Sport - Almanach du Marin Breton

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Sport - Almanach du Marin Breton
Almanach 1903 : P. 121
Concours de Natation pour Marins,
et Régates-Concours d’Études de Bateaux de Pêche.
Marins-Pêcheurs,
Presque tous, vous avez été témoins, ou vous avez entendu parler, de ces concours
donnés par les « Abris », concours qui ont si bien réussi grâce à l’intelligente direction des jurys, composés uniquement de marins-pêcheurs des « Associations de
l’Abri-du-Marin ». Le plaisir qu’ont paru faire aux marins ces petites fêtes, est la
meilleure preuve qu’ils ont de suite compris l’intérêt tout spécial de ces exercices et
de ces travaux.
La Société des Abris fera tout son possible pour continuer chaque année à offrir des prix aux Associations de l’Abri-du-Marin pour encourager et multiplier les
concurrents.
Nous offrons à nos lecteurs deux vues photographiques, très pittoresques, relatives
à ces réunions.
Nous regrettons vivement que la place nous manque, pour inscrire ici les comptesrendus de ces régates de modèles, et de ces concours de natation, avec les noms de
tous les vainqueurs. Mais nous donnons ci-dessous, à titre de souvenir et d’encouragement, les noms des trois premiers arrivés, dans les concours de natation, d’Audierne, de Guilvinec et de Sein.
AUDIERNE. Concours du 26 juillet 1903.
Nageurs habillés avec cirés et bottes
1er prix : Autret, Jean-Marie (35 ans).
2ème prix : Carn, Vincent (19 ans)
3ème prix: Pierre, Barthélemy (20 ans )
Course en caleçon :
1er prix : Riou, Bernard (19 ans).
2ème prix : Le Roux, Joachim (16 ans).
3ème prix : Carn, Bernard (16 ans.)
GUILVINEC. Concours du 6 Septembre 1903
Course des nageurs habillés
1er prix : Folgoas, François, 18 ans.
2ème prix :Simon, Henri.
3ème prix Tirily, Louis
Course en caleçon
1er prix : Foigoas, François,
2ème prix : Ascoët François.
3ème prix : Berlivet, Jean
Exercices de plongeurs
1er prix : Ascoët, Joseph
2ème prix : Louzouarn, Jacques
3ème prix : Taneau Philibert.
Courses pour les mousses au-dessous de 15 ans
1er prix : Garo, Louis.
2ème prix : Taneau, François
3ème prix : Run, Jacques.
ILE DE SEIN. Concours du 26 juillet 1903
Course des nageurs habillés
1er prix : Porsmoguer Alain (28 ans)
2ème prix : Guillou, Jean (28 ans)
3ème prix : Menguy, François (17 ans)
Course en caleçon
1er prix : Couillandre, Joseph (18 ans)
2ème prix : Seuiller, Jules (24 ans)
3ème prix : Rozen, Noël (23 ans)
Exercices de plongeurs
1er prix : Canté, François (15 ans)
2ème prix : Guillou, Jean (28 ans)
3ème prix : Porsmoguer, Alain (28 ans)
Course en caleçon pour mousses
1er prix : Moan, Michel (15 ans)
2ème prix : Quéré, Henri (15 ans)
3ème prix : Spinec, Edouard (11 ans).
Les deux concours du passage Lanriec et de Concarneau n’ayant pu avoir lieu à
cause de la dispersion des pêcheurs de la localité, ont été renvoyés par les Comités
au printemps de 1904.
Almanach 1904 : P. 119
Une Course à pied de 170 kilomètres
« LE TRIOMPHE DE CIBOT »
Cette grande expérience
démontre une fois de plus, clair
comme le jour, que les gens
qui veulent arriver à produire
le maximum d’efforts et de
travail doivent renoncer à tout
alcool et boire de préférence
du lait.
Cibot ! Cibot ! C’est le vainqueur des deux grandes courses à pied de l’été dernier.
Cibot est un tout jeune homme de 20 ans, un ouvrier terrassier qui s’est révélé un
marcheur hors ligne. Il a gagné d’abord la course du 2 août, d’Achères à Paris, parcourant en 2 heures 34 minutes la jolie distance de 40 kilomètres (c’est-à-dire, dix
lieues) ; puis, l’énorme course de 170 kilomètres le 6 septembre, de Paris à Reims. Les
personnes qui ont lu, dans les journaux de sports, les détails et les péripéties de ces
courses ont été vivement frappées du triomphe de Cibot, le buveur de lait. C’est, en
effet, à la sagesse de son entraîneur, que Cibot doit ses victoires : son entraîneur, qui
le suivait à bicyclette tout le long de cette terrible course de 170 kilomètres, n’a pas
permis une seule fois à Cibot de prendre de l’alcool : rien que du lait ; du lait comme
seule nourriture, comme seule boisson, tout le temps de la course
Les épisodes de cette mémorable joute ont d’ailleurs confirmé d’une façon saisissante la supériorité du lait et l’absurdité de l’emploi de l’alcool. Certain d’intéresser
nos lecteurs, nous résumons en quelques lignes cette marche célèbre ; et ceux qui
voudraient plus de détails n’ont qu’à se reporter aux journaux de sports d’août et de
septembre 1903. Départ de Paris dans la nuit du 5. A Meaux, le jeune Cibot a déjà
dépassé vingt-deux de ses concurrents : il n’en avait plus que deux devant lui, Fromal
et Lafite. A la Ferté-sous-Jouarre, à 68 kilomètres de Paris, Cibot dépasse Fromal,
puis Lafite qui bientôt abandonne n’en pouvant plus. A Montmirail, on est à 100 kilomètres de Paris ; les coureurs commencent à modérer l’allure : ils ne courent plus,
ils marchent. Cibot qui s’est arrêté un moment est presque rattrapé par Fromal. A
Champaubert, Fromal a l’imprudence de boire une absinthe (ça va lui coûter cher!)
En effet, Cibot qui n’avait plus que cinq mètres d’avance reprend sa grande allure
de course et regagne soixante mètres... Alors, commence une lutte terrible : sous le
coup de fouet de l’alcool, Fromal donne bien un grand effort et serre de près Cibot
pendant quelques kilomètres. Mais bientôt, à la côte d’Épernay, Fromal est vaincu ;
il tombe abruti, fini, sur la route, pendant que Cibot continue de son pas souple et
coulé, tout seul maintenant. Au cent quarante-cinquième kilomètre, Cibot se décide
à prendre autre chose que du lait : il prend une... une canne, pour s’appuyer un
peu... Un long cortège d’admirateurs l’accompagne alors et, lorsqu’il arrive à Reims,
on lui fait une belle ovation... Cibot vient de fournir 170 kilomètres (12 lieues) sans
paraître accablé ; il se plaint seulement un peu des genoux !
Nous avons jugé très intéressant de reproduire dans l’Almanach les exploits de
Cibot, le buveur de lait. Cette grande expérience démontre une fois de plus, clair
comme le jour, que les gens qui veulent arriver à produire le maximum d’efforts et
de travail doivent renoncer à tout alcool et boire de préférence du lait. Nous défions
qui que ce soit de prouver le contraire !