui, autos, motos et marchands ambulants
de fruits. Les bus, les microbus, les tempous stationnent sur la chaussée elle-même.
19
TROISIEME RECIT :
Nous sortons Danzi et moi d’une réunion à Chabahil, je suis de bonne humeur. Je
roule tranquillement sur Ring Road. Je double un camion Tata à museau camus
après avoir mis mon feu clignotant, chose exceptionnelle ici. Mais une voiture est
garée sur le bord de la route, le conducteur du camion, ne voulant pas freiner,
déboite brutalement alors que je n’ai pas fini de le doubler et son avant droit percute
l’arrière gauche de ma Mariti. J’en ai assez de ces conducteurs qui confondent
masse et subtilité et qui agissent en rois de la route. Je ne me rabats pas, et je reste
devant lui pour l’empêcher de me doubler. Il tente de me dépasser en se déportant à
gauche côté talus. Je précède son mouvement et lui barre la route. Je m’arrête,
descends, le museau écrasé de ce camion Tata qui me domine est impressionnant.
En grand seigneur propriétaire de la chaussée, le conducteur envoie ses deux aides,
ceux qui l’assistent dans les tâches mineures, chargent et déchargent les matériaux
transportés. Dans mon sabir éblouissant, je leur déclare que leur maître a tort et qu’il
doit venir parlementer. Danzi rajoute quelques paroles d’indignation. Ils
commencent à jacasser. Je reste calme et répète ma demande. Vient la foule et
bientôt un véritable attroupement nous entoure. Mais voilà qu’un quidam, qui est
arrivé après l’accident, prend la parole, déclare à tous avoir vu la scène, et affirme
mes torts. Pour la plupart des Népalais, même un Occidental écrasé dans son lit par
un camion est fautif. Je m’approche de lui, et, dans la plus pure imitation des
manifestations de colères que l’on voit dans les bandes dessinées, je le prends au
collet de la main gauche, tandis que mon poing droit décrit des moulinets derrière
mon dos. Moulinets que ne renierait pas Lucky Luke ayant capturé un des Dalton.
J’accompagne mes gestes de théâtre par quelques phrases en français dans
lesquelles il est question de sale con qui va se retrouver satellisé. Le quidam ne
comprend rien à ce que je dis mais mon attitude est parfaitement claire, il s’esbigne.
En grand général qui combat tour à tour les armées adverses, je reviens aux deux
aides. Ils recommencent leur verbiage. Je les laisse et me dirige vers la cabine du
camion. Le conducteur est là dans une impassibilité toute asiatique. J’ouvre la
portière, je lui prends le bras et le tire vers le bas. A retenir : c’est une des choses
interdites et que ne tolère pas la gent conductrice de ce pays : on ne doit pas toucher
un conducteur au volant. Rien à foutre aujourd’hui des interdictions, je tire fort. Le
conducteur s’agrippe au volant mais j’ai gardé, malgré mon âge, une certaine
vigueur physique, le conducteur glisse et se retrouve sur la chaussée face à moi. Je
le tire au centre de la scène. Danzi entend, elle me le répétera après, une personne
qui demande : << Que se passe-t-il ?>> et une autre qui lui répond : << Y’a un
vieux, il veut les tuer tous >> J’ai déjà recommencé avec le conducteur mon mime
de pugilat quand une personne de bonne présentation, au visage avenant, les
Népalais qui aident les Occidentaux sont toujours de bonne présentation et ont
toujours un visage avenant, s’approche de moi et me glisse dans un anglais parfait :
<< Au Népal, dans des situations analogues, on demande à l’adversaire de verser la
somme correspondant à la réparation >>. Je le sais bien, j’ai déjà cassé en faisant
une marche arrière une pièce en matière plastique d’une moto, valeur deux cent
roupies que j’ai payée mille roupies. Mais je prends l’air heureux de celui qui vient
de découvrir la solution d’une énigme et je fais semblant de réfléchir. La foule
attend, curieuse de la somme que je vais exiger. Un Occidental ne peut être maître
dans l’art du marchandage qui fait que l’on demande le double, le triple, voire dix
fois plus que la somme logique. Brutalement, je lâche au conducteur qui s’attend
au pire : << Dos roupies >>, dix roupies. Le conducteur ne comprend pas, la foule
ne comprend pas, alors je répète : << Dos roupies >>. Et s’éclairent les visages qui
20
nous entourent. Tous ont comprit que j’ai agi pour l’amour de l’art et non pour
toucher quelque argent. Le public est avec moi. Le conducteur incertain pendant
quelques secondes, voyant que la foule prend mon parti, sort son portefeuille. Il n’a
qu’un billet de vingt roupies, il me le donne. Je le prends et je cherche dans mon
portefeuille un billet de dix roupies, il ne le veut pas, je le donne à un de ses
assistants. Fin de la saynète. Je suis satisfait, mon orgueil d’Occidental est sauf, j’ai
donné une leçon à un matamore de la route, j’ai montré à des Népalais qu’il y avait
des Occidentaux qui ne venaient pas dans leur pays uniquement pour les avantages
qu’ils pouvaient en retirer. Quelques jours plus tard, je raconte cet incident à
l’ancien maire de Golfutar qui est un ami, il me dit : << Vous êtes fou, ne
recommencez jamais une chose pareille, il y a danger >>. Je le sais bien qu’il y a
danger, mais je suis coléreux et je n’aime pas l’injustice. Je recommencerai
quelques mois plus tard une scène analogue avec le conducteur d’un énorme 4 X 4 à
plaque minéralogique bleue, un autre type de seigneur de la route, qui prend la fuite
après avoir cabossé ma carrosserie. Je ne gagnerai cette fois qu’une foison de <<
Sorry sir >> qui, tout compte fait, valent autant que dix roupies.
QUATRIEME RECIT :
Il ne faut pas croire que les affrontements sont toujours à mon avantage. Je suis sur
la route de Pokhara, au niveau de la Centrale électrique après Mugling. Là, des
travaux, une seule bande de roulement, c’est mon tour, je démarre. C’est alors que
je suis engagé qu’un bus indien démarre en face et me barre le passage. J’arrête mon
véhicule, coupe le moteur. Combien de temps dure le suspense ? Une, deux, trois
minutes ? Quel que soit le temps, il est long pour un Occidental. Je capitule, je fais
marche arrière. Je calme ma fierté irritée en me traitant de sage.
21

Documents pareils