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Numéro 5 / janvier 2016
EDITO
Sommaire
Wikipedia.org
La telenovela est un format très latino, un art de la narration de
la société qui fait s’entrechoquer la banalité du quotidien avec des
intrigues rocambolesques mêlant passion, trahison, argent, espoir,
scandale, drame…
Ces derniers mois ont vu s’agiter la scène politique brésilienne,
embourbée dans une histoire de corruption tournant au drame.
Dilma Rousseff lutte pour son maintien à la tête de l’Etat alors que
ses forces (politiques) la quittent et que le soutien de la population
à son égard vacille… Scandale, trahison…
2
Différend chileno-bolivien
sur l'accès à la mer de la
Bolivie
4
Tensions à la frontière entre
le Venezuela et Colombie
6
L’opération Panamax 2015
8
Pablo Escobar, El Chapo
Guzman
Tampico (Tamaulipas, Nord10 Est)
12
Le Brésil affiche ses
ambitions pour le climat
14
Rubén Blades : un candidat
« fuera de lo común »
L’Argentine se choisi un nouveau chef du gouvernement, un
convaincu qui lève immédiatement le contrôle des changes pour
en finir avec l’incapacité des entreprises à épargner et la difficulté
des ressortissants argentins à acheter de la devise étrangère. Les
fonds dits « vautours » font encore la loi, le succès des
négociations à cet égard sera clef dans la réussite de son mandat…
Argent, espoir…
Après l’écrasante victoire de l’opposition au Venezuela, le
pouvoir cherche les subterfuges institutionnels qui lui permettront
de se maintenir. Le chavisme vacille et le pays, fatigué, usé par une
vie qui se précarise chaque jour et une liberté promise qu’il attend
toujours, se cherche une autre voie. Drame, passion…
Si tout se passe comme dans une telenovela, cela devra se
terminer dans la joie, une fin heureuse pour conclure le spectacle
télévisuel quotidien parfois risible, souvent triste d’une bataille
d’élites qui se partagent jalousement le pouvoir. C’est la voie des
peuples d’Amérique qui compte, elle pèse même si l’abstention et
la corruption corrigent souvent sa volonté de changement. Amis,
citoyens, croyez-y et allez voter comme vous regardez la télé, à la
fin vous arriverez, c’est sûr, à faire triompher le bien du mal.
Pierre Marey-Semper
Vice-président aux études – ANAJ IHEDN
Responsable du comité Amérique latine - ANAJ IHEDN
1
N°5 l Janvier 2016
Politique internationale
Différend chileno-bolivien sur l'accès à la mer de
la Bolivie : la CIJ a tranché en faveur de la Bolivie
Auriane Piveteau
Membre du Comité Amérique Latine
ep01.epimg.net
La Cour a en effet jugé que les déclarations et les
échanges diplomatiques effectués par les hauts
dirigeants chiliens à la suite du traité de Paix de 1904
créaient une obligation chilienne envers la Bolivie, à
laquelle l'Etat chilien avait manqué.
Alors que la décision a été accueillie avec euphorie
en Bolivie, le gouvernement chilien, quant à lui, ne
cesse de revendiquer sa légitimité sur l’ancienne
province bolivienne. Cette double réaction
s'explique par le fait que les territoires en question
constituent un enjeu majeur pour les deux pays.
Pour le Chili, d’une part, la perte de cette zone
côtière serait dramatique dans la mesure où il se
verrait retirer ses principales ressources naturelles et
notamment ses mines de cuivre de Chuquicamata
considérées comme le « principal salaire du Chili »,
ou encore une partie de ses réserves en lithium qui
constituent un autre pilier phare de la croissance
chilienne.
Quels sont les enjeux de cette
décision pour la Bolivie, le Chili et
pour le reste de la communauté
Internationale ?
En 1879, la Guerre du Pacifique s'est soldée pour la
Bolivie par la perte de son accès à la mer au profit
du Chili. Depuis lors, les deux pays ne cessent de se
disputer ce territoire situé à l'extrémité
septentrionale du Chili. Saisie d’une demande
déposée en avril 2013 par Evo Morales, la Cour
internationale de justice (CIJ) a finalement rendu son
jugement le jeudi 24 septembre 2015. Réfutant
l’exception préliminaire objectée par le Chili selon
laquelle le tribunal n’avait pas la compétence pour
juger ce conflit territorial, la CJI a tranché en faveur
de la Bolivie en contraignant le Chili à négocier de
bonne foi un accès souverain de la Bolivie à l’océan
Pacifique.
2
Pour la Bolivie, l’accès à la mer est d’autant plus
important qu’il constitue à la fois un enjeu de
souveraineté nationale – le pays ne serait plus
dépendant de ses voisins - mais aussi d’ordre
économique. Un débouché maritime permettrait
incontestablement au pays andin d’accéder à un
niveau de développement économique plus
important puisque, selon les estimations, la Bolivie
perdrait 1,5% de son PIB par an à cause de son
enclavement. La Bolivie verrait donc le volume de
son commerce s’accroître considérablement, ce qui
aurait pour effet une hausse de la croissance.
L'enjeu est d'autant plus décisif que ce pays
demeure l'un des moins développés d’Amérique
Latine.
Mais le jugement de la CIJ constitue également un
bouleversement non moins important pour les
relations internationales dans leur ensemble. Par
cette décision, la Cour élargit en effet son domaine
de compétence et renforce son contrôle sur les
Etats. Alors qu’auparavant elle n’avait que la
capacité de faire respecter les traités et accords
internationaux formellement écrits et de sanctionner
les violations faites à leur encontre, la CIJ a institué
par ce jugement que les déclarations et
engagements pris par les Etats, même verbalement
et de manière non formelle, sont juridiquement
contraignants. De ce fait, elle se reconnaît en outre
le droit de sanctionner les parties manquant à leurs
engagements.
N°5 l Janvier 2016
Politique internationale
Ainsi, bien que la résolution du conflit puisse prendre encore
plusieurs années – les négociations entre les deux Etats n’étant pas
à prévoir avant 2017 – cet arbitrage représente sans aucun doute un
bouleversement géopolitique aussi considérable qu'il est
paradoxalement peu médiatisé.
A lire également
• Cour Internationale de Justice,
Obligation de négocier un
accès à l’océan Pacifique
(Bolivie c. Chili) Résumé de
l’arrêt du 24 septembre 2015
• La Haye résoudra le différend
frontalier entre la Bolivie et le
Chili
• L’économie bolivienne
recherche de la mer
à la
• Le Chili et la Bolivie campent
sur leurs positions sur le
conflit maritime
Point clés
• 1879-1884 : Guerre du Pacifique
• 1904 : Traité de Paix et d’amitié entre le Chili et la Bolivie qui mit fin officiellement à la Guerre du
Pacifique et accorda au Chili la souveraineté sur les territoires littoraux anciennement boliviens.
• 30 avril 1948 : Pacte de Bogotá, traité de règlement pacifique des différends entre les pays américains et
de reconnaissance de la juridiction de la CIJ.
• Avril 2013 : présentation de la demande d’Evo Morales devant la CIJ
3
N°5 l Janvier 2016
Diplomatie
Tensions à la frontière entre le
Venezuela et Colombie
Nicolas Morisset
Membre du comité Amérique latine
www.cipadh.org
Au mois d’août dernier l’expulsion de milliers de Colombiens du Venezuela a mis
l’accent sur les crispations entre les deux pays au sujet de leur frontière commune.
La frontière entre le Venezuela et la Colombie
longue de 2219 kilomètres constitue une source de
crispations entre les deux pays depuis plus de trente
ans. Durant les années 1980-1990 les tensions à cet
endroit étaient davantage axées sur la délinquance
transfrontalière (notamment le vol de voitures et la
contrebande de produits alimentaires), les incursions
intermittentes des guérillas dans le territoire du
Venezuela et le trafic de drogue. Au cours des
années 1990, les tensions deviennent plus
complexes puisque les guérillas colombiennes
amènent différents acteurs armés à cette frontière
ce qui engendre des migrations transfrontalières de
la part des populations colombiennes victimes de ce
conflit. Dans le même temps, chaque Etat continue
à ignorer les revendications territoriales de son
voisin. Cette tension ne faiblit pas à la fin des années
1990 car en 1999 Hugo Chavez arrive au pouvoir au
Venezuela. Ce dernier affiche une position antiaméricaine, c’est-à-dire à l’opposé de la vision de
son voisin considéré comme étant l’allié stratégique
des Etats-Unis dans la région.
Une patrouille vénézuélienne a été prise en
embuscade aux alentours de cette frontière et ce
sont trois militaires et un civil vénézuélien qui ont
été tués. Selon le Venezuela il s’agirait d’une
embuscade organisée par des paramilitaires
colombiens. De fait, le Venezuela a décidé
d’expulser des Colombiens vivants sur son territoire
et qui n’étaient pas en règle. Dès les premiers jours
de la crise, ce sont donc 1 500 Colombiens qui ont
été expulsés. Un rapport de l’ONU estime que début
septembre ce sont 18 000 Colombiens qui ont choisi
de repasser la frontière par crainte d’être déportés
(le nombre de Colombiens au Venezuela étant
estimé à 5 ou 6 millions sur les 30 millions
d’habitants que compte le pays). Ainsi les
ambassadeurs des deux pays ont chacun été
rappelés dans leurs pays respectifs à la suite de
cette crise. Il faut noter également que la frontière
entre les deux pays n’a pas été respectée : le 12
septembre, selon le ministère de la Défense
colombien, deux avions vénézuéliens ont pénétré
dans l’espace aérien colombien.
Depuis le 19 août 2015, une partie de la frontière
entre la Colombie et le Venezuela est fermée. Le
président vénézuélien Nicolas Maduro, qui a
succédé à Hugo Chavez, a en effet décidé de
fermer une partie de la frontière à la suite d’un
incident.
La frontière de plus de 2000 kilomètres entre les
deux pays est poreuse et est le lieu de nombreux
trafics. Ce sont principalement des groupes de
contrebandiers, de trafiquants de drogues et des
groupes paramilitaires qui s’y côtoient.
4
N°5 l Janvier 2016
Diplomatie
Sur cette frontière transitent ainsi des produits alimentaires, du
pétrole (dont les prix sont subventionnés par l’Etat vénézuélien) de
la drogue ou des armes. Ces trafics, contrebandes et corruption
sont favorisés par l’énorme spéculation monétaire sur le taux de
change du bolivar vénézuélien. Selon les autorités bolivariennes ce
serait 10 milliards de dollars de revenus pétroliers qui leur
échapperaient du fait de la contrebande à cette frontière.
Les problèmes liés à cette frontière minent les relations entre la
Colombie et le Venezuela et ne pourront être réglés seulement si les
deux pays acceptent de coopérer. Un premier pas a été franchi le 21
septembre 2015 lorsqu’un accord permettant d’ouvrir la voie à une
résolution commune du problème de la frontière entre les deux
pays a été trouvé. Les deux présidents, Nicolas Maduro pour le
Venezuela et Juan Manuel Santos pour la Colombie, se sont en effet
entendus sur quelques points : le retour immédiat des
ambassadeurs des deux pays à Bogota et Caracas ; la normalisation
progressive de la situation à la frontière ; la mise en place d’un
accord permettant de résoudre les problèmes de la frontière
commune ; le renforcement du dialogue bilatéral, la réalisation
d’une enquête approfondie commune sur l’état de la frontière et
l’accompagnement du processus par l’Equateur et l’Uruguay. Il reste
donc à voir si les deux pays souhaitent réellement coopérer
ensemble afin de lutter contre les trafics à cette frontière. Au
Venezuela, la priorité est certainement donnée aux élections
législatives organisées le 6 décembre car les partisans du président
Maduro sont donnés perdants.
A lire également
• Guyana potenciara sur fuerza
ante
las
reclamaciones
territorailes de Surinam y
Venezuala
• Mexico abordan medidas
garantizar
seguridad
fronteriza
Point clés
•
2219 kilomètres de frontière entre le Venezuela et la Colombie.
•
19 août 2015 : fermeture d’une partie de la frontière de la part du Venezuela à la suite d’une embuscade
à la frontière qui a coûté la vie à trois militaires et un civil.
•
De nombreux colombiens vivants au Venezuela ont décidé de traverser la frontière par crainte d’être
expulsés, entraînant une crise humanitaire.
•
Une partie de la frontière entre les deux pays est poreuse. Des trafics de produits alimentaires, pétrole,
drogue s’y déroulent.
5
N°5 l Janvier 2016
Sécurité
L'opération Panamax 2015.
David Texier
Membre du comité Amérique latine/Séminaire IHEDN-Jeunes n°84 (Juillet 2014, Lyon).
wikimedia.org
A l'été 2015, les forces militaires de plusieurs pays des continents américains et
européens se sont entraînées au cours d'exercices simulés à la défense du canal
de Panama, place stratégique des intérêts mondiaux.
C'est au cours d'un exercice conjoint réunissant 19
pays, dont la France, que s'est déroulée l'édition
2015 de l'opération Panamax. Celle-ci a pris place
dans la base navale de Mayport en Floride, s'étalant
sur deux semaines (du 27 juillet au 7 août). Ces
exercices avaient pour objectif de préparer les
forces à protéger et garantir le trafic/la circulation
par le canal entre la côte pacifique et la côte
atlantique.
Le Belize, le Brésil, le Canada, la Colombie, le Chili,
le Costa Rica, El Salvador, la France, la Jamaïque, le
Guatemala, le Honduras, le Mexique, le Nicaragua,
le Panama, le Paraguay, le Pérou, la République
dominicaine et le Royaume-Uni ont pris part à cet
exercice. Il faut noter que que l'Argentine, la Bolivie,
Cuba, l’Équateur et le Venezuela n'ont pas été
conviés. L’événement a été organisé, comme
chaque année, par le Commandement du Sud des
Etats-Unis (US SOUTHCOM). Son déroulement s'est
essentiellement concentré sur une simulation
virtuelle à partir de plusieurs scénarios d'attaques et
ripostes. L'an dernier, il a également inclus la
participation d'un bombardier états-unien B-52
Stratofortress, tandis que l'édition 2007 envisageait
l'hypothèse d'une attaque terroriste. Au fil des ans,
l'opération Panamax traduit donc les impératifs que
sont la préservation de la sécurité maritime et la
liberté de navigation, par l'intermédiaire d'un travail
de défense conjoint.
Il faut dire que le canal de Panama est un haut lieu
du commerce mondial, ce qui rend sa protection
primordiale. En service depuis 1914, il a en effet
bouleversé le transport maritime et de ce fait
l'économie mondiale, tant et si bien que de nos
jours, c'est près de 5% du commerce international
qui transite par les eaux panaméennes. Cette place
stratégique s'accompagne logiquement d'une
histoire diplomatique houleuse comme l'atteste la
controverse autour des événements liés à la mort
du président panaméen Torrijos1 et d'enjeux
sécuritaires à la hauteur de l'importance du site.
C'est dans ce cadre que s'inscrit l'initiative de
l'opération Panamax.
Ces risques sécuritaires peuvent en effet revêtir
plusieurs formes. Il s'agit premièrement du danger
terroriste. Les observateurs sont unanimes quant à
l'exposition du canal à une telle menace. Les
impacts médiatiques et économiques qui en
découleraient seraient dévastateurs (paquebots,
infrastructures
portuaires,
terminaux
d'hydrocarbures, villes côtières, ou encore bâtiments
de guerre à haute valeur symbolique). Le canal de
Panama est donc une cible de choix, à tel point que
l'arrestation de membres d'Al-Qaïda en 2001 a
confirmé ces craintes en révélant un projet
d'attentat contre le canal. D'autres groupes, comme
la guérilla colombienne, voire les cartels mexicains,
peuvent également représenter un danger du
même type.
1. Le frère d’Omar, M. Moïses Torrijos, maintient qu’il a été victime d’un attentat monté par la C.I.A
6
N°5 l Janvier 2016
Sécurité
Par ailleurs, il conviendrait d'ajouter au risque terroriste la menace
liée à une action multinationale extérieure visant à prendre le
contrôle du canal. Le journaliste états-unien Alex Sanchez,
spécialiste des questions militaires, évoque cette possibilité en
renvoyant notamment à l'incident de Suez de 1956. Parmi l'éventail
des menaces, il faut également évoquer une éventuelle arrivée au
pouvoir d'un chef d'Etat autoritaire au Panama.
Derrière des scénarios encore très hypothétiques se cachent
toutefois de vraies questions portant sur la souveraineté du Panama
et du droit à l'intervention de puissances étrangères. Conformément
à sa Constitution, le Panama ne dispose en effet pas de forces
armées. Dès lors, l'importance stratégique que représente le canal
pour l'économie mondiale confère-t-elle une légitimité à des pays
étrangers pour sa défense en cas de danger ? Si oui, de quelle
manière et par qui ? Dans cette logique, ce sont bien les Etats-Unis
qui apparaissent en première ligne. En dépit du traité Carter-Torrijos
de 1977 rétrocédant au Panama le contrôle du canal, ils disposent
d'une maîtrise de fait sur ce dernier. Pour ces pays, il ne s'agira pas
tant de défendre l'intégrité du territoire panaméen que d'assurer la
circulation continue des marchandises. Inversement, faut-il plutôt
interpréter strictement la Constitution panaméenne et laisser au seul
Panama la défense de son territoire ? Un début de réponse peut
être envisagé avec les déclarations de l'amiral Jon Mathenson,
commandant des forces navales du Commandement du Sud des
Etats-Unis, qui assurait que Panamax était organisée pour répondre
à un seul cas : une demande provenant du pays exerçant sa
souveraineté sur le canal : le Panama.
A lire également
• Discussion
entre
pays
d'Amérique latine sur la
coopération en matière de
défense
• Colombie, avancée décisive
vers un accord de paix avec
les FARC
Point clés
•
1880 : Lancement du projet de construction du canal de Panama, par l'ingénieur français Ferdinand de
Lesseps.
•
1903 : Signature le 18 novembre 1903 du traité Hay-Bunau-Varilla ayant pour conséquence de faire du
Panama un protectorat américain (jusqu'en 1939) et d'octroyer aux Etats-Unis le contrôle, l'usage et la
protection du canal. Ce traité a valeur perpétuelle.
•
1914 : Mise en service du Canal de Panama.
•
1979 : Signature du traité Carter-Torrijos qui abroge le traité de 1903 et rétrocède progressivement le
contrôle du canal au Panama.
•
1999 : Restitution du canal de Panama et départ des forces armées états-uniennes présentes sur le
territoire panaméen.
7
N°5 l Janvier 2016
Société
Pablo Escobar, El Chapo Guzman : quand les
narcotrafiquants font recette sur les écrans et dans
les médias.
Victor Lacadée
Séminaires « Master II Défense et géopolitique » en 2011
www.flickr.com
Ces derniers temps, la place de Pablo Escobar au
panthéon des trafiquants de drogue semblait peu à
peu menacée par les frasques du mexicain Joaquim
« El Chapo » Guzman.
Mais l’importance récemment accordée à « El
patron » 2 sur les écrans et dans la presse semble
rappeler cyniquement que le colombien a encore
une longueur d'avance. Pour combien de temps
encore ?
Considérant le trafiquant de cocaïne comme une
poule aux œufs d'or, Hollywood a préparé deux
séries et deux films retraçant sa vie. Le premier film,
Paradise Lost, sorti en 2014, montre un Pablo
Escobar incarné par Benicio del Toro peu de temps
avant qu'il ne se rende aux autorités. Un autre est
en préparation, consacré à l'idylle amoureuse entre
Pablo Escobar et Virginia Vallejo, l’une de ses
nombreuses maîtresses.
Coté séries, la première saison de Narcos, produite
par Netflix a rencontré un franc succès, incitant les
producteurs à lancer dans la foulée le tournage de
la seconde.
Elle raconte l’ascension d’Escobar, ses ambitions
politiques et l’enquête des agents de la Drug
Enforcement Agency (DEA) chargés d’y mettre fin.
Dernier projet en date, une série lancée sous
l'impulsion de Sony Pictures dont la sortie est
prévue en 2016 : Bloque de Busqueda.
La série retrace la traque du leader charismatique
du cartel de Medellín par le Bloc de recherche, unité
d’élite colombienne à l'origine de la mort de Pablo
Escobar en 1993.
Ces derniers jours, c’est à la télévision argentine que
la légende d’Escobar a refait surface. Son plus fidèle
sicario (tueur à gage), John Jairo Velasquez Vasquez
alias « Popeye » a accordé en septembre dernier
une longue interview à la télévision argentine.
Libéré en 2014 après 23 années de détention,
Popeye a fait des déclarations fracassantes, mettant
en cause de grandes figures d’Amérique latine.
Selon l’homme de main numéro un du « Patron »,
les leaders communistes cubains Raul et Fidel Castro
auraient participé au trafic de cocaïne en laissant les
hommes d’Escobar acheminer la drogue vers les
Etats-Unis. Plus incroyable encore, le prix Nobel de
littérature colombien Gabriel Garcia Marquez, aurait
servi d’intermédiaire entre Escobar et les Castro afin
que ceux-ci lui fournissent un sous-marin russe pour
livrer la drogue à Miami via Cuba. Des déclarations
surprenantes et difficilement vérifiables, qui font
suite aux mémoires du tueur à gages, sorties un an
auparavant dans lesquels il dressait le véritable
portrait d’un Escobar sanguinaire et avide de
pouvoir.
2. Surnom de Pablo Escobar.
8
N°5 l Janvier 2016
Société
Mais Escobar n’est pas le seul narcotrafiquant à inspirer les
réalisateurs. L’histoire du mexicain Joaquim El Chapo Guzman, chef
du puissant cartel de Sinaloa, évadé une seconde fois cet été de son
centre de détention par un tunnel d’1,5 km parcouru à l’aide d’une
moto sur rail, devrait bientôt être portée aux écrans par Ridley Scott.
Le réalisateur a en effet pour projet d’adapter le best-seller The
Cartel de Don Winslow qui retrace la vie d’El Chapo sur la période
2004-2014.
Si aux yeux du grand public Escobar reste le plus grand
narcotrafiquant de tous les temps, les évasions spectaculaires d’El
Chapo et la puissance de son cartel ont fait du mexicain l’homme le
plus recherché par les Etats-Unis. Et c’est de son vivant qu’il
intéresse auteurs et réalisateurs… De quoi faire de l’ombre, à terme,
à Pablo Escobar s'il parvient à échapper aux autorités encore
quelques années.
A lire également
• « El Chapo » Guzman, baron
mexicain de la drogue,
s’évade à nouveau
• Le cout du crime organisé en
Amérique latine représente
3% du PIB du continent.
Point clés
•
"Popeye" a confessé devant la justice 25 meurtres et la participation à 540 assassinats.
•
Au milieu des années 1980, le Cartel de Medellin générait environ 22 milliards de dollars par an. A la fin
des années 1980, il fournissait 80% de la cocaïne produite à l’échelle mondiale.
•
Pablo Escobar a fait partie du classement des personnalités les plus riches de la planète publiée par le
magazine Forbes durant sept années consécutives, de 1987 à 1993, atteignant la septième place en
1989.
•
Joaquim El Chapo Guzman apparait quant à lui dans ce classement depuis 2009.
9
N°5 l Janvier 2016
Eclairage
Tampico (Tamaulipas, Nord-Est) ou comment les
parasols et planches de surf résistent aux balles
Camille de Ligny
Séminaires « Master II Défense et géopolitique » en 2011
earth.google.com
Les Zetas sont issus de la branche armée du cartel
du Golfe et ont formé leur propre organisation.
La volonté de chacun des deux cartels, alliée à la
formation d’alliances plus ou moins durables et
crédibles avec d’autres organisations criminelles
pour contrôler le trafic de drogue dans la région,
nourrit les chiffres du SESNSP3 ou encore de l’INEGI4
en matière d’homicides (25 pour 100 000 habitants
en 2014 pour l’Etat du Tamaulipas), de
séquestrations ou encore d’extorsions.
Contre toute attente, Tampico, s’avère être aussi
une station balnéaire très prisée des ressortissants
mexicains et aux multiples activités. C’est une ville de
rêve, qui tente de survivre à la mainmise des
narcotrafiquants sur l’économie de la région.
Contrairement à Acapulco, les touristes autres que
mexicains sont rares, et c’est sans doute pour cela
que Tampico n’est pas très connu au-delà du
Mexique.
Lorsque l’on arrive à Tampico – dont la zone
métropolitaine regroupe les villes de Tampico,
Altamira et Ciudad Madero – il n’y a aucun
« gringo », ou très peu. Ils sont généralement
présents pour des raisons professionnelles et
tâchent entre deux rendez-vous d’affaires, de rester
dans leur hôtel ou véhicule, les vitres relevées et les
portes verrouillées. La plupart des commerces du
centre-ville sont fermés, ou tout bonnement
abandonnés. La situation, comme très souvent au
Mexique, peut dégénérer d’un jour ou d’une heure
à l’autre, que ce soit dans la rue, dans les bars ou
même sur les autoroutes. Et la majeure partie du
temps, d’importants dégâts matériels et humains
sont enregistrés.
La dégradation de l’environnement sécuritaire de
Tampico remonte à quelques années, lorsque le
cartel du Golfe et des Zetas ont fait du Tamaulipas,
à l’instar d’Acapulco ou encore Veracruz, l’une de
leurs zones d’influences prioritaires, en raison
notamment de la présence du port, point
stratégique de l’acheminement de la drogue vers les
Etats-Unis et autres aires géographiques.
Outre son centre historique inspiré par l’architecture
française, la Playa Miramar (ciudad Madero) est très
réputée, considérée par certains comme la plage la
plus belle du Golfe du Mexique, et dont les transats
sont pris d’assaut pendant la semana santa
(semaine sainte) ou encore pendant el playaso,
dernier jour d’école qui permet à tous les étudiants
de se retrouver et d’entamer leurs vacances.
Des hordes de voitures se garent alors devant la
plage, permettant à la jeune population mexicaine
de profiter du vent chaud, des boissons fraîches et
des quads qui sont tous plus nombreux les uns que
les autres sur cette plage de sable immense.
Par ailleurs, le rivage de Miramar, qui s’étend sur
une dizaine de kilomètres, propose une multitude
de restaurants, dont la fameuse spécialité culinaire
de Tampico la Carne Asada a la Tampiqueña,
d’hôtels, de boutiques de location de motos, vélos,
ainsi que des activités de kayak, plongée, windsurf,
kite surf ou encore wake board, lequel s’exerce dans
des conditions idéales, sur la laguna de Chairel, à
seulement quelques kilomètres de la ville de
Tampico, et qui ne contient pas de crocodiles.
3. Secretariado ejecutivo del sistema nacional de seguridad publica
4. Instituto Nacional de Estadística y Geografía
10
N°5 l Janvier 2016
Eclairage
Car en effet, il est également possible de voir une grande
population de crocodiles peupler Carpintero, la fameuse lagune
incontournable de la région, située quasiment au cœur de la ville
même de Tampico (3km), et qui en fait sa fierté. Les crocodiles
peuvent être observés depuis un mirador construit cette année dans
le nord de la lagune, aux heures des plus grandes chaleurs et à
marée basse. Les crocodiles sont devenus si nombreux que la
municipalité s’est lancée dans un projet de contrôle des naissances
afin de conserver la beauté et la présence de cette faune, et de
préserver ainsi la sécurité des habitants.
Pour être allé personnellement à Tampico, dans le cadre d’un audit
de sûreté, je retiens davantage la première partie de mon article. Et
pourtant, cette région vaut le détour pour les routards, les sportifs
et les amoureux du Mexique. Une grande partie des habitants de
Tampico ont résisté et résistent encore à l’envie de quitter la région.
Car la particularité des Mexicains, et que l’on retrouve dans d’autres
pays latinos, est de vivre simplement, au rythme des pics de
violence et de la volatilité de l’environnement sécuritaire.
A lire également
• La violence liée au narcotrafic
à Tampico
• Informations touristiques sur
Tampico
• Tampico Hermoso! Desde el
aire
www.tampico.com.mx
Point clés
•
La population de la zone métropolitaine de Tampico représente 859 419 habitants
•
En avril 2014, Le Tamaulipas a connu une augmentation de 453% des homicides liés au crime organisé,
passant de 13 morts en mars 2014 à 72 pour le mois d’avril. 28 de ces décès s’étant déroulés dans la
ville de Tampico
•
La température moyenne est de 22 degrés. Elle est de 5 degrés l’hiver et 35 à 40 degrés l’été
•
La laguna de Carpintero ne représente pas moins de 150 hectares
•
La zone métropolitaine de Tampico recense 23 universités
•
Près de 200 dénonciations concernant les forces de sécurité du Tamaulipas ont été effectuées entre mai
2014 et mai 2015 (source Coedhet)
11
N°5 l Janvier 2016
Environnement
Le Brésil affiche ses ambitions pour
le climat
Sandrine Gil
Membre du comité Amérique latine
Wikimedia.org
Premier pays en développement à s’engager formellement dans la
perspective de la COP21, le Brésil parviendra-t-il à convaincre ses voisins à
participer à l’effort mondial de lutte contre le changement climatique ?
La COP21 vient de se terminer mais le Brésil avait
déjà fait la une de la presse spécialisée après
l'annonce, le 27 septembre 2015 par la chef d'Etat
Dilma Rousseff, de la volonté du pays de réduire ses
émissions de gaz à effet de serre (GES) de 37% d'ici
à 2025 et de 43% d’ici à 2030, sur la base des
émissions de 2005. Avec cette annonce, le Brésil est
le premier pays en développement à s'engager
formellement dans la perspective de la COP21, la
conférence annuelle des parties, qui se tiendra à
Paris du 30 novembre au 11 décembre 2015.
Si les premiers engagements brésiliens, annoncés en
juin dernier lors d’une visite officielle de la
présidente Rousseff aux Etats-Unis, avaient été jugés
insuffisants en provenance de la septième économie
mondiale et douzième émetteur de GES, la dernière
annonce faite à la tribune des Nations-Unies
dépasse les espérances de l’ensemble des
observateurs. Pour atteindre ses objectifs, le Brésil
prévoit
d’augmenter
sa
part
d’énergies
renouvelables dans son mix énergétique à 45%.
D’ici à 2030, la production d’électricité devra ainsi
être assurée à 67% par l’hydroélectrique, contre
60% aujourd’hui, et à 23% par le solaire, l’éolien ou
la biomasse, contre moins de 10% aujourd’hui.
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La présidente Rousseff a également réaffirmé
l’ambition du pays de mettre fin à la déforestation
illégale d’ici à 2030 et de replanter 12 millions
d’hectares de forêt.
Alors que le coût des effets du changement
climatique en Amérique latine est estimé entre 1,5 et
5 % du PIB de la région, le Brésil est le seul pays du
cône sud à s’être engagé de manière aussi
significative. Cette contribution ambitieuse se fonde
sur des résultats passés positifs puisque les
émissions de GES ont déjà diminué de 41% entre
2005 et 2012. Pourtant, l’ensemble de la société
brésilienne n’a pas été convaincue par l’annonce de
la présidente Rousseff. Les objectifs de réduction
des émissions de GES ont été jugés irréalistes par
plusieurs ONG internationales. En ce qui concerne la
déforestation, l’Observatorio do Clima (Observatoire
du Climat) a déploré que cet engagement se limite
à la déforestation illégale, alors que la déforestation
légale reste encore très importante dans un pays où
l’agrobusiness pèse pour presque un quart du PIB.
N°5 l Janvier 2016
Environnement
Ainsi, selon Antonio Donato Nobre, chercheur à l’Institut national de
recherche spatiale du Brésil (INPE) et à l’Institut national de
recherche d’Amazonie (INPA), au cours des quarante dernières
années, l’Amazonie a perdu l’équivalent de 184 millions de terrains
de football, ou deux fois la superficie de l’Allemagne, à cause de la
déforestation.
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négociations sur le climat ?
Point clés
•
Le Brésil s’est engagé à réduire les émissions de GES de 37% d'ici à 2025 et de 43% d’ici à 2030.
•
Moins de 10% de l’électricité brésilienne aujourd’hui est produite grâce au solaire, à l’éolien ou à la biom
asse.
•
A l’échelle mondiale, la déforestation est responsable de 11% des émissions anthropiques annuelles de
GES, selon le GIEC.
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N°5 l Janvier 2016
Culture
Rubén Blades : un candidat « fuera
de lo común »
Carole Herraïz
Membre du comité Amérique latine/Séminaire IHEDN-Jeunes n°82 (Avril 2014, Paris).
Wikipedia.org
Peu connu de ce côté-ci de l’Atlantique, il a pourtant révolutionné la salsa latino-américaine depuis
New York à laquelle il introduit de nouveaux rythmes. Chanteur et acteur mais pas que…
L’auteur de Pedro Navaja a grandi dans une famille
aux couleurs musicales et artistiques vives : son
père, Rubén Blades Bosques, né en Colombie, était
joueur de percussions et policier et sa mère,
Anoland Bellido de Luna, née à Cuba, était
chanteuse, pianiste et actrice. Il grandit au Panama
entre l’influence de la culture rock étatsunienne et
les troubles liés au canal de Panama et aux relations
houleuses avec les Etats-Unis. L’année 1964 marque
une rupture pour le Panama mais aussi pour le
jeune Rubén. En effet, 21 civils sont tués et des
centaines blessés par des soldats étatsuniens lors
d’émeutes étudiantes alors que certains tentent
d’hisser le drapeau national aux côtés de du « Stars
and Stripes » au lycée Balboa. Cet événement éveille
la conscience politique et sociale du jeune Ruben
qui décide d’entrer à l’université de droit et science
politique de Panama. Après avoir fini ses études, il
rejoint sa famille aux Etats-Unis où il fait la rencontre
d’importantes personnalités de la scène musicale
latine de New York. Parue en 1978, sa chanson
Pedro Navaja, incarne le début d’un nouveau style
de salsa porteuse d’un message social. Elle devient
un classique pour la communauté latino-américaine
des Etats-Unis mais également pour le reste du
continent. Pedro Navaja narre la vie au dénouement
tragique d’un petit criminel, inspiré de La
Complainte de Mackie qui ouvre L’Opéra de
quat’sous de Kurt Weil et Bertolt Brecht. La salsa
peut alors véhiculer un message social. Rubén
Blades crée de nombreux titres aux influences très
diverses et n’hésite pas à intégrer des rythmes
inédits dans un monde de la salsa souvent très
codifié.
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Après ce succès, le chanteur ouvre une parenthèse
dans sa carrière d’artiste afin d’intégrer l’université
d’Harvard où il obtient une maîtrise de droit
international dans le but de mieux comprendre les
enjeux internationaux auxquels son pays très
endetté doit faire face. Une fois diplômé, son album
Escenas lui permet d’être récompensé de son
premier Grammy Award. Il tourne en outre plusieurs
films indépendants. Nombreux sont ses textes à
forte empreinte sociale et revendicatrice tels que
Buscando America ou encore Desapariciones. Son
engagement musical prend corps politiquement
avec sa candidature à l’élection présidentielle de
1994 sous la bannière du mouvement Papa Egoro.
Ce dernier arrive troisième avec un peu moins de
20% des suffrages.
En 2000, il est nommé ambassadeur près des
Nations Unies et soutient en 2004 le candidat Martin
Torrijos sous la présidence duquel il prend la
fonction de ministre du tourisme entre 2004 et
2009.
Bien décidé à faire bouger les lignes politiques et
sociales de son pays, il se présentera à nouveau aux
élections présidentielles du Panama de 2019 comme
candidat sans étiquette. Il assure que sa candidature
sera teintée d’ « inédit ».
N°5 l Janvier 2016
Culture
Pour ce faire, il désire mettre en place une politique sur le long terme
qui engage sa responsabilité face au peuple panaméen mais aussi audelà des frontières nationales. Il insiste en outre sur son indépendance
et son refus de ses présenter sous l’étendard d’un parti politique. Cette
indépendance est garante de sa crédibilité. Il n’abandonne pas pour
autant la musique alors qu’il sort un nouvel album Tango où il remanie
ses principales créations au travers du prisme du tango et de la
milonga.
Durant les derniers mois, Rubén Blades a défendu la levée de
l’embargo sur Cuba et s’est également montré fort critique envers les
gouvernements mexicain et vénézuélien et envers la corruption au
Panama.
Il déclare lors d’une entrevue avec la BBC en juillet dernier :
« El modelo no funciona para todo el mundo. ¿Qué importa el
crecimiento si tienes una población que todavía está esperando que se le
resuelvan las necesidades básicas? ¿Qué importa si tienes éxito pero no
lo puedes sostener? Éxito lo tiene cualquiera y más endeudándose.
(…) Hay que hacer que las consecuencias del éxito lleguen a todos los
sectores, nutran a todos los sectores y esos sectores sepan cómo
aprovechar las oportunidades que plantea el éxito. »
En somme et pour clarifier sa posture, il rajoute :
« Yo no soy de derechas o izquierdas, yo soy de razón. Esas
diferenciaciones son una estupidez. Hay que hacer caso a los
argumentos. A mí me interesan los resultados. »
Traduction :
« Le modèle ne fonctionne pas pour tout le monde. Quel intérêt à la
croissance si ta population attend toujours que soient résolus les
problèmes de première nécessité ? Quel intérêt si tu as du succès mais
que tu ne peux pas le rendre durable ? Le succès, n’importe qui peut
l’avoir en s’endettant.
(…) Il faut faire en sorte que les conséquences du succès se diffusent à
tous les secteurs, nourrissent tous les secteurs et que ces secteurs sachent
comment profiter des opportunités qu’offrent le succès. »
« Je ne suis ni de droite ou de gauche, je suis un homme de raison. Ces
différenciations sont une stupidité. Ce qui compte pour moi, ce sont les
arguments. Ce qui m’intéresse ce sont les résultats. »
Point clés
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N°5 l Janvier 2016
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