Retour sur Renault
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Retour sur Renault
Retour sur Renault-Guyancourt Rédigé par Nicole à partir d’informations trouvées dans le dossier spécial sur Le malaise au travail de la revue Sciences humaines - n° 12 (sept 2008 ) Inauguré en 1998, le techno centre de Renault-Gyancourt devait devenir le laboratoire d’où sortiraient tous les nouveaux modèles du constructeur. Avec le suicide de quatre salariés en 2006, il est apparu comme l’exemple même d’une entreprise où un type de management a fragilisé les salariés. Recherche de performance et déstabilisation des salariés Considérant qu’il ne suffit plus de rechercher des économies dans le cycle de production, mais qu’il faut aller les trouver dans la rationalisation des activités de conception, Carlos Ghosn lance en 2006 le « contrat Renault 2009 » qui doit mettre sur le marché 26 nouveaux modèles en trois ans (soit trois fois plus qu’auparavant). L’organisation du travail des 12 000 ingénieurs du technocentre est remodelée Management par objectifs : chaque salarié signe un contrat individuel prévoyant une liste de pourcentages à atteindre et de seuils à dépasser et sera évalué selon sa capacité à les atteindre. Les pressions à la performance se multiplient et les premiers signes de stress apparaissent, en particulier à l’issue des séances d’évaluation individuelle. Passage à une organisation matricielle : Chaque salarié n’appartient plus seulement à un métier (les suspensions par ex) mais est affecté simultanément à plusieurs projets ( la Mégane, la Laguna, etc.). les salariés doivent faire face aux injonctions de plusieurs chefs et satisfaire souvent des objectifs contradictoires. Disparition des collectifs de travail stables et des postes fixes : les salariés se déplacent dans l’entreprise au gré des obligations du moment et des bureaux disponibles. Résultats Les Gains de productivité sont spectaculaires : la conception de la Laguna 1 (en 1993) avait exigé 54 mois; celle de la Laguna 3 n’en a demandé que 26. Les risques psychosociaux explosent : dans son rapport au CHSCT en janvier 2008 le cabinet Technologia repère entre autres que • 31,2% des salariés sont en situation de « job strain » (forte demande psychologique de la part de leur hiérarchie alors que leur aptitude décisionnelle est faible. C’est trois fois plus que la moyenne pour les cadres et les techniciens dans le reste de la France. • 22,9% sont en situation d’ « iso strain » (manque de soutien de la part de la hiérarchie et des collègues). En France cadres et technicien y sont en moyenne trois fois moins soumis. • Surcharge de travail : il est fréquent que des salariés dépassent les 50 heures hebdo et en effectuent une partie à domicile. Et maintenant ? La direction de Renault a peu à peu admis la nécessité de revoir certains aspects de l’organisation du travail et du management. On constate un certain glissement dans la prévention du stress au travail. Alors que l’Ifas (institut français de l’anxiété et du stress) mettait l’accent sur le diagnostic et le traitement des troubles psychiques individuels (prévention secondaire), on entend plus souvent dire qu’il conviendrait d’agir sur les origines du mal , en l’occurrence les conditions de travail (prévention primaire).