Systématique des poissons dans l`aquaculture Africaine
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Systématique des poissons dans l`aquaculture Africaine
Systématique des poissons dans l’aquaculture Africaine Pr. Papa NDIAYE } Oreochromis niloticus (Linné, 1758). 1/ La pisciculture } Définition : c’est l’élevage de toute espèce de poissons d’eau douce, saumâtre ou d’eau de mer. Introduction : } En Egypte la pisciculture des Cichlidae est pratiquée depuis des millénaires. Mais en Afrique située au Sud du Sahara, il a fallu attendre la fin de la seconde guerre mondiale pour voir apparaître les premiers programmes de pisciculture. Et tous ces projets de pisciculture ont été arrêtés après les indépendances. } } Mais depuis trente ans, les gouvernements africains ont compris que la surexploitation des pêcheries et les modifications subies par les écosystèmes menacent la durabilité des pêches et la sécurité alimentaire. C’est à partir de cette date, que les travaux de recherche de nature biotechnologique menés, en stations expérimentales, dans le cadre des projets de recherche – développement et dans les laboratoires universitaires commencent à porter leurs fruits même si la pisciculture africaine ne représente aujourd’hui qu’environ 1‰ de la production mondiale. } Je vous présente les espèces de poissons les plus utilisées dans la pisciculture africaine. 1- Oreochronis niloticus (Linné, 1758). } C’est l’espèce pilote de la pisciculture en Afrique, elle est largement utilisée pour l’aquaculture extensive ou intensive et pour le repeuplement des cours d’eau dans la zone tropicale mondiale. } } La production de tilapias se situe au 2ème rang mondial en tournage après la carpe et avant les saumons. 1°) Les caractéristiques taxonomiques des tilapias. La systématique des tilapias est en pleine évolution, mais nous pouvons retenir ce schéma général } Superclasse des poissons – Pisces } Classe des Ostéihthyens } Sous classe des Actinopterygiens } Super ordre des Téléostééns } Ordre des Perciformes } Famille des Cichlidae } Genre Oreochromis } Espèce O.niloticus (Linné, 1758) } Oreochromis niloticus (Linné 1758) fait partie comme les autres tilapias de la famille des Cichlidae, ordre des Perciformes. } } Les espèces de cette famille se reconnaissent aisément par les caractéristiques suivantes : Tête portant une seule marine de chaque côté. } Absence de dents au plafond buccal } Corps comprimé latéralement } Longue nageoire dorsale à partie antérieure épineuse avec 17-18 épines et suivie de 12-14 rayons souples. } Nageoire anale avec les premiers rayons épineux } Sur chaque côté du corps, il existe deux lignes latérales. La 1 ère ligne latérale va de l’opercule jusqu’au ¾ de la longueur totale du corps, la 2ème ligne située en –dessous commence à la queue et va jusqu’au ¾ du corps. } L’évolution taxonomique Le groupe des tilapias, est essentiellement africain, dernièrement, certains taxonomistes s’accordent à le diviser en trois genres qui ont une originalité propre concernant le comportement reproducteur et la nutrition… } Incubation des œufs sur le substrat avec garde biparentale (couple), macrophage genre Tilapia. (Smith, 1840) } Incubation buccale avec garde biparentale ou paternelle, planctonophages : genre Sarotherodon (Rüppell, 1852). } Incubation buccale avec garde uni parentale maternelle, planctonophages. genre Oreochromis (Günther, 1889) } } Les principaux synonymes de cette espèce, que l’on peut trouver dans la littérature, sont : } Tilapia nilotica (Linné, 1758) Sarotherodon niloticus (Linné, 1758) } 2) Les caractéristiques morphologiques. } Oreochromis niloticus se reconnaît, il présente une coloration grisâtre, avec poitrine et flancs rosâtres et une alternance de bandes verticales claires et noires nettement visibles notamment sur la nageoire caudale et la partie postérieure de la nageoire dorsale. } Le sexe se distingue en examinant la papille génitale, qui chez le mâle est protubérante en forme de cône et porte un pore urogénital à l’extrémité, alors que chez la femelle, elle est arrondie avec une fente transversale au milieu (pore génital) et un pore urinaire à l’extrémité 3- Distribution } O. niloticus présente une répartition originelle strictement africaine couvrant les bassins du Nil, du Tchad, du Niger, des Voltas, du Sénégal, du Lac Tanganika. } Mais, aujourd’hui cette espèce est largement répandue en Afrique hors de sa zone d’origine pour compléter le peuplement des lacs naturels et des barrages pauvres en espèces planctonophages et aussi pour développer la pisciculture. Son introduction est signalée au Burundi et au Rwanda en 1951, à Madagascar en 1956, en R.C.A, en Côte d’Ivoire en 1957, au Cameroun en 1958, en Tunisie en 1966, en Afrique du Sud en 1976, en R. Démocratique du Congo et en Tanzanie. } Ces introductions ne sont pas limitées à l’Afrique puisqu’on trouve cette espèce dans les lacs, les fleuves, dans les fermes de pisciculture aussi bien en Amérique Centrale, en Amérique du Sud, en Amérique du Nord et en Asie ce qui lui vaut une distribution actuelle pantropicale. } Cette espèce commence également à être cultivée dans les eaux chaudes industrielles associées à des centrales thermiques en régions tempérées comme en Allemagne, en Belgique et en France. } 3) Alimentation } Les juvéniles jusqu’à la taille d’environ 5 cm se nourrissent de phytoplancton. Au-delà de cette taille l’alimentation est plus variée adaptée aux conditions d’habitat. Cette espèce se nourrit également de copépodes et d’une grande variété d’insectes et de larves aquatiques. 4) Croissance } La croissance la plus importante (38 cm) et la longévité la plus longue (7 ans) enregistrées ont été observées dans le lac Albert (Ouganda) R.D. du Congo). Dans le fleuve Niger la longueur maximale des mâles est 42 cm et celle des femelles 32.8 cm. Toutefois, le plus grand spécimen aurait été capturé dans le lac Turkana (Ethiopie) avec une taille de 64 cm. Dans le lac Victoria Kestémont et al (1989) ont trouvé qu’Oreochromis niloticus pouvait atteindre 16 cm pour la première année et 24 cm pour la 2ème année et 30 cm pour la 3ème année. } Une autre caractéristique d’O.niloticus concerne son dimorphisme sexuel de croissance. Dès que les individus atteignent l’âge de la reproduction (1 à 3 ans selon le sexe et le milieu), les individus mâles présentent une croissance nettement plus rapide que les femelles et atteignent une taille nettement supérieure. } Dans le lac Itasy (Madagascar), les mâles vivent plus vieux et atteignent une taille maximale de 38 cm soit environ 2000g alors que les femelles ne dépasse pas 28 cm pèsent environ 950 g 5) Biologie de la reproduction } O.niloticus fait partie des Tilapias évolués : les incubateurs buccaux uni parentaux maternels. Après une parade nuptiale de synchronisation sexuelle, la femelle s’arrête au-dessus d’un nid et dépose un lot d’ovules que le mâle féconde immédiatement et que la femelle reprend en bouche pour les incuber. } L’éclosion des œufs a lieu dans la bouche 4 à 5 jours après la fécondation. Une fois leur vésicule vitelline résorbée autour de 10 jours, les alevins capables de nager sont encore gardées par les femelles pendant plusieurs jours. Toutefois, ils restent à proximité de leur mère et au moindre danger, se refugient dans sa cavité buccale. A la taille de 10 cm, les alevins, capables de rechercher leur nourriture quittent définitivement leur mère et vivent en petits bancs dans les eaux littorales peu profondes. } La fréquence des pontes varie également en fonction des conditions environnementales. En conditions optimales et à températures de 25°à 28° C, une femelle peut se reproduire tous les 30 à 40 jours. } Les ovules sont ovoïdes et n’ont pas de substance collante comme les tilapias qui fondent sur substrat. } La taille, le poids et le nombre d’ovocytes émis augmentent généralement avec la taille des femelles. } 1200 ovules / femelle de 100g à 3800 ovules / femelle de 700g 1800 ovules / femelle de 200g. } Le diamètre des ovocytes est compris 1100 mm à 2200 mm. } } } Oreochromis mossambicus (Peter, 1852). Synonymes Tilapia mossambica Sarotherodon mossambicus } L’espèce O. mossambicus est originaire du cours inférieur du fleuve Zambèze. Elle est ainsi présente dans les pays comme le Malawi, l’Afrique du sud, le Mozambique, la Zambie et le Zimbabwe. } Elle est introduite dans de nombreux pays de la zone intertropicale. C’est une espèce très agressive, le mâle creuse une dépression dans le sol, y passe la majorité de son temps à happer des femelles de passage, et y tenter une reproduction. } } } Dimorphisme sexuel : les mâles sont noirs avec une gorge blanche munis de becs de canards. La taille maximale des mâles est de 30 cm. Les femelles sont grisâtres, plus petites et n’ont pas de becs. Elles ont une taille maximale de 20 cm. Cette espèce est menacée par l’hybridation par une autre espèce du même genre : Oreochromus nilotocus à cause de la propagation rapide de cette dernière dans l’aquaculture. } Le pisciculteur pour augmenter son rendement croise des géniteurs d’O. niloticus avec des géniteurs d’ O. mossambicus pour obtenir des alevins hybrides tous mâles. } Mais cela nécessite d’avoir des bassins pour l’isolement des lignées parentales pures. II- Espèce Sarotherodon melanotheron (Ruppel, 1852)* } Sarotherodon melanotheron heudoletii (Duméril, 1859) } } } } Synonymes: Tilapia heudoletii (Dumeril, 1859) Tilapia heudoletii heudoletii (Dumeril, 1869) Tilapia rougii (Dumeril, 1859) Tilapia multifasciata (Pellegrin, 1941) Tache noire sur l’opercule ; } Taille maximale 25 cm. } Ecailles en ligne latérale 27 – 30 tâches noires sur l’opercule. } Le genre Sarotherodon renferme les espèces chez lesquelles les mâles et les femelles pratiquent l’incubation buccale. } L’espèce S. melanotheron est euryhaline, elle est présente dans tous les écosystèmes aquatiques de l’Afrique. } } Distribution : lagunes et estuaires du Sénégal jusqu’en Guinée } Comme pour le genre Oreochromis, la plupart des espèces du genre Sarotherodon ont d’abord été décrit dans le genre Tilapia, Trewavas (1983) et Ndiaye (1996) se basant sur des caractères éthologiques, a transféré dans le genre Sarotherodon les espèces chez lesquelles les mâles et les femelles pratiquent l’incubation buccale. Outre ce caractère éthologique, les écailles sur le ventre ont la même taille que celles des flancs, on observe en général des tache noires sur l’opercule. S.melanotheron est une espèce avec cinq sous-espèces se rencontrent en Afrique, au Sénégal seule la sous-espèce Sarotherodon melanotheron heudelotü (Duméril, 1859) est rencontrée. } 4- Lates niloticus (Linné, 1762) – Perche du Nil, capitaine, famille des Latidae } C’est une espèce dulçaquicole, elle se trouve un peu partout en Afrique occidentale sauf en Gambie, elle a été introduite dans le lac Victoria. } La perche du Nil, comme appelée le plus souvent, est une espèce de poisson d’eau douce de la famille des Latidae originaire du Niger, du Nil et du Sénégal. Elle peut atteindre 2 m et peser 200 kg. Mais son introduction dans les eaux du lac Victoria en 1954, quand ce lac abritait plusieurs centaines d’espèces de Cichlidae, a vu sa multiplication au détriment des espèces locales. } Elle est utilisée dans la pisciculture pour contrôler la prolifération des alevins d’O. niloticus dans les étangs ; si c’est un élevage monosexe mâle. Ainsi on introduit 3 Lates niloticus pour un élevage monosexe mâle dans un étang de quatre ares ; pour non sexé 20 Lates niliticus sont introduits pour un bassin de 4 ares. } Le groupe de spécialistes des espèces de l’UICN inclut le Lates niloticus parmi les 100 espèces les plus invasives dans le monde. Morphologie : } La bouche est grande, protractile avec la mâchoire inférieure proéminente. Les dents, sont nombreuses aux mâchoires et sur le palais et il existe une forte épine operculaire. } } La première dorsale, est composée de 7 à 8 épines, la caudale est arrondie. Les écailles cténoides sont au nombre de 54 à 74 le long de la ligne latérale. Coloration : } Le corps est uniformément argenté avec des nageoires grisâtres. } } Les tailles minimales de premières maturités sexuelles se situent à 381 mm pour les mâles et 424 mm pour les femelles. Certains auteurs émettent de longévité approchant 20 ans. } Le plus souvent la longévité observée est voisine de 10 ans. } Taille maximale observée 2000 mm pour un poids de 200 Kg. } } Dans la phase adulte de Lates niloticus, à la 1ère année son régime alimentaire est ichtyophage, les poissons mesurent alors 20 – 30 cm de longueur standard. } } } } Synonymes : Silurus anguillaris, (Linné, 1758) Clarias senegalensis (Valenciennes, 1840) Clarias budgetti (Boulenger, 1900) Clarias anguillaris nigeriensis (Pellegrin, 1923). Famille des Clarüdae } Les Clarüdae se distinguent des autres Siluriformes par l’absence d’épine à la dorsale, par la longue nageoire dorsale et la longue anale par la présence de 4 paires de barbillons et d’un organe supra – branchial, formé par évaginations permettant aux poissons de pratiquer une respiratoire aérienne. } } Clarias anguillaris ressemble beaucoup à C.gariepinus. } La seule différence nette entre les deux espèces est le nombre de branchiospines sur le premier arc branchial qui est bas plus réduit (16-50) chez C.auguillaris. La tête est très longue. } Clarias gariepinus (Burchell, 1822). } } } Synonymes : Clarias lazera (Valencienne, 1840) Clarias Xenodon (Gunther, 1864) Clarias orontis (Gunther, 1864) } Distribution : La réparation du C. gariepinus est presque panafricaine. } Cette espèce possède un nombre élevé de branchiospines sur le premier arc branchial ( 24 à 110).