Compte-rendu de la table

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Compte-rendu de la table
Apéro Doc Bonn, 30.06.2011 – spécial MINT
Compte-rendu table-ronde
Intervenants
Dr Mahayni: après des études en chimie et en philosophie, il réalise une thèse en philosophie des
sciences sur les thèmes de la conception et de la stratégie. Il rejoint ensuite le département stratégie
de Merck. Il passe ensuite à l’étape suivante, à savoir le conseil en stratégie et travaille désormais
depuis 7 ans pour 3con Management GmbH. Il est passé au statut associé il y a deux ans et se charge
du conseil stratégique dans les domaines énergétique, pharmaceutique et chimique mais également
du recrutement.
Dr Böhmer : il réalise une thèse en physique appliquée au sein de l’institut Max Planck spécialisé dans
la recherche climatique. Il souhaite continuer à travailler dans cet institut mais le changement
thématique de l’institut ne le lui permet pas. Il passe donc dans le secteur privé et travaille dans les
services informatiques, notamment en tant que consultant chez CapGemini à Paris. Il est désormais
consultant indépendant et continue néanmoins à assurer quelques cours à l’Université technique de
Darmstadt.
Dr Böddeker : après une thèse en physique des plasmas, il fait un postdoc au CEA de Cadarache à
l’aide d’une bourse Marie Curie. Mais il change ensuite de domaine d’activité et s’oriente vers les
services bancaires où il développe de nouveaux systèmes informatiques. Il rentre en Allemagne et
poursuit dans ce secteur où il est chargé des projets franco-allemands. Depuis 6 ans, il est consultant
indépendant et partenaire PROBERACOR et continue de gérer des projets à envergure internationale.
Dr Fischer : après des études en chimie, la préparation d’une thèse est quasi incontournable et Mr
Fischer n’a pas échappé à cette règle. Néanmoins, il est convaincu que sa carrière professionnelle ne
se fera pas dans le domaine de la recherche et met en place des activités sans lien direct avec la
recherche en chimie, comme par exemple un programme de mentoring pour lequel il est chargé de
trouver et former les mentors, de concevoir un programme, de trouver des financements… Et c’est
maintenant dans le domaine des ressources humaines qu’il exerce son activité professionnelle au sein
du cabinet de recrutement Kelly Scientific Resources.
Expérience professionnelle en France : quelle différence dans la perception du titre de docteur ?
Le doctorat semble être reconnu en France au même niveau qu’un diplôme d’une grande école, alors
que c’est bien plus que cela. C’est une formation qui permet de travailler de manière autonome et au
cours duquel on est amené à faire quelques publications. Néanmoins, le doctorat allemand semble
avoir une bonne réputation en France.
Il est assez difficile d’évaluer la valeur d’un doctorat dans l’un ou l’autre pays. La différence se fera
essentiellement au niveau international à travers les publications et les participations à des
conférences : c’est par ce biais que le travail réalisé est rendu visible et bénéficie d’une
reconnaissance. A la TU Darmstadt par exemple, un minimum de cinq publications internationales
est exigé pour pouvoir déposer sa thèse.
Dans les pays anglo-saxons, le titre de docteur est fortement reconnu et prouve par son obtention la
capacité de la personne à travailler de manière autonome. Et c’est cette autonomie qui va être un
facteur important au moment de l’insertion professionnelle.
Constitution d’un réseau
Les contacts-réseaux sont fortement liés aux personnes et leurs personnalités. Il faut bien être
conscient qu’un réseau doit être géré de manière active. Si l’on a une attitude passive, il ne se
passera rien. Le réseau est utile si on sait comment l’employer.
L’importance du réseau est cependant différente selon les domaines d’activité : si le domaine est
restreint, le réseau va être important car les personnes actives dans le domaine en question seront
liées entre elles d’une manière ou d’une autre.
Plus-value du doctorat
Il ne faut pas oublier la première règle : on écrit tout d’abord sa thèse pour soi. Même si le doctorat
est souvent apprécié en entreprise, cela ne signifie pas pour autant que ça l’est automatiquement :
des cadres d’entreprise sans titre de docteur peuvent voir dans l’arrivée de jeunes docteurs une
compétition pour leur propre poste.
Néanmoins, le doctorat est pour certains métiers une quasi obligation. Au niveau du recrutement de
nouveaux collaborateurs chez 3con Management GmbH, les docteurs sont particulièrement
appréciés : le doctorat est signe d’expertise auprès des clients, les docteurs savent travailler de
manière autonome et ont cette volonté de continuer à apprendre.
Conseils pour préparer l’après-thèse
Les intervenants qui se chargent du recrutement pour leur société regrettent le fait que tous les
profils présentés sur les CV soient lisses et qu’ils se ressemblent à peu de chose près. Ils conseillent
vivement les doctorants de faire des choses pour lesquelles ils prennent plaisir à les faire et non pas
parce qu’ils pensent que ce sera bien vu par les recruteurs (par ex. écrire un livre qu’on a toujours eu
envie d’écrire).
Il a été répété que seules les compétences scientifiques ne suffisent pas ! Les compétences
transversales sont aussi importantes, tout comme sa propre personnalité. D’où la nécessité de rester
authentique au moment de se présenter.
Pour préparer au mieux l’après-thèse, il est vital de se poser quelques questions avant de
commencer à prospecter, de manière à trouver une entreprise correspondant à son profil et ses
valeurs:
- est-ce que je souhaite travailler dans une grande entreprise ou au contraire dans une PME ?
- est-ce que je souhaite continuer à faire de la recherche ?
- est-ce que je souhaite continuer à travailler dans mon domaine ?
Si la réponse à la dernière question est « non », il faut arriver à prendre du recul par rapport à
l’activité actuelle et se dire que cette période est un chapitre qui va se conclure par la soutenance et
la publication de la thèse. Il faut ensuite prendre conscience que les méthodes de travail et les savoirfaire développés pendant cette période ne sont pas uniquement liés à la thématique de recherche
mais que ceux-ci peuvent être aussi transposables à d’autres domaines : autonomie, résolution de
problèmes… Si un changement de domaine est envisagé, n’oubliez pas de mettre en valeur des
informations personnelles (telles que la pratique d’un sport par exemple) qui peuvent apporter aux
recruteurs plus d’informations que le seul parcours universitaire.
Questions des participants
• Doit-on continuer à se former pendant et/ou après la thèse ?
Oui ! On attend des docteurs qu’ils apportent de nouvelles impulsions au sein de l’entreprise. Pour
cela, une mise à jour des connaissances ou l’acquisition de nouvelles est primordiale.
• Je souhaite utiliser mes langues étrangères dans le cadre de mon activité professionnelle.
Il faut alors cibler prioritairement les entreprises qui sont représentées aux quatre coins du monde et
celles qui ont une activité d’exportation ou de développement à l’international.
Comment préparer son passage entre l’université et le monde de l’entreprise ?
Si on souhaite poursuivre en recherche, la case « postdoc » paraît incontournable. Si ce n’est pas le
cas, cette option n’est pas particulièrement conseillée car cela n’apportera pas grand-chose de plus à
votre profil, surtout s’il est sans lien avec le secteur industriel.
Est-il préférable de faire une thèse en entreprise plutôt qu’au sein d’un centre de recherche
public (université, institut…) ?
Tout dépend de ce que le docteur veut faire après l’obtention de son titre. Si une carrière
académique est envisagée, il est très fortement conseillé de faire sa thèse dans son université (ou
institut de recherche associé). Si le docteur penche pour la voie industrielle, il est plus pertinent de la
faire en entreprise.
•
Un autre point à prendre en compte lors du choix entre « thèse à l’université » et « thèse en
entreprise » est la question du financement. Si l’on a de la chance, on obtient un mi-temps à
l’université. En entreprise, la question ne se pose pas puisque le doctorant reçoit un salaire pour un
temps complet. Mais c’est là aussi que réside l’inconvénient de la thèse en entreprise : cette dernière
exige de ses collaborateurs (y compris doctorants) une implication totale, ce qui peut parfois laisser
moins de temps au travail de thèse.
Toutefois, les grandes entreprises proposent des programmes spécifiques pour doctorants de
manière à concilier au mieux leur projet de recherche et la vie en entreprise, facilitant ainsi
l’intégration au sein du staff.
Un autre inconvénient de la thèse en entreprise soulevé par les intervenants est le défi intellectuel
moindre que lors d’un projet de recherche réalisé à l’université.

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