Chroniques de la correspondance

L’été c’est fait pour lire, c’est aussi fait pour écrire… Enfin, j’ai la faiblesse de croire que l’on peut encore écrire
un peu, durant l’été, avec de vrais crayons, sur du vrai papier, à défaut sur des cartes postales pour ceux qui
n’ont plus de bloc de papier à lettres.
Quand j’étais plus jeune et que nous partions en vacances chez des amis ou en groupes, les parents préparaient un
petit sac correspondances. Il y avait une enveloppe par semaine, les adresses étaient déjà inscrites, les timbres
collés. Il y avait le courrier pour les parents, mais aussi pour les grands-parents, et une ou deux enveloppes pour les
meilleurs amis, ceux qui ne seraient pas avec nous…
Après, il fallait écrire. J’avais tellement d’imagination qu’il m’arrivait même d’en écrire pour quelques-uns de mes
proches sans jamais mettre deux fois les mêmes éléments, du coup, il m’arrivait de raconter des événements qui
n’étaient pas franchement arrivés…
Pourquoi vous raconter tout cela ? Tout d’abord parce que c’est ce qui
est revenu dans ma mémoire en ouvrant cette Chronique de la
correspondance de Michel Marmin et Laurent Palet. On trouve là,
bien sûr, tous les éléments sur l’invention de l’écriture, une révolution
probablement encore bien plus importante que la fameuse numérique
dont on parle tant aujourd’hui.
D’ailleurs, il suffit de voir le temps qu’il a fallu pour en prendre toutes les
dimensions.
Si les Sumériens inventent l’écriture au 3ème millénaire avant Jésus
Christ, c’est seulement en 1450 que Gutenberg invente l’imprimerie,
et 1875 que la France décide de faire apprendre à lire à tout le
monde…
Mais ce qui est passionnant dans cet ouvrage, c’est de découvrir
comment la correspondance a joué un rôle non négligeable dans
l’histoire de l’humanité. Par exemple, les lettres de Cicéron, Saint Paul, Sénèque, pour rester dans les grands
classiques ! On oublie parfois que les lettres de Paul, celles que l’on lit encore aujourd’hui lors des célébrations
chrétiennes, ont participé à la fondation du christianisme.
Certaines lettres sont à l’origine d’événements historiques, comme celle d’Innocent III, qui lance la croisade
contre les Albigeois, celle de Luther au pape Léon X, pour lui confirmer ses positions, celle d’Emile Zola pour
rouvrir le dossier Dreyfus…
Mais cet ouvrage encyclopédique a le mérite de mettre en avant, aussi, la correspondance privée en montrant
comment les êtres humains ont toujours utilisé l’écriture pour dialoguer en amour, en haine, pour éduquer,
informer, transmettre toutes formes de sentiments.
Quelles sont belles les lettres de Montaigne à la mort de Boétie, de la Marquise de Sévigné à sa fille, de
Fénelon à Louis XIV, des combattants de presque toutes les guerres à leurs familles… Sans oublier les 1ères
cartes postales des congés payés en 36.
Je vous souhaite donc de découvrir toutes ces traces de courriers qui vous inspireront peut-être au moment de
remplir vos cartes postales cet été : Le soleil brille, je lis du matin jusqu’au soir, tout va bien, à bientôt !
Michel Bonnet
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Le dernier des hommes
Frédérick Tristan
Fayard
ISBN : 221362657X