ÉCONOMIE Un petit vignoble sur la planète vins

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ÉCONOMIE Un petit vignoble sur la planète vins
ÉCONOMIE Un petit vignoble sur la planète vins - Dordogne / Actualité - Lundi 17 Novembre 2008 - SUDOUEST.COM
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/dordogne
ÉCONOMIE. Avec 12 505 hectares, le vignoble de Bergerac représente environ 2,5% de la production viticole
française en AOC et exporte moins de 15% de sa production
Un petit vignoble sur la planète vins
DAVID PATSOURIS
[email protected]
Comment le vignoble de Bergerac peut-il se faire une place au soleil, à
côté de l'imposant bordelais? Pour répondre à cette question, il faut
d'abord comprendre le poids qu'il représente.
1 Un des fleurons de la Dordogne
Dans la campagne bergeracoise, on ne voit qu'elles : le Périgord
Pourpre est couvert de vignes. Le vignoble couvre 44 000 des 906 000
hectares de la Dordogne. En 2007, 12 505 étaient plantés de vignes.
Le vignoble de Bergerac s'étale au jourd'hui sur
environ 12 505 hectares. photo émilie drouinaud
Bergerac n'est rien sans son vin. Et la Dordogne ne serait pas non plus
la même sans lui : avec un chiffre d'affaires estimé à 150 millions
d'euros par an, la viticulture bergeracoise représente presque un quart
du chiffre d'affaires global de l'agriculture départementale (soit 731
millions d'euros en 2007). Bon an mal an, 1 050 vignerons se
partagent le vignoble. Ils emploient directement 1 700 personnes, soit
environ 10 % des personnes actives du secteur agricole dans le
département. 48 % d'entre eux sont regroupés en coopératives et
fournissent 32 % des volumes.
Pour le monbazillac, le raisin attaqué par la
pourriture noble se ramasse à la main. photo émilie
drouinaud
2 Grand en Aquitaine, petit en France
Incontournable en Dordogne, le vignoble de Bergerac se dissout
rapidement et presque forcément dans le Sud-Ouest. Forcément parce que l'égoïste et étouffant grand frère bordelais
écrase tout. Bergerac cultive 12 505 hectares de vignes, Bordeaux 113 000 ; Bergerac produit 560 000 hectolitres de
vins, Bordeaux 5,7 millions d'hectos ! Le chiffre d'affaires du bordeaux se situe autour de 3,4 milliards d'euros, soit 22
fois celui de Bergerac !
Reste que le vignoble périgourdin est le deuxième plus grand espace viticole du Sud-Ouest, et de loin. Bergerac
rassemble plus d'hectares en production que le vignoble de Midi-Pyrénées pris dans son entier, et presque trois fois plus
que les vignes de Buzet, Marmande, Tursan et Irouléguy réunies. Quand la communication du Conseil de l'interprofession
des vins de la région de Bergerac (CIVRB) criait en affiches 4 par 3 dans tout le Sud-Ouest que Bergerac était « l'autre
grand vignoble d'Aquitaine », il n'avait pas vraiment tort.
D'accord, mais en France ? Bergerac représente 2,5 % des volumes de vins d'Appellation d'origine contrôlée (AOC). C'est
moins que le Beaujolais (moins de 4 %), la Bourgogne (4 %) ou l'Alsace (5 %). Et, bien entendu, encore moins que les
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moins que le Beaujolais (moins de 4 %), la Bourgogne (4 %) ou l'Alsace (5 %). Et, bien entendu, encore moins que les
vins du Val de Loire (15 %), du Languedoc-Roussillon (10 %) ou même de la vallée du Rhône (15 %).
3 Bergerac demeure hors du monde
Rien à faire, le vignoble de Bergerac franchit peu les frontières. Bergerac exporte moins de 15 % de sa production (12,5
% en 2005). Et 85 % de ces volumes sont expédiés en Europe (Belgique pour 36 %, Royaume-Uni et Hollande pour 16
et 15 %, et Allemagne pour 7 %). Les pays asiatiques ne pèsent que 10 % et l'Amérique du Nord encore moins avec 4
%. Après un pic de 100 000 hectolitres vendus à l'étranger en 2000, ce chiffre n'a cessé de fondre pour se stabiliser
entre 70 000 et 80 000 hectolitres. Pas grand-chose donc et c'est bien dommage. En effet, si la consommation de vin ne
cesse de baisser en France, elle augmente régulièrement ailleurs dans le monde (225 millions d'hectolitres en 1999, 240
millions de nos jours). En clair, Bergerac voit la croissance mondiale lui passer sous le nez.
Cela dit, on parle désormais « des prémices d'une reprise » sur les marchés étrangers. L'an passé, les exportations ont
progressé de 0,9 % en volume et surtout de 7 % en valeur, notamment grâce aux rouges.
Des efforts sont certes déployés. Mais dans un monde où les viticulteurs sont confrontés à des domaines chiliens
exploitant parfois jusqu'à 5 000 hectares, comment faire ? Phil Hargreaves, qui a écrit un guide des vins de Bergerac
après avoir dirigé une société d'importation et une école de dégustation en Grande-Bretagne, décrit ainsi la solitude des
bergeracs en Angleterre, pourtant l'un de leurs marchés privilégiés : « Le consommateur anglais a accès à une immense
gamme de vins du monde entier. Du coup, la concurrence est si forte qu'y trouver un vin de Bergerac n'a rien d'évident.
» Hors de France, perdu, oui, Bergerac l'est...
4 Produire plus pour gagner moins
La viticulture bergeracoise a fait beaucoup de progrès ces quinze dernières années. La qualité moyennes'est améliorée,
des efforts de communication ont été entrepris par le CIVRB, le potentiel de production a été augmenté. Et les sorties
ont suivi pour se stabiliser autour de 600 000 hectolitres chaque année. Mieux, depuis deux ans, on peut même parler
d'une courbe significativement ascendante des ventes. Tout a augmenté. Sauf le prix auquel le viticulteur vend son vin.
Et, finalement, si le vignoble écoule tout ce qu'il produit, c'est surtout parce qu'il n'est pas cher. C'est ce que dit Marc
Lecomte, de Rigal SA, une société de négoce du Lot : « Bergerac est un vignoble très intéressant et avec de bons
rapport qualité-prix. »
"Tout le monde fait ses comptes"
À Bergerac, on vend finalement très souvent son vrac à perte. Alors que le prix de revient du rouge au tonneau s'élève à
plus de 800 euros, le prix moyen plafonne entre 650 et 700 euros. Et il suffit de tendre l'oreille pour entendre un
viticulteur effrayé par sa trésorerie en peau de chagrin raconter qu'il a vendu à 500, voire même à 450 ?. Or, le vrac
représente ici plus de 60 % des ventes.
Le négoce répond qu'il ne faut pas casser le marché et ne pas affoler la grande distribution par de trop grandes
augmentations de prix à la bouteille sous peine de la voir aller chercher sa marchandise ailleurs. Les imminentes
discussions entre négoce et viticulture risquent d'être brûlantes. Le vignoble survit parce que la qualité moyenne s'est
bien améliorée et parce qu'il n'est pas cher, mais c'est précisément pour ces deux raisons qu'il ne fait que survivre.
Alors que la récolte 2008 promet d'être bien maigre, la question se pose avec une dramatique acuité : Bergerac doit-il
continuer à produire plus pour gagner moins ? Comme le dit François Gérardin, président de la commission économique
au CIVRB, « tout le monde fait ses comptes. Et chez beaucoup, le compte n'y est pas. » Oui, le bergerac se vend bien,
mais au profit de qui ?
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La plus grande appellation de liquoreux du vignoble français
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Ne cherchez pas, c'est elle la plus grande : Monbazillac est la plus grosse appellation de vins liquoreux de France, que ce
soit en volumes ou en vente. Un peu plus de 54 000 hectolitres de monbazillac ont été vendus au cours de la campagne
2007-2008. C'est un chiffre historique. Il n'y a pas si longtemps, les ventes de monbazillac plafonnaient à 30 000 hectos.
Pire encore, dans la première moitié des années 1990, les sorties s'effondraient même dans un effroyable gouffre lors de
la campagne 1995-1996, avec 24 000 hectos de monbazillac vendus.
« Exemple à suivre »
Que s'est-il passé depuis ? La guerre entre les trois syndicats de l'appellation a cessé ; le potentiel de production a
augmenté ; la qualité du produit s'est franchement élevée (avec notamment l'interdiction de vendanger à la machine en
1997 ou la limitation des rendements à 27 hectolitres par hectare). Du coup, ça a payé puisque les marchés se sont
sensiblement ouverts.
Éric Hugot, responsable des statistiques à l'Interprofession des vins de Bergerac, analyse simplement la hausse des
ventes : « Monbazillac a une bonne image tout en gardant un prix très correct. En ce sens, Monbazillac pourrait être un
exemple à suivre pour toutes les autres appellations du vignoble. »
Eh oui, quand le prix moyen du sauternes au tonneau tourne actuellement autour des 5 200 euros, celui du monbazillac
demeure autour de 2 400 ?, même s'il augmente régulièrement. Concrètement, plutôt que de se payer un sauternes ou
une vendange tardive alsacienne, un monbazillac est le liquoreux pas cher que l'on peut acheter sans se saigner dans les
rayons d'un supermarché.
Il n'y a pourtant pas si longtemps, les monbazillacs de la côte nord étaient considérés et se vendaient comme un
Château d'Yquem.
D. P.
Tags : Dordogne Agriculture Viticulture Exploitation agricole
monbazillac bergerac
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