Coopération militaire : Royaume-Uni et France « ne peuvent plus

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Coopération militaire : Royaume-Uni et France « ne peuvent plus
2011 F B C A N N U A L D E F E N C E C O N F E R E N C E
Ambassade de France, Londres, 31 mars 2011
Dr Claire Chick
Defence Analyst, F ranco-British Council
INTRODUC TION
Le Franco-British Council (FBC), avec le
VRXWLHQGHO¶Dmbassade de France à Londres,
a organisé le 31 mars 2011 sa première
conférence annuelle de défense.
Suite à la signature des traités entre la
France et le Royaume-Uni le 2 novembre
2010, et en vertu de son engagement à
promouvoir la relation bilatérale, le FBC a
SULVO¶LQLWLDWLYHGHUpXQLUVXUXQHEDVH
annuelle, à compter de 2011, les acteurs clés
de la défense en France et au Royaume-Uni
DILQG¶HQWUHWHQLUOHGpEDWVXUODUHODQFHGHOD
coopération en cours.
8QHWUHQWDLQHG¶LQYLWpVLVVXVGXPRQGH
politique, militaire, industriel, de la
recherche et des médias ont participé aux
ateliers proposés. Le seFUpWDLUHG¶(WDW
britannique aux forces armées, Nick Harvey,
DSURQRQFpOHGLVFRXUVG¶RXYHUWXUH
Le programme de la conférence, articulé
G¶DSUqVOHVpYROXWLons consignées lors de nos
récentes manifestations (cf en 2010), a
proposé quatre pistes de réflexion: une
SUHPLqUHVXUODILDELOLWpGHO¶LQGXVWULHHQWDQW
que partenaire dans le développement des
capacités; une deuxième sur la nature de la
coopération, dimensionnée entre le cadre
ELODWpUDOHWODSHUVSHFWLYHG¶RXYHUWXUHVXU
O¶(XURSH XQHWURLVLqPHVXUO¶REMHFWLIGH
O¶LQWHURSpUDELOLWpQRWDPPHQWjSDUWLUGHOD
Force Expéditionnaire Commune
Interarmées; et enfin une dernière sur la
disposition des leaders à maintenir haut le
seuil de la volonté politique.
/¶LQWpUrWGHFHWWHUHQFRQWUHpWDLWGHSRUWHUXQ
regard sur le vaste chantier de mise en route
du partenariat franco-britannique. En
croisant les approches sectorielles et
QDWLRQDOHVO¶REMHWDpWpGHGpJager une grille
GHOHFWXUHVXUOHVSHUVSHFWLYHVG¶DFTXLVG¶LFL
à 2012.
C I N Q M O IS A PR ES L A SI G N A T U R E
D ES T R A I T ES D E L O N D R ES, L A
F R A N C E E T L E R O Y A U M E-U N I SE
D O N N E N T L ES M O Y E NS D E R E USSI R
1 /¶,QGXVWULHGHGpIHQVHXQHIRUFHGH
proposition
Le constat selon OHTXHOO¶KHXUHQ¶HVWSOXV
aux débats théoriques mais à la méthode du
³ERWWRPXS´VXUOHGpYHORSSHPHQWGH
capacités militaires, confirme la place
FHQWUDOHGHO¶LQGXVWULHGHGpIHQVHGDQVOD
relance du partenariat franco-britannique.
/¶REMHFWLIHVWELHQ
G¶optimiser les outils de sécurité de chacun
dans un contexte économique en crise qui
SULYLOpJLHO¶LQWHURSpUDELOLWp4XHOOHHVWOD
réponse des industriels? Dans ce projet
SROLWLTXHQRYDWHXULOVV¶HQJDJHQWjrWUH
force de proposition. Etre actifs, fiables, afin
G¶LPSDFWHUOHSURFHVVXVGHPLVHHQ
application de la dépendance mutuelle ou
³OHDGHUVKLSSDUWDJp´/HXUVGLVFRXUV
souligne en quoi la maîtrise des technologies
industrielles apporte des solutions
techniques à la performance des forces
DUPpHVFDU³VDQVXne industrie de défense
IRUWHRQQ¶DSDVGHIRUFHVDUPpHV
SXLVVDQWHV´/HVDYRLU-faire francobritannique hérité de la coopération
bilatérale des années 60 dans le domaine
aéronautique, ou plus récemment dans la
branche missilière est mis en avant comme
argument de poids.
Pour quel défi?
Rationaliser, afin de préserver les capacités
de défense, maîtriser les technologies et
JDUDQWLUGHVJDLQVGHFRPSpWLWLYLWp,OV¶DJLUD
de viser le partage en mobilisant les
expertises, en faisant des choix de soustraitance, et en évitant les duplications. Les
sujets sont nombreux car le traité couvre un
spectre large dans le domaine capacitaire, et
ce pour les trois composantes Terre, Air et
Marine mais également l'espace. Côté
nucléaire, la coopération exigera des
compétences industrielles très particulières
mais compatibles avec la spécificité
française et britannique. Outre le soutien
GHVIXWXUHVIORWWHVG¶DYLRQVGHWUDQVSRUW
$0OHGpYHORSSHPHQWG¶pTXLSHPHQWV
pour la prochaine génération de sous-marins,
la rationalisation sera particulièrement mise
jO¶pSUHXYHGDQVO¶LQGXVWULHPLVVLOLqUH
QRWDPPHQWYLDO¶LQLWLDWLYH³2QH0%'$´La
guerre des mines ouvrira la voie à une
coopération innovante, et la R&T demeurera
un secteur de rapprochement déterminant.
La coopération bilatérale en matière de
GURQHVDFHSHQGDQWIDLWO¶REMHWGHSOXVORQJV
développements. Le MoU (Memorandum of
Understanding) signé le 14 mars 2011 entre
BAE Systems et Dassault sur « les modalités
de coopération exclusive pour la préparation
et la soumission d'une proposition commune
de drone MALE » aux ministères de la
défense français et britannique a été le point
de départ de ce focus. /¶LQWHUYHQWLRQ du
député français co-UpGDFWHXUG¶XQUDSSRUW
G¶LQIRUPDWLRQVXUOHVGURQHVHQHW
celles des deux industriels a nourri les
échanges. Prévu entre 2015 et 2020, ils
expliquent que ce projet permet à chaque
SDUWHQDLUHG¶DSSRUWHUVRQH[SHUWLVH%$(
fort de l'expérience du démonstrateur
« Mantis » sur la cellule, et Dassault sur les
systèmes et l'intégration systèmes), le travail
en commun étant axé sur le partage des
FR€WVHWGHGpYHORSSHPHQW&¶HVWVHORQHX[
un exemple concret de la façon dont les
Français et les Britanniques répondent au
défi stratégique de leurs gouvernements, en
conjuguant les excellences industrielles dans
le domaine aéronautique: ³1RXVQRXV
inscrivons fortement dans le cadre du traité
puisque une ligne identifie très clairement
OHVEHVRLQVHQWHUPHVGHGURQHV«Nous
avons été et nous sommes force de
SURSRVLWLRQ´
Une inLWLDWLYHTXLV¶LQVFULWGDQVOHSOXVORQJ
terme avec la perspective de lancer en 2012
un programme commun de démonstrateur
UCAV pour 2013-2018, et qui tire derrière
elle toute une filière industrielle (Rolls,
6DIUDQ6HOH[«3DUDLOOHXUV7KDOHV
occupe une part importante du marché avec
le drone tactique Watchkeeper qui équipera
2 les forces britanniques et qui constitue un
autre axe de partenariat en cohérence avec le
cadre de la Force Expéditionnaire Commune
Interarmées (CJEF).
Mettre en oeuvre une interopérabilité qui a
du sens militaire
Les contours de la nouvelle CJEF, ont été au
FHQWUHGHVGpEDWVVXUO¶LQWHURSpUDELOLWp
militaire.
/HSULQFLSHPrPHGHFHWWHIRUFHHVWTX¶HOOH
QHV¶LQVFULWSDVGDQVOHFDGUHGHODGpIHQVH
collective sous responsabilité de O¶27$1,O
QHV¶DJLWGRQFSDVG¶LQWHUYHQLUVXUOHV
frontières françaises ou britanniques, ni
G¶DLOOHXUVGHIDLUHGHODVWDELOLVDWLRQYLDGHV
PLVVLRQVGHSROLFH/¶REMHWSUHPLHUHVWELHQ
de pouvoir se déployer militairement sur des
théatres extèrieurs, rapidement,
efficacement, dans un environnement de
KDXWHLQWHQVLWp&¶HVWDYDQWWRXWXQRXWLO
G¶DFWLRQUDSLGHTXLODQFHXQHRSpUDWLRQ
YRXpHjrWUHUHOD\pHSDUG¶DXWUHV&HWWH
FDSDFLWpG¶HQWUHUHQSUHPLHUHVWDPELWLHXVH
exigeante militairement et politiquement, et
UpSRQGjGHVEHVRLQVG¶LQWHUYHQWLRQV
FRPSOH[HV$XMRXUG¶KXLLOHVWTXHVWLRQGH
constituer une brigade entre 2000 et 10 000
militaires maximum.
Le recul dans le temps est certes limité, mais
le calendrier est en ordre de marche.
Concrètement, les travaux bilatéraux
V¶DSSXLHQWVXUXQHIHXLOOHGHURXWHGpWDLOOpH
guidée par le souci de travailler au sein
G¶XQHVWUXFWXUHODSOXVOpJqUHSRVVLEOHOD
moins bureaucratique. Les deux chefs
G¶(WDW-major ont pris en compte le
fonctionnement de la joint LOI qui
encapsule les travaux qui étaient faits par les
trois armées. Ils se sont rencontrés en février
et se verront à nouveau en juin pour faire un
point des travaux qui ont été lancés. Côté
opérationnel pur, les groupes de travail sont
lancés, les agendas se mettent en place, les
responsables se rencontrent tous les quinze
MRXUV/DYRLHTXLV¶RXYUHVHUDORQJXHPDLV
³OHWUDLQHVWVXUOHVUDLOV´
/¶pODERUDWLRQG¶XQFRQFHSWG¶HPSORL
adapté aux moyens français et britanniques
est le premier volet clé de la mise en place
GHO¶LQWHURSpUDELOLWpPLOLWDLUH$XWDQWF{Wp
industriel la rationalisation est clairement le
défi à relever, autant côté militaire, la
standardisation est son pendant naturel. Le
cadre particulier de la géométrie variable
(agir ensemble de facon complémentaire
mais occsaionnelle) exige en amont de préidentifier les critères sur la façon optimale
G¶LQWHUYHQLU/D&-()VXSSRVHDLQVLXQ
rapprochement étroit des concepts, des
équipements, des cultures. Un effort
particulier devra être fourni pour O¶DUPpHGH
terre, où les militaires doivent développer la
capacité de se comprendre au niveau du
JURXSHGHEDWDLOOH/¶H[HUFLFH)ODQGUHVj
O¶DXWRPQHSUHQGUDHQFRPSWHFHV
repérages.
&DUHQHIIHWODSODQLILFDWLRQG¶H[HUFLFHV
communs est au centre des objectifs 2011
GHVFKHIVG¶(WDW-PDMRU/¶H[HPSOHGHOD
brigade franco-DOOHPDQGHGRQWO¶LQWpUrW
politique fort a finalement occulté la
nécessité du déploiement militaire, sert de
leçon pour mettre en pratique sur le terrain
les décisions des gouvernements.
/¶HQWUDvQHPHQWODVLPXODWLRQVRQWDLQVLDX
coeur des priorités et organisés selon un plan
VXUFLQTDQV/¶REMHWHVWGHGpYHORSSHUGHV
exercices de plus en plus performants, qui
WLUHQWQRWDPPHQWOHEpQpILFHG¶XQH
H[SqULHQFHG¶HQWUDvQHPHQWFRPPXQGH
longue date des armées dans le cadre de
O¶27$1(QODPDWLqUHLO\DXUDLWGHV
³ERXOHYDUGVGHFRRSpUDWLRQ´
Trois éléments politiques forts pour un
grand pas en avant
Côté politique, la détermination des Etats
dans le renouvellement du partenariat
franco-britannique ressort fortement. La
3 signature des traités témoigne de la volonté
IHUPHGHJDJQHUHQWHUPHVG¶HIILFDFLWp
opérationnelle et de coûts. La France et le
Royaume-Uni sont allés au-delà du
communiqué traditionnel, et notamment,
VRXVO¶LQIOXHQFHEULWDQQique qui a fait valoir
les avantages du traité contracté avec les
Etats-Unis en 1958, ont choisi de bâtir cette
relation de défense sur des documents écrits
contraignants. Le traité sur le nucléaire, qui
DIDLWO¶REMHWGHVSUHPLqUHVGLVFXVVLRQVHVW
symbolique de la confiance qui est engagée,
HWFHPrPHVLO¶HQMHXV¶DUUrWHDXpartage des
équipements de simulation (avec division
par deux du prix de construction et
G¶HQWUHWLHQen laissant intact le savoir-faire
de chacun. Ce type de coopération ³GRHV
mark a willingness to co-operate in depth in
DQDUHDWKDWKDVWUDGLWLRQDOO\EHHQWDERR´
DVRXOLJQp1LFN+DUYH\OHVHFUpWDLUHG¶(WDW
britannique aux Forces Armées. Certes, le
Premier Ministre Cameron a pu craindre que
ces traités soient rejetés par les chambres
parlementaires de Westminster avant sa
rencontre avec le président français. Mais
O¶DFFXHLODHQUpDOLWppWpSRVLWLIPrPHSDUOD
droite du parti conservateur, le
gouvernement de coalition ayant consigné
dans sa Strategic Defence and Security
Review la France comme partenaire décisif
pour les années à venir. En France, la
FRQYHUVLRQjO¶LGpHEULWDQQLTXHG¶XQH
coopération pragmatique est jugée inédite,
acquise et raisonnable. Elle demandera de la
patience et du temps pour progresser point
par point, mais ellHSUpVHQWHO¶DYDQWDJHGH
tourner le dos aux grandes architectures
théoriques éloignées de la réalité stratégique.
La création du Senior Level Group, chargé
GHGLULJHUODFRRSpUDWLRQV¶LQVFULWGDQVOH
VLOODJHGHFHWpWDWG¶HVSULW/HSURILOVLPLODLUH
du National Security Council britannique et
du Conseil de défense et de sécurité
nationale français ont facilité la conception
GHFHWWHLQVWDQFH/¶RUJDQLVDWLRQUpJXOLqUHGH
réunions entre les secrétariats respectifs
prépare ainsi les décisions à soumettre au
Premier Ministre et au Président de la
République.
Enfin troisième élément novateur dans la
réactivation de cette coopération de défense:
le rôle du groupe de travail parlementaire
franco-britannique constitué en décembre
2010. Fondé sur une volonté commune
G¶H[DPLQHUODIDoRQGRQWOHVWUDLWpVVRQWPLV
en application, ce rassemblement issu de la
réunion de quatre commissions de défense
parlementaires est lui aussi inédit. La
SUHPLqUHUHQFRQWUHj3DULVDpWpO¶RFFDVLRQ
de jeter les grandes lignes du travail en
commun: améliorer les liens entre les deux
pays, se pencher sur le déroulement de la
PLVHHQRHXYUH³V¶LQWpUHVVHUGHSUqVjOD
SROLWLTXHGHVSHWLWVSDV´YRLUHIDLUHSUHVVLRQ
pour une plus grande transparence sur la
feuille de route. Les parlementaires on
pJDOHPHQWHQYLVDJpG¶H[HUFHUXQHIRUPHGH
contrôle associé à un avertissement quand
XQPDQTXHG¶HQJDJHPHQWDSSDUDLWVHQVLEOH
et que les choses ne vont pas dans le sens
voulu. Pour l'année 2011, deux thèmes de
travail sont retenus : la transition en
Afghanistan et la coopération en matière de
drones.
L ES R E F L E X I O NS C R O ISE ES I N T E RSE C T O R I E L L ES D E L A
C O M M U N A U T E D E D E F E NSE
O U V R E N T D E N O U V E A U X D OSSI E RS
/DTXHVWLRQGHO¶DOLJQHPHQWO¶LQGXVWULHDX
centre G¶XQ³-ZD\VWUHHW´
Forte de cette volonté soutenue de coopérer,
O¶HQWUHSULVHIUDQFR-britannique pose
FODLUHPHQWODTXHVWLRQGHO¶DOLJQHPHQWHQWUH
les différents secteurs/acteurs de la défense.
Si le politique conserve sans équivoque le
SLORWDJHGHO¶HQWUHSULVHPrPHGH
FRRSpUDWLRQFHTXLFKDQJHF¶HVWOa façon
GRQWVHPHWHQSODFHO¶LQWHUDFWLRQHQWUH
O¶(WDWOHPLOLWDLUHHWO¶LQGXVWULH'DQVFH
schéma, le monde industriel prend la place
4 G¶XQDFWHXUFOpjO¶LQWpULHXUG¶XQHUHODWLRQ
complexifiée.
Au sein du rapport GHO¶LQGXVWULHHWGHV
gouvernements, la question de la caution
politique, indispensable à la réalisation du
projet industriel, est revenue en force. La
'*$DVRXOLJQpTX¶HOOHDYDLWGHYDQWHOOHHQ
permanence une feuille de route et des jalons
clairement identifiés qui demandaient de
rendre comptHGHSDUWHWG¶DXWUHGH/D
0DQFKH$O¶pYLGHQFHOHVWUDLWpVRQW
favorablement impacté le cadre de confiance
établi entre les administrations depuis
quelques années, et si les actions ne sont pas
toujours visibles, elles sont réelles: échange
des plans capacitaires pour trouver de
nouveaux sujets, harmonisation des
SURFHVVXVG¶DFTXLVLWLRQHWGHFRQGXLWHGH
programmes, synergies dans le domaine de
O¶H[SHUWLVHWHFKQLTXHHQWUHOD'*$HW
'(6'¶LFLOHSURFKDLQVRPPHWELODWpUDO
le High Level Working Group devrait
pouvoir produire quelques résultats.
/DUpSRQVHGHVLQGXVWULHOVjO¶REMHFWLI
G¶DOLJQHPHQWGHVFDOHQGULHUVG¶pTXLSHPHQWV
HVWWULSOH'¶XQHSDUWLOVVRQWIRUWHPHQW
demandeurs pour que les deux ministères de
la défense réagissent à leurs propositions
dans des délais raisonnables qui autorisent
une stratégie de lancement des programmes.
Dassault est intervenu pour demander si il
SRXYDLWFRPSWHUVXUXQ³\HVZHFDQ´FDU
VHORQO¶LQGXVWULHO´LOQ\DXUDSDVGH
coopération réelle et effective et en
particulier dans le domaine sensible des
avions de combat, sans avoir une réelle
concrétisaiton des développements que nous
SRXYRQVIDLUHHQFRPPXQ´)DLUHHQVRUWH
que les discussions gouvernementales
V¶pFRXUWHQWSRXUTXHOHVFRRSpUDWLRQV
industrielles décollent ressort comme une
DWWHQWHIRUWH'¶DXWUHSDUW7KDOHVDUDSSHOp
que la rationalisation industrielle ne va pas
sans un investissement financier minimum
de départ de la part des gouvernements, car
³YRXORLUjODIRLVGHVpFRQRPLHVLPPpGLDWHV
et des efforts de rationalisation en
SURIRQGHXUFHQ¶HVWSDVpYLGHQW´(QILQOHV
LQGXVWULHOVRQWUDSSHOpO¶LPSqULHXVHQpFHVVLWp
G¶LGHQWLILHUOHXUDFWLYLWpjGHVF\FOHVORQJV
La versatilité des gouvernements assujettis
aux échéances électorales affecte le principe
de la déSHQGDQFHPXWXHOOHO¶LQGXVWULH
pouvant difficilement changer de partenaires
tous les cinq ans. Dix à quinze ans sont
nécessaires pour aboutir sur du concret. La
route exige de la permanence et un
HQJDJHPHQWVWUDWpJLTXHGXUDEOH&¶HVWFH
que souligne également DCNS pour qui
vouloir approcher les notions de
FRQYHUJHQFHHWG¶LQWHUGpSHQGDQFHH[LJHHQ
face une stabilité dans le temps. Dans le
domaine aéronautique par exemple, entre les
trois pèriodes
développement/industrialisation/production
un programme peut s¶pWHQGUHVXUXQF\FOHGH
YLHDOODQWMXVTX¶jDQV/HVH[SqULHQFHV
passées qui ont tourné court parce que la
configuration politique avait changé, alors
même que les équipes avaient travaillé
ensemble pendant plusieurs années, laissent
un goût amer.
C{WpPLOLWDLUHOHEHVRLQG¶DOLJQHPHQWGHV
pôles capacitaires et opérationnels ressort
également avec acuité. La synergie
recherchée entre les forces armées donne
XQHSODFHFRQVLGpUDEOHjO¶LQGXVWULHGDQVOH
WUDYDLOVXUO¶LQWHURSpUDELOLWp8QHUHODWLRQTXL
H[LJHG¶DOOHUDX-delà de ce qui a déjà été
éprouvé sur le terrain politique et militaire,
et où la concordance des capacités avec les
architectures des programmes communs
GHYLHQGUDXQGpILPDMHXU/¶REMHFWLI
ambitieux de faire en sorte que la CJEF soit
opérationnelle en 2015 exigera un rythme de
WUDYDLOWUqVVRXWHQX'¶DXWDQWTXHGDQVOD
pratique, des difficultés existent déjà. Pour
les véhicules par exemple, la perspective
G¶DYRLUXQSURJUDPPHFRPPXQHVWGpOLFDWH
car le fossé en matière de doctrines de
maintenance est important: si une panne se
SURGXLWVXUOHWHUUDLQO¶DWWLWXGHEULWDQQLTXH
consistera à déléguer un ingénieur in situ
SRXUOHUpSDUHUDORUVTX¶HQ)UDQFHOH
véhicule est retiré du combat pour être
5 UpSDUpjGLVWDQFHGHODPHQDFH'¶DXWUHV
exemples confirment le constat selon lequel
O¶DOLJQHPHQWQHVHUDSDVWRXMRXUVIDFLOH
³&¶HVWFRPPHTXDQGRQYHXW
progressivement déblayer une forêt: au fur et
jPHVXUHTX¶RQDYDQFHLOIDXWYHLOOHUjFH
TX¶LOQ\DLWULHQTXLSRXVVHGHUULqUH´
français dans les Etats-majors britanniques
et vice-et-versa ressort comme une option
privilégiée, sur le long terme. Même en
SpULRGHG¶pFRQRPLHVF¶HVWXQHffort qui doit
être fait pour que la France et le RoyaumeUni partent correctement en opération
ensemble.
La question de la communication: un facteur
clé de la coopération
0DLVFRRSpUHUF¶HVWDXVVLHWVXUWRXW
communiquer. Le débat a largement pris
corps sur cette ligne, faisant de la
communication un élément structurant à la
UpXVVLWHGXUDSSURFKHPHQW$XMRXUG¶KXLHOOH
dRLWIDLUHO¶REMHWGHWRXWHO¶DWWHQWLRQGHV
acteurs. Dans tous les domaines.
'¶DXWUHSDUWODFRPPXQLFDWLRQF¶HVWDXVVL
O¶DIIDLUHGHVSDUOHPHQWDLUHV4XHSURSRVHQWils? Chaque institution en France et au
Royaume-Uni a reconnu avoir pris
FRQVFLHQFHGHO¶HQMHXGHODFRPPXQLFDWLRQ
vis-à-vis de leur public respectif dans le
dossier défense. Repenser les paradigmes
habituels pour communiquer mieux et
GDYDQWDJHHWQRWDPPHQWDXMRXUG¶KXL
diffuser un message géopolitique qui irait
au-GHOjGHO¶DUJXPHQWpFRQRPLTXH
ramassent les grandes idées de cette
première réflexion. Le nouveau groupe
parlementaire franco-britannique a montré
TX¶LODYDLWFRQFUqWHPHQWUpSRQGXDXGpILHQ
prenant plusieurs initiatives symboliques: à
O¶$VVHPEOpH1DWLRQDOHO¶DXGLWLRQGX
'pOpJXp*pQpUDOSRXUO¶$UPHPHQW/DXUHQW
Collet-Billon en séance plénière, puis en
IpYULHUOHWpPRLJQDJHGXFKHIG¶pWDW-major
des armées britanniques le Général
5LFKDUGVODYLVLWHGHO¶,+('1jOD&KDPEUH
GHV&RPPXQHVj/RQGUHV«
$XSODQPLOLWDLUHO¶DPpOLRUDWLRQGHV
systèmes de communication a été considérée
comme un enjeu décisif des plate-formes qui
se mettent en place. La réalité décrite sur le
terrain souligne que les structures actuelles
sont nationales et fondées sur des cultures de
Guerre froide, qui contraignent chaque
nouvelle opération à un développement ad
KRFGHV\VWpPHG¶LQIRUPDWLRQLe
UDSSURFKHPHQWELODWpUDOHVWGRQFO¶RFFDVLRQ
de réévaluer la capacité des deux partenaires
jpFKDQJHUO¶LQIRUPDWLRQWUDQVPHWWUHOHV
données sur le champ de bataille en ayant
des architectures de communication
FRPSDWLEOHVSUpSDUHUjO¶DYDQFHHQWRXUQDQW
OHGRVjO¶LPSURYLVDWLRQUHVVRUWHQWFRPPH
des objectifs fondamentaux du travail en
commun. Parallèlement aux considérations
sur la technologie de la communication, le
facteur humain de la défense a également été
PLVHQDYDQW&DUO¶LQWHURSpUDELOLWpHQWUHOHV
hommes et les femmes engagés, qui jusque
là ont travaillé côte à côte mais pas
ensemble, est vue comme un maillon
essentiel de la chaîne de communication.
Echanger, croiser les différentes idées pour
G\QDPLVHUO¶HQWUHSULVHFRPPXQHWHOVVRQW
les aspects de la connectivité humaine
recherchés pour encourager la connaissance
PXWXHOOHGHVJHQVHWIDLUHHQVRUWHTX¶LOVVH
FRPSUHQQHQW/¶LQWpJUDWLRQG¶RIILFLHUV
ReVWHTXHVLOHSULQFLSHGHO¶LQIRUPDWLRQDX
public est acquis, le constat demeure: la
GpIHQVHQ¶HVWSDVXQVXMHWTXLIDVFLQH
Surtout côté français. Le régime présidentiel
qui donne un poids relatif au débat
parlementaire, ne rend pas la tâche de la
communiFDWLRQIDFLOHDXSUqVG¶XQSXEOLFTXL
Q¶DSDVYUDLPHQWFRQVFLHQFHGHVGpILV
Cependant les députés et les sénateurs sont
decidés à dépasser cet héritage en stimulant
les échanges pour expliquer, partager,
convaincre. Sur le fond, ils reconnaissent
que la relation du franco-britannique à une
dimension européenne de securité et de
défense pose problème, car la France,
historiquement, culturellement, reste très
DWWDFKpHjODFRQVWUXFWLRQGHO¶(XURSH
6 /¶LGpHHVWpYRTXpHGHWUDYDLOOHUVXUXQ
message qui met en éYLGHQFHO¶DVSHFW
SUDJPDWLTXHGHO¶DFFRUGDYHFVHVDYDQWDJHV
Les questions de coopération stratégique, de
concept de souveraineté, ne sont pas des
DQJOHVG¶DSSURFKHSULYLOpJLpV
Côté britannique, le problème ne se pose pas
GDQVOHVPrPHVWHUPHV/¶RSLQLRQ est
davantage consciente des enjeux mais plus
UpVLVWDQWHDXVVLjO¶LGpHG¶XQUDSSURFKHPHQW
avec la France. La relation privilégiée à la
JUDQGH$PpULTXHO¶DHQTXHOTXHVVRUWHV
figée dans une attitude plutôt passive vis-àvis de ses propres besoins nationaux
(pourquoi investir dans autre chose plus
risqué, plus cher et moins garanti?) voire
VFHSWLTXHV¶LOV¶DJLWG¶XQDXWUHSDUWHQDULDW
bilatéral, qui plus est européen. La tâche
essentielle des parlementaires sera donc de
présenter les traités avec la France pour
expliquer ce qui se passe. Et souligner le
profil bilatéral de cette initiative pour ne pas
prendre le risque de réveiller les
commentaires de la presse populaire antieuropéenne, anti-multilatérale et puissant
YHFWHXUGXIDoRQQHPHQWGHO¶RSLQLRQ'¶Xne
façon générale, il y a un vrai travail
G¶LQIRUPDWLRQjIDLUHSRXUFRQMXUHUOHV
stéréotypes qui ont fait dériver le débat après
6W0DORH[SOLTXHUDYHFFKLIIUHVjO¶DSSXL
que la France aussi est engagée en
$IJKDQLVWDQTXHO¶DUPpHEULWDQQLTXHSHXW
être commandée par un officier français et
inversement, sans perte de souveraineté, que
OHSULQFLSHG¶XQHDUPpHHXURSpHQQHQ¶HVW
SDVjO¶RUGUHGXMRXU«/HYUDLGDQJHUDX
Royaume-8QLHVWVLOHSXEOLFDO¶LPSUHVVLRQ
TX¶LO\DXQGpVpTXLOLEUHGHVDYDQWDJHVHQWUH
les deux pays. Il faut donc mettre en avant
O¶LQWpUrWPXWXHOH[SOLTXHUOHVFRPSURPLV
réciproques, parler du leadership partagé,
VRXWHQLUTXHOHWUDLWpQ¶HVWSDVXQHVLPSOH
DQQHFGRWHPDLVTX¶LOFRQGXLWjGHVFKRVHV
pratiques. Surtout il faut accepter de faire
IDFHDX[PLFURVGHODSUHVVH/¶LGpHSRXUUDLW
être de montrer en quoi consiste un exercice
conjoint en invitant les médias.
La question des exportations en matière
G¶DUPHPHQWXQHpiste en friche
Enfin, dernier aspect de ces nouvelles voies
de coopération: les perspectives de soutien à
O¶H[SRUWDWLRQ/DTXHVWLRQHVWLFLQHWWHPHQW
moins développée, et les considérations
pYRTXpHVSOXW{WjO¶pWDWG¶pEDXFKH0DLVOHV
acteurs ont tenu à souligner que le
rapprochement franco-britannique présente
O¶DYDQWDJHG¶RXYULUXQPDUFKpLQGXVWULHO
plus vaste qui, le cas échéant, doit impacter
O¶pTXDWLRQpFRQRPLTXHGXSDUWHQDULDW8QH
PHLOOHXUHV\QHUJLHGHVRIIUHVjO¶H[SRUWDWLRQ
contribuerait en effet au développement
industriel et stimulerait la compétitivité.
Thales explique ainsi que quand un degré de
rationalisation maximum est atteint ±le
même matériel pour chaque armée avec une
production répartie sur les deux pays- la
SRVLWLRQFRPSpWLWLYHjO¶H[SRUWDWLRQHVW
renforcée avec des séries plus importantes
qui permettenWG¶DPRUWLUOHFR€WGH
développement et où chaque industrie
conserve la propriété intellectuelle. Certes ce
schéma exige de respecter les
UqJOHPHQWDWLRQVG¶H[SRUWDWLRQGHVGHX[
SD\VHWjO¶pYLGHQFHOHULVTXHGH
FRQFXUUHQFHjO¶H[SRUWDWLRQGHPHXUH0DLV
le seul cas où le fait de produire des objets
communs peut être un handicap à
O¶H[SRUWDWLRQF¶HVWVLOHPDWpULHOQ¶HVWSDVHQ
IDLWYUDLPHQWFRPPXQPDLVSOXW{WO¶DGGLWLRQ
GHGHX[FRQFHSWV3RXUOHUHVWH³jFKDTXH
IRLVTXHOHPHLOOHXUJDJQH´
L E F R A N C O-B R I T A N N I Q U E P O U R
Q UI E T PO UR Q U O I F A IR E ?
Du bilatéral au multilatéral, entre les deux
mon coeur balance
En dernière partie, une interrogation
GHPHXUHO¶LQLWLDWLYHjGHX[VHMXVWLILH-t-elle?
2XLSRXUO¶HQVHPEOHGHVSDUWLFLSDQWV&DU
SHXG¶(WDWVDXMRXUG¶KXLSHXYHQWSUpWHQGUH
IDLUHIDFHVHXOVDX[PHQDFHVHWjO¶LQVWDELOLWp
7 internationales. /H6HFUpWDLUHG¶(WDW1LFN
+DUYH\O¶DUDSSHOp³we live in a world in
which isolation is neither splendid, nor
optional. We have no choice but to look
outward, DQGWRORRNWRRXUIULHQGV´Audelà de ce constat qui fonde le partenariat
ELODWpUDOO¶LQWpUrWGHODFRRSpUDWLRQjGHX[
se précise: LOQHV¶DJLWSDVGHIDLUHODPrPH
chose avec moins, mais au contraire de faire
plus avec la même chose, avec, à la clé, un
HIIHWPXOWLSOLFDWHXU/¶DFFRUGFRXYUHG¶XQH
façon inédite un champ de capacités
important pour la dissuasion, la projection
en grande profondeur, le ravitaillement, le
ODUJDJHKDXWHHWEDVVHDOWLWXGH««$OOHU
plus vite et plus fort, honorer la devise selon
ODTXHOOH³WRJHWKHUZHDUHVWURQJHU´WHOVVRQW
les axes de choix de la nouvelle coopération.
La pertinence du contexte bilatéral a
FHSHQGDQWIDLWO¶REMHWGHTXHOTXHVFULWLTXHV
'¶XQHSDUWSDUFHTXHODGLYHUJHQFHGHYXHV
GHVGHX[SDUWHQDLUHVTXL³VHVont liés les
SLHGVPDLVSDVOHVPDLQV´FRQWLQXHG¶LVROHU
O¶DSSURFKHIUDQoDLVHDWWDFKpHjXQH
construction européenne de celle des
Britanniques positionnée sur une ligne
atlantiste. Mais aussi parce que la
détermination franco-britannique peut créer
un certDLQWURXEOHGDQVO¶8(HQLQVSLUDQW
SOXVGHFUDLQWHTXHG¶DGKpVLRQ/D
dimension bilatérale de la coopération -dont
LOQ¶HVWSDVIDLWPHQWLRQGDQVOHVWUDLWpVpourrait ainsi être contre-productive en
GHYHQDQWVRXUFHGHGLYLVLRQ/¶$OOHPDJQHD
déjà manifesté des signes de désapprobation
vis-à-YLVG¶XQHLQLWLDWLYHTX¶HOOHQ¶DSSUpFLH
pas forcément.
Côté industriel, les ingénieurs ne cachent pas
leur préférence pour le bilatéral (cela
signifie concrètement des délais
raisonnables), mais ils ne sont pas opposés à
ce que la coopération glisse vers le
PXOWLODWpUDODYHFO¶DFFXHLOGHQRXYHDX[
partenaires. Leur crainte est cependant que
O¶8(SHUWXUEHOHPDUFKpGHODGpIHQVH/D
question des directives européennes a été
VRXOHYpHHWFHOOHVXUODIDoRQGRQWO¶8(
cherche à acquérir des responsabilités. Les
initiatives de la Commission européenne,
non compétente en matière de défense
(notamment dans les budgets de
développement de programmes), qui tente
de réguler les échanges commerciaux, ont
été considérées comme un facteur
G¶LQTXLpWXGH/HVVL[SD\VGHOD/R,UHVWHQW
ainsi très vigilants sur la façon dont elle
LQWHUSUqWHO¶DUWLFOHGX7UDLWpGH/LVERQQH
(ex article 296) pour se protéger de toute
ingérence.
/¶(XURSHGHODGpIHQVHOHVXMHWVHUSHQWGH
PHUTX¶LOIDXGUa encore reprendre
3OXVODUJHPHQWODUHODWLRQjO¶(XURSH
FRPPHSURORQJHPHQWGHO¶LQLWLDWLYHIUDQFRbritannique a de nouveau mobilisé le débat.
Le Libéral-démocrate Nick Harvey en a fait
la description suivante: ³7KLVQHZ
partnership with F rance is win-win, winwin. Win for the tax payers of both Britain
and F rance. Win for the military capabilities
of our respective countries. Win for the
capabilities available to NATO. And win for
WKHFDSDELOLWLHVDYDLODEOHWRWKH(8´En
UpDOLWpF¶HVWXQVXMHWTXLXQH nouvelle fois,
a été presque exclusivement relayé par la
communauté française. /¶LGpHSKDUHUHVWH
TXHO¶LQLWLDWLYHjGHX[GHYLHQWG¶DXWDQWSOXV
LQWpUHVVDQWHTXDQGjSDUWLUGHFHTX¶HOOH
aura su démontrer, elle pourra exercer un
effet levier sur une perspective de
participation européenne. Le constat selon
OHTXHOXQH³IDWLJXHG¶(XURSH´ODLVVHO¶8(j
la remorque de tout esprit décisionnel va de
SDLUDYHFFHOXLVXUO¶HIIDFHPHQWGXGpVLUGH
construction européenne chez une nouvelle
génération de citoyens, pour qui la nécessité
G¶DJLUFROOHFWLYHPHQWQHVHGpWDFKHSDV
FRPPHXQHSULRULWp$XMRXUG¶KXLDORUVTXH
O¶HIIRUWGHUpDUPHPHQWHVWJpQpUDOGDQVOH
PRQGHO¶LPDJHG¶XQH(XURSHTXLGpVDUPH
est saisissante: sur près de 2 millions de
soldats présents dans l'Union européenne,
seuls 20 % sont réputés déployables et à
peine 3 % - soit environ 60.000 - sont
effectivement engagés en opération dans le
cadre de l'UE, de l'OTAN, des Nations
8 Unies, de l'OSCE ou de coalitions ad hoc.
Sur les 200 milliards d'Euros que consacre
globalement, chaque année, l'Europe à sa
défense (la plaçant ainsi au deuxième rang
mondial derrière les Etats-Unis), moins de
15 % de cette somme est consacrée à des
acquisitions d'armement modernes.
Pour les Français, il est donc clair que la
volonté réunie des deux pays doit inciter
l'Union à coopérer de façon pragmatique, à
partir de la mobilisation de ses points forts.
/¶LQWHURSpUDELOLWpIUDQFR-britannique
pourrait par exemple être leader dans la mise
en oeuvre des dispositions de Lisbonne sur
la coopération structurée permanente (CSP).
Elle est également de nature à contribuer au
renforcement de la relation UE-OTAN, en
particulier via la réactivation des accords de
Berlin + en vertu de la nouvelle doctrine
américaine en matière d'intervention
militaire (cf le discours du Président Obama
à l'université de la Défense de Washington
DC, le 28 mars dernier). Des objectifs
réalisables mais qui demandent de trouver
XQSRLQWG¶pTXLOLEUHDXQLYHDXHXURSpHQ
entre, le noyau dur des pays volontaires pour
s'acquitter de l'éventail des missions les plus
exigeantes, et les autres, prêts à s'engager
plus modestement. La future présidence de
O¶8(DVVXUpHSDUOD3RORJQHDXMRXUG¶KXL
moins atlantiste, peut influer dans le sens
attendu. /¶LQLWLDWLYHELODWpUDOHSUHQG donc
WRXWVRQVHQVTXDQGHOOHV¶RXYUHVXUGHV
perspectives multilatérales. Aucun cadre
SDUWLFXOLHUQ¶HVWSUpFLVpPHQWHQYLVDJpHWOH
débat se situe davantage dans la prospective.
0DLVQLO¶LQLWLDWLYHdu Triangle de Weimar
auquel la France est partie prenante, ni celle
du partenariat de défense avec l'Europe du
Nord cher aux Britanniques, ne sont
considérés comme contrevenant aux efforts
GHFRRSpUDWLRQHQWUHSULVGHSDUWHWG¶DXWUHGH
La Manche.
/¶LQWHUYHQWLRQPLOLWDLUHHQ/LE\HFRPPH
scénario générique
EnILQOD/LE\HHQV¶LQYLWDQWDXFHQWUHGX
débat, a suscité de nombreux commentaires
sur la question récurrente: la coopération
franco-britannique, pour quoi faire?
/DPLVHjO¶pSUHXYHGHO¶LQWHURSpUDELOLWp
franco-britannique sur le théatre
G¶RSpUDWLRQVOibyen a apporté une réponse
claire: côté français comme côté britannique,
ODFULVHOLE\HQQHPRQWUHTXHO¶LQLWLDWLYH
bilatérale répond à un besoin. Elle illustre la
volonté politique de David Cameron et
1LFRODV6DUNR]\G¶rWUHGHVSDUWHQDLUHVGH
choix sur la VFqQHPRQGLDOHjO¶KHXUHROD
diplomatie américaine ne souhaite plus
systématiquement intervenir en première
ligne, notamment en Afrique du nord. A cet
égard, la façon dont les médias ont relayé
cette manifestation de travail en commun a
permis une prisHGHFRQVFLHQFHGHO¶RSLQLRQ
Nombreux sont ceux qui ont reconnu que
O¶LQIRUPDWLRQVXUO¶RSpUDWLRQPLOLWDLUH
conjointe aura un impact beaucoup plus
important que la signature des traités euxmêmes, qui est apparue souvent comme une
anecdote auprès du publiF³6LOHUqJOHPHQW
de la crise libyenne est un succès, on saura
UHFRQQDvWUHTXHF¶pWDLWJUkFHjOD)UDQFHHW
au Royaume-8QL´Au plan militaire,
O¶LPSDFWGHFHWWHRSpUDWLRQDVVLPLODEOHj
O¶H[HUFLFH0LVWUDOJUDQGHXUQDWXUHVHUDWRXW
aussi important. Il faudra tirer des leçons
pour la mise en place de la CJEF organisée
VXUODEDVHGHO¶HQFKDvQHPHQWG¶H[HUFLFHV
(Q/LE\HO¶LQWHURSpUDELOLWpV¶H[HUFHjSOHLQ
pour dégrossir un conflit . Elle montre
O¶DYDQWDJHG¶DYRLUGHVSURFpGXUHVHWGHV
tactiques communes, notamment avec
O¶27$1
&HWWHFULVHHVWDXVVLO¶RFFDVLRQGHFRQILUPHU
ODQpFHVVLWpGDQVOHFRXUWWHUPHG¶XQH
approche plus doctrinale de la défense
SDUWDJpH&¶HVWGRQFLQGLUHFWHPHQWOHUHWRXU
dans le débat de la dimension stratégique de
la coopération: le rapprochement capacitaire
(qui jusque là est allé de pair avec une
politique concertée de réduction des
dépenses) ne suffira pas. Il nécessite une
9 réflexion conceptuelle notamment sur le
³FRPPHQWDJLUTXDQGOHV(WDWV-Unis font le
choix de ne pas intervenLU´/¶LGpH
G¶DSSURIRQGLUODJpRPpWULHYDULDEOHHVW
pYRTXpHjSDUWLUSDUH[HPSOH³G¶XQVHXO
ORJLFLHOSRXUSOXVLHXUVDSSOLFDWLRQV´O¶2WDQ
restant le fondement de la sécurité de
chacun, les Européens pourraient assumer le
PRQWDJHG¶RSpUDWLRQVGLYHUVLILpHV selon
leurs moyens, leurs équipements, leur
FXOWXUH/D)UDQFHDDLQVLIDLWYDORLUTX¶HOOH
SULYLOpJLDLWOHGpFOHQFKHPHQWG¶XQH
intervention avec le minimum de moyens
GpSOR\pVSRXUOHPD[LPXPG¶HIIHWV Un dossier qui amène celui sur le
commandement militaire. Faut-il envisager
un Quartier Général conjoint francobritannique? La réponse est non. Le manque
GHPR\HQVDXMRXUG¶KXLSRXUFUpHUXQH
structure aussi ciblée politiquement et
PLOLWDLUHPHQWHVWpYLGHQWG¶DXWDQWTX¶HOOH
resterait finalement inactivée pendant de
ORQJVPRLV/¶H[HPSOHGHVFLQT(WDWVPDMRUVGHO¶8(HVWOjSRXUOHUDSSHOHUEn
revanche ±HWOjHQFRUHO¶LQWHUYHQWLRQHQ
Libye sert en quelques sortes de laboratoireenvisager une chaîne de commandement
flexible à dominante franco-britannique
VHUDLWSHUWLQHQWHFDUHOOHQ¶HQJDJHUDLWSDVGH
coûts déraisonnables et elle permettrait aux
GHX[QDWLRQVGHIDoRQQHUO¶RSpUDWLRQ
/¶DYDQWDJHVHUDLWGHSRXYRLUPRQWHU
rapidement une structure bilatérale capable
G¶RSpUHUUDSLGHPHQWHWGHV¶DGDSWHUDX[
besoins du moment, en pré-identifiant un
état-major spécifique et en planifiant
O¶XWLOLVDWLRQGHVpWDWV-majors nationaux.
C O N C L USI O N
de la coopération. Chaque branche identifie
les défis à relever: la rationalisation pour
O¶LQGXVWULHODVWDQGDUGLVDWLRQSRXUOHV
PLOLWDLUHVODPLVHjO¶pSUHXYHGHQRXYHDX[
outils pour les politiques. Tous ont
conscience de la nécessité que ce processus
V¶LQVFULYHGDQVOHORQJterme, avec une
pression particulière en provenance du
monde industriel.
³$IULHQGLQ:DVKLQJWRQXQDPLLQ3DULV
WRR´
Huit heures de débats auront permis
G¶pWDEOLUOHVFRQVWDWVVXLYDQWV
La volonté politique, pré-requis
fondamental au projet de coopération
franco-britannique en matière de défense, est
UHVVRUWLHDYHFQHWWHWp/¶D[H6DUNR]\Cameron est confirmé comme le fil rouge
G¶XQUDSSURFKHPHQWKLVWRULTXHHW
O¶HQVHPEOHGHVDFWHXUVF{WpIUDnçais comme
côté britannique, affichent leur
détermination à y adhérer. Dans cette
pèriode de démarrage les achoppements
possibles sont évoqués mais, sur le fond, la
QRWLRQG¶REVWDFOHHVWSRXUO¶KHXUHUHPLVpH
3URMHWpHYHUVO¶DYHQLUDYHFOHVRXFL
G¶DYDQFHU, la communauté de défense
Q¶pYRTXHSDVGHOHoRQVSDUWLFXOLqUHVGX
SDVVpTX¶LOV¶DJLVVHGHO¶$IJKDQLVWDQRX
G¶HQWUHSULVHVFRPPXQHVPRLQVUpFHQWHV
Des précisions sont données sur les
orientations prioritaires du spectre très large
&HSUHPLHUpFODLUDJHH[SOLTXHO¶pPHUJHQFH
G¶XQHVSDFHUHODWLRQQHOFRPSOH[LILpGDQVOD
mise en place de la dépendance mutuelle.
/¶LPSpUDWLIG¶XQDOLJQHPHQWjODIRLV
intersectoriel et franco-britannique impose
G¶RSWLPLVHUOHUDSSURFKHPHQWHQFRXUVGH
PrPHTXHOHEHVRLQG¶XQHSOXVJUDQGH
connectivité humaine place la
communication au coeur des agendas. Quant
jO¶LQWHUYHQWLRQLQDWWHQGXHHQ/LE\HHOOH
aura utilement servi de laboratoire aux
commentaires des intervenants, et
notamment remis sur le métier la question
sensible de la réflexion stratégique et de son
corollaire, le commandement militaire.
Le débat a-t-il avancé sur la dimension
appropriée de cette coopération? Oui, si on
10 conVLGqUHTXHOD)UDQFHHVWDXMRXUG¶KXL
DFTXLVHjO¶LGpHGXFDGUHELODWpUDOHWTXHVRQ
DWWDFKHPHQWjODUpDFWLYDWLRQGHO¶(XURSHGH
la défense en panne est exposé avec
modération. Pas vraiment si on estime que
O¶DWWLWXGHHQUHWUDLWGHV%ULWDQQLTXHVVXUOH
sujet confirme une divergence de fond.
/¶RSpUDWLRQ$WDODQWDQ¶DSDVIDLWO¶REMHWGH
commentaires particuliers, et globalement
les deux pays empruntent le même chemin
mais sur une ligne de crête étroite. /¶HQWUpHHQYLJXHXUGHVWUDLWpVOHer juillet
prochain, la sortie du Livre Blanc
EULWDQQLTXHVXUODSROLWLTXHG¶DFTXLVLWLRQHQ
PDWLqUHG¶DUPHPHQWVOHVRPPHWELODWpUDOj
O¶DXWRPQHOHFKDQWLHUVXUODUpIRUPH
GHO¶27$1FRQVWLWXHQWGHQRXYHOOHV
échéances-étapes du vaste canevas de la
coopération franco-britannique. Dans
O¶LQWHUYDOOHOHVpFKDQJHVHQWUHSROLWLTXHV
militaires, industriels et chercheurs se
positionnent à une cadence soutenue.
/¶pTXDWLRQEULWDQQLTXHVHORQODTXHOOHLOIDXW
maintenant compter sur « a friend in
Washington, un ami in Paris too » y est
pour quelque chose.
INDE X
PA G E
INTRODUC TION
1
C I N Q M O IS A PR ES L A SI G N A T U R E D ES T R A I T ES D E L O N D R ES, L A
F R A N C E E T L E R O Y A U M E-U N I SE D O N N E N T L ES M O Y E NS
D E R E USSI R
1
/¶,QGXVWULHGHGpIHQVHXQHIRUFHGHSURSRVLWion
Mettre en oeuvre une interopérabilité qui a du sens militaire
Trois éléments politiques forts pour un grand pas en avant
2
3
3
L ES R E F L E X I O NS C R O ISE ES I N T E R-SE C T O R I E L L ES D E L A
C O M M U N A U T E D E D E F E NSE O U V R E N T D E N O U V E A U X D OSSI E RS 4
La TXHVWLRQGHO¶DOLJQHPHQWO¶LQGXVWULHDXFHQWUHG¶XQ³-ZD\VWUHHW´
La question de la communication: un facteur clé de la coopération
/DTXHVWLRQGHVH[SRUWDWLRQVHQPDWLqUHG¶DUPHPHQWXQHSLVWHHQfriche
4
5
7
L E F R A N C O-B R I T A N N I Q U E P O U R Q U I E T PO U R Q U O I F A I R E ?
7
Du bilatéral au multilatéral, entre les deux mon coeur balance
/¶(XURSHGHODGpIHQVHOHVXMHWVHUSHQWGHPHUTX¶LOIDXGUDHQFRUHUHSUHQGUH
/¶LQWHUYHQWLRQPLOLWDLUHHQ/LE\HFRPPHVFpQDULRJpQpULTXH
7
8
9
C O N C L USI O N
10
A friend in Washington, un ami in Paris too
10 11 

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