Le normal et le pathologique

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Le normal et le pathologique
Le normal et le pathologique
Introduction
Ce cours est le résumé d’une œuvre de Georges CANGUILHEM écrit en 1943. Il s’agit
d’une thèse de philosophie sur un sujet médical. Son exploration n’est pas celle d’un
médecin, mais celle d’un philosophe qui s’intéresse à la médecine.
Cette œuvre a fait dire à un psychanalyste qu’il considérait que CANGUILHEM avait
50 d’avance -> interrogation visionnaire
CANGUILHEM commence par interroger les normes en termes biologiques. Il se
demande si lorsque ces normes se dérèglent est-ce qu’on peut parler de pathologique. Il
s’intéresse au fait que ces dérèglements proviennent de l’intérieur de l’organisme.
Pour lui ces dérèglements internes sont fortement liés à l’environnement.
Dans son œuvre il va également s’intéresser aux normes sociales, qui elles viennent de
l’extérieur.
Michel FOUCAULT a eu de manière complémentaire à CANGUILHEM une thématique
récurrente de la médecine dans son œuvre. Il s’intéressait à la production des normes
qu’a pu produire le discours médical dans la société.
CANGUILHEM va être le directeur de thèse de Michel FOUCAULT
Résumé
Il écrivait en 1943 une thèse de philosophie. Il est engagé dans la résistance. Il fait une
thèse de médecine alors qu’il est philosophe.
Cette thèse s’appelle « essai sur quelques problèmes concernant le normal et le
pathologique ». Elle deviendra la première partie de son œuvre : « le normal et le
pathologique » paru en 1966
Pourquoi une thèse de médecine de la part d’un philosophe ?
Réponse de CANGUILHEM : « La philo est une réflexion pour qui toute matière
étrangère est bonne et pour qui toute bonne matière est étrangère. »
Mais pourquoi la médecine particulièrement ? Il dit que nous attendions de la médecine
une introduction à des problèmes humains concrets. Il ne voit pas la médecine comme
une science mais plutôt soit comme un art au carrefour de plusieurs disciplines ou
carrément comme une technique d’instauration ou de restauration du normal. Même si
pour instaurer ou restaurer la médecine peut s’appuyer sur des procédés scientifiques.
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1. Normal / biologique
La question du normal se pose car il y a de l’anormal qui résiste. Ce qui lui permet de dire
que si il n’y avait pas d’anormal il n’y aurait que des lois et il n’y aurait pas de normes.
(Lois différent de normes car la norme est relative)
« La qualité de pathologique est un import d’origine technique et d’origine subjective, il
n’y a pas de pathologie objective. »
Une des thèses centrales c’est que le pathologique n’est pas le contraire de la norme,
mais le contraire de la santé. Mais qu’est ce qu’entend CANGUILHEM par la santé. Ce
terme exprime un rapport de l’humain à sa vie. « La santé c’est la vie dans le silence des
organes » LERICHE
La maladie vient briser ce silence, cette évidence et ce rapport au corps qui n’était pas
questionné jusque là puisqu’il n’était pas problématique.
La maladie doit d’abord être abordée du point du malade et de sa singularité.
La maladie pour lui est perçue comme une expérience vécue subjective, une
expérimentation spontanée qui met en évidence les lois du normal en les grossissant.
Il va donc interroger la singularité de l’individu qui porte la maladie. Le comportement
d’un patient qui a un diabète à l’égard de son rein ne sera pas le même qu’une personne
saine -> la maladie n’affecte pas qu’une partie mais transforme l’ensemble de l’organisme
qui constitue de fait une totalité.
« Être malade c’est vivre une autre vie »
La maladie se rapporte toujours à un individu singulier
« C’es bien parce qu’il y a des hommes qui se sentent malade qu’il y a une médecine et
non pas parce qu’il y a des médecins que les hommes apprennent d’eux leur maladie. C’est
la maladie qui nous révèle les fonctions normales au moment précis où elle en interdit
l’exercice. »
Le vivant pour CANGUILHEM ne doit pas être appréhendé comme un simple mécanisme
qui réagirait mécaniquement aux contraintes, il se définit par sa normativité, c’est-àdire sa capacité à créer des normes qui l’individualisent. Vivre serait donc poser des
normes qui détermineront ce qui est valorisé et ce qui est rejeté pour que le vivant
puisse se maintenir et se développer. La vie n’est pas indifférente aux conditions dans
lesquelles elle évolue. Elle est lutte contre l’entropie (= mécanisme qui nous permet
d’éviter une perte d’énergie), la destruction, la mort.
Si la normalité est donc lié à la normativité, le pathologique est au contraire une
réduction de cette normativité.
« La maladie serait une réduction de la marge de tolérance des infidélités du milieu »
CANGUILHEM en conclut que « être normal c’est pouvoir s’adapter aux changements
de son milieu »
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Il ne faut pas confondre norme et moyenne, c’est par rapport à un milieu donné qu’un
vivant peut être dit normal si ses normes de vie lui permettent de se maintenir et de se
reproduire.
La comparaison entre différents groupes humains prouve qu’il ne faut pas confondre
norme et moyenne. (ex : hypoglycémie considérée comme très grave chez européens est
très bien supportée chez les africains)
Il n’y a pas de mesure objective de la normalité ou du pathologique. On ne peut pas
mettre de côté la dimension sociale dans l’appréhension du pathologique.
Le normal et le pathologique doivent être appréhendés de manière globale sur le fond de
la société. (ex : un myope ne peut pas être pilote alors que ça ne pose pas problème pour
être infirmier)
Les pathologies doivent donc être réinscrites dans les sociétés.
2. Norme sociale
CANGUILHEM va s’interroger sur la construction des normes par l’ordre social.
Il s’interroge sur les concepts d’hétéronomie (processus de normalisation)/ autonomie.
La normalisation viendrait d’une exigence de rationalisation depuis la révolution
française et qui est imposée. Ces normes visent à réduire la multiplicité.
CANGUILHEM va se dire que si la norme de la régulation vitale va de soi car elle est
immanente (vient de l’intérieur de l’individu), la norme sociale ne va pas de soi, l’individu
peut toujours y opposer d’autres normes et créer d’autres normes sociales. Cela varie
selon les époques (les déviants sont ceux qui enfreignent la norme sociale)
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