1 Depuis la création de la bande dessinée Astérix le Gaulois, par
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1 Depuis la création de la bande dessinée Astérix le Gaulois, par
1 Depuis la création de la bande dessinée Astérix le Gaulois, par Uderzo et Goscinny, en 1959, le peuple gaulois est devenu connu de tous. Bien sûr, il faut comprendre que cette bande dessinée est fictive et satirique. Cependant, cela a mené à une importante réflexion quant à la culture gauloise : jusqu'à quel point les divinités et la structure politique ont-elles été altérées par la colonisation romaine qui a eu lieu pendant la conquête de Jules César au 1er siècle av. J.-C.? Qu’est-ce qui a mené à la perte de l’indépendance gauloise? Pour répondre à cette problématique il faudra tout d’abord comprendre comment fonctionnait la culture gauloise avant la conquête romaine et analyser celle-ci sur deux points précis qui seront fondamentalement affectés par la conquête julienne, c’est-à-dire la politique et la religion. Pour avoir une bonne idée des changements observés, il faudra terminer l’étude plusieurs siècles après la conquête julienne. Une chose est sûre, Rome a grandement affecté la culture celte. Il semble cependant très improbable que les Romains aient totalement effacé les éléments de la culture gauloise pour la remplacer par la leur. Il est plus probable que ceux-ci aient gardé intacts la plupart des éléments rassembleurs du peuple comme les dieux et le mode de vie pour éviter une révolte généralisée des peuples conquis. Ils ont dû cependant intégrer le mode de vie romain ainsi que la structure politique au cours des siècles et ainsi romaniser la culture gauloise. Il faut savoir qu’avant la seconde moitié du XXIe siècle, l’histoire traitant des Gaulois était bourrée de clichés montrant les Gaulois comme des sauvages primitifs. L’imaginaire collectif est encore plein de ces clichés. Cependant, on verra au cours de cette recherche que les Celtes n’étaient pas si barbares. Il existe beaucoup d’ouvrage traitant des Gaulois postromantiques, mais peu d’ouvrage traite des Gaulois tels qu’ils étaient avant les conquêtes juliennes. De plus, le corpus de sources datant de plus de 50 ans est à éviter puisque ces cinquante dernières années ont connu un grand 2 changement quant à l’histoire gauloise. Les références viennent plutôt de l’archéologie de sites celtes que de textes. Ce qui fait que les ouvrages sont récents et il reste une grande place pour ceux qui voudraient traiter de la culture gauloise. Cette dissertation se distinguera des autres puisque nous disposons de beaucoup plus de sources que les auteurs antérieurs. De plus, elle regroupera en quelques pages une synthèse doublée d’une analyse de la société gauloise. Donc, la dissertation débutera par un survol des principaux secteurs d’activités touchés par la culture italique soit la structure politique et la religion. Ensuite, en ce qui a trait à la politique pendant et après la conquête les changements sont simples et drastiques. On passe d’une indépendance politique à un système politique colonial. Nous parlons donc des alliances politiques et des guerres qui mèneront à la soumission gauloise. Ensuite, nous analyserons les changements que les Romains vont apporter au système religieux celtique afin de le conformer à leur système. STRUCTURE POLITIQUE GAULOISE D’AVANT LES CONQUÊTES Encore là, beaucoup de préjugés entourent la structure politique gauloise. Dans le manuel d’histoire de Ernest Lavisse au XXe siècle1, jamais on n’aurait écrit que les Gaulois étaient assez civilisés pour avoir une structure politique. Ils se battent entre eux pour savoir qui sera le chef. On sait très bien que depuis plusieurs décennies qu’il n’en est rien. Certains disent que les Gaulois se regroupaient en agglomérations de plus ou moins 100 000 individus indépendants les uns des autres comme chez les Grecs. C’est à noter que ce n’est pas tous les individus qui sont citoyens. Par exemple, les esclaves ne sont pas citoyens et les femmes ne font pas partie de la vie politique. 1 Christian Goudineau, « Les Gaulois par-delà les idées reçues », Dossier pour la science, N° 61 (Octobre-Décembre 2008), p. 17. 3 En ce qui concerne la politique elle-même, les Gaulois avaient un système politique bien à eux : « Ceux-ci [les Gaulois] ont mis en place un système quasi démocratique, mais […] sans représentants. Les citoyens ont donc un pouvoir direct.2 » Il est difficile d’imaginer un système politique où toute la population pouvait voter en même temps. On en vient à la conclusion, en comparant les autres sociétés de l’époque, que ce n’était que les mieux nantis qui votaient et ils devaient payer pour avoir le droit de vote. Polybe a écrit qu’au 2e siècle av. J.-C. Hannibal a dû demander aux assemblées des peuples gaulois avant de pouvoir passer sur leurs territoires. On peut parler ici d’assemblée du peuple. Elle aurait été fondée au IVe siècle av. J.-C. À partir du IIIe Av. J.-C. un troisième palier du système politique gaulois prend forme et c’est le palier juridique. Il en incombe aux druides de s’en occuper. Il aurait en plus de l’assemblée du peuple une sorte de sénat. Ce sénat comprenait des représentants de chaque famille aristocratique gauloise. Il serait beaucoup plus ancien que l’assemblée. En fait, il sera en fonction depuis l’ère gauloise. Les membres du sénat s’occupaient des affaires militaires. 3 Maintenant que nous avons une idée des paliers de gouvernance utilisés par les Gaulois, étudions les établissements retrouvés qui servaient à la politique. Ce sont surtout ces monuments du passé qui nous aide à comprendre comment fonctionnait la politique. Un site clé pour la recherche archéologique est l’agglomération de Bibracte sur le territoire de la faction des Éduens. Pour comprendre où se situe le territoire des Éduens, notez qu’Alésia faisait partie des agglomérations éduennes. Bien qu’elle ne représente qu’une seule civilisation gauloise, Bibracte* est la source la plus complète à propos de la civilisation gauloise. 2 J.-L. Brunaux, « Une démocratie à la gauloise », Dossier pour la science, N° 61 (Octobre-Décembre 2008), p. 50. Ibid. p. 51 * Voir le site http://www.bibracte.fr/ pour plus d’information à propos de Bibracte et des recherches qui y ont été menées. 3 4 Les assemblées gauloises se déroulaient à l’intérieur de l’oppidum. C’est un lieu fortifié établi en hauteur. Nous pourrions le comparer à un château médiéval où les bâtiments les plus importants sont à l’intérieur d’une enceinte fortifiée. L’assemblée se réunissait dans un lieu bien précis à l’intérieur de l’enceinte : « [...] c’était une vaste zone d’accueil, isolée du reste de l’oppidum, par un fossé sacré »4 ces zones étaient caractérisées par une grande place centrale avec plusieurs chemins afin de permettre aux milliers de gens qui venaient voter de quitter le lieu sans encombre. Selon plusieurs, le site de Bibracte serait un des centres névralgiques de la politique gauloise. Plusieurs assemblées de plusieurs tribus se seraient réunies là afin de discuter de la politique dite nationale5. UNE RELIGION À LA GAULOISE Comme dans le facteur politique, l’image moderne de la religion gauloise est truffée de clichés. On a affirmé pendant plusieurs siècles que les Gaulois n’avaient pas de sanctuaires construits. On croyait qu’ils pratiquaient leurs rituels dans des lieux de cultes naturels comme une montagne particulière, une clairière, etc. Cette hypothèse est aussi renforcée par l’idée que la Gaule était recouverte d’une forêt dense impénétrable. Il n’y avait pas de place pour des constructions complexes liées à la religion.6 On peut maintenant, à l’aide de l’archéologie, affirmer sans aucun doute que les Gaulois avaient une religion propre et des sanctuaires délimités comme toute société antique de l’époque : « À Acy-Romance, dans les Ardennes, a été intégralement fouillé un village gaulois de quinze hectares [150 000 m2]. Il comportait plusieurs zones culturelles. [...] Des bâtiments sont 4 F. Bessière, « Bibracte, capitale des Éduens », Dossier pour la science, N° 61 (Octobre-Décembre 2008), p. 54 Ibid. p. 54 - 56 6 C. Goudineau, « La religion gauloise revisitée », Dossier pour la science, N° 61 (Octobre-Décembre 2008), p. 74 5 5 interprétés comme des temples. Là encore, des restes humains ont été trouvés dans une série de petites fosses, attestant des manipulations postérieures à une mort violente.7 » On peut en venir à la conclusion qu’ils pratiquaient des rites sacrificiels. Les Celtes vont souvent être péjorativement qualifiés de barbares à cause du fait qu’ils pratiquaient le sacrifice humain. Toutefois, de récentes fouilles archéologiques de plusieurs nécropoles confirment l’hypothèse selon laquelle les Gaulois auraient eu une forte croyance en l’âme immortelle et en la réincarnation. Ce serait pourquoi ils recourraient si souvent aux sacrifices humains. Ils savaient que de toute manière la personne tuée se réincarnerait de toute façon. Cela explique aussi pourquoi les Gaulois étaient si stoïques face à la mort au combat. L’âme a donc une importance très poussée selon les Gaulois. C’est pourquoi plusieurs avancent la théorie selon laquelle la religion celte tirerait son origine des civilisations orientales comme les anciens Perses. Vous n’avez qu’à penser à leurs descendants les hindous qui croient en la réincarnation.8 Plusieurs historiens ont longtemps dit que les Gaulois n’avaient pas de dieux. Dans aucun des temples, on ne retrouve de représentation des dieux, que ce soit en statue ou en gravure. « Mais rappelons-nous l’épisode du chef gaulois Brennus entrant dans le sanctuaire de Delphes en 291 avant notre ère et éclatant de rire, tant lui paraissait absurde l’idée de représenter les dieux!9 » Cela explique donc, en partie, pourquoi on ne retrouve pas de représentation divine dans les temples celtiques. Néanmoins, à l’aide des textes celtiques antiques, les historiens ont pu dénombrer 3 divinités : « Taran évoque le tonnerre [...] La deuxième, la plus connue, porte le 7 Ibid. p. 74 J.-L. Brunaux, « L’origine orientale de la religion celtique », Dossier pour la science, N° 61 (Octobre-Décembre 2008), p. 80 - 85 9 C. Goudineau, « La religion gauloise revisitée », Dossier pour la science, N° 61 (Octobre-Décembre 2008), p. 75 8 6 nom de Teutatès, c'est-à-dire le Tribal. Quant à la troisième, son nom, Ésus, le Bon, désigne en fait une divinité infernale.10 » Mais alors comment vénéraient-ils leurs dieux s’ils ne les figuraient pas? Par des offrandes de toutes sortes mentionnées un peu plus haut. C’est-à-dire par des sacrifices humains, des offrandes de nourritures, d’objets richement parés, etc. Ensuite, soit on les déposait dans une fosse sacrée pour les offrir aux dieux chtoniens souterrains soit on brulait les offrandes afin de les offrir aux dieux des cieux les Ouraniens. Fait intéressant, on rendait volontairement inutilisables les offrandes comme des armes et autres choses pour éviter le pillage des tombes.11 Les Celtes avaient une manière particulière d’enterrer leurs défunts. Bien que, comme dans plusieurs civilisations, on puisse voir l’importance des classes sociales à l’aide de l’importance des richesses enterrées avec le corps, les Celtes avaient un outil cérémonial bien différent. Cet outil est le char. Dans certains cas, le char avait une vertu religieuse comme on a pu le constate dans la nécropole de Roissy. On y a découvert deux tombes à chars. Cela démontre une chose importante à propos des Gaulois : Puisque les tombes contenants les chars sont ceux qui ont le plus de richesses, on peut en venir à la conclusion qu’ils étaient réservés à l’élite de la population. Les cimetières gaulois sont très rares ils rassemblent énormément de richesses. Il est à noter que jamais un Gaulois ne profanerait un cimetière. La piété gauloise était extrême.12 L’ADMINISTRATION POLITIQUE COLONIALISTE 10 J.-L. Brunaux, « L’origine orientale de la religion celtique », Dossier pour la science, N° 61 (Octobre-Décembre 2008), p. 83 11 Ibid. p 84 - 85 12 T. Lejars, « La nécropole celtique de Roissy », Dossier pour la science, N° 61 (Octobre-Décembre 2008), p. 86 92 7 On peut dire que le secteur politique est le secteur le plus touché par la conquête. La Gaule est passée d’un système politique indépendant ayant des relations économiques avec Rome à une province romaine. Ils n’ont plus de système politique propre à eux et ils sont dirigés par un proconsul romain. Les changements dans le système politique vont se faire sentir tout de suite après la conquête césarienne et même quelques décennies avant : « Selon César, certains peuples avaient encore des rois à son époque [...] il s’agissait sans doute pour le général romain d’un prétexte pour installer des Gaulois alliés à la tête de ces peuples.13 » Ces tentatives de royauté échouaient dans presque tout les cas et le souverain allait rapidement rejoindre ses ancêtres. S’il y avait quelquefois des souverains, ils sont élus par leurs pairs et ont des pouvoirs limités. Ils sont surement dérivés des dictateurs romains qui dans des situations exceptionnelles avaient un pouvoir unique pour une durée très limitée afin de passer par-dessus un conflit.14 C’est à partir du 2e siècle que les changements politiques se font sentir. La force des oppida gauloise était le fait qu’ils sont nombreux et que si l’une tombe le système politique continue de fonctionner. Cependant, cela a aussi un effet pervers, les changements sociopolitiques que subissent les oppida du sud se propagent à ceux du nord. C’est pour cette raison que l’on constate des changements à peu près dans la même période dans la plupart des oppida et que si un oppidum devient favorable aux Romains ses voisins risquent de le devenir aussi. Pour cette raison, une grande partie des peuples gaulois sont favorables à la présence romaine sur le territoire. Massalia soutient Rome contre le conflit opposant cette dernière aux forces carthaginoises.15 La situation est cependant la même à l’inverse : lorsque Hannibal atteint les 13 J.-L. Brunaux, « Une démocratie à la gauloise », Dossier pour la science, N° 61 (Octobre-Décembre 2008), p. 51 Idem. 15 C. Delaplace et Jérôme France, Histoire des Gaules (VIe S. av. J.-C./VIe S. apr. J.-C.), Paris, Armand Colin, 1997, e 2 éd., coll. « Cursus, série victoire » p. 31 14 8 Alpes en 218, ils enrôlent beaucoup de contingents gaulois à son armée. Mais on peut encore parler là d’ingérence politique et non de conquête militaire.16 Il faut comprendre que Rome a rarement agressé les pays qu’ils conquéraient. Dans le cas de la conquête de la Gaule, l’occasion d’attaquer sans provoquer une réplique massive des Gaulois fut donnée à Rome par Massalia qui lui demanda de l’aide afin de freiner l’attaque des Salyens en 124. En échange, Rome saisit une partie des terres marseillaises et saliennes C’est ainsi que s’amorça la romanisation de la Gaule. Des colons romains s’établissent sur le territoire marseillais. Sans bouleverser l’ordre politique, les bases du système romain s’installent peu à peu. 17 Le prétexte qui amènera César à attaquer pour de bon les Gaulois lui sera amené par les Helvètes qui tenteront de quitter leur territoire qui est la présente Suisse pour migrer vers l’ouest en passant par les territoires des alliés romains. Les Éduens demandèrent donc de l’aide à César afin de chasser de leurs territoires. Ce qu’il fit et s’ensuit une série d’attaques défensives qui vont mener à la conquête quasi totale de la Gaule. Voyant l’erreur qu’ils avaient faite en faisant appel aux armées italiques, ils vont tenter de se soulever afin de les renvoyer chez eux. Trop peu trop tard, cela va plutôt mener à la fin de la civilisation gauloise libre par le siège d’Alésia et la soumission des derniers rebelles.18 Il est certain que certains conflits perdureront encore pendant quelques décennies, mais ce sera au domaine religion et social de s’occuper de cela. 16 Ibid. p. 25 Ibid. p. 35 - 37 Lucien Lerat, La Gaule romaine, Paris, Armand Colin, 1977, coll. « U2 », p. 9 - 10 18 A. Deyber, « La perte de l’indépendance », Dossier pour la science, N° 61 (Octobre-Décembre 2008), p. 116 Op. Cit., C. Delaplace et Jérôme France, p. 38 – 39 Op. Cit., Lucien Lerat, p. 12 à 14 17 9 LA RELIGION GALLO-ROMAINE NE S’EST PAS FAITE EN UN JOUR Il est certain que plusieurs changements vont être apportés afin de réformer la religion gauloise. Primo, les Romains doivent l’adapter à leur système de croyances. Secundo, ils doivent faire cesser les rébellions en inculquant leur système de valeur aux Gaulois. Cependant, l’homogénéisation des deux cultures va amener des dieux gallo-romains et la disparition de plusieurs dieux celtiques. Il est certain que ces changements vont prendre plusieurs siècles. L’analyse suivante se résumera à la période du Haut-Empire. Voici donc quelques dieux qui seront profondément modifiés par cette alliance religieuse. Un de ces dieux qui a pris de l’ampleur au cours des années qui suivront les conquêtes romaines est Mercure. Il est à l’origine le Dieu des messagers et le dieu du commerce. La fusion avec les dieux celtiques lui donnera un nouvel attribut celui du dieu de tous les arts. Le second dieu qui sera affecté par cette union sera Mars. Ce dernier est dans la mythologie romaine ancienne le Dieu de la guerre et le protecteur des citoyens. Il prend alors la place de Teutatès le dieu Tribal gaulois. Il se voit aussi attribuer la fonction de guérisseur en Gaule. Le dieu qui sera le plus populaire chez les Gaulois à cause de leur grand courage au combat est Hercule ou Héraklès. Bien qu’il conserve ses attributs grécoromains, les Celtes le représenteront comme un vieillard au crépuscule de sa vie : « Hercule est représenté en vieillard, car seul un âge avancé confère la vraie sagesse.19 » Ensuite Jupiter, que les Celtes ont rapidement associé à Taran puisqu’il est là aussi le dieu de la foudre. Jupiter selon la tradition gallo-romaine est quant à lui très peu modifiée. On ne lui a rajouté que quelques symboles comme la roue évoquant le soleil. Le dernier dieu à être modifié en Gaule est Apollon. 19 Gérard Coulon, Les Gallo-Romains. Vol. 2 : Métiers, vie quotidienne et religion. Paris, Armand Colon, 1990, coll. « Civilisations », p. 172 10 À l’origine le Dieu guérisseur, il se voit affublé de la fonction de protecteur des récoltes à cause de son sigle le soleil.20 Pour ce qui est des rites, les Gaulois vont continuer de pratiquer les sacrifices d’animaux. Une des raisons pourquoi les rites resteront inchangés est le fait que les Romains pratiquent euxmêmes des rites semblables à une exception près, Les Celtes ne consommaient pas la viande des animaux sacrifiés.21 Les sanctuaires vont subir eux aussi des transformations considérables. C’est probablement l’aspect de la religion qui va être le plus modifié par la présence romaine. On va voir apparaître des temples monumentaux de type romain qui vont remplacer les lieux de cultes celtiques : « La plénitude architecturale d’un tel monument, remarquablement conservé de surcroît, écrasait, il est vrai, les ruines de sanctuaires mises au jour un peu partout en Gaule.22 » Cela explique quelque peu pourquoi on retrouve si peu de temples gaulois d’avant les conquêtes. Les rites funéraires changeront quelque peu durant cette période. Ils n’auront pas de mode fixe : « on inhume et on incinère concurremment, et la rivalité de ces deux modes de sépulture remonte à un passé si lointain qu’on ne saurait retracer son histoire.23 » Cependant, on peut en déduire que l’incinération était utilisée par les plus pauvres de la société, car elle nécessite moins d’espace pour le caveau. L’inhumation servait plutôt aux riches qui étaient entourés des objets qui leur seront utiles dans l’autre vie. Cependant, la Gaule romaine a laissé plusieurs tombeaux et aucun d’eux n’était pareil. 20 Ibid. p. 172 à 175 P.-M. Duval, La vie quotidienne en Gaule pendant la paix romaine, Paris, Hachette, 1952, coll. « La vie quotidienne », p. 306 – 311 21 Op. Cit., Gérard Coulon, p.184 22 Ibid., p. 178 23 Op. Cit., P.-M. Duval, p. 322 11 Finalement, on a pu voir qu’à propos de la question de départ, les divinités ont grandement été affectées par la conquête romaine. Le principal changement vient du fait qu’avant les Gaulois ne personnifiaient jamais leurs dieux. La présence romaine a donc amené un désir d’imager leur panthéon. Ils ont abandonné quelques-uns de leurs dieux pour faire place aux dieux romains. Ces derniers avaient un panthéon beaucoup plus développé et très imagé. Outre le fait que les dieux ont été altérés, les lieux de cultes. Ils vont prendre le modèle romain et on va supprimer les anciens lieux. Le modèle politique gaulois va être ébranlé par cette conquête. Ils fonctionnaient selon un modèle politique qui leur était particulier et on les a intégrés en tant que province pour faire disparaître à jamais l’ancien modèle politique. Le peuple gaulois était cependant tenace et Rome a mis plus d’un siècle avant de réussir à les conquérir. Ils se sont même côtoyés pendant plusieurs siècles en tant que partenaires commerciaux. Comme quoi les barbares gaulois qui sont représentés dans les vieux livres d’histoires n’étaient pas si barbares que ça. 12 Bibliographie 1. BESSIÈRE, Fabrice « Bibracte, capitale des Éduens ». Dossier pour la science, Nº 61 (Octobre-Décembre 2008), p. 54 - 57 2. BRUNAUX, Jean-Louis. « Une démocratie à la gauloise ». Dossier pour la science, Nº 61 (Octobre-Décembre 2008), p. 50 – 53. 3. BRUNAUX, Jean-Louis. « L’origine orientale de la religion celtique ». Dossier pour la science, Nº 61 (Octobre-Décembre 2008), p. 80 - 85 4. COULON, Gérard. Les Gallo-Romains. Vol. 2 : Métiers, vie quotidienne et religion. Paris, Armand Colon, 1990, coll. « Civilisations », 239 p. 5. DUVAL, Paul-Marie. La vie quotidienne en Gaule pendant la paix romaine. Paris, Hachette, 1952, coll. « La vie quotidienne », 367 p. 6. DELAPLACE, Christine, et Jérôme FRANCE. Histoire des Gaules (VIe S. av. J.-C./VIe S. apr. J.-C.). Paris, Armand Colin, 1997, 2e éd., coll. « Cursus, série victoire », 189 p. 7. DEYBER, Alain. « La perte de l’indépendance ». Dossier pour la science, N° 61 (Octobre-Décembre 2008), p. 112 - 119 8. GOUDINEAU, Christian. « Les Gaulois par-delà les idées reçues ». Dossier pour la science, Nº 61 (Octobre-Décembre 2008), p. 16 – 23. 9. GOUDINEAU, Christian. « La religion gauloise revisitée ». Dossier pour la science, Nº 61 (Octobre-Décembre 2008), p. 72 — 77. 10. LEJARS, Thierry. « La nécropole celtique de Roissy ». Dossier pour la science, N° 61 (Octobre-Décembre 2008), p. 86 – 92 11. LERAT, Lucien. La Gaule romaine. Paris, Armand Colin, 1977, coll. « U2 », 352 p.