Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (20,1

Transcription

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (20,1
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (20,1-9)
Le premier jour de la semaine, Marie Madeleine se rend au tombeau de grand matin, alors qu'il fait encore
sombre. Elle voit que la pierre a été enlevée du tombeau. Elle court donc trouver Simon-Pierre et l'autre
disciple, celui que Jésus aimait, et elle leur dit : « On a enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne
savons pas où on l'a mis. »
Pierre partit donc avec l'autre disciple pour se rendre au tombeau. Ils couraient tous les deux ensemble,
mais l'autre disciple courut plus vite que Pierre et arriva le premier au tombeau. En se penchant, il voit que
le linceul est resté là ; cependant il n'entre pas.
Simon-Pierre, qui le suivait, arrive à son tour. Il entre dans le tombeau, et il regarde le linceul resté là, et le
linge qui avait recouvert la tête, non pas posé avec le linceul, mais roulé à part à sa place.
C'est alors qu'entra l'autre disciple, lui qui était arrivé le premier au tombeau. Il vit, et il crut.
Jusque-là, en effet, les disciples n'avaient pas vu que, d'après l'Écriture, il fallait que Jésus ressuscite d'entre
les morts.
HOMELIE
Au centre de la foi chrétienne, il y a la résurrection.
Et pourtant, nous le savons bien, il est difficile de croire en la résurrection.
La mort, elle, nous la connaissons bien, trop bien peut-être: chacun de nous a vu partir l'un
ou l'autre de ses proches.
Parfois trop vite, accidentellement, comme pour Alexandre cette semaine, parfois à la suite
d'une maladie, ou au terme d'un long vieillissement.
Le visage absurde de la mort, nous le rencontrons. Mais la résurrection?
... Sur ce point, et comme toujours, l'Evangile ne triche pas avec nous:
Il a fallu un long chemin pour découvrir Jésus vivant au matin de Pâques, il a fallu
le chemin de la foi.
Et aujourd'hui, je vous propose de refaire ce chemin -pas à pas- avec les trois personnages
du texte que nous venons d'entendre:
Marie-Madeleine, Pierre, et le disciple que Jésus aimait.
MARIE-MADELEINE
Jésus est mort la veille d'une grande fête.
Comme pour ajouter a l'absurdité de cette mort.
Cela ne se fait pas de mourir a des moments pareils, c'est indécent!
Alors, pour ne pas trop gâcher la fête, on a vite descendu le cadavre de la croix et on l'a
enseveli rapidement, presque à la sauvette.
Marie-Madeleine, au lendemain le la fête, vient redonner un peu de dignité a ce cadavre,
accomplir les derniers rites funéraires.
Mais le cadavre lui échappe: il n'est plus a elle:
"On a enlevé le Seigneur de son tombeau!"
Comme Marie-Madeleine, nous aimons bien que les choses soient à leur place.
Un mort, c'est un mort, il n'y a pas à sortir de là.
Quand nous sentons qu'il pourrait bien en être autrement, cela nous effraie un peu.
Quand nous sentons que l'ordre des choses n'est pas respecté, cela nous fait peur, et,
comme Marie-Madeleine, nous nous enfuyons; nous fuyons la réalité.
Deuxième personnage: PIERRE.
Pierre: l'homme solide.
Son regard, en entrant dans le tombeau, ressemble à un constat d'huissier: il y a là les
bandelettes et le linge qui avait recouvert la tête, le tout bien rangé.
Mais ce regard de Pierre n'ouvre sur rien.
Pour lui, ce c'est qu'un point d'interrogation, une question sans réponse.
Nous nous retrouvons bien souvent dans ce regard de Pierre.
Pour nous aussi, bien souvent, la mort est un point d'interrogation sans réponse.
Après tout, personne n'est venu nous se passe là-bas, de l'autre côté.
C'est vrai, mais si la mort n'a aucun sens, alors la vie elle-même n'a aucun sens.
Si la mort est un point d'interrogation, la vie elle-même est un point d'interrogation, une
absurdité de plus.
Arrive le troisième personnage de notre texte:
LE DISCIPLE QUE JESUS AIMAIT.
Sans doute l'évangéliste lui-même.
Lui aussi est entré dans le tombeau et: "IL VIT ET IL CRUT"
Qu'as-tu vu dans le tombeau ? Rien.
Rien: le tombeau est vide.
"IL VIT ET IL CRUT ".
C'est que le disciple voit NON PAS AVEC SES YEUX, mais AVEC SON CŒUR, .ET C'EST SON
COEUR QUI A RAISON!
Tout ce qu'a dit Jésus, toute cette aventure vécue ensemble n'a de sens que par la
résurrection.
Pour le disciple, c'est évident, Jésus est vivant.
Ce n'est pas un raisonnement intellectuel qui l'amène à cette conclusion, c'est une évidence
qui s'impose a lui:
Jésus est vivant.
Celui qui vivait si près de Dieu, Dieu n'a pu le laisser dans la mort.
Celui qui avait une telle force de vie, une telle puissance d'amour, ne pouvait être réduit au
néant.
Jésus est vivant, c'est l'évidence : "IL VIT ET IL CRUT"
Frères et sœurs, ne comptez pas sur moi pour vous apporter la preuve de la résurrection, de
la vie, de la vraie vie par delà la mort.
Il n'y a pas de preuve. Pas de preuve autre que l'évidence.
Si nous avions continué notre lecture de l'Evangile, nous aurions vu Marie Madeleine et
Pierre frappés a leur tour par cette évidence.
Et nous?
Est-ce que nous savons VOIR, avec le cœur plus qu'avec les yeux?
Des signes de résurrection, il y en a des milliers chaque jour dans notre vie, dans la vie de
ceux que nous rencontrons.
Un amour inattendu, une réconciliation inespérée, un partage vécu sans arrière-pensée, une
vie reçue et donnée sans calcul, sans intérêt, une intimité avec Dieu rencontré dans la prière
: tout cela aujourd'hui est signe de résurrection.
C'est l'évidence pour qui sait voir avec les yeux du cœur:
Jésus est vivant, et c'est en lui que nous sommes vivants.
Il n'y a pas de preuve: il y a l'évidence.
Et c'est bien pour cela que nous sommes réunis ce matin: avec Marie Madeleine, avec Pierre,
avec Jean, nous annonçons Pâques, le passage de la mort a la vie.
Ensemble, nous continuons aujourd'hui l'aventure de Jésus et de ses amis.
C'est tout le sens de notre Eucharistie où nous recevons le corps et le sang du Ressuscité
pour qu'ils deviennent notre corps, notre sang. Aujourd'hui, c'est aussi notre Pâque, notre
résurrection, notre vraie vie reçue de Dieu.