Mobbing : conflits interpersonnels dans l - CULTURE

Transcription

Mobbing : conflits interpersonnels dans l - CULTURE
Ethique et Economie
Séquence 8 – Harcèlement au travail
11 juin 2002
Harcèlement au travail et norme morale
De quoi il retourne
Dérivé de l'anglais to mob : « assaillir, assiéger, faire foule autour de », l’expression de mobbing a
été créée par le suédois Heinz Leymann pour désigner le harcèlement au travail, une forme de
violence professionnelle par laquelle une ou plusieurs personnes décident d’éliminer un
collaborateur de l’entreprise par des attaques, des brimades ou des humiliations répétées.
Cette forme de violence, largement médiatisée, est prise en compte de manière récente par les
syndicats et certaines institutions comme la Croix-Rouge. Le mobbing fait actuellement l'objet de
nombreuses études et ne semble pas se réduire à un phénomène passager.
L’analyse d’une situation de mobbing avec les élèves est l’occasion de mettre à jour une injustice
dans l’entreprise et de souligner les limites de l’éthique, telle que nous l’avons abordée jusqu’ici,
comme poursuite de la vie bonne. Face à la violence et au pouvoir exercé contre une personne, il
devient nécessaire de passer les visées au crible de la norme, du devoir et de l’obligation.
Ce sera pour nous l’occasion de présenter ce qu’à la suite de Paul Ricœur nous désignons par
« morale » et qui correspond à l’impératif kantien1. Emmanuel Kant (1724-1804) est, à l’égal
d’Aristote, un des plus grands penseurs de philosophie. Le projet de Kant est, au contraire
d’Aristote, de donner à la morale une base objective et universelle, non tributaire des
circonstances, des lieux, et des habitudes. Il s’intéresse moins à l’homme vertueux qu’à la
définition d’un cadre contraignant valable pour tous. Il rompt avec l’adéquation de l’éthique et de
la recherche du bonheur : ce n’est plus même en référence à un bien ou à un contenu à faire sien
ou à atteindre, qu’elle se définit. La perspective kantienne coupe court avec la téléologie ; son
approche est déontologique (dein : il faut), s’attachant à expliciter des règles et des procédures qui
garantissent la justice.
Objectifs
Rendre les élèves attentifs à la réalité du mobbing dans l’entreprise.
Comprendre quelles en sont les causes et comment il se met en place.
Réfléchir à la conduite à tenir en pareil cas, comme victime, agresseur ou témoins.
Présenter les grandes lignes de ce qu’est la « morale », fondée sur le respect.
Déroulement
Nous proposons de mettre les élèves en situation par un récit (Doc. 1).
Plan du Déroulement
Etape
Méthode
L’histoire de Maria
Sensibilisation à partir d’une
lecture par les élèves
Doc. 1
Qu’est-ce que le mobbing ?
Présentation de l’enseignant(e)
Doc. 2
1
Sur le fond de l’analyse qui sous-tend cette séquence, nous renvoyons les enseignant(e)s à deux textes de
Paul RICŒUR « Ethique et morale », Lectures 1 : autour du politique, Paris, Seuil, 1991, p. 260-264 ; et Soimême comme un autre, Paris, Seuil, 1990, p. 237-264.
1/18
OFFT/1.11.02
Ethique et Economie
Séquence 8 – Harcèlement au travail
Analyse du récit étape par étape et
recherches d’alternatives
Réactions des élèves
Doc. 3
Doc. 4
La « morale » ; pourquoi ?
Synthèse
11 juin 2002
Doc. 5
Définitions
1. L’histoire de Maria
Document 1
L’histoire de Maria
1
Maria ouvrit délicatement l'enveloppe, son coeur battait un peu. De la lettre accompagnée d'un
volumineux contrat, elle ne retint que la phrase magique : « Nous confirmons votre engagement ».
Elle s'assit, se laissa doucement envahir par la joie, puis empoigna le téléphone et annonça la
bonne nouvelle à ses parents en Espagne. Elle allait travailler comme serveuse dans un hôtel
restaurant de luxe, en Suisse.
2
Lorsqu'on lui présenta la brigade du restaurant, Maria pensa qu'elle ne parviendrait jamais à
retenir tous ces prénoms. Il y avait au moins quarante personnes, cuisiniers, plongeurs, pâtissiers,
serveurs, maîtres d'hôtel. De fait, l'hôtel Edelweiss comptait environ une centaine d'employés. La
responsable de la brigade, la cheffe des maîtres d'hôtel, s'appelait Mme Catherine Chollet. C'était
une femme énergique, la cinquantaine, qui aimait à répéter qu'elle en avait vu dans la vie. L'accent
bordelais, haut perchée sur ses talons, elle serra la main de Maria et lui dit avec un regard
bienveillant : « Tu verras petite, j'ai du caractère, mais je suis juste. »
3
Le premier mois, tout ce passa bien. Maria apprit peu à peu à connaître ses collègues. Il y avait
Pedro, un Espagnol avec qui elle aimait converser durant les heures de pauses ; et puis Alberto,
Christian, Chantal, Ahmed, Pierre, Kenza, Georges, un des maîtres d'hôtel, et bien d'autres encore.
La plus sympathique, c'était Christine, la réceptionniste. Toute petite et menue, sa tête bouclée
émergeait à peine de derrière son bureau entre un bouquet de fleurs et, bien mis en évidence, la
photo de ses trois enfants dans un cadre bariolé. Lorsque Maria prenait son service, elle
l'accueillait toujours avec un grand sourire et ne manquait pas de l'informer de tous les
changements survenus dans l'hôtel : ainsi, le directeur financier avait une nouvelle coupe de
cheveux et ne portait plus que des costumes clairs ; Stéphane, l'apprenti cuisinier, avait réussi ses
examens, etc.
4
Lorsque, tard dans la nuit, Maria, fatiguée, s'installait dans sa voiture, elle avait pris l'habitude
d'enclencher la radio, de se remettre un peu de rouge à lèvre, juste pour la route, et avant de
démarrer, elle clignait de l'œil en se regardant dans le rétroviseur et déclarait à haute voix: « C'est
super ! ».
5
Le stress dans la restauration, c'est normal, surtout dans un grand restaurant, et c'est même plutôt
grisant. Ce mouvement de va-et-vient continu des clients, cette sensation d'être toujours débordée,
ce trop plein de vie, c'est bien ce qui plaisait le plus à Maria. Mais dans les mois qui suivirent son
engagement, l'hôtel commença à connaître des difficultés financières. Chantal, une des serveuses,
était partie à la retraite et n'avait pas été remplacée, faute de moyens. « Il va falloir mettre les
bouchées doubles ! », avait annoncé Mme Chollet à l'équipe. Le climat était devenu tendu, il y
avait des bruits de licenciement. Maria, comme ses collègues, s'appliquait d'autant plus. Ils
travaillaient tous d'arrache-pied. A part Alberto qui, en courant avec ses plateaux, chantait « Le
travail, c'est la santé », plus personne n'avait le coeur à plaisanter.
2/18
OFFT/1.11.02
Ethique et Economie
Séquence 8 – Harcèlement au travail
11 juin 2002
6
C'était un dimanche à midi, jour de grande, affluence, la salle à manger était bondée. Maria et
Mme Chollet étaient en cuisine affairées à remplir les plateaux destinés aux clients. Mme Chollet
trempa plusieurs fois ses doigts dans un des plats avant de les pourlécher. « C'est pas très propre
pour les clients ! », ne put s'empêcher d'observer Maria qui était une employée extrêmement
méticuleuse et consciencieuse. « De quoi, je me mêle, tu crois que j'ai le temps de manger ! »,
rétorqua sèchement tout aussitôt Mme Chollet.
« L’Espagnole, elle fait des histoires ! », s'était plainte, ce soir-là, Mme Chollet auprès de Pierre,
un des serveurs. Ce dernier regarda la cheffe des maîtres d'hôtel et répondit spontanément, sans
trop savoir pourquoi, car Maria n'avait jamais été désagréable avec lui : « C'est vrai, elle a des
sautes d'humeurs, elle n'a pas un caractère facile ».
7
8
C'était à présent sûr, Fatou, la serveuse du bar, avait été licenciée pour motif économique. « Qui
sera le prochain ? murmurait-on dans tous les couloirs, car il y en aura d'autres ». Maria ne prenait
plus la peine de se sourire dans le rétroviseur, le soir, lorsqu'elle démarrait. Elle ne pensait plus
qu'à une chose : dormir.
9
Depuis l'incident en cuisine, l'attitude de Mme Chollet envers Maria avait sensiblement changé.
Elle était devenue plus froide, elle ne l'appelait plus par son prénom, elle disait « Lopez ».
Lorsqu'elle avait pour la première fois entendu Mme Chollet hurler : « Lopez ! Trois cafés pour la
deux ! », elle avait eu un sentiment d'indignation, mais elle n'avait pas osé protester, après tout
Mme Chollet, c'était la cheffe. Et surtout, Maria avait peur de perdre son poste de travail. Cela
avait même fait rire Pierre qui avait ajouté : « Si tous les Lopez se tenaient par la main, il ferait le
tour du monde ! » Il lui avait semblé que ses collègues s'étaient distanciées d'elle, ils la saluaient à
peine, enfin, elle ne savait pas très bien. Ce qui est sûr, c'est qu'elle se sentait mal.
10
Un soir, Maria avait dû rassembler au moins quatre tables, pour permettre à toute une équipe de
voyageurs étrangers de s'asseoir. Ils étaient tous là, à présent, après avoir traversé le monde entier,
chemises légèrement ouvertes, cravates dénouées, détendus, heureux, bavards. Maria et Mme
Chollet, côte à côte, debout, prenaient les commandes, lorsqu'un des clients espagnols posa les
yeux sur le fin profil de Maria, il ne put s'empêcher de s'exclamer dans un mauvais français :
« Elles sont belles, les filles de mon pays ! » Cela avait duré peut-être dix secondes, mais, c'est
sûr, dans le regard que Mme Chollet adressa à Maria, il y avait eu du mépris. Maria tressaillit de
peur : « Il ne pouvait pas le dire en espagnol », pensa-t-elle.
11
Le soir-même, Mme Chollet attribua la station la plus faible à Maria, celle où il y avait le moins
de clients, où elle aurait le moins de chance d'avoir des pourboires. Et elle la renvoya plus tôt :
« C'est calme, Lopez, fiche le camp ! » A peine était-elle partie qu'elle se retourna vers Pierre,
Kenza et Pedro et déclara : « Bon débarras, ce soir, on sera tranquilles ». Il s'ensuivit toute une
conversation au sujet de Maria. Elle était têtue, pas sérieuse, elle passait son temps à faire du
charme aux clients, elle était trop méticuleuse, elle faisait des histoires pour rien, bref, elle les
empêchait de travailler, et c'était pas le moment.
12
Depuis ce soir-là, l'ambiance n'était plus la même. Mis à part le sourire de Christine, c'est tout
juste si on saluait Maria lorsqu'elle prenait son service. Mais c'est l'affaire de la caisse qui fit tout
basculer.
13
Maria connaissait son métier, d'ailleurs elle avait commencé à l'âge de treize ans, comment
pouvait-il en être autrement ? Elle n'avait jamais eu de problèmes de caisse. Lorsqu'elle typait, elle
se concentrait, elle redoublait d'attention. Chaque serveur avait sa propre caisse, à part le maître
d'hôtel, personne ne pouvait typer sur celle d'un autre. La caisse devait être vérifiée au début et à
la fin de la journée et elle devait être impérativement, à chaque fois, juste. « Il manque 10
francs ! » avait déploré Maria, après avoir recommencé maintes fois la lecture de sa caisse. La
journée avait été rude, c'était en plein été, juste avant la fermeture. La brigade était sur les genoux.
« Recommence à compter » ordonna Mme Chollet qui, ce soir-là, était de service. « Rien à faire, il
manque 10 francs », se plaigna encore une fois Maria. « Alors c'est que tu as fait une erreur
3/18
OFFT/1.11.02
Ethique et Economie
Séquence 8 – Harcèlement au travail
11 juin 2002
d'encaissement ! » - « Mais c'est impossible, je fais tellement attention », protesta Maria. « Tu te
crois parfaite, au-dessus des autres ? » Les autres s'étaient rassemblés et faisait à présent un cercle
autour de Maria. Et cette fois, elle craqua et, en pleurs, elle osa affirmer : « L'erreur, c'est peut-être
aussi vous qui l'avez commise, vous avez la clé de la caisse, non ? » Pedro secoua la tête « Tu
nous fais perdre notre temps ! Et puis, c'est gonflé d'accuser Catherine, cela fait trente ans qu'elle
travaille dans cet hôtel ! » Kenza ricana et dit « Ça change pas, elle fait toujours des histoires pour
rien ». Mme Chollet, rouge de colère conclut†: « On réglera cela demain en présence du directeur
général ».
14
Cette nuit là, Maria allongée dans son lit, visualisa et revisualisa cette scène, elle ne parvenait
pas à s'endormir. Elle se souvint alors que sa grand-mère, lors de sa dernière visite, avait laissé
une boîte de somnifère. Elle en prit un. Il fallait être en forme le lendemain.
15
« Nous sommes réunis à la demande de Mme Chollet », annonça le directeur général à Maria.
« Vous avez des problèmes relationnels avec elle ? expliquez-vous ? » Maria, évitant le regard de
Mme Chollet, murmura doucement et c'est à peine si on pouvait l'entendre : « La caisse, hier soir,
n'était pas juste, il manquait 10 francs, et il me semble que depuis quelques temps mes collègues
ne me plus font plus confiance ». « Écoutez, Mme Lopez, l'hôtel, pour cette fois, remboursera ces
10 francs », et avec un sourire il ajouta « Soyez plus souple et coopérative, plus gentille avec Mme
Chollet et avec vos collègues ».
16
Depuis ce jour-là, il n'y avait plus une nuit où Maria ne prenait un somnifère pour s'endormir.
Chaque matin, elle appréhendait de se rendre à son travail. Maintenant, plus personne ne lui
parlait, sauf bien sûr Christine. Elle avait l'impression d'être une pestiférée. « Si seulement je
pouvais arrêter quelque temps », songea t-elle. Elle avait déjà pris ses vacances. Physiquement,
elle se sentait mal, sans trop savoir où exactement, aussi décida-t-elle d'aller voir un médecin.
17
« A part un peu de fatigue, vous êtes en pleine forme ! », déclara le médecin après l'avoir
examinée. « Vous avez des ennuis ? » Elle aurait voulu lui expliquer, mais elle ne savait vraiment
pas comment le dire, peut-être, il ne la croira pas et peut-être même ce qu'elle venait de vivre
n'était rien, elle s'écoutait trop. C'est pourquoi, elle se contenta d'expliquer : « Il y a des tensions
énormes au travail, je suis épuisée ». Le médecin secoua la tête, mâchouilla son stylo, puis
demanda : « Quelle est votre profession ? » « Je suis serveuse », répondit-elle. Il soupira, regarda
les cernes qui creusaient ses yeux et dit gentiment : « Bon, c'est vrai, un peu de repos vous fera du
bien, une semaine cela vous va ? ».
18
Maria n'était pas sortie de chez elle, durant toute cette semaine. Elle n'arrêtait pas de ressasser
tous ces derniers événements. « Le mieux serait peut-être que je change d'emploi, mais je ne
trouverai pas facilement un poste si bien rémunéré », pensa t-elle. Elle aurait voulu en parler à ses
parents, mais ils étaient loin, ils avaient leurs problèmes, elle renonça.
19
Les premiers mots que lui dit Pierre à son retour furent : « Pendant que Madame était malade,
on a dû bosser deux fois plus ». Maria était d'abord restée silencieuse. Elle se sentait un peu
coupable. « Tu sais, je préfère travailler qu'être malade », lui répondit-elle.
20
« De chien, c'est pas possible », hurla Mme Chollet lorsqu'elle entra dans la cuisine.
« L'Espagnole a fait une erreur de commande. Le client est furieux, pardi, à la place d'une sole
meunière, il se trouve avec un steak-frites ! ».
21
Elle se planta devant Maria et vociféra : « Tu as la tête où ? Cela ne suffit pas d'avoir une jolie
tête, il faut l'avoir pleine, tu vas pas aller loin comme cela, je te le garantis ». Maria reconnut
l'erreur, c'est vrai, pour la première fois de toute sa carrière, elle s'était trompée. Elle s'excusa
plusieurs fois. « Je ferai plus attention la prochaine fois, je suis un peu fatiguée en ce moment ! ».
Il lui semblait qu'elle ne savait plus travailler, qu'elle n'était plus bonne à rien. En un sens, Mme
Chollet avait raison de lui donner systématiquement les stations les plus faibles.
4/18
OFFT/1.11.02
Ethique et Economie
Séquence 8 – Harcèlement au travail
11 juin 2002
22
Allongée sur son lit, Maria avait tant lu et relu la lettre de licenciement qu'elle venait de
recevoir, que les mots semblaient danser devant ses yeux : « (...) caractère difficile (...) mauvaises
performances (...) pas d'esprit d'équipe (...) » Elle n'avait plus envie de rien. « Je ne bouge plus »,
se disait-elle en remontant ses couvertures. On était en début d'après-midi et elle avait déjà avalé
deux tranquillisants. Elle se remémorait toute l'affaire. Elle se sentait impuissante, vide. Elle
essayait, pour se reprendre un peu, de penser à ses parents, à son village en Espagne, lorsque le
téléphone sonna. C'était Christine. « Bonjour Maria, je t'appelle de chez moi ! » Tout aussitôt, la
communication fut interrompue. Puis de nouveau, le téléphona sonna. « C'est le petit, mon petit
diable, il a décroché la prise », expliqua Christine en riant. « Je voulais voir comment tu vas et
puis surtout je voulais dire que tu pouvais compter sur moi ; je suis prête à t'aider. Tu sais, une
réceptionniste, elle voit et entend tout, je témoignerai. On a vraiment été injuste à ton égard et moi
j'aime la justice. Je suis prête à parler au Directeur général ou, si tu préfères, on peut aller
consulter un syndicat, je t'accompagnerai. Tu le retrouveras, ton poste. On se voit demain ? On
organisera la défense ! » Maria sourit. Lorsqu'elle raccrocha, elle tira les rideaux, remonta les
stores et dit à haute voix en clignant de l'œil au soleil : « Demain, 15h 30, rendez-vous avec
Christine, au café du Commerce ».
2. Qu’est-ce que le mobbing ?
Cette partie de la séquence est d’abord destinée à l’enseignant(e). Celui-ci pourra en reprendre à
sa guise tel ou tel élément pour sa classe.
2.1
Pourquoi parle-t-on aujourd'hui plus souvent du mobbing ?
 Pour certains, le phénomène a toujours existé et il n’y a que le mot qui est neuf, parce qu’on ne
prend conscience de sa réalité qu’aujourd’hui. De ce point de vue, parler du mobbing ne serait
pas le symptôme d’une dégradation, mais plutôt d’un progrès : le progrès moral d’une société
désormais capable de diagnostiquer une injustice pour mieux la combattre.
 Pour d’autres, l’émergence du mobbing serait consécutive à une situation de crise de
l’économie et de l’emploi. Lorsque le marché de l’emploi est plus facile, un employé exposé au
harcèlement change plus facilement d’emploi.
 Une version plus pessimiste encore lie le mobbing à la dégradation des relations sociales et à la
perte de ses repères et valeurs. Sans garde-fous, l’individualisme forcené ne pourrait que
favoriser les rapports de force et l’exclusion.
Nous avons choisi ici une hypothèse plus large, qui rapproche le mobbing du « mécanisme du
bouc émissaire ».
dépasse naturellement de beaucoup le cercle de l’entreprise ; on le retrouve dans tout groupe
humain, notamment parmi ceux qui sont fortement hiérarchisés, comme l’Eglise ou l'armée. Le
mécanisme peut être alors longtemps latent et il se réveille dans des situations de crise.
2.2
La thèse de René Girard
Dans son ouvrage Le Bouc Emissaire, René Girard repère en effet que le mécanisme traverse la
littérature et les sociétés depuis l’Antiquité jusqu’à aujourd’hui. Il est particulièrement aigu
lorsque le groupe social a l'impression de perdre et son identité ou que ses ordres sont remis en
cause (cf. phases 1 et 2 du Doc. 2). Cette déstabilisation est anxiogène et ce sont les sentiments
d'incertitude et d'angoisse qui sont la source de la violence (cf. les flèches de la phase 2 du Doc.
2). Pour se libérer de sa violence, le groupe la canalise et l’évacuer sur une personne qu’elle tient
pour responsable de la crise (cf. phases 3-4-5 du Doc. 2). La victime n'est pas toutefois pas choisie
5/18
OFFT/1.11.02
Ethique et Economie
Séquence 8 – Harcèlement au travail
11 juin 2002
au hasard : elle présente des « signes victimaires » qui la désigne d'emblée Ŕ pour ne pas dire qu’il
la prédestine Ŕ au sacrifice (ici, le schématisme confine à la caricature, puisqu’il s’agit de la figure
d’une poire).
Ces signes victimaires peuvent être une anomalie physique, ou des qualités extrêmes (bonnes ou
mauvaises), ou encore l'appartenance à une culture ou à une ethnie minoritaire ; ces symptômes
rendent d'une façon ou d'une autre la victime à la fois proche et différente des autres membres du
groupe. Citons à titre d'exemple, les Juifs au Moyen Age, les Gitans, les sorcières, les roux, les
homosexuels. Ce n'est pas vraiment la différence qui fait d'elle la victime : ce qu'on lui reproche,
c'est de ne pas différer « comme il faut », ou pire encore, de ne pas différer du tout. Car la non
conformité aux normes de différenciation ou l'indifférenciation risquent de révéler la vérité du
système social, sa relativité et sa fragilité. Cette forme de marginalité est mise en relation avec la
désintégration du groupe et c'est pourquoi la victime est jugée coupable.
Toute l’agressivité des « bourreaux » se focalise sur cette personne (ou ce groupe de personnes
minoritaire) qui devient ainsi le réceptacle passif des angoisses et des peurs (phases 4 et 5 du Doc.
2). Par là-même, le groupe va pouvoir cimenter son unité. En proie à un délire persécuteur, il se
convainc de la culpabilité de la victime qu'il finit par sacrifier. La victime elle-même intègre ce
rôle qui lui est imposé et devient finalement consentante. La communauté, par ce processus
sacrificiel, parvient à restaurer son identité et sa cohésion. Par un acte violent, l'apaisement du
groupe est ainsi retrouvé (cf. la phase 6 du Doc. 2, où le cœur symbolise la concorde retrouvée,
alors que la situation sociale est différente de la phase 1 ; l’ordre est changé, mais ce nouvel ordre
est consenti via le sacrifice de la petite poire). Parfois, une fois le sacrifice achevée, les bourreaux
encensent la victime, puisque c’est elle qui leur a permis de retrouver la paix et l’unité du groupe.
2.3
Le mobbing comme mécanisme du bouc émissaire
Le mobbing, exercé dans le cadre du monde du travail, participe d’un schéma victimaire de cette
nature. Les répercutions de la crise économique sur l'entreprise entraîne des bouleversements qui
sont sources de pressions, d'inquiétude et de peurs et vont constituer un terrain favorable au
déclenchement d'un phénomène analogue au « mécanisme du bouc émissaire ». La précarité de
l'emploi est évidemment porteuse d’angoisses, alimentées encore par le spectre de restructurations
au sein de l’entreprise. Même s’il n’y a pas de réel risque de perte d’emploi, le monde change de
toute façon et le sentiment de contraintes et de perte de liberté augmente.
Un ensemble de facteurs peut jouer le rôle de déclencheur : il peut s’agir d’une fusion ou d’un
rachat, d’un contrôle de gestion plus pointilleux, d’un changement dans le management, d’un
bouleversement de l’organisation de l’entreprise, et même de la suppression de la cafétéria par un
distributeur automatique qui supprime un espace de convivialité. Toute situation qui implique des
remises en question dans les habitudes et les rythmes de travail peut altérer les relations humaines,
et donner lieu, sans qu’on y prenne garde, à des mécanisme sacrificiels.
Le terme de mobbing renvoie à l'image d’une foule déchaînée assaillant une victime innocente.
Les étapes repérées par René Girard peuvent alors être transposées sans grande difficulté : la
crise, la projection, le moment du délire persécuteur, la caractérisation des persécuteurs, les
témoins complices, et surtout le choix de « l’étrange victime ». La seule spécificité du mobbing,
c’est le cadre dans lequel le mécanisme sacrificiel a lieu : l’entreprise.
On voit donc d’emblée ce qui distingue le mobbing d’une contestation collective qui opposerait,
par exemple, des employés à leur hiérarchie ou aux dirigeants de l’entreprise. Le mobbing n’est
pas non plus réductible à un conflit ordinaire de la vie du travail, comme c’est le cas, par exemple,
d’un travail mal fait, d’une arrivée tardive, d’une remarque déplacée ou même d’une colère ou
d’un mouvement d’humeur passager. Dans l’entreprise comme ailleurs, le conflit fait partie
intégrante de la vie sociale normale, et il se résout par la négociation, la rencontre et le temps. Une
6/18
OFFT/1.11.02
Ethique et Economie
Séquence 8 – Harcèlement au travail
11 juin 2002
altercation peut, certes conduire parfois à une remise en cause d’un des protagonistes, mais elle ne
vise jamais sa destruction.
Par contraste, le mobbing, se caractérise par le caractère répété et systématique des agressions,
jusqu’à ce que la personne soit éliminée. Le persécuté est alors, à de multiples occasions et sur
une longue période, mis en état d'infériorité, jusqu’à ce qu’il parte. La répétition et la durée (six
mois et plus) sont ainsi les premiers traits du mobbing. Durant ce laps de temps, il y a fort à parier
que la personnalité de la victime s’altère peu à peu, jusqu’à ce qu’elle abdique par la démission ou
la maladie.
2.4
Les acteurs impliqués
Il n’y a pas de situation typique de mobbing et chacun des cas a ses traits propres ; le harcèlement
peut prendre pour victime un inférieur comme un supérieur hiérarchique ou un égal. Il faut
toutefois bien distinguer, il convient de distinguer les participants au mobbing des intervenants.
Les premiers sont ceux qui sont parties prenantes du conflit, à savoir la victime, le persécuteur et
les témoins. Les seconds sont ceux qui se situent à l’extérieur du conflit, mais vont être conduits,
d’une façon ou d’une autre, à intercéder pour le résoudre ; ils composent des instances médiatrices
de l’entreprise et de la société civile.
a) Les participants
La victime. La victime, nous l’avons dit, fait partie du groupe, mais présente certains traits qui la
font désigner. Elle incarne, en effet, pour ses persécuteurs la peur inconsciente du différent. Dans
le contexte du monde du travail, ces signes distinctifs peuvent être d’ordre
 culturel : par exemple, une pratique religieuse différente (port du voile), un accent étranger, le
milieu social différent dans un groupe homogène ;
 sexuel : par exemple, un homosexuel ou une femme ayant une profession traditionnellement
masculine ou le contraire (une femme maçon, un homme « sage-femme » ) ;
 physique : un handicap quelconque (bégaiement), ou une personne particulièrement belle, ou
encore, tout simplement, un nouveau venu qui fait preuve de qualités professionnelles
exceptionnelles.
Ce qui importe, c’est la différence sur laquelle, dans des situations de crise, va se focaliser toute
l’agressivité du groupe. Au départ, la victime ne semble pas consciente du caractère illicite de
l’agressivité intentionnelle du ou des bourreaux qui est dirigée contre elle. Elle est innocente. Ce
n’est que progressivement qu’elle va s’en rendre compte. Mais à ce moment là, elle réagira en
victime et de ce fait, elle va rendre effectif le phénomène du bouc émissaire. C’est-à-dire qu’en se
soumettant à ses persécuteurs, en coopérant avec eux, elle va se laisser enfermer dans son rôle et
devenir réellement une victime.
En effet, il faut savoir, que ce processus s’accompagne d’une graduelle dévalorisation d’ellemême. Auto-dépréciation, qui va l’amener à commettre effectivement des erreurs professionnelles
et des maladresses relationnelles avec son entourage. Ce qui du même coup va alimenter et valider
les arguments du bourreau. Ainsi, non seulement, le bourreau va finir par être sincèrement
convaincu de la culpabilité de la victime, mais la victime elle-même. Au bout d’un moment, la
situation ne sera plus psychologiquement tenable ; bien souvent elle aura recours à des
comportements autodestructeurs (alcool, antidépresseurs, somatisations, etc.) qui rendront le
processus de destruction effectif.
La Croix-Rouge Suisse, dans une étude consacrée sur ce sujet, a expliqué avec beaucoup de
finesse, les conséquences destructrices du mobbing sur les victimes. Les personnes affectées
souffrent d'un état de « stress prolongé », entraînant une détérioration tant de la santé physique
que psychique.
7/18
OFFT/1.11.02
Ethique et Economie
Séquence 8 – Harcèlement au travail
11 juin 2002
Les personnalités « persécutrices ». Ce sont le plus souvent des personnalités faibles et
complexées. Tout ce qui, chez autrui, leur semble supérieur leur est insupportable, parce que cela
les renvoie à ce qu’elles considèrent comme leur propre déficience, et constitue, par conséquent,
une source d’angoisse. C’est pourquoi, elles vont s’acharner à humilier, à détruire tout ce qui met
en danger l’image qu’elles ont d’elles-mêmes. La victime est ainsi utilisée comme un exécutoire à
leur propre angoisse. De manière générale, le processus mis en oeuvre vise essentiellement à nier
la personnalité de la victime, à la ravaler au rang de chose, afin d’évacuer tout sentiment de
culpabilité à son égard. Par conséquent, ces personnes deviendront insensibles à la souffrance
qu’elles infligent. Aussi, on les voit s’appliquer à légitimer leurs actions persécutrices par un
discours véhément. Elles construisent et propagent une vérité qui ressort du délire de persécution
afin de se convaincre elles-mêmes de la culpabilité de la victime, mais également d’en persuader
leur entourage.
Les témoins. Le témoin actif est celui qui constate l’anormalité de la situation, et qui réagit en
dénonçant les agissements du groupe, ou en soutenant directement la victime face à ses
agresseurs. Son rôle est essentiel, puisque la victime, notamment à un stade avancé du processus
d’harcèlement, n’a plus les ressources intérieures pour se défendre seule. Les motivations du
témoins à intervenir peuvent être diverses : affectif (liens amicaux avec la victime) ou éthique (un
sens aigu de la responsabilité ou de la justice). Dans tous les cas, le témoins fait preuve de courage
et de détermination : s'interposer dans un conflit au sein d’une entreprise peut l’exposer à des
représailles, sinon à devenir à son tour victime. Associé à la victime, il sera stigmatisé à son tour ;
le mobbing incite au silence des témoins et au conformisme des loups qui hurlent avec les loups.
Le témoin passif peut avoir conscience de l’injustice que subit la victime, mais il préfère se tenir à
l’écart, car il a peur. La crainte de représailles Ŕ parfois renforcée par une situation personnelle
précaire (permis de travail, problèmes familiaux, financiers) Ŕ l’invitent à ne pas se mêler au
conflit. Son silence fait alors de lui un complice des persécuteurs. Son attitude à l’égard de la
victime sera souvent emprunte de duplicité : seul avec la victime, il fera mine de la comprendre,
mais face aux persécuteurs, il n’hésitera pas à la dénigrer.
b) Les intervenants
Dans l’entreprise. Le mobbing est au départ un conflit en apparence anodin qui ne dégénère que
progressivement. Ce qui signifie que le processus peut être jugulé avant qu’il ne soit trop tard. De
fait, cela dépend en grande partie de la capacité de l'entreprise à gérer les conflits. La clarté des
structures hiérarchiques, des réseaux de communication, la mise en place de structures de
concertation, etc. sont autant de facteurs qui contribuent à prévenir ou résoudre le conflit.
La société civile. Lorsque aucune solution ne peut être trouvée par l'entreprise, la victime peut
recourir à des instances médiatrices extérieures. Par exemple, la Croix-Rouge de Genève, l'Etat de
Genève et la Municipalité de Lausanne offrent aux entreprises un service de conciliation. La
victime n'est pas isolée. Syndicats et services sociaux peuvent intervenir en vue de réhabiliter
professionnellement voire psychologiquement la personne « mobbée ».
Dans les conflits les plus graves, où une conciliation n'est plus possible, la victime peut
entreprendre une procédure juridique auprès des Prud'hommes. A ce jour, à Genève ainsi que dans
d’autres cours cantonales, la chambre d’appel de juridiction des Prud’hommes a rendu plusieurs
arrêts traitant du mobbing. Les affaires de mobbing sont défendues sur la base de l'article 328 du
Code des Obligations qui impose à l'employeur de prendre des dispositions pour protéger et faire
respecter la personnalité de ses employés (Doc. 3). De surcroît, la victime peut également agir par
voie de plainte pénale, si les actes du ou des auteurs réalisent l’une des infractions réprimées par
le Code pénal suisse.
8/18
OFFT/1.11.02
Ethique et Economie
Séquence 8 – Harcèlement au travail
11 juin 2002
3. Analyse du récit étape par étape et recherches d’alternatives
Après avoir lu l’histoire de Maria, les élèves seront invités à prendre position paragraphe par
paragraphe. Ils débattront de la manière d’agir des personnes impliquées dans ce récit et
rechercheront des solutions aux problèmes posés par les différentes étapes.
Paragraphe 1-4 : les débuts de Maria
Question : Quels sentiments animent Maria alors qu’elle commence son nouvel emploi ?
Il s’agit de faire ressortir les sentiments positifs du personnage (plaisir de travailler en équipe dans
un cadre animé, par ex.).
Paragraphe 5 : Dégradation du climat
Question : Pourquoi le climat se détériore-t-il ?
Deux facteurs sont ici source de tensions : le stress lié à la profession conjugué à celui consécutif
à une restructuration du personnel.
Question : Comment détendre le climat ?
Par exemple, plutôt que de se fier à des rumeurs, contacter un responsable et exiger des
informations précises sur la situation de l’entreprise ; solliciter une réunion et exprimer ses
sentiments de crainte ; éventuellement, trouver des solutions concrètes pour économiser le stress.
Bref, il s’agit de montrer aux élèves que l’angoisse peut être gérée et évacuée par la
communication. Une situation de crise bien vécue peut être l’occasion de resserrer les liens entre
les individus sans que soit désigné un bouc émissaire.
Paragraphe 6 : premier incident
Question : Pouvez-vous expliquer la réaction de Mme Chollet ?
Il s’agit de faire apparaître les facteurs qui sont ici source d’angoisse pour Mme Chollet (stress du
travail, sentiment d’humiliation, parce qu’elle a été prise en faute par une employée subalterne,
remise en question de sa personnalité ; Maria est propre, elle pas).
Paragraphe 7 : l’atteinte à la personnalité et le témoin passif
Question : Quelles sont les atteintes à la personnalité de Maria ?
Elle est discréditée par l’adjectif usité (l’Espagnole) et diffamée (on l’accuse sans raison d’avoir
un mauvais caractère).
Question : Pourquoi Pierre diffame Maria plutôt que de la défendre?
Mme Chollet est son supérieur, il a peur de la contredire. Il veut se faire bien voir d’elle.
Question : Qu’auriez-vous fait à sa place ?
Paragraphe 8 : premier malaise de Maria
Question : Pourquoi Maria n’a plus le même entrain ?
Considérer le stress lié au travail ; Maria ressent les premières tensions.
Paragraphe 9-11 : les agissements négatifs et le groupe des « persécuteurs »
Question : Quels sont les éléments qui permettent de penser que Mme Chollet s’acharne
sur Maria ?
Mme Chollet cherche à déstabiliser Maria par des brimades en la diffamant, en la lésant dans son
travail.
Question : Pourquoi les autres employés se rallient-ils à Mme Chollet ?
9/18
OFFT/1.11.02
Ethique et Economie
Séquence 8 – Harcèlement au travail
11 juin 2002
Attention à la peur de perdre son l’emploi, au phénomène de mimétisme : on hurle avec les loups.
Question : Que peut-on faire pour stopper cette situation ?
Réunion des personnes concernées en présence ou non d’un responsable de l’entreprise. Les
élèves doivent être amenés à prendre conscience du phénomène du bouc émissaire. L’enseignant
(e) en présentera les grandes lignes.
Paragraphe 12-14 : La victime consentante
Question : En quoi Maria est-elle consentante ?
Elle se soumet à l’autorité de Mme Chollet et du groupe des persécuteurs ; elle commence à
intérioriser les reproches qui lui sont faits et à somatiser.
Question : Qu’auriez-vous fait à sa place ?
Par exemple, refuser d’entrer en matière, exiger la présence d’un responsable.
Paragraphe 15 : l’intervention du directeur général
Question : Pourquoi les trois acteurs en présence (Mme Chollet, le directeur général et
Maria) ne communiquent-ils pas vraiment ?
La conversation se focalise sur un incident et non pas sur les causes réelles du problème. Maria
aurait dû exposer tous les éléments du problème.
Question : Qu’auriez-vous dit au directeur ?
Question : Comment créer une véritable communication ?
Exposition du problème, rédaction d’un texte, bonne écoute, etc.
Paragraphe 16-21 l’autodestruction
Question : Quels sont les moyens par lesquels Maria cherche à se détruire ?
Elle recourt à des tranquillisants, se déprécie, intériorise l’idée qu’elle doit quitter son emploi, etc.
Question : Pourquoi cherche-t-elle à s’autodétruire ?
Sentiment d’impuissance, alors qu’elle a des moyens d’action, comme par exemple discuter de
son problème avec un tiers.
Question : Que feriez-vous à sa place ?
Sortir de l'isolement et du silence coupable. Ne pas garder ce problème pour soi : rencontre de
quelqu’un en qui on a confiance (amis, famille, avocat, etc.)
Paragraphe 22 : le témoin actif
Question : Comment et pourquoi Christine intervient-elle ?
Christine a un sens de la justice, elle est courageuse et se solidarise avec Maria.
Question : Comment auriez-vous réagi ?
Conclusion
Repérer les différentes facettes du mobbing et montrer qu’il se construit par des dégradations
successives. Pour une analyse parallèle : cf. Doc. 3
Récapituler toutes les étapes avec les élèves et informer que les affaires de mobbing sont
défendues sur la base de l'article 328 du Code des Obligations qui impose à l'employeur de
prendre des dispositions pour protéger et faire respecter la personnalité de ses employés (Doc. 4).
10/18
OFFT/1.11.02
Ethique et Economie
Séquence 8 – Harcèlement au travail
11 juin 2002
4. La « morale » ; pourquoi ?
Le mobbing est polymorphe : il peut répondre à des mobiles variés (psychologiques, tactiques Ŕ
comme par exemple, éliminer un concurrent, etc.), prendre des stratégies d'agression différentes
(insultes, menaces, calomnies, rumeurs, isolement, sabotage du travail, intimidations verbales
voire physiques, etc.) et toucher des configurations diverses (combien sont agresseurs ?, sont-ils
des supérieurs, des inférieurs ou des égaux ?, etc.).
Un point commun se retrouve cependant en dénominateur : quelles que soient leurs raisons, les
agresseurs prétendent viser un bien (ils sont souvent sincèrement convaincus de leur bon droit) et
pourtant commettent une injustice, en blessant un tiers dans sa dignité (confiance en soi, santé
physique ou mentale, etc.).
Devant le rapport de force et la violence, la définition de l’éthique comme poursuite du bien
s’avère alors insuffisante. Face au pouvoir exercé contre une personne, il devient nécessaire de
passer les visées au crible de la norme, du devoir et de l’obligation.
4.1
Le devoir
Pour Kant, il n’y a pas moyen de donner une définition objective du bien. Ni la religion, ni la
science ne sont capables de proposer une éthique universelle et contraignante. Il faut dès lors
renoncer à donner fondement substantiel ( c’est-à-dire qui a un contenu) à l’éthique, comme le
voulaient Aristote, les éthiques des vertus (cf. séquence 7), l’utilitarisme (cf. séquence 3) ou de
tous les courants qui proposent d’asseoir leur système sur une définition d’un bien.
La question pour la morale n’est plus de savoir ce qu’il faut faire, mais selon quel principe il faut
le faire. C’est pourquoi on dit de la morale de Kant qu’elle est formelle. Au lieu du bien elle
cherche le devoir ou le juste principe selon lequel agir. « Quel devoir peut valoir universellement
et de manière obligatoire ? » ou encore « Quel impératif s’impose à moi comme humain ? »
Par impératif, Kant ne veut pas simplement dire commandement, mais commandement de raison.
Le devoir n’est pas laissé à la seule appréciation du sujet. L’impératif doit nous dire ce qui est
rationnel par soi, c’est-à-dire à la fois universel et contraignant. Autrement dit, le sujet ne doit pas
agir conformément au devoir, ce qui laisserait au sujet une marge d’appréciation dans
l’application de la règle, mais par devoir, sans autre intention d’obéir à la loi morale.
4.2
Une démarche inductive et critique
Dès lors, la démarche de Kant va être inductive et critique. Kant ne part pas de rien ; il n’invente
pas la morale, mais s’efforce d’extraire le sens de la morale des faits : lorsque nous agissons, nous
avons une volonté et certaines maximes qui sont autant de règles ou de régularité que nous
donnons à notre agir. C’est là le point de départ de l’analyse de Kant, qui va remonter de là, par
une série de tests, de cribles, de filtres, à la rectitude de la volonté et au catégoriquement
impératif. C’est cela la démarche critique (krinein = juger, soupeser) : cette mise à l’épreuve de ce
qui paraît aller de soi, par la distance, l’épuration, l’exclusion.
4.3
L’épreuve d’universalisation
Le premier critère que Kant va alors retenir est celui de l’universalisation. D’où la formulation la
plus générale de l’impératif catégorique :
« Agis de telle sorte que la maxime de ta volonté puisse toujours valoir en même temps comme
principe d’une législation universelle »2.
2
Fondements de la métaphysique des mœurs, trad. fr. de V. DELBOS, revue par F. ALQUIE, in E. KANT,
Œuvres philosophiques, t. II, 1985, p. 285.
11/18
OFFT/1.11.02
Ethique et Economie
Séquence 8 – Harcèlement au travail
11 juin 2002
Par cet impératif, le sujet moral peut passer des règles subjectives que sont les maximes à une
obligation objective.
Les maximes de l’éthiques (ses règles) ont en général la forme suivante : « je ferai ce que ma
recherche du bonheur exige, c’est-à-dire en telle situation ceci ». Bien entendu, l’agent estime que
ses maximes sont bonnes, mais elles ne le sont que subjectivement. Or la moralité ne peut
dépendre de nos désirs ; car le bon n’est pas universalisable. Pour Kant, la valeur de la moralité ne
peut venir de son pouvoir à nous promettre le bonheur ; elle doit être intrinsèque. Elle ne doit pas
tirer sa force d’obligation du fait qu’elle nous présente un but qui est le nôtre, elle doit nous dire
simplement ce que nous devons faire. Voilà ce que Kant entend par le terme « catégorique ».
On peut évoquer à cette occasion la distinction que Kant opère, parmi les impératifs, entre
l’impératif catégorique (impératif de la moral proprement dite) et les impératifs, simplement
hypothétiques, de l’habileté et de la prudence :

les impératifs techniques de l’habileté visent des fins qui peuvent être bonnes,
mauvaises ou indifférentes, et cherchent chaque fois le meilleur moyen pour atteindre
ces fins. Ce n’est pas ici la qualification morale des fins qui est en jeu, mais le moyen
d’y accéder. Peu importe qu’on soit médecin ou empoisonneur, si on est un bon
médecin ou un bon empoisonneur, on sait comment faire pour parvenir à ses fins ;

les impératifs pragmatiques de la prudence qui visent non plus quelque chose mais le
bonheur.
Ces deux impératifs hypothétiques partent du but à atteindre : « si je veux cela, alors mon acte
sera moral s’il me permet d’atteindre cela ». Ce qui fait que l’impératif est hypothétique, c’est
qu’il déclare une action rationnelle en tant que moyen d’un but, ce qui n’implique pas la
rationalité de ce but ; tandis que la moralité doit nous dire ce qui est rationnel par soi, en luimême.
L’impératif est ainsi conçu pour cribler les maximes. Si une maxime est juste pour moi, elle doit
l’être pour tous ceux qui l’adoptent et agissent en conformité avec elle et si elle n’est pas juste
pour moi, elle est erronée. Par exemple, la maxime « il est bon que quelqu’un soit sacrifié, si c’est
là le moyen de ramener la paix et d’apaiser les angoisses ou les frustrations du groupe » ne peut
pas être juste, parce que je ne peux pas vouloir que tous agissent pareillement, y compris contre
moi.
Mais cette justification est encore trop conséquentialiste, il faudrait plutôt dire les choses ainsi :
« Je ne peux chercher à tirer profit de la protection que les institutions donnent aux personnes,
vouloir que cette protection perdure, et pourtant ne pas m’y soumettre en consentant au sacrifice
de quelqu’un ; je serais incohérent avec moi-même ».
4.4
Le refus de regarder autrui simplement comme un moyen
La seconde formulation de l’impératif catégorique est traitée explicitement par Kant comme un
développement de la formule générale précédente.
« Agis de telle sorte que tu traites l’humanité, aussi bien dans ta personne comme dans la personne
de tout autre, toujours en même temps comme une fin, et jamais simplement comme un moyen »3.
Naturellement, autrui est pour nous souvent un moyen : l’enseignant(e) est un moyen d’apprendre
ou le conducteur du bus est un moyen de me rendre là où je veux aller ; mais autrui n’est jamais
seulement pour moi un moyen, ou alors c’est que je me comporte de manière injuste avec lui.
C’est pourquoi, dans une perspective kantienne, le mobbing, où la victime ramenée au rang
3
E. KANT Fondements de la métaphysique des mœurs, trad. fr. de V. DELBOS, revue par F. ALQUIE, in E.
KANT, Œuvres philosophiques, t. II, 1985, p. 304.
12/18
OFFT/1.11.02
Ethique et Economie
Séquence 8 – Harcèlement au travail
11 juin 2002
d’objet permet par son sacrifice de retrouver la paix, ne peut être en aucun cas accepté, pas plus
que la prostitution ou le suicide. Quelles que soient mes bonnes raisons, mon devoir d’humain est
fondamentalement de respecter autrui et de me respecter moi-même.
L’idée d’humanité, en tant que terme singulier, est introduite par Kant dans le prolongement de
l’universalité abstraite qui régit le premier principe. Il s’agit ici de ne pas faire acception des
personnes. En revanche, l’idée de personnes comme fins en elles-mêmes introduit une idée
nouvelle ; celle qu’il existe une pluralité des personnes, voire une altérité, par delà la commune
humanité qui les rassemble.
La seconde formulation de l’impératif catégorique riposte aux fausses finalités que l’agent
pourrait donner à son action : se soustraire à l’exigence commune et se présenter soi-même
comme seule fin nécessaire, ou bien soumettre quiconque, y compris soi-même, à une
hypothétique finalité. Nous saurons que notre action est morale si et seulement si nous refusons de
nous accorder quelque privilège pour nous soustraire de l’obligation que nous voulons juste pour
les autres.
Dans la Métaphysique des mœurs, Kant va même plus loin que la stricte égalité de moi et des
autres, lorsqu’il explique que certaines fins sont aussi des devoirs :
« Quelles sont les fins qui sont en même temps des devoirs ? Ce sont ma perfection propre et le
bonheur d’autrui. On ne peut échanger les termes en présence et prendre pour des fins qui seraient en
elles-mêmes, pour la même personne, des devoirs : mon propre bonheur et la perfection d’autrui
d’autre part. »4
Le devoir de cultiver ma propre perfection est le devoir de développer mes aptitudes
intellectuelles, morales ou physique. Le devoir de vouloir le bonheur d’autrui implique de
favoriser ses buts et ses projets personnels.
Mon propre bonheur ne fait pas partie de l’exigence du devoir, car c’est ce que chacun veut
spontanément et le devoir suppose une coercition en vue d’une fin qui n’est pas admise de bon
gré. La perfection d’autrui ne fait pas partie de l’exigence du devoir, car c’est à nul autre que luimême de se proposer cette fin.
Contre une certaine interprétation rigoriste de Kant, il faut souligner que vis-à-vis de soi-même,
comme vis à vis des autres, la morale kantienne laisse ouvert un vaste champ d’actions ni
commandées, ni interdites ; un espace d’inventivité et de possible pluralité.
4.5
Une morale de la liberté : Le principe d’autolégislation ou d’autonomie
Pour Kant, la liberté n’est pas l’indépendance vis-à-vis des contraintes extérieures. Nous sommes
libres, lorsque nous avons conquis une liberté par rapport à tout ce qui voudrait contraindre notre
volonté : nos préjugés religieux, philosophiques ou scientifiques, mais aussi nos propres désirs ou
notre penchant à nous considérer de manière différente des autres.
Au bout du compte, seul qui choisit de se soumettre à la loi que lui découvre sa raison Ŕ
l’impératif catégorique dans sa double formulation Ŕ est un homme ou une femme véritablement
libre. C’est ce que Kant désigne par l’autonomie : la capacité à se soumettre librement à une loi.
La liberté est ainsi indissociable de l’obéissance mais d’une obéissance qui n’est plus due qu’à
soi-même ; l’obéissance ayant perdu tout caractère de dépendance et de soumission.
5. Synthèse
Que gagne-t-on avec cette perspective sur la « morale » dans un conflit concret comme celui d’un
mobbing ? Rien en un sens, puisqu’on ne dit pas encore ce que cela va changer à l’action, selon
4
E. KANT Métaphysique des mœurs, Paris, Garnier-Flammarion, 1994, 385.
13/18
OFFT/1.11.02
Ethique et Economie
Séquence 8 – Harcèlement au travail
11 juin 2002
qu’on est agresseur, témoins, ou juge ; tout, parce qu’on gagne ainsi un point de vue critique qui
nous met en garde contre les conformismes et même contre l’évidence de nos certitudes.
Bibliographie
René GIRARD, Le Bouc émissaire, Paris, Grasset, 1982.
Otfried HÖFFE, Introduction à la philosophie pratique de Kant, trad. française F. Ruegg et S.
Gillioz, Fribourg, Albeuve, Ed. Castella, 1985.
Heinz LEYMANN, Mobbing, La persécution au travail, trad. française E. Jacquemot, Paris, Seuil,
1996. (Édition originale : Mobbing, Rowohlt Tashenbuch Verlag, 1993).
Manfred REHBINDER, Alexander KRAUSZ, Psychoterror am Arbeitsplatz Ŕ Mobbing und Bossing
und das Arbeitsrecht, in ArbR 1996, Bern 1996, p. 19s
Paul RICŒUR, « Ethique et morale », Lectures 1 : autour du politique, Paris, Seuil, 1991, p. 260264.
Paul RICŒUR, Soi-même comme un autre, Paris, Seuil, 1990, p. 237-264
Marie-France HIRIGOYEN, Le harcèlement moral - la violence perverse au quotidien, Paris, Ed.
Syros, 1998.
Philippe RAVISY, Le harcèlement moral au travail, Paris, Dalloz, 2000.
14/18
OFFT/1.11.02
Ethique et Economie
Séquence 8 – Harcèlement au travail
11 juin 2002
Document 2
Schéma du mécanisme victimaire
2
1
4
??!
!
3
5
6
15/18
OFFT/1.11.02
Ethique et Economie
Séquence 8 – Harcèlement au travail
11 juin 2002
Document 3
12 actes de harcèlement psychologique5
1- Les propos camouflés. Le harceleur fait des remarques qui ont l'air anodines, mais qui
laissent planer un reproche, un doute, voire une accusation sans fondement.
2- Le refus de communiquer. Comme un roi qui punit l'un de ses suivants, le harceleur cesse
tout contact avec l'employée : il lui transmet ses ordres par note de service et lui laisse ses
dossiers sur son bureau, avec un minimum d'explications.
3- Le discours partial et mensonger. Le harceleur s'en donne à cœur joie : évaluations
tendancieuses, notes de services qui portent atteintes à la réputation de l'employée.
4- Le refus de formation professionnelle. Une autre forme de punition. On refuse à l'employée
de participer à des colloques, de suivre des cours, etc.
5- Le refus de soutien professionnel. Un moyen qui permet à l'employée débordée ou excédée
de s'enliser plus vite. Le patron peut lui reprocher d'avoir mal fait son travail, même si elle
n'aurait jamais pu y arriver seule.
6- Ses compétences mises en doute. Comment? En lui retirant ses dossiers sans raison, en
exigeant que son travail soit vérifié et approuvé par un tiers, en laissant entendre devant
témoins quelle n'est pas à la hauteur.
7- Le manque de respect. Le supérieur fait des commentaires sur l'apparence de l'employée, lui
parle avec mépris, dénigre ses façons de faire.
8- Le harcèlement administratif. Bombardée de notes de service, d'évaluations,
d'avertissements, l'employée a la très nette impression qu'un dossier est monté contre elle. Elle
a sans doute raison.
9- Le contrôle excessif. Le travail est sélectionné et minuté, les heures d'arrivée et de départ sont
enregistrées, même les déplacements aux toilettes sont notés. Peu à peu l'employée voit son
travail lui échapper.
10- Les menaces. Plusieurs se font dire que d'autres seront ravis de prendre leur place.
11- L'intimidation. Le patron s'y prend de bien des manières : il crie, lance des objets, envahit
l'espace vital de l'employée.
12- L'exclusion. L'employée se retrouve sans bureau ou dans un local grand comme un placard à
balais. En milieu syndiqué, cela se produit par une suspension ou l'abolition d'un poste.
5
Site canadien : http://www.exmed.org/exmed/har3.html
16/18
OFFT/1.11.02
Ethique et Economie
Séquence 8 – Harcèlement au travail
11 juin 2002
Document 4
Code des obligations
Art. 328 CO
1. L’employeur protège et respecte, dans les rapports de travail, la
personnalité du travailleur ; il manifeste les égards voulus pour sa santé et
veille au maintien de la moralité.
2. Il prend, pour protéger la vie et la santé du travailleur, les mesure
commandées par l’expérience, applicables en l’état de la technique, et
adaptées aux conditions de l’exploitation ou du ménage, dans la mesure
où les rapports de travail et la nature du travail permettent équitablement
de l’exiger de lui.
L’alinéa 1 de l’article 328 a été complété en 1996 d’une clause
concernant spécifiquement le harcèlement sexuel :
1. Der Arbeitgeber hat im Arbeitsverhältnis die Persönlichkeit des
Arbeitnehmers zu achten und zu schützen, auf dessen Gesundheit
gebührend Rücksicht zu nehmen und für die Wahrung der Sittlichkeit zu
Sorgen. Er muss insbesondere dafür sorgen, dass Arbeitnehmerinnen und
Arbeitnehmer nicht sexuell belästigt werden und dass den Opfern von
sexuellen Belästigungen keine Nachteile entstehen.
2. Er hat zum Schutz von Leben, Gesundheit und persönlicher Integrität der
Arbeitnehmerinnen und Arbeitnehmer die Massnahmen zu treffen, die
nach der Erfahrung notwendig, nach dem Stand der Technik anwendbar
und den Verhältnissen des Betriebes oder Haushaltes angemessen sind,
soweit es mit Rücksicht auf das einzelne Arbeitsverhältnis und die Natur
der Arbeitsleistung ihm billigerweise zugemutet werden kann.
17/18
OFFT/1.11.02
Ethique et Economie
Séquence 8 – Harcèlement au travail
11 juin 2002
Document 5
Pourquoi la morale ? (Emmanuel Kant)
1. L’éthique de la vie bonne ne suffit pas
Au nom du bien Ŕ le nôtre ou celui de notre groupe Ŕ nous pouvons nous
comporter de manière injuste.
D’où la nécessité de passer au crible les règles que nous tenons pour
bonnes.
2. Premier crible : l’épreuve d’universalisation
« Agis de telle sorte que la maxime de ta volonté puisse toujours valoir en
même temps comme principe d’une législation universelle »
3. Deuxième crible : ne jamais considérer autrui simplement comme un
moyen
« Agis de telle sorte que tu traites l’humanité, aussi bien dans ta personne
comme dans la personne de tout autre, toujours en même temps comme une
fin, et jamais simplement comme un moyen »
Question :
Acceptons-nous que la règle que nous nous donnons puisse valoir
pour tous, y compris contre nous ?
18/18
OFFT/1.11.02