scénario pédagogique

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HISTOIRE THEME 1 Question 1
Chapitre 2
MEMOIRE ET HISTOIRE
Support d’étude : La Seconde guerre mondiale en France
Volume horaire : 4 + 1 DS
Intro (1.5h) : Les 3 trois temps d’un cycle mémoriel à partir de l’exemple des films français portant sur la Seconde GM. Montrer les affiches au diaporama.
- Temps 1 : occultation destinée à la restauration de la paix civile au sortir des conflits : construction d’une mémoire mythique  films = Bataille du rail,
Armée des ombres jusqu’à plus récent et comique (Grande vadrouille, 7 ème compagnie)
- Temps 2 : « travail de mémoires » des groupes insatisfaits, déhéroïsation de la guerre  Chagrin et la pitié, Lacombe Lucien, Shoah.
- Temps 3 : acceptation officielle des mémoires  Indigènes, la rafle…
Application de la compréhension de ces trois temps (faire chercher un document emblématique de chacune des périodes) à l’aide des DP de manuel 58-61.
Repérer en outre, l’évolution de la nature des écrits historiques (documents 5 p 59 et 6 p 60).
AP : Faire le même travail de repérage avec l’itinéraire du Film Le Chagrin et la pitié (plus montrer quelques extraits) p 62-63.
1- L’HISTORIEN AU TRAVAIL : LE CAS DES MEMOIRES DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE
EN FRANCE (2h) Grille applicable aux mémoires des deux conflits : Seconde guerre mondiale et Algérie.
L’historien périodise…
… en s’appuyant sur
des évènements pour
dégager des repères et
des ruptures…
Années 1944-45-années 1960
La mémoire mythique
Discours de l’Hôtel de Ville (1944),
Célébration du 11 nov 1945, Lois
d’amnisties (1951-1953), Mont Valérien
(1960), Transfert des cendres de Jean
moulin au Panthéon (1964).
Années 1960-1980
Eclatement et travail des mémoires
Procès Eichman (1961), guerre des 6
Jours (réveil identitaire juif / peur de
perdre l’Etat d’Israël), tournage du
Chagrin et la pitié (1969), ouverture des
archives, Film Shoah (1985), procès
Barbie (1987)
Depuis les années 1990
Mémoires dépassionnées
Lois mémorielles (Gayssot 1990), F. Mitterrand
est le premier à assister à la commémoration
de la rafle du Vel’ d’Hiv’ en 1992 ce qui suscite
une manifestation entraînant la colère et la
honte de R.Badinter CNS http://portail.cnsedu.net (durée : 2mn21s)
journées mémorielles, Procès Touvier (1994),
Papon (1997), Discours de Chirac (1995),
reconnaissance de l’aide des peuples colonisés
…contextualise pour
expliquer…
… catégorise pour
rendre intelligible…
… s’appuie sur des
sources pour justifier…
Ouvrages
emblématiques
…critique pour viser à
l’objectivité.
Traumatisme du conflit, tourner la page
de l’Epuration finalement limitée (petit
topo ici), construire une mémoire
officielle.
Les déportés s’expriment peu ou sont
mal entendus et écoutés (Simone Veil)
(film Indigènes en 2006).
Effets des travaux des historiens, pression
(lobbying) des groupes mémoriels, disparition
des témoins directs.
Emergence d’un « devoir de mémoire » avec
multiplication des journées, monuments,
plaques, mémoriaux.
Arrivée d’une nouvelle génération
d’hommes politiques et aspirations des
descendants des acteurs et victimes de
la
2ème
GM (Serge Klasfeld).
Eloignement du traumatisme, tensions
apaisées, crime contre l’humanité
devenus imprescriptibles.
Mémoire glorifiée : résistants  le Mémoire juive individualisée et du Reconnaissance des mémoires dans leur
résistantialisme appuyé sur les même coup combattue par les pluralité et identité  mémorial de la Shoah de
communistes (75M fusillés) et les négationnistes.
Paris
gaullistes.
Mémoire collaborateurs
Mémoires niées : prisonniers de
guerre, déportés (Juifs, STO), « Malgrénous »
Mémoires souterraines : Vichystes.
Réclame la révision de son procès en
1951.
Témoignages de ceux qui parlent ou Témoignages renouvelés (les déportés Multiplication et diversification du travail sur
que l’on veut bien entendre. s’expriment) recoupés avec des les sources (sources d’entreprises comme la
Productions des groupes dominants archives qui s’ouvrent peu à peu aux SNCF).
(GPRF, Tripartisme).
historiens.
Multiplication des recherches. Des historiens
témoignent au procès Papon.
Robert Aron, Histoire de Vichy, 1954.
R.O Paxton, La France de Vichy, 1972 (6 Henry Rousso : Vichy, un passé qui ne passe
p 60).
pas, 1994.
H. Rousso, le syndrome de Vichy, 1987. Pierre Laborie, le chagrin et le venin, 2011 (2 p
74)
Peu d’ouvrage critique sur cette Critique
du
négationnisme
de Critique de la multiplication des lois
période. Ouvrages consensuels ou Faurrisson.
mémorielles et l’usage politique des mémoires
événementiels sur la guerre. Biographie Nuance le poids des résistants et (lettre de Guy Moquet)  comité de vigilance
d’acteurs.
réenvisage le rôle et la responsabilité des usages publics de l’histoire.
de la France durant l’Occupation.
Regard critique sur la muséographie et les
mémoriaux
2- BILAN: HISTOIRE, MEMOIRES ET SOCIETE. (1h)
2-1 : Différentier mémoire et histoire.
Histoire et mémoire sont deux représentations différentes du passé.
La mémoire tire sa force des sentiments qu’elle mobilise : elle
installe le souvenir dans l’affectif, voire le mythe et le sacré. Ouverte à
la dialectique de l’amnésie et du souvenir, guère consciente de ses
enrichissements et déformations successifs, elle est en évolution
permanente et susceptible de longues latences et de soudaines
revitalisations.
Les mémoires individuelles, les mémoires de groupes — qui
constituent l’élément militant et moteur de la mémoire collective —,
ont parfois mis en doute la mémoire nationale institutionnelle ou
mémoire officielle telle qu’elle était véhiculée par l’enseignement et
les commémorations officielles.
L’histoire est une reconstruction savante et incomplète du
passé mais qui se veut objective, appuyée sur une méthode. L’histoire
est volonté de comprendre, mise en récit problématisée,
transformation en pensé de ce qui est ordinairement de l’ordre du
vécu affectif et émotionnel ou du système de représentations. Son
rôle est donc de faire des mémoires des objets à étudier et même
critiquer quand elles occultent, stigmatisent ou reflètent de façon
partielle la réalité que l’on cherche à reconstituer  travail
d’historicisation des mémoires (travail de Rousso).
Distribuer l’organigramme de synthèse ci-contre :
2-2 : L’historien et le pouvoir politique.
L’historien peut être au « service du politique » quand il participe à l’écriture d’une histoire officielle. C’est le cas dans les régimes autoritaires mais cela
l’étaient encore en partie dans les la France de la IVème République et même la Vème jusque dans les années 1980. Plus régulièrement et plus récemment les
historiens ont cherché à s’affranchir du politique ou à dénoncer l’usage politique de l’histoire. Quelques exemples récents :
- Remise en cause de certains projets mémoriels et usages politiques du passé : Maison de l’histoire de France, 1 écolier/ 1 déporté, lecture de la lettre
de Guy Moquet…
- Appel à la vigilance sur le régime mémoriel avec la multiplication des mémoires victimaires, identitaires (de groupes) et de leur mise en concurrence
(cf Dieudonné/mémoire de la Shoah / mémoire de l’esclavage).
- Appel à la vigilance par rapport au rôle historique que se donne le Parlement : loi sur les caractères positifs de la colonisation (abandonnée en 2004),
sur la question des propos niant le génocide arménien… Ou tout simplement regard parfois critique sur les projets de programmes scolaires.
En outre, d’autres éléments peuvent faire « histoire » quand bien même ils n’adoptent pas la méthode historique à proprement parler. Ainsi, certains films,
romans ou reportages ont pu faire avancer des questions politiques liées à des enjeux mémoriels. On retiendra un seul exemple : le rôle du film Indigènes
dans la meilleure reconnaissance (et indemnisation) des soldats issus des colonies.
CONCLUSION
Mémoires et histoire sont en interaction permanentes. On peut dégager des phases dans ces relations aux visées distinctes et parfois
contradictoires. Patrimoine et mémoires ont en commun d’être le fruit de choix (plus ou moins militants) d’acteurs individuels mais surtout de groupes ou
institutions (nationale voire mondiale comme l’ONU). Face à ce caractère subjectif ou intéressé, l’historien cherche, avec méthode, à atteindre une certaine
objectivité dans la mise en récit des relations que les sociétés entretiennent avec leur passé.
Processus de mémorialisation qui se fait en plusieurs temps :
Le travail des historiens est en fait parallèle à ce « travail de mémoire ». Il s’en nourrit et
s’en distingue par la mise à distance des mémoires et par leur historicisation. passe par
les mêmes phases :
Occultation destinée à la restauration de la paix civile au sortir l’histoire des conflits eux-mêmes avec affinement progressif de la recherche qui met en
des conflits ;
lumière des faits d’abord occultés, y compris dans le travail des historiens ;
« travail de mémoire » des groupes insatisfaits ;
la dénonciation du processus d’occultation et la mise en lumière de ses enjeux dont les
apports peuvent être repris dans le débat public ;
Réception plus ou moins large et non sans conflits des mémoires dans les contributions les plus récentes, la prise de distance avec les excès du débat
ainsi révélées, jusqu’à leur acceptation officielle.
public.
EVALUATION : Document : Biographie de Maurice Papon
Consigne : En quoi cette biographie témoigne des évolutions des mémoires de la seconde guerre mondiale en France telles que les historiens les ont
dégagées.
DOCUMENTS UTILES
« Ce n’est qu’un demi-siècle plus tard, en consultant les archives, que je sus l’histoire de "l’îlot spécial" de Nexon. D'ici partirent des vieillards, des femmes,
des enfants dont les noms surgissent pour moi (mais pour qui d'autre?) des feuillets jaunis des dossiers d’archives, durant l’hiver 1942 où j'étais présente. Ce
sont les archives qui m’ont appris qu’il ne s'agissait que d'un regroupement provisoire préalable à un convoi massif vers l'Est. Une baraque, ça ne parle pas.
Quand les cris s’éteignent, ils peuvent disparaître. Quelles traces peut garder un lieu? Pourtant, quand je revins à Nexon, cherchant les pistes de ma mémoire
estompée, c'est bien avec la pensée que les lieux me parleraient, seraient les témoins. Ma première visite fut au cimetière où je ne vis plus les croix de bois ni
les étoiles dans l'espace qui fut réservé au camp (…)
Quelques jours après, j'appris, à la mairie, qu'une stèle commémorative avait été érigée sur les lieux. Je la vis cette stèle, à peine plus haute que les herbes qui
l'entouraient, et si discrète. On peut y lire: "Ici furent enfermés de nombreux patriotes". Vous étiez des "patriotes", vous tous, les "indésirables étrangers"?
J'appris ensuite, par une personne de l'office du tourisme, qu'au cimetière aussi, il y avait des traces, un cénotaphe où s'inscrivaient les noms des israélites
morts pendant l'hiver 1942, "victimes du nazisme". Je relus avec émotion la pierre, les noms de tant de mes amis des baraques. Mais pourquoi "victimes du
nazisme'? Des nazis français, alors ? Car enfin, ces juifs-là, ne sont pas morts en déportation, mais bien en France. Sans doute était-ce aussi des nazis qui
établirent les listes de décès que je trouvais, à la rubrique cimetière, dans les documents de la mairie. je trouvais dans les noms juifs quelques protestants
convaincus ; je trouvais dans les Chrétiens tous les « sans Dieu » des Brigades internationales. Si on n’était pas juif, on était chrétien, forcément. Et si on
n’était pas patriote, on était nazi, forcément. Et si on était nazi, on était allemand, forcément. »
Laurette Alexis-Monet, Les Miradors de Vichy, Les Editions de Paris, 2001
« Au sortir de l'occupation, [.la division des Français, les réticences de beaucoup d'entre eux à admettre les responsabilités du gouvernement de Vichy ont
conduit de nombreux responsables à minimiser, voire à gommer tout ce qui pourrait aggraver ces divisions et contrarier leur désir de faire oublier ces
fractures, notamment en ce qui concerne les persécutions et la déportation des juifs [... ] Une de mes sœurs a été déportée à Ravensbrück pour faits de
résistance. Dès son retour, elle a été invitée dans diverses instances, comme bien d'autres résistants, à parler de la résistance et de la déportation, mais ce ne
fut jamais le cas pour ma sœur aînée également déportée à Auschwitz, ni pour moi. Nous n'étions que des victimes, non des héros : peu importe ce que nous
avions vécu. D'ailleurs on ne manquait pas de nous le rappeler brutalement dans les associations d'anciens déportés résistants. À leur retour, à la différence
juifs étaient très jeunes, beaucoup n’avaient plus de famille, pas de relations, pas d'argent ni de métier. Ils avaient tout à construire, repartant souvent de
zéro. La priorité était de se retrouver soi-même pour pouvoir survivre. Les uns ont préféré rompre tout lien avec leurs anciens camarades, enfouir au fond
d'eux-mêmes tous les souvenirs. Les autres, les plus nombreux, ont conservé des liens très solides avec leurs camarades de déportation, ne serait-ce que pour
pouvoir parler entre eux du camp, sans avoir à craindre l'incompréhension ou l'indifférence. »
Simone Veil, « Réflexions d’un témoin », Annales ESC, n°3, mai-juin 1993

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