140611_Revue de la presse turque

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140611_Revue de la presse turque
11.06.2014
Service de presse de l’ambassade de France en Turquie
A LA UNE DES GRANDS QUOTIDIENS
Deux sujets marquent les Une des quotidiens : la question kurde avec les réactions politiques à l’incident du drapeau
(cf. revue de presse d’hier) et la prise de la ville de Mossoul par l’EIIL.
Revenant sur l’incident du drapeau, Hürriyet évoque la vaste opération des forces de sécurité pour mettre fin au
blocage des routes par le PKK à Lice (département de Diyarbakır). Sous la Une « ça se termine là » le quotidien évoque
à la fois l’intervention de l’armée et l’appel du leader du PKK à ses sympathisants, qui aurait, selon le quotidien, été
entendu. A l’inverse, le quotidien nationalo-kémaliste Sözcü adopte un ton alarmiste et apostrophe en Une le Premier
ministre sur les incidents dans les régions du Sud-Est : « t’es au courant que le pays est en train d’être perdu ? ». Sous
le titre « les militaires aussi sont dans une situation gênante », Cumhuriyet se penche en Une sur la situation des
forces de sécurité qui, selon le quotidien, seraient « devenues la cible du gouvernement et de l’opposition, et prises en
étau : ‘si l’on frappe, on a des soucis, si on ne frappe pas, on en a d’autres ! ». Sabah se fait quant à lui comme à
l’habitude l’écho des déclarations du Premier ministre, s’adressant aux officiers de la caserne visée : « tu devais faire
descendre celui qui a descendu le drapeau ». Le quotidien pro-kurde Özgür Gündem reprend en Une un message
d’Abdullah Öcalan invitant l’AKP à « renoncer à ses politiques de guerre ».
De nombreux quotidiens évoquent en Une ce matin, sur un ton alarmiste, la prise par l’EIIL de Mossoul : « l’EIIL a mis la
main sur Mossoul », constate Taraf. « Al Quaïda à Mossoul, alerte Radikal. « le nouveau mal est à Mossoul », souligne
HaberTürk tandis que Milliyet titre « fuite de Mossoul » et signale l’évacuation du Consulat général de Turquie et la
prise en otage de 28 conducteurs turcs de poids lourds.
Vatan évoque en Une un message des services de renseignements de la Direction de la Sûreté d’Ankara annonçant
l’infiltration en Turquie d’un militant de l’EIIL pour perpétrer des attaques contre des points sensibles dans le pays, tels
que les ambassades des pays occidentaux, les aéroports, les centres commerciaux et les centres villes, etc.
I. POLITIQUE INTÉRIEURE
Question kurde : sous le titre « ça se termine là », Hürriyet rapporte en Une qu’ « à un moment où les nerfs
étaient très à vifs en raison de la crise provoquée par l’incident du drapeau (cf. revue d’hier), l’armée a lancé
une vaste opération dans la région, avec l’appui d’hélicoptères, et dégagé les routes [NDR : bloquées par
des militants kurdes] ». Le quotidien estime que l’appel d’Öcalan à « une fin des actions » du PKK a été entendu
puisque la coprésidente du parti prokurde HDP Sebahat Tuncel, a fait une déclaration dans le même sens : « les
mouvements comme couper les routes (…) sont des actes de résistance qui ont fait apparaître la duplicité du
pouvoir. Notre peuple a fait ce qui lui incombait. Désormais c’est aux politiques d’agir ».
Des manifestations nationalistes pour protester contre l’incident du drapeau à Diyarbakir ont eu lieu dans
plusieurs villes hier. Sous le titre « ce n’est pas l’Etat mais le peuple qui a défendu le drapeau », le
quotidien nationalo-kémaliste Sözcü fait état de manifestations à Istanbul, Izmit, Manisa, Malatya, Trabzon,
Ordu, Bursa, Balıkesir, Şanlıurfa, Sivas). Taraf rapporte que des partisans du parti d’extrême droite nationaliste
MHP ont installé un drapeau turc sur le bâtiment du parti pro-kurde HDP à Adapazarı. Le quotidien prokurde
Özgür Gündem indique que « des attaques racistes contre les Kurdes » ont eu lieu à Ankara, Malatya, Kayseri,
Karabük et dans d’autres villes. Le quotidien tient responsable le Premier ministre Erdoğan de ces incidents.
Alors que le refus du PKK de la construction de nouveaux postes militaires dans le Sud-Est sont à l’origine des
tensions dans la région, le ministre de la Défense Ismet Yılmaz, a déclaré que ces « travaux se poursuivront ».
Sabah relève en Une la réaction du Premier ministre Erdoğan qui pointe la responsabilité des responsables
militaires de la caserne où a eu lieu l’incident du drapeau « Tu devais faire le nécessaire. Si tu ne le fais pas, tu
es responsable. Ce n’était quand même pas moi qui devais venir le faire. Les responsables ne devaient pas se
contenter d’observer sous prétexte de ne pas mettre à mal le processus. Les gendarmes et la police
doivent donner la réponse nécessaire à ces bandits, ces terroristes qui bloquent les routes », a-t-il
déclaré.
Le Premier ministre a dénoncé une nouvelle fois dans cet incident une tentative de sabotage du processus
de résolution de la question kurde : « le scénario mis en œuvre est très clair. Ce pion avait été envoyé là-bas
[NDR : pour faire descendre le drapeau] par ses seigneurs armés pour être abattu et peu importait pour ces
seigneurs la douleur, la souffrance de la famille du pion s’il avait été abattu. Si ce traitre avait été abattu,
l’organisation terroriste et le HDP allaient instrumentaliser l’incident pour provoquer les masses et il y aurait
eu des troubles dans toute la région de l’Est et du Sud-Est. Il ne l’a pas été. Mais c’est maintenant dans le
Nord, l’Ouest et le Sud qu’on essaye de semer le trouble ».
Le Premier ministre Erdoğan a également dénoncé l’instrumentalisation de l’incident par l’opposition
nationaliste de droite (MHP) comme de gauche (CHP) : « car [NDT : d’après le scénario] le MHP, le CHP, les
médias parallèles [NDR : acquis à la confrérie Gülen] devaient pour leur part instrumentaliser l’incident du
drapeau. Puisque le traître n’a pas été empêché dans son acte, comme on pouvait s’y attendre, l’agression
contre notre drapeau a commencé à être utilisée comme un instrument de haine et de racisme. Le MHP et
le CHP se sont engouffrés dans la brèche pour en abuser tandis que les médias parallèles et autres n’ont
pas tardé à barrer leurs premières pages de titres racistes. Cet Etat répondra de la manière la plus sévère à
ce traitre et ses seigneurs armés. Nous avons la force de répondre comme il se doit à ceux qui bloquent, avec
insolence, des routes depuis des jours, qui sèment la terreur dans les rues. Mais nous, nous agirons avec le
réflexe d’un grand Etat».
Le Premier ministre Erdoğan a mis également l’accent sur l’importance du problème kurde et réaffirmé
l’engagement de son gouvernement à poursuivre le processus de résolution : « nous avançons, pour ainsi
dire, sur le fil du rasoir, sur un terrain extrêmement délicat où les marchands de sang sont à l’affût. Les
médias parallèles se livrent à toutes les formes d’ignominie pour que le processus de résolution échoue et que
les affrontements reprennent. Croyez-moi, pour ceux-là, le meilleur Kurde c’est le Kurde mort ; le meilleur
alévi, c’est l’alévi mort. Notre patience à ses limites face aux actes de sabotage contre le processus de
résolution et la paix. Que personne n’essaye de mettre à épreuve notre patience. Nous porterons davantage
plus loin le processus de résolution. Il n’y a pas d’autres choix, pas d’autres options que la solution du
problème [kurde] pour la Turquie », a-t-il martelé.
Sous sa Une « séisme du drapeau », le quotidien de la confrérie Gülen Zaman dénonce ce qu’il considère comme
des « incohérences » dans les propos du Premier ministre Erdoğan : alors que l’opposition tient responsable le
gouvernement de l’incident du drapeau, celui-ci montre du doigt la responsabilité des militaires.
Le leader du parti d’opposition kémaliste CHP Kemal Kılıçdaroğlu, a tenu pour responsable de l’incident le
Premier ministre : « si l’armée reçoit des instructions selon lesquelles elle ne doit même pas intervenir en cas
d’arrachage du drapeau, [NDR : sous-entendu : que voulez-vous qu’elle fasse ?]. N’était-ce pas toi qui te
prévalais d’avoir foulé aux pieds toutes les formes de nationalisme ? Le nationalisme témoigne de l’amour du
drapeau. C’est toi [NDR : Premier ministre] qui a abaissé ce drapeau ! »
Le leader du parti d’extrême droite nationaliste MHP Devlet Bahçeli, a eu des mots très durs à la fois en
direction du gouvernement mais également de l’armée, appelant même le chef d’état-major à
démissionner : « le chef d’état-major et le commandant de la deuxième armée essaieront-il de montrer qu’ils
ont suffisamment d’honneur pour démissionner ? » Le leader nationaliste a, par ailleurs, accusé l’AKP de faire
des concessions au PKK, notamment sur la question de l’autonomie, en échange du soutien de ses sympathisants
à l’élection du Premier ministre Erdoğan à la présidence de la République.
Zaman se fait l’écho des propos de Mustafa Kamalak, président du parti islamo-conservateur Saadet qui accuse
le gouvernement « d’attacher les mains de la police et de l’armée ».
La coprésidente du parti prokurde HDP Sebahat Tuncel qui tenait sa réunion de groupe parlementaire non pas au
Parlement mais à Lice, a qualifié de « provocation » l’incident : « certains tentent de saboter le processus en
surfant sur les sentiments nationalistes ». « Le but a été atteint. [vous avez réussi] à attirer l’attention.
Mettez fin à votre action. Que la voie de la paix ne se grippe pas », a-t-elle dit.
Plusieurs quotidiens rapportent les déclarations de Duran Kalkan, haut responsable du PKK à Kandil [NDR : base
arrière du PKK en Irak du Nord] : « le seul interlocuteur du PKK, de notre guérilla est notre leader (Abdullah
Öcalan). Cependant, nous ne sommes dorénavant plus en mesure de croire en quoi que ce soit tant qu’il
n’y a pas de relation directe. C’est la raison pour laquelle la guérilla n’écoutera plus personne tant qu’il
n’y aura pas de relation directe. C’est Tayyip Erdoğan lui-même qui disait que le monde était devenu un
monde de montages [NDT : le Premier ministre Erdoğan avait qualifié il y a quelques mois les enregistrements
sonores l’impliquant dans des affaires de corruption de montages]. Dorénavant, plus personne ne pourra
convaincre la guérilla. Elle pourra être convaincue s’il y a un lien direct et des entretiens avec le leader Apo
[NDT : diminutif utilisé pour Abdullah Öcalan]. Nous n’avons plus rien pour être convaincus. Les conditions
actuelles pour développer notre lutte pour la liberté sont on ne peut plus propices ». Selon le quotidien
kémaliste Cumhuriyet, Duran Kalkan a également déclaré que « le HDP et le BDP ne sont pas nos
représentants. Ils ne sont pas le PKK, ils ne sont pas la guérilla. Que tout le monde le sache ».
Se basant sur les propos du leader du PKK rapportés par la vice-présidente du groupe parlementaire du HDP
Pervin Buldan qui a rencontré ce week end A. Öcalan sur l’île prison d’Imrali, le quotidien pro-kurde Özgür
Gündem consacre sa Une aux messages d’Abdullah Öcalan invitant l’AKP à « renoncer à ses politiques de
guerre ». Indiquant que les incidents à Lice sont en lien avec l’absence de mesures prise par le gouvernement
pour faire avancer le processus de résolution, le leader du PKK déclare : « le processus est historique et très
sensible. Chacun doit rester très attentif face aux pièges et aux provocations dans ce processus.
La politique de l’APK de poursuivre les constructions de nouveaux postes militaires et de poursuivre les
ravitaillements militaires, le fait qu’il refuse de trouver une solution aux problèmes des détenus malades sont
tous en relation avec les incidents à Lice. Ce qui se passe à Lice sont des incidents auxquels nous nous
attendions. Ces incidents n’auraient pas eu lieu si une feuille de route était élaborée et rendue publique par
les ministres concernés le jour de l’atelier de travail à Diyarbakır [le 6 juin, soit la veille des incidents]. C’est
pour cette raison que nous souhaitions la mise en place d’un comité de suivi. C’est une nécessité urgente. La
tricherie et la fraude n’ont pas leur place dans les négociations démocratiques. » Evoquant l’incident du
drapeau à Diyarbakır, le leader du PKK aurait déclaré : « tout le monde doit savoir que ce genre de
provocation vise à porter atteinte à mes propositions de solution pour une nation démocratique ».
Evoquant les déclarations de Duran Kalkan (cf. plus haut), la coprésidente du parti prokurde Pervin Buldan
estime que la demande de contacts directs avec le leader du PKK n’est pas une nouvelle demande de sa part :
« En fin de compte, M. Öcalan est le leader du PKK. De fait, un entretien direct avec son organisation est très
important pour ses contributions au processus de résolution, mais également pour l’amélioration des conditions
dans lesquelles se trouve M. Öcalan. La voie pour la visite des responsables du KCK à Imralı doit s’ouvrir le plus
vite possible. Ceci aura un reflet positif sur le processus » déclare Mme Buldan.
L’éditorialiste Fatih Altaylı considère dans HaberTürk que « les militaires ne font que ce qu’on leur demande de
faire » et que, « pour l’instant, ce qu’ils ne cessent de dire est ‘taisons-nous, il ne faut pas que le processus [de
résolution] se détériore ». Le journaliste écrit que depuis deux ans, la « tactique donnée aux forces armées
turques présentes dans la région est ‘vois, regarde, ne touche pas’. Les militaires, donc, sur ordre reçu,
regardent. Des routes sont barrées [par le PKK], les militaires regardent. De très jeunes membres du PKK font
des contrôles d’identité, l’armée regarde. Le PKK prélève des taxes, les militaires restent spectateurs. Des
membres armés du PKK passent devant eux, les militaires regardent. Et dernièrement, notre drapeau est
décroché, et ils regardent aussi cela. Parce qu’ils ont reçu l’instruction de ne pas intervenir. (…) Ils n’ont pas
tort. Parce que, s’ils émettent un son, ils seront qualifiés de ‘membres d’Ergenekon [NDT : Complot visant à
renverser le gouvernement islamo-conservateur AKP]. S’ils disent ‘eh, mais que faites-vous !’, ils seront des
commandants de la structure parallèle [NDT : désignation retenue par le gouvernement turc pour évoquer
l’implantation de la confrérie Gülen au sein de l’Etat, en particulier au sein des forces de police et de la
magistrature] qui tentent de détruire la paix ».
Melih Aşık fait observer dans Hürriyet que le Premier ministre Erdoğan n’a, une nouvelle fois, pas surpris : « au
lieu d’en assumer la responsabilité, il s’est une nouvelle fois défaussé en faisant porter le chapeau cette fois-ci
à l’armée ». L’éditorialiste affirme que l’armée ne peut plus agir que sur l’ordre du préfet dans la région,
rappelant que des poursuites ont été engagées il y a quelques jours contre des officiers, dont les armes ont été
saisies, dans le cadre de la mort de deux manifestants à Lice. Il accuse le gouvernement de faire des concessions
au PKK qui ne cesse de faire monter la tension à l’approche de l’élection présidentielle.
Güneri Civaoğlu appelle dans Milliyet les parties à « ne pas jouer avec le feu ». Selon lui, « la plus grande
responsabilité incombe au HDP et au BDP qui doivent freiner le cours des événements en prodiguant des
conseils aux sympathisants du PKK et en renforçant leur dialogue avec eux. Il faut qu’ils arrêtent ceux qui,
profitant du comportement tolérant des forces de l’ordre, se livrent de plus en plus à des attaques odieuses ».
Affaire Pınar Selek : les versions en ligne des quotidiens signalaient ce matin que la Cour de cassation a
annulé la condamnation à la perpétuité infligée en 2013 à la sociologue turque réfugiée en France Pinar Selek
pour une participation à un attentat en 1998 à Istanbul qu'elle a toujours niée. Mme Selek sera jugée une
nouvelle fois par un tribunal à Istanbul à une date qui reste à fixer.
Armée/affaire de complot contre le gouvernement : les quotidiens signalent la remise en liberté du
général à la retraite Hurşit Tolon dans le cadre de l’affaire du massacre de la maison d’édition Zirve, où des
missionnaires protestants avaient été assassinés en 2007. Emprisonné depuis janvier 2012, le général Hurşit
Tolon avait été condamné à la prison à perpétuité dans le cadre de l’affaire Ergenekon [NDR : complot visant à
renverser le gouvernement AKP]. Milliyet précise que le général à la retraite était le seul prévenu se trouvant en
détention provisoire dans le cadre de l’affaire Zirve.
Nouveau président de la TÜSIAD : la presse rapporte la désignation d’un nouveau président de la TÜSIAD
[NDR : Association des hommes d'affaires et industriels de Turquie, équivalent du MEDEF]. Le Vice-président de
l’organisation patronale, Haluk Dinçer [NDR : époux de Mme Suzan Sabancı Dinçer, membre d’une des plus
grandes familles industrielles de Turquie] a été élu président en remplacement de Muharrem Yılmaz qui avait
démissionné la semaine dernière après que la presse progouvernementale a dénoncé les méthodes utilisées
contre des salariés en lutte dans la célèbre société de produits laitiers Sütaş appartenant à l’homme d’affaires
: des tonnes de fumier auraient été déversées, à fin d’intimidation, devant le siège d’une usine où des
travailleurs protestaient contre leur licenciement après leur affiliation à un syndicat.
Manifestations Gezi : Taraf indique en première page que, selon un rapport d’Amnesty International « 5500
personnes sont poursuivies pour avoir soutenu les manifestations Gezi ». Le quotidien rapporte les
déclarations d’Andrew Gardner, spécialiste de la Turquie à Amnesty International : « nous avons discuté avec
des milliers de victimes et d’ONG dans 14 villes telles qu’Istanbul, Ankara, Adana, Antakya, Izmir. Nous avons
suivi plus de 30 procès. Les personnes qui ont soutenu le mouvement Gezi sont encore prises pour cible. (…)
Les enquêtes portant sur la violence de la police n’aboutissent pas à des condamnations. Comme il n’y a pas
de mécanisme indépendant et efficace de poursuite, l’absence de sanctions va continuer ».
II. POLITIQUE ÉTRANGÈRE
Mossoul/Irak du Nord : de nombreux quotidiens s’inquiètent de la prise de Mossoul par les forces de l’Etat
islamique en Irak et au Levant (EIIL). Selon Milliyet, les habitants auraient commencé à rapidement quitter la
ville. 28 conducteurs turcs de poids lourds auraient été pris en otage par l’EIIL, signale le même quotidien [NDR :
on apprend cet après-midi que les personnels du Consulat ont également été pris en otage].
Le quotidien pro-kurde Özgür Gündem se fait l’écho de la réaction du YPG [NDR : aile armée du PKK] qui, sur
la base de l’union nationale, se déclare « prêt à assurer la défense de Mossoul ». Le quotidien indique
que l’EIIL, qui « avec le soutien des puissances régionales et internationales, la Turquie en tête, a procédé à
plusieurs massacres contre les peuples de la région », s’est emparé des positions critiques de Mossoul. Le
quotidien évoque le passage en état d’alarme d’YPG prêt à défendre le « Kurdistan du Sud » dans les mêmes
rangs que le peuple et les peshmergas.
La journaliste Aslı Aydıntaşbaş se pose la question dans Milliyet de savoir si la nouvelle donne pourrait « changer
les priorités d’Ankara » étant donné qu’ « Ankara s’est subitement retrouvé sur le même front que Barzani, le
PKK, le PYD et le Premier ministre irakien Maliki, avec lequel il a de mauvaises relations ». L’éditorialiste juge
que « l’hypothèse d’un Etat salafiste s’étendant de la Syrie à l’Irak impose à la Turquie de revoir ses
priorités stratégiques ». « Ankara est passé à l’offensive face à la menace présentée par l’EIIL qui l’an dernier
s’était déjà rendu maître de 4 postes à la frontière syrienne », note-t-elle. Selon la journaliste, « cette
organisation issue d’Al Qaïda qui, avec l’aide des djihadistes venus de l’étranger, est passée à l’offensive pour
mettre en œuvre son projet d’un Etat salafiste en continuum dans la région sunnite, s’étendant de la Syrie à
l’Irak, a commencé à menacer de façon concomitante à la fois le régime Maliki en Irak, la Turquie, la Syrie et
les mouvances kurdes en Irak. (…) Cela a eu l’effet d’une douche froide pas seulement à Erbil ou Ankara
mais aussi à Washington ». Elle indique qu’afin d’éviter de se retrouver face à un nouveau dilemme comme
celui du tombeau de Souleymane Shah en Syrie, qui avait été encerclé par les forces de l’EIIL, Ankara a
commencé à évacuer son consulat général pour assurer la sécurité de ses ressortissants. Selon la journaliste, les
autorités à Ankara lieraient en grande mesure la montée en puissance de l’EIIL au vide d’autorité créé par
le fait que le régime d’Assad n’ait toujours pas pu être renversé et aux politiques ostracisant du régime
Maliki en Irak vis-à-vis de la population sunnite. La journaliste juge cependant qu’Ankara ne peut se
contenter de ces griefs et qu’il se doit de développer de nouvelles stratégies, notamment en nouant une
alliance solide et durable avec les Kurdes. Elle constate toutefois qu’Ankara est certes dans une coopération
étroite avec le régime kurde d’Erbil mais ne l’est pas avec le PYD [NDR : branche syrienne du PKK]. Evoquant
des sources de haut niveau, elle indique qu’un rapprochement stratégique avec le PYD dépend du processus de
résolution en Turquie et que le climat fragile qui domine actuellement ce processus ne permet pas une relation
plus approfondie avec le PYD.
L’éditorialiste Ruşen Çakır estime, dans Vatan, que la faute qui a permis à l’EIIL, autrement dit à Al-Qaeda, de
s’étendre « jusqu’à la porte de la Turquie », appartient à la fois à Bagdad, à Téhéran, à Washington, à Ankara
et à Erbil. Se concentrant plus précisément sur les « erreurs stratégiques » d’Ankara et d’Erbil, le journaliste
indique que ces deux administrations ont commis une grande erreur en essayant d’affaiblir le PYD [NDR :
branche syrienne du PKK] au point d’en faire bénéficier le front Al-Nosra et l’EIIL qui combattaient contre celuici au Nord de la Syrie. Le journaliste estime que si le gouvernement AKP avait écouté le leader du PKK
Abdullah Öcalan, qui l’avait invité à collaborer avec les Kurdes de la région en mars 2013, l’EIIL ne serait
pas parvenu à sa puissance actuelle. Selon le journaliste, suite à la prise du contrôle de Mossoul par l’EIIL,
Ankara ne peut plus poursuivre sa politique syrienne excluant le PYD. Le journaliste craint une éventuelle
reprise des affrontements confessionnels en raison de l’idéologie anti-chiite de l’EIIL. M. Çakır sonne l’alarme et
indique que dorénavant les groupes affiliés à Al-Qaeda représentent une plus grande menace pour la Turquie,
car ceux-ci pourront « orienter leurs yeux sur le sol turc » pour élargir leur « djihad ». « A partir de cet instant,
l’erreur fatale que pourrait commettre la Turquie serait de tenter de profiter de cette situation dérangeante
pour Bagdad et Erbil, au lieu de mettre en place une solidarité solide avec ceux-ci. Après tant d’expériences,
Ankara s’est certainement rendu compte que celui qui se sert d’Al-Qaeda se brûle les mains » estime le
journaliste.
Dernière minute : situation au Consulat de Turquie à Mossoul : après la prise de la ville de Mossoul par
EIIL, les médias turcs font état de 48 ressortissants turcs retenus par l’organisation terroriste (dont 2 femmes
et 3 enfants) après que le consulat a été pris par les forces djihadistes (CNN Türk).
Le personnel irakien du Consulat a, selon Radikal, été épargné, tandis que les 48 Turcs, y compris le Consul
Öztürk Yilmaz, auraient été conduits au quartier général de EIIL, dans le quartier 17 Juillet de Mossoul. Ces 48
ressortissants turcs comprendraient également des membres des forces spéciales de police (30), chargés de la
protection du personnel diplomatique. Selon la chaîne CNN Türk, leur état de santé serait pour l’instant bon.
Selon le site internet de Millliyet, une réunion entre le Premier ministre Erdoğan, le vice-Premier ministre Beşir
Atalay, le vice-Ministre des Affaires étrangères Naci Koru, le chef du MIT Hakan Fidan et le Chef des Opérations
de l’Etat-major Erdal Öztürk vient de se terminer au cabinet du Premier ministre, dans l’attente d’une
déclaration du ministère des affaires étrangères dans les prochaines heures. Selon la chaîne CNN Türk, le
ministre des Affaires Etrangères Davutoglu a annulé sa visite à New York pour revenir en Turquie, et serait
actuellement en route vers la Turquie. Selon Radikal, la Bourse d’Istanbul a fortement chuté, perdant 3%
aujourd’hui, probablement sous l’effet de la nouvelle.
Relations Turquie/ Etats-Unis : plusieurs quotidiens dont Milliyet reprennent des extraits élogieux à l’égard
du Premier ministre turc du livre « Hard choices » de l’ancien chef de département américain, Hillary Clinton.
M. Erdoğan serait pour elle « une clé » pour l’avenir de la Turquie et des relations turco-américaines.
« Le Temps »
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