cine spectacles 18/12/02

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cine spectacles 18/12/02
CINE SPECTACLES 18/12/02
16.12.02
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Michel DEVILLE est venu présenter «Un monde
presque paisible» en avant-première au public du
Gaumont.
L’été 46, dans le quartier des tailleurs à Paris,
quelques hommes et femmes réapprennent à vivre, à
aimer après les drames de la guerre.
A la sortie de «La maladie de Sachs», Michel
DEVILLE pensait en être à son dernier opus, mais
c’était son premier film réaliste avec le succès que
l’on sait, puis une lecture lui a donné envie de s’y coller pour la 30ème fois - «Quoi de neuf sur la guerMichel Deville
re» de Robert BOBER j’y ai découvert l’après guerre, cette période oubliée et comment les gens ont fait pour s’en sortir.
De façon simpliste, il y a eu la guerre 39/45, puis la paix et le lendemain c’est fini !
Hélas c’est plus compliqué, car comme dans tous les traumatismes, il faut faire son deuil,
oublier les drames et se reconstruire, revenir petit à petit à la vie, réapprendre à aimer,
reprendre confiance en soi et dans les autres, c’est ce qu’à filmé Michel DEVILLE, ce n’est
pas un hasard, s’il a fallu beaucoup de temps aux rescapés avant d’évoquer les camps de
concentration et les atrocités de la guerre, leur simple évocation était insupportable,
Robert BOBER a attendu les années 90 pour oser en parler et écrire son livre car avant
c’était trop difficile explique le réalisateur.
Ici Michel DEVILLE parle de ce sujet sensible de façon douce et pudique, autour d’un atelier de couture, dans un petit appartement parisien du quartier des tailleurs juifs. Le décor
est sobre, épuré, quelques machines à coudre, deux ou trois tables, quelques rouleaux
d’étoffe, le tissu était une denrée rare après la guerre précise le réalisateur, et j’aime
raconter les choses avec le strict nécessaire, j’essaye d’aller à l’essentiel.
Même logique pour les déplacements, au lieu de se perdre en promenades dans les rues
et babillages inutiles, Michel DEVILLE utilise les photos - la première surprend mais on s’y
fait vite - la photo isole un moment, ce qui compte c’est le flash de deux secondes et ça
évite d’ennuyer le spectateur avec une scène sans intérêt.
Alors que la vie reprend peu à peu, l’humour est très présent chez les traumatisés, il ne
faut surtout pas s’apitoyer, on est encore un peu bancal, mais ça va aller ajoute le cinéaste dont les véritables héros sont des gens ordinaires, admirables, plein d’espoir.
En grand professionnel, Michel DEVILLE fait son casting lui-même, il picore, repère ses
futurs acteurs au théâtre, au cinéma, prend des notes puis rencontre les comédiens un à un
pour leur parler du projet ce qui m’a prit le plus de temps c’est de constituer une équipe
pouvant faire croire à la solidarité de leur groupe explique M. DEVILLE.
Ce groupe c’est Simon ABKARIAN, Zabou BREITMAN, Clotilde COURAU, Vincent
ELBAZ, Julie GAYET, Denis PODALYDÈS… Tous excellents dans un film-leçon de vie où le
mot paisible n’est pas ringard mais essentiel.
R.M.
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Photo Benoît MEUDEC
«Un monde presque paisible» : rencontre