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Portrait BERNARD ACHOU LE KINÉ DES PILOTES Depuis 1994, Bernard Achou conjugue son activité libérale avec sa passion pour la moto. Pendant la saison des grands prix, il quitte son cabinet pour se consacrer entièrement aux pilotes, auprès desquels il est aux petits soins. Rencontre. PAR SOPHIE CONRARD REPÈRES n 1977 : DE de MK n 1990 : Suit son premier grand prix moto. n 1994 : Se consacre entièrement n tennis, handball, natation synchronisée, judo, gymnastique et surtout moto, Bernard Achou a effectué toute sa carrière à haut niveau. Pas en tant que sportif, mais en tant que kinésithérapeute et ostéopathe. L’histoire a commencé à l’Insep en 1978 : “Je m’occupais des plateaux techniques pour les jeunes athlètes en tennis et handball”, raconte-t-il. L’année suivante, il est embauché par la Fédération de judo, auprès de laquelle il restera jusqu’en 2005. En parallèle, il sera également détaché auprès des équipes de natation synchronisée et gymnastique. Aujourd’hui, Bernard Achou est entièrement dévoué aux coureurs de grands prix moto. Il tombe dans le bain en 1990, grâce à un kinésithérapeute aixois qui soigne un futur champion du monde (en 2003), le Texan Kevin Schwantz. “Il cherchait un kiné-ostéo, et il m’a proposé de donner un coup de main. J’ai participé à mon premier grand prix en Italie, cette année-là.” En 1994, sa vie prend un virage : “J’ai fait en sorte d’être le plus disponible possible.” Dès lors, à chaque grand prix, il quitte son cabinet pour deux ou trois semaines. E Cervicales, dos et lombaires Chez les pilotes, certaines pathologies sont inhérentes à la position de conduite qu’ils sont obligés de maintenir pendant une course : “À cause de celle-ci , de la vitesse, du vent, du port du casque, les pilotes ont souvent 8 D.R. au GP moto. des problèmes au niveau de la charnière cervico-dorsale”, décrit-il. “Ensuite, c’est la charnière dorsolombaire qui est touchée, surtout chez les pilotes d’endurance qui font des runs de plus d’une heure, avec des déhanchements importants dans les courbes.” Les pilotes de cross, de vitesse, ou les enduristes sont parfois atteints du syndrome des loges, à l’avant-bras. Tous ont régulièrement “des ampoules au moment des tests avant les grands prix : je mets des straps”. Ils ont également des brûlures au gros orteil gauche, sollicité lors des changements de vitesses. Dans l’antre de la “clinique mobile” Pendant la saison des grands prix, de mars à novembre, les pilotes sont suivis par le staff de la célèbre “clinique mobile” du Dr Claudio Costa (en plus des cliniques de piste classiques). Cette unité de soins d’urgence œuvre sur les grand prix de motos depuis 35 ans. Elle est aujourd’hui très renommée dans le milieu et appréciée des pilotes. “Dans un 38 tonnes aménagé, elle accueille un bloc opératoire, une grosse pharmacie… Douze personnes y travaillent : chirurgien orthopédique, chirurgien plasticien, MPR, cinq kinés…”, énumère Bernard Achou. “On peut tout faire à bord !” Chez les kinésithérapeutes, la clinique / www.kineactu.com / n°1295 / Jeudi 25 octobre 2012 mobile fait rêver : “On reçoit plusieurs centaines de CV chaque année”, reconnaît Bernard Achou. “Seuls un ou deux professionnels sont accueillis pour trois ou quatre courses – quitte à ce qu’on les rappelle par la suite.” De fait, il s’avère très difficile d’intégrer l’équipe car le relationnel avec chaque pilote est délicat : “On travaille vraiment en symbiose. Je suis huit pilotes en particulier et si je suis présent, même si d’autres praticiens sont disponibles, je sais qu’ils préfèreront que ce soit moi qui m’occupe d’eux. Je les connais depuis qu’ils sont adolescents !” Dévoué et à l’écoute Sur place, le kinésithérapeute accomplit “surtout un travail de confort : massages, relaxation, écoute… C’est essentiel pour l’athlète dans son rapport avec son corps”. Le dimanche matin, entre l’échauffement et la course, “on travaille en écoute crânienne : la concentration, la relaxation”. Laser, radiofréquences, ondes de choc, électrothérapie, cryothérapie… le plateau technique est perfectionné mais, la plupart du temps, Bernard Achou travaille uniquement avec ses mains. Un week-end de course, les journées peuvent être longues, de 7h à 22h : “Il faut savoir faire des sacrifices.” Mais attention : à aucun moment, il n’a lâché son cabinet, se faisant remplacer si besoin : “Je n’ai jamais cessé mon activité libérale, j’aime trop ça.” D’ailleurs, Bernard Achou ne se présente pas comme un “spécialiste des pilotes de moto”. Il fait beaucoup de traumatologie (85 % de ses patients) et reçoit des sportifs, mais pas uniquement des adeptes des deux-roues. n