AFP – 28/05/10 à 10:46 Crash du Concorde : fin du procès, le

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AFP – 28/05/10 à 10:46 Crash du Concorde : fin du procès, le
AFP – 28/05/10 à 10:46
Crash du Concorde : fin du procès, le jugement attendu à la fin de l’année
Le procès du crash du Concorde, il y a dix ans près de Paris, se termine vendredi avec la
plaidoirie de l’avocat de Continental Airlines, l’un des principaux prévenus, mais le jugement ne
devrait pas être rendu avant la fin de l’année.
Les quatre mois d’audience visaient à déterminer les responsabilités éventuelles de la
compagnie américaine, de deux de ses employés et de trois anciens responsables français de
l’aéronautique, dans l’accident qui a fait 113 morts.
Le 25 juillet 2000, un Concorde d’Air France s’écrasait à Gonesse (Val-d’Oise) quelques
minutes après son décollage, tuant ses 100 passagers, pour la plupart allemands, 9 membres
d’équipage et 4 personnes au sol.
Selon l’accusation, un DC10 de Continental Airlines aurait déclenché l’accident en perdant une
lamelle sur la piste de décollage du supersonique, faisant éclater un pneu qui a perforé un
réservoir, menant à l’inflammation du carburant.
La justice reproche également aux trois Français - l’ancien directeur du programme Concorde
Henri Perrier, 80 ans, son collaborateur chez Aérospatiale Jacques Hérubel, 74 ans, et l’excadre de la Direction Générale de l’Aviation Civile (DGAC) Claude Frantzen, 72 ans - de n’avoir
pas tiré les leçons des incidents de pneus ayant émaillé la carrière du Concorde dès 1979. Ils
avaient mis en oeuvre des modifications visant notamment à renforcer les pneus, mais pas à
protéger les réservoirs. Pour leur défense, ces trois prévenus maintiennent que l’accident
était "imprévisible".
Tout au long du procès, Continental a présenté un autre scénario du crash, allant jusqu’à faire
réaliser pour 800.000 dollars une reconstitution en 3D, projetée devant le tribunal
correctionnel de Pontoise. Sur la base de témoignages qui avaient été écartés par les
enquêteurs, l’avocat de la compagnie, Me Olivier Metzner, affirme que le Concorde avait pris
feu environ 700 mètres avant de rouler sur la lamelle incriminée.
Selon lui, l’avion aurait été fragilisé par l’absence d’une pièce du train d’atterrissage,
l’entretoise, que les mécaniciens d’Air France avaient oublié de remonter, et par des
irrégularités sur la piste. Une version que n’ont cessé de contester les experts, invoquant de
nombreuses "preuves matérielles" dont les traces de suie au sol. Le parquet n’a pas non plus
été convaincu et a requis 175.000 euros d’amende à l’encontre de Continental pour homicides
involontaires.
Contre ses deux employés - John Taylor, 42 ans, accusé d’avoir mal fixé la lamelle et son chef
d’équipe Stanley Ford, 71 ans, qui a validé la réparation sans la contrôler - le parquet a requis
18 mois de prison avec sursis.
Le procureur Bernard Farret a demandé deux ans de prison avec sursis pour Henri Perrier et
la relaxe des deux autres prévenus français.
En outre, les parties civiles - Air France, les familles des victimes au sol et des témoins
"traumatisés" - demandent plus de 19 millions d’euros de dommages et intérêts. Sur ce total,
la compagnie française réclame à elle seule 15 millions d’euros à Continental Airlines, qu’elle
juge unique responsable de l’accident.
L’enjeu financier est plus important puisqu’Air France, pour obtenir réparation de son
préjudice économique, poursuit Continental devant le tribunal de commerce de Pontoise, qui a
sursis à statuer jusqu’à la fin de la procédure pénale. Les grandes absentes de ce procès
auront été les familles des passagers allemands, indemnisées par Air France et ses assureurs
moins d’un an après l’accident.