Nouveau plan de transport de la SNCB : Stoppons le train fou de la

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Nouveau plan de transport de la SNCB : Stoppons le train fou de la
Nouveau plan de transport de
la SNCB : Stoppons le train
fou de la logique marchande
qui détruit l’avenir social
et écologique
Le 14 décembre dernier, le nouveau plan de transport de la
SNCB est entré en vigueur. Celui-ci renforce la logique
marchande qui gouverne depuis plusieurs années l’évolution de
notre société des chemins de fer. Les grandes orientations de
ce plan sont semblables à celles des précédents et
comportent :
Une baisse du service offert sur les petites lignes et
gares
Une baisse du service offert en horaires décalés
(singulièrement avant 6h et après 22h)
Un (faible) renforcement de l’offre sur les grandes
lignes les plus rentables
Un allongement des temps de correspondance
Un temps de parcours moyen augmenté de 1 %, et même de
3,3% pour les 100 trajets les plus importants.
Un plan à l’encontre du service public pour tous et au profit
de la voiture
En conséquence, le train est de plus en plus conçu (au mieux)
comme un moyen de transport complémentaire, notamment à la
voiture (or, pour rappel, 17% des ménages belges ne disposent
pas d’une voiture particulière). Il ne peut être utilisé pour
les personnes faisant les pauses (même si cela était déjà
compliqué vu la localisation de nombreux zonings) ou
travaillant en horaire décalé. Il ne peut être utilisé au
départ ou à destination de plus petites localités (en
particulier les week-ends).
En réduisant encore l’offre sur les plus petites lignes, ce
plan va forcer des usagers à changer de mode de transport
préparant le démantèlement futur de ces lignes. En effet, on
peut déjà prévoir l’argumentation qui consistera à relever le
coût d’entretien démesuré de lignes offrant un service aussi
réduit. C’est une dynamique similaire à celle qui a présidé à
la fermeture de nombreuses petites gares dont un grand nombre
sont aujourd’hui devenues des lieux désaffectés et
insécurisant pour de nombreux usagers.
En outre, la solution alternative avancée, le remplacement de
ces lignes de train par des bus, ne tient pas « la route ». Le
bus n’offre aucunement le même niveau de confort qu’un train
(espace, possibilité d’embarquer un vélo,…). Mais surtout les
bus se déplacent beaucoup moins rapidement (en moyenne 45%
moins vite).
En résumé, ce nouveau plan va donc renforcer l’usage de la
voiture. Or, entre 2007 et 2011 le parc de véhicules a déjà
augmenté de +7,9% en Belgique. Si l’on regarde entre 1977 et
2011, le chiffre est de +28,5% de véhicules dont pas moins de
5.407.015 voitures. Au sein de ce parc et sur la même période,
le nombre de véhicules au gaz a reculé (-15,1%), et celui de
véhicules au diesel (les plus polluants) a explosé (+116,8%).
Depuis 2000, l’augmentation du nombre de véhicules est plus
importante encore en Wallonie (région plus étendue, moins bien
desservie par les trains, et plus touchée par la baisse de
l’offre SNCB) qu’en Flandre. Quant aux distances parcourues en
voiture, elles ont augmenté entre 2000 et 2009 de pas moins de
9.1%. La conséquence directe de cette mobilité non maitrisée
et du tout à la route, est qu’entre 1990 et 2009, les
émissions de gaz à effet de serre (GES) ont augmenté de 44%
pour les transports, le transport devenant la principale
source d’émission de GES devant l’industrie (partie
combustion).
Un plan à l’opposé des préoccupations climatiques
Tout ceci s’inscrit dans une logique de croissance irréfléchie
et productiviste qui prône la fabrication et la consommation
de produits automobiles et de carburants classiques et
polluants.
A l’heure où le débat sur le dérèglement climatique perce
enfin, le transport par train (passagers comme marchandises)
constitue une clef essentielle pour que, notamment, notre pays
puisse tenir ses engagements. La SNCB montre malheureusement
la voie à ne pas suivre. Il faut inverser cette dynamique.
Le Mouvement VEGA relève deux causes principales au recul
actuel
Il y a tout d’abord une logique strictement marchande qui
gangrène aujourd’hui nombre d’entreprises publiques, et
singulièrement
leurs
directions.
Autonomisation,
privatisations partielles, acceptation des logiques de
libéralisation,…. Le monde politique s’est largement déchargé
de ses responsabilités concernant le secteur public. Il est
important de reconnaitre et de défendre la spécificité d’une
entreprise publique qui répond avant tout à des missions de
service public. Cela ne signifie pas le fait de ne pas faire
usage avec parcimonie des moyens publics alloués à leur
fonctionnement (et l’on pourrait commencer par éviter les
salaires mirobolants de certains patrons).
Il y a ensuite le sous-financement chronique des
infrastructures de service public, le mécanisme des enveloppes
fermées qui contraignent les gestionnaires des entreprises
publiques à des mesures d’économie. La Belgique consacre à
peine 1.7% de son PIB à des investissements publics contre
2.5% EU27 et 3.1% France. La vétusté de nos infrastructures,
et par ricochet la qualité très perfectible du service rendu
aux usagers, viennent de là. Les 25 milliards d’euros prévus
dans le plan d’investissement 2013-2025 de la SNCB sont
largement insuffisants pour répondre à l’ensemble des besoins.
Le Gouvernement Michel-Jambon vient en outre d’annoncer 2,1
milliards d’économie à la SNCB lors des 5 prochaines années.
Dans le même temps, ainsi que l’a très justement noté Inter
Environnement Wallonie, il ferme les yeux sur la niche fiscale
des voitures de société, une réforme favorable à la mobilité,
à l’environnement et à la santé des citoyens qui pourrait
pourtant rapporter 3,5 milliards d’euros d’économies par an,
soit 17,5 milliards sur les cinq années de disette imposées à
la SNCB.
Un double chantier pour agir
Nous devons nous opposer aux impératifs de rentabilité à court
terme. Les contrats de gestion devraient être beaucoup plus
précis et stricts sur les missions de service public, il
conviendrait que ceux-ci soient débattus et amendés dans les
Parlements et pas uniquement au niveau du Gouvernement, et que
les associations d’usagers, les organisations syndicales et
les associations environnementales puissent y être réellement
entendus.
Il faut opérer un changement de cap si l’on veut éviter que
l’amoncellement de mesures antisociales et antienvironnementales comme ce dernier plan de transport de la
SNCB ne nous conduise définitivement droit dans le mur. Cela
signifie un travail de pédagogie comme celui mené par de
nombreuses associations qui mettent en avant la nécessité de
repenser notre mobilité hors du tout à la voiture, et un
travail politique afin de donner poids à cette autre mobilité.