1) Par che-nous,,, une rumeur… Ça coure plus vite qu`une nouvelle!

Transcription

1) Par che-nous,,, une rumeur… Ça coure plus vite qu`une nouvelle!
Par che-nous,,, une rumeur…
Ça coure plus vite qu’une nouvelle!
Au village, ça jase ben gros de c’temps-citte. Apparence que,,, y va y
avoir des élections betôt(bientôt). C’t’assez pour faire monter la
pression de quecqu’uns et pis, j’m’en cache pas, j’su un de ceux-là.
Un bon dimanche matin, pendant que l’curé s’époumonne à prêcher
la vartue du haut d’sa chaire, cé presquement une tradition pour
certains personnages, d’aller fumer une pipe su l’parvis de l’église.
Y a pas à dire, si tu veux savoir c’qui s’manigance, l’perron de
l’église, cé la place. Même si l’curé condamne ouvartement c’te
manie-là, cé là que t’en entend des vartes pis des pas mûres que
j’vous dit!!!
-J’te l’dit Simion, cé pas moé qui l’invente, cé écrit dans la gazette
de c’mois-citte. Y vont bâtir un pont couvert su la rivière aux vases.
-Hà! J’te cré Odilon, en seulement, tu sé comme moé que les élections
s’en viennent, cé encore une manigance de l’opposition pour mettre
d’la poudre aux yeux. Quand tu sais que tu vas rester dans
l’opposition, tu peux promettre n’importe quoi…
-P’t’être ben, n’empêche que ça s’rait une vargeuse de bonne idée!
-Y as-tu pensé Odilon, de c’côté citte d’la rivière cé bleu pis l’autre
bord, cé teindu rouge depus la confédération. As-tu déjà vu ça toé
un foreman bleu pis un foreman rouge qui vont travailler ensembles?
Aussi ban dire qu’on va s’ramasser avec deux ponts un à côté
d’l’autre!
-C’pas la question Simion, ça f’rait d’la gagne pour les jeunesses qui
arrivent du bois sans compter qu’avec un arpent de batture chaque
bord, on pourrait s’débarasser de nos tas de roches qui traînent su
nos terres.
-Ben sûr! Mais moé, j’ai pour mon dire que cé pas des élections qui
va bâtir un pont, cé l’obligation, rien d’plus, rien d’moins! Aye!
Parlant d’élection, r’garde-moé dont l’beau Placide entrain
d’enfirlouaper l’grand Clophas de son bord. Hé! Placide, vante toué
pas trop là, tu sé qu’un coq qui a trop chanté finit manquablement
dans l’pâté!
-Tu peux prendre ton air fendant Simion, c’te fois-citte, y a des
bonnes chance que tu te ramasse la phale à terre(mine basse).
- En par cas Clophas, laisse toué pas faiblir, les rouges y ont jamais
été capables de faire marcher l’eux bottines en même temps que l’eux
babines(incapable de faire ce que tu dis). Ça va pas plus changer
c’t’année!
-Comptes-toé chanceux qu’on soye obligés d’rentrer Simion, tu perds
rien pour attendre, j’te l’promet aussi vrai que j’su là!!!
***Avec ça, chacun a repris sa place dans l’église et le curé Taillon
entonne son <Ite missa es> les bras en croix face au monde. Mais, ce
dimanche-là, au lieu de retourner à la sacristie comme d’habitude, il
s’adresse aux paroissiens en disant…
-Ça ne sera pas long, si vous voulez m’attendre une minute, le temps
de remettre le bon Dieu dans sa maison, j’aurais deux mots à
rajouter…
***Il y avait un silence de mort dans l’église, pas même un toussage,
à peine un craquage de tôle à mesure que le soleil réchauffait le toit.
-N’allez pas penser que c’est le représentant de l’Église qui s’adresse
à vous maintenant, il s’agit simplement d’un curé de paroisse qui
souhaite l’harmonie entre ses paroissiens. Ça ne m’aurait rien donné
d’en parler dans mon sermon étant donné que, les plus intéressés se
trouvaient dehors…Hein!!! Voyez-vous, on peut mettre bien des
choses sur le dos de la politique mais, quand vos voisins, mes
paroissiens en souffrent, il est de mon devoir de mettre de l’ordre
avant qu’il ne soit trop tard. Y a des calomnies, des médisances voir
même des attaques qui circulent, qui blessent et qui détruisent des
amitiés. Ça me fait mal de voir et d’entendre de pareils
débordements. Il faut que ça cesse et je compte sur chacun de vous
pour reprendre vos esprits avant que l’irréparable arrive. J’ose
espérer m’être bien fait comprendre et que Dieu me garde d’avoir
élevé le ton!,,, Je vais le dire en français maintenant,,, Ite missa es!
Allez, la messe est terminée!!!
***Y a pas eu de mémérage sur le perron de l’église, chacun est
reparti en jongland,,, surtout Simion!!!
-Ouais! ben ça là,,, ça sé jamais vu à ma connaissance et pis, ça vient
nous couper l’arbe(l’herbe) sous l’pied. Pourtant batème, on était ben
partis…Pourquoi dont l’curé a pris l’mord aux dents c’t’année? Ça
s’rait t’y que,,, c’t’année les femmes vont avoir droit de vote et pis
que y aurait peur d’avoir peur!? Just’a voir ma Delphine qui porte
pus à terre, a dit que c’te jour-là, cé les hommes qui gardent la
maison et pis qu’a va s’occuper de faire sortir les femmes. En par
cas, j’va en avoir le cœur net, dré demain j’va aller l’voir en faisant
semblant de rien…
Le lendemain.
-Vous savez M l’curé, avec tout l’respect que j’vois doit, cé pas un
déshonneur de s’tirer la pipe en temps d’élection, cé presquement une
tradition pour tout dire. Qu’ossé que vous en pensez M l’curé?
-Moi Simion, j’m’occupe des âmes pis semblerait que toi, c’est les
élections…
-J’peux ben vous l’dire à vous rapport qu’on est tout fin seuls et pis
y faudrait pas que ça se sache non plus mais, Placide pis moé, on
s’respecte ben gros et pis on s’méfie ben gros itou. Dans l’fond, on
est des bons amis, sauf en temps d’élection, ben entendu…
-Figure toi dont Simion que tu m’apprends rien, ni a moi, ni aux
autres! C’est pour ça que j’ai peur d’la tournure, qu’on dépasse les
limites autrement dit.
-Faut pas jongler pour rien M l’curé! En part cas, si j’gagne mes
élections, vous manquerai pas d’bois pour chauffer votre église
c’t’hiver!
-Comment ça,,,mon,,,église… C’est autant la tienne que la mienne et
pis celle de tous les paroissiens!
-Choquez-vous pas M l’curé, j’disais ça, rien d’plus!
-Ouais ben,,, supposons que tu les gagne pas tes élections, aussi ben
dire que, l’bon Dieu va geler tout l’hiver!
-Ça peut pas arriver M l’curé, j’ai d’la cabale en masse, on peut
r’tourner vingt ans en arrière pour le prouver…
-N’oublie pas Simion, faut que ça se fasse dans le respect des autres.
-Ha! J’oublierai pas mais avant de partir… J’sais pas si vous avez
eu vent du pére Adélard Ouellet, j’cré ben qui file un mauvais
cotton. Y a pas moyen d’savoir non plus, ça fait que,,, j’imagine
qu’une p’tite visite de vot part, mine de rien…
-Oui, j’savais mais, pour que tu m’en parle,,, c’est peut être plus
grave qu’on peut s’imaginer!?!
-Pis en r’venant si ça vous tente comme de raison, on pourrait mettre
une partie de dames en marche, y m’semble que ça fait un bon bout
d’temps qu’on a pas pris l’temps…
-En revenant de chez Adélard tu dis, j’te vois v’nir Simion, tu veux
m’tirer les vers du nez, j’suppose?
-Jamais d’la vie, faites-moé pas dire c’que j’ai pas dit,,, bon ben,,, à
r’voyeure M. l’curé!!!
***Sur son chemin, tout en jongland …
Batème que j’viens d’faire un bon coup là. Des élections plattes par
icitte, on connaît pas ça… Qu’ossé qu’on va faire ast’heure pour
que ça grouille sans écorcher les oreilles du curé Taillon… Après
toutte, on a encore le temps et pis, quand Placide me dit que j’ai du
front tout l’tour d’la tête avec une lizière dans l’dos,,, y a pas tort
non plus…
[email protected]

Documents pareils