Etude déf version courte avec couv

Transcription

Etude déf version courte avec couv
Etude de préfiguration
Pôle arts de la rue
et son
Septembre 2009
BAZAR - BP 15 - 59 010 Lille Cedex / Téléphone et télécopie : 03 20 92 78 90 / Adresse mail : [email protected]
Association 1901 – Siret 441 749 330 00011 – Code APE : 9001Z – Licences d’entrepreneur de spectacles 2ème catégorie N° 2-118474 et 3ème catégorie N° 3-118475
Note d’introduction
Cette étude nous a été confiée par la Ville d’Hellemmes, maître d’ouvrage de ce
projet.
Nous tenons particulièrement à remercier M. Gilles Pargneaux, Maire d’Hellemmes,
M. Frédéric Marchand, Premier Adjoint pour la confiance qu’ils nous ont témoignée
ainsi que M. Sylvain Petit, conseiller municipal délégué aux arts de la rue, Métalu –
A Chahuter en la personne de Nathalie Ficheux, sa présidente et Jenny Bernardi,
son administratrice qui ont largement contribué à l’élaboration de ce document.
Merci aussi à celles et ceux que nous avons sollicités et qui ont partagé avec nous
leurs connaissances sur ce sujet :
Fazette Bordage (chargée de mission « Nouveaux Territoires de l’Art » au sein de
l’Institut des villes), Daniel Andrieux (Directeur de l’Atelier 231 à Sotteville-lèsRouen), Loïc Magnant (Coordinateur de l’APCAR – Cité des arts de la rue à
Marseille) Chantal Lamarre (Vice déléguée d’Artfactories – Directrice de Culture
Commune Fabrique Théâtrale – Base du 11/19 à Montigny en Gohelle), ainsi que
les responsables des Maisons Folie de Wazemmes, Moulins et Lambersart.
Merci enfin aux habitants, membres ou représentants d’associations ou de
compagnies hellemmoises que nous avons contactés et rencontrés lors de cette
étude :
Florient Guilbert, Carla Foris, Alice Chambers, Paul Termote, Régine Leseutte,
Michel Perret, Paul Delobel, Tania Malaquin, Jean-Christophe Viseux, Damien
Deltour, Eric Berger, Ulrich Vanacker, Yannick Miossec, Guy Mignien, Dany
Dautricourt, Frédéric Lavaud, Nathalie Vanlaer, Christine Verdini, Béatrice Denis,
Monique Deleau, Laurence Neuville, Robert Rapily, Thomas Fieffé, Zouzou, Marie
Edith Caron.
Le 21 rue Jean Bart, propriété de la ville d’Hellemmes, sera réhabilité pour être un
lieu à vocation artistique et culturelle.
Cette étude témoigne d’une volonté d’implication et de responsabilité de la ville
d’Hellemmes, qui souhaite anticiper et mieux définir ce que sera ce bâtiment et
quels en seront les principes de fonctionnement.
Dans ce projet la réflexion est plurielle : les futurs occupants, les partenaires du
lieu et du projet sont concernés. Les attentes et les enjeux de chacun ont été pris
en considération.
Ce site va s’organiser en espace d’usages différents, nécessitant des modes de
gestion différents.
Cette étude vise à définir tous ces aspects et à donner les informations nécessaires
à la réussite d’un Pôle arts de la rue et son au 21 rue Jean Bart.
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SOMMAIRE
A. Genèse du projet…
projet… p.5
B. Analyse de la situation…
situation… p.6
B-I. Présentation des acteurs du projet … p.6
I-a. Métalu A Chahuter … p.6
I-b. Bazar … p.8
B-II. Les Arts de la Rue en France … p.10
II-a. Repères historiques … p.10
II-b. La folie des festivals … p.11
II-c. Les lieux de fabrique … p.12
II-d. Quelques chiffres … p.13
B-III. Le contexte culturel régional et
métropolitain… p.22
III-a. En région … p.22
III-b. Sur la Métropole lilloise … p.24
B-IV. La Ville d’Hellemmes … p.26
IV-a. Son histoire … p.26
IV-b. Ses projets … p.27
IV-c. Les équipements en projet … p.27
IV-d. Les quartiers … p.28
IV-e. Lieux et manifestations culturelles … p.29
IV-f. Compagnies implantées … p.30
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B-V. Le 21 rue Jean Bart … p.36
V-a. Historique … p.36
V-b. Caractéristiques … p.38
B-VI. Les besoins … p.40
VI-a. Le Pôle : descriptif et étude des besoins … p.40
VI-b. Les compagnies implantées dans la
commune … p.42
C. Le Projet…
Projet… p.46
p.46
C-I. Projet artistique… p.46
I-a. Arts de la rue & son… p.46
I-b. Un lieu de fabrique… p.48
I-c. Une résidence d’artistes et de techniciens… p.49
I-d. Un lieu de production d’événements… p.50
C-II. Projet culturel… p.51
II-a. Continuer l’histoire d’un site… p.51
II-b. Pour qui et avec qui ?... p.55
• Les riverains, les habitants des quartiers
d’Hellemmes, les métropolitains …
• Les associations hellemmoises
• Les scolaires et périscolaires
II-c. Un projet s’inscrivant dans une politique
culturelle… p.59
C-III. Projet d’urbanisme… p.61
III-a. L’allée verte… p.61
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III-b. Un territoire d’imaginaire et des territoires à laisser
en friche pour l’avenir… p.63
C-IV. Le Bâtiment… p.64
IV-a. Quelques paramètres dus au bâtiment et au
projet… p.65
IV-b. Le développement durable… p.65
C-V. Le fonctionnement… p.67
V-a. Quelles activités ?... p.67
V-b. Quelles règles du jeu ?... p.70
V-c. Quels réseaux et quels labels ?... p.71
V-d Les Nouveaux Territoires de l’Art ... p.77
V-e. Quelle gestion ?... p.78
V-f. Quelle structure porteuse ?... p.79
C-VI. Economie du 21 rue Jean Bart… p.80
VI-a. Budget de rénovation… p.80
VI-b. Budget de fonctionnement… p.80
VI-c. Modalités de financement… p.80
C-VII. En guise de conclusion… p.82
En attendant, qu’est ce qu’on fait ?... p.83
Annexes
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A. Genèse du projet
Un besoin et des Rencontres
Le projet du 21 rue Jean Bart est né de la rencontre entre la commune
d’Hellemmes et l’association Métalu A Chahuter.
Juillet 2007 : Frédéric Marchand, 1er maire adjoint de la commune
d’Hellemmes prend contact avec Métalu A Chahuter afin d’envisager une
installation du collectif dans l’ancienne usine du 21 rue Jean Bart qu’elle
vient d’acquérir.
En 2008, l’association doit quitter ses locaux situés 4 rue Jules Ferry à Loos
(lieu appartenant à la SCI Maroly).
Mai 2008 : Eric Tartinville (alors Président de l’association Metalu) et Didier
Le Pallac (alors administrateur) soumettent à la municipalité un « avant
projet » posant les premiers principes d’un projet de réhabilitation du site.
Eté 2008 : un article de la Voix du Nord évoque un projet « Arts de la Rue » à
Hellemmes. Suite à cette information, l’association Bazar propose à la ville
de contribuer à cette mise en oeuvre. Différentes mais complémentaires,
Métalu A Chahuter et Bazar se croisent depuis des dizaines d’années autour
d’un même centre d’intérêt : les arts de la rue et les arts sonores.
Automne 2008 : Bazar informe par courrier la municipalité d’Hellemmes de
son intérêt pour cette initiative et confirme son souhait de contribuer à la
création d’un pôle ambitieux pour la ville.
Novembre 2008 : le principe d’un « Pôle mécanisme, son et arts de la rue »
est validé par M. Frédéric Marchand suite au dossier réalisé par Bazar avec
l’aide de Métalu A Chahuter. Cette proposition devient la matrice d’une
étude de préfiguration qui est confiée à Bazar, en accord avec les nouveaux
représentants de Métalu A Chahuter.
Décembre 2008 : le texte du projet est officiellement présenté et diffusé
dans « Hellemmes Magazine », le journal municipal.
Janvier 2009 : Bazar s’installe, à l’invitation de la commune d’Hellemmes,
dans les bureaux du 118 rue Roger Salengro. Ces locaux, situés à quelques
centaines de mètres de la friche de la rue Jean Bart, sont la vitrine et le lieu
d’articulation du projet, point d’ancrage des phases de concertation de
l’étude en cours.
Août 2009 : Bazar remet l’étude de préfiguration à la Ville d’Hellemmes.
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B. Analyse de la situation
B-I. Présentation des acteurs du projet
I-a. Métalu À chahuter
En 1999, à la fermeture du 49 Ter, « laboratoire artistique » de Lille, de nombreux
créateurs sont privés de leur espace de travail. Une partie d’entre eux investit
alors une ancienne friche située à Loos et fonde le collectif H.A.U.T qui se donne
pour objectif « la création, l’aide à la création, la promotion et la diffusion des
arts actuels et contemporains ».
Depuis 2000, les associations Métalu et H.A.U.T développent des projets
complémentaires dans l’ancienne usine de menuiserie métallique «Métalu». L’une
est centrée sur la gestion du lieu et la création d’un festival, l’autre sur la
production d’oeuvres et de spectacles. En janvier 2005, elles fusionnent et
regroupent leurs activités sous le nom Métalu A Chahuter.
Métalu A Chahuter s’inscrit dans une pratique constante de recherche et
d’expérimentation au travers des croisements entre des disciplines
contemporaines : arts de la rue, arts forains, théâtre d’objet, musiques
mécaniques, machines de cinéma expérimentales, installations sonores et
plastiques…
Métalu A Chahuter, association et collectif d’artistes, regroupe aujourd’hui une
dizaine d’équipes artistiques reconnues au plan local, national voire européen,
ayant décidé de s’unir pour la gestion de leurs projets. Une seule association porte
l’ensemble des projets du collectif.
Les artistes du collectif partagent tous une même équipe administrative et la
gestion repose sur des principes de mutualisation. Chaque projet est ainsi
solidaire des autres et participe au fonctionnement de la structure.
Le fonctionnement de Métalu A Chahuter permet à des projets au
positionnement atypique (création expérimentales ou à la croisée des disciplines
artistiques) de voir le jour et de trouver leur économie. L’association défend la
voix des artistes dans la conception et l’organisation d’événements culturels.
La friche Métalu permet des interactions multiples entre les artistes et les
équipes partagent leurs compétences sur les différents projets du collectif. Les
ateliers partagés deviennent une ruche de talent, un lieu de création, de
construction, de stockage mais surtout de rencontre et d’échange.
La cohabitation dans la friche de Loos n’est possible que grâce à l’adhésion des
artistes et des salariés au principe du collectif, basé sur des projets communs et
l’importance de la convivialité.
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L’association est gérée par un Conseil d’Administration où les artistes du collectif
sont fortement représentés. Une commission artistique composée de la totalité des
artistes du collectif et des artistes « résidents » est systématiquement consultée
entre les CA, ce qui permet une vie associative avec des formes de gestion
participative concertée.
L’activité de Métalu A Chahuter se divise en 3 pôles :
- Le pôle création : production, diffusion et gestion des tournées en
France et à l’étranger d’une vingtaine de spectacles et installations
- Le pôle événementiel : conception et organisation d’événements
artistiques : festivals arts de la rue, fêtes à Métalu, événements sur
commande, arbres de Noël et création avec les habitants
- Le pôle accompagnement : conseil auprès de compagnies extérieures
et prestations de services administratifs
Concrètement, l’association prend en charge l’administration, la comptabilité, le
salariat, la logistique de tournée mais aussi la diffusion et la communication. En
partageant la plateforme administrative et en mettant en commun le parc de
matériel de tous les membres du collectif, les artistes bénéficient de moyens et
de compétences qu’ils n’auraient pas autrement. L’association affiche une volonté
de permettre une pérennisation des emplois administratifs. Les salariés sont en
CDI, ce qui est très rare dans les structures de ce type.
Métalu A Chahuter assure en tant qu’employeur une part essentielle des revenus
pour 25 artistes sur la centaine d’artistes participant aux différents projets. En
2008, 11 037 heures ont été déclarées pour les intermittents.
Les partenaires : DRAC Nord-Pas-de-Calais / Région Nord Pas-de-Calais / Ville de
Lille / DMDTS / DRDJS / Aide à la diffusion : Département du Nord, Département
du Pas-de-Calais
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I-b. Bazar
Bazar a été créé par les fondateurs des « Rencontres », festival de théâtre de
rue à Lille, qui a accueilli, coproduit et diffusé de 1983 à 2001 les spectacles de
Royal de Luxe, Générik Vapeur, Métalovoice, le Footsbarn Travelling Theatre,
Circus Baobab, les Plasticiens Volants, Ilotopie, Délices Dada, le Groupe F, 26000
Couverts, les Piétons, le Collectif Organum, l’Illustre Famille Burratini…
Ce festival a obtenu le « Grand Prix National de l’Innovation Culturelle » décerné
par le Ministère de la Culture en 1992.
BAZAR est créé en mars 2002. Cette association loi 1901 a pour objectifs :
La création, la production, la diffusion, et la formation artistiques et
culturelles afin de favoriser l’émergence et le développement de nouvelles
formes d’art et les rendre accessibles au plus grand nombre.
En 2007, Bazar a repris certaines des activités de l’association Kling Klang, lorsque
celle-ci s’est dissoute.
Les activités de l’association
Bazar est à l’origine spécialisé dans la production en arts de la rue, et en
grands événements urbains et ruraux. En 2007, avec l’arrivée d’Emmanuel
Vinchon (ex-Kling Klang), son secteur d’activité s’est élargi aux projets
artistiques consacrés au son & bruit, au patrimoine décalé et aux projets
aquatiques.
Les manifestations de l’association :
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Les Voix Magnétiques (2008), faisant suite aux Chants Mécaniques (2007),
festival transfrontalier dédié à l’univers des installations sonores et autres
machines bruitistes
Un Monde en Fanfare (2005, 2006, 2007, 2008) dont la direction artistique
est assurée par Hervé Brisse, premier Tuba de l’Orchestre National de Lille
En septembre 2005, à l’initiative du Conseil Général du Pas-de-Calais,
Bazar crée Scènes Vagabondes, avec la tournée rurale de « Middle of the
Moment » par Ton & Kirschen dans 14 communes du Pas-de-Calais
Ecoutez le Patrimoine, Tours & Détours Historiques (2001-2008)…
Mise en réseaux, tant locaux qu’européens :
- Audioframes, Resonance (Lille, Berlin, Maastricht, Kortrijk)
- Rendez-Vous, Polymachina, Les Affinités Sono-Mécaniques
(métropole lilloise transfrontalière)
Missions pour des structures culturelles ou des collectivités : conseil en
politiques culturelles et grands événements (Nitra2013, Slovaquie…),
conception de friches culturelles, conseil artistique et organisation
d’événements (Lille 2004, lille3000, Luxembourg 2007, Par Monts et par
Mots, Inauguration du LAAC à Dunkerque, Centenaire du Grand Boulevard
2009…)
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L’équipe :
Marc Ménis est conseiller artistique pour Europe XXL (fête d’ouverture) et
coordinateur de Saint-Sauveur (2009), régisseur de La mêlée des Mondes,
parade organisée dans la Ville de Saint Denis par la Compagnie DCA-Philippe
Découflé (2007), consultant artistique Fêtes pour Luxembourg 2007, Capitale
Européenne de la Culture, pour Bombaysers de Lille (2006), conseiller
artistique pour l’inauguration du Tram-train à Mulhouse (2006). Il est le Chef
de projet « Fêtes » de Lille 2004, Capitale Européenne de la Culture pour
qui il organise et coordonne La Fête d’ouverture, Inauguration des Maisons
Folies de Wazemmes et Moulins, Les Fallas, Géants ! , Inauguration de la
Halle de Glisse, la Fête de clôture.
René-Marc Démaret assure la coordination régionale de la manifestation En
fanfare aux Tuileries (2007) organisée par le Musée du Louvre, l’aide à la
coordination d’un spectacle au croisement de l’art lyrique et des arts de la
rue pour la Clef des Chants, intitulé A la Vie à l’amour par la Cie Oposito dans
le cadre de Autour de Lille 2004 mis en place par le Conseil Régional Nord–
Pas-de-Calais. Il coordonne également la cellule emploi pour la Plateforme
Artistes de la Maison de l’Emploi de Lille Lomme Hellemmes et Armentières.
Emmanuel Vinchon conçoit et coordonne divers événements tenant au
spectacle vivant, aux projets participatifs et aux territoires, au patrimoine
que ce soit pour Lille 2004, Capitale Européenne de la Culture, lille3000, la
Ville de Lille, le Conseil Général du Nord, le festival Les Rendez-Vous du
Fleuve (Loire), Le Musée d’art moderne, Le Centenaire du Grand Boulevard
(métropole).
Il est également conseiller pour des collectivités (Slovaquie, Nord) et
intervenant en universités (politiques culturelles et territoire).
Valérie Bourez, étudiante à l’IAE (Institut d’Administration des Entreprises –
Université des Sciences et Technologies - Lille 1) a effectué son stage en
licence professionnelle « management de l’événementiel » du 16 mars au 31
juillet 2009, au cours duquel elle a réalisé les recherches nécessaires à
l’élaboration de cette étude. Son travail est devenu l’interface nécessaire
tant du point de vue des rencontres, des recherches et de la cohérence
nécessaire à cette réalisation.
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B-II. Les Arts de la Rue en France
II-a. Repères historiques
Dadaïsme, pataphysique et surréalisme, baraque foraine, carnaval, Commedia
dell’arte, boulevard du crime… Le théâtre de rue emprunte un peu de tout cela et
bien plus encore.
Digne héritier du théâtre politique des années 60-70 (Jérôme Savary et le Grand
Magic Circus, le Bread and Puppet Theatre, le Living Theatre), il se construit par
opposition au théâtre conventionnel.
Le théâtre de rue sous sa forme actuelle naît en France au début des
années 80.
Durant cette période, les compagnies expérimentent, se structurent et s’affirment.
Leurs nouvelles formes artistiques, par le surgissement contestataire des années
70, sortent de l’institution, des salles, du théâtre, de la boîte noire et des lieux de
références.
La question est celle des publics à conquérir, du spectacle gratuit accessible à
tous dans les rues, sur les places publiques : spectacles fixes, déambulatoires,
présentés à 360°, dans la rue ou sous une yourte…
Ainsi se lancent sur le bitume des noms devenus incontournables : Royal de Luxe,
Générik Vapeur, Théâtre de l’Unité…
En 1983, Lieux Publics voit le jour. Le festival « Eclats » est créé en 1986 à
Aurillac et «Chalon dans la rue » débute en 1987 à Chalon-sur-Saône.
Beaucoup de communes se dotent d’un festival : Viva Cité (Sotteville-lès–Rouen),
Furies (Châlons-en-champagne), Coup de Chauffe (Cognac), Accroche-Cœurs
(Angers). Certains de ces nouveaux-nés des années 80 sont devenus depuis des
valeurs sûres.
Après quelques années de méfiance, les arts de la rue deviennent un partenaire
privilégié des politiques et s’institutionnalisent, notamment vis à vis du Ministère
de la Culture
Hors Les Murs, association nationale pour la promotion et le développement des
arts de la rue, est créé en 1993. La Fédération des Arts de la Rue est créée en
1997 pour faire valoir les droits de la profession.
En 1994, Brest se distingue avec la création du Fourneau, premier lieu de
Fabrique digne de ce nom.
A sa suite apparaissent des lieux de création et de fabrication à l’initiative de
festivals ou de compagnies, du plus petit (l’Amuserie à Lons-le-Saunier) aux plus
grands (Le Citron Jaune à Port-Saint-Louis, L’atelier 231 à Sotteville-lès-Rouen, Le
Parapluie à Aurillac).
En 2005 est lancé le temps des arts de la rue, action ministérielle aboutissant
notamment à la désignation de 9 Centres Nationaux des Arts de la Rue (CNAR)
parmi les lieux de fabrique existants.
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II-b. La folie des festivals
Le dernier inventaire (janvier 2006) est de 339 festivals en France :
- 248 consacrés aux arts de la rue,
- 73 voués aux arts du cirque,
- 18 pluridisciplinaires.
Un cas unique dans le monde.
C’est une spécificité française qui attire nombre de spectateurs et de
professionnels, venus de tous les pays. On les compte par dizaines, voire dans
certains cas, par centaines de milliers. En deux décennies, les festivals sont
devenus des outils de promotion de la cité et de son territoire. Beaucoup de
villes moyennes ont ainsi acquis une notoriété internationale : Aurillac, Chalon-surSaône, Cognac, Sotteville-lès-Rouen, Nevers… En venant dans l’une de ces
communes, à l’occasion d’un festival, le spectateur, issu de toutes les couches
sociales, découvre les spécialités locales, l’architecture, les traditions et devient
acteur du développement local. Les retombées économiques et touristiques sont
loin d’être négligeables. Si les arts de la rue ne sont pas directement rentables, car
souvent gratuits, ils profitent aux commerçants et aux hôteliers jusque parfois 60
kilomètres à la ronde. Certains élus en font un véritable produit d’appel
touristique.
Dans les petites et grandes communes françaises, les maires sont, chaque
année, plus nombreux à se doter d’un festival de rue et de cirque. Plus qu’une
simple animation à vocation touristique, c’est pour certains un véritable choix
politique.
Au-delà de leur fonction d’animation, ces disciplines à l’image jeune et originale
sont un bon moyen de valoriser un territoire. « Aujourd’hui, le festival est un
événement essentiel de la notoriété de la ville », constate Alain Calmette, maire
d’Aurillac.
Mais toutes les villes ne peuvent jouer cette carte. « A Sotteville-lès-Rouen, le
tourisme n’existe pas, il n’y a pas d’hôtel, nous sommes une commune de
banlieue. Nous ne nous préoccupons pas des retombées économiques », remarque
Pierre Bourguignon, député-maire. En 1989, la ville était en passe de devenir une
banlieue-dortoir, elle perdait sa tradition culturelle ouvrière. Il fallait se
reprendre. Aujourd’hui, Viva Cité est un temps fort qui met en relation l’urbain,
le social et le culturel et associe étroitement les habitants. »
Si les villes ont l’enthousiasme facile, elles sont plus rares à programmer des
arts de la rue et du cirque toute l’année.
Au-delà des festivals, certains élus se mobilisent pour que ces disciplines ne soient
pas cantonnées à l’événementiel. Ainsi, depuis ses débuts ou presque, Chalon
accueille les artistes en résidence aux Abattoirs. Aurillac s’est doté, en 2004, d’un
lieu de fabrication de spectacles, Le Parapluie.
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II-c. Les lieux de fabrique
Les lieux de fabrique sont un rouage essentiel du processus de création dans
l’espace public. Ils offrent aux artistes des espaces de travail, de fabrication, de
recherche, de rencontres et de vie, pour qu’ils créent leurs spectacles dans les
meilleures conditions.
Pour la plupart des lieux de fabrication, l’investissement et la réhabilitation des
bâtiments ont fait partie intégrante des projets de réaménagement urbanistique
touchant des quartiers en voie de mutation ou des édifices emblématiques dont il
fallait retrouver un usage et un sens par rapport à la ville. En ce sens, les lieux de
fabrication participent à la revitalisation du tissu urbain et facilitent leur
réappropriation par les populations locales via des compagnies qui vitalisent ces
nouveaux équipements.
La reconnaissance du statut de l’artiste de rue, la professionnalisation du
secteur, la diversification de l’offre mais aussi la compétitivité du marché,
complétées par une plus grande exigence artistique, conduisent à l’émergence des
lieux de fabrique.
Leur volonté est d’aller vers un accompagnement des projets et des spectacles en
donnant aux artistes un espace où leur création ne serait pas dépendante d’une
durée limitée ou d’un nomadisme forcé. C’est donner le temps et les moyens pour
réaliser les projets, avec exigence et qualité.
Les lieux de fabrique sont aussi un large réseau qui s’étend dans toute la France et
au-delà des frontières. La naissance des CNAR (dont Lieux Public est le précurseur)
est un premier souffle pour la création des compagnies de rue.
Aujourd’hui le terme « lieu de fabrique » regroupe des réalités bien
différentes. A côté du réseau institutionnel des CNAR se sont ouverts d’autres sites
où les semeurs d’imaginaire peuvent concevoir, essayer, construire et répéter leurs
projets de spectacles.
Des compagnies disposant d’un lieu (Transe Express, la Compagnie Internationale
Alligator, Cacahuète, Tout Samba’L), des collectifs (L’Usine à Tournefeuille, la
Grainerie à Balma), des lieux de diffusion (Quelques p’Arts en Rhône-Alpes), des
festivals (les Turbulentes à Vieux-Condé) et des collectivités locales (Amiens avec
le Hangar) accompagnent les artistes de rue tout au long de la chaîne de création.
A chacun son mode de fonctionnement, ses compétences administratives,
artistiques et techniques, ses moyens et sa petite touche d’originalité.
Mise à disposition d’espaces de travail et de ressources documentaires,
mutualisation des savoirs, hébergement des équipes, expérimentation avec le
public : l’offre s’est progressivement développée, allant jusqu’à proposer
coproduction, aide à la diffusion, préachat.
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II-d. Quelques Chiffres
(source
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: HorsLesMurs - 2009)
Il existe 915 compagnies de rue aujourd’hui, ce chiffre a triplé en 20 ans.
Entre 2000 et 2005, on comptait 18% de nouvelles compagnies, mais
seule une compagnie sur deux survit au-delà de quatre ans.
42% des compagnies recensées ont un budget inférieur à 50 000€, 8%
atteignent un budget supérieur à 300 000€.
Budget de l’Etat pour les Arts de la rue : 9,9M€, soit un peu plus de 1,5%
du budget total consacré au spectacle vivant. Entre 2002 et 2005, l’Etat a
augmenté sa part d’aide aux compagnies de 43% et de 78% aux lieux de
fabrique.
Le temps des Arts de la Rue (2005), a permis en 3 ans d’augmenter les
apports de plus de 50% (+3 ,5M€ de mesures nouvelles Etat et + 2,8M€
Régions). On compte huit régions dont les dotations vont de 50 à 400%
supplémentaires, jusqu’à 1 000% en Languedoc-Roussillon, région qui
partait en 2004 de 27 000€ contre 269 000€ aujourd’hui.
Les tournées à l’étranger représentent 15% des ressources des
compagnies, un marché qui concerne surtout les compagnies les mieux
organisées, voire les plus reconnues.
La grande majorité des compagnies a une économie qui repose sur la
vente et non sur la subvention directe (50% de ressources propres en
moyenne).
Les collectivités locales représentent 28% des budgets des compagnies
contre 22,9% pour l’Etat.
On compte 217 festivals de rue, chiffre multiplié par 3 en 15 ans.
1 Centre National de Création : Lieux Publics
9 Centres Nationaux des Arts de la Rue
LE MINISTERE DE LA CULTURE
Au terme des trois années du Temps des arts de la rue, le Ministère de la
Culture a consacré 3 695 815 € de mesures nouvelles et pérennes pour les
actions et près de 2 300 000 € pour l’investissement. Les actions financées
se répartissent ainsi :
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Compagnies et dispositif Ecrire pour la rue : 815 862 €
CNAR et Lieux publics: 1 264 000 €
Autres lieux de compagnies et de création : 490 136 €
Diffusion (saisons, ONDA, réseaux de diffusion) : 414 717 €
Formation : 150 000 €
Organisations professionnelles : 105 000 €
Etudes et éditions : 456 000 €
Coordination : 60 000 €
BAZAR – Etude de Préfiguration Pôle Arts de la Rue & Son
Ville d’Hellemmes - Septembre 2009
13
Au niveau de l’investissement, l’effort du Ministère a permis de lancer des
programmes importants de création ou de rénovation de lieux :
« Les Thermes d’Encausse », en Midi-Pyrénées, « la Gare à Coulisse »
de la Compagnie Transe Express à Crest en Rhône-Alpes, le « Passe
Muraille » de la Compagnie Metalovoice à Corbigny-en-Bourgogne,
« l’Atelline » de la Compagnie CIA à Villeneuve-lès-Maguelonne en
Languedoc-Roussillon, le « Hangar » de la Compagnie Carabosse en
Poitou-Charentes et la « Cité des Arts de la Rue » à Marseille.
LES REGIONS
Les conseils régionaux ont, dès 2005, augmenté leurs apports et continueront
leur soutien dans les années à venir. Citons quelques exemples de l’évolution
des aides régionales aux arts de la rue :
• Bretagne : 800 000 € en 2007, contre 530 000 € en 2004
• Poitou-Charentes : près d’un million d’euros en 2007 contre
89 000€ en 2004
• Lorraine : plus de 200 000 € en 2007 contre 40 000 € en 2004
• Midi-Pyrénées : 752 950 € en 2007 contre 297 000 € en 2004
BAZAR – Etude de Préfiguration Pôle Arts de la Rue & Son
Ville d’Hellemmes - Septembre 2009
14
Etude Comparative autour des CNAR (8 dont La
Paperie, L’Abattoir, L’Atelier 231, Le Citron Jaune,
Le Fourneau, Le Moulin Fondu, Le Parapluie et
Pronomade(s) en Haute-Garonne)
BAZAR – Etude de Préfiguration Pôle Arts de la Rue & Son
Ville d’Hellemmes - Septembre 2009
15
Structure
Ville
/
Directeur
territoire
La Paperie
Angers
Aubry Eric
-2 permanents
-1 intermittent
- Mutualisation
sur 2 postes de
comptabilité
(paye et saisie)
-1 poste de
communication
415 100 € (hors
accroches
cœurs)
L'Abattoir
Chalon-surSaône
Garcia Pedro
8 permanents
L'Atelier
231
Sottevillelès-Rouen
Andrieu Daniel 10 permanents
16
Personnel
Budget 2008 Budget
TTC
production
Budget
diffusion
festival
ou Statut
Superficie
événement
juridique
Hauteur
150 000 € (PARI) Accroche-Cœurs
(non dirigé par la
Paperie)
SCOP SARL
à capital
Variable
2,5 hectares :
- Salle rue(900 m2)
- Atelier de
construction (170 m2)
- Salle musique
- Gymnase (260 m2)
- Salle d'activité
- Studio de danse
- Salle Comédie (240
m2)
- Bureau (200 m2)
- Cantine
-Salle rue
(8,5 m)
-Salle
Comédie
(3,5 m)
527 967 € en
190 170 €
2007 (dont
certaines
dépenses
directement
prises en charge
par les services
de la ville
40 560 €
Chalon dans la
rue (1 230 684 €)
Régie
municipale
directe
125 m2
+ 4 ateliers
+ 2 salles de travail
5m
1 000 008 €
140 000 € dont
120 000 € de
frais artistiques
- Viva-Cité (régie
municipale)
Association
1901
1 365 m2
+ Salle de répétition de
475 m2
+ 2 salles de 80 m2
+ bureaux
+ cantine
9m
+ 5,82 m
128 457 €
230 000 €
production /
92 000 € aide à
la résidence /
20 000 € action
culturelle
- Festivals Z'amis
(Val de Reuil /
Harcourt / Rouen
/ Blangy-surBresle / MontSaint-Aignan)
BAZAR – Etude de Préfiguration Pôle Arts de la Rue & Son
Ville d’Hellemmes - Septembre 2009
Structure
Espace
Hébergement
extérieur
Partenaires
Positionnement
international
Participation
Conseil Général
La Paperie
-Espace pour Village Mobil Home
chapiteaux
10 personnes
(60mx60m)
avec arrivée
électrique
- Mairie d'Angers
- Conseil Régional des Pays de la
Loire
- Ministère de la Culture et de la
Communication
- Conseil Général du Maine-etLoire
IN SITU
14 000 € (7 000 Ecole
du Cirque / 7 000 pour
le CNAR)
+ 7 000 € d'aide au
fonctionnement global
L'Abattoir
oui
7 chambres
(couchage pour 17
personnes), cuisine
équipée dans
bâtiment sur le site
mais indépendant
- Mairie de Chalon-sur-Saône
- Conseil Régional de Bourgogne
- Ministère de la Culture et de la
Communication
- Grand Chalon
- Conseil Général 71
- Pays du Chalonnais
- CAF
IN SITU
10 000 € pour
l'Abattoir
+ 20 000 € pour Chalon
dans Rue
L'Atelier
231
3000m2
- 4 chambres
- 8 caravanes
- Mairie de Sotteville-les-Rouen
- Conseil Général de SeineMaritime
- Conseil Régional de HauteNormandie
- Ministère de la culture et de la
communication
- Europe (INTERREG)
IN SITU - ZEPA
- Aide au
fonctionnement depuis
2005 (50 000 €)
- Convention
d'objectifs
multipartite 2008 /
2010 (65 000 €)
17
Objectifs
Convention d'objectifs pour le CNAR :
- Soutien à la création
- Appui à la diffusion
- Salon des Arts de la Rue
- Appui des moyens humains pour
atteindre les objectifs
- Améliorer les conditions d'accueil du lieu
de fabrique
- Reconnaissance et qualification des arts
de la rue au niveau local et à
l'international
Convention bipartite :
- L'Abattoir - Structure culturelle d'intérêt
départemental 2005/2007
- Irrigation du territoire / programmation
hors les murs en Saône-et-Loire
- Action culturelle dans les collèges 2008 /
2010
- 70% pour le fonctionnement 30% pour
l'école du spectateur avec une classe du
collège Doisneau de Chalon
- Chalon dans la rue
- Fonds de soutien aux manifestations
culturelles d'intérêt départemental +
apport en communication
- Accompagnement à la création
(coproduction / accueil en résidence)
- Sensibilisation des publics
- Actions internationale
- Formation et transmission des savoirs
(centre de ressources)
- Développement et mise en visibilité
d'une diffusion et programmation
territoriale
BAZAR – Etude de Préfiguration Pôle Arts de la Rue & Son
Ville d’Hellemmes - Septembre 2009
Nombre
de
Compagnies
accueillies/
an
+/- 12
+/- 12
Structure
Ville
/
Directeur
territoire
Le Citron
Jaune
Port-StLouis-duRhône
Leger Francoise /
Schnebelin Bruno
345 000 €
- 1 médiatrice
culturelle dédiée au
Citron Jaune
- Le reste de l'équipe
est composé de 6
personnes travaillant
sur l'ensemble des
activités
- techniciens en
contrats CDD
Le
Fourneau
Brest
Bosseur Michèle /
Morizur Claude
Equivalent de 13
temps pleins sur
l'année avec
occasionnels et
techniciens
intermittents
permanents
Le Moulin
Fondu
Noisy-le-Sec
Jacob JeanRaymond /
Jimenez Enrique
7 permanents
18
Personnel
Budget 2008 Budget
TTC
production
Budget
diffusion
festival ou Statut
événement juridique
270 000 € (dont
70 000 € d'aide à
la création /
33 200 € d'aide à
la résidence)
75 000 €
Les Envies Rhônements et
Complètement
à l'Ouest
Association
1901
salle de 300 m2
6m
+ ateliers (115 m2
et 104 m2)
+ 1 salle de
répétition 120 m2
1,28M€ (Coût
résidences +
coût diffusion +
multimédia +
frais de
fonctionnement
général)
coût des
résidences et
soutien à la
création 421 965
€ dont 121 784 €
en aide
numéraires
Mai + FAR :
résidences /
aides aux
compagnies
sous forme de
préachats /
Coût total
629 500 € dont
241 000 €
d'achats et
préachats
Mai des Arts /
FAR de Morlaix
+ diffusion sur
le territoire de
façon régulière
- Vieilles
Charrues
- Pourguemeau
…
Association
1901
1 000 m2 au sol
+ 250 m2 de
bureaux
+ cantine
+ stockage
10 m
418 389 €
204 389 €
214 000 €
Les Rencontres Association
d'ici et d'ailleurs 1901
- 900 m2 (dont 1
salle de
répétition de 200
m2 ; atelier de
construction et
couture de 350
m2 ; bureaux,
salle de réunion
et chambres de
350 m2)
- Atelier
complémentaire
de 265 m2
- Salle de
répétitions :
3,5 m
- Atelier
Moulin
Fondu : 5 m
- Atelier
complémentaire : 11 m
BAZAR – Etude de Préfiguration Pôle Arts de la Rue & Son
Ville d’Hellemmes - Septembre 2009
Superficie
Hauteur
Structure
Espace
extérieur
Hébergement Partenaires
Positionnement Participation
international
Conseil Général
Objectifs
Nombre de
Compagnies
accueillies/
an
Le Citron
Jaune
1 000m2
Maison
indépendante (5
chambres, WC,
douches, cuisine
équipée)
- espace caravane
(7 caravanes)
- Ministère de la Culture et de
la communication (DRAC
Provence-Alpes-Côte-d'Azur).
- Conseil Régional ProvenceAlpes-Côte-d'Azur.
- Conseil Général des Bouchesdu-Rhône.
- Communauté de communes
Ouest Provence.
- l'ANSEC
- Ville d'Arles
Aide au fonctionnement
30 000 € pour le Citron
Jaune et 10 000 € pour
les Envies Rhônements
- Soutien à la création
- Accueil en résidence
- Décloisonnement des publics, des
territoires, des pratiques
- Sensibilisation du public local
+/- 10
Le
Fourneau
2000m2
(esplanade +
aire de
stationnement
permettant
l'accueil de
quelques
caravanes)
2 appartements
en location sur le
port en proximité
du lieu
+ 2 caravanes
dans le lieu
- Ville de Brest
réseau ZEPA /
- Ville de Morlaix
dossier en cours
- Communauté
pour INTERREG IV
d'agglomération de Morlaix
- Conseil Général du Finistère
- Conseil Régional de Bretagne
- Ministère de la Culture et de
la Communication
50 000 € - Convention
d'objectifs
multipartenariale 15 000
€ d'aide à la diffusion
territoriale (Mai des
Arts)
- Fonctionnement global partagé (aide à la
création, diffusion, centre de ressources)
- Perspectives sur le développement d'actions
de diffusions territoriales + animations de
réseaux (centre de ressources / transmission)
33 en 2008
Le Moulin
Fondu
Non
3 chambres (2
personnes)
- Mairie de Noisy-le-Sec
- Conseil Général de SeineSaint-Denis
- Conseil Régional d'Ile-deFrance
- Ministère de la Culture et de
la Communication (DRAC Ilede-France)
200 000 € - Convention
bipartite : Compagnie +
CNAR
19
- Soutien à la création pour l'espace urbain
- Appui à la diffusion en France et à l'étranger
- Utilisation de compétences de la compagnie
pour les fêtes urbaines et les festivals du
département
- Développement du projet du CNAR
- Plateforme de diffusion avec les Rencontres
d'ici et d'ailleurs.
- Pour la mission du CNAR : accueil en
résidence, coproduction, médiation en
direction des publics, diffusion des oeuvres du
répertoire et soutien à l'émergence artistique
BAZAR – Etude de Préfiguration Pôle Arts de la Rue & Son
Ville d’Hellemmes - Septembre 2009
2008 : 6 en
résidence de
création /
11 en
répétition
Structure
Ville
/
Directeur
territoire
Le Parapluie
Aurillac
Pronomade(s) HauteGaronne
en
HauteGaronne
20
Personnel
Budget
Budget
2008 TTC production
Songy JeanMarie
398 500 €
-1 régisseur
uniquement dédié au
Parapluie
- Le reste de l'équipe
est composé de 8
personnes travaillant
sur l'ensemble des
activités
282 256 €
Saunier Borrel
Philippe
8 permanents temps
plein en CDI
+ nombreux
intermittents
techniques
200 000 €
1 013 000 €
Budget
diffusion
425 000 €
festival
ou Statut
événement
juridique
Superficie
Hauteur
Festival d'Aurillac
(857 523 €)
+ 83 720 € les
préalables
+ 137 540 €
(Marché -accueil
pro / compagnies
de passage)
Association
1901
1 375 m2 + studio de
316 m2
11 m max
8 m sous
passerelles
Saison d'avril à
novembre et une
commande tous les
2 ans
+ des rives la nuit
Association
1901
440 m2
+ 2 ateliers techniques
+ 2 lieux de stockages
+ bureau pour la
Compagnie (fin des
travaux prévue pour
juin 2010)
8 m sous
poutres
BAZAR – Etude de Préfiguration Pôle Arts de la Rue & Son
Ville d’Hellemmes - Septembre 2009
Structure
Le Parapluie
Espace
extérieur
3000m2
(permettant
l'installation d'un
chapiteau)
Hébergement Partenaires
Maison des
Tronquières
indépendantes, 9
chambres / 22
lits
Pronomade(s) 400m2 + campagne 12 chambres
environnante
en Haute
Garonne
Participation
Positionnement
Conseil
international
Général
- Ministère de la
culture et de la
communication (DRAC
Auvergne)
- Conseil Régional
Auvergne
- CABA (Communauté
d'Agglomération du
Bassin d'Aurillac)
Non
- Ministère de la
culture et de la
communication (DRAC
Midi-Pyrénées)
- Conseil Général de la
Haute-Garonne
- Conseil régional MidiPyrénées
- 5 communautés de
Communes
IN - SITU,
euro région MidiPyrénées et
Catalogne,
Réseau SudEuropéen
Objectifs
- Espace de travail pour les artistes
- Construction et mise en œuvre des spectacles
des compagnies accueillies en résidences
- Ancrage au niveau régional
- Catalogue référençant les compagnies présentes
sur le festival (bilingue)
270 000 € en 2008
220 000 € en 2007
220 000 € en 2006
Négociation
opérée par le
cabinet "Pas
d'habitude de
contractualisation"
Convention d'objectifs multipartite 2006 / 2008 :
- Soutenir la diffusion territoriale
- Accompagnement artistiques (aide à la
coproduction/ accueil en résidence)
- Aide à l'édition (Carnet de Rue)
- Action culturelle (sensibilisation des jeunes)
- Actions de formation pour les formateurs
- Médiation -écoles du spectateur
Données extraites du Cahier des Charges - Centre National de la Rue Poitou-Charentes
Document du travail – Conseil Régional Poitou-Charentes - avec l'aimable autorisation d'Adrien Guillot
21
BAZAR – Etude de Préfiguration Pôle Arts de la Rue & Son
Ville d’Hellemmes - Septembre 2009
Nombre
de
Compagnies
accueillies/
an
20 compagnies
officielles et
plus ou moins
400 de
passage lors
du festival
Eclat
C-III. Le contexte culturel régional et
métropolitain
III-a. En région
Le Boulon à Vieux-Condé
Dans l’agglomération de Valenciennes, la commune de Vieux-Condé entend bien
s’affirmer à terme comme pôle référent sur la région Nord-Pas-de-Calais. « Le
Boulon » par son travail de diffusion annuelle autour des arts de la rue et des arts
de la piste, son soutien en faveur de la création artistique (Fabrique des arts de la
rue) et l’organisation de son Festival « Les Turbulentes » est devenu en quelques
années une structure de référence et d’appui au développement de ce secteur
artistique et comble le manque de lieux dédiés aux arts de la rue dans la région.
Forte du succès rencontré par son festival Les Turbulentes, la municipalité a
rénové en 2001 une friche industrielle dans la ZA le Brasseur.
« On souhaitait se spécifier et pouvoir développer à l’année une relation étroite
entre la population et les artistes », déclare Serge van der Hoeven, Maire de la
commune.
L’association mène depuis 2002 un travail d’accompagnement, de développement
d’interdisciplinarité et de confrontations entre équipes de différents domaines,
d’articulation entre la création et la diffusion, de déclenchement de nouvelles
attitudes culturelles basées sur la rencontre des populations avec les créateurs.
Ainsi, après une période de préfiguration nécessaire à sa reconnaissance, le projet
du Boulon se destine à devenir un pôle de référence, d’appui et de développement
en région et en France, pour les Arts de la Rue, autour de 4 pôles de compétences :
- la diffusion
- le soutien à la création
- les Turbulentes
- les pratiques artistiques.
Sont représentés :
- arts de la rue
- arts de la piste
- théâtre
- musique
- danse
- arts plastiques.
Les artistes sont présents sur le lieu dans le cadre des résidences de création.
Des rencontres, des ateliers en direction des milieux scolaires, associatifs, sociaux,
éducatifs, notamment en relation avec les compagnies invitées en diffusion ou en
résidence de création, sont mis en place.
BAZAR – Etude de Préfiguration Pôle Arts de la Rue & Son
Ville d’Hellemmes - Septembre 2009
22
Le Boulon et le Foyer Culturel de Péruwelz (Belgique) se sont unis en 1998 autour
d’un programme culturel commun transfrontalier « Les Effronteries » soutenu par
le FEDER (Fonds Européen de Développement Régional) dans le cadre du dispositif
Interreg III. L’association développe également des partenariats avec d’autres
structures culturelles comme le centre des arts du Cirque de Lomme, Métalu A
Chahuter à Loos, le Phénix, Scène Nationale de Valenciennes, le Manège, Scène
Nationale de Maubeuge…
Critères de mise à disposition d’espaces de création :
-
accompagnement d’artistes qui créent pour la ville et l’espace public
résidence de fabrication et d’écriture
mise à disposition de locaux (actuellement 2500 m²)
accompagnement de la création en technique, logistique d’accueil
prise en charge des frais de transport, de la restauration et de
l’hébergement, promotion, répétition ou représentation publique, apport
financier en coproduction.
Stages, ateliers : Ateliers de pratiques artistiques : arts du cirque, arts plastiques,
marionnettes, théâtre, danse…
Lieu de ressources : Un Espace Multimédia
Partenaires financiers : La D.R.A.C. Nord-Pas-de-Calais, Le Conseil Régional Nord Pas-de-Calais, le Conseil Général du Nord, Valenciennes Métropole, Vieux-Condé, la
Politique de la Ville, l’Union Européenne (FEDER).
Les Scènes Nationales
Depuis le début des années 80, les scènes nationales du Nord – Pas-de-Calais se
distinguent de leurs collègues françaises en témoignant d’un très grand intérêt
pour les arts de la rue.
Ainsi le Manège de Maubeuge organise Les Folies, Culture Commune a créé
Zarts’up, et a pour artiste associé Hendrix Van der Zee.
De son côté, le Channel organise Jours de Fête, réhabilite ses locaux avec François
Delarozière (le constructeur des géants du Royal de Luxe), invite et coproduit
notamment Le géant du Royal de Luxe.
BAZAR – Etude de Préfiguration Pôle Arts de la Rue & Son
Ville d’Hellemmes - Septembre 2009
23
III-b. Sur la Métropole lilloise
Les Maisons Folie
Les Maisons Folie sont au croisement de projets culturels, artistiques et urbains.
Les arts de la rue au travers de festivals, de rencontres ou d’ateliers, y sont
souvent déclinés.
Exemple fonctionnement / financement de Maisons Folie :
- MF Wazemmes :
Budget fonctionnement : 963 000 € en 2008 (par la ville de Lille)
Part liée à l’artistique : de 40 à 45 %
Part liée au fonctionnement : entre 55 et 60 %
Financement (fonctionnement) : Ville de Lille – LMCU
Fonction initiale du lieu : Hammam, aire de jeux, brasserie, école d’art,
lieu d’expositions, résidences d’artistes, salle de spectacles
Programmation : Cultures urbaines, danse contemporaine, arts visuels
- MF Moulins :
Budget fonctionnement : 620 000 € en 2006
Financement (fonctionnement) : Ville de Lille, LMCU – SACEM (dispositif
« aide aux salles de musiques actuelles »)
Fonctions initiales du lieu : Salle de concert, lieu d’exposition/répétition,
studio d’enregistrement/club, bar/brasserie, salle à manger
et cuisine
Activités : Événements et expositions pluridisciplinaires et familiaux, lieu
de vie pour le quartier, lieu de résidence et de création
ouvert aux artistes de toutes disciplines et de toutes origines.
Centre aéré axé sur la culture l’été pour les enfants de 6 à 12
ans
Programmation : Concerts, expositions, ateliers axés sur la petite enfance
- La Condition Publique :
Budget fonctionnement : 2,6 millions € HT en 2006
Financement (fonctionnement) : Ville de Roubaix – LMCU – Conseil
Régional - Conseil Général du Nord
Fonctions initiales du lieu : Salle de spectacle, salle d’exposition, atelier
studio d’artiste, librairie, café-restaurant
Activités : Résidences d’artistes, lieu de création artistique expérimentale
ouvert sur la ville.
Accueil d’entreprises et d’associations à vocation culturelle, location
d’espace, cours publics.
Intégration de l’Espace Croisé (vidéo) en 2009
Programmation : Spectacle vivant, concerts, arts graphiques, expositions
BAZAR – Etude de Préfiguration Pôle Arts de la Rue & Son
Ville d’Hellemmes - Septembre 2009
24
La Malterie
La Malterie est basée au 42 rue Kuhlmann à Lille.
Cet équipement se présente comme un laboratoire où les artistes se côtoient et
collaborent. On peut y expérimenter un projet, y travailler, présenter un
spectacle.
La Malterie est une partie –louée à la SCI « Lion des Flandres »- de l’ancienne
brasserie Delahaye (1876), ce qui confère au bâtiment une spécificité
architecturale : peu d’ouvertures et une hauteur de plafond à 1m90.
Surface totale = 2500 m², 7 niveaux (350 m²) :
- 34 ateliers répartis sur 4 plateaux/étages (entre 25 et 75 m²) : arts
plastiques, vidéo, cinéma, musique, théâtre, bureaux associatifs
- 5 studios de répétition de musique
- 3 ateliers collectifs spécialisés (labo photo, atelier sérigraphie/gravure,
studio de création sonore)
- 1 plateau de création transdisciplinaire (350 m²), plateau de danse (120
m²)
- 1 salle de diffusion d’une jauge de 140 places avec un bar
- 1 salle d’exposition (70 m²), attenante au lieu de diffusion
- Résidences : arts plastiques, danse, musique…
- La Malterie accueille de nombreuses disciplines artistiques et accompagne
le développement de pratiques transdisciplinaires
- Création d’événements : promotion de disciplines particulières, dites
"mineures" ou "décalées" (BD, performance, cinéma expérimental...)
- Développement de projets favorisant les collaborations artistiques entre
artistes et associations de, ou proches de, la Malterie
- En collaboration avec Stakano, soutien à la jeune création arts plastiques
(lieu d’information, résidence, accompagnement)
- Ateliers d’intervention et de sensibilisation avec les écoles et les centres
éducatifs du sud de la métropole
- Accueil de concerts, expositions, festivals, performances, représentations,
débats/rencontres, résidences, projections (vidéos/super 8), Hootenanny,
installations, ateliers, fêtes, « portes ouvertes »...
Associations « membres actifs » : Le Crime, Circum, Le Collectif de la Girafe, La
Cie Des Astres, Les Pakerettes, Tourne-disque, Mohamed Dali. Collaboration à
différents réseaux dont 50° Nord, La FRAAP.
La Malterie fonctionne grâce au travail de nombreux bénévoles et employés.
Partenaires financiers : Ville de Lille, Conseil Général du Nord, Conseil Régional
du Nord-Pas-de-Calais, DRAC Nord-Pas-de-Calais / Ministère de la Culture.
BAZAR – Etude de Préfiguration Pôle Arts de la Rue & Son
Ville d’Hellemmes - Septembre 2009
25
B-IV. La Ville d’Hellemmes
IV-a. Son histoire
La commune d’Hellemmes a connu une histoire mouvementée directement liée à
celle de sa voisine, Lille. Jusqu’au XIXe, ce village agricole est situé à l’extérieur
des remparts. Proche des champs de bataille, elle est détruite à plusieurs reprises.
Comme de nombreux autres bourgs, elle vit sous l’influence immédiate de la
grande ville et organise sa production en fonction des besoins de la population
urbaine. À partir du XIXe, elle affirme sa vocation industrielle et connaît une
croissance remarquable pendant toute la durée de ce siècle. Le développement de
l’industrie, associé à celui des transports en commun et des transports de
marchandises, contribue à l’évolution urbaine et à l’essor commercial de ce
faubourg. Son extension est directement liée à la ligne de chemin de fer qui relie
Lille à Paris et dont l’implantation favorise l’installation de nombreuses entreprises
spécialisées dans la métallurgie, les constructions mécaniques et les machinesoutils sur le territoire. Le développement démographique rapide s’illustre par
l’implantation d’un habitat ouvrier massif autour des usines et des lieux de
production, comme à Fives. Un tissu urbain mixte se forme progressivement, issu
de la superposition de vastes ensembles industriels et du parcellaire rural existant.
Durant la seconde guerre mondiale, les usines et les structures ferroviaires de Fives
et Hellemmes deviennent la cible des bombardements. Les quartiers d’habitations
imbriqués dans les installations industrielles sont largement détruits.
Dès 1950, ces lourds dommages de guerre entraînent un vaste programme de
reconstruction de l’habitat. L’après-guerre marque également le début d’une
nouvelle ère de prospérité économique, tant commerciale qu’industrielle avec les
usines FCB, Peugeot et Mossley. Puis, à partir des années 1970-1980, une période
de crise et de récession dans l’industrie touche durablement ces quartiers. La
fermeture progressive des grands domaines industriels suscite de longs et
douloureux mouvements sociaux, localement très soutenus.
1974-1982 : la percée de la voie rapide urbaine et l’arrivée du métro désenclavent
Hellemmes en la mettant à 5 min du centre-ville lillois et des universités de
Villeneuve-d’Ascq, mais ils accentuent la coupure physique avec Lille.
Ces travaux de grande ampleur occasionnent de nombreuses démolitions et
expropriations. En 1977, alors menacée d’asphyxie urbaine et financière,
Hellemmes devient Commune associée de sa voisine, Lille. Ce nouveau statut lui
permet de faire enfin face à une nécessaire mutation et d’accroître sa population
pour se mettre au niveau des grandes villes françaises.
Hellemmes opère une modernisation de son tissu urbain par la création de
nouveaux équipements et instaure une nouvelle ère industrielle. Une évolution qui
repose à la fois sur une restructuration urbaine, une requalification résidentielle et
la recherche d’un équilibre social entre habitat et activités. À cela s’ajoutent des
enjeux majeurs qui relèvent de la création de continuités entre les espaces publics
BAZAR – Etude de Préfiguration Pôle Arts de la Rue & Son
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et de la reconquête des sites industriels dont l’imbrication passée laisse une grande
souplesse pour recomposer le tissu urbain local.
Sa morphologie est le résultat d’un tissage complexe de voies ferrées, d’ateliers,
d’habitats ouvriers denses disposés le long de rues étroites ou assemblés en
courées, de maisons de ville ou de demeures bourgeoises de qualité. Le territoire
de Fives et celui d’Hellemmes se partagent plusieurs grandes enclaves industrielles
aujourd’hui en friche.
Dont la friche du 21 rue Jean Bart…
IV-b. Ses projets
En parallèle avec la friche du 21 rue Jean Bart, la Ville d’Hellemmes développe un
autre projet urbain important et potentiellement complémentaire : la ZAC du Parc
de la filature Mossley, fermée en 2001, occasionnant la perte de 123 emplois.
Le choix d'une ZAC (zone d'aménagement concertée) a été retenu par la ville et
LMCU. Le site devrait comporter 300 logements, en partie sociaux, auxquels il faut
ajouter 40 places en résidence pour personnes âgées, des activités commerciales,
une médiathèque de 2500 m², une crèche de 60 places, des ateliers d'artistes. Une
ludothèque et/ou un théâtre de poche sont envisagés, dans un parc qui deviendra
public. Un local doit aussi abriter les affiches anciennes de la SNCF.
Une partie du patrimoine, comme l'entrée de l'usine ou la grande tour carrée, est
préservée. Sur les modèles allemands et hollandais, la place du vélo dans les
déplacements y est importante. Une galerie commerçante d'inspiration milanaise
est également envisagée.
Normes de haute qualité environnementale, espaces verts, végétalisation des murs,
411 places de stationnement en souterrain : cette ZAC est présentée comme un
éco-quartier.
VI-c. Les équipements en projet
Les projets à l’œuvre dans ce secteur :
-
Le Pôle des Arts de la Rue, 21 rue Jean Bart
Presque en face : la Commune achète actuellement les logements de la cour
du 94 rue Jean Bart
A 300 mètres : la filature Mossley, avec ses 320 logements, sa crèche, sa
médiathèque, ses ateliers d’artistes
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-
A 40 mètres : les 70 logements de la friche du Lycée FCB, donnant sur la rue
de Chanzy, et la friche FCB du Pôle
A 370 mètres : la grande friche FCB fivoise, avec un centre nautique, le lycée
hôtelier M. Servais, 700 logements, la bourse du travail, et 5 hectares
d’espaces verts.
C’est donc un quartier en plein bouleversement qui entoure le site du Pôle.
Nous devons donc intégrer le Pôle à l’ensemble de ces projets et à la ville en
mutation.
IV-d. Les quartiers
Barrière / Boldoduc :
Le versant de la ville où se sont pendant des années développées les grandes
activités industrielles du passé (filatures, métallurgie...). Les secteurs
d’habitations offrent une réelle densité. Aujourd’hui ces activités n’existent plus,
le secteur offre de larges zones en devenir (les friches). De nombreux projets
structurants (constructions, aménagements, circulation...) sont envisagés.
Centre / Abeilles :
Le cœur de la ville : très dense en habitations, il est traversé par des axes de
circulation importants : la rue Salengro et la ligne de métro. Ce secteur possède
des atouts majeurs : la place Hentgès (place du centre ville et lieu d’accueil du
marché hebdomadaire), la salle des acacias et la station de métro Hellemmes. Il
bénéficie de nombreux services et aménagements (mairie, école de musique, le
parc Bocquet, le parc de la mairie, la médiathèque, le Kursaal...) et de nombreux
grands projets en cours ou à venir : logements (Opel) et Mossley.
Chapelle d’Elocques / Dombrowski :
Il présente une grande densité d’habitations principalement en logements
collectifs.
L’Epine / Pavé du Moulin :
Séparé du centre ville et enclavé par la présence de la voie rapide (Boulevard de
l’ouest) et le réseau SNCF, ce secteur doit renouer les liens avec le centre ville.
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Guinguette / Semeuse :
Autrefois au cœur d’activités industrielles marquantes (brasserie et rail), il
bénéficie encore aujourd’hui de la présence des équipements de la SNCF. Proche
des commerces, il présente un habitat plutôt plaisant. Un peu oublié ce secteur est
aujourd’hui coincé entre les installations de grandes entreprises (ateliers SNCF) et
les axes de circulation importants.
IV-e. Lieux et manifestations culturelles
Les équipements culturels
- L’École de Musique
Direction : Jean-François DROULEZ
- La Bibliothèque
Responsable : Nathalie GERE
- Salle Le Kursaal (salle polyvalente)
135 rue Roger Salengro
- La salle Monchy (salle polyvalente)
Plateau Jenner – rue des Ecoles à Hellemmes
Les principaux rendez-vous
organisés par le Service culturel :
- Les 4 saisons d'Hellemmes : 4 semaines culturelles
- La Fête de la Musique (21 juin)
- Les Journées du Patrimoine (septembre)
organisés par la Bibliothèque :
-
Bibliobus (École Rostand et salle Coget)
Fête du Livre
Lire en Fête
Atelier Conte
organisés par l'École de Musique :
-
Bourse aux livres et partitions (interne à l'école de musique)
Concert de Noël
Exposition sur un thème musical durant 15 jours
Portes ouvertes
Divers concerts sur toute l'année
Examens
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Les Ateliers
- Expression pour les primaires par l'association « J'ai raté l'autobus »
- Théâtre (préados et ados) : association de Théâtre de la Baraque
Foraine
- Conte pour les primaires par l'association Kaï Dina.
Les lieux associatifs mis à disposition
- La Makina, 29 rue Jules Ferry
- L’atelier 4, 91 rue Jules Ferry
IV-f Compagnies implantées sur la Commune
A noter que cette présentation n’a rien d’exhaustive, mais correspond plus
simplement aux structures qu’il nous a été donné de rencontrer.
Les Makinistes Associés
La Makina regroupe 3 compagnies :
-
Méli Mélo : 5 artistes / 1 chargée de diffusion / 2 techniciens
Théâtre K : 4/5 comédiens
La Vache Bleue : 2 comédiens
Cette association est en partie gérée par des bénévoles, des habitants du quartier
s’investissant dans le projet du collectif.
Elle occupe des locaux mis à disposition par la mairie au 29 bis rue Jules Ferry. Elle
succède à Drama Makina en y installant les bureaux des 3 compagnies.
Un plateau de répétition équipé d’un grill permet d’accueillir d’autres petites
compagnies pour des résidences ponctuelles de création.
Les trois compagnies occupent rarement le plateau de répétition (sauf lors des
créations). La compagnie Méli Mélo ne peut notamment pas utiliser cet espace car
la hauteur du plafond ne convient pas à ses besoins.
Cette salle est occupée à 90% par des résidences d’associations extérieures,
heureuses de trouver là un équipement correspondant à leurs besoins.
Régulièrement, les compagnies de la Makina s’ouvrent sur leur quartier en
proposant durant un week-end le festival « les Doux Dimanches » organisé à son
origine dans leurs locaux et qui, depuis cette année, se déroule en extérieur.
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Le Collectif de la Girafe
Réunis dans « le Cagibi » au 8 rue de Wazemmes (Lille) depuis le 17 avril 2009
(date de son inauguration), les artistes de la Girafe proposent un travail de
diffusion culturelle sous les formes les plus variées (expositions, concerts,
spectacles…). Le collectif est complètement indépendant et la plupart de ses
projets sont volontairement produits sous forme d’autofinancements (c’est pour
Damien Deltour une façon de travailler en liberté).
Le collectif a travaillé sur un grand nombre de projets en partenariat avec les
Maisons Folie de la métropole, ainsi que sur le projet de la Mini Girafe (2007)
(http://minigirafe.free.fr/index.htm). Ce dernier projet est actuellement en
attente, faute de moyens.
L’association est composée de 30 membres.
Elle existe officiellement depuis 1996, mais la forme actuelle du groupe date de
1999.
Le collectif a longtemps été nomade et tient à ce mode de fonctionnement.
Le Collectif de la Girafe est une association culturelle de la ville d’Hellemmes,
mais elle ne bénéficie ni de subvention (hormis pour le projet Les Fenêtres qui
parlent), ni de mise à disposition de locaux.
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Le Crime, Circum, Zoone Libre
Les trois associations représentent environ 50 musiciens impliqués dans plus d’une
quinzaine de projets stables et de très nombreux projets à plus ou moins court
terme selon les commandes, festivals, etc… :
représentations musicales « classiques »
installations,
« installactions »,
performances,
projets interdisciplinaires (danse, poésie, théâtre, vidéo, etc.).
Très fortement reconnues nationalement dans le secteur des musiques
expérimentales, décalées ou d’improvisation, elles restent uniques dans le monde
des musiques actuelles en Région.
Elles n’ont pas accès à un lieu fixe pour travailler, c’est-à-dire écrire, arranger,
répéter, jouer enregistrer la musique, construire le matériel instrumental,
plastique ou scénique, élaborer la scénographie, mais aussi pour discuter des
projets, les élaborer, disposer de temps d’expérimentation, bref, tout ce qui fait la
création artistique.
La Malterie constitue bien une base essentielle de leurs activités, mais elle n’est
pas adaptée : trop basse pour les installations, trop petite pour les grandes
formations, mal insonorisée (le son déborde largement dans la salle d’exposition
connexe et les bureaux situés au-dessus) et surtout dédiée avant tout aux concerts,
prioritaires sur les répétitions et les résidences.
La plupart du temps, les musiciens sont réduits à squatter différents lieux plus ou
moins adaptés à leur projets et qui ne permettent pas de prendre le temps de la
création ou de trouver un espace adapté.
En raison de ce nomadisme forcé, le collectif regrette le manque de temps
permettant de travailler, notamment pour les grands projets diffusés en national ;
ou d’espaces appropriés, devant occuper des salles de diffusion plutôt que des
salles de création, comme il est d’usage pour le théâtre, la danse ou les arts de la
rue.
Ils ont ainsi utilisé plus d’une vingtaine de lieux différents (Drama Makina et
Kursaal à Hellemmes, MAJ à Faches-Thumesnil, Biplan, Tri postal, Maison Folie
Wazemmes à Lille, studio du Cavul ou salles de musicologie à l’Université de Lille
3, etc.)
Le collectif cherche à disposer de conditions de travail adaptées à ses projets et
un lieu de création fixe.
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Compagnie de L’Histrion
L’Histrion a été créé en 1999. Cette compagnie est spécialisée dans la marionnette
de table, à fils et le théâtre d’ombre. Elle compte 6 permanents (1 administratrice
+ 5 intermittents).
Son siège social est à Lille, mais elle n’y est pas implantée. Ulrich Vanacker,
désabusé par un projet avorté, ne souhaite pas s’y implanter. Hellemmes est sa
« ville natale ». En effet, son grand-père est le créateur de la Baraque Foraine
(1952), troupe de théâtre amateur importante dans et pour la ville. Mr Vanacker y
a fait ses débuts avant de se professionnaliser.
La compagnie a pour projet de monter une forme adaptée à la rue pour l’été
prochain.
La compagnie est intéressée par l’occupation du lieu d’une façon ponctuelle,
lors de résidences de création afin de pouvoir profiter de la dynamique
d’échange qu’offre un pôle.
La Baraque Foraine
La Baraque Foraine est une association de culture populaire issue des compagnies
de théâtre amateur de Lille qui fonctionnaient en lien avec les auberges de
jeunesse. Après la guerre, cette compagnie est liée aux amicales laïques de
gauche. La Baraque Foraine est une association d’éducation populaire.
La troupe existe depuis 1950 puis prend un statut indépendant en 1961 (association
de culture populaire pour le développement de la pratique amateur en spectacle
vivant pour le développement citoyen). L’association est surtout connue via le
théâtre amateur. Elle est membre de la FNCTA (Fédération Nationale des
Compagnies de Théâtre et d'Animation). Mr Mignien est Président de l’Union Nord Pas-de-Calais qui a son siège dans les locaux de la Baraque Foraine.
La Baraque Foraine est une troupe de théâtre amateur et un relais pour la diffusion
des troupes. Ses statuts mentionnent sa volonté de faire jouer les autres. C’est
donc une centaine de spectacles qui est présentée par an, dont une quarantaine de
la Baraque Foraine.
La troupe est composée de 30 comédiens membres bénévoles.
Selon Mr Mignien, la troupe, en tant que théâtre amateur, n’a pas sa place dans un
pôle professionnel. Les modes de fabrication ne sont pas les mêmes, la troupe
dispose d’ailleurs d’un lieu pour ses répétitions qui lui suffit.
Cependant, Mr Mignien est intéressé par les rencontres et les échanges que
pourront offrir le Pôle et la possibilité de travailler avec Métalu A Chahuter sur la
création de structures.
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Kaï Dina
Cette compagnie, dont le siège social est à Villeneuve-d’Ascq, intervient à
Hellemmes dans le cadre d’ateliers se déroulant à la bibliothèque municipale.
C’est à la fois une association et une compagnie. L’association anime depuis 10 ans
des ateliers pour les écoles et les bibliothèques.
Kaï Dina propose également des formations pour les professionnels de la petite
enfance, via des stages de rythmique.
Le travail de Kai Dina s’oriente vers les enfants en difficulté du pôle handicap (IEM)
de la ville de Wasquehal, mais aussi les personnes âgées atteintes d’Alzheimer. Ils
interviennent généralement avec une méthode unique qui leur permet de
s’adresser à tous types de participants. Ils ne possèdent pas de lieu proprement
dit. Ils sont nomades puisque leurs ateliers l’imposent. Ils préfèrent aller à la
rencontre des gens plutôt que leur demander de se déplacer.
Ils travaillent beaucoup sur des échanges entre les ateliers, sur la rencontre des
publics (habitude et échanges entre les structures)
Kai Dina est intéressé par le pôle afin d’y faire des résidences : travaillant sur le
son, ils ont besoin d’une acoustique particulière. L’échange et le travail avec
d’autres compagnies peuvent être aussi un point de convergence : arts plastiques,
musique …
Kaï Dina, dont le metteur en scène souffre d’un handicap moteur, a soulevé une
exigence concernant l’aménagement du plateau du répétition et de l’ensemble
des locaux de la friche : qu’ils soient adaptés aux professionnels handicapés (et
non pas seulement aux spectateurs) car peu de lieux le sont.
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Le 8 Renversé
Le 8 Renversé est une compagnie de danse implantée dans la ville depuis plusieurs
années. Elle ne dispose, cependant, pas de lieu de répétition dans la ville. La
compagnie a occupé un local de 30m2 jusqu’en octobre 2007.
La compagnie axe un certain nombre de ses créations sur l’exploration et la
représentation à l’intérieur d’usines en friche
Le 8 Renversé anime de ateliers de tango (cours pratiques) pour la ville
d’Hellemmes.
La demande de la compagnie concernant la friche serait de pouvoir accéder à
un lieu de répétition aménageable avec un minimum de matériel (salle de
100m2), occuper des bureaux et bénéficier de lieux de stockage.
Elle est aussi intéressée par la possibilité de présentation d’étapes de travail et
par les rencontres et les échanges avec les professionnels du spectacle.
L’Atelier 4 / La Moulinette
-
Les 4 artistes de L’atelier 4 sont installés dans les locaux mis à disposition par la
Ville au 91 rue Jules Ferry, depuis octobre 2005.
Les artistes de la Moulinette n’ont pour l’instant pas de local, et occupent
ponctuellement le 91 rue Jules Ferry.
Les deux associations regroupent une dizaine d’artistes plasticiens. Le local mis à
disposition par la Ville leur convient mais le manque d’espace est quelquefois
problématique pour certaines créations qui nécessitent des volumes importants.
La connexion avec le projet de la rue Jean Bart, celui de la Friche Mossley, le
projet FCB et les différents lieux existants dans la ville leur semble pertinente. Ils
souhaiteraient trouver leur place dans l’écriture des projets en tant qu’artistes
plasticiens professionnels.
La volonté de mettre en place des ateliers avec des enfants et des adultes dans la
ville et dans le pôle a été fortement affirmée. L’ensemble des artistes des 2
associations y mènent déjà des ateliers. Ils participent également à différentes
animations et manifestations culturelles dont Les fenêtres qui parlent pour
lesquelles ils ont bénéficié d’une subvention.
Leur souhait est de continuer à travailler dans les locaux qui sont mis à leur
disposition, tout en entrant dans le réseau qui va se tisser entre les différents
lieux de la commune, et en profitant des possibilités qu’offre le pôle en matière
d’espace de création et d’échange entre professionnels.
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B-V. Le 21 rue Jean Bart
V-a. Historique du lieu
L’histoire du lieu peut influencer l’orientation d’un projet. Des rencontres avec
l’association « La mémoire d’Hellemmes » ou encore avec des habitants et les
associations de quartiers nous ont aidé à connaître le passé de la ville, les activités
du site et ceux qui ont fait vivre le lieu et le quartier.
Pour l’instant, les recherches effectuées ont révélé quelques hypothèses et des
informations confirmées qui nous permettent de remonter sur une période allant
du début du XXe siècle à nos jours.
Lors des recherches, nous ne sommes pas parvenus à exploiter les archives de la
commune d’Hellemmes (celles-ci ayant été partiellement détruites dans les années
60).
Les recherches aux archives départementales de Lille nous permettent simplement
de situer une occupation au cadastre sur une période comprise entre 1900 et 1960
(en 1905, le 21 rue jean Bart ne figure pas mais la cité Fiévet y figure déjà ; en
1958, le 21 rue jean Bart et la cité Fievet amputées de six maisons figurent « à la
main » sur le cadastre).
La rue jean Bart pour partie (côté numéros impairs) a subi de nombreuses
transformations. Disparitions des activités et des entreprises, dommages de guerre
(bombardements), projets urbains et reconstructions...
Le côté de la rue où est situé le 21 rue jean Bart était vraisemblablement occupé
dans sa quasi-totalité par une succession d’usines textiles et d’ateliers de forge,
moulage et fonderie (la Compagnie de Fives) du début de la rue (le bureau de
poste actuel) jusqu’à la fin (au croisement de la rue Ledru-Rollin).
La rue Jean Bart se situe sur un secteur entre le quartier Boldoduc et le Centre. Le
quartier du Boldoduc était également appelé, à une époque, « le derrière l’usine ».
En témoigne l’existence d’un comité des fêtes du quartier « du derrière l’usine »
avant 1936, ce derrière l’usine étant la partie d’Hellemmes se trouvant de l’autre
côté du mur des usines Fives-Cail et des entreprises citées ci-après.
Chronologie liée au 21 et à la rue Jean Bart :
1880, Victor Lorent (Ets Lorent-Lescornez) s’implante à Hellemmes (rue jean
Bart ?) pour le traitement du lin, puis du chanvre pour fil (corderie) et le peignée
d’étoupe.
1898, Victor Lorent s’associe à Paul Dufour, une filature est implantée rue Jean
Bart. Une partie de la filature sera détruite par un incendie en 1906.
1913, Paul Dufour et Eugène Dufour, industriels du textile, s’associent et
s’installent rue Jean Bart. En 1935 l’entreprise couvre 7 ha. L’activité cesse en
1968.
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1914, la Compagnie de Fives installe des ateliers de forge, moulage et fonderie,
rue jean Bart à Hellemmes.
... absences d’informations entre la période de la seconde guerre mondiale et les
années 60.
1969, la société TCVAL (filiale de Trouvay Cauvin) rachète le site à la famille
Denys et s’installe à Hellemmes au 21 rue Jean Bart. Ce site est dédié au stockage
et à la vente de tubes, raccords et d’accessoires en acier (canalisation
industrielle).
2002, le site est loué à la société BROSSETTE TC (chauffage et transport de l’eau)
pour le stockage de tuyaux, robinetterie et canalisation pendant environ 7 mois.
2003, le site est inoccupé.
2004, audit environnemental (pollution) à la demande de TCVAL pour la vente du
site.
2006, le bâtiment est racheté par M. Olivier Magne pour un projet immobilier.
2006, le site est mis en vente suite à une liquidation judiciaire et acheté par la
Mairie d’Hellemmes.
Hypothèses :
▪ Le site était exploité par la famille Denys pour le séchage du lin (le lin est
une fibre végétale qui se travaille mouillée), il semblerait que cette famille
ait été le premier acquéreur du site (aucune information sur la famille Denys
et sur la période).
▪ Le site était exploité par les filatures Lorent-Lescornez pour le séchage du
lin.
Cette hypothèse du séchoir à lin est donnée par deux fois. Si l’architecture du lieu
ne semble pas correspondre aux exigences de la technique dite « séchoir à air ou
séchoir d’été » où le local doit permettre de « tenir les toiles dans un courant
d’air... », il peut correspondre au principe du « séchoir à air chaud » où « les
séchoirs doivent être construits dans un local clos où l’air est chauffé au moyen de
calorifères divers et poêles ». (Manuel complet du blanchiment, du nettoyage et du
séchage du lin - J. de Fontenelle - 1834).
Nous n’avons pas rencontré d’anciens ouvriers ayant travaillé sur ce lieu : il semble
qu’il y en eu peu.
La friche du 21 rue Jean Bart a eu une activité industrielle réduite, mais elle reste
positionnée sur un site à l’histoire globale très riche. Le projet ne peut être
dissocié de ce patrimoine technique et humain : un pôle dédié aux arts de la rue et
au son, avec de nombreux artistes forgeant des œuvres mécaniques et quelquefois
BAZAR – Etude de Préfiguration Pôle Arts de la Rue & Son
Ville d’Hellemmes - Septembre 2009
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de haute technologie, ne peut être que la suite logique de cette histoire
passionnante, quelquefois douloureuse, qui fait l’o riginalité d’Hellemme s.
Qu’une friche, après la mode de leur destruction, puis celle de leur transformation
en parkings ou lofts, devienne un lieu de fabrique et de culture est un joli pied de
nez à ceux qui veulent faire table rase du passé, surtout lorsque ce pôle se
projette dans le futur.
V-b. Caractéristiques du lieu
Les potentialités (le foncier*)
21 rue Jean Bart – 59260 Hellemmes
Section cadastrale 298 AN n°703
Superficie 3431 m²
Un bâtiment à usage d’entrepôt en rez-de-chaussée composé de deux parties et de
bureaux.
Deux cours.
Descriptif 1
Bâtiment B (sur cour)
Largeur 17,74 m – Longueur 49 m – Hauteur 13,47 m – 18,50 m (sous tuiles)
Surface 870 m²
Comprenant :
Local d’entrée 1 :
Largeur 5 m – Longueur 5 m – Hauteur 2,44 m (sous faux plafond) /
5,80 m sous plafond
Surface 25 m²
Local d’entrée 2 :
Largeur 8 m – Longueur 12,60 m – Hauteur sous plafond 5,80 m
Surface 100 m²
Bureaux :
Longueur 13 m – Largeur 3,96 m – Hauteur 4,78 m (rez-de-chaussée) /
5,54 m (à l’étage)
Surface 96 m² sur deux niveaux
Bâtiment A (en fond)
1
informations sur plan d’étude, de façade, de toiture et de coupes du bâtiment – Documents et fichiers de
rapport des géomètres JF Filez et D Cau à la demande de Madame Danièle Laurent - Service MOCO (maîtrise
d’œuvre et conduite d’opération) de la Ville de Lille.
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Largeur 25,61 m – Longueur 49,45 m – Hauteur 13,73 m (18,36 m sous
tuiles)
(à l’exception d’un triangle d’environ 28 m x 84 m – hauteur sous
poutre 4,08 m – hauteur sous faîtage 7 m)
Surface 1 266 m²
3 niveaux supérieurs : 1er étage - 2ème - étage - 3ème étage de 165 m²
chacun.
Cour intérieure (longeant le bâtiment A)
Largeur 9 m - Longueur 29 m
Surface 260 m²
Cour d’entrée (rue Jean Bart)
Porte grille
Largeur 18 à 20 m
Longueur 40 m
Surface 760 m²
Ancien poste EDF à l’entrée (rue Jean Bart)
Largeur 2,60 m
Longueur 6 m
Surface 15,60 m²
Toiture :
Tuiles type Libercourt
Première toiture : 214 m²
Longueur : 35,68 m
Largeur : 5 m
Hauteur : 2,90 m
Deuxième toiture 288 m²
Longueur : 48 m
Largeur : 5 m
Hauteur : 2,90 m
Total : 502 m²
Tôle ondulée transparente
4 toitures de 16 m2 chacune – Total : 64 m²
2 toitures : une de 50 m² et une de 60 m² – Total : 110 m²
Total : 174 m²
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B-VI. Les besoins
VI-a. Pôle : descriptif et étude des besoins
CodeUF
AC
UNITES FONCTIONNELLES
NB Surface
utile
unitaire
ACCUEIL
180m²
Hall d'accueil
1
70 m²
Cafétéria
1
70 m²
Sanitaires
Centre de ressources
CS
ADM
ART
ATELIER
OBSERVATIONS
Hauteur
utile
Nef “Public”
Public et accueil
handicapés
7m
20 m²
1
40 m²
CUISINE/Catering
Cuisine + 1 salle à manger
Surface
utile
totale
Accueil d’une classe
(max 30 personnes)
70 m² ?
Nef Public
3m?
1
ADMINISTATION METALU
180m²
Bureau des permanents
1
100 m²
8 postes de travail
À diviser + tard
Bureau polyvalent/asso
1
25 m²
2 postes
Salle de réunion
1
50 m²
30 personnes
Archives/magasin
1
5 m²
ESPACE mutualisé/lieu
partagé/utilisations
temporaires
CREATION/REPETITION/DIF
3m
1 100m²
Plateau polyvalent résidence
+ loges
1
300 m²
Nef
Public
Studio de répétition
1
80 m²
Plateau technique
1
300 m²
Stockage Son/lumière
1
80 m²
Nef
Public
Nef
Métalu
Nef
Métalu
Construction
1
80 m²
Serrurerie/lumière
naturelle
7m
1
80 m²
Bois/lumière naturelle
7m
1
50 m²
Lumière naturelle
3m
Costumerie
Peut recevoir 120p.
Grill/gradins
démontables
11 m
Avec plancher et fermé
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40
ATELIER
Aire technique/local
électrique/matériels
communs
1
100 m²
Vestiaires/sanitaires +
douches
1
30 m² ?
ESPACE
Artistes /ateliers
permanents
4
AMALGAMIX/ AL1&ANT1-
1
local électronique
ATELIER
3m
400 m²
80 m² +
NEF Métalu
3-4 m
50 m²
Serrurerie
+ (espace ouvert sur
plateau TK)
3-4 m
Hirsute
1
80 m²
Lumière naturelle
Atelier-residence
1
80 m²
+ logement
3m
Atelier pratiques artistiques
1
120 m²
Public/enfants
3m
Artistes/Ateliers
permanents
8
Julien Aillet
1
50 m²
Marionnettiste
4m
Aymeric Pihery
1
80 m²
Plasticien
4m
Prototypes/Evénementiels
1
300 m²
RDC obligatoire
5m
Couturières
1
50 m²
Couture
Cendres la Rouge
1
50 m²
Théâtre d’objet
Atelier pour nouveaux
entrants
2
50 m²
4m
Atelier Sérigraphie
1
20 m²
3m
600 m²
2,5 m
3m
Ascenseur ou monte-charge
Stockage
400 m²
-
Salle noire projection/prise de son - isolée phoniquement 60 m² même que Studio ou pas ?
-
Régie du lieu ?
-
Parking
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41
VI-b. Les Compagnies implantées dans la commune
Récapitulons ce qui a été évoqué lors de nos rencontres quant à leurs éventuels
besoins :
Le Crime :
- deux salles équipées (deux circuits électriques : son et lumière) et
insonorisées :
* Une petite (20 m²)
* Une grande (100 m²) de 3 ou 4 m de hauteur
possibilité de stockage de matériel (amplis, sono, instruments,
matériel de scène).
La Makina
Pas de demande de nouveau lieu.
Intéressé par des partenariats : ateliers, créations, mutualisation de
postes administratifs…
Collectif de la Girafe
Mise à disposition d’espaces de travail sur projet.
Intéressé par des partenariats : ateliers, mutualisation de postes
administratifs.
Compagnie l’Histrion
Mise à disposition d’espaces de travail sur projet.
Partages d’expériences, échanges…
Atelier 4 / La Moulinette
Pas de demande de nouveau lieu.
Mise en place d’ateliers.
Le 8 Renversé
Mise à disposition d’espace de travail (plateau de 100 m2).
Occupation de bureaux.
Echanges…
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42
PROJET D’UTILISATION DU 21 RUE JEAN BART
RECAPITULATIF DES BESOINS EN ESPACES COMMUNS :
A titre indicatif, selon à la fois l’expérience de Métalu à Loos, et celle de
Sotteville-lès-Rouen
1) Locaux liés à la construction, à la confection : atelier de construction (fer/bois),
atelier couture/costumes 30 m²), local technique (200 m²)
Bois surface 80 m²
•
•
•
•
•
•
Combiné : dégauchisseuse-raboteuse-scie-circulaire
Scie à ruban et scie à onglet
Ponceuse plate et à bande
Défonceuse, perceuses, rabot électrique
Scie circulaire et sauteuse
Lime électrique
Fer surface 100 m²
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
Poste à souder MIG
Perceuse à colonne
Meuleuse, 125 et 230
Postes arc SAF, et oxyacétylénique OXIFLAM
Découpeur plasma
Compresseur à air 200 L
Rouleuse-cintreuse à 3 galets
Touret à meuler sur pied
Cintreuse fer MINGORI, coupe tube, cisaille
Plieuse de 65 cm, 2 marbres 2 m x 1 m
Tronçonneuse métal PROMAC sur servante
Perforateur + forets Makita HR2410
Couture surface 30m²
•
•
•
•
•
•
Piqueuse plate
1 surjeteuse
1 machine à laver
1 sèche-linge
Mannequins
Table et fer à vapeur semi-industriel
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43
Son surface 120 m²
• Deux salles équipées et insonorisées (deux circuits électriques: son et
lumière)
- Une petite (20 m²)
- Une grande (100 m²) de 3 ou 4 m de hauteur
• Possibilité de stockage du matériel (amplis, sono, instruments,
matériel de scène)
• Chauffage
2) espace d’assemblage / montage de décors (non chauffé) surface mini 600 m²
avec hauteur de plafond de mini 11 m
3) espace de création (chauffé) surface 1 000 m²
4) espace d’accueil surface 70 m²
5) espaces d’artistes et ateliers permanents :
Locaux d’artistes (x 8) surface 590 m²
+ espace pour 2 nouveaux entrants : surface 2 x 50 m²
+ espace chauffé création de 300 m² avec hauteur de plafond de 6 m
- Studios (salles de répétitions chauffées) 2 x 80 m²
6) espace administratif / bureaux
•
Bureaux des permanents (25 m²) et d’un bureau polyvalent (10 m²),
salle de réunions (50m²), salle d’archive/magasin surface 150m²
+ 2 ou 3 bureaux de 30 m² / 40 m²
- espace ressource surface 100 m²
•
espace restauration / cantine (avec cuisinier) surface 100 m² (pièce +
cuisine)
•
espace hébergement pour accueillir 6 à 10 personnes (= chambres
individuelles et doubles)
•
espace public surface 200 m² (à aménager) / plateau technique +
loges surface plateau : mini 150 m² (hauteur de 4 à 6 mètres)
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44
•
gradins capacité max de 120 personnes
répondant à la législation des ERP (penser aux issues de secours)
Plateau de jeu
Pendrillons
Lumières (rack + console + découpes + poursuites…)
•
espaces de stockages / ou containers
•
sanitaires / douches
•
salle de réunion / salle de repos
7) espaces extérieurs et parkings
8) local entretien
9) local technique (matériel)
10) espace stockage, lieu commun
TOTAL (sans espaces stockage / douches / sanitaires) : environ 3 000 m²
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45
C. Le Projet
C-I. Projet artistique
I-a. Arts de la rue & son
Une région riche en arts de la rue
Une des originalités de la Région Nord-Pas-de-Calais est d’être riche en artistes,
collectifs et équipements dédiés aux arts de la rue.
Depuis peu, l’association « Pôle Nord » a été créée. Elle rassemble les compagnies
et les équipes artistiques suivantes :
Métalu A Chahuter, La Compagnie On Off, Méli Mélo Compagnie de cirque, Les
Chaussettes en pâte à modeler, Open World (les Tambours battants), La
Compagnie Osmonde, La Vache bleue Compagnie, Les Fées railleuses, le Collectif
des Baltringues, Maravilya Bravo, La Compagnie Détournoyement, Cie Transport
culturel Fluvial, Le Boulon Pôle régional des Arts de la Rue.
Une autre spécificité est d’être à la croisée de deux chemins, l’un plus dévolu à
l’aspect bricolage, poésie sonore, bric-à-brac de la création (comme la Wallonie),
l’autre plus porté vers les hautes technologies (telle la Flandre).
Une région forte en musiques décalées
Si nous regardons l’univers des musiques actuelles décalées (hors du circuit du
marché et des labels), ce double regard se retrouve, que ce soit autour des
musiques improvisées (rock, jazz et inclassables), des musiques contemporaines
ou électroniques ou des installations sonores, dans un territoire où le son
rencontre les arts visuels et les techniques.
Des disciplines déjà valorisées par Métalu A Chahuter et Bazar
Ces aspects se retrouvent autant dans les créations de Métalu A Chahuter et
que dans les productions de Bazar, qui se sont régulièrement croisées autour des
musiques mécaniques et des arts de la rue, alliant poésie mécanique et inventivité
sonore, spectacles intimes pour l’intérieur et grandes formes pour la rue. Les
festivals Les Chants Mécaniques, Les Voix Magnétiques, Frémissements
Electroniques sont les parties visibles de cet iceberg bruitiste.
Les artistes issus du collectif Métalu sont reconnus bien au-delà de la métropole :
faisons-en un atout.
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46
Un pôle à valoriser
Développer ensemble ces territoires artistiques est finalement logique. La suite
d’un travail de longue haleine des deux associations, séparément ou ensemble :
créer, créer toujours plus.
Valoriser ces compétences en utilisant un lieu commun est une étape
supplémentaire : communiquer avec les habitants, les professionnels et placer un
drapeau revendiquant le 21 rue Jean Bart comme lieu expérimental.
Créer un pôle est encore un ton au-dessus :
- il s’agit, en interne, de réfléchir encore plus à la place de ces mondes
artistiques, et notamment, sujet éminemment politique, à la place dévolue aux
arts de la rue depuis 20 ans.
- il s’agit, en externe, d’ouvrir le lieu aux influences extérieures, aux
expériences enrichissantes venues d’ailleurs (un artiste, un enfant, un collectif,
une autre culture…) pour favoriser les échanges.
Bref, se passionner pour des univers artistiques en pleine évolution, soutenir la
création (ici et ailleurs) sans s’enfermer dans la simple production d’œuvres, mais
pour les renouveler artistiquement, techniquement, culturellement.
Disciplines : nous nous concentrerons autour des arts de la rue et du son comme
disciplines artistiques (d’où la disparition du mot ‘mécanisme’ dans le titre, se
retrouvant naturellement, mais pas exclusivement dans les deux autres
disciplines), ensemble et séparément, afin de créer une ‘touche’ propre au 21 rue
Jean Bart, et là uniquement à notre connaissance. Un pôle associant explicitement
ce croisement entre deux disciplines fortes devra donc être valorisé !
Le son, qu’il soit produit ou enregistré, musical ou bruitiste, demande un temps
et un espace particulier pour la création, comme le théâtre ou la danse. Ce qui
est rarement compris ; il ne s’agit pas simplement de locaux de répétitions, comme
on l’imagine dès qu’on parle de musiques actuelles.
Ceci influencera tant les créations que les résidences d’artistes, mais aussi le
matériel technique à mettre à disposition, et plus généralement le fonctionnement
d’un tel lieu.
Ce pôle n’en est un que s’il associe des disciplines complémentaires, s’il peut
accueillir des professionnels ou curieux des univers qu’il défend.
Il est aussi centre d’information et de ressources.
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47
I-b. Un lieu de fabrique
La création sera au coeur du 21 rue Jean Bart. Les artistes et techniciens seront
donc les principaux artisans du projet.
L’architecture du bâtiment, la conception technique, le fonctionnement général du
site (en interne ou lors de résidences) doivent donc être au service de cet objectif
premier.
Nomades par définition, les artistes ont besoin au cours de leurs créations de bulles
d’air pour imaginer, jouer, vivre et écrire : d’espace d’accueil, de construction et
de répétitions. Il s’agit de protéger le mécanisme fragile de la création.
Un lieu de création rassemblant des artistes évoluant des univers du son aux arts de
la rue (exclusivement pour ne pas perdre une identité forte) :
- Techniquement, car intégrant soit des espaces et volumes conséquents,
soit des cellules plus réduites adaptées aux besoins des uns et des autres,
des uns avec les autres. Du lieu de répétition à la forge monumentale, des
bureaux de conception aux ateliers ouverts au public pour des restitutions.
-
Humainement, car associant des artistes et des techniciens de mondes
proches mais différenciés pouvant ainsi s’influencer mutuellement. Et
parce que tous devront retourner au contact des publics.
- Artistiquement, car il est important que les artistes de Métalu puissent
continuer à innover : peu de sites sont ouverts en permanence à ce niveau
de création.
-
Médiatiquement, car un tel site ne peut qu’aider à la valorisation
hellemmoise et à son développement, en tant que pôle arts de la rue. Un
espace consacré au son, et à la création sonore, doit devenir important
pour le développement des actions précitées, car peu de lieux, hors
musiques contemporaines, sont dédiés à la création musicale.
- Culturellement, car ce projet artistique ne peut que se vivre en réseau :
localement, internationalement, jamais l’un sans l’autre.
-
Il est important, d’ores et déjà, de garder une partie des espaces en
friche (en attente), afin de permettre au lieu et aux occupants d’inventer
de nouveaux outils à l’horizon 2015 : trop de sites sont conçus longtemps à
l’avance et ne correspondent plus, assez rapidement, aux besoins
renouvelés des artistes, des organisateurs ou de la Ville. Laissons
l’imagination libre d’occuper des lieux à l’avenir !
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48
I-c. Une résidence d’artistes et de techniciens
Les artistes ont, avant tout, besoin de lieux où travailler avec un minimum
d’aisance technique, mais aussi de temps. Intégrer dans ce projet les résidences
des artistes membres du collectif est une nécessité.
Travailler et vivre au pays, donc !
Imaginer des espaces pour accueillir des artistes en résidence pour un temps
donné, un projet particulier, qu’ils viennent de la métropole, de France ou
d’Europe, est tout autant enrichissant, pouvant accompagner les artistes du cru,
aérer la création d’un regard, d’une technique, d’un univers nouveau.
Inviter d’autres artistes et techniciens est indispensable :
- soit à la fabrique d’œuvres conçues en interne, par les artistes et
techniciens résidents,
- soit sur projet, en utilisant les capacités du site, par les artistes ou
techniciens invités.
Il est évident qu’à long terme, les échanges ne peuvent que favoriser le
développement du lieu, tant dans la force de la création, que dans la
reconnaissance du 21 rue Jean Bart, chacun repartant dans sa région avec un
morceau d’œuvre, une idée, une image, une envie de faire part de l’expérience
passée, des rencontres démultipliées.
Il est tout aussi évident qu’une ouverture permanente à tous et tout le temps ne
peut que fragiliser la cohérence du projet et de l’équipe.
La question des espaces dédiés à ces résidences doit être précisée dans les études
architecturales (les espaces privés, les espaces publics, et les liaisons entre ces
espaces -voir plus loin-) que dans les règles du jeu, tenant compte tant :
- de la qualité du projet et des porteurs
- de l’agenda et de la durée de la résidence
- des possibilités techniques d’accueil
- de paramètres financiers clairs
- de l’intérêt des échanges entre l’équipe du site et les artistes extérieurs,
voire avec les publics invités.
L’expérience de Métalu sera d’une grande aide afin de ne pas démultiplier les
ouvertures sans échanges ; la possibilité d’intervention du Conseil
d’Administration de la nouvelle structure créée sur les règles du jeu à mettre
en oeuvre limitera les risques de se renfermer sur un travail avec un réseau de
plus en plus réduit d’amis, et donc favorisera les ouvertures d’esprit, le
développement de l’imaginaire et des techniques au contact d’autres artistes.
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I-d. Un lieu de production d’événements
Les deux associations à l’origine du projet ont une grande expérience de
conception et de production d’événements, sur la métropole comme en France ou
à l’étranger.
Le lieu de fabrique aura besoin de productions favorisant la diffusion des
créations, sur place comme au dehors.
Sur place :
Le 21 rue Jean Bart ne peut se limiter à la seule création : montrer le « work in
progress », organiser des restitutions, inviter les professionnels européens lors de
temps forts, tout ceci devra aider à la diffusion des oeuvres, objets, sons… créés à
Hellemmes. Une équipe forte, capable, au niveau local et national, de défendre le
projet artistique du « 21 » et son fonctionnement.
En métropole :
En lien avec des équipements dédiés à la diffusion, et notamment les Maisons
Folie, il pourrait ainsi permettre des coproductions.
Moins axé sur la diffusion que ces Maisons Folie, le 21 rue Jean Bart, par ses
volumes et son collectif, peut ainsi devenir le chaînon manquant favorisant les
passerelles entre structures dans une métropole organisant depuis des années de
grandes fêtes de rue sans espace pérenne pour les concevoir, fabriquer et
produire…
Plus loin encore :
Le label « Pôle arts de la rue & son d’Hellemmes » doit être exporté à travers
les coproductions issues de la friche. Et revendiqué.
La reconnaissance (des autres artistes, des collectivités, des médias, des
publics…) est nécessaire tant au développement du pôle qu’à son financement.
L’excellence artistique tout autant que l’expérimentation seront donc au cœur
de ce lieu de création.
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Ville d’Hellemmes - Septembre 2009
50
C-II. Projet culturel
II-a. Continuer l’histoire d’un site
Avant toute ouverture, il est primordial de ne rien perdre du passé ouvrier,
métallurgique et ferroviaire de la Ville d’Hellemmes et de ses habitants :
-
on ne construit pas de futur, même artistique, sans avoir capté -sans
nostalgie- l’aspect sensible d’un lieu si chargé.
-
on ne s’impose pas à une ville, un quartier, un voisinage, sans inclure
ceux-ci dans un projet, dusse-t-il être géré au quotidien uniquement par
des collectifs d’artistes et d’organisateurs.
-
Ce pôle peut devenir un nouveau poumon d’Hellemmes comme les
Maisons Folie le sont dans d’autres villes.
Encore faut-il qu’il soit compris comme tel par tous ceux qui vivront
dans, autour et à côté de ce lieu.
-
L’environnement sera pris en compte dès la préparation, il ne peut se
comprendre qu’à partir de son passé. La métamorphose en sera légitime
et n’en aura que plus de charme !
•
Le bâtiment
Le bâtiment porte en soi les traces d’une activité intéressante et donc d’un
imaginaire particulier.
-
Si, comme nous l’avons vu plus haut, entre séchage du lin et manutention
de tubes en acier, on reste dans un passé modeste, il est évident, et une
visite sur place y suffit, que le charme des deux nefs est impressionnant.
Tant par les volumes, le matériel encore en place ou les lettres écrites
en très grand format (il suffit de lever les yeux pour les découvrir), la
force des deux nefs de ce navire est évidente. Et ceci malgré l’état nu du
bâtiment, et l’idée qu’il faudra du temps et des budgets pour tout
requalifier.
-
Préserver architecturalement quelques éléments forts de ce lieu nous
évitera de toujours vouloir refaire à neuf ce qui a déjà existé et ne peut
être nié. Surtout si le lieu est fort. Et même si, sans nostalgie aucune, ce
qui doit être changé, le sera :
conserver une nef avec une hauteur de plafond conséquente
conserver certains éléments, tel le lettrage en hauteur.
-
L’important : que nos visiteurs, comme tous ceux qui y travailleront, ne
se retrouvent pas dans un site vierge, mais fort d’un passé et d’un
charme certains. Que l’imaginaire transformera.
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Ville d’Hellemmes - Septembre 2009
51
•
La Commune libre de la rue Jean Bart
En cherchant dans les archives, une trouvaille nous a passionnés : il y eut une
Commune Libre rue Jean Bart ! Comment ne pas s’intéresser à cette appellation
plus ou moins contrôlée pleine d’images et d’imaginaires ?
Comment ne pas se dire que le 21 rue Jean Bart se voit bien perpétuer cette
commune libre artistique, comme il y en eut dans les années 60-70, notamment en
Allemagne ?
Allez, un petit historique sur cette Commune libre :
La commune libre
La commune, les historiens se souviennent de celle de Paris (1789-1795) qui
renversa la Royauté... Ou de celle de 1871 hostile à la capitulation devant les
Prussiens...
Le terme « commune libre » est ainsi devenu un symbole de renouveau avec un
petit goût libertaire, séditieux, parfois réactionnaire, toujours pacifiste.
Une commune libre, pourquoi, pour qui ?
L’existence des communes libres en France remonte à celle de la Commune libre
de Montmartre à Paris, la plus ancienne fondée le 11 avril 1920 et toujours en
activité.
Association loi 1901, regroupement d’amis, de voisins ou d’artistes, elles sont
l’expression d’une histoire joyeuse, solidaire et collective.
On en dénombre encore une centaine en France.
Les plus anciennes sont nées avant guerre, beaucoup sont nées après la libération
et se sont développées jusqu’aux années 1950-1960.
Citons par exemple :
- la commune libre d’Aligre. Fondée en 1954, Aligre est une place de marché
de Paris 12.
- la commune libre de la Colombette. Fondée en 1945, La Colombette est
une rue de Toulouse - 31
- la commune libre de Renac (1945), un quartier de la ville de Chateaubriant
– 44
Et dans la région Nord – Pas-de-Calais :
la commune libre du Vieux Moulin. Fondée en 1950, dans le quartier du
Dernier Sou à Boulogne-sur-Mer – 62
la commune libre de Thiers, un quartier de Bruay-sur-l’Escaut
Et la commune libre de la rue Jean Bart à Hellemmes.
BAZAR – Etude de Préfiguration Pôle Arts de la Rue & Son
Ville d’Hellemmes - Septembre 2009
52
La commune libre est une municipalité d’opérette, une municipalité « pour rire »
mais dont le programme est souvent « sérieux ».
La création d’une commune libre s’appuie généralement sur quelques
personnalités fortes d’un quartier qui ont envie d’offrir une prise d’initiative
aux habitants, en voulant redonner du dynamisme à une rue, un quartier, un
village. L’entraide et la solidarité (l’œuvre) y sont très présentes, les dimensions
festives, populaires, participatives sont dominantes. De nos jours, elles s’efforcent
surtout de conserver un patrimoine, une coutume, une langue locale ou régionale.
La commune libre de la rue Jean Bart à Hellemmes
La commune libre de la rue Jean Bart* serait née dans les années 30 (la date n’est
pas connue) et elle a cessé vers la fin des années 60. Elle a perpétué durant ces
décennies un esprit d’initiatives populaires, à travers une fête annuelle qui
occupait durant au moins trois jours** toute la rue (et les rues adjacentes).
D’année en année, la fête s’est peu à peu développée, débordant en notoriété du
quartier et de la commune pour attirer du public toujours plus nombreux de
l’agglomération lilloise toute entière.
La préparation de cette fête devait certainement mobiliser les organisateurs et
participants durant des mois, tout étant « fait maison » : organisation, décors,
installations, chars, costumes...
* Elle s’appelait « Commune libre du derrière l’usine » en 1936 (l’Echo du Nord).
** En 1936 elle se déroulait en juillet du Samedi matin au Lundi soir.
Le programme de la fête était fait de propositions ludiques, très populaires : jeux, courses
en sacs et courses à vélos (vélos de ville, pas des vélos de courses !), élection d’une « reine
ou miss » du jour, bal, radio-crochet (concours de chants), orchestre, fanfares, défilé de
groupes et cortège de chars (ou charrettes), petits spectacles, démonstrations de danse ou
de gymnastique*...
Durant cette fête, le maire d’un jour* (costume noir, écharpe et haut-de-forme) préside,
accompagné d’un conseil municipal et du garde champêtre* (sarrau de toile, insigne en
travers de la poitrine, bicorne et faux nez grotesque). Ils président, suivent les différents
événements et posent, bien entendu, pour la postérité*.
Tous ces éléments et différents attributs : le Maire, le garde champêtre et leurs tenues
vestimentaires, l’élection de la reine du jour, les cortèges, le bal sont autant de détails que
l’on retrouve dans les présentations de différentes manifestations liées aux communes libres
en France, quelle que soit la région.
BAZAR – Etude de Préfiguration Pôle Arts de la Rue & Son
Ville d’Hellemmes - Septembre 2009
53
Un autre objectif à atteindre à travers ces festivités : trouver des revenus qui
permettaient de mettre en place un principe d’aide aux « vieux » du quartier. Le
principe « d’œuvre » consistait à distribuer ensuite des sacs de pommes de terre ou
de charbon aux retraités et aux nécessiteux.
Vers la fin de l’activité, les organisateurs de la rue Jean Bart avaient également
imaginé un principe de « machine à laver mobile » qui passait de maison en
maison, la battée étant faite sur le trottoir, permettant ainsi à ceux qui n’étaient
pas équipé d’une telle machine de faire de temps en temps une lessive.
Les forces vives de la commune libre se sont un temps regroupées autour de
prêtres ouvriers** (mission ouvrière dominicaine) venus s’installer au 118 rue Jean
Bart en 1948 (communément appelée dans le milieu des prêtres ouvriers « la
maison d’Hellemmes »). Ils seront 5 à se succéder et à se regrouper dans le
modeste café devenu une sorte de « maison de quartier » avant l’heure. Par leur
engagement mais aussi par leur formation et leur origine sociale***, ils
transmettent peu à peu à cette manifestation populaire une dimension culturelle :
expositions de tableaux (George Rouault, Lucien Jonas), théâtre sur tréteaux par le
TPF (Théâtre Populaire des Flandres) de Cyril Robichez...
Il en reste de nos jours l’existence d’un camping dans la Somme. Acheté par
l’association il y a plus de 40 ans, ce lieu permettait aux familles du quartier de
partir en vacances. Toujours en fonction, la gestion et l’entretien du camping sont
réalisés par des bénévoles. La commune libre de la rue Jean Bart figure
actuellement dans la liste des communes libres de France pour cette seule activité.
Les communes libres sont nées avant guerre ou après la libération pour
beaucoup d’entre elles. Elles ont connu un déclin identique vers les années 60
et 70. Certaines ont complètement disparu, d’autre ont repris de l’activité un
peu plus tard dans les années 80 ou 90.
Est-ce la fin d’une époque, la faute à la télé, le changement de population, la
perte du goût pour la fête, la complexité administrative pour une telle organisation
philanthropique qui a entraîné ce déclin... certainement un peu de tout cela.
A une époque où les villes se cherchent une image, l’esprit de la commune libre
nous rattache à un passé collectif et joyeux, pas si lointain.
** Depuis l’année 2000 il n’y a plus que Michel Perret qui vit au 118 rue Jean Bart, et que
nous avons rencontré.
*** Jacques Screpel, prêtre ouvrier, débuta l’aventure en 1945 rue Jean Bart. Fils héritier
d’une famille du patronat industriel, il dirigera durant trois ans le groupe textile familial
avant de devenir ouvrier à l’usine de Fives et de s’installer à Hellemmes.
BAZAR – Etude de Préfiguration Pôle Arts de la Rue & Son
Ville d’Hellemmes - Septembre 2009
54
II-b. Pour qui et avec qui ?
Si le 21 rue Jean Bart est historiquement :
issu d’une histoire, tant du site que du quartier
d’une mémoire ouvrière
de la Commune libre d’Hellemmes
Il est géographiquement :
du quartier Boldoduc
de la Ville d’Hellemmes
de la métropole lilloise transfrontalière
au-delà ?
Il est culturellement :
issu de l’expérience des 2 collectifs
mais aussi de celles d’autres associations plus anciennes, qui ont permis
finalement qu’un tel projet puisse naturellement émerger
Il doit être utile :
aux artistes qui vont y travailler
aux publics qui vont le visiter
aux professionnels qui vont l’utiliser
aux enfants qui vont y découvrir un autre univers
aux habitants d’Hellemmes qui doivent pouvoir le revendiquer comme un
de leurs équipements
Il est donc clair que ce projet ne pourra réussir sans tenir compte :
des riverains actuels
de ceux qui ont fait l’histoire du lieu
des habitants d’Hellemmes en général
des associations locales
des équipements locaux
des entreprises, commerçants etc
des artistes
des professionnels en Région
des collectivités en Région
BAZAR – Etude de Préfiguration Pôle Arts de la Rue & Son
Ville d’Hellemmes - Septembre 2009
55
• Les riverains, les habitants des quartiers d’Hellemmes,
les métropolitains …
Avant l’ouverture du site
A chaque ouverture du site pour visite technique, nous voyons bien que les
riverains sont curieux de voir du monde entrer dans ce lieu vide depuis quelques
années.
Lorsque les travaux commenceront, il est évident que les inconvénients sonores etc
prendront le pas sur la curiosité.
Et lorsque le site ouvrira, si un nouveau public envahit le site, la méfiance pourra
s’installer.
A la fois pour limiter ces aspects négatifs et pour enrichir le projet, il est
indispensable de ne pas arriver brusquement avec un parachute dans le quartier.
Associer le maximum d’habitants est à prévoir, par :
-
l’information écrite (journal communal, presse locale)
des courriers réguliers aux riverains
des maquettes visibles au 118 rue Salengro, des permanences
des réunions de présentation du projet
des visites de chantiers
une présentation à l’ensemble des élus et techniciens de la
Ville
des interventions sur site avant l’ouverture définitive
un travail avec les enfants (leurs enfants) dans les écoles.
et donc une activité de préfiguration
Après l’ouverture
Il ne s’agit pas d’un nouveau lieu de diffusion. Il y en a suffisamment sur la
métropole. Mais le 21 rue Jean Bart, s’il est d’abord une fabrique, doit s’ouvrir aux
publics pour des rendez-vous à fixer :
-
Des rendez-vous réguliers
Fêtes du printemps, de l’automne etc, après-midi festifs, ludiques et
musicaux, pour les familles notamment. Métalu A Chahuter et Bazar ont
l’habitude de multiplier les interventions de tous formats. Il est important
de proposer ces rendez-vous pour garder ce lieu ouvert.
Le tout dans l’esprit de la Commune Libre…
-
Des ateliers permanents
Pour les enfants (secteurs scolaire et périscolaire), ouverts le Mercredi ou
le Samedi. Une rencontre avec les arts et les techniques qui peuvent
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intéresser les enseignants et les élèves, à des âges différents, de la
maternelle aux lycées techniques, des universités aux écoles spécialisées.
-
Des visites d’ateliers à dates fixes
Des ateliers, des productions peuvent aussi donner lieu à des rencontres
publiques : des visites de chantier ouvertes à tous.
-
Des rencontres « ponctuelles »
Le voisinage, s’il intègre d’anciens ouvriers des usines du quartier ou des
fous de bricolage et de technique à la retraite, pourrait aussi trouver dans
cette forge collective un espace de rencontres et de confrontations : il
suffirait que nous fassions appel à des compétences particulières…
Un lieu de brocante spécialisé, lors des vide-greniers du quartier, de fêtes
locales, impliqué si possible dans la vie de tous les jours, perpétuant
l’ambiance de la Commune Libre...
-
Un lieu de stage, un espace de rencontres selon les besoins
Les professionnels, les étudiants en arts visuels et sonores ou en formation
culturelle, peuvent aussi se retrouver dans ce lieu de rencontre et
d’échanges, que ce soit autour d’une production, en stage ou un verre à la
main à la cantine du site…
-
Une cantine collective le midi ?
Ouverte tant vers les collectifs présents, les artistes en résidence, les
habitants du quartier que vers tout curieux de ce lieu expérimental, elle
apporterait le versant gastronomique et humain de cette « commune
libre ». Compliqué, mais à étudier…
-
Une mémoire du lieu selon les besoins
Information accessible sur la patrimoine hellemmois : la bâtiment et son
histoire, la Commune Libre (internet, documents sur place…). Avant même
l’ouverture du lieu, une exposition scénarisée devra valoriser le passé de
la friche, avant de s’atteler au présent puis aux projets.
-
Un centre de ressources externalisé
Tout pôle doit pouvoir proposer des informations sur les arts de la rue, le
son, les technologies etc. Plutôt que de vouloir inventer un centre
spécifique de documentation qui nécessite une coordination, une gestion
de l’information, des documents et un accueil spécifique du public (donc
un lieu, du matériel et du personnel) pourquoi ne pas externaliser ce
centre de ressources au sein de la médiathèque à venir.
Le pôle alimenterait cet équipement en références, créerait des liaisons
et des animations thématiques.
La médiathèque s’offre ainsi une
développe des échanges avec le pôle.
particularité
métropolitaine et
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• Les associations hellemmoises
Suite à nos différentes rencontres avec les différentes associations culturelles
hellemmoises (Le Crime, La Makina, Collectif de la Girafe, Compagnie l’Histrion,
Atelier 4 / La Moulinette, Le 8 Renversé, la Baraque Foraine), on voit bien que le
propos n’est pas d’intégrer ces structures dans le 21 rue Jean Bart : elles y
perdraient leur indépendance et leur efficacité.
On constate en revanche qu’il est indispensable de trouver des terrains
d’échanges :
- ateliers disponibles aux mêmes conditions que les autres artistes et
collectifs, avec un souci de priorité
- coproductions d’événements possibles
- mutualisations, notamment administratives. Une réflexion sur ce sujet doit
être menée ; l’équipe de production du 21 rue Jean Bart doit être à même
de proposer un outil adapté aux besoins de ces associations.
- reste à étudier le besoin d’espace du Crime, nécessitant un espace
permanent pour des répétitions, ce qui n’est pas forcément viable sur le
site….
• Les scolaires et périscolaires
Il est indispensable de travailler avec les enfants :
- ils vivent pour certains sur le quartier
- ils peuvent découvrir d’autres univers technologiques et artistiques
- ils entrainent leurs familles vers la reconnaissance du site.
Peuvent donc être proposés des ateliers en lien avec des équipements scolaires et
périscolaires :
- écoles maternelles et primaires
- collèges, SEGPA
- lycées, notamment techniques
- écoles de musique
- écoles spécialisées, notamment autour de la surdité et cécité
- centres périscolaires
- ou toute école curieuse des modes de fabrication propres au collectif.
Ces ateliers peuvent enseigner des techniques adaptées aux enfants, leur faire
découvrir la création artistique in situ, les confronter -selon l’âge- au monde de la
fabrique et de l’art, avec des équipes qui resteront toujours à la fois
professionnelles, et décalées par rapport au monde industriel, quelles que soient
les techniques. Une fenêtre sur d’autres univers donc…
Autres propositions :
- visites d’ateliers « work in progress », visites de chantier, échanges avec
les artistes…
- participation à des fêtes sur le quartier
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-
présence de stagiaires des universités de la métropole (art, culture,
communication…)
échanges entre production sur le pôle et production dans les écoles
Des artistes et collectifs extérieurs, d’Hellemmes notamment, peuvent très bien
enrichir les propositions que le collectif pourra faire aux écoles, en animant
notamment certains ateliers.
II-c. Un projet s’inscrivant dans une politique culturelle
Bazar et Métalu A Chahuter travaillent au contenu de ce futur lieu de culture,
dans son architecture, dans son lien avec les riverains et acteurs culturels de la
ville, tout autant qu’avec la ville organique : une dimension évidente d’urbanisme
et de politique culturelle.
• Quelle politique culturelle à Hellemmes ?
Des équipements
La ville souhaite enrichir la vie culturelle hellemmoise. A cet effet, trois projets
essentiels sont en cours : le Pôle, bien sûr, mais également la future médiathèque
sise à l’ancienne filature Mossley, et le Collège Saint-Exupéry dont la
reconstruction est programmée par le Conseil Général.
D’autres lieux de culture existent déjà : le Kursaal, la Makina et l’Atelier 4, rue
Jules Ferry, la médiathèque, sans oublier, et c’est essentiel, toutes les écoles
hellemmoises, notamment de musique.
Des mises en réseaux
Il nous semble que la Commune ne souhaite pas une juxtaposition de lieux de
culture, mais leur mise en réseau, afin de jouer sur leur complémentarité, pour
faire d’Hellemmes le lieu d’une culture au service des habitants, participant au
rayonnement de la ville.
Un axe central et des attentes à respecter
Il est évident que la friche ne pourra qu’influer sur la politique culturelle
d’Hellemmes, tout en étant un des principaux outils de celle-ci : la création d’un
tel lieu artistique va centraliser les attentes des occupants et utilisateurs, mais
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aussi celles des élus, des riverains, des associations locales comme de tout
partenaire potentiel, ne serait-ce que parce qu’elle va se voir, qu’elle va faire
parler d’elle et qu’elle coûtera.
Des règles du jeu
Le choix du fonctionnement et des règles du jeu du pôle, de ses rapports avec
l’extérieur, qu’il soit localisé (riverains, habitants d’Hellemmes, de la métropole
etc) ou culturel (secteur arts de la rue, écoles, équipements similaires…) ne peut
qu’être emblématique de la vision que la Ville veut avoir d’elle-même.
Un outil non exclusif
Mais simultanément, la Ville doit pouvoir entendre que les artistes et
professionnels qui vont faire vivre un tel lieu, pour inscrire ces échanges au coeur
du projet, ne peuvent être utilisés exclusivement comme « emblème » d’une ville.
Les objectifs de la Ville et celle du collectif doivent trouver des terrains de
rencontre, mais tout l’intérêt d’un tel projet est qu’il soit mobile, pertinent,
original. Etre un porte-drapeaux revendiqué par tous, tout en étant un lieu
d’expérimentations, sur le fond comme sur la forme.
Les envies des habitants, riverains ou non, seront de comprendre et d’être
impliqués, d’une manière ou d’une autre, dans un équipement qu’ils vont financer.
Et tout l’intérêt d’un tel pôle est de faire découvrir des univers différents, d’ouvrir
des fenêtres sans être forcément là où on l’attend.
Fabrique ? Poil à gratter ? Creuset d’idées et d’œuvres ?
Dans son fonctionnement comme dans ses productions, le pôle doit être
exemplaire, festif et ludique, professionnel et débordant d’idées au-delà du seul
site qu’il occupe.
La Commune Libre d’Hellemmes, on vous dit !
Une cohérence et une ambition pour la ville
C’est tout le pari de ce projet.
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C-III. Projet d’urbanisme
III-a. L’allée verte
• Urbanisme : un site à désenclaver, un équipement qui
désenclave.
Dans sa configuration actuelle, le Pôle est uniquement tourné vers le centre
d’Hellemmes.
Il manque également singulièrement de surface extérieure, ce qui, dans le cas d’un
équipement consacré aux Arts de la Rue, constitue un handicap certain.
Par ailleurs, ce site est adossé au fond du Hameau du Corsaire, au bout des rues
des Forgerons et des Modeleurs. Ces deux rues se rejoignent en un cul-de-sac qui
accueille, à l’abri des regards, des réunions nocturnes bruyantes.
Il sera utile au quartier d’y voir arriver le Pôle, un équipement qui, si on le veut
structurant, doit pouvoir modifier le fonctionnement du quartier.
Il faudrait donc désenclaver le Hameau du Corsaire, et utiliser le Pôle pour
relier entre eux les lieux de culture hellemmois, afin que le réseau s’inscrive
dans la géographie urbaine.
• Un lien entre Hellemmes et Lille, en application du PADD.
Il est possible de relier ce site au reste de la ville et aux projets environnants, en
appliquant le PADD de 2005, qui prévoit des « chemins verts ». Le lien dont nous
avons besoin doit prendre cette forme.
Il permettrait de relier les espaces verts de la friche FCB fivoise à Mossley.
1° tronçon : de la friche fivoise à la Plaine des Métallurgistes.
La rue Philippe Lebon est elle-même coupée au niveau de la Plaine des
Métallurgistes.
2° tronçon : de la Plaine des Métallurgistes au Pôle des Arts de la Rue. Ce
tronçon dessert les logements de la friche du Lycée FCB. Il s’agit donc d’une
voie partagée. Il passe à l’arrière du Hameau du Corsaire, en englobant le
terrain de jeux devenu inutile puisque les enfants du Hameau du Corsaire
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pourront circuler sans danger vers la Plaine des Métallurgistes, bien équipée.
Ce faisant, ce chemin vert désenclave le Hameau du Corsaire.
3° tronçon : du Pôle à la Rue Salengro. Il s’agit d’utiliser la voie qui sépare
les logements du 94 rue Jean Bart, et les ateliers de la mairie qui donnent sur
la rue Salengro.
Notons que nous devons réfléchir à des voies permettant de relier la rue Jules
Ferry, où travaillent avec succès l’Atelier 4 et les Makinistes, et le Pôle. Ceci
permettrait aussi de relier les écoles de ce secteur au Pôle et aux espaces
verts actuels et à venir. On peut imaginer une voie empruntant le Square de
l’Internationale, qui doit être rénové.
C’est pourquoi le 21 rue Jean Bart doit être relié aux espaces verts de la Plaine des
Métallurgistes et aux hectares de la friche FCB fivoise.
Mais ce lien doit être réel, visible, vécu. En récupérant par exemple les locaux de
France Télécom qui entourent l’arrière du Pôle, du côté de la rue Dordin, en
ouvrant une porte monumentale de ce côté, et un accès vers l’allée verte.
Et pourquoi pas, en profitant du parking pour organiser des événements festifs et y
stocker des éléments de spectacles.
Garder certains bâtiments mitoyens au Pôle permettrait d’y loger les musiciens, ce
Pôle étant aussi dédié au son.
Le chemin vert pourrait être élargi par l’utilisation de l’emprise France Télécom.
Cela faciliterait la circulation des scolaires vers le Pôle, et vers le centre-ville, vers
la médiathèque.
L’utilisation de cette emprise France Télécom permettra d’ouvrir le Pôle vers Lille,
et d’en faire un autre centre géographique de la commune : c’est bien la vocation
d’un équipement structurant.
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III-b. Un territoire d’imaginaire et des territoires à laisser
en friche pour l’avenir
Un tel lieu doit garder l’esprit en friche, à la fois sur le bâtiment et autour :
-
Nous avons évoqué le passé comme support à une histoire et un
imaginaire qui vont influer sur l’image de ceux qui travailleront ou
visiteront le pôle.
-
Parlons du quartier, où toutes ces connexions que nous prônons à
travers l’allée verte et entre les différents équipements doivent
favoriser les surprises. Quand un paysagiste crée un parc, il n’est
jamais sûr des chemins que créeront peu à peu les usagers, il ne peut
que les accompagner. Favorisons les chemins de traverse, multiplions
les passages, au milieu des herbes folles. Les publics sauront bien
profiter des trouées ainsi offertes…
Un équipement fort comme ce pôle ne peut que se renforcer à être
ouvert sur l’extérieur.
-
Laisser une partie du bâtiment en friche participe à cette volonté de
ne pas se figer sur un projet. Qui sait ce qui sera indispensable,
nouveau, pertinent en 2012 ? Quand alors le pôle, ouvert à tous,
découvrira de nouvelles pistes, si l’architecture bloque les possibilités,
le lieu aura déjà 3 ans d’âge. Laissons donc un espace en friche pour
rester souple, et l’imagination nous renforcer…
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C-IV. Le Bâtiment
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IV-a. Quelques paramètres dus au bâtiment et au projet
Le pôle va devoir se construire au travers des logiques de projet dans le respect de
la sécurité des biens et des personnes. De par sa nature, il serait idéal qu’il puisse
se développer dans la perméabilité des espaces intérieurs et extérieurs.
Les espaces intérieurs se déclineront par un abri pour :
- des lieux de travail (bureaux et ateliers)
- des lieux pouvant accueillir du public (ERP)
- une cuisine, cantine, restaurant
- des chambres
- des lieux de stockage
Les prérogatives de sécurité liées à la fonction de ces espaces différents ne doivent
pas entraîner un fonctionnement trop complexe et donc alourdir le budget de
fonctionnement. Pour qu’un lieu vive, il a besoin de liberté, d’une respiration que
la complexité de la gestion quotidienne ne doit pas alourdir.
Pour ce qui concerne les espaces extérieurs, il est nécessaire de les intégrer
initialement. D’un point de vue technique, la possibilité aisée d’absence de
circulation automobile, la connaissance de la stabilité des sols, un compteur forain,
une alimentation et une évacuation des eaux permettent de développer de
nombreux projets artistiques et de fêtes.
IV-b. Le développement durable
Métalu A Chahuter et la grande majorité des artistes sont adeptes du recyclage et
du non fini. Le développement durable et la H.Q.E. (Haute Qualité
environnementale) ne représentent pas l’application d’une réglementation
nouvelle et contraignante, mais plûtot une manière d’être permanente et créative.
En plus de la norme H.Q.E. on commence à parler de H.Q.H. (Haute Qualité
Humaine).
Il serait souhaitable que ceci transparaisse dans le projet du 21 rue Jean Bart et ce,
de plusieurs façons :
- La récupération des constructions existantes aboutira de fait au
recyclage d’un patrimoine construit dans une nouvelle durée et pour de
nouveaux usages
- L’utilisation de matières écologiques
- L’utilisation de techniques écologiques (puits canadiens…)
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Cela induit aussi des espaces de vie agréables et un appel à des entreprises, ou
associations d’insertion pour des tâches réelles ainsi qu’une forte présence
d’artisans, de compagnons et de constructeurs.
Les matériaux pourraient être livrés bruts/finis, sans revêtement, faux plafonds,
faux planchers… Ainsi tous les supports seront réutilisables pour des interventions
ultérieures, des fixations provisoires, des transformations mais aussi des
appropriations.
Ainsi conçu, le développement durable ne représente pas un surcoût
d’investissement, mais plutôt une économie de coût de construction et de
fonctionnement.
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C-V. Le fonctionnement
V-a. Quelles activités ?
Rien de mieux que des simulations pour suivre la vie d’un tel lieu.
Prenons comme exemple une journée (un Samedi normal) :
- 9h : ouverture du pôle
-
dans la grande nef, l’atelier mécanique se met en marche, suite à une
commande de la Cie du Phun d’un avion submersible devant être terminée
pour la fin du mois
-
les responsables des décors, encore fatigués d’une nuit de conception, se
mettent à monter les éléments qui seront en place pour la 16e édition des
400 Clous
-
un artiste du Luberon, en résidence pour 2 mois, encore marqué par une
journée de discussion sur les soutiens des collectivités aux fêtes de rue
médiévales qui se démultiplient dans les moindres villages balnéaires,
s’essaie à une technique de soudure sous l’eau enseignée par deux collègues
de Métalu A Chahuter...
-
dans un autre espace de la petite nef, une classe du collège St-Exupéry
s’initie aux techniques de pochoirs sonores. Le résultat fera partie de la fête
du quartier du mois suivant. Les enseignants proposent que les cartons
d’invitation soient conçus ici même...
-
2 chargés de production, à l’étage, négocient la vente de 3 spectacles pour
le prochain festival de Bordeaux
-
3 élus d’Hellemmes font la visite du site pour l’adjoint à la culture et le
directeur des affaires culturelles de Lyon2027, souhaitant profiter de
l’expérience hellemmoise…
-
6 Maisons Folie se retrouvent en réunion de travail pour la conception d’une
installation sonore gigantesque
-
7 marcheurs, profitant de l’allée verte, pointent une tête à travers les
fenêtres pour savoir ce qui peut bien se passer dans un tel lieu. Ils
repartiront satisfaits, après lecture d’un panneau explicatif de l’histoire du
quartier et de la Commune Libre…
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Prenons comme exemple 3 mois :
-
12 artistes présents en permanence, au sein de 5 collectifs
-
7 artistes invités en résidence, représentant 3 collectifs
-
3 stagiaires formés sur place
-
6 chargés de l’administration du site et de la production
Et :
-
4 créations, dont 3 coproductions
-
5 ateliers pros ouverts
-
13 ateliers ouverts pour 157 enfants
o Mercredis (2 par mois)
o Samedis (2 par mois)
o périodes de congés (1 semaine)
-
2 fêtes sur le site, dont une brocante sonore
-
1 participation aux Journées du Patrimoine, avec intervention d’acteurs
-
1 participation à des fêtes du quartier
-
5 visites de chantier (sont venus collectivement : 4 quartiers d’Hellemmes, 2
groupes du 3e âge, 2 comités d’entreprise, 7 classes, et 53 individuels)
-
7 visites de professionnels
Ainsi que :
-
17 renvois vers les documents de la médiathèque
-
4 réunions avec les associations culturelles de la métropole
-
1 conseil municipal de jeunes en visite explicative
-
3 projets à l’étude avec 2 structures hellemmoises
-
1 rendez-vous du réseau des Maisons Folie
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Prenons comme exemple 3 ans :
-
15 artistes présents en permanence, au sein de 6 collectifs
-
45 artistes en résidence, représentant 3 collectifs
-
10 stagiaires formés sur place, dont 2 embauchés dans la foulée
-
6 chargés de l’administration du site et de la production
-
58 personnes différentes ayant reçu une fiche de salaire
-
32 créations, dont 25 coproductions
-
7 ateliers ouverts
-
toutes les écoles d’Hellemmes venues pour des ateliers ou des visites de
chantier
-
les 5 quartiers d’Hellemmes représentés pour des visites, spectacles,
rencontres, et fêtes. Chacun a monté un projet spécifique avec le pôle
-
16 fêtes sur le site
-
10 participations à des fêtes du quartier ou de la Ville
-
60 visites de professionnels
-
12 festivals ayant invité les productions issues du pôle
-
80 articles dans la presse régionale, 15 dans la presse nationale, 5 dans les
presses belge et hollandaise, soit sur le lieu, soit sur les activités du pôle
-
5 réseaux auxquels participent, individuellement ou collectivement, les
membres du pôle (réseaux professionnels arts de la rue, son, réseaux
d’équipements, réseaux transfrontaliers, réseaux européens
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V-b. Quelles règles du jeu ?
Artistes :
-
le collectif rédigera un mode d’emploi du site pour définir les règles du jeu :
o artistes-maison :
espaces à occuper
matériel à utiliser
espace espaces collectifs/espaces publics
sécurité
participation à un fonctionnement commun
participation à un projet et un esprit commun
participation aux activités culturelles
o artistes et techniciens extérieurs
sur projet artistique et culturel
durée limitée selon disponibilités
espaces à occuper
matériel à utiliser
espace espaces collectifs/espaces publics
sécurité
participation à un fonctionnement commun
participation à un projet et un esprit commun
participation éventuelle aux activités culturelles du pôle
part de coproduction du pôle dans le projet
éventuellement coût d’intervention
o publics
espaces réservés aux publics
espaces privatifs
qualité des groupes ou individuels
qualité des événements : ateliers, stages, fêtes etc
sécurité
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Associations hellemmoises et métropolitaines
-
Ces associations pourront intervenir dans la vie du pôle comme tout autre
collectif artistique
-
Le pôle sera sensible à l’origine métropolitaine de ces associations
-
Les échanges pourront aller au-delà :
o prêt éventuel de matériel
o prêt de salle selon disponibilités
o coproductions
o mutualisation de services, notamment autour du secteur administratif.
Si, comme cela a été indiqué lors de nos rencontre, des associations
hellemmoises souhaitent utiliser les services et conseils administratifs
du pôle (n’ayant pas toujours les moyens de payer un administrateur,
un comptable, un commissaire aux comptes etc), le pôle pourrait
imaginer une mutualisation des compétences. Idem pour la production,
la communication etc.
V-c. Quels réseaux et quels labels ?
Pour vivre, le pôle devra s’intégrer dans de multiples réseaux, et ouvrir ceux
auxquels ses membres appartiennent. Aucune structure culturelle ne peut plus
fonctionner comme un fief, avec ses usagers, ses collectivités, son territoire, ses
portes fermées.
Se mettre en réseau, c’est d’abord affirmer une identité forte, et la confronter à
des équipements à la fois différents et complémentaires, ou proches et
structurants.
Faire partie d’un réseau, ou obtenir un label, c’est l’occasion :
-
d’apprendre d’autres expériences
d’influencer et d’être influencé
de connaître d’autres univers, d’autres compétences, d’autres cultures
d’être plus forts à plusieurs qu’isolément
d’être reconnus par les collectivités, et quelquefois d’être soutenus
financièrement plus fortement
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71
Les réseaux déjà existants :
- Métalu Haut :
Constitués : Pôle Nord et d’autres en cours
D’affinités : plusieurs festivals arts de la rue et lieux régionaux
et nationaux qui soutiennent le collectif, Le Boulon à VieuxCondé, Culture Commune, Scène nationale du Bassin minier du
Pas-de-Calais
- Bazar :
Constitués : Resonance (Galerie Singuhr-Berlin, Stichting Intro In
Situ-Maastricht, Happy New Ears-Courtrai, Bazar-Lille), Les Affinités
Sono-Mécaniques (Le Crime + Circum, CFMI-Université Lille3, Maison
Folie de Moulins, le Colysée, Maison Folie de Lambersart, le
Conservatoire de Lille, Koan de Roubaix …)
D’affinités : réseaux des fanfares et harmonies (Nord-Pas-deCalais), des musiques décalées (France)
• Les réseaux importants pour un pôle « arts de la rue &
son » :
- Réseaux professionnels :
Les différents lieux de fabrique en France
Dans beaucoup de structures se ciblant sur les Arts de la Rue, l’intervention de
Hors Les Murs est un point de repère intéressant et enrichissant.
Hors Les Murs est le centre de ressources national des Arts de la rue et des Arts du
cirque. Créé en 1993 par le Ministère de la Culture, il développe des missions
d’observation et d’accompagnement des pratiques artistiques hors les murs à
travers des activités d’information, de documentation, de formation, d’expertise,
d’étude et d’édition.
Autre(s)pARTS Factories : Acteurs Unis pour la Transformation la Recherche et
l'Expérimentation (sur les relations entre) Populations Art Territoires et Société.
Autre(s)pARTS Factories participe d’une dynamique de réflexion sur la place de
la culture dans notre société.
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Trans Europe Halles : Trans Europe Halles, initié le 7 mars 1983, est un réseau
européen de lieux de culture indépendants multidisciplinaires installés dans des
friches industrielles, marchandes et militaires. Trans Europe Halles regroupe
environs 45 lieux de culture indépendants et multidisciplinaires dans 25 pays
d’Europe
Les objectifs
- Etre une plateforme :
- d’échanges et de coopération afin de dynamiser les membres et de leur
donner une perspective européenne
- de soutien et de médiation pour des initiatives de ce type en démarrage
ou pour les projets qui s’y apparentant
- de ressources sur la réhabilitation du patrimoine industriel européen en
espaces adaptés aux jeunes artistes et aux pratiques culturelles
actuelles
- Offrir :
- un outil pour la professionnalisation des jeunes artistes et des jeunes
acteurs culturels en Europe, et pour le développement de compétences
en équipes transnationales
- un espace où chacun peut confronter ses expériences et initier des
projets en faveur du développement culturel en Europe.
- Les activités générales
- rencontres européennes
- échanges d’informations et de pratiques (artistiques, structurelles et
organisationnelles, de réflexion...), d’artistes, de jeunes, de personnel
- coopérations multiples (artistiques, techniques...)
- débats sur des thèmes spécifiques liés aux activités artistiques et aux
pratiques des lieux, de leur public
- accueil de jeunes en formation
- actions de ressource/soutien/conseil pour des initiatives de
réaffectation de friches industrielles ou autres espaces abandonnés
- mise en place de projets communs à long terme
- valorisation des expériences de réseaux au niveau européen
- représentation auprès des instances de décisions européennes
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La Fédération des Arts de la rue : elle mobilise les différents mouvements des
arts de la rue et rassemble les différentes générations, ainsi que les professionnels
dans leur diversité : artistes, directeurs de compagnie, organisateurs et
programmateurs de festivals, responsables de lieux de fabrication, techniciens,
amateurs passionnés. Ils oeuvrent pour une reconnaissance professionnelle et
artistique dans le domaine de l'art contemporain et du spectacle vivant et pour
disposer, de la part des pouvoirs publics, des moyens nécessaires à leur
développement.
Circostrada : HorsLesMurs fonde en 2003 Circostrada, premier réseau européen
d’information et d’échange sur les arts de la rue et les arts du cirque.
Actuellement constitué d’une trentaine de correspondants, tous choisis pour leur
connaissance des secteurs dans leur pays. Le réseau Circostrada a pour but de
travailler au développement, à la reconnaissance et à la structuration de ces
disciplines en Europe.
IN SITU : réseau européen de référence pour le soutien à la création artistique en
espace public. Concrètement, IN SITU accompagne :
+ 33 artistes européens en Hot House
+ 20 créations, dont 7 en 2008
+ 9 résidences européennes d'adaptation ou de traduction
+ 17 spectacles en tournée en Europe
+ un catalogue de spectacles européens de petit format
+ un Rendez-vous de la création européenne les 8 et 9 janvier 2009
Le RAOUL : Le réseau R.A.O.U.L. (Réseau Associatif des Organisateurs et
Utilisateurs de Lieux de musiques actuelles) a été créé en 1996, au départ comme
regroupement des cafés musiques de la région Nord-Pas-de-Calais. -> affilié aux
COREPS (Commission Régionale des Professions du Spectacle – touche plus la
musique actuelle) et au CSMA (Conseil Supérieur des Musiques Actuelles)
Depuis novembre 2007, il compte 17 structures adhérentes dont 11 situées
dans le Nord et 6 dans le Pas-de-Calais.
Des 11 salles qui composent le réseau, 6 ont une capacité d’accueil inférieure
à 250 places, 4 ont une capacité comprise en 300 et 700 places et une salle
peut accueillir plus de 700 personnes. A ces 11 salles viennent s’ajouter 6
structures d’accompagnement.
Le réseau repose sur un préalable partagé par ses adhérents qui est la
complémentarité et la solidarité entre les lieux. Ses missions peuvent être
résumées en deux points principaux :
1- une plateforme de mutualisation à l’usage de ses adhérents
des compétences
de l’information
des publics
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2- une plateforme de réflexion pour l’intérêt général du secteur des musiques
actuelles en région Nord-Pas-de-Calais
« observatoire » permanent
favoriser les relations et adéquation avec les politiques culturelles
territoriales
liens avec les autres réseaux nationaux, voire de l’Euro-région.
- Un label Maison Folie ?
Qui donne ce label ?
Historiquement, c’est Lille 2004, représenté désormais par lille3000, avec sa
présidente Martine Aubry, qui l’accorde.
Dans les faits, lors de l’intégration de la salle Beaulieu, ce sont les membres de
l’équipe de lille3000 (Didier Fusillier, Thierry Lesueur et Emmanuel Vinchon) et de
la ville de Lille (Catherine Cullen, adjointe à la Culture, et Laurent Dréano,
directeur des Affaires Culturelles) qui ont suivi le dossier.
Le Pôle ne pourra rejoindre ce réseau que s’il correspond aux paramètres définis
lors de leur création en 2004 :
o une friche industrielle requalifiée dans les faubourgs des villes
o un lieu de création, sur projet
o un lieu de diffusion
o un lieu d’hébergement provisoire d’artistes, dans le cadre de leurs
créations
o un lieu intégré dans le quartier, notamment proche des riverains et
des associations locales, tant dans l’accueil que dans la conception de
projets de proximité
o une équipe gérant le site de manière légère et ouverte quant à la
programmation
Ces Maisons Folie, au nombre de 10 actuellement, ont intégré la plupart de ces
paramètres. Mais l’une n’est pas une friche industrielle mais une création
architecturale, l’autre n’offre pas d’hébergement, certaines manquent d’espace de
création ou possèdent des associations à demeure, quand une dernière s’est créée
sur une île entière et non un seul équipement… Bref, ces équipements structurants
ont décliné le label ‘Maisons Folie‘ avec souplesse, mais restent dédiées
principalement à la diffusion.
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Avant de parler de souplesse, quels sont les paramètres qui pourraient être
respectés :
o une friche industrielle hors coeur de ville : sans aucun doute
o un lieu de création, sur projet : la création est au cœur du projet de
pôle. Toutefois, les artistes sont à la fois à demeure pour une grande
partie (l’équipe de Métalu), sur invitation et sur projet, pour les
autres.
o un lieu de diffusion : partiellement. L’accueil du public sera réservé :
à des publics précis (scolaires, stagiaires, professionnels…),
pour des espaces précis (accueil et information, ateliers,
expositions)
ou sur des périodes précises : fêtes, vernissages, visites de
chantier…
o un lieu d’hébergement : à étudier
o un lieu intégré dans le quartier : c’est le propre de ce projet
o une équipe légère et ouverte : c’est prévu quant à la gestion, c’est
bien évidemment différent quant aux artistes et chargés de
production, nécessaires à un tel projet.
Il est donc évident que le pôle ne peut être une Maison Folie stricto sensu, mais un
lieu complémentaire à ces équipements, et/ou un nouveau type de Maisons Folie.
Le souhait de plusieurs communes de la métropole de créer de nouveaux types
d’équipements structurants où la culture aurait la place centrale joue en faveur de
cette seconde hypothèse. Citons :
- la salle Beaulieu (Lomme) qui a reçu le label cette année et ouvrira
officiellement en octobre
- la Ferme Du Gauquier (Lys-les-Lannoy), ouverte en juin 2009 sous les
auspices de l’Europe Festive de lille3000
- le site d’Actival (Roncq), à l’étude cet automne pour une
requalification
Notons également que LMCU ne regarde pas ce projet d’un mauvais œil, le
rassemblement d’équipements structurants semblant important pour cette
collectivité. A vérifier toutefois plus concrètement.
Pourquoi demander un tel label ?
o pour faire partie d’un réseau dynamique
o pour une reconnaissance médiatique
o pour un soutien plus facile des collectivités
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Comment dès lors en faire un nouveau type de Maison Folie ?
o en soulignant la partie création et production
o en valorisant la friche industrielle, comme bâtiment influençant la
création « arts de la rue & son »
o en développant l’intégration au quartier, et notamment la rue et les
extérieurs
o en développant les complémentarités de la fabrique vis-à-vis des
autres Maisons Folie
V-d. Les Nouveaux Territoires de l’Art
En tant que friche industrielle réhabilitée en lieu culturel, le 21 rue Jean Bart
appartiendra à la famille des lieux appelés « Nouveaux Territoires de l’art ».
L’appellation Nouveaux Territoires de l’Art (NTA) est récente et renvoie à une
multitude d’expériences et de lieux. La diversité des démarches interdit de les
enfermer dans une quelconque appellation précise, car cela reviendrait à les figer,
alors que chacune d’entre elles est unique et singulière. Lorsqu’on parle de friches,
de squats, on est renvoyé aux notions de laboratoires, d’expérimentations,
d’actions, d’aventures, d’autonomie, de fabriques, d’alternatives…
L’émergence des Nouveaux Territoires de l’Art trouve son origine dans un
mouvement né dans les années 60-70. Dans toute l’Europe qui sort d’une période
fortement contestataire, de petits groupes d’individus entendent en finir avec des
formes de diffusion et de créations culturelles que l’on résume à l’époque sous le
vocable de culture bourgeoise. A Bruxelles, à Amsterdam et à Berlin notamment,
ils revendiquent des espaces au cœur des villes, où ils pourraient assouvir leurs
envies de cultures foisonnantes, libérées des canons de l’art, inscrites dans le
quotidien et les préoccupations des populations. En France, la Friche La Belle de
Mai à Marseille ou le Confort Moderne à Poitiers, respectivement une ancienne
manufacture de tabac et d’anciens entrepôts d’électroménager, sont des exemples
parmi les plus connus.
En 2001, Michel Duffour, secrétaire d’Etat au Patrimoine et à la Décentralisation
Culturelle, missionne Fabrice Lextrait pour réaliser un état des lieux des N.T.A. au
niveau national. Cette commande est significative d’une croissante prise en
compte de l’Etat de ces initiatives privées. Le mot friche est le plus utilisé pour
désigner les sites industriels et commerciaux laissés à l’abandon. Le mot friche
vient du hollandais « versch » qui signifie frais, qui renvoie à l’heure actuelle à
« une terre non cultivée ». Plus largement, la friche désigne un espace en attente,
qui est ouvert à de nombreuses possibilités. Les modes d’occupation des friches
sont divers et variés, un certain nombre des friches culturelles sont construites
dans l’illégalité, il s’agit alors d’une forme particulière d’occupation : le squat.
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« C’est un espace de sociabilité à reconquérir. (…) Au ministère de
l’environnement, on les appelle sites orphelins. En droit public ce sont des biens
vacants et sans maîtres. Penchez-vous, prenez-les ! » (Stéphane Gatti dans
Nouveaux Territoires de l’Art).
Les NTA sont implantés dans des lieux laissés à l’abandon par la société moderne.
Le vide dans lequel ils s’implantent est lourd de sens. « L’occupation d’une friche
traduit notre capacité à occuper toute ces formes vides, sans emploi, que la
société massifiée laisse derrière elle, en jachère ».
Ces lieux, dont la valeur sociale a été négligée, témoignent d’une restructuration
politique et économique souvent lourde de conséquence. Elle est significative des
luttes urbaines et de la manière dont les villes se construisent et se déconstruisent.
C’est une revendication de la participation dans l’organisation de l’espace public.
Utiliser ces espaces « sans qualité » permet d’échapper aux normes et aux codes
des lieux culturels conventionnels, car comme le rappelle Joël Cramesnil, « le lieu
théâtral a été durant toute son histoire formaté et cadré par une classe sociale
dominante tout à la fois préoccupée par le maintien de l’ordre public et
l’organisation du bon goût ».
En occupant une friche industrielle, les acteurs culturels ont une action
patrimoniale : « Ils ont occupé ces friches et les ont révélées. Si ces espaces
n'avaient pas été revendiqués, ils auraient sûrement été rasés. Ces acteurs
culturels sont souvent enfants ou petits enfants d'ouvriers, il y a là une forme de
refus de voir un pan de leur histoire disparaître ». (P.Bouchain)
V-e. Quelle gestion ?
La question de la gestion est primordiale, à la fois sur la forme, en tant qu’élément
technique (comment faire au mieux avec l’argent reçu des collectivités et du
public), et sur le fond, en tant que ciment du projet (comment le style de gestion
peut-il se rapprocher au plus de l’esprit du pôle).
La structure peut être en régie directe d’une commune, ou en SEM, portée par une
association 1901, elle-même en EPCC ou pas, ou en société (via une SCIC, SCOP…).
Il est évident que le collectif mettant en place le projet de pôle doit fournir tous
les éléments de réflexion dans cette étude, en sachant que la discussion avec la
Ville d’Hellemmes ne peut commencer qu’après la remise du document.
Mais nous devons indiquer les handicaps de telle ou telle forme, afin d’aider aux
prises de décision :
- une régie directe signifie un manque de souplesse et de légèreté, propres à
compliquer la vie quotidienne, de l’équipement tout comme de la Ville.
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-
-
Imaginer le chemin de croix pour l’achat du moindre marteau (voir les
Maisons Folie pour vérification)
un EPCC rassure généralement les collectivités sur le contrôle qu’elles
imposent et s’imposent, mais n’a en rien réglé les conflits, au contraire,
internes à certains équipements, dus notamment au désaccord entre
collectivités (voir la Condition Publique)
la question des sociétés, notamment d’économie mixte, pose le problème
des entreprises à trouver. Autant en trouver éventuellement comme
partenaires sera une question de plus en plus forte pour la culture dans les
années qui viennent, au vu du désengagement de l’état notamment, et de
l’intérêt nouveau pour la culture de certaines entreprises, autant en faire le
cœur de la gestion paraît, sinon naïf, pour le moins prématuré.
La place du Conseil d’Administration et de ses membres nous paraît en
revanche primordiale ; nous y reviendrons.
V-f. Quelle structure porteuse ?
Après discussions sur les préconisations de cette étude, dès lors que la Ville
d’Hellemmes l’aura souhaité, Métalu A Chahuter et Bazar ont l’intention de créer
une nouvelle association totalement dévolue au pôle.
Cette association aura comme unique objet la gestion du pôle, selon les objectifs
fixés avec la Ville.
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C-VI. Economie du 21 rue Jean Bart
VI-a. Budget de rénovation
Celui-ci sera déterminé par l’étude rendue par le service MOCO (maîtrise d’œuvre
et conduite d’opération) de la Ville de Lille en fonction des axes artistiques retenus
pour être développés au sein du lieu.
VI-b. Budget de fonctionnement
Si l’on s’en réfère aux lieux existant actuellement sur le territoire français, le
budget annuel de fonctionnement de ces structures oscille entre 500 000 et 1 000
000 d’euros TTC, à quoi viennent s’ajouter les budgets spécifiques d’aide à la
production ou d’organisation d’événements.
Ces lieux sont gérés par une équipe de permanents composée comme suit :
- Un directeur
- Un assistant de direction
- Un directeur technique ou régisseur général
- Un chargé des relations publiques/chargé de communication
- Un administrateur
- Un comptable
Auxquels viennent s’adjoindre du personnel pour le ménage, une équipe de
sécurité (ou un concierge) et des techniciens intermittents.
L’entretien, les fluides et le chauffage du bâtiment sont généralement à la charge
de son propriétaire, soit la Ville.
VI-c. Modalités de financement
Financeurs potentiels :
- Ville d’Hellemmes
Au cœur du projet, son investissement moral et financier sera
primordial pour permettre l’implication des autres collectivités
- Ville de Lille
Accompagnement du projet, label Maison Folie
- Lille Métropole – LMCU
Financements des équipements structurants
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- Conseil Régional du Nord – Pas-de-Calais
- Conseil Général du Nord
Equipement, ateliers en direction des collèges
- Ministère de la Culture et DRAC
Label CNAR
- Union Européenne
Fonds FEDER
Entreprises :
- financements
Label CNAR
- valorisations
Matériel, terrains de France Telecom…
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C-VII. En guise de conclusion
Concevoir un tel pôle est passionnant.
En faire une étude nous a aidés à mieux comprendre les tenants et aboutissants, à
trouver de nombreuses réponses mais aussi à découvrir de nombreuses questions
que nous n’imaginions pas il y 9 mois, lorsqu’un pré-projet a été remis à la Ville
d’Hellemmes.
Des découvertes ?
Les fondations du quartier et du site, avec cette Commune Libre qui, au-delà du
folklore, complète le charme des deux nefs du bâtiment : ce lieu a une histoire, et
nous souhaitons nous inscrire dans le prolongement d’un état d’esprit humaniste,
festif et ouvert. Dans un bâtiment dont l’architecture porte une force réelle. Que
des artistes et techniciens y forgent des œuvres n’est pas illogique, bien au
contraire.
Une ligne directrice ?
Que ce pôle soit un lieu de création, de confrontations et de production autour des
arts de la rue et du son. Que les artistes puissent inventer les œuvres que les
organisateurs de la métropole, et bien au-delà, valoriseront. Avec du temps et de
l’espace, et une envie d’expérimentations.
Un état d’esprit ?
Que ce lieu de fabrication soit aussi un lieu ouvert : aux riverains, aux habitants
des quartiers, aux autres artistes, aux associations locales. Un lieu de rencontres,
de fêtes, de réflexion, de travail, d’apprentissage.
Un souhait ?
Que le pôle s’inscrive totalement dans la politique culturelle d’Hellemmes : que les
liens à tisser aillent au-delà d’une simple consommation de services, et que la
culture soit l’axe autour duquel de nombreuses actions prennent toute leur
cohérence (équipements culturels, sociaux, scolaires, vie de quartier…).
Tout en soutenant l’indépendance des nombreuses associations hellemmoises.
Un espoir ?
Que le pôle soit au cœur du projet d’urbanisme et notamment de l’« allée verte »
qui peut être LA liaison de la Ville et de ses équipements.
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Un regret ?
Ne pas avoir eu le temps de tout peaufiner, les questions apparues en cours de
route demandant du temps pour évoquer le maximum d’hypothèses.
Aussi proposons-nous de vérifier l’ensemble des points avec la Ville d’Hellemmes
avant d’aller plus loin.
En attendant, qu’est-ce qu’on fait ?
Justement : se voir, parler d’agenda, d’administration, de budgets, d’architecture.
Et du projet. Et de la Ville d’Hellemmes.
Et évoquons rapidement la préfiguration d’un tel lieu : comme indiqué tout au long
de cette étude, il est difficile d’imaginer arriver un jour, comme ça, pour ouvrir les
portes du 21 rue Jean Bart. Les riverains, la presse, les associations, toutes auront
eu le temps de devenir curieux, voire de s’inquiéter, d’un nouvel équipement.
La réussite d’un tel pôle ne se fera qu’avec le maximum de partenaires locaux, qui
doivent trouver une place, quelle qu’elle soit, dans le projet.
Et la réussite aura besoin de temps : autant commencer des ateliers, des visites de
chantier, des réunions, des fêtes ; et peu à peu, l’association se fera connaître,
enrichira le projet des multiples retours des uns et des autres… Construire le pôle
sera long, autant s’y mettre dès aujourd’hui.
Et inventer, ensemble, cette nouvelle Commune Libre artistique d’Hellemmes,
avec autant de passion que nous l’avons imaginée !
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