Conférence Claire Marin - Centre Georges Canguilhem

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Conférence Claire Marin - Centre Georges Canguilhem
Université Paris Diderot Paris 7
Centre Georges Canguilhem - UFR de médecine
PHILOSOPHIE ET ETHIQUE DE LA MEDECINE ET DU SOIN
Conférence de Claire Marin : « Une pédagogie de la maladie est-elle possible ? »
Lundi 6 avril ou mercredi 8 avril 2009, date à confirmer
18 h-20h
Lieu : site médical Bichat ou Lariboisière, à déterminer
Organisation et discussion : Céline Lefève
« Mon médecin, c’est celui qui accepte de moi que je voie en lui un exégète avant de
l’accepter comme réparateur. »
G. Canguilhem
« Il en va de l’interprétation de la maladie comme de l’interprétation d’un rêve.
Personne n’est mieux placé que le sujet lui-même pour rendre compte du sens qu’il peut lui
donner. »
C. Marin
En 2008, la philosophe Claire Marin a publié un récit, Hors de moi (éd. Allia), et un
essai, Violences de la maladie, violence de la vie (Armand Colin) portant tous deux sur
l’expérience de la maladie. Ces ouvrages contribuent à la « Critique de la raison médicale
pratique » que Georges Canguilhem appelait de ses vœux en 1978 dans « Une pédagogie de la
guérison est-elle possible ? ». Ils ébauchent une précieuse pédagogie de la maladie dont
l’enjeu est de compléter la science biomédicale des maladies par une connaissance
approfondie de la maladie comme expérience subjective.
Claire Marin souligne qu’il nous est aujourd’hui difficile de reconnaître que, comme la
mort, la maladie fait partie de la vie. Elle nous alerte sur le fait qu’à la violence de la maladie
peut dès lors s’ajouter une autre violence : celle du déni de la réalité même de la maladie.
Notre société nourrit un idéal de santé, de jeunesse et de performance. Elle se représente
souvent la maladie comme un accident imprévisible et évitable, un événement passager qui,
grâce aux prouesses de la médecine et à la volonté conjointe des soignants et des soignés, doit
trouver son issue dans la guérison. Cette idéalisation de la vie et de la médecine, cette
occultation de la maladie comme nécessité vitale et comme réalité vécue peuvent conduire à
une certaine violence du soin : il est en effet possible de dispenser des soins tout en négligeant
l’expérience propre de la personne soignée.
La philosophie rappelle pourtant la nécessité vitale de la maladie. Nourrie par les arts et
la littérature, elle permet aussi de décrire, dans ses multiples dimensions subjectives et
sociales, l’expérience de la maladie. Celle-ci affecte l’identité corporelle, personnelle et
sociale. Elle bouleverse la perception de soi, de la temporalité, de l’existence, des relations
aux autres et au monde.
Dans cette perspective, la philosophie peut participer à une pédagogie de la maladie
dont l’enjeu serait de former les médecins et les soignants à reconnaître, comprendre et
respecter la singularité de chaque patient. Ainsi pourrait s’instaurer une relation véritable de
soin qui briserait le tête-à-tête douloureux du malade et de sa maladie et qui aiderait ce dernier
à donner un sens personnel à sa maladie.
Ce sont les grandes lignes de cette pédagogie de la maladie et de l’éthique du soin
qu’elle rend possible que Claire Marin viendra présenter et discuter.