Invitation mariage - Feracpa

« Mesdames,
Quand vous avez passé l'alliance c'est vrai que le pasteur ou le prêtre a dit « pour le meilleur et pour le pire ». Vous
ne vous attendiez pas à ce que le prince charmant se transforme en crapaud ! Mais comme dans les contes de fées
cela n'est que pour un temps. Le Seigneur veille et il ne vous oublie pas. Certes, vivre au côté d'un survivant n'est
pas toujours facile et je bénis votre courage et votre persévérance. Votre époux passe par un processus de guérison qui
le mènera par diverses étapes : la décision de guérir, l'état d'urgence, (ses premiers souvenirs, vos premières
inquiétudes), croire en ce qui est arrivé (votre abandon affectif, seules face à un mur de silence) puis il brisera le silence
(vos épaules seront bien précieuses pour ses pleurs).
Le petit garçon fera son apparition, avec ses contradictions, ses demandes et votre désespoir, ensuite le deuil et
l'affliction prendront place. Autant de moments volés mais pour un bonheur à venir ! Je bénis une fois encore votre
persévérance car avec vos cœurs vous voyez le bout du tunnel alors que lui ne voit que les ténèbres où il est plongé. Je
vous encourage fortement à rencontrer si ce n'est déjà fait le thérapeute ou le conseiller de votre époux. Il pourra
écrire des mots sur le mur de silences de votre bien aimé.
Quand le survivant passe un temps de crise, il lui est difficile de faire face à la vie au quotidien. La bataille interne
qui se joue le rend moins disponible et peu à l'écoute. Les émotions sont à fleur de peau car la limite entre la blessure
et le présent est fine. Ne pensez pas alors que vous êtes en cause... L'adrénaline a pris le dessus et il est difficile de
contrôler ses pensées et ses mots qui fusent en tous sens, vous blessant parfois. Beaucoup de dialogue et de patience
seront nécessaire pour faire la part de ce qui est vrai dans la querelle (les limites transgressées involontairement) et de
ce qui est lié au passé. Dans tous les cas essayez de ramener votre conjoint dans le présent de la façon qui correspond
le mieux à son caractère. Alors que le survivant progresse dans sa guérison de plus en plus de parties de lui sont
rachetées et ce sont autant de parties qui une fois réconciliées pourront vous aimer un peu plus à chaque fois.
Votre amant est devenu silencieux et peu en demande. Il ne vous refuse pas, il cherche simplement à se reconstruire.
Lors du processus de guérison il a perdu confiance en lui et sa sexualité est devenue menaçante du jour au lendemain.
Il se pose énormément de questions, certains gestes anodins, usuels lors de vos rapports peuvent alors se transformer
en agression. Il arrive aussi aux hommes de dissocier pendant le rapport sexuel ce qui génère une « panne ». Comme
par nature il aime être performant, beaucoup de honte peut l'assaillir et l'empêcher de continuer voire de recommencer.
Là encore votre patience légendaire sera la bienvenue, les mots et les caresses l'aideront à se rassurer et à savoir qu'il
est aimé pour qui il est et non pour ses performances sexuelles.
Alors que vous perdez pied dans ce puzzle, osez le dialogue avec lui et ensemble vous pourrez opter pour des choses
plus adaptées à ces temps. Cela permettra à l'homme de moins se sentir honteux et diminué dans sa masculinité. La
notion de plaisir est complètement altérée et déroutante pour les deux partenaires. Encore une foi sachez user de votre
sagesse et de votre écoute pour rassurer le jeune amant perdu face à toutes ces émotions qui le submergent. Je propose
même une redécouverte ensemble de la nudité et de l'intimité sexuelle comme un voyage initiatique.
Le processus est en route et il prend du temps, à chaque étape de la guérison célébrez la victoire avec le Seigneur à
vos côtés et savourez l'avenir qui se présente à vous plein de grâce et de paix.
Si vous ne pouvez passer à l'acte, parlez-en au moins. Le fait de parler ouvertement avec votre partenaire de la
frustration sexuelle, aussi difficile que cela puisse être au début, est l'une des meilleures manières de gérer la douleur.
Canalisez votre énergie sexuelle dans des façons créatrices non sexuelles d'exprimer votre amour. Donnez-lui une belle
carte, tenez-lui la main en vous promenant dans le parc, cela peut encore opérer des merveilles dans l'expression de la
douceur de votre amour.
Communiquez-lui les différentes qualités que vous admirez chez lui: sa beauté, son sourire, sa chaleur, son humeur,
n'importe quoi. Célébrez ses qualités par des cadeaux spéciaux et des cartes, soyez sûr de communiquer expressément
votre amour. Plusieurs d'entre nous ont été bien élevés par leurs parents mais n'ont jamais entendu les paroles «Je
t'aime», «Je t'apprécie», «Je te respecte», «Je suis fier de toi», «Je t'admire».
On aspire tous à de telles affirmations. Pour les survivants d'abus, ces affirmations ont un grand pouvoir sur leur
sentiment d'exister et leur sexualité. Une forme transitionnelle de faire l'amour, alors que vous attendez d'entrer dans
une vie sexuelle plus saine ensemble, c'est de lui dire combien vous le trouvez beau et combien vous anticipez être
capable de lui faire l'amour à nouveau. »
Deux choses à se rappeler:
1° Le survivant a plusieurs années de messages négatifs dans le système. Ça va prendre du temps avant d'éliminer
tout cela. Le temps et la grâce de Dieu sont des alliés privilégiés dans cette période difficile et longue.
2° Les paroles peuvent devenir vides de sens. Si les mots ne sont pas accompagnés par des actions correspondantes, il
vaut mieux ne rien dire.
Plus votre toucher sexuel non génital sera ample, plus vous relaxerez et goûterez à l'intimité. Collez-vous ensemble
pour regarder la télévision ou la lune, écouter la musique, faites-vous la lecture mutuellement. Caressez-vous les bras
et le cou, tenez-vous les mains. Passez-vous la main dans les cheveux. Prenez plaisir à être proches physiquement.
Faites-vous des massages du dos, prenez un bain ensemble ou un jacuzzi.
C'est comme si vous lui faisiez la cour à nouveau. Maintenant que vous avez une nouvelle information au sujet des
événements qui ont tordu la sexualité de votre époux, vous avez besoin de prendre du recul et de voir votre relation
sexuelle sous un nouvel éclairage. Ceci requiert de tirer de nouvelles règles, de nouvelles façons d'entrer en relation, de
nouvelles expressions sexuelles. C'est cela l'amour: chercher la croissance, la guérison et la bénédiction de l'autre! En
faisant cela, votre mariage sera la source la plus puissante de guérison terrestre pour votre mari. Cela représentera
aussi une occasion inégalée pour Dieu de forger en vous le vrai sens de l Co.13.
Quand vous faites l'amour, gardez quelques pensées à l'esprit. Le survivant doit passer par plusieurs réajustements
sexuels durant le processus de guérison. Ce sera difficile pour lui de garder la passion de l'amour marital séparé de
l'obscénité et de l'exploitation de ce qui s'est produit dans le passé. Il a développé des associations puissamment
négatives vis-à-vis de la sexualité adulte. Vous pouvez avoir besoin, en premier, d'aller plus sur le côté de l'expression
sexuelle attentionnée et douce que sur le côté de la passion et de l'érotisme. Dites-lui des choses adaptées dans le style
qu'on retrouve dans le Cantique des Cantiques. Affirmez sa beauté d'un ton doux. Vous pouvez lui dire son nom avec
amour, car dans l'abus il était impératif pour l'abuseur de traiter l'enfant comme une non-entité afin de nier l'horreur
de ce qu'il faisait à l'enfant. Soyez à l'écoute des indices verbaux et physiques de votre époux. Découvrez ce qui le
fait se sentir en sécurité et ce qui l'effraie. Le contexte est très important. Les manières dont il a été abusé, les
endroits de la maison où cela s'est produit, provoqueront des flash-back conscients ou inconscients. Ceci peut vouloir
dire faire l'amour toutes les lumières allumées ou éteintes, dans le salon ou ailleurs, durant le jour ou le soir.
Comment puis-je mieux l'aimer? Voilà qu’elle devrait être la question fondamentale pour vous.
Ça peut arriver que votre époux capote au beau milieu de ce qui semblait une relation sexuelle merveilleuse. Il peut
capoter de diverses manières, en braillant, en perdant la carte, en criant, en paniquant... Les catalyseurs sont variés.
Cela peut se produire quand le survivant est touché d'une manière qui rappelle l'abus...
1° S'il est paralysé par la peur, soyez rassurant: «C'est moi, chérie, tout est correct. L'abus c'était dans le passé, là
on est dans le présent; tu as eu un flash-back; cela ne se produit pas maintenant; il y a juste nous deux ici, et je ne
veux pas te faire de mal.»
2° S'il est furieux contre vous, dites-lui des paroles rassurantes et confirmez-lui du cœur votre engagement à son bienêtre. Quand il sera calmé, faites des choses normales, rassurantes, comme préparer un café tout en continuant à lui
parler. Plus tard, vous aurez besoin de parler sur la façon de travailler ensemble pour qu'il ne se sente pas pris au
piège à nouveau.
3° Il peut capoter en perdant son érection, tellement il est traumatisé par l'abus sexuel passé. Discutez-en avec lui
sans lui mettre de pression et le rassurant sur sa virilité. »
Paul Rodrigues