Le Béjart Ballet Lausanne invité de l`Opéra de Paris avec des pièces

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Le Béjart Ballet Lausanne invité de l`Opéra de Paris avec des pièces
Le Béjart Ballet Lausanne invité de l'Opéra
de Paris avec des pièces rares
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04.01.2010, 16h28
Le Béjart Ballet Lausanne (BBL) est invité par l’Opéra de Paris dès mardi et jusqu’à
samedi pour six représentations au Palais Garnier de pièces plutôt rares du chorégraphe
disparu en 2007, dansées sur des musiques du XXe siècle signées Bartok, Webern et
Boulez.
“Pour Maurice (Béjart), la musique de son siècle a été une passion, au départ même il ne
voulait travailler qu’à partir de cela, puis petit à petit son désir a changé”, a expliqué lundi
le directeur artistique du BBL, Gil Roman, 48 ans.
Plus de quinze ans après sa dernière tournée à l’Opéra, la compagnie, forte de 37 danseurs,
interprètera la “Sonate à trois” sur une musique de Bartok, “Webern Opus V” et deux
ballets sur des oeuvres de Pierre Boulez, “Dialogue de l’ombre double” et “Le Marteau
sans maître”.
Ce programme, accompagné par le virtuose Ensemble intercontemporain fondé par Boulez
et conduit ici par son ancien directeur musical britannique Jonathan Nott, est bien différent
de ceux, plus grand public, que le BBL a l’habitude de donner lors de ses venues au Palais
des sports de Paris.
“Maurice a toujours été sans étiquette, la seule étiquette qu’il a eue c’est la sienne. La
compagnie doit rester fidèle à ça, avec un éventail large de pièces”, souligne Gil Roman.
“Il y a des gens qui ne voient Maurice que dans le côté populaire, grand spectacle.... Moi,
ce qui m’importe, c’est que les gens saisissent des facettes différentes de son oeuvre et ne
croient pas que Béjart c’est une seule chose”, ajoute-t-il.
Directeur artistique du BBL depuis la mort du chorégraphe, Gil Roman veille à mêler
reprises de ballets du maître (une quinzaine au répertoire de la compagnie cette saison) et
créations de nouvelles pièces, signées par lui ou des artistes invités.
“On est sur le fil entre la fidélité et la remise en question, donc il faut être habité par
beaucoup d’amour, je pense, pour l’oeuvre”, explique le danseur.
“Moi je pense que les ballets de Maurice ne seront jamais aussi bien servis que par sa
propre compagnie, qu’il y a un certain esprit à entretenir. Je lutte pour que cette compagnie
arrive à vivre et que cet esprit se perpétue”, affirme-t-il.
Droits de reproduction et de diffusion réservés - Copyright LE PARISIEN 2008
Béjart -Boulez
Ariane Bavelier (Figaroscope)
05/01/2010 | Mise à jour : 19:26 |
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DANSE - Le Palais Garnier ? Un drôle d'endroit pour une rencontre entre ces
deux monstres sacrés ! Malraux les y avait réunis quand il était ministre de la
Culture : il souhaitait qu'ils prennent la direction de la grande boutique. Béjart
n'est plus, Boulez fêtera ses 85 ans en mars. De leurs liens restent des ballets
rarement donnés, que le Béjart Ballet Lausanne conduit à Paris. Enfin on va voir
ces spectacles au titre légendaire, comme Le Dialogue de l'ombre et son double
et Le Marteau sans maître.
Faut-il y aller ? Pas de propos, juste l'écoute mutuelle de deux créateurs
complices. L'événement, c'est aussi la venue à Paris de la troupe du
chorégraphe, entièrement renouvelée depuis la création de ces pièces. Ont-elles
vieilli ? Comment les jeunes danseurs réussissent-ils à se les approprier ? Il faut
y aller pour le savoir.
Béjart-Boulez, Palais Garnier, place de l'Opéra (IIe). Dates : du 5 au 9 janvier.
Loc. : 0892 89 90 90. Places : de à 6 à 87 €.
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Béjart contre Béjart : une
histoire belge
Ariane Bavelier
07/01/2010 | Mise à jour : 10:53 |
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La Fondation Maurice Béjart à Lausanne s'insurge contre la création
d'une maison Maurice Béjart à Bruxelles.
Vous connaissez cette histoire-là ? C'est un journaliste qui entre pour une
interview à Bruxelles avec Maurice Béjart. Il est belge, il s'appelle Michel Robert
et l'entretien doit durer une petite heure. Il se prolongera pendant dix ans. En
sort un premier livre en 2000 : Conversations avec Maurice Béjart.
Puis, un second, ces jours-ci : Maurice Béjart, une vie, deux ans après la mort
du chorégraphe. Pour sa distribution en France, le bandeau du livre a été
changé : « Derniers entretiens » remplace « Le livre testament ». Et un
avertissement y a été ajouté, signé par la fondation Maurice Béjart qui, par
testament, a reçu du chorégraphe tous les droits sur les ballets et les écrits.
C'est François Weyergans, ami du chorégraphe et membre de la fondation, qui l'a
rédigé. Il y est écrit que le chorégraphe est mort sans avoir relu l'intégralité du
texte. Et que « le regard parfois exagérément autocritique qu'il porte sur
certaines de ses œuvres relève selon nous de l'état dépressif qu'il a connu à la
fin de sa vie. Ces propos doivent être lus sachant que Maurice Béjart était très
fatigué et sous l'influence de médicaments divers ».
La précision est assez inélégante : le Béjart Ballet Lausanne (BBL) a vécu ces
deux dernières années sur le succès du Tour du monde en 80 minutes, « ballet
posthume » du chorégraphe créé quelques jours après son décès. « C'est vrai
mais nous y étions obligés, Michel Robert nous roule dans la farine », indique la
fondation. Car le journaliste a commis un autre forfait aux yeux de la fondation.
Sans lui en référer, Michel Robert a créé en 2008 à Bruxelles, où le chorégraphe
a forgé sa gloire de 1959 à 1987 avec le Ballet du XXe siècle, une autre
« fondation Maurice Béjart » aujourd'hui débaptisée et renommée « Maison
Maurice Béjart Huis », « par courtoisie et non par obligation », dit Michel Robert.
Installée 49-51, rue de la Fourche, dans la maison qu'habitait le chorégraphe,
elle a débuté avec une aide de 15 000 euros et espère vivre en 2010 avec
150 000 euros de subventions de la Communauté française de Belgique, la
Région de Bruxelles-Capitale, la Région flamande, l'État fédéral et 50 000 euros
de mécénat. Elle est tenue par des bénévoles, Michel Robert inclus.
La recherche d'une entente
Son but ? «recevoir et conserver tout document (œuvre, notes, archives…) relatif
à l'œuvre de Maurice Béjart et à la danse ; rendre accessible au public
l'information sur l'œuvre de Maurice Béjart et sur la danse par tous moyens
appropriés ; entreprendre ou faire entreprendre des études et des recherches… »
De part et d'autre, on indique chercher des solutions communes sans qu'aucun
projet de réunion n'aboutisse. « Maurice Béjart n'a rien laissé à sa famille : il
voulait que l'argent gagné sur son nom retourne à la danse », indique la
fondation. Elle hésite à saisir les tribunaux et à trahir le message de paix laissé
par Béjart deux ans à peine après sa mort.
LA CRITIQUE
Qu'est-ce que la modernité ? Le programme que le Béjart Ballet Lausanne, en
grande forme, présente à Paris, au Palais Garnier jusqu'à dimanche, mise sur
cette question. Œuvre emblématique : Le marteau sans maître de 1973, né de la
collaboration Boulez-Béjart, tandem de « révolutionnaires » que Malraux pensa,
en 1967, mettre à la tête de l'Opéra de Paris. Qu'y voit-on ? Des danseurs
objets, des postures robotisées, une économie de la grâce au profit de lignes qui
rappellent les discours puristes du Corbusier. Et un zest d'Orient. À première vue,
un document sur une certaine modernité bien vieillie. Au delà, comme les trois
autres pièces au programme, Le marteau est une leçon d'une extrême richesse
chorégraphique sur la relation de la musique et de la danse, portée par
l'Ensemble Intercontemporain créé par Boulez dans la fosse. Sommet de la
soirée ? Webern opus V de 1966, écrit sur la délicatesse, entre pizzicati et
frissons d'un quatuor à cordes. Aucun artifice et donc indémodable.
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Critique
A Garnier, le Ballet Béjart, loin de ses standards éculés
LE MONDE | 07.01.10 | 16h38 • Mis à jour le 07.01.10 | 16h38
xcitante à première vue, intrigante dans un second temps, désuète par moments. La soirée spéciale du
Béjart Ballet Lausanne, consacrée à des oeuvres peu connues et peu représentées du chorégraphe décédé
en 2007, a tout d'une étrange affaire. Indispensable aussi. Remonter des travaux des années 1960-1970 par
exemple, pour ne pas réduire Béjart à quelques tubes inoxydables type Boléro, est tout bonnement une
entreprise d'intérêt public.
L'inspiration littéraire, la théâtralité et le goût féroce pour la
musique, en particulier celle de Pierre Boulez qui soutient deux
ballets du programme dont le mythique Marteau sans maître
(1973), sont les points d'accroche des quatre pièces à l'affiche, toutes de petits formats (entre deux et douze
danseurs). Accompagnées par des musiciens, elles couvrent quarante et un ans de travail de 1957 à 1998.
Si la plus ancienne, Sonate à trois, d'après Huis clos, de Jean-Paul Sartre, sur une partition de Bela Bartok,
met les nerfs des trois protagonistes à vif jusqu'au tragique, Dialogue de l'ombre double (1998), dont le titre a
été emprunté par Boulez au Soulier de satin, de Claudel, montre un visage plus léger, joyeux même, de Béjart.
Ce pas de deux burlesque aux accents de bande dessinée cogne un homme et une femme l'un contre l'autre
pour mieux tirer sur l'élastique du désir. Un clarinettiste présent sur scène (Alain Damiens) forme la pointe
flottante d'un triangle sans cesse recomposé.
Aussi contrastés soient-ils, ces deux ballets possèdent un point commun : une écriture découpée, sèche,
dynamique, qui bondit vite et rebondit à coups de grands sauts, de tours et d'arabesques. Le vocabulaire
classique, sur pointes pour les filles, est passé à la moulinette. Ce graphisme, très présent dans le pas de deux
Webern opus V, accompagné par un quatuor à cordes, est soufflé par la gravité. En justaucorps blanc, une
danse en majesté qui fait du couple et de l'amour une forme de travail chorégraphique.
Sur un ton plus philosophique, Le Marteau sans maître, gros morceau de la soirée avec l'Ensemble
intercontemporain dans la fosse, atteste de la singularité des sources d'inspiration de Béjart autour des
thèmes de la solitude, de l'individu et du groupe, du destin. Six instrumentistes et une chanteuse pour six
danseurs torse nu et en collants face à une femme. Mais six autres personnages tout de noir vêtus les
entourent, rappelant les manipulateurs de marionnettes. Des collisions sonores et rythmiques de Boulez
jaillit un paysage spectaculaire criblé de lignes. Des déhanchés inspirés par la statuaire indienne, des
ondulations, des chutes, affolent la géométrie. La vie n'est pas une autoroute.
Sonate à trois, Dialogue de l'ombre double, Webern opus V et Le Marteau sans maître, par le
Béjart Ballet Lausanne. Palais Garnier, Paris-9e. Jusqu'au 9 janvier, à 19 h 30. Le samedi 9 à 14 h 30 et 20
heures. Tél. : 08-92-89-90-00. De 6 ! à 87 !. Sur le Web : www.operadeparis.fr.
Rosita Boisseau
Article paru dans l'édition du 08.01.10
BéJART BALLET LAUSANNE
Béjart nostalgie à l'Opéra de Paris
[ 07/01/10 ]
Chorégraphies de Maurice Béjart. A Paris, Palais Garnier (08. 92.89.90.90), jusqu'au 9 janvier.
Beaucoup ont gardé en mémoire les grands spectacles fédérateurs du chorégraphe Maurice
Béjart, pensés pour les Palais des sports et un public populaire. Mais le programme donné ces
jours-ci à l'Opéra de Paris, par la compagnie suisse qui perpétue son oeuvre deux ans après sa
mort, n'est pas de cette eau. A ses débuts, le créateur s'est rodé avec son Ballet de l'Etoile dans
des théâtres modestes aussi bien que des cabarets de poche, avec des oeuvres plus
expérimentales et intimistes. Un autre temps de la danse… Telle cette courte pièce, créée après
le choc initial de « La Symphonie pour un homme seul » : « Sonate à trois » d'après le « Huis
Clos » de Sartre en 1957. Des chaises, une porte qui s'ouvre sur un infini et une variation autour
du couple, ici deux femmes et un homme. Le jeu de séduction, y compris entre les danseuses
(Elisabeth Ros et Kateryna Shalkina), est assez osé pour l'époque, même dans l'après-SaintGermain canaille. On remarque déjà cette grammaire Béjart, bras tendu, paume ouverte sans
oublier les sauts et les effets de corps, l'un derrière l'autre, qui se cachent puis se dévoilent.
Plus intéressant, le Béjart Ballet Lausanne redonne le rare « Webern, Opus V », ballet blanc, où
la musicalité du chorégraphe fait merveille : Daria Ivanova et Paul Knobloch, accompagnés d'un
quatuor à cordes sur scène, semblent respirer cette partition difficile. Cinq mouvements, opus V
d'Anton Webern : nous sommes en 1966, Béjart a déjà confirmé son talent moderne. Ici le corps
est instrument, à l'image du violon qui habille la jeune Ivanova comme un deuxième collant. Les
portés, parfois audacieux, sont d'une grâce irréelle. Des sauts pieds joints, les épaules en
dehors ne cassent jamais la géométrie de cette épure chorégraphique. Le plus beau moment de
la soirée.
On reste plus dubitatif devant « Dialogue de l'ombre double » sur une musique de Pierre
Boulez, jouée ici en direct. Créé en 1998, ce duo plein de malice, avec un faux lion qui bouge la
tête en cours de route reste en deçà du génie du maître.
Fascinant marteau
Cette soirée événement se referme sur une reprise attendue, « Le Marteau sans maître »,
toujours une collaboration de Boulez et Béjart. En filigrane, l'Orient extrême, grande passion et
inspiration du chorégraphe, traverse cette oeuvre : danseurs « doublés » de marionnettistes en
combinaison noire façon Bunraku japonais qui les manipulent à vue, voile orange tel un sari
indien -tout est voyage dans un décor d'ombrelles lumineuses géantes. L'abstraction de la danse
est parfois un peu datée, dans ses lignes comme dans ses duos. On est loin de la radicalité d'un
Merce Cunningham. Il faut chercher ailleurs l'émotion, comme dans ce pas de deux essoufflé
mené par Julien Favreau, un ancien du Béjart Ballet Lausanne. Sous la protection de René
Char, qui inspira Maurice Béjart, ce « Marteau » intrigue et fascine trente-cinq ans après sa
première. Merci à l'Opéra de Paris de s'en souvenir.
PHILIPPE NOISETTE, Les Echos
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Béjart Ballet Lausanne
[Paris] Réformateurs du XXème siècle
Genre : La Scène Rédacteur : Delphine Goater
pour ResMusica.com le 08/01/2010
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Paris. Opéra Garnier. 05-I-2010. Béjart Ballet Lausanne.
Chorégraphies : Maurice Béjart. Sonate à trois (1957).
Musique : Béla Bartók, Sonate pour deux pianos et
percussions, 1er et 2ème mouvement. Décors : Bert. Webern
Opus V (1966). Musique : Anton Webern, Cinq mouvements
pour quatuor à cordes, opus V. Dialogue de l’ombre double
(1998). Musique : Pierre Boulez ; Costumes : Anna de
Giorgi. Lumières : Clément Cayrol. Le marteau sans maître.
Musique : Pierre Boulez. Décors et costumes : Joëlle
Roustan, Roger Bernard. Lumières : Roger Bernard. Hillary
Summers,
contralto.
Ensemble
Intercontemporain,
direction musicale : Jonathan Nott. Avec les danseurs du
Béjart Ballet Lausanne
Une intéressante soirée de pièces courtes
consacrée aux musiciens réformateurs du
XXème qui ont inspiré Maurice Béjart permet au
Béjart Ballet Lausanne de revenir à l’Opéra
Garnier dix-huit ans après sa dernière tournée.
La soirée démarre par Sonate à trois, créé en
1957 à Essen dans le cadre d’une tournée des
JMF. Remonté en cours de saison pour la
compagnie suisse, ce trio de solistes retranscrit
à la perfection l’atmosphère oppressante du
"Huis Clos" de Sartre, dont Maurice Béjart s’est
inspiré. Trois simples chaises noires, une porte
et un plafonnier délimitent l’enfermement des
personnages. Inès, une brune cérébrale et
vénéneuse est ici incarnée par Elisabet Ros.
Estelle, l’ingénue employée des postes, est dansée par la blonde Kateryna Shalkina. Enfin, Garcin,
le journaliste quelque peu cynique, revêt les traits de Domenico Levré. Un trio existentialiste qui a
peut-être mal vieilli, accentué par la lumière peu flatteuse des "douches" tombant des cintres.
Le découpage de l’espace scénique offre plus d’intimité au superbe duo en cinq mouvements de
Webern Opus V créé en 1966. Sur fond de cyclo bleu se détachent les académiques blancs de
Kathleen Thilhelm et Paul Knobloch. Elégantissime, la danse paraphrase la musique. On retient son
souffle ! L’exécution de ce duo d’une grande pureté, qui ne supporte aucune approximation, est
parfaite, tant du côté chorégraphique que musical. On applaudit autant, voire davantage que les
danseurs, le quatuor à cordes composé de Hae-Sun Kang, Jean-Marie Conquer, Odile Auboin et
Eric-Maria Couturier, quand il viendra saluer.
Plus allègre est cependant la double clarinette de Pierre Boulez dans Dialogue de l’ombre
double. Ce duo espiègle et facétieux est étonnant : on y joue à cache-cache avec des couvertures
ou on y croise un lion qui remue la queue. Déjà remarquée dans Sonate à trois, Kateryna Shalkina
campe, face au cubain Oscar Chalcon, une lumineuse ballerine. Mobile, la clarinette d’Alain
Damiens, fait écho à la clarinette enregistrée dont le son, spatialisé, nous parvient par vagues.
Une belle surprise…
La seconde partie de la soirée est toute entière consacrée au Marteau sans maître, pièce
maîtresse de Boulez, toute aussi emblématique du style prisé par Maurice Béjart dès la fin des
années 50, fait de propositions chorégraphiques audacieuses et d’allusions symboliques
empruntées au Japon. Les six interprètes masculins, dont certains sont très jeunes, suivent avec
personnalité cette partition solaire incarnée par Eve, interprétée de façon spirituelle par Elizabet
Ros. Créature manipulées par des hommes en noir, la ballerine oscille entre Coppélia et la poupée
de Pétrouchka.
Dans la fosse, Hillary Summers, soutenue par la flûte et la guitare, chante en alternance avec
les percussions. Par la limpidité du système musical et chorégraphique, alternance d’ensembles
masculins accompagnés par les percussions et de soli féminins mis en valeur par la voix de la
contralto, ce ballet intemporel se voit avec la même acuité qu’à sa création, il y a cinquante-six
ans. On ne peut que se féliciter de voir le Béjart Ballet Lausanne reconstituer avec cette pièce, et
les deux précédentes, un répertoire davantage conçu pour des solistes que pour un corps de ballet
pléthorique qui risque de se perdre sur les scènes géantes des Palais des Sports et autres grands
stades.
Crédit photographique : Kateryna Shalkina et Oscar Chacon dans Dialogue de l’ombre double © Laurent Philippe / Opéra
National de Paris
Rédacteur : Delphine Goater
pour ResMusica.com le 08/01/2010
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