ENSA CLERMONT-FERRAND Domaine d`Etudes METAPHAUR
Transcription
ENSA CLERMONT-FERRAND Domaine d`Etudes METAPHAUR
ENSA CLERMONT-FERRAND Domaine d’Etudes METAPHAUR Journée d’études : « Le Corbusier : figure patrimoniale ? » - 21 novembre 2014 « La Cité de Refuge entre projet social et projet patrimonial » Intervention de François Gruson Architecte dplg, mandataire de l’équipe de maîtrise d’œuvre Enseignant, co-responsable du Domaine d’Etudes Patrimoines : Réalités, Temporalités, Transformations Président de la CPR de l’ENSA Paris-Val de Seine Chercheur à l’EVCAU Au contraire de beaucoup d’autres, la Cité de Refuge présente cette caractéristique d’être un Monument Historique (protégé depuis 1972) qui a toujours la fonction de ce pourquoi il a été conçu à l’oriogine : l’hébergement des personnes sans abri. D’aucuns auraient préféré que la restauration soit l’occasion d’une réinterrogation programmatique : pourquoi ne pas y mettre des bureaux, de sorte de restituer la pureté de la spatialité initiale ? Ou une résidence pour étudiants, puisque la Cité se trouve désormais en limite du Campus de l’Université de Paris 7 – Denis Diderot ? C’est oublier un peu vite que la restauration est précisément rendue possible parce qu’elle est avant tout portée par un projet social, qui consiste à considérer, à juste titre, que cet édifice conçu avec une véritable pensée humaniste – mais avec des dispositifs aujourd’hui obsolètes : hébergements en dortoirs, sanitaires collectifs – a toujours pour vocation de remplir sa mission sociale. Cette mission ne doit pas être considérée comme une contrainte, mais au contraire comme une véritable opportunité. En effet, le projet social – l’hébergement dans la dignité des personnes en difficulté – sert directement le projet patrimonial, les travaux de restauration étant entièrement financés par des fonds destinés à l’hébergement d’urgence. A l’inverse, le projet patrimonial – la restauration d’une œuvre majeure du 20 ème siècle – sert le projet social, en ce que l’architecture elle-même contribue, pour les résidents, à la valorisation de leur propre image : vivre « à la Cité » est un honneur pour beaucoup d’entre eux et on voit mal à quel titre on en les jugerait indignes… Sur un plan plus général, la restauration de la Cité pose un certain nombre de questions qui interrogent notamment les doctrines de restauration du patrimoine : jusqu’où restituer ce qui a disparu ? Pourquoi ne pas réaliser ce qui est désormais possible, tel le « mur neutralisant » ou la « respiration exacte » qu’en son temps Le Corbusier n’avait pu mener à terme ? Jusqu’où peut-on, sur la base de l’analyse historique, modifier profondément l’image d’un édifice dont on sait qu’elle est fausse ? Faut-il préférer le désir de l’auteur de l’œuvre ou l’état d’origine quand celui-ci n’est pas conforme à celui-là ? Les réponses à ces questions passent par une approche pragmatique, non doctrinale, et par une recherche de consensus entre les différents acteurs du projet. Financeurs, maîtres d’œuvre, services patrimoniaux, ayantsdroits et usagers contribuent, par leur sens de l’intérêt général, à la cohérence d’un projet social et patrimonial partagé. François Gruson FICHE TECHNIQUE : Localisation : > 12 rue de Cantagrel, Paris 13e Maîtrise d’ouvrage : > Résidences sociales de France, groupe 3F Maîtrise d’œuvre : > OPERA Architectes, mandataire > CHATILLON & ASSOCIES, Architecte en chef des Monuments Historiques > IPSO FACTO, Lynn Pennec > COTEC Bureau d’Etudes Techniques > LAMOUREUX, Acousticien Exploitant : > Fondation Armée du Salut Mode d’attribution : > Concours public Mission : > Base Loi MOP + EXE Type de construction : > Réhabilitation lourde Programme et particularités : > Restructuration et Restauration de la Cité de Refuge, inscrite à l’ISMH > Restructuration et extension du Centre Espoir Surface : > 12 861 m² SHON Montant des travaux : > 22 millions d’Euros H.T. Avancement : > Centre Espoir livré en juillet 2014 / Cité de Refuge livrée en novembre 2015