Industries agroalimentaires

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Industries agroalimentaires
GIP
Lorraine
LorPM’PRO
PARCOURS métiers
État des lieux en matière
de formation et d’emploi
Secteur et métiers des
industries agroalimentaires
Sommaire
Agroalimentaire,
DE QUOI PARLE-T-ON ? ................................................ p2
• Secteur de l’agroalimentaire................................. p2
• Métiers de l’agroalimentaire ................................ p3
Métiers, emploi, formation, DÉCOUVERTE DU
SECTEUR ......................................................................
• Le secteur s’inscrit dans une démarche filière.....
• Le premier secteur employeur de l’industrie..........
• En Lorraine, prédominance de l’industrie laitière
• Les évolutions et les besoins en Lorraine............
• La traçabilité et la santé publique orientent la
p5
p5
p6
p7
p8
réglementation ..................................................... p8
• Les normes, appellations, labels... pour afficher
des gages de qualité............................................ p9
• L’innovation dans le secteur et la R&D ................ p10
© ADB - Visualhunt
• L’appareil de formation......................................... p11
Secteur et métiers des industries agroalimentaires - Collection GIP LorPM 2016
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GIP
Lorraine
LorPM’PRO
PARCOURS métiers
Agroalimentaire,
DE QUOI PARLE-T-ON ?
Secteur de l’agroalimentaire
Selon le point de vue du ministère de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la
Forêt (MAAF), les industries agroalimentaires regroupent les secteurs de l’industrie alimentaire et de la fabrication de boissons, division 10 et 11 de la NAF et
ne comprennent pas la fabrication de produits à base de tabac (division 12 de la
NAF). Les activités relevant de l’artisanat commercial en sont habituellement
exclues, sauf indication contraire : charcuterie (1013 B), cuisson de produits de
boulangerie (1071 B), boulangerie (1071 C), pâtisserie (1071 D).
© Jaymethunt Pixabay
Dans les documents d’approche macro-économique, le secteur des industries
agroalimentaires (au sens large) correspond souvent au secteur Fabrication de
denrées alimentaires, de boissons et de produits à base de tabac (CA), au
niveau A38 de la Nomenclature d’activités françaises (NAF).
Les activités principales retenues dans les secteurs cités sont alors :
Industries alimentaires
Industrie de la viande
1011Z
1012Z
1013A
Industrie fruits &
1031Z
légumes
1032Z
1039A
1039B
Industrie laitière
1051A
1051C
1051D
1052Z
Travail du grain et
1061A
produits issus des
1061B
céréales
1062Z
1071A
1072Z
1073Z
Produits sucrés
1081Z
1082Z
Transformation et conservation de la viande de boucherie
Transformation et conservation de la viande de volaille
Préparation industrielle de produits à base de viande
Transformation et conservation de pommes de terre
Préparation de jus de fruits et légumes
Autre transformation et conservation de légumes
Transformation et conservation de fruits
Fabrication de lait liquide et de produits frais
Fabrication de fromage
Fabrication d'autres produits laitiers
Fabrication de glaces et sorbets
Meunerie
Autres activités du travail des grains
Fabrication de produits amylacés
Fabrication industrielle de pain et de pâtisserie fraîche
Fabrication de biscuits, biscottes et pâtisseries de conservation
Fabrication de pâtes alimentaires
Fabrication de sucre
Fabrication de cacao, chocolat et de produits de confiserie
Pour aller plus loin sur les données du secteur agroalimentaire, vous pouvez consulter les
tableaux de bord sectoriel en ligne sur le site www.lorpm.eu en cliquant sur l’icône
Secteur et métiers des industries
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Secteur
agroalimentaires
et métiers des industries
- Collection
agroalimentaires
GIP LorPM 2016
- Collection GIP LorPM 2016
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GIP
Lorraine
LorPM’PRO
PARCOURS métiers
Industries alimentaires
Autres industries
1020Z
alimentaires
1041A
Alimentation animale
Transformation et conservation de poisson, de crustacés et de
mollusques
Fabrication d'huiles et graisses brutes
1041B
1042Z
1083Z
1084Z
1085Z
1086Z
1089Z
1091Z
1092Z
Fabrication d'huiles et graisses raffinées
Fabrication de margarine et graisses comestibles similaires
Transformation du thé et du café
Fabrication de condiments et assaisonnements
Fabrication de plats préparés
Fabrication d'aliments homogénéisés et diététiques
Fabrication d'autres produits alimentaires n.c.a.
Fabrication d'aliments pour animaux de ferme
Fabrication d'aliments pour animaux de compagnie
1101Z
1102A
1102B
1103Z
1104Z
1105Z
1106Z
1107A
1107B
Production de boissons alcooliques distillées
Fabrication de vins effervescents
Vinification
Fabrication de cidre et de vins de fruits
Production d’autres boissons fermentées non distillées
Fabrication de bière
Fabrication de malt
Industrie des eaux de table
Production de boissons rafraîchissantes
Fabrication de boissons
Métiers de l’agroalimentaire
Si l’on considère le cœur de l’activité agroalimentaire sont retenus les métiers de la fabrication et
de la production (qui composent une partie de la
famille professionnelle des industries de process) et
de la recherche et du développement (R&D). Ils
correspondent aux dix professions et catégories professionnelles (PCS) suivantes :
– 674b Ouvriers de production non qualifiés de la
transformation des viandes ;
– 674c Autres ouvriers de production non qualifiés :
industrie agroalimentaire ;
– 625a Pilotes d’installation lourde des industries de
transformation : agroalimentaire, chimie, plasturgie,
énergie ;
– 625b Ouvriers qualifiés et agents qualifiés de laboratoire : agroalimentaire, chimie, biologie, pharmacie ;
– 625e Autres opérateurs et ouvriers qualifiés de
l’industrie agricole et alimentaire (hors transformation des viandes) ;
– 625d Opérateurs de la transformation des viandes ;
– 475b Techniciens de production et de contrôlequalité des industries de transformation ;
–
475a Techniciens de recherche-développement
et des méthodes de production des industries de
transformation ;
– 385a Ingénieurs et cadres d’étude, recherche et
développement des industries de transformation
(agroalimentaire, chimie, métallurgie, matériaux
lourds) ;
–
385b Ingénieurs et cadres de fabrication des
industries de transformation (agroalimentaire,
chimie, métallurgie, matériaux lourds).
Secteur et métiers des industries agroalimentaires - Collection GIP LorPM 2016
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PARCOURS métiers
Les approches métiers du secteur de l’IAA s’intéressent à l’ensemble des métiers exercés au sein du
secteur ou des sous-secteurs concernés, quelques
soient les tâches réalisées par le travailleur.
Pour aller plus loin sur les données des
métiers de l’agroalimentaire, vous pouvez
consulter le tableau de bord des métiers
en ligne sur le site www.lorpm.eu
© BC Gov VisualHunt
Elles sont employées par deux observatoires du secteur alimentaire : Observia (Observatoire des métiers
des industries alimentaires) et l’Observatoire paritaire
prospectif interbranches des métiers, des qualifications
et de l’emploi de la coopération agricole. Ainsi, ils partagent une logique de regroupements des métiers (voir
ci-après) qui recouvrent toutefois des réalités propres
à leur champ d’intervention :
– Innovation, recherche et développement.
– Production/maintenance, ingénierie, travaux.
– Commercialisation, achats, ventes/marketing.
– Logistique.
– QHSE/contrôle, analyse, laboratoire.
– Services supports.
Il existe un 3e observatoire tourné vers les métiers
artisanaux (boucherie, charcuterie, boulangerie,
pâtisserie, chocolaterie…), de la cuisine et de la restauration, l’Observatoire prospectif des métiers et des
qualifications dans les métiers de l’alimentation.
Secteur et métiers des industries
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Secteur
agroalimentaires
et métiers des industries
- Collection
agroalimentaires
GIP LorPM 2016
- Collection GIP LorPM 2016
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PARCOURS métiers
Métiers, emploi, formation, DÉCOUVERTE DU SECTEUR
Le secteur s’inscrit dans une démarche filière
L’industrie agroalimentaire (IAA) regroupe l’ensemble
des activités industrielles qui transforment des matières
premières issues de l’agriculture, de l’élevage ou de la
pêche en produits alimentaires destinés à la consommation humaine ou animale.
Les industries interviennent à différents niveaux de
transformation. Les entreprises de désassemblage
réalisent la première transformation du produit agricole
et le fragmentent en différents éléments ; les fabricants
de produits alimentaires intermédiaires élaborent des
produits ayant subi une première transformation et les
entreprises d’assemblage fabriquent des produits finis.
L’IAA transforme 70 % de la production agricole française. Par conséquent, il existe une forte interdépendance entre ces deux secteurs. Une des tensions du
secteur réside dans la fluctuation des prix agricoles1.
C’est actuellement le cas avec des prix à la baisse pour
la viande, ou à la hausse pour les céréales il y a deux
ans. Les entreprises de l’IAA doivent ainsi absorber
les chocs de prix, afin d’éviter la répercussion permanente sur le prix de leurs produits finis, en constituant
notamment des réserves financières. Chaque industrie
du secteur n’est toutefois pas confrontée aux mêmes
difficultés conjoncturelles, et pas en même temps.
Signé en 2013 au niveau national, il vise à l’amélioration de la compétitivité de la filière alimentaire. Il se
décline en 36 actions réparties en cinq axes :
– Emploi : améliorer l’attractivité des métiers et créer
des emplois ;
– Financement et innovation : stimuler les investissements et l’innovation des entreprises alimentaires ;
– Défi vert : faire de la transition écologique une source
de performance économique ;
– Export et promotion : encourager l’organisation collective à l’export, faciliter les démarches des entreprises, améliorer la qualité des produits alimentaires
et promouvoir le modèle alimentaire français ;
– Relations au sein de la filière : les améliorer, y compris au niveau commercial, et créer de la valeur
ajoutée.
Il existe un contrat de filière alimentaire qui mobilise
les acteurs de ces secteurs et les pouvoirs publics
(État, Régions)2.
IPAME (2012) « Enjeux et perspectives des industries agroP
alimentaires face à la volatilité du prix des matières premières ».
2
http://agriculture.gouv.fr/le-contrat-de-la-filiere-alimentaire
1
Secteur et métiers des industries agroalimentaires - Collection GIP LorPM 2016
© Chiemsee2016 Pixabay
La filière agroalimentaire est plus large que le secteur des IAA. Elle inclut l’amont, avec les activités de
production agricole, et l’aval, comprenant les activités
de négoce de produits agricoles ou alimentaires ainsi
que la restauration.
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PARCOURS métiers
Le premier secteur employeur de l’industrie
Dans un contexte soumis à une forte concurrence,
la France occupe en 2013 la 4e place mondiale des
pays exportateurs en matière de produits agroalimentaires, derrière les États-Unis, l’Allemagne
et les Pays-Bas. Elle est également le 1er exportateur extracommunautaire des pays de l’Union européenne (30 % des ventes
européennes de boissons
vers les pays tiers et 28 %
des ventes de céréales et
de préparations à base de
céréales)3.
La production agroalimentaire a tendance à
stagner depuis 2013, telle
que celle des industries
manufacturières. Toutefois, de même qu’en
2014, l’industrie agroalimentaire reste l’une des quatre branches
manufacturières à être excédentaire en 2015 (+6,5
milliards d’euros). L’investissement a fortement progressé dans les IAA (2,8 % contre 1,6 % pour l’ensemble des industries manufacturières en 2014)4,
favorisé par un taux de marge5 proche de 40 %6.
Après une légère chute de ses effectifs courant 2012, ce secteur a recouvré une relative
stabilité dès le second semestre 2013. Dans son
périmètre le plus large (secteur CA de la NAF en 38
postes), il représente 20 % des effectifs de l’industrie
manufacturière en 2014, soit 545 000 salariés
directs et 44 500 intérimaires en moyenne
annuelle7.
ource : Insee, Dares (2014) in Panorama des industries agroS
alimentaires, ministère de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et
de la Forêt.
4
Source : Insee (2015) « Comptes de patrimoine non financiers »,
in L’industrie manufacturière en 2014, Direction générale des
entreprises (DGE), Coll. Études économiques, Analyses.
5
C’est le rapport de l’excédent brut d’exploitation à la valeur ajoutée (www.insee.fr).
6
En 2015, l’industrie manufacturière a accru sa production et fortement reconstitué ses marges, M. Automme, N.Merle-Lamoot,
Études économiques, Le 4 pages de la DGE n° 55, mai 2016.
7
Sources : Insee, Dares (2015) in L’industrie manufacturière en
2014, Direction générale des entreprises (DGE), Études économiques, Analyses.
Sur son périmètre le plus restreint (hors artisanat commercial), 425 000 salariés travaillent au sein de 15 800
entreprises8 dont la répartition sectorielle est fortement
liée aux spécialisations agricoles des régions. Si près
de 85 % des entreprises ont moins de 20 salariés,
celles de plus de 250 salariés représentent 2 % des
entreprises et 50 % des effectifs salariés en équivalent
temps plein (ETP)9.
Le phénomène de concentration est particulièrement
marqué dans le secteur
des produits laitiers, et
dans celui des vins et spiritueux. Dans l’ensemble
du secteur des IAA, au
cours du premier semestre
de 2014, 45 regroupements
ont été relevés et 20 étaient
en cours10.
Trois groupes français se classent parmi les 15
premiers européens selon le chiffre d’affaires du
secteur de l’agroalimentaire et des boissons en 2012 :
Danone en 3e position, Lactalis en 5e, Pernod Ricard
SA en 12e. On retrouve des groupes français en tête
du classement mondial pour les produits laitiers avec
Danone et Lactalis ; pour les vins et spiritueux avec
Pernod Ricard SA (2e) et pour la transformation de
légumes avec Bonduelle (1er).
3
ource : Insee Esane, traitements MAAF/SSP au 31 décembre
S
2012.
9
En 2012, l’IAA hors artisanat, hors tabac comptait 380 000 ETP.
10
Source : Insee, Dares (2014) in Panorama des industries
agroalimentaires, ministère de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt.
8
Secteur et métiers des industries
6
Secteur
agroalimentaires
et métiers des industries
- Collection
agroalimentaires
GIP LorPM 2016
- Collection GIP LorPM 2016
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PARCOURS métiers
En Lorraine, prédominance de l’industrie laitière
Fin 2012, les deux régions employant le plus de
salariés dans l’agroalimentaire sont la Bretagne et
les Pays de la Loire (27 %). La Lorraine est la 15e
région sur 22 en termes d’effectifs salariés du
secteur IAA (hors artisanat commercial) avec 10 827
salariés. Ils exercent au sein de 552 établissements.
91 % des établissements ont moins de 50 salariés
et emploient 1 850 personnes (17 %)11. Le taux de
recours à l’intérim en Lorraine est de 6 % contre 8 %
au national. Le département des Vosges est en tête
quant aux nombres de personnes travaillant dans le
secteur (41 %) devant celui de la Moselle (29 %).
On retrouve dans l’IAA une main-d’œuvre féminine
en proportion plus importante que dans le reste des
industries manufacturières, tout comme au national, soit
autour d’un tiers contre un quart. De même, la part des
ouvriers et employés y est supérieure.
L’industrie laitière, tournée principalement vers la
fabrication de fromages et de yaourts, prédomine,
avec plus du tiers des effectifs salariés, devant l’industrie des viandes, la fabrication de boissons
et les boulangeries-pâtisseries industrielles. Les
nombreuses implantations sont très souvent en zone
rurale et disséminées sur l’ensemble du territoire, avec
une prédilection pour les Vosges et la Meuse (Lactalis,
Rians, Bongrain…).
L’activité de l’industrie des viandes se concentre
davantage sur les départements de la Moselle (Charal, Tradevia, Charculor…) et des Vosges (Elivia).
Les boulangeries-pâtisseries industrielles sont plus
présentes en Moselle (Neuhauser, Fournée dorée…).
L’industrie de boissons est très implantée dans les
Vosges avec Vittel et Contrexéville, qui appartiennent
au groupe Nestlé aujourd’hui. Ce dernier a d’ailleurs
établi son centre de recherche mondial de l’eau à Vittel.
Établissements et salariés de l’IAA
- CLAP 2012 -
9
e
L’Alsace est la
région sur 22 en termes d’effectifs
salariés de l’IAA
11e
La Champagne-Ardenne est la
ource : Insee CLAP 2012, Traitement SSP (MAAF, Service
S
statistique prospective) in Panorama des industries agroalimentaires (2014).
11e
région sur 22 en termes d’effectifs
salariés de l’IAA
La Lorraine est la
15e
région sur 22 en termes d’effectifs
salariés de l’IAA
10 827 salariés
du secteur de l’Industrie
agroalimentaire en Lorraine
91 % des établissements
ont moins de 50 salariés
et emploient 17 % des salariés
en Lorraine
Dans la région
11
9e
Grand Est
2 042 établissements et
39 481 salariés
Secteur et métiers des industries agroalimentaires - Collection GIP LorPM 2016
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PARCOURS métiers
Les évolutions et les besoins en Lorraine
Le secteur est dynamique en matière de créations
d’établissements (multipliées par deux entre fin 2007
et fin 2014), mais il a réduit ses effectifs salariés de
7 % entre 2008 et 2012 en Lorraine. Le secteur de la
transformation de la viande a été plus fortement touché sur la période alors que la boulangerie industrielle
échappe à cette tendance. Toutefois, cette baisse
est peut-être compensée par le recours aux travailleurs intérimaires non comptés dans les effectifs, la
saisonnalité de production induisant des besoins de
main-d’œuvre ponctuels.
Parallèlement, sur les métiers de fabrication et de
production pouvant être exercés dans les industries
de process, dont les IAA, le nombre de personnes
recherchant un emploi augmente. Ainsi, fin 2013, 2 300
personnes étaient inscrites à Pôle emploi, pour des
offres plafonnant à 964, dont seulement 20 % émanent
des IAA. La moitié des demandeurs ont un niveau
de qualification inférieur au niveau IV, alors que les
offres sont souvent proposées pour des niveaux de
qualifications supérieures (à noter l’exception de la
boucherie et du découpage de la viande qui démarre
dès le niveau V).
La traçabilité et la santé publique orientent la
réglementation
Depuis une vingtaine d’années déjà, le secteur est
soumis aux normes drastiques de sécurité alimentaire. Les crises sanitaires ont changé les pratiques
professionnelles. Celle de la vache folle a renforcé
le contrôle sanitaire des abattoirs à partir de 1996.
Les cas de listériose en 1999-2000 ont renforcé l’ensemble des mesures sanitaires, en particulier dans les
fromageries (hygiène corporelle, nettoyage des locaux
et des machines, port de vêtements spécifiques...).
La traçabilité12 a poussé à développer des services
informatiques d’étiquetage et de suivi de l’ensemble
des denrées alimentaires. Depuis le 1er janvier 2006,
le paquet hygiène, « vise à refondre, harmoniser et
simplifier les dispositions très détaillées et complexes
en matière d’hygiène auparavant dispersées dans 18
directives communautaires »13. Il incite à mettre en
place des actions permettant de suivre de bonnes
pratiques d’hygiène (au moyen de guides) et d’élaborer
des procédures fondées sur les principes HACCP14 et
les formations afférentes. Il favorise la mise en place
d’un système de traçabilité pour pouvoir procéder à
des retraits ciblés et rapides en cas de crise.
Enfin, des réglementations indirectes impactent aussi l’IAA, en particulier celles qui concernent la santé
publique. Les campagnes pour réduire la consommation de sel, en prévention des maladies cardiovasculaires, ont obligé les charcuteries et salaisons à modifier
leur mode de fabrication. Celles concernant la réduction du sucre pour prévenir l’obésité juvénile ont amené
les fabricants de soda, de gâteaux, de confiseries, à
repenser leurs recettes. Et l’obligation récente de
noter sur tous les emballages les résidus potentiels
de produits oblige aussi les industriels à repenser
leurs chaînes de production.
Ainsi, les entreprises doivent s’adapter en permanence, d’autant que dans ce secteur, les contrôles
et les analyses, organisés par l’État, existent encore
régulièrement.
elon le règlement CE 178/2002 : c’est « la capacité à retrouS
ver à travers les étapes de production, de transaction et de
distribution, de cheminement, de denrées alimentaires ou de
substances destinées à être incorporées dans une denrée alimentaire ou un aliment pour animaux ».
13
Le paquet hygiène est composé de plusieurs textes législatifs adoptés par l’Union européenne : http://agriculture.gouv.fr/
securite-sanitaire-le-paquet-hygiene
14
HACCP : Hazard analysis critical control point.
12
Secteur et métiers des industries
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Secteur
agroalimentaires
et métiers des industries
- Collection
agroalimentaires
GIP LorPM 2016
- Collection GIP LorPM 2016
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PARCOURS métiers
Les normes, appellations, labels…
pour afficher des gages de qualité
La généralisation des informations sur l’origine des
ingrédients de base a largement été favorisée par l’exigence des consommateurs. Elle a permis de différencier
les qualités des plats préparés. Des normes privées
de durabilité (NPD)15 se sont développées parallèlement aux normes officielles (Afnor), comme autant de
démarches volontaires. Les pouvoirs publics s’en sont
réappropriées certaines qui sont devenues des labels :
agriculture biologique, commerce équitable.
Davantage que les marques, les labels apparaissent
comme des atouts, car ils valorisent l’origine des produits.
Dans le même esprit de recherche de qualité, il existe
des nominations d’Appellation d’origine protégée (AOP),
d’Indication géographique protégée (IGP) ou encore de
Spécialité traditionnelle garantie (STG). En 2013, 200
ont été recensées en France (hors vins et spiritueux).
Certaines productions agricoles locales et l’émergence
d’une économie sociale et durable de marché offrent un
potentiel de développement à l’activité agroalimentaire.
Pour exemple, en Lorraine, la brasserie avait quasiment
disparu il y a dix ans. Elle renaît aujourd’hui autour de
TPE cherchant à produire de la qualité. Parallèlement,
les formes coopératives offrent une alternative à la
concentration des multinationales de l’IAA. Ainsi la fromagerie de Bulgnéville, Ermitage, a su se développer
en Lorraine et Franche-Comté, regroupant un millier de
producteurs, de même que Biogam pour la filière bio.
15
e sont en réalité des standards émanant d’entités ne releC
vant pas des pouvoirs publics. « Les nouvelles NPD allient à la
fois les dimensions sociale et environnementale, tout en étant
résolument tournées vers la réponse aux besoins d’un marché agroalimentaire globalisé » in Quelle place pour les normes
privées de durabilité dans les échanges commerciaux ? Iram,
Cirad, INRA (2016), p11.
Secteur et métiers des industries agroalimentaires - Collection GIP LorPM 2016
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PARCOURS métiers
L’innovation dans le secteur et la R&D
L’innovation est de façon générale stimulée par les
évolutions sociétales. L’urbanisation et le développement durable amènent à réfléchir sur la réduction du
gaspillage. La population cosmopolite suppose une
variété des goûts et des besoins (exotisme, végétariens, végétaliens, halal…). Les attentes du consommateur existent également en matière d’alimentation
fonctionnelle (nutrisanté, nutriforme, nutribeauté). Et
les manières de s’alimenter (temps limité, contraintes
allergènes), comme les modes de distribution (réseaux
de proximité), mutent.
Les changements induits par cette nécessité de sécurité
sanitaire, d’amélioration de la traçabilité et du contrôle
qualité, mais également par l’automatisation des processus de production ont eu pour conséquences de travailler différemment les produits agroalimentaires.
L’innovation se fait aussi
bien en matière de procédés que de marketing.
Ainsi, l’innovation non technologique représente plus
de la moitié des innovations,
dont 35 % sont des innovations marketing et 39 %
sont organisationnelles.
L’innovation technologique
concerne principalement
les produits (31 %) et les
procédés (30 %). Chaque année, 3 000 innovations
« produits » sont mises sur le marché français dans le
secteur alimentaire16.
La capacité innovante, en particulier dans le domaine
de l’évolution des recettes, diffère en fonction de la
taille des groupes. Par exemple, de grands groupes
présents en Lorraine, comme Senoble ou Thiriet, ont
leurs propres laboratoires d’essais et l’innovation fait
partie de leur quotidien.
De nouvelles technologies physiques de décontamination et les nanotechnologies (pour les emballages)
se sont développées. La lumière pulsée, les champs
électriques pulsés, les hautes pressions font désormais partie des procédés doux de conservation qui
permettent de disposer d’aliments présentant les
caractéristiques des produits frais.
Le développement des agents améliorants (substance
naturelle ou artificielle) a été favorisé par l’évolution des
pratiques alimentaires. Ils visent à faciliter le processus
de fabrication du produit ou à améliorer l’apparence, le
goût, ou encore la valeur nutritive des denrées alimentaires. Pour une utilisation par les IAA, les agents améliorants doivent recevoir une autorisation de mise sur le
marché national ou européen et être inscrits sur une liste
positive sinon ils sont réputés interdits.
L’innovation ne repose pas
nécessairement sur la R&D.
Toutefois, dans leur phase 3
démarrée en 2013, les pôles
de compétitivité tentent d’allier les deux. Ils visent à « traduire les projets innovants
en retombées économiques
concrètes par la mise sur le
marché de nouveaux produits par les entreprises »17.
Parmi les 71 pôles de compétitivité, 12 sont principalement concernés par
des thématiques agroalimentaires dont Industries
& agro ressource (IAR) implantés en ChampagneArdenne et Picardie (valorisation de la biomasse, chimie
du végétal, bio raffinerie)18.
Il est à noter que les IAA sont sous-représentées dans
les dispositifs de financement public à la Recherche et
Développement (R&D) et à l’innovation.
17
18
16
MAAF (2014) « Panorama des industries agroalimentaires ».
Ibid p97.
Voir également la brochure GIP Lorraine Parcours métiers
(2016) « Secteur et métiers de l’industrie chimique ».
Secteur et métiers des industries
10
Secteur
agroalimentaires
et métiers des industries
- Collection
agroalimentaires
GIP LorPM 2016
- Collection GIP LorPM 2016
10
GIP
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PARCOURS métiers
L’appareil de formation
L’évolution des normes, et leur application notamment
en matière de sécurité, nécessite une adaptation permanente des compétences des salariés. De plus, l’automatisation a transformé les besoins en qualification.
Au niveau V, il est possible de préparer un BPA transformation alimentaire par la voie de l’apprentissage. Au
niveau IV, le Bac pro bio industrie de transformation
est quant à lui accessible par la voie scolaire.
Le Réseau enseignement agricole public lorrain a
réalisé une étude qui montre que les chefs d’entreprises envisagent la qualification dans la continuité de
l’existant. Cependant, l’éloignement géographique des
centres de production par rapport à la concentration
urbaine semble poser un problème de recrutement
en personnel qualifié19.
Au niveau national, il existe une dizaine de DUT, BTS
et BTSA ayant trait à l’agroalimentaire. Les BTSA ont
été rénovés à partir de la rentrée 2009. Parmi les
spécialités préparées en Lorraine, on retrouve le DUT
génie biologique option industries agroalimentaires et
biologiques et le BTSA sciences et technologie des
aliments.
Des besoins sont exprimés également autour des
fonctions connexes, comme le développement de sites
internet, ou les nouvelles techniques de commercialisation plus personnalisées. Les langues étrangères
sont toujours un enjeu dans les entreprises à vocation
d’export, sur les fonctions management, service qualité et commerciales. Des pratiques récentes comme
le tourisme agroalimentaire20 pourraient favoriser le
développement de ces compétences connexes.
Pour accompagner ces transformations, les entreprises disposent de l’outil Certificats de qualifications
professionnelles (CQP).
Le secteur reste demandeur de compétences de
niveau supérieur en R&D. L’expertise pluridisciplinaire
est prisée : biologie, nutrition, robotique, gestion de
l’information, processus de transformation et conditionnement…
Pour préparer aux métiers de l’agroalimentaire, l’appareil de formation initiale lorrain s’appuie notamment
sur deux établissements d’enseignement agricole,
l’Université de Lorraine (cycles courts et longs) et
l’ENSAIA (École nationale supérieure d’agronomie)21.
Afin de mieux répondre aux besoins de compétences
en matière de transformation alimentaire, le Certificat
d’aptitude professionnelle agricole (CAPA) industries
alimentaires a été rénové pour donner, en 2015, le
CAPA opérateur en industries agroalimentaires, accessible uniquement en formation continue en Lorraine.
RAAF, ReaL’Id (2012) « Étude de la structure des emplois des
D
IAA et prospective des métiers et des qualifications en Lorraine »,
Réseau des établissements agricoles publics lorrains.
20
« 100 entreprises agroalimentaires les plus visitées en France
attirent à elles seules plus de 4,4 millions de personnes » in
Panorama des industries agroalimentaires, p28 (2014) MAAF.
21
Voir liste des formations du Réseau agroalimentaire de Lorraine sur le site de l’Ensaia : http://ensaia.univ-lorraine.fr.
19
13 CQP sont à ce jour reconnus par les branches
professionnelles signataires de l’accord CQP du 29
mai 2015 (29 conventions collectives du champ des
industries alimentaires et de la coopération agricole
et de l’alimentation en détail). Chacune a par ailleurs
développé une offre qui lui est propre.
Les 13 CQP interbranches sont les suivants :
Domaine
Production
Maintenance
Nettoyage
Logistique
Marketing,
commercial
Ressources
humaines
CQP du secteur alimentaire
- Préparateur
- Conducteur de machines
- Conducteur de ligne
- Responsable d’équipe
- Responsable de secteur
- Agent de maintenance
- Technicien de maintenance
- Ouvrier qualifié en nettoyage
industriel
- Agent logistique
- Télévendeur
- Attaché commercial
- Assistante de gestion client
- Gestionnaire de l’administration du personnel et de la paie
Secteur et métiers des industries agroalimentaires - Collection GIP LorPM 2016
11
GIP
Lorraine
LorPM’PRO
PARCOURS métiers
GIP
Lorraine
LorPM’PRO
PARCOURS métiers
GIP Lorraine Parcours Métiers
Pôle Études & Expertises
Directeur de publication : Emmanuel Journot
Rédaction : Angélique Pépin (GIP LorPM) et
Vincent Ferry, Laboratoire Lorrain de Sciences Sociales (Université de Lorraine).
Mise en page et conception graphique : Estelle Markovic
Cette synthèse a été rédigée en complément des travaux statistiques
réalisés par Ousmane Sow et Angélique Pépin dans le cadre de l’appui aux contrats sectoriels.
Cette démarche de contractualisation, initiée par le Conseil Régional de Lorraine en 2015 avec les branches
professionnelles, vise à adapter l’offre de formation professionnelle aux évolutions du marché du travail.
© GIP LorPM - 2016
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Secteur et métiers des industries
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Secteur
agroalimentaires
et métiers des industries
- Collection
agroalimentaires
GIP LorPM 2016
- Collection GIP LorPM 2016
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LA SITOGRAPHIE

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