Un été en paroisse,Rentrée des catéchismes le mardi 9
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Un été en paroisse,Rentrée des catéchismes le mardi 9
Père Paul Roumanet (14 janvier 1936 – 26 janvier 2015) Nous apprenons avec grande émotion le décès accidentel du Père Paul Roumanet, notre ancien curé. (Obsèques samedi prochain 31 janvier à 14h30 à Aubenas. Messe à son intention dimanche 1er février à 11h00 à Saint-Sulpice.) Né le 14 janvier 1936 à Aubenas (Ardèche), Paul ROUMANET a eu le malheur de perdre son père à l’âge de 8 ans, en 1944. Il pense très tôt au sacerdoce et il suit le parcours classique : petit-séminaire puis grandséminaire, de 1948 à 1960. Il est ordonné prêtre le 2 avril 1960. Il devient aussitôt sulpicien. Après sa théologie à Rome et à Paris, il est envoyé au grand-séminaire de Koumi (Burkina-Faso) où il enseigne notamment les Sciences sociales. En 1968, alors qu’il n’a que 32 ans, il est nommé supérieur du grandséminaire Saint-Gall, au Bénin, dont il sera le dernier supérieur venu d’Europe. De 1982 à 1992, il est supérieur du grand-séminaire de Marseille. De 1992 à 2008, pendant un total de 16 années, il est curé de Saint-Sulpice. Il a été Doyen de Rennes-Luxembourg, chapelain de Saint-Joseph des Carmes et membre du Conseil provincial de la Province de France des Prêtres de Saint-Sulpice. Il est décédé ce lundi 26 janvier 2015, à la suite d’un accident de voiture. Le Père Roumanet a laissé un grand souvenir en Afrique, mais surtout à la paroisse Saint-Sulpice. Tous soulignent son attention aux personnes. À l’annonce de son décès un prêtre ami nous dit : « Il était accueillant. Je le voyais pasteur avec toutes sortes de gens. » Il a su accueillir et soutenir dès le début les fondateurs de l’Association « Pour la Miséricorde divine » en prévoyant que les veillées de prière qu’ils organisaient prendraient très vite une grande importance. On savait que quiconque était dans la détresse pouvait se tourner vers lui. Il confessait beaucoup et il a longtemps participé à la formation des jeunes prêtres au ministère de la confession. Il expliquait : « Les gens viennent. Ils se mettent humblement à genoux pour dire leurs péchés. Parfois, pourtant, en les écoutant, c’est vous qui avez envie de vous mettre à genoux devant eux. » Il avait son caractère et il ne fallait pas trop espérer lui forcer la main. Il disait un jour en souriant : « Je ne suis pas très facile à culpabiliser. » De retour dans son diocèse de Viviers, il avait été nommé Délégué diocésain à la Vie consacrée. Il avait une grande estime de la vocation des religieux et religieuses. Il est mort, trop tôt et trop vite, en cette année de la Vie consacrée, à quelques jours de la fête de la Présentation. Il aura été prêtre près de 55 années. Décès accidentel du Père Paul Roumanet Mardi, 10h00. Un appel téléphonique de l’évêché de Viviers, nous apprend le décès accidentel hier soir du Père Paul ROUMANET, curé de Saint-Sulpice pendant 16 années, de 1992 à 2008. Il a été transporté conscient à l’hôpital vers 18h, mais est décédé des suites de ses blessures vers 21h30. A ce stade, nous prévoyons que les funérailles auront lieu à Aubenas samedi en début d’après-midi. Manille et Tacloban Le Père Matthieu Dauchez Messe sous les intempéries Les larmes de Tacloban 6 ou 7 millions de personnes La foule de Manille « Pourquoi des enfants souffrent tant? » Avec les enfants des rues L’entretien avec les journalistes L’idée m’est venue de chercher des documents sur le voyage du Pape aux Philippines. C’est un événement très considérable. J’ai trouvé sur le site du Vatican la transcription exacte de l’entretien avec les journalistes dans l’avion du retour. Le plus souvent nous ne lisons que de courts extraits, qui ne donnent qu’une très faible idée de la force mais aussi l’humilité des propos du Pape. Voici la fin de l’entretien. Le Pape répond à la question d’une journaliste espagnole. Père Jean-Loup Lacroix NB. Il faut se rappeler que la région de Tacloban est celle qui a été dévastée par le typhon Haiyan, le plus meurtrier de toute l’histoire des Philippines (8 novembre 2013, plus de 10 000 morts). Quand le Pape s’y est rendu la semaine dernière, de nouvelles intempéries déferlaient, au point qu’une jeune volontaire, Krystel, a été tuée par la chute d’une structure métallique et que l’avion transportant les membres du gouvernement a été accidenté. Elisabetta Piqué : Cela a été un voyage émouvant pour tout le monde : nous avons vu pleurer toute la durée du séjour à Tacloban ; nous-mêmes journalistes, nous avons pleuré ; vous avez vous-même dit hier que le monde avait besoin de pleurer. Tout a été très intense. Nous voulions vous demander quel a été pour vous le moment le plus fort : la messe à Tacloban et puis hier lorsque cette enfant s’est mise à pleurer… La deuxième question est la suivante : hier, vous êtes entré dans les annales de l’histoire, en dépassant le record de Jean-Paul II au même endroit : six à sept millions de personnes étaient présentes. Comment vivez-vous donc le fait d’être entré dans l’histoire comme étant le Pape ayant célébré la messe accueillant le plus grand nombre de personnes de tous les temps ? Messe sous les intempéries Pape François : Le moment le plus fort. Celui de Tacloban, la messe, cela a été très fort pour moi, très fort : voir tout le peuple de Dieu, immobile là, en train de prier, après cette catastrophe, le fait de penser à mes péchés et à ces gens… C’était fort, ce fut un moment très fort. Au moment de la messe là-bas, je me suis senti comme anéanti, la voix me manquait presque. Je ne sais pas ce qui m’a pris, peut-être l’émotion, je ne sais pas. C’est une sorte d’anéantissement. Et puis parmi les moments forts, il y a eu les gestes, chaque geste. Lorsque je passais et qu’un papa faisait ce geste [celui de porter un enfant jusqu’à lui], je donnais la bénédiction, et lui me remerciait, pour eux une bénédiction suffisait. J’ai pensé : et moi qui ai tant d’exigences, qui veux ceci, qui veux cela… Cela m’a fait du bien ! Des moments forts. Même après que j’ai su qu’à Tacloban nous avons atterri avec un vent de 70 kilomètres heure, j’ai pris au sérieux l’avis qui nous encourageait à partir à 13 heures au plus tard parce que c’était dangereux. Mais je n’ai pas eu peur. En ce qui concerne le grand nombre de participants, je me suis senti tellement anéanti. C’était le peuple de Dieu et le Seigneur était là. C’est la joie de la présence de Dieu qui nous dit : souvenez-vous bien que vous êtes les serviteurs de ces personnes… Ce sont eux les protagonistes… « Pourquoi des enfants souffrent tant? » Et puis il y a ces pleurs. L’une des choses qui se perdent lorsqu’il y a trop de bien-être, ou que les valeurs ne sont pas bien comprises, ou encore lorsque nous sommes habitués à l’injustice, à cette culture du rejet, est la capacité à pleurer. C’est une grâce que nous devons demander. Il y a une belle prière dans le missel ancien, pour pleurer. Celle-ci disait, plus ou moins : « O Seigneur, toi qui as fait que Moïse avec son bâton fasse jaillir l’eau du rocher, fais que du rocher de mon cœur jaillisse l’eau des pleurs ». C’est une très belle prière ! Nous chrétiens devons demander la grâce sur les fait de réalités de pleurer, surtout les chrétiens nantis, et pleurer injustices et pleurer sur les péchés. Parce que le pleurer nous permet de comprendre de nouvelles ou de nouvelles dimensions de la réalité. C’est ce qu’a dit la fillette, et c’est aussi ce que je lui ai dit. Elle a été la seule à poser cette question à laquelle on ne peut répondre : « Pourquoi les enfants souffrent-ils ? ». Le grand Dostoïevski se la posait, et il n’est pas parvenu à répondre : pourquoi les enfants souffrent-ils ? Elle, avec ses larmes, une femme qui pleurait… Il y a autre chose que je veux souligner ici : ce que j’ai dit au dernier jeune garçon [lors de la rencontre avec les jeunes], qui travaille vraiment bien, donne, organise, aide les pauvres. Mais n’oublie pas — lui ai-je dit — que nous aussi devons être des mendiants vis-à-vis d’eux, parce que les pauvres nous évangélisent. Si nous enlevons les pauvres de l’Évangile, nous ne pouvons pas comprendre le message de Jésus. Les pauvres nous évangélisent. « Je vais évangéliser les pauvres ». Oui, mais laisse-toi évangéliser par eux !, car ils ont des valeurs que tu n’as pas. (Vol de retour, 19 janvier 2015) Une vidéo : Découvrez l’association, ANAK-Tnk, « un pont pour les enfants », portée par un français, le père Matthieu Dauchez, à laquelle le Pape François a rendu une visite surprise. Rome, 18 janvier 2015 (Zenit.org) Les larmes de la jeune Glyzelle Palomar, 12 ans, ont inspiré le discours du pape François aux jeunes de Philippines ce dimanche 18 janvier, sur le campus de l’université Saint-Thomas de Manille, devant 30 000 jeunes, sous la pluie : « Si vous n’apprenez pas à pleurer vous ne serez pas de bons chrétiens.” Concert hommage aux victimes des attentats Vendredi 23 à 20h30 : Un Concert à Saint-Sulpice pour les victimes des attentats Dirigés par Hugues REINER, près de 300 artistes joueront bénévolement le Requiem de MOZART comme un hommage aux victimes des attentats. La paroisse Saint-Sulpice soutient ce concert en mettant son église à la disposition des organisateurs. Entrée libre. Participation aux frais. Comment Sulpice devint évêque Notre paroisse a pour patron un évêque des temps mérovingiens, saint Sulpice (570-647). Voici un extrait de la plus ancienne de ses vies par un auteur contemporain anonyme. On en appréciera le style particulièrement savoureux. « Il advint que le pieux évêque Austrégésile, migra vers le Seigneur par une mort admirable. Tout le peuple chrétien se réunit alors pour élire un nouvel évêque. Mais comme cela arrive parfois en ces circonstances, il y eu de côtés et d’autres des prises de position. Une part de gens déraisonnables, clients de la faveur humaine, influença l’opinion de certains des Premiers citoyens. Un Préfet urbain, faible et ambitieux, grâce à de fortes sommes en or et en argent, fit prévaloir leur avis auprès du Roi. Telle était la pratique de cette secte néfaste et sacrilège des simoniaques qui fait échec à la Grâce céleste en dépit des lois humaines et divines. Les nôtres à qui le Seigneur a dit : « Ne crains pas, petit troupeau, car il a plu à votre Père de vous donner le Royaume » implorèrent le Christ Immortel et Dieu Parfait pour que le Saint Homme Sulpice devienne évêque. Ils envoyèrent aussi au Roi une modeste délégation avec une brève requête. Ce roi (Théodoric), comme il arrive la plupart du temps, était infecté du venin de la cupidité ; il avait l’esprit tourné vers la recherche des gros bénéfices. Mais sa femme lui en faisait le reproche, car elle brûlait d’amour de Dieu. Elle lui dit fortement que, après tant et de telles actions saintes, il était juste et digne de désigner Sulpice pour le siège épiscopal de Bourges. Son mérite, ses miracles signalés, sa grâce éminente le désignaient pour une telle dignité. En outre, cette femme admirable rappela au souvenir de son mari par quels labeurs et quelle prière, peu de temps auparavant, cet homme l’avait tiré du précipice de la mort. Finalement, par la bienveillance divine, le Roi se décida pour le meilleur choix. Refoulant le poison de la cupidité, méprisant les mauvais conseils, il donna bientôt l’ordre d’accomplir ce qui était voulu par la Providence divine. Ainsi, grâce à Dieu, le siège du plus important évêché, celui de l’Aquitaine Première, fut pourvu, avec le secours de la Volonté de Dieu. Quant à la population divisée, partagée en options contraires, un rapide retournement rétablit son unanimité. (Texte latin dans : Acta Sanctorum Ianuarii 2, Parisiis, apud Victor Palmé, via dicta Saint-Sulpice, M.DCCCC.LXIII. Traduction dans : Jean SOULCIÉ, Saint Sulpice le Bon, Bourges 2004.) « Tout est pardonné » J’attendais un sursaut. Je redoutais le pire et j’espérais le meilleur. (Tous Frères du 4 janvier). Comme tout le monde, j’ai pourtant été stupéfait. D’abord, l’attentat. Ma réaction : On ne va pas vivre dans la peur. Zut ! Puis la découverte que mon sentiment était très largement répandu. Puis la fierté de ce 11 janvier. Mais une chose me préoccupait. Dans ce que j’entendais, Dieu lui-même était traité sans respect. Pour être « Charlie », il ne suffisait pas d’être prêt à trouver son curé grotesque (ça lui arrive !). Il fallait revendiquer haut et fort le droit au blasphème. J’avais appris : « Vous commencerez par le respect » (Maurice Bellet). Il m’avait semblé que la notion de dignité humaine était un point de convergence entre la tradition chrétienne et celle de la Philosophie des Lumières. Je pensais et je pense toujours que c’est la même exigence qui nous fait respecter la nature, l’humanité et Dieu lui-même. Je pensais et je pense toujours que le sens de l’honneur que l’on trouve chez Corneille, chez Péguy ou chez Bernanos n’aura jamais rien d’obsolète. J’en voulais pour preuve la résurgence d’une vieille notion : « rendre hommage ». Et voilà qu’on nous expliquait soudain que rien ne serait plus respectable que l’irrespect. Je lisais Cabu quand j’avais 15 ans. Je partage le chagrin de tous ceux qui ont le sentiment d’avoir perdu de très vieux amis. Mais devons-nous, comme religieux, dissimuler cet autre chagrin, très intime, qui vient pour nous de l’injure adressée à Dieu ? Pour un athée, il est logique de penser que ses imprécations contre Lui tombent dans le vide. Pourtant, quelle erreur ! Pardonnez-moi : les apparitions de Paray-le-Monial sont pour moi une référence. C’est le Christ qui parle. Il tend la main vers sa poitrine : « Voilà ce Cœur qui a tant aimé les hommes. Et pour reconnaissance, je ne reçois de la plupart qu’ingratitude. » Jacopone da Todi, un poète franciscain du 13 e siècle avait cette formule : « L’Amour n’est pas aimé. » Il disait cela comme quelque chose de très bouleversant. Comment faire comprendre, que le Christ, compte vraiment pour nous ? Comme un être aimé. L’Unique. Et comment ne pas admettre qu’il en est de même pour les musulmans à l’égard de Mahomet ? En voyant, consterné, certaines « unes » qui étaient des représentations très ignobles du Christ en Croix, il me revenait les paroles de saint Pierre : « C’est pour nous que le Christ a souffert. Insulté, il ne rendait pas l’insulte, dans la souffrance, il ne menaçait pas. Mais il s’abandonnait à Celui qui juge avec justice. » (1 Pierre 2, 21-23.) La conclusion était claire : ne pas rendre le mal pour le mal. J’en étais là quand j’ai vu ce titre : « Tout est pardonné ». Luz dit qu’il a écrit cela sans trop y croire. Pourtant, il l’a fait. J’en conclus qu’il ne faut désespérer de rien ni de personne. Père Jean-Loup Lacroix Illustration : Georges ROUAULT, « Christ moqué par des soldats » 1932, Museum of Modern Art, New-York. Parlons aujourd’hui de la foi Évangile de Jésus Christ selon saint Marc (1, 7-11) En ce temps-là, Jean le Baptiste proclamait : « Voici venir derrière moi celui qui est plus fort que moi ; je ne suis pas digne de m’abaisser pour défaire la courroie de ses sandales. Moi, je vous ai baptisés avec de l’eau ; lui vous baptisera dans l’Esprit Saint. » En ces jours-là, Jésus vint de Nazareth, ville de Galilée, et il fut baptisé par Jean dans le Jourdain. Et aussitôt, en remontant de l’eau, il vit les cieux se déchirer et l’Esprit descendre sur lui comme une colombe. Il y eut une voix venant des cieux : « Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie. » Frères et sœurs, Parlons aujourd’hui de la foi, de notre foi de baptisés. Lors du baptême de Jésus, prélude au déchirement du voile du temple au moment de son agonie, le ciel s’est ouvert : Dieu s’est manifesté dans sa Trinité, et surtout il a fait retentir à nos oreilles, ce que les anges nous ont annoncé lors de la nativité, ce que les animaux de la crèche, et les rois venus d’Orient ont reconnu et révéré : Jésus est le Fils de Dieu. Parlons de la foi car nous appartenons à l’univers issu de ce déchirement, celui sur qui s’est répandu l’eau baptismale, le sang de l’Agneau et l’Esprit. Oui, parlons de notre foi, car le Baptême de Jésus nous remémore le nôtre, jour de la proclamation officielle de notre adhésion à Jésus. Parlons de la foi, car il nous arrive aujourd’hui de voir se développer l’idée perverse que la foi n’est importante que dans la mesure où il ne faut rien faire, dans la mesure où mise en quarantaine dans la forteresse du strictement privée, elle devient indigne d’impacter sur la vie. Parlons-en parce que de difficiles épreuves de la vie nous lacèrent ; parce que nous voyons avec étonnement des humains qui commettent des actes ô combien vils soi-disant au nom de Dieu ; mais surtout, parce qu’aujourd’hui saint Jean nous dit que la victoire remportée sur le monde, c’est notre foi. Faisons de l’extrait de l’épitre de saint Jean, la trame de notre méditation. Il y est question entre autres du monde. De quoi s’agit-il ? Le monde selon lui est ce qui se détourne de Dieu ; ce qui sait mettre en œuvre arguments et artifices pour charmer et soustraire du règne de Dieu. Le père Varillon dit que le monde peut déployer une telle force, une telle séduction qui tout en nous maintenant dans la croyance, nous détourne sa source vitale : le faible enfant de la mangeoire, le jeune homme crucifié, parfait symbole de l’amour. Interprétant le même extrait de la première épitre de Saint Jean que nous avons lu aujourd’hui, Saint Augustin invoque la foi des démons pour nous aider à distinguer entre la vraie foi et la foi du monde. Souvenons-nous, frères et sœurs, que Jésus interrogea un jour ses apôtres sur l’identité que l’opinion commune lui attribuait. Puis il les demanda qu’eux-mêmes disent ce qu’ils pensaient de sa personne. Il reçut alors la réponse magistrale de saint Pierre, écho de la voix venant déjà du ciel lors du baptême, mais cette fois-ci émanant de la terre : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu Vivant ! ». Souvenons-nous, frères et sœurs, de la louange qui suivit cette confession de foi : « Ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux (…) Tu es pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église, et la puissance de la mort n’aura pas de force contre elle ». Nous comprenons dès lors pourquoi saint Jean inaugure son épître en s’exclamant que : « Celui qui proclame que Jésus est le Christ, est né de Dieu » car un tel aveu est une appropriation, une adhésion à la voix divine entendue lors du baptême de Jésus. Une telle affirmation est déjà gage de la victoire sur le monde, le monde qui tente de faire de la puissance de la mort son argument de dissuasion. Mais revenons à cette fameuse foi des démons. Eux aussi croient et tremblent devant Jésus. « Nous savons qui tu es : le Fils de Dieu », disent-ils ! Pour quelle raison leur confession, juste dans l’énonciation, est-elle différente de la proclamation de Pierre ? Pourquoi ne suscite-elle aucune louange de la part du Seigneur ? C’est parce qu’auparavant les démons se sont ainsi exclamés : « Pourquoi es-tu venu nous perdre avant le temps marqué ? » Dès lors, comme le dit saint Augustin, la différence est évidente : les démons veulent se détacher, éloigner de Jésus, tandis que Pierre se rattache à lui. La foi de Pierre est la foi qui aime ; la foi des démons, la foi du « monde » est la foi qui n’aime pas. Saint Jean nous a dit dans la même épitre, quelques chapitres plus haut que celui qui dit qu’il aime Dieu, sans aimer ses frères est un menteur. Saint Augustin inverse la formulation pour mieux nous la faire assimiler : comment peut-on dire qu’on aime Dieu qu’on ne voie pas, alors qu’on aime pas son frère qu’on voit ? Permettez frères et sœurs que nous achevions notre méditation en essayant de comprendre davantage cette exigence de la foi. Aujourd’hui saint Jean pose et répond a une interrogation : comment savoir que nous aimons les enfants de Dieu : c’est en aimant Dieu et en accomplissant ses commandements. « Garder, accomplir » ce sont des verbes d’actions. Ils sont employés au présent, un présent de continuité, d’éternité. Oui, frères et sœurs, la foi, l’amour qui caractérise la foi n’est ni un simple sentiment, ni de belles paroles. Ils sont à vivre à déployez dans les épreuves de la vie. Arrêtons-nous sur le mot commandement. Il rime avec obéissance, une vertu répulsive aux yeux du monde, du monde qui ne comprend pas. Il existe d’ordinaire deux raisons d’obéir à un commandement. La première est la peur : la crainte d’être sanctionné. La seconde est le désir d’être récompensé : nous accomplissons car nous pensons qu’au bout il y a une récompense, il y a un prix. Voici comment le prophète Isaïe nous rapporte la logique de Dieu : « Vous tous qui avez soif, venez, voici de l’eau ! Même si vous n’avez pas d’argent, venez acheter et consommer, venez acheter du vin et du lait sans argent, sans rien payer. » Parce que Dieu agit envers nous gratuitement, en signe d’amour, notre réponse d’amour devrait refléter le même élan. Frères et sœurs, Le monde ne peut pas avoir le dernier mot et nous sommes appelés à faire résonner encore aujourd’hui le message en provenance du ciel qui s’est définitivement déchiré et rapproché. Nous en sommes des hérauts. Implorons le Seigneur d’affermir notre foi, notre espérance, notre charité, pour que nous ne cessions de bâtir, par la foi, la civilisation de l’amour que Jésus a instauré, maintenant et pour les siècles des siècles. (Père Judicaël BOUKANGA, Homélie de la messe du 11 janvier 2015) Baptême du Christ Le leader d’un mouvement religieux appelle les foules à la conversion. Il organise des bains rituels pour que les gens puissent exprimer leur désir d’une purification morale et spirituelle. Arrive son cousin. Lui aussi veut participer au rite. Il retire ses vêtements et il entre dans l’eau. Vous avez reconnu l’épisode du baptême de Jésus. L’événement semblerait de peu d’importance. Les évangélistes le rapportent cependant comme quelque chose de prodigieux : une révélation du Dieu Trinité. Quand Jésus descend dans l’eau, la voix de Dieu se fait entendre : « Celui-ci est mon Fils. » Et l’Esprit-Saint est là, entre Ciel et Eau, comme une colombe. Au fil des siècles, d’innombrables artistes ont représenté la scène. Les maîtres verriers du Moyen Age et les peintres des icônes de l’Orient le font de manière étonnante : Jésus ne descend pas dans la surface plane d’un fleuve, c’est une sorte de vague qui jaillit et qui l’entoure. Tout s’éclaire si l’on est familier de la prière des Psaumes : « Les eaux, en te voyant, Seigneur, les eaux, en te voyant, tremblèrent » (Ps 76). Ou encore : « Quand Israël sortit d’Égypte, (…) la mer voit et s’enfuit, le Jourdain retourne en arrière » (Ps 113). Essayons de résumer. Pour l’homme de la Bible, la mer est maléfique. Quand Dieu apparaît, elle recule. Quand le Sauveur apparaît, c’est mieux encore : l’eau qui tuait revient sur lui, vivifiante et amicale. Jésus sera celui qui commandera à la mer pour apaiser sa tempête et qui baptisera dans l’EspritSaint. Dans le baptistère de Saint-Sulpice, le bas-relief de Boizot se rattache à une tradition plus réaliste. Des palmiers sont là pour la couleur locale. On aperçoit Dieu le Père au milieu des nuées, sous les traits d’un vieillard. L’ensemble est sauvé par la puissance de la composition. Jésus s’incline humblement mais c’est un géant. On est saisi. Tous les artistes l’ont compris : le Christ, au jour de son baptême est l’exemple même de la beauté. La tradition chrétienne leur donne raison. Le baptême du Christ fut une « épiphanie » divine, c’est-à-dire une manifestation de la gloire divine dans la beauté de cet « homme parfait » que fut Jésus, Dieu fait homme. Les textes des Pères de l’Église qu’on lisait toute cette semaine dans la Liturgie des Heures soulignent à l’envie le parallèle que l’on peut faire entre la fête de l’Épiphanie et celle du Baptême. Exemple : « La fête précédente nous montrait un pauvre nourrisson qui manifestait notre pauvreté. La fête d’aujourd’hui nous le fait voir dans sa perfection, elle nous suggère qu’il est l’Être parfait, issu de l’Être parfait. Alors, pour les Mages, le roi était revêtu de la pourpre de son corps. Aujourd’hui, au Baptême, celui qui est la Source, est enveloppé par l’eau du fleuve » (Office des Lectures du mardi après l’Épiphanie). On dira que c’est de la poésie. En effet. C’est magnifique et profond. Il me semble que si l’on n’est pas sensible à ce qui est beau, on ne comprendra jamais rien à l’histoire du baptême du Christ. Des gens venaient se purifier de la souillure de leurs méfaits. Ils n’étaient sans doute pas très beaux à voir. Jésus qui est la beauté et la sainteté même vient se plonger dans le fleuve au milieu d’eux. Il inaugurait ainsi ce qui devait être son œuvre : la Rédemption. Sa beauté est celle d’une perfection. Plus profondément, c’est celle de la Miséricorde. Père Jean-Loup Lacroix 2015 Que sera donc cette année ? Les raisons d’en attendre le pire ne manquent pas. Inutile d’en dresser la liste. L’idée se répand pourtant que 2015 pourrait être l’amorce d’un renouveau. Plus nombreux que naguère sont ceux qui ne veulent plus attendre d’être portés par une conjoncture favorable pour prendre des initiatives porteuses d’avenir. Comme chrétiens, nous ne pouvons que souscrire à cette façon de voir. Jésus n’a pas attendu que les autorités de Jérusalem soient prêtes à l’approuver pour proclamer les Béatitudes. Les trois premiers siècles de la vie de l’Église la virent se développer malgré les persécutions, mais aussi malgré ce « mal de vivre » (tædium vitæ) si répandu alors. Comme catholiques, nous savons que 2015 sera l’année du Synode sur la famille. Il a connu sa première session en octobre dernier. Il connaîtra la seconde du 4 au 25 octobre prochain. L’enjeu est tout à fait considérable. Un enjeu d’humanité, d’abord. C’est trop évident. Là où les familles sont éclatées, les enfants grandissent sans cette sécurité affective qui permet leur bonheur et les prépare à affronter la vie sur une base de confiance. Un enjeu religieux, aussi. Le mariage indissoluble des baptisés est l’un des sept sacrements de la Nouvelle Alliance. C’est dire qu’il est un signe de grâce et un avant-goût du Paradis promis. Le pape François veut que l’on cherche à la fois comment promouvoir la vision chrétienne de la famille et comment avoir une attitude juste à l’égard des baptisés dont la situation matrimoniale ne correspond pas à l’exigence formulée par Jésus : « Que l’homme ne sépare pas ce que Dieu a uni. » Cette année 2015, le débat va donc se poursuivre sur la façon de tenir ensemble ces deux exigences. Les trois semaines de la réunion des évêques seront décisives, mais il est tout à fait nécessaire qu’elles soient préparées par de longs mois de réflexion et de prière. Si l’Église modifie aussi peu que ce soit les règles pour l’accès au sacrement de pénitence et à la communion, cela sera perçu avec raison comme un changement très considérable. Sur une pareille question, un tout petit pas serait un très grand pas. L’Église n’a pas à choisir entre exigence et miséricorde. Mon rêve serait que, dans un an, cela soit un peu plus clair pour tout le monde. Bonne année ! Père Jean-Loup Lacroix Je dois subir vendredi prochain une intervention chirurgicale sans gravité. Si tout se passe bien, il suffira ensuite d’une semaine de repos, que je passerai à Paris. Pour cette raison, le « Tous Frères » de dimanche prochain aura été préparé d’avance, avec la reprise d’un texte sur le Baptême du Christ déjà publié il y a quelques années. Merci de votre compréhension et de votre prière. Combat spirituel Homélie du 2 janvier 2015. Messe paroissiale du l er vendredi du mois. Vendredi avant l’Epiphanie Voici le témoignage de Jean le Baptiste, quand les Juifs lui envoyèrent de Jérusalem des prêtres et des lévites pour lui demander : « Qui es-tu ? » Il ne refusa pas de répondre, il déclara ouvertement : « Je ne suis pas le Christ. » Ils lui demandèrent : « Alors qu’en est-il ? Es-tu le prophète Élie ? » Il répondit : « Je ne le suis pas. – Es-tu le Prophète annoncé ? » Il répondit : « Non. »Alors ils lui dirent : « Qui es-tu ? Il faut que nous donnions une réponse à ceux qui nous ont envoyés. Que dis-tu sur toi-même ? » Il répondit : « Je suis la voix de celui qui crie dans le désert : Redressez le chemin du Seigneur, comme a dit le prophète Isaïe. »Or, ils avaient été envoyés de la part des pharisiens. Ils lui posèrent encore cette question : « Pourquoi donc baptises-tu, si tu n’es ni le Christ, ni Élie, ni le Prophète ? » Jean leur répondit : « Moi, je baptise dans l’eau. Mais au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas ; c’est lui qui vient derrière moi, et je ne suis pas digne de délier la courroie de sa sandale. » Cela s’est passé à Béthanie, de l’autre côté du Jourdain, à l’endroit où Jean baptisait. (Jn 1,19-28) Il arrive souvent qu’on ait tellement de soucis qu’on ne sache plus par où commencer. Un problème s’ajoute à un problème, et d’autres encore. Quand on y pense, tout se bouscule dans notre tête. On est démoralisé. On comprend qu’on est peut-être en train de trop s’inquiéter. Tout n’est pas si grave. Beaucoup de chose peuvent s’arranger. Mais c’est plus fort que soi : on est inquiet. Un jour, le Père Sopocko avait tellement de soucis qu’il a demandé à Sœur Faustine de prier pour lui. Il ne l’avait jamais fait, mais ce jour-là, cela allait vraiment trop mal. Il écrit dans ses mémoires : « Mes difficultés ont atteint leur point culminant en janvier 1936. Je n’en avais parlé à personne, sauf au jour critique quand j’ai demandé à Sœur Faustine de prier. » Sœur Faustine raconte dans son Journal comment les choses se sont passées pour elle : « A un certain moment, un prêtre me demande de prier à son intention. Je ressentis dans mon âme une inclination à céder en ce jour toutes les grâces que la Bonté divine me destinait au profit de ce prêtre. » Elle demande aussi au Seigneur que toutes les souffrances de ce prêtre (l’abbé Sopocko, en fait) viennent sur elle. C’est ce qui se passe : mais d’abord elle ne comprend pas. Tout le monde se met à lui faire des reproches injustes. On dit à son sujet tout et son contraire. Elle se sent envahie de découragement. Elle ressent, explique-t-elle, de l’aversion pour ses sœurs. Elle voudrait prier mais elle n’y arrive pas parce que les soucis se bousculent dans sa tête. Finalement, elle va à la chapelle et elle se met à pleurer. Comme souvent, elle reçoit alors une parole du Seigneur Jésus : « Ma fille, pourquoi pleures-tu, c’est toi-même qui t’es offerte à ces souffrances ? ». PJ 596 Aussitôt après, la joie revient dans son âme. De son côté, parallèlement, l’abbé Sopocko voit ses difficultés s’évanouir « comme dans un rêve ». Il avait eu l’idée qu’il fallait. Il avait demandé à Sœur Faustine de prier pour lui. C’était une simple religieuse qui faisait le jardin et gardait la porte du couvent. Il était persuadé que le Seigneur lui avait confié, à elle, une grande mission, mais tout le monde n’était pas d’accord et c’était la source principale de ses ennuis. Nous remarquons que, quand le Père Sopocko demande à Sœur Faustine de prier, elle fait mieux que cela. Elle fait comme Jésus : elle prend sur elle ses souffrances. Elle et lui sont deux personnes dont l’Église a depuis reconnu la sainteté. Leurs souffrances étaient des épreuves. Elles ne venaient pas du fait qu’ils avaient commis des fautes ou des erreurs. Elles étaient pourtant un véritable problème. Le Père Sopocko était très triste et tenté de se décourager. Quand Sœur Faustine commence à ressentir les souffrances intérieures qui sont les siennes, elle est surprise de les découvrir si profondes. Cette histoire est intéressante parce qu’elle montre bien la puissance de la prière. Elle montre aussi ce que c’est que le combat spirituel. Le Père Sopocko était un homme d’un grand courage et d’une profonde foi, pourtant le trouble s’était emparé de lui. Je rencontre assez souvent les gens qui me disent : J’ai trop de problèmes, ce n’est pas possible, il y a quelque chose de maléfique qui pèse sur moi. Parfois, on ajoute : « Qu’est-ce-que vous en pensez ? » Dans certains cas, on m’explique que, de fait, des personnes ont commis le péché de sorcellerie. Si la personne qui me parle est celle qui a commis ce péché, elle doit s’en repentir et demander l’absolution de ses fautes. Si elle est simplement victime de telles pratiques, ou si elle a peur de l’être, elle fait bien de demander qu’on prie pour elle. On fait toujours bien de demander des prières. Parfois, pourtant, on se trompe un peu de combat. On oublie que le combat spirituel c’est d’abord le combat contre les tentations. C’est le combat contre le découragement, c’est le combat pour que la Foi, l’Espérance et l’Amour deviennent plus profonds en nous. Que notre foi devienne plus pure, notre espérance plus grande, notre amour plus intense et plus désintéressé. Le Père Sopocko était un saint prêtre et jamais il n’avait été le complice d’aucun maléfice, mais il était si durement et si injustement critiqué qu’il était tenté de se décourager et d’en vouloir à ceux qui le critiquaient. Son combat spirituel était là. Le combat spirituel n’est pas la même chose que les efforts que nous avons à faire pour être en bonne santé physique et psychologique. Il est la lutte contre des tentations et pour un progrès d’ordre spirituel. Les deux peuvent aller ensemble. Par exemple, un état dépressif peut être la cause de grandes tentations contre l’espérance. Pourtant, ce n’est pas la même chose. La preuve en est que quand nous sommes physiquement et psychologiquement en bonne santé, le combat spirituel continue. Les tentations ne sont plus les mêmes que dans nos jours de fatigue : elles sont celles de l’orgueil, de l’égoïsme, du manque de compassion, de la présomption, c’est-à-dire de la fausse confiance en soi, etc. J’ajoute encore une chose, importante. L’objectif du combat spirituel c’est la sainteté. Autrement dit notre transformation spirituelle par la grâce du Saint-Esprit. Dans l’évangile que nous venons d’entendre, on voit Jean Baptiste qui dit : « Je ne suis pas le Christ ». Moi je baptise « dans l’eau ». Le lendemain, il désigne Jésus et il explique la parole intérieure qu’il a reçue : « Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et demeurer, celui-là baptise dans l’Esprit-Saint. » Le Messie, c’est Celui qui a reçu l’onction de l’Esprit-Saint. Et le Messie baptise dans l’Esprit-Saint. Il donne alors – il nous donne – l’onction de l’Esprit-Saint. Saint Jean parlait ère de cette onction dans la 1 lecture. Ce que saint Jean exprimait avec la belle image biblique d’une « onction », la théologie classique le formulait en parlant de « grâce sanctifiante ». La grâce c’est le don de Dieu. La grâce sanctifiante, c’est celle qui nous rend saints comme il est saint : c’est la vie divine en nous. Il y a d’autres grâces, par exemple celles que nous recevons pour le service d’autrui. On parle alors de « charismes », de « grâce d’état », ou encore de « grâce actuelle ». La grâce sanctifiante, c’est la vie de Dieu en nous. C’est son amour. Elle n’est possible que parce que l’Esprit-Saint est présent pour nous sanctifier. Il assouplit ce qui est raide, comme une onction d’huile. Il rend droit ce qui est faussé. Pur et simple, ce qui est impur et tortueux. Peut-être avez-vous étudié cela depuis longtemps, ou peut-être n’en avez-vous pas beaucoup entendu parler. Il est illogique et regrettable de parler plus souvent du Diable que de l’Esprit Saint. Il y a là une grave erreur de perspective. Venir voir le prêtre pour lui demander d’être délivré de l’influence de mauvais esprits, mais chercher à progresser dans la vie spirituelle, c’est chose d’absurde. C’est comme si l’on disait à Dieu : « plaît, délivre-moi de tous ces mauvais esprits ; mais moi tranquille avec ton Esprit-Saint. Il ne m’intéresse Une telle prière est plus une insulte qu’une prière. ne pas quelque S’il te laissepas. » Sans amour sincère de Dieu, donc sans désir sincère de la sainteté, on peut bien convoquer tous les exorcistes du monde. S’ils arrivent à chasser les démons, ils seront vite de retour ! Dans notre cœur, aussi longtemps qu’il n’est pas habité par l’amour de Dieu, pour eux, la place reste libre ! Dans le combat spirituel, ce qui est particulièrement important, c’est ce qu’on appelle « la garde du cœur » : que son cœur soit à Dieu. Si notre cœur est incertain, si nous nous laissons aller à ne plus trop savoir qui nous voulons aimer, nous sommes déjà entrés dans la tentation. Il se pourrait bien que nous ayons déjà perdu la bataille. Il ne sert à rien de protéger sa maison en y faisant brûler de l’encens, si nous ne protégeons pas notre demeure la plus intime – le fond de notre cœur – en y gardant allumée la lampe de la prière. Je conclus. Le Saint-Esprit n’est pas seulement notre allié dans le combat spirituel. Il est ce que nous cherchons à atteindre. Il est la sainteté même. Il n’est pas un moyen. Il n’est pas seulement une aide. Il est le but. Il est ce « Don » sans prix que nous demandons comme un cadeau. Tout à fait à la fin de son journal, sainte Faustine nous explique comment elle se prépare à la sainte Communion. Dans le tout dernier paragraphe, elle dit comment cela se passe quand l’Esprit Saint s’est emparé d’elle : « Mon âme s’enflamme de Son amour. Je sais seulement que j’aime et que je suis aimée. Cela me suffit. Pendant la journée je tâche d’être fidèle à l’Esprit Saint et de répondre à Ses exigences. Je cherche le silence intérieur pour pouvoir entendre Sa voix … » PJ 1828 Père Jean-Loup LACROIX