Un été en paroisse,Rentrée des catéchismes le mardi 9

Transcription

Un été en paroisse,Rentrée des catéchismes le mardi 9
Père
Paul
Roumanet
(14
janvier 1936 – 26 janvier
2015)
Nous apprenons avec grande émotion le décès accidentel du Père
Paul Roumanet, notre ancien curé.
(Obsèques samedi prochain 31 janvier à 14h30 à Aubenas. Messe
à son intention dimanche 1er février à 11h00 à Saint-Sulpice.)
Né le 14 janvier 1936 à Aubenas
(Ardèche), Paul ROUMANET a eu
le malheur de perdre son père à
l’âge de 8 ans, en 1944. Il
pense très tôt au sacerdoce et
il suit le parcours classique :
petit-séminaire puis grandséminaire, de 1948 à 1960.
Il est ordonné prêtre le 2 avril 1960. Il devient aussitôt
sulpicien. Après sa théologie à Rome et à Paris, il est
envoyé au grand-séminaire de Koumi (Burkina-Faso) où il
enseigne notamment les Sciences sociales. En 1968, alors
qu’il n’a que 32 ans, il est nommé supérieur du grandséminaire Saint-Gall, au Bénin, dont il sera le dernier
supérieur venu d’Europe. De 1982 à 1992, il est supérieur du
grand-séminaire de Marseille. De 1992 à 2008, pendant un
total de 16 années, il est curé de Saint-Sulpice. Il a été
Doyen de Rennes-Luxembourg, chapelain de Saint-Joseph des
Carmes et membre du Conseil provincial de la Province de
France des Prêtres de Saint-Sulpice.
Il est décédé ce lundi 26 janvier 2015, à la suite d’un
accident de voiture.
Le Père Roumanet a laissé un grand souvenir en Afrique, mais
surtout à la paroisse Saint-Sulpice. Tous soulignent son
attention aux personnes. À l’annonce de son décès un prêtre
ami nous dit : « Il était accueillant. Je le voyais pasteur
avec toutes sortes de gens. »
Il a su accueillir et soutenir dès le début les fondateurs de
l’Association « Pour la Miséricorde divine » en prévoyant que
les veillées de prière qu’ils organisaient prendraient très
vite une grande importance.
On savait que quiconque était dans la détresse pouvait se
tourner vers lui. Il confessait beaucoup et il a longtemps
participé à la formation des jeunes prêtres au ministère de
la confession. Il expliquait : « Les gens viennent. Ils se
mettent humblement à genoux pour dire leurs péchés. Parfois,
pourtant, en les écoutant, c’est vous qui avez envie de vous
mettre à genoux devant eux. »
Il avait son caractère et il ne fallait pas trop espérer lui
forcer la main. Il disait un jour en souriant : « Je ne suis
pas très facile à culpabiliser. »
De retour dans son diocèse de Viviers, il avait été nommé
Délégué diocésain à la Vie consacrée. Il avait une grande
estime de la vocation des religieux et religieuses. Il est
mort, trop tôt et trop vite, en cette année de la Vie
consacrée, à quelques jours de la fête de la Présentation. Il
aura été prêtre près de 55 années.
Décès accidentel du Père Paul
Roumanet
Mardi, 10h00.
Un appel téléphonique de l’évêché de Viviers,
nous apprend le décès accidentel hier soir du
Père Paul ROUMANET, curé de Saint-Sulpice
pendant 16 années, de 1992 à 2008. Il a été
transporté conscient à l’hôpital vers 18h,
mais est décédé des suites de ses blessures
vers 21h30.
A ce stade, nous prévoyons que les funérailles auront lieu à
Aubenas samedi en début d’après-midi.
Manille et Tacloban
Le Père Matthieu Dauchez
Messe sous les intempéries
Les larmes de Tacloban
6 ou 7 millions de personnes
La foule de Manille
« Pourquoi des enfants souffrent tant? »
Avec les enfants des rues
L’entretien avec les journalistes
L’idée m’est venue de chercher des documents sur le voyage du
Pape aux Philippines. C’est un événement très considérable.
J’ai trouvé sur le site du Vatican la transcription exacte de
l’entretien avec les journalistes dans l’avion du retour. Le
plus souvent nous ne lisons que de courts extraits, qui ne
donnent qu’une très faible idée de la force mais aussi
l’humilité des propos du Pape. Voici la fin de l’entretien. Le
Pape répond à la question d’une journaliste espagnole.
Père Jean-Loup Lacroix
NB. Il faut se rappeler que la région de Tacloban est celle
qui a été dévastée par le typhon Haiyan, le plus meurtrier de
toute l’histoire des Philippines (8 novembre 2013, plus de 10
000 morts). Quand le Pape s’y est rendu la semaine dernière,
de nouvelles intempéries déferlaient, au point qu’une jeune
volontaire, Krystel, a été tuée par la chute d’une structure
métallique et que l’avion transportant les membres du
gouvernement a été accidenté.
Elisabetta Piqué : Cela a été un voyage émouvant pour tout le
monde : nous avons vu pleurer toute la durée du séjour à
Tacloban ; nous-mêmes journalistes, nous avons pleuré ; vous
avez vous-même dit hier que le monde avait besoin de pleurer.
Tout a été très intense. Nous voulions vous demander quel a
été pour vous le moment le plus fort : la messe à Tacloban et
puis hier lorsque cette enfant s’est mise à pleurer…
La deuxième question est la suivante : hier, vous êtes entré
dans les annales de l’histoire, en dépassant le record de
Jean-Paul II au même endroit : six à sept millions de
personnes étaient présentes. Comment vivez-vous donc le fait
d’être entré dans l’histoire comme étant le Pape ayant célébré
la messe accueillant le plus grand nombre de personnes de tous
les temps ?
Messe sous les intempéries
Pape François : Le moment le plus fort. Celui de Tacloban, la
messe, cela a été très fort pour moi, très fort : voir tout le
peuple de Dieu, immobile là, en train de prier, après cette
catastrophe, le fait de penser à mes péchés et à ces gens…
C’était fort, ce fut un moment très fort. Au moment de la
messe là-bas, je me suis senti comme anéanti, la voix me
manquait presque. Je ne sais pas ce qui m’a pris, peut-être
l’émotion, je ne sais pas. C’est une sorte d’anéantissement.
Et puis parmi les moments forts, il y a eu les gestes, chaque
geste. Lorsque je passais et qu’un papa faisait ce geste
[celui de porter un enfant jusqu’à lui], je donnais la
bénédiction, et lui me remerciait, pour eux une bénédiction
suffisait. J’ai pensé : et moi qui ai tant d’exigences, qui
veux ceci, qui veux cela… Cela m’a fait du bien ! Des moments
forts. Même après que j’ai su qu’à Tacloban nous avons atterri
avec un vent de 70 kilomètres heure, j’ai pris au sérieux
l’avis qui nous encourageait à partir à 13 heures au plus tard
parce que c’était dangereux. Mais je n’ai pas eu peur.
En ce qui concerne le grand nombre de participants, je me suis
senti tellement anéanti. C’était le peuple de Dieu et le
Seigneur était là. C’est la joie de la présence de Dieu qui
nous dit : souvenez-vous bien que vous êtes les serviteurs de
ces personnes… Ce sont eux les protagonistes…
«
Pourquoi
des
enfants
souffrent tant? »
Et puis il y a ces pleurs. L’une des choses qui se perdent
lorsqu’il y a trop de bien-être, ou que les valeurs ne sont
pas bien comprises, ou encore lorsque nous sommes habitués à
l’injustice, à cette culture du rejet, est la capacité à
pleurer. C’est une grâce que nous devons demander. Il y a une
belle prière dans le missel ancien, pour pleurer. Celle-ci
disait, plus ou moins : « O Seigneur, toi qui as fait que
Moïse avec son bâton fasse jaillir l’eau du rocher, fais que
du rocher de mon cœur jaillisse l’eau des pleurs ».
C’est une très belle prière ! Nous chrétiens devons demander
la grâce
sur les
fait de
réalités
de pleurer, surtout les chrétiens nantis, et pleurer
injustices et pleurer sur les péchés. Parce que le
pleurer nous permet de comprendre de nouvelles
ou de nouvelles dimensions de la réalité.
C’est ce qu’a dit la fillette, et c’est aussi ce que je lui ai
dit. Elle a été la seule à poser cette question à laquelle on
ne peut répondre : « Pourquoi les enfants souffrent-ils ? ».
Le grand Dostoïevski se la posait, et il n’est pas parvenu à
répondre : pourquoi les enfants souffrent-ils ?
Elle, avec ses larmes, une femme qui pleurait…
Il y a autre chose que je veux souligner ici : ce que j’ai dit
au dernier jeune garçon [lors de la rencontre avec les
jeunes], qui travaille vraiment bien, donne, organise, aide
les pauvres. Mais n’oublie pas — lui ai-je dit — que nous
aussi devons être des mendiants vis-à-vis d’eux, parce que les
pauvres nous évangélisent. Si nous enlevons les pauvres de
l’Évangile, nous ne pouvons pas comprendre le message de
Jésus. Les pauvres nous évangélisent. « Je vais évangéliser
les pauvres ». Oui, mais laisse-toi évangéliser par eux !, car
ils ont des valeurs que tu n’as pas.
(Vol de retour, 19 janvier 2015)
Une vidéo : Découvrez l’association, ANAK-Tnk, « un pont pour
les enfants », portée par un français, le père Matthieu
Dauchez, à laquelle le Pape François a rendu une visite
surprise.
Rome, 18 janvier 2015 (Zenit.org) Les larmes de la
jeune Glyzelle Palomar, 12 ans, ont inspiré le
discours du pape François aux jeunes de
Philippines ce dimanche 18 janvier, sur le campus
de l’université Saint-Thomas de Manille, devant 30
000 jeunes, sous la pluie : « Si vous n’apprenez
pas à pleurer vous ne serez pas de bons
chrétiens.”
Concert hommage aux victimes
des attentats
Vendredi 23 à 20h30 : Un Concert à Saint-Sulpice pour les
victimes des attentats
Dirigés par Hugues REINER, près de 300 artistes joueront
bénévolement le Requiem de MOZART comme un hommage aux
victimes des attentats.
La paroisse Saint-Sulpice soutient ce concert en mettant son
église à la disposition des organisateurs.
Entrée libre. Participation aux frais.
Comment Sulpice devint évêque
Notre paroisse a pour patron un évêque des
temps mérovingiens, saint Sulpice
(570-647). Voici un extrait de la plus
ancienne de ses vies par un auteur
contemporain anonyme. On en appréciera le
style particulièrement savoureux.
« Il advint que le pieux évêque Austrégésile, migra vers le
Seigneur par une mort admirable.
Tout le peuple chrétien se réunit alors pour élire un nouvel
évêque. Mais comme cela arrive parfois en ces circonstances,
il y eu de côtés et d’autres des prises de position. Une part
de gens déraisonnables, clients de la faveur humaine,
influença l’opinion de certains des Premiers citoyens. Un
Préfet urbain, faible et ambitieux, grâce à de fortes sommes
en or et en argent, fit prévaloir leur avis auprès du Roi.
Telle était la pratique de cette secte néfaste et sacrilège
des simoniaques qui fait échec à la Grâce céleste en dépit des
lois humaines et divines.
Les nôtres à qui le Seigneur a dit : « Ne crains pas, petit
troupeau, car il a plu à votre Père de vous donner le
Royaume » implorèrent le Christ Immortel et Dieu Parfait pour
que le Saint Homme Sulpice devienne évêque. Ils envoyèrent
aussi au Roi une modeste délégation avec une brève requête.
Ce roi (Théodoric), comme il arrive la plupart du temps, était
infecté du venin de la cupidité ; il avait l’esprit tourné
vers la recherche des gros bénéfices. Mais sa femme lui en
faisait le reproche, car elle brûlait d’amour de Dieu.
Elle lui dit fortement que, après tant et de telles actions
saintes, il était juste et digne de désigner Sulpice pour le
siège épiscopal de Bourges. Son mérite, ses miracles signalés,
sa grâce éminente le désignaient pour une telle dignité.
En outre, cette femme admirable rappela au souvenir de son
mari par quels labeurs et quelle prière, peu de temps
auparavant, cet homme l’avait tiré du précipice de la mort.
Finalement, par la bienveillance divine, le Roi se décida pour
le meilleur choix. Refoulant le poison de la cupidité,
méprisant les mauvais conseils, il donna bientôt l’ordre
d’accomplir ce qui était voulu par la Providence divine.
Ainsi, grâce à Dieu, le siège du plus important évêché, celui
de l’Aquitaine Première, fut pourvu, avec le secours de la
Volonté de Dieu. Quant à la population divisée, partagée en
options contraires, un rapide retournement rétablit son
unanimité.
(Texte latin dans : Acta Sanctorum Ianuarii 2, Parisiis, apud
Victor Palmé, via dicta Saint-Sulpice, M.DCCCC.LXIII.
Traduction dans : Jean SOULCIÉ, Saint Sulpice le Bon, Bourges
2004.)
« Tout est pardonné »
J’attendais un sursaut. Je redoutais le pire et j’espérais le
meilleur. (Tous Frères du 4 janvier). Comme tout le monde,
j’ai pourtant été stupéfait.
D’abord, l’attentat. Ma réaction : On ne va pas vivre dans la
peur. Zut !
Puis la découverte que mon sentiment était très largement
répandu.
Puis la fierté de ce 11 janvier.
Mais une chose me préoccupait. Dans ce que j’entendais, Dieu
lui-même était traité sans respect. Pour être « Charlie », il
ne suffisait pas d’être prêt à trouver son curé grotesque (ça
lui arrive !). Il fallait revendiquer haut et fort le droit au
blasphème.
J’avais appris : « Vous commencerez par le respect » (Maurice
Bellet). Il m’avait semblé que la notion de dignité humaine
était un point de convergence entre la tradition chrétienne et
celle de la Philosophie des Lumières. Je pensais et je pense
toujours que c’est la même exigence qui nous fait respecter la
nature, l’humanité et Dieu lui-même. Je pensais et je pense
toujours que le sens de l’honneur que l’on trouve chez
Corneille, chez Péguy ou chez Bernanos n’aura jamais rien
d’obsolète. J’en voulais pour preuve la résurgence d’une
vieille notion : « rendre hommage ».
Et voilà qu’on nous expliquait soudain que rien ne serait plus
respectable que l’irrespect.
Je lisais Cabu quand j’avais 15 ans. Je partage le chagrin de
tous ceux qui ont le sentiment d’avoir perdu de très vieux
amis. Mais devons-nous, comme religieux, dissimuler cet autre
chagrin, très intime, qui vient pour nous de l’injure adressée
à Dieu ?
Pour un athée, il est logique de penser que ses imprécations
contre Lui tombent dans le vide. Pourtant, quelle erreur !
Pardonnez-moi : les apparitions de Paray-le-Monial sont pour
moi une référence. C’est le Christ qui parle. Il tend la main
vers sa poitrine : « Voilà ce Cœur qui a tant aimé les hommes.
Et pour reconnaissance, je ne reçois de la plupart
qu’ingratitude. »
Jacopone da Todi, un poète franciscain du 13 e siècle avait
cette formule : « L’Amour n’est pas aimé. »
Il disait cela comme quelque chose de très bouleversant.
Comment faire comprendre, que le Christ, compte vraiment pour
nous ? Comme un être aimé. L’Unique.
Et comment ne pas admettre qu’il en est de même pour les
musulmans à l’égard de Mahomet ?
En voyant, consterné, certaines « unes » qui étaient des
représentations très ignobles du Christ en Croix, il me
revenait les paroles de saint Pierre :
« C’est pour nous que le Christ a souffert. Insulté, il ne
rendait pas l’insulte, dans la souffrance, il ne menaçait
pas. Mais il s’abandonnait à Celui qui juge avec justice. »
(1 Pierre 2, 21-23.)
La conclusion était claire : ne pas rendre le mal pour le mal.
J’en étais là quand j’ai vu ce titre : « Tout est pardonné ».
Luz dit qu’il a écrit cela sans trop y croire. Pourtant, il
l’a fait.
J’en conclus qu’il ne faut désespérer de rien ni de personne.
Père Jean-Loup Lacroix
Illustration : Georges ROUAULT, « Christ moqué par des
soldats » 1932, Museum of Modern Art, New-York.
Parlons aujourd’hui de la foi
Évangile de Jésus Christ selon
saint Marc (1, 7-11)
En ce temps-là,
Jean le Baptiste proclamait :
« Voici venir derrière moi
celui qui est plus fort que moi ;
je ne suis pas digne de m’abaisser
pour défaire la courroie de ses
sandales.
Moi, je vous ai baptisés avec de
l’eau ;
lui vous baptisera dans l’Esprit
Saint. »
En ces jours-là,
Jésus vint de Nazareth, ville de Galilée,
et il fut baptisé par Jean dans le Jourdain.
Et aussitôt, en remontant de l’eau,
il vit les cieux se déchirer
et l’Esprit descendre sur lui comme une colombe.
Il y eut une voix venant des cieux :
« Tu es mon Fils bien-aimé ;
en toi, je trouve ma joie. »
Frères et sœurs,
Parlons aujourd’hui de la foi, de notre foi de baptisés. Lors
du baptême de Jésus, prélude au déchirement du voile du temple
au moment de son agonie, le ciel s’est ouvert : Dieu s’est
manifesté dans sa Trinité, et surtout il a fait retentir à nos
oreilles, ce que les anges nous ont annoncé lors de la
nativité, ce que les animaux de la crèche, et les rois venus
d’Orient ont reconnu et révéré : Jésus est le Fils de Dieu.
Parlons de la foi car nous appartenons à l’univers issu de ce
déchirement, celui sur qui s’est répandu l’eau baptismale, le
sang de l’Agneau et l’Esprit. Oui, parlons de notre foi, car
le Baptême de Jésus nous remémore le nôtre, jour de la
proclamation officielle de notre adhésion à Jésus.
Parlons de la foi, car il nous arrive aujourd’hui de voir se
développer l’idée perverse que la foi n’est importante que
dans la mesure où il ne faut rien faire, dans la mesure où
mise en quarantaine dans la forteresse du strictement privée,
elle devient indigne d’impacter sur la vie. Parlons-en parce
que de difficiles épreuves de la vie nous lacèrent ; parce que
nous voyons avec étonnement des humains qui commettent des
actes ô combien vils soi-disant au nom de Dieu ; mais surtout,
parce qu’aujourd’hui saint Jean nous dit que la victoire
remportée sur le monde, c’est notre foi.
Faisons de l’extrait de l’épitre de saint Jean, la trame de
notre méditation. Il y est question entre autres du monde. De
quoi s’agit-il ? Le monde selon lui est ce qui se détourne de
Dieu ; ce qui sait mettre en œuvre arguments et artifices pour
charmer et soustraire du règne de Dieu. Le père Varillon dit
que le monde peut déployer une telle force, une telle
séduction qui tout en nous maintenant dans la croyance, nous
détourne sa source vitale : le faible enfant de la mangeoire,
le jeune homme crucifié, parfait symbole de l’amour.
Interprétant le même extrait de la première épitre de Saint
Jean que nous avons lu aujourd’hui, Saint Augustin invoque la
foi des démons pour nous aider à distinguer entre la vraie foi
et la foi du monde.
Souvenons-nous, frères et sœurs, que Jésus interrogea un jour
ses apôtres sur l’identité que l’opinion commune lui
attribuait. Puis il les demanda qu’eux-mêmes disent ce qu’ils
pensaient de sa personne. Il reçut alors la réponse magistrale
de saint Pierre, écho de la voix venant déjà du ciel lors du
baptême, mais cette fois-ci émanant de la terre : « Tu es le
Christ, le Fils du Dieu Vivant ! ». Souvenons-nous, frères et
sœurs, de la louange qui suivit cette confession de foi : « Ce
n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon
Père qui est aux cieux (…) Tu es pierre et sur cette pierre je
bâtirai mon Église, et la puissance de la mort n’aura pas de
force contre elle ».
Nous comprenons dès lors pourquoi saint Jean inaugure son
épître en s’exclamant que : « Celui qui proclame que Jésus est
le Christ, est né de Dieu » car un tel aveu est une
appropriation, une adhésion à la voix divine entendue lors du
baptême de Jésus. Une telle affirmation est déjà gage de la
victoire sur le monde, le monde qui tente de faire de la
puissance de la mort son argument de dissuasion.
Mais revenons à cette fameuse foi des démons. Eux aussi
croient et tremblent devant Jésus. « Nous savons qui tu es :
le Fils de Dieu », disent-ils ! Pour quelle raison leur
confession, juste dans l’énonciation, est-elle différente de
la proclamation de Pierre ? Pourquoi ne suscite-elle aucune
louange de la part du Seigneur ? C’est parce qu’auparavant les
démons se sont ainsi exclamés : « Pourquoi es-tu venu nous
perdre avant le temps marqué ? » Dès lors, comme le dit saint
Augustin, la différence est évidente : les démons veulent se
détacher, éloigner de Jésus, tandis que Pierre se rattache à
lui. La foi de Pierre est la foi qui aime ; la foi des démons,
la foi du « monde » est la foi qui n’aime pas.
Saint Jean nous a dit dans la même épitre, quelques chapitres
plus haut que celui qui dit qu’il aime Dieu, sans aimer ses
frères est un menteur. Saint Augustin inverse la formulation
pour mieux nous la faire assimiler : comment peut-on dire
qu’on aime Dieu qu’on ne voie pas, alors qu’on aime pas son
frère qu’on voit ?
Permettez frères et sœurs que nous achevions notre méditation
en essayant de comprendre davantage cette exigence de la foi.
Aujourd’hui saint Jean pose et répond a une interrogation :
comment savoir que nous aimons les enfants de Dieu : c’est en
aimant Dieu et en accomplissant ses commandements. « Garder,
accomplir » ce sont des verbes d’actions. Ils sont employés au
présent, un présent de continuité, d’éternité. Oui, frères et
sœurs, la foi, l’amour qui caractérise la foi n’est ni un
simple sentiment, ni de belles paroles. Ils sont à vivre à
déployez dans les épreuves de la vie.
Arrêtons-nous
sur
le
mot
commandement.
Il
rime
avec
obéissance, une vertu répulsive aux yeux du monde, du monde
qui ne comprend pas. Il existe d’ordinaire deux raisons
d’obéir à un commandement. La première est la peur : la
crainte d’être sanctionné. La seconde est le désir d’être
récompensé : nous accomplissons car nous pensons qu’au bout il
y a une récompense, il y a un prix. Voici comment le prophète
Isaïe nous rapporte la logique de Dieu : « Vous tous qui avez
soif, venez, voici de l’eau ! Même si vous n’avez pas
d’argent, venez acheter et consommer, venez acheter du vin et
du lait sans argent, sans rien payer. » Parce que Dieu agit
envers nous gratuitement, en signe d’amour, notre réponse
d’amour devrait refléter le même élan.
Frères et sœurs,
Le monde ne peut pas avoir le dernier mot et nous sommes
appelés à faire résonner encore aujourd’hui le message en
provenance du ciel qui s’est définitivement déchiré et
rapproché. Nous en sommes des hérauts. Implorons le Seigneur
d’affermir notre foi, notre espérance, notre charité, pour que
nous ne cessions de bâtir, par la foi, la civilisation de
l’amour que Jésus a instauré, maintenant et pour les siècles
des siècles.
(Père Judicaël BOUKANGA, Homélie de la messe du 11 janvier
2015)
Baptême du Christ
Le
leader
d’un
mouvement
religieux appelle les foules à
la conversion. Il organise des
bains rituels pour que les gens
puissent exprimer leur désir
d’une purification morale et
spirituelle. Arrive son cousin.
Lui aussi veut participer au
rite. Il retire ses vêtements et
il entre dans l’eau.
Vous avez reconnu l’épisode du baptême de Jésus. L’événement
semblerait de peu d’importance. Les évangélistes le rapportent
cependant comme quelque chose de prodigieux : une révélation
du Dieu Trinité. Quand Jésus descend dans l’eau, la voix de
Dieu se fait entendre : « Celui-ci est mon Fils. » Et
l’Esprit-Saint est là, entre Ciel et Eau, comme une colombe.
Au fil des siècles, d’innombrables artistes ont représenté la
scène. Les maîtres verriers du Moyen Age et les peintres des
icônes de l’Orient le font de manière étonnante : Jésus ne
descend pas dans la surface plane d’un fleuve, c’est une sorte
de vague qui jaillit et qui l’entoure. Tout s’éclaire si l’on
est familier de la prière des Psaumes : « Les eaux, en te
voyant, Seigneur, les eaux, en te voyant, tremblèrent » (Ps
76). Ou encore : « Quand Israël sortit d’Égypte, (…) la mer
voit et s’enfuit, le Jourdain retourne en arrière » (Ps 113).
Essayons de résumer. Pour l’homme de la Bible, la mer est
maléfique. Quand Dieu apparaît, elle recule. Quand le Sauveur
apparaît, c’est mieux encore : l’eau qui tuait revient sur
lui, vivifiante et amicale. Jésus sera celui qui commandera à
la mer pour apaiser sa tempête et qui baptisera dans l’EspritSaint.
Dans le baptistère de Saint-Sulpice, le
bas-relief de Boizot se rattache à une
tradition plus réaliste. Des palmiers
sont là pour la couleur locale. On
aperçoit Dieu le Père au milieu des
nuées, sous les traits d’un vieillard.
L’ensemble est sauvé par la puissance de
la composition. Jésus s’incline
humblement mais c’est un géant. On est
saisi.
Tous les artistes l’ont compris : le Christ, au jour de son
baptême est l’exemple même de la beauté. La tradition
chrétienne leur donne raison. Le baptême du Christ fut une
« épiphanie » divine, c’est-à-dire une manifestation de la
gloire divine dans la beauté de cet « homme parfait » que fut
Jésus, Dieu fait homme. Les textes des Pères de l’Église qu’on
lisait toute cette semaine dans la Liturgie des Heures
soulignent à l’envie le parallèle que l’on peut faire entre la
fête de l’Épiphanie et celle du Baptême. Exemple : « La fête
précédente nous montrait un pauvre nourrisson qui manifestait
notre pauvreté. La fête d’aujourd’hui nous le fait voir dans
sa perfection, elle nous suggère qu’il est l’Être parfait,
issu de l’Être parfait. Alors, pour les Mages, le roi était
revêtu de la pourpre de son corps. Aujourd’hui, au Baptême,
celui qui est la Source, est enveloppé par l’eau du fleuve »
(Office des Lectures du mardi après l’Épiphanie). On dira que
c’est de la poésie. En effet. C’est magnifique et profond.
Il me semble que si l’on n’est pas sensible à ce qui est beau,
on ne comprendra jamais rien à l’histoire du baptême du
Christ. Des gens venaient se purifier de la souillure de leurs
méfaits. Ils n’étaient sans doute pas très beaux à voir. Jésus
qui est la beauté et la sainteté même vient se plonger dans le
fleuve au milieu d’eux. Il inaugurait ainsi ce qui devait être
son œuvre : la Rédemption.
Sa beauté est celle d’une perfection. Plus profondément, c’est
celle de la Miséricorde.
Père Jean-Loup Lacroix
2015
Que sera donc cette année ? Les
raisons d’en attendre le pire ne
manquent pas. Inutile d’en
dresser la liste. L’idée se
répand pourtant que 2015 pourrait
être l’amorce d’un renouveau.
Plus nombreux que naguère sont
ceux qui ne veulent plus attendre
d’être portés par une conjoncture
favorable pour prendre des
initiatives porteuses d’avenir.
Comme chrétiens, nous ne pouvons que souscrire à cette façon
de voir. Jésus n’a pas attendu que les autorités de Jérusalem
soient prêtes à l’approuver pour proclamer les Béatitudes. Les
trois premiers siècles de la vie de l’Église la virent se
développer malgré les persécutions, mais aussi malgré ce « mal
de vivre » (tædium vitæ) si répandu alors.
Comme catholiques, nous savons que 2015 sera l’année du Synode
sur la famille. Il a connu sa première session en octobre
dernier. Il connaîtra la seconde du 4 au 25 octobre prochain.
L’enjeu est tout à fait considérable. Un enjeu d’humanité,
d’abord. C’est trop évident. Là où les familles sont éclatées,
les enfants grandissent sans cette sécurité affective qui
permet leur bonheur et les prépare à affronter la vie sur une
base de confiance. Un enjeu religieux, aussi. Le mariage
indissoluble des baptisés est l’un des sept sacrements de la
Nouvelle Alliance. C’est dire qu’il est un signe de grâce et
un avant-goût du Paradis promis.
Le pape François veut que l’on cherche à la fois comment
promouvoir la vision chrétienne de la famille et comment avoir
une attitude juste à l’égard des baptisés dont la situation
matrimoniale ne correspond pas à l’exigence formulée par
Jésus : « Que l’homme ne sépare pas ce que Dieu a uni. » Cette
année 2015, le débat va donc se poursuivre sur la façon de
tenir ensemble ces deux exigences. Les trois semaines de la
réunion des évêques seront décisives, mais il est tout à fait
nécessaire qu’elles soient préparées par de longs mois de
réflexion et de prière.
Si l’Église modifie aussi peu que ce soit les règles pour
l’accès au sacrement de pénitence et à la communion, cela sera
perçu avec raison comme un changement très considérable. Sur
une pareille question, un tout petit pas serait un très grand
pas.
L’Église n’a pas à choisir entre exigence et miséricorde. Mon
rêve serait que, dans un an, cela soit un peu plus clair pour
tout le monde.
Bonne année !
Père Jean-Loup Lacroix
Je dois subir vendredi prochain une intervention
chirurgicale sans gravité. Si tout se passe bien, il suffira
ensuite d’une semaine de repos, que je passerai à Paris. Pour
cette raison, le « Tous Frères » de dimanche prochain aura été
préparé d’avance, avec la reprise d’un texte sur le Baptême du
Christ déjà publié il y a quelques années. Merci de votre
compréhension et de votre prière.
Combat spirituel
Homélie du 2 janvier 2015. Messe paroissiale du l er vendredi
du mois. Vendredi avant l’Epiphanie
Voici le témoignage de Jean le Baptiste, quand les Juifs lui
envoyèrent de Jérusalem des prêtres et des lévites pour lui
demander : « Qui es-tu ? » Il ne refusa pas de répondre, il
déclara ouvertement : « Je ne suis pas le Christ. » Ils lui
demandèrent : « Alors qu’en est-il ? Es-tu le prophète Élie ?
» Il répondit : « Je ne le suis pas. – Es-tu le Prophète
annoncé ? » Il répondit : « Non. »Alors ils lui dirent : «
Qui es-tu ? Il faut que nous donnions une réponse à ceux qui
nous ont envoyés. Que dis-tu sur toi-même ? » Il répondit : «
Je suis la voix de celui qui crie dans le désert : Redressez
le chemin du Seigneur, comme a dit le prophète Isaïe. »Or,
ils avaient été envoyés de la part des pharisiens. Ils lui
posèrent encore cette question : « Pourquoi donc baptises-tu,
si tu n’es ni le Christ, ni Élie, ni le Prophète ? »
Jean leur répondit : « Moi, je baptise dans l’eau. Mais au
milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas ;
c’est lui qui vient derrière moi, et je ne suis pas digne de
délier la courroie de sa sandale. »
Cela s’est passé à Béthanie, de l’autre côté du Jourdain, à
l’endroit où Jean baptisait. (Jn 1,19-28)
Il arrive souvent qu’on ait tellement de soucis qu’on ne sache
plus par où commencer.
Un problème s’ajoute à un problème, et d’autres encore. Quand
on y pense, tout se bouscule dans notre tête. On est
démoralisé. On comprend qu’on est peut-être en train de trop
s’inquiéter. Tout n’est pas si grave. Beaucoup de chose
peuvent s’arranger.
Mais c’est plus fort que soi : on est inquiet.
Un jour, le Père Sopocko avait tellement de
soucis qu’il a demandé à Sœur Faustine de
prier pour lui. Il ne l’avait jamais fait,
mais ce jour-là, cela allait vraiment trop
mal.
Il écrit dans ses mémoires : « Mes difficultés
ont atteint leur point culminant en janvier
1936. Je n’en avais parlé à personne, sauf au jour critique
quand j’ai demandé à Sœur Faustine de prier. »
Sœur Faustine raconte dans son Journal comment les choses se
sont passées pour elle :
« A un certain moment, un prêtre me demande de prier à son
intention. Je ressentis dans mon âme une inclination à céder
en ce jour toutes les grâces que la Bonté divine me destinait
au profit de ce prêtre. »
Elle demande aussi au Seigneur que toutes les souffrances de
ce prêtre (l’abbé Sopocko, en fait) viennent sur elle.
C’est ce qui se passe : mais d’abord elle ne comprend pas.
Tout le monde se met à lui faire des reproches injustes. On
dit à son sujet tout et son contraire. Elle se sent envahie de
découragement. Elle ressent, explique-t-elle, de l’aversion
pour ses sœurs.
Elle voudrait prier mais elle n’y arrive pas parce que les
soucis se bousculent dans sa tête.
Finalement, elle va à la chapelle et elle se met à pleurer.
Comme souvent, elle reçoit alors une parole du Seigneur
Jésus : « Ma fille, pourquoi pleures-tu, c’est toi-même qui
t’es offerte à ces souffrances ? ». PJ 596
Aussitôt après, la joie revient dans son âme. De son côté,
parallèlement, l’abbé Sopocko voit ses difficultés s’évanouir
« comme dans un rêve ».
Il avait eu l’idée qu’il fallait. Il avait demandé à Sœur
Faustine de prier pour lui. C’était une simple religieuse qui
faisait le jardin et gardait la porte du couvent. Il était
persuadé que le Seigneur lui avait confié, à elle, une grande
mission, mais tout le monde n’était pas d’accord et c’était la
source principale de ses ennuis.
Nous remarquons que, quand le Père Sopocko demande à Sœur
Faustine de prier, elle fait mieux que cela. Elle fait comme
Jésus : elle prend sur elle ses souffrances.
Elle et lui sont deux personnes dont l’Église a depuis reconnu
la sainteté. Leurs souffrances étaient des épreuves. Elles ne
venaient pas du fait qu’ils avaient commis des fautes ou des
erreurs. Elles étaient pourtant un véritable problème. Le Père
Sopocko était très triste et tenté de se décourager. Quand
Sœur Faustine commence à ressentir les souffrances intérieures
qui sont les siennes, elle est surprise de les découvrir si
profondes.
Cette histoire est intéressante parce qu’elle montre bien la
puissance de la prière. Elle montre aussi ce que c’est que le
combat spirituel.
Le Père Sopocko était un homme d’un grand courage et d’une
profonde foi, pourtant le trouble s’était emparé de lui.
Je rencontre assez souvent les gens qui me disent : J’ai trop
de problèmes, ce n’est pas possible, il y a quelque chose de
maléfique qui pèse sur moi.
Parfois, on ajoute : « Qu’est-ce-que vous en pensez ? »
Dans certains cas, on m’explique que, de fait, des personnes
ont commis le péché de sorcellerie.
Si la personne qui me parle est celle qui a commis ce péché,
elle doit s’en repentir et demander l’absolution de ses
fautes.
Si elle est simplement victime de telles pratiques, ou si elle
a peur de l’être, elle fait bien de demander qu’on prie pour
elle.
On fait toujours bien de demander des prières.
Parfois, pourtant, on se trompe un peu de combat. On oublie
que le combat spirituel c’est d’abord le combat contre les
tentations. C’est le combat contre le découragement, c’est le
combat pour que la Foi, l’Espérance et l’Amour deviennent plus
profonds en nous.
Que notre foi devienne plus pure, notre espérance plus grande,
notre amour plus intense et plus désintéressé.
Le Père Sopocko était un saint prêtre et jamais il n’avait été
le complice d’aucun maléfice, mais il était si durement et si
injustement critiqué qu’il était tenté de se décourager et
d’en vouloir à ceux qui le critiquaient. Son combat spirituel
était là.
Le combat spirituel n’est pas la même chose que les efforts
que nous avons à faire pour être en bonne santé physique et
psychologique. Il est la lutte contre des tentations et pour
un progrès d’ordre spirituel.
Les deux peuvent aller ensemble. Par exemple, un état
dépressif peut être la cause de grandes tentations contre
l’espérance. Pourtant, ce n’est pas la même chose. La preuve
en est que quand nous sommes physiquement et psychologiquement
en bonne santé, le combat spirituel continue. Les tentations
ne sont plus les mêmes que dans nos jours de fatigue : elles
sont celles de l’orgueil, de l’égoïsme, du manque de
compassion, de la présomption, c’est-à-dire de la fausse
confiance en soi, etc.
J’ajoute encore une chose, importante. L’objectif du combat
spirituel c’est la sainteté. Autrement dit notre
transformation spirituelle par la grâce du Saint-Esprit.
Dans l’évangile que nous venons d’entendre, on
voit Jean Baptiste qui dit : « Je ne suis pas
le Christ ». Moi je baptise « dans l’eau ». Le
lendemain, il désigne Jésus et il explique la
parole intérieure qu’il a reçue : « Celui sur
qui tu verras l’Esprit descendre et demeurer,
celui-là baptise dans l’Esprit-Saint. » Le
Messie, c’est Celui qui a reçu l’onction de l’Esprit-Saint. Et
le Messie baptise dans l’Esprit-Saint. Il donne alors – il
nous donne – l’onction de l’Esprit-Saint. Saint Jean parlait
ère
de cette onction dans la 1
lecture.
Ce que saint Jean exprimait avec la belle image biblique d’une
« onction », la théologie classique le formulait en parlant de
« grâce sanctifiante ». La grâce c’est le don de Dieu. La
grâce sanctifiante, c’est celle qui nous rend saints comme il
est saint : c’est la vie divine en nous. Il y a d’autres
grâces, par exemple celles que nous recevons pour le service
d’autrui. On parle alors de « charismes », de « grâce
d’état », ou encore de « grâce actuelle ».
La grâce sanctifiante, c’est la vie de Dieu en nous. C’est son
amour. Elle n’est possible que parce que l’Esprit-Saint est
présent pour nous sanctifier. Il assouplit ce qui est raide,
comme une onction d’huile. Il rend droit ce qui est faussé.
Pur et simple, ce qui est impur et tortueux.
Peut-être avez-vous étudié cela depuis
longtemps, ou peut-être n’en avez-vous pas
beaucoup entendu parler.
Il est illogique et regrettable de parler plus
souvent du Diable que de l’Esprit Saint. Il y
a là une grave erreur de perspective.
Venir voir le prêtre pour lui demander d’être
délivré de l’influence de mauvais esprits, mais
chercher à progresser dans la vie spirituelle, c’est
chose d’absurde. C’est comme si l’on disait à Dieu : «
plaît, délivre-moi de tous ces mauvais esprits ; mais
moi tranquille avec ton Esprit-Saint. Il ne m’intéresse
Une telle prière est plus une insulte qu’une prière.
ne pas
quelque
S’il te
laissepas. »
Sans amour sincère de Dieu, donc sans désir sincère de la
sainteté, on peut bien convoquer tous les exorcistes du monde.
S’ils arrivent à chasser les démons, ils seront vite de
retour ! Dans notre cœur, aussi longtemps qu’il n’est pas
habité par l’amour de Dieu, pour eux, la place reste libre !
Dans
le
combat
spirituel,
ce
qui
est
particulièrement
important, c’est ce qu’on appelle « la garde du cœur » : que
son cœur soit à Dieu. Si notre cœur est incertain, si nous
nous laissons aller à ne plus trop savoir qui nous voulons
aimer, nous sommes déjà entrés dans la tentation. Il se
pourrait bien que nous ayons déjà perdu la bataille. Il ne
sert à rien de protéger sa maison en y faisant brûler de
l’encens, si nous ne protégeons pas notre demeure la plus
intime – le fond de notre cœur – en y gardant allumée la lampe
de la prière.
Je conclus.
Le Saint-Esprit n’est pas seulement notre allié dans le combat
spirituel. Il est ce que nous cherchons à atteindre. Il est la
sainteté même. Il n’est pas un moyen. Il n’est pas seulement
une aide. Il est le but. Il est ce « Don » sans prix que nous
demandons comme un cadeau.
Tout à fait à la fin de son journal, sainte Faustine nous
explique comment elle se prépare à la sainte Communion. Dans
le tout dernier paragraphe, elle dit comment cela se passe
quand l’Esprit Saint s’est emparé d’elle :
« Mon âme s’enflamme de Son amour. Je sais seulement que
j’aime et que je suis aimée. Cela me suffit. Pendant la
journée je tâche d’être fidèle à l’Esprit Saint et de répondre
à Ses exigences. Je cherche le silence intérieur pour pouvoir
entendre Sa voix … » PJ 1828
Père Jean-Loup LACROIX