doivent être cédés Charrette et Savanna

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doivent être cédés Charrette et Savanna
RHUM DÉCISION DE L'AUTORITÉ DE LA CONCURRENCE
Charrette et Savanna
doivent être cédé s
L'Autorité de la concurrence a autorisé hier « sous conditions l'acquisition» du pôle
spiritueux de Quartier Français par La Martiniquaise. A La Réunion, elle peut garde r
la distillerie Rivière-du-Mât mais pas les rhums Charrette et Savanna . La revent e
pourrait prendre au moins un an. . . si La Martiniquaise ne renonce pas tout court.
La décision était attendue le 1 5
décembre mais le gendarme de
la concurrence a dégainé avec
deux jours d'avance .
Suite à une phase «d'exame n
approfondi » ouverte en juillet
en raison de «doutes sérieux » ,
l'Autorité de la concurrence a
annoncé hier dans un communiqué qu'elle autorise «sous conditions » l'acquisition de Quartie r
Français Spiritueux (QFS) par La
Martiniquaise .
Alors que le numéro deux français des spiritueux derrière Pernot Ricard a signé en débu t
d'année un accord avec Tereos
pour la reprise des activités d e
QFS à La Réunion, aux Antilles e t
en métropole, l'Autorité a estim é
que l'opération «aurait entraîn é
de graves problèmes de concurrence sur les marchés du rhum» .
Plus précisément : elle «aurai t
conféré à la nouvelle entité de s
parts de marché de 64 à 95% sur
les marchés de la vente de rhum
en magasins alimentaires ainsi
que le contrôle d'une large parti e
de l'outil de production de rhu m
dans les Dom » . Ces rhums de s
Dom constituent l'essentiel d u
rhum consommé en France e t
bénéficient d'un avantage fisca l
via un «contingent» sur le marché européen . Qui plus est, L a
Martiniquaise et QFS sont les
deux principaux fournisseurs de
la grande distribution en métro pole . L'opération risquait donc
« de se traduire par une réduction significative de l'intensité d e
la concurrence aux dépens de l a
grande distribution et in fine de s
prix de ces produits pour le s
consommateurs» .
Dans ces conditions, l'Autorit é
de la concurrence a imposé de s
engagements à La Martiniquais e
aux Antilles et à La Réunion .
Mais pas en métropole où elle va
pouvoir conserver Fauconnier,
qui produit des spiritueux sou s
marques de distributeurs (MDD )
et premiers prix, car la concurrence y est «suffisante » .
En Martinique, où elle détient
déjà des marques comme Dillon ,
Old Nick, Saint James et Négrita ,
La Martiniquaise (groupe métropolitain comme ne l'indique pa s
son nom) s'est engagée à céde r
l'ensemble des actifs de QFS pan
mi lesquels une distillerie, plusieurs marques de rhum comme
La Mauny et Trois Rivières et une
société de distribution . Yve s
Hayot, frère de Bernard Hayot et
qui figurait au côté de La Martiniquaise au démarrage de l'opération, pourrait être cet acheteur .
Isautier, Chate l
et Thiéblin
sur le cou p
A La Réunion, La Martiniquaise s'est «engagée à céder l a
marque de rhum Charrette, l a
distillerie de Savanna et à fourni r
annuellement des volumes d e
rhum contingentés, détaille l'Autorité . Ces volumes compléteront
les quantités dont disposera l e
repreneur de la marque Charrette pour en assurer le développement et d'autre part seron t
mis à la disposition d'opérateurs
tiers actifs sur les marchés de l a
vente de rhum sous MDD» .
Les distilleries de Savanna et Rivière-du-Mât auront deux
propriétaires différents .
Des actifs de QFS dans l'île ,
seule la distillerie Rivière-du-Mâ t
peut rester dans le portefeuill e
de La Martiniquaise . Pour le s
autres, aucun calendrier n'a ét é
défini par l'Autorité de la concurrence dans son communiqué . Selon nos informations, il devrai t
s'écouler entre 12 et 16 mois
avant la finalisation de l'opération . Un mandataire s'assurer a
de la bonne exécution des engagements qui ont été pris .
Les établissements Isautier s e
sont d'ores et déjà positionné s
sur Charrette en lien ave c
d'autres partenaires, notammen t
des planteurs . La famille Thiéblin, très discrète depuis plu sieurs mois, suit également c e
dossier de près et pourrait déposer une offre pour Savanna .
Une ultim e
négociation
Ce schéma reste néanmoin s
conditionné par la décision finale que devra prendre La Martiniquaise début janvier : signerat-elle définitivement avec Tereos? Ou bien se retirera-t-elle d e
la transaction suite aux clause s
qui lui ont été imposées par
l'Autorité de la concurrence ?
Joint par le Quotidien la semaine dernière (lire notre édition du 7 décembre), le PDG de
La Martiniquaise avait fait part
de ses «interrogations» concernant la finalisation ou non de
l'opération. Dans les jours qu i
viennent, Jean-Pierre Cayard v a
assurément examiner •à la loupe
la décision de l'Autorité de la
concurrence . Tout dépendra, également, du résultat d'une ultime négociation avec Tereos afin de faire baisser le prix de la
transaction, estimée à un peu
plus de 150 millions d'euros en
début d'année .
Si La Martiniquaise renonce ,
Tereos aura deux possibilités :
soit conserver le pôle spiritueux
quelques mois de plus, soit reprendre l'opération à zéro e t
ainsi négocier à nouveau avec le s
acteurs qui s'étaient positionné s
l'an passé (Thiéblin, Isautier et
Chatel en local) . La période n'étant guère propice à la vente
d'actifs, le sucrier pourrait privilégier le premier scénario .
Cédric BOULLAND
Quoi qu'il arrive, le rhum Charrette ne tombera pas entre les mains de La Martiniquaise .
(Photos Emmanuel Grondin)