Comment réussir sa campagne de crowdfunding

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Comment réussir sa campagne de crowdfunding
Place aux débutants
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Côté pratique
Comment réussir sa campagne
de crowdfunding ?
Le principe est simple et l’engouement maximal : un porteur de projet recherche un financement.
Il peut faire appel au grand public pour lui apporter les fonds dont il a besoin. Le support utilisé
pour présenter cette demande est un site internet appelé plateforme de financement participatif.
Mais est-ce vraiment si simple de réussi sa campagne de crowdfunding ? Fundraizine vous propose quelques clés à méditer avant de vous lancer.
Crowdfunding. Littéralement :
« financement par la foule ». Peuton parler d’une véritable révolution
dans la façon de donner ? Après
tout, le financement participatif
c’est un peu la définition même de la
campagne de fundraising grand public. Le Téléthon en est un exemple
frappant. Mais ce que le concept
apporte de nouveau, c’est le média
utilisé, Internet, qui ouvre un champ
infini de possibilités.
D’ailleurs, les plateformes – généralistes comme spécialisées – se
multiplient et les chiffres de collecte
décollent à la verticale : 78 millions
collectés en 2013, presque le double
en 2014 (152 millions). Sur ce montant global, les dons représentent
plus de 38 millions pour 2014. Ils
renouvellent les publics engagés
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puisque 33 % des donateurs ont
entre 25 et 49 ans.
Alors artistes, associations, collectivités territoriales... tout le monde
s’y met ! Pour collecter des dons,
mais aussi, comme le constate
Florence de Maupeou, coordinatrice générale chez Financement
Participatif France*, pour proposer de nouveaux types de projets
(l’immobilier par exemple a fait son
entrée sur le marché) et demander
des formes de soutien différentes.
Depuis octobre 2014 et la mise en
place d’une réglementation qui
l’autorise, le prêt se développe ainsi
beaucoup. Dans ce champ trouble
de la concurrence, pour réussir sa
campagne, quelques clés restent
valables. Avant et pendant la campagne...
Un projet et une plateforme
La première règle pour collecter,
c’est d’avoir un projet clair, compréhensible et cerné dans le temps. Pas
question de mobiliser sur des idéaux
ou des hypothèses, c’est le concret
qui prime. Quant à la plateforme sur
laquelle le mettre en avant, il n’y a
pas de règle d’or. Les donateurs font
assez confiance aux plateformes
aguerries comme KissKissBankBank ou Ulule, mais de plus petits
acteurs, positionnés sur des niches,
peuvent fédérer des communautés motivées. C’est le pari gagnant
d’Eric Didio, fondateur voici 18 mois
de la plateforme Credofunding, qui
a pour objectif de « soutenir financièrement les projets de la communauté chrétienne compatibles avec la
foi et la morale chrétienne ». Pour lui
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« l’avantage d’être sur une plateforme
dédiée réside dans l’homogénéité des
projets qui drainent des donateurs
fidèles ». C’est aussi ce qui a poussé
Fabien Goulard, cofondateur de la
plateforme Dartagnans, spécialisée
dans la sauvegarde du patrimoine,
un secteur « où il n’y a pas vraiment de
concurrence et où le besoin est grand ».
Engager sa structure
Impossible de réussir seul une campagne. Il faut être prêt à y consacrer
du temps et de l’énergie (certains
parlent de deux heures par jour). Et
que les personnes clés de son organisation soient prêtes à faire de même.
Fabrice Carega, fondateur de la plateforme Arizuka, le confirme : « au
départ, il faut une forte implication du
CA. Une campagne a un coût en énergie que le porteur de projet doit essayer
d’évaluer finement avant de se lancer ».
Un objectif réaliste
L’objectif moyen des campagnes
françaises est modeste (+/- 3500 €).
Et pas question de fixer le vôtre le
doigt au vent ! Pour l’établir, le site
KissKissBankBank conseille aux porteurs de projets de bien analyser la
taille et la capacité financière de leur
communauté : réseau personnel et
professionnel, «fans» susceptibles
de contribuer. En plus de cette analyse, Fabrice Carega conseille de tenir
compte des autres financeurs du projet (toujours bons à signaler dans la
description du projet, la transparence
étant une clé de la réussite) et de ne
pas oublier qu’on peut avancer par
étapes : les gros projets peuvent ainsi
être découpés en tranches successives, la réussite de la première phase
de campagne constituant un gage
pour le lancement de la seconde.
nombreuses personnes, y compris
dans l’entourage proche, ne vous
soutiendront qu’en fin de la campagne, soit parce qu’ils attendent que
vous ayez atteint un certain seuil de
collecte ou parce qu’ils réalisent qu’il
ne reste que 2 jours au compteur...
C’est ce qu’on appelle la courbe en U.
Communication concentrique
Une campagne de crowdfunding,
c’est avant tout une campagne de
communication. Alors il faut soigner
la forme ! Nombre de plateformes
sont d’ailleurs riches de conseils pour
les porteurs de projet sur ce point.
Projet mis en lumière sous son jour
le plus attractif, photos et vidéos de
qualité, textes courts mais très précis
(et sans fautes d’orthographe, cela
va sans dire !), information régulière
via les réseaux sociaux, et pourquoi
pas un peu d’humour... Votre communication doit pouvoir atteindre
3 cercles de publics. Le premier, celui
de la famille, amis et collègues, est
fondamental même s’il est restreint.
Car ce n’est qu’avec la caution de
ces proches que vous atteindrez le
deuxième cercle, celui des relais d’influence, puis que vous réussirez à mobiliser le troisième : le grand public.
Les contreparties
Un choix pertinent de contreparties
permet d’atteindre plus rapidement
son objectif de campagne. Mais pas
question de multiplier les gadgets !
S’il faut que les contreparties que
vous offrez soient originales et per-
sonnalisées, elles doivent surtout
être en résonnance avec le projet,
et respecter la règle des « paliers » :
pour un montant de don supérieur,
offrir les contreparties des montants
inférieurs plus une nouvelle.
Elles doivent par ailleurs avoir un
coût raisonnable pour ne pas grever les résultats de votre collecte.
Privilégiez donc les contreparties
« immatérielles ». Pour un don de 1€
ou 5€, un simple remerciement sur
les réseaux sociaux suffit. Au delà,
souligne Fabrice Carega « les contreparties comme rencontrer les porteurs
de projets ou participer à une journée
Portes Ouvertes peuvent avoir un
impact important ». Elles permettent
aussi de fidéliser le donateur, de l’inciter à renouveler son soutien financier ou à devenir bénévole !
Dernière règle d’or : ne vous découragez pas ! Statistiquement, un projet qui a atteint 33 % de son objectif
à la moitié de sa campagne (environ
un mois et demi après son lancement) a 88 % de chances de réussir.
Ce taux de réussite passe à 95 %
au-delà des 50 % atteints à mi-parcours. Alors préparez-vous à tenir
sur la durée. Comme Eric Didio le
répète à ses porteurs de projets :
« Une campagne est un véritable
marathon où il faut une bonne préparation avant le départ, puis ne rien
lâcher jusqu’à l’arrivée ! ».
n l.C.
*Association loi 1901 ayant pour objectif la représentation collective, la promotion et la défense des droits
et intérêts des acteurs de la finance participative
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Quelle durée ?
Collecter sur une semaine, sur un
mois, sur un an ? Cela dépend de
la nature de votre projet et de ses
échéances, de votre capacité à être
actif sur la campagne... mais notez
bien que ce n’est pas forcément
parce que vous prévoirez une campagne plus longue qu’il sera plus
facile de collecter des fonds. La
durée moyenne des campagnes
aujourd’hui est de l’ordre de 2 à 3
mois. Quelle que soit sa durée, de
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